Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A chaque jour ses difficultés.
STEPHANE LE FOLL
Absolument !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laurent FABIUS ministre des Affaires étrangères, bien informé, même hors de son territoire, vient de dire que la prévision de croissance pourrait être, cette année 2013, de 0,2, 0,3 % au lieu de 0,8 %. D’abord est-ce que vous confirmez ?
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi vous dites « hors de son territoire » ? Il est ministre du gouvernement français, donc il est dans le territoire, et je confirme que comme le Premier ministre l’a dit, qu’on serait contraint de réviser les objectifs qui étaient les nôtres, pour une raison très simple, c’est qu’en 2012, ce que nous avions anticipé comme une faible croissance à 0,5 %, ça a été 0. Donc on n’a pas cet acquis de croissance pour pouvoir une prévision à la hauteur de ce que nous avions anticipé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc 0,2-0,3 c’est moins 0,5 que ce qui était déjà prévu et qui était moins que ce qui était annoncé et prévu même jusqu’à la fin du quinquennat ?
STEPHANE LE FOLL
Non, ce qui était prévu c’était 0,8. C’est ça qui a été annoncé dans le débat sur la loi de finance…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc moins 0,5 au moins !
STEPHANE LE FOLL
Donc le 0,2, 0,3 à vérifier, c’est un objectif qui est en-deçà de ce que nous avions prévu, pour une raison simple, si on considérait qu’on avait fait 0,5 en 2012, on pouvait anticiper 0,2, 0,3. Mais comme on n’a pas cet acquis de croissance, on est obligé de réviser cette prévision.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça vous inquiète ? Ça vous préoccupe ?
STEPHANE LE FOLL
Mais c’est, je préfèrerais avoir des anticipations de croissance plus élevées. Il faut tout faire d’ailleurs, 0,2, 0,3 pour faire monter ce chiffre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un demi-point de moins de croissance, c’est combien de milliard ?
STEPHANE LE FOLL
9 à 10 milliards.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Où vous allez les trouver ?
STEPHANE LE FOLL
Mais écoutez, on a fait les objectifs de réduction du déficit budgétaire à 4,5, 4,6 % avec 0 % de croissance alors qu’on avait un objectif de 0,5. Donc on a fait des efforts sans précédent. La ligne qui a été tracée, on n’en changera pas. On sera rigoureux sur la dépense, on sera très clair sur les objectifs fiscaux pour avoir les recettes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais en perspective, ça veut dire encore des efforts, encore des économies…
STEPHANE LE FOLL
Non, sur la ligne qu’on s’est tracée. Encore des efforts, dès 2012…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et de qui ? Les efforts de qui ?
STEPHANE LE FOLL
Mais on les répartit à la fois sur les entreprises, sur les ménages, vous le savez bien, sur les dépenses publiques de l’Etat, et sur l’ensemble des dépenses publiques en particulier avec les collectivités locales où on aura une discussion pour faire en sorte qu’elles continuent d’investir, mais qu’en même temps, elles fassent des efforts sur le fonctionnement comme tout le monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Stéphane LE FOLL c’est dur ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr que la situation est dure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur le ministre de l’Agriculture, les Français sont troublés, vous avez en partie rétabli l’agrément sanitaire pour l’entreprise SPANGHERO….
STEPHANE LE FOLL
Ah ! Je vous attendais ce matin, sur ce sujet.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors que le rapport d’enquête complet définitif, ne sera rendu que vendredi. Si vous attendez, c’est que vous n’avez pas la conscience tranquille ?
STEPHANE LE FOLL
Au contraire, je savais que votre conscience vous…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors la décision est…
STEPHANE LE FOLL
Vous interpellerez et que j’étais là pour y répondre, en même temps à ceux qui écoutent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà ! La décision est jugée, vous avez entendu même les internautes raconter…
STEPHANE LE FOLL
Ce n’est pas une indécision.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, j’ai dit la décision est jugée prématurée et même imprudente ?
STEPHANE LE FOLL
Qui dit ça ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Même les internautes et puis tout le monde…
STEPHANE LE FOLL
Les internautes, d’accord. Moi, je vais répondre clairement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi se précipiter ? La suspension de l’agrément a-t-elle légère et rapide ?
STEPHANE LE FOLL
Je vais m’expliquer. Je vais m’expliquer. Premier temps, on découvre du cheval alors qu’on devait avoir de la viande bovine. Catastrophe ! A la fois au niveau français et à l’échelle européenne. Deuxième temps, on mène une enquête, pour déterminer d’où cela provient. L’enquête est faite. Troisième temps, on transmet à la justice, c’est Benoît HAMON la semaine dernière, dans le même temps, où il y a le repérage de fautes très graves dans l’entreprise, on suspend l’agrément sanitaire. On n’est pas dans le même sujet. Je suspends cet agrément pour envoyer une brigade nationale qui va regarder l’ensemble des produits de cette entreprise et attendez…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais l’enquête n’est pas finie et vous donnez l’agrément ?
STEPHANE LE FOLL
Attendez ! Que je termine. Cette entreprise ne faisait pas que du négoce de viande qui était vendue à d’autres entreprises. Elle transforme aussi des produits cassoulets, viande porcine, et autres. Donc nous savions…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez ! Et là vous savez, et vous êtes sûr ce matin, que c’est de la viande de boeuf sur la viande hachée, les saucisses et les plats ?
STEPHANE LE FOLL
Tout a été vérifié, exactement. La brigade nationale est partie vendredi, samedi, dimanche, elle a travaillé tout le week-end. Nous avons fait un rapport d’étape lundi matin, où ce qui m’a été dit et donné était parfaitement clair. Et sur la qualité des produits et sur leur traçabilité. Je n’avais aucune raison, sachant qu’il y a 320 salariés qui sont au chômage, de retarder la décision. Donc j’ai pris la décision. Donc dans l’ordre, il n’y a aucune décision qui remet en cause, ni la confiance que l’on peut porter dans ces produits, ni la politique que nous avons conduite pour trouver les fautifs de cette tromperie, ni les capacités que nous avons demain à remettre une filière viande bovine française en ordre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous savez qu’on reproche au gouvernement d’avoir pris, vous l’avez dit à l’instant vous-même, presque, d’avoir pris une décision de caractère politique et social. L’emploi des salariés plutôt qu’une sécurité sanitaire totale et prouvée.
STEPHANE LE FOLL
Ce n’est pas vrai, monsieur ELKABBACH, vous ne pouvez pas dire des choses comme ça ! Vous ne pouvez pas m’accuser de prendre une décision qui remettrait en cause…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je n’accuse pas moi ! Je n’accuse pas !
STEPHANE LE FOLL
La qualité sanitaire des produits et qui mettrait en cause, en plus, les consommateurs. Jamais je ne prendrais une décision comme ça. Si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai la certitude qu’après les études et le contrôle qui a été fait, il n’y a aucun problème sur la qualité des produits, donc ne répétez pas ça ! C’est un mensonge.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous nous dites ce matin, qu’au terme de l’enquête, la justice sanctionnera ceux qui ont vendu du cheval à la place du boeuf ?
STEPHANE LE FOLL
Absolument, ça ne change rien. Est-ce que vous comprenez pas….
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les coupables français seront sanctionnés ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr ! Et il y a une enquête judiciaire qui est en cours. Et vous verrez que cette enquête va continuer. Que la police va enquêter. Il y a des dirigeants et ce n’est pas les salariés qui sont en cause, qui ont fait du négoce avec des produits qu’on a vendus pour de la viande bovine, alors que c’était du cheval.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eux ne savaient rien !
STEPHANE LE FOLL
Qui ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les salariés de l’entreprise ?
STEPHANE LE FOLL
Allez ! Leur demander, vous allez voir ce qu’ils vont vous dire. Je ne crois pas que ceux qui travaillent dans cette entreprise, savaient quelque chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce sont donc les patrons qui sont concernés.
STEPHANE LE FOLL
Il y a des gens qui seront responsables, c’est la justice qui le déterminera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La société était soupçonnée d’avoir fait un profit de 550 000 euros, c’est Benoît HAMON qui le disait, en vendant de plats surgelés dans une dizaine de pays européens.
STEPHANE LE FOLL
Ce n’est pas elle qui a fait ça !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C’était 750 tonnes de cheval. Est-ce que vous pouvez me dire ce que représentent en chevaux, 750 tonnes ?
STEPHANE LE FOLL
Moi, je ne peux pas vous dire, je sais qu’une carcasse de cheval, ça doit être autour de 300 à 400 kilos.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Autrement dit, c’est plus de 1500 chevaux. Est-ce que vous évaluez, monsieur le ministre, la baisse des achats, vous pouvez aujourd’hui ?
STEPHANE LE FOLL
On a évalué la baisse des achats aujourd’hui sur le surgelé, à 5 % à peu près.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que c’est n’est pas un mauvais coup qui est porté à la filière bovine française ?
STEPHANE LE FOLL
Non, parce que sur la filière bovine française, à la fois sur…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qu’est-ce que vous allez dire dans 4 jours aux agriculteurs producteurs au Salon de l’Agriculture ?
STEPHANE LE FOLL
L’ensemble de la viande qui est consommée, sur 1 900 000 tonnes de viandes consommées, il n’y en a que 300 000 qui sont consacrés aux plats transformés. Le reste c’est de la consommation en boucherie, c’est du détail, c’est du steak haché. Sur cette viande-là, il y a une traçabilité totale, et les consommateurs peuvent avoir confiance…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et comme le disait Pascal BERTHELOT tout à l’heure, est-ce qu’on pourrait étiqueter jusqu’à l’origine des produits et même sur les plats surgelés, transformés…
STEPHANE LE FOLL
Voilà donc c’est l’objectif qu’on va se fixer avec les réunions qui sont en cours cette semaine, dont une aura lieu jeudi matin, c’est de promouvoir une organisation en France, qui permette même pour les produits transformés d’avoir l’origine des viandes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous donnerez à vos enfants à manger, dès demain, aujourd’hui, des lasagnes ?
STEPHANE LE FOLL
Mon fils a 24 ans, il est…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il peut manger des lasagnes…
STEPHANE LE FOLL
Je crois qu’il mange des lasagnes oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous aussi, sans crainte ?
STEPHANE LE FOLL
Peut-être !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Stéphane LE FOLL on est un peu animé, parce que c’est un peu normal, et il y a une passion, on pose des questions.
STEPHANE LE FOLL
C’est très important parce ce que moi, je ne peux pas me laisser accuser de prendre des décisions qui remettraient en cause la sécurité des consommateurs. Ce n’est pas possible. Moi, quand je prends des décisions, j’ai cette honnêteté, cette sincérité, et à chaque fois, je serais le plus clair possible.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Commission européenne a autorisé à partir du 1er juin, les farines animales, les protéines animales transformées pour nourrir les poissons d’élevage. Ce mode d’alimentation est interdit depuis 17 ans. Est-ce que vous n’êtes pas préoccupé ?
STEPHANE LE FOLL
Je suis préoccupé, j’étais député européen, j’avais voté contre cette proposition. La France, alors que j’étais ministre de l’Agriculture a voté contre la mise en oeuvre. Nous avons été minoritaire, puisqu’un certain nombre d’autres pays souhaitent utiliser, alors ce n’est pas farine animale, soyons clairs là aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, protéine animale transformée.
STEPHANE LE FOLL
C’est des protéines animales transformées, c'est-à-dire que les farines, c’était de l’équarrissage, tout ce qui ne pouvait pas être utilisé, chauffé, broyé. Et ça a donné ce que vous savez. Là, c’est autre chose. Mais en même temps, moi, je suis tout à fait conscient de la difficulté, on va regarder avec l’ensemble des professionnels. Je le dis quand même, aquaculture de nos régions en France, la production de poisson en France et sans farine, sans protéine animale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Xavier BEULIN, FNSEA est hostile. Est-ce que la France peut demander à la Commission de revenir sur sa décision qui est impopulaire ?
STEPHANE LE FOLL
La France peut tout à fait, on va engager un débat, à l’échelle européenne, pour faire changer les choses. Bien sûr !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous imaginez que des farines de volailles et de porcs, est-ce qu’on verra un jour, des poissons fous comme des vaches folles ?
STEPHANE LE FOLL
Non !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et dernière question là-dessus, des poissons nourris avec de la farine de porc, avec de la farine de porc, même si c’est transformé etc. les musulmans et les juifs, vous croyez qu’ils achèteront des poissons ?
STEPHANE LE FOLL
Non. La farine, aujourd’hui, les poissons sont nourris avec des farines de poissons. Puisque ce sont des poissons carnivores. Bah oui !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il paraît que Brice HORTEFEUX vient de dire, que le cafouillage, c’est la méthode et la marque du gouvernement AYRAULT ?
STEPHANE LE FOLL
C’est un expert en cafouillage, donc je le laisserais faire ses commentaires.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 février 2013