Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors ça recommence, 1 an après l'affaire Spanghero, encore des trafiquants de viande de cheval, est-ce que ça veut dire que la leçon et les contrôles après cette affaire, ne servent à rien ?
STEPHANE LE FOLL
Ça veut dire que d'abord ce n'est pas le même type d'affaires, dans l'affaire Spanghero c'était de la substitution de la viande de boeuf par du cheval, et là c'est des chevaux qui ont été vendus et mis à la consommation alors qu'ils n'auraient pas dû l'être, et c'est lié à un trafic, vous l'avez dit. Il y a une enquête, la justice a été saisie, cette enquête ira jusqu'au bout et ceux qui ont fait ce trafic seront sanctionnés, et sévèrement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais personne ne s'en était rendu compte ? Un réseau, dont le chef est à Narbonne, qui concerne 11 départements du Sud-est de la France, avec des maquignons, des vétérinaires, et personne ne le sait ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien personne ne sait parce que ceux qui trafiquent, ils cherchent justement à se cacher pour pouvoir trafiquer, et donc il faut découvrir ces trafics, les déceler, et ensuite faire ce que fait la justice aujourd'hui, c'est-à-dire traduire les coupables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand vous l'avez appris vous-même ?
STEPHANE LE FOLL
Quand j'ai appris moi-même, ça a été… il y avait une enquête qui était engagée, lorsque le procureur a annoncé cette enquête, de manière publique, j'ai été prévenu à peu près en même temps, un peu avant, mais des services du ministère de l'Agriculture étaient, avec cette enquête, aux côtés de l'enquête pour la justice.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais Stéphane LE FOLL, selon l'enquête, les faits remontent à la fin 2011, la dénonciation fin 2012, l'information judiciaire en novembre 2013, pourquoi un tel délai, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
STEPHANE LE FOLL
C'est justement les raisons de l'enquête, il faut le temps. Si vous voulez réussir à découvrir tous les coupables, il faut être sûr de remonter l'ensemble de la filière. Aujourd'hui on sait, à peu près, le nombre de chevaux, qui était à la tête de ce réseau, qui avait aussi des actions dans ces malversations et ces falsifications, en particulier, semble-t-il, des vétérinaires, tout ça, ça a nécessité du temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On dit 2,5 ans, cette affaire dure depuis 2,5 ans. 200 chevaux par mois, 50 par semaine, dit le procureur de la République de Marseille, donc ça a concerné plusieurs centaines de chevaux ?
STEPHANE LE FOLL
Plusieurs centaines de chevaux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce qu'on sait si ces malversations n'auront pas d'effets sur la santé ?
STEPHANE LE FOLL
Aujourd'hui tous les contrôles qui ont été faits, alors indépendamment de cette enquête, qui avaient été faits en particulier après l'affaire du cheval et des lasagnes, montrent qu'il n'y a pas eu de traces de différents produits susceptibles de nuire à la santé, d'avoir des risques pour la santé. A partir de là, aujourd'hui ce qui est dénoncé, et ce qui est en train d'être mis au jour, c'est ce trafic, ce trafic on ne sait pas s'il y a… aujourd'hui, quelle est son ampleur exacte et qui a acheté cette viande, pour l'instant on ne peut pas dire qu'il y a un risque sanitaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne peut pas le dire, mais…
STEPHANE LE FOLL
On ne peut pas le dire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y a une enquête…
STEPHANE LE FOLL
Mais il y a une enquête, il faudra poursuivre l'enquête et on avait renforcé les contrôles, il va falloir les renforcer encore plus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous décidez vous, aujourd'hui ?
STEPHANE LE FOLL
Sur la question des contrôles ? De continuer et de les renforcer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Soixante chevaux avaient servi dans l'industrie pharmaceutique chez SANOFI PASTEUR qui va se constituer partie civile parce qu'il s'estime victime. Est-ce que SANOFI, à votre avis, a fait ce qu'il fallait faire en matière de précaution ?
STEPHANE LE FOLL
SANOFI utilise les chevaux pour faire des sérums et des vaccins, parce que c'est un support qui permet ensuite de pouvoir avoir des vaccins antitétaniques et sur aussi vipère, enfin tout ce qui est sérums, donc c'est important pour SANOFI. Ensuite, SANOFI, personne, et eux se sont portés partie civile, puisque ces chevaux, pour eux, devaient aller dans des centres, mais ne pas, bien sûr, être mis à l'abattoir et ensuite dans la consommation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'on peut être sûr qu'il n'existe pas d'autres réseaux de maquignons incorrigibles, récidivistes, et quelle sévérité vous demandez, vous ce matin, à la justice ?
STEPHANE LE FOLL
Sûr, jamais, mais la sévérité la plus grande, et d'ailleurs dans la loi de consommation, suite à l'affaire des lasagnes, la loi HAMON, a triplé ou quadruplé les sanctions justement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Depuis la vache fille les bovins ont un fichier européen…
STEPHANE LE FOLL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il paraît que vous voulez en faire autant pour les chevaux…
STEPHANE LE FOLL
Pour les chevaux…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi c'est difficile ?
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi c'est difficile, parce qu'il y a des histoires, des passeports qui existent dans certains pays, pas dans d'autres, donc il faut négocier, comme toujours, au niveau européen aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aujourd'hui, Stéphane LE FOLL, la Commission de Bruxelles publie son rapport sur l'étiquetage de la viande dans les plats préparés. Selon notre correspondante à Bruxelles Isabelle ORY, pour Bruxelles ça coûterait trop cher, entre 15 et +50%. Est-ce que l'argument est de nature à vous décourager ?
STEPHANE LE FOLL
Non, ça ne me décourage pas, parce que j'ai rencontré le commissaire il y a déjà quelques temps, c'était l'argument qu'il avait fait valoir. On sait très bien qu'il y a, pour l'étiquetage dans les plats cuisinés, c'est-à-dire de la viande qui est dans plat cuisiné, à quel niveau, à quel pourcentage, ça, ça fera l'objet de la discussion, mais il ne faut surtout pas s'arrêter sur le coût pour dire « on ne fait rien. » On a besoin d'avoir de la traçabilité, c'est la position de la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui paierait dans ce cas ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, qui paierait, c'est l'information qui est donnée au consommateur, et paierait, ça serait ceux qui seraient chargés de faire ces étiquettes et de faire en sorte que le consommateur sache d'où viennent les produits qui sont dans les plats transformés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aujourd'hui vous réunissez toutes les filières de l'agriculture pour leur faire part du partage des fonds européens liés à la PAC. Est-ce qu'il s'agit de rééquilibrer les subventions que vous accordez aux éleveurs par rapport aux céréaliers, et est-ce que vous y parviendrez ?
STEPHANE LE FOLL
Non, ça c'est déjà… enfin, c'est fait, la PAC, en tant que telle, elle a été négociée, ce qu'on est en train… cet après-midi, plutôt à 16H00, ça sera les éléments plus techniques de mise en oeuvre de la réforme de la Politique Agricole Commune, en particulier les répartitions sur les aides couplées, je ne vais pas rentrer dans les détails pour les auditeurs ce matin, mais c'est ça qui sera l'objet du débat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Xavier BEULIN, le président de la FNSEA, se dit très fâché contre vos services, et ça vous le savez, lors de la négociation sur la PAC il paraît que le ministère aurait donné des chiffres faux. Les revenus des céréaliers auraient été augmentés, ceux des éleveurs, bovins en particulier, sous-estimés. C'est vrai ça ?
STEPHANE LE FOLL
Les statistiques du ministère sont sous contrôle européen et faits sous contrôle de l'INSEE en France, c'est un statut, aussi, totalement indépendant et protégé, et le ministre n'a rien à voir, rien, et c'est tant mieux, dans la publication des statistiques et dans leur confection. C'est la responsabilité indépendante des statisticiens. Donc moi, dans ce débat sur les chiffres, il y a une commission nationale des comptes de la Nation pour l'agriculture…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous n'y êtes pour rien vous ?
STEPHANE LE FOLL
Dans laquelle il y a des professionnels, j'y suis, alors là, absolument pour rien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous essayez de rétablir et…
STEPHANE LE FOLL
Rien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et de créer plus de justice entre les céréaliers et les éleveurs.
STEPHANE LE FOLL
Mais parce que depuis de longues périodes les éleveurs ont un revenu qui est bien inférieur aux autres productions, en particulier aux céréaliers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En moins d'1 mois – une ou deux questions politiques – le Premier ministre a proposé l'Ecotaxe, la remise à plat fiscale, publié l'enquête sur l'intégration, et les a retirés, comment, à votre avis, les citoyens peuvent faire confiance à ce gouvernement ?
STEPHANE LE FOLL
Il peut faire confiance à ce gouvernement parce qu'au-delà de ce qui…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi vous riez ?
STEPHANE LE FOLL
Parce que je voyais la liste et surtout la question qui était posée, parce qu'elle est toujours assez radicale avec vous, mais est-ce qu'ils peuvent faire confiance ? La preuve, c'est que sur d'autres sujets – parce que ça c'est des sujets que vous avez évoqués – suspension de l'Ecotaxe, il s'est passé quelque chose quand même, je suis bien placé, et vous aussi, pour le savoir, en Bretagne…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
…En Bretagne, oui.
STEPHANE LE FOLL
Sur…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, non, mais on ne va pas rentrer dans le détail.
STEPHANE LE FOLL
Qu'est-ce qui fait, le chômage ? Est-ce qu'il y a eu une politique qui a été engagée ? La question de la croissance, l'investissement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous faites ce que vous pouvez pour faire diversion, mais est-ce que Matignon protège encore beaucoup le président de la République ?
STEPHANE LE FOLL
Le Premier ministre fait son travail avec tout l'engagement qui est le sien, qu'on lui connaît.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laurent FABIUS reconnaît, c'était au « Grand rendez-vous », que le gouvernement boite quelquefois, qu'il connaît des claudications, vous qui êtes un « hollandais » de toujours, comment, dans ces conditions, pour son avenir, la France peut marcher droit ?
STEPHANE LE FOLL
La France marche dans une crise et traverse cette crise, et l'objectif c'est le redressement de ce grand et beau pays, c'est ça l'objectif et on ne doit pas en changer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes sûr qu'elle ne boite pas un peu ?
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas la France qui peut boiter, elle a des difficultés, si j'ai bien compris Laurent FABIUS parlait du gouvernement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, votre gouvernement…
STEPHANE LE FOLL
Il y a sûrement des choses à améliorer, et ceux qui disent qu'il n'y a rien à améliorer se trompent, il faut toujours s'améliorer.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 décembre 2013