Texte intégral
MATHILDE MUNOZ
Bonjour Thierry BRAILLARD…
THIERRY BRAILLARD
Bonjour.
MATHILDE MUNOZ
Vous êtes le secrétaire d'Etat chargé des Sports et notre invité ce matin sur FRANCE INFO. La France termine deuxième des Championnats d'Europe d'Athlétisme avec 23 médailles, dont 9 en or - c'est un record - à quoi l'attribuez-vous, comment expliquez-vous cette réussite ?
THIERRY BRAILLARD
Une politique menée par la Fédération Française d'Athlétisme qui a été prise en compte depuis plusieurs années et puis aujourd'hui, eh bien, les résultats sont là, une politique qui est menée au niveau des différents bassins français avec des pôles importants et puis des médailles qui tombent et puis, surtout - ce qui est important - un relais entre les anciens et les nouveaux, car l'exemple de la perche est assez symptomatique, on a notre grand champion Arnaud LAVILENIE et puis on a en médaille de bronze un jeune de 23 ans, 22 ans, qui, eh bien, aspire peut-être demain à essayer d'être au niveau d'Arnaud LAVILENIE.
MATHILDE MUNOZ
Et on aura la même chose cette semaine en natation avec les championnats qui commencent, il y a cette même politique ?
THIERRY BRAILLARD
Eh bien cette même politique sachant que la natation depuis plusieurs années est numéro 1 en Europe, donc c'est vrai que quand on est numéro 1 le risque c'est un jour de redevenir numéro 2, donc il y a eu quelques blessures, il y a eu quelques retards dans l'entraînement, il y a Camille MUFFAT qui a décidé de…
MATHILDE MUNOZ
D'interrompre sa carrière !
THIERRY BRAILLARD
D'interrompre sa carrière, mais bon je fais confiance là aussi à la Fédération Française de Natation pour qu'on ait des bons Championnats d'Europe à Berlin.
MATHILDE MUNOZ
J'aimerais qu'on parle maintenant de ce qui se passe dans le football, ce pataquès autour des montées de plusieurs clubs, il y a eu Lens en Ligue 1, Luzenac en Ligue 2, pour Luzenac le problème n'est pas réglé, on ne pouvait pas essayer de solutionner tout cela avant que le championnat reprenne ?
THIERRY BRAILLARD
Si vous voulez, dans le dossier de Luzenac, il y a 3 problèmes : le premier, c'est qu'il y a des règles aujourd'hui de jurisprudence et des modalités concernant tout ce qui est les recours par rapport aux décisions qui sont prises sur la gestion, sur les finances des clubs qui sont d'un autre temps et, quand le président François HOLLANDE appelle à un chef de simplification, je crois que s'il y a un endroit où il faut de la simplification c'est bien sur ces procédures contentieuses. Il y a des propositions qui ont été faites, j‘ai moi-même commis un rapport à l'Assemblée, il y a eu ensuite la commission de Jean GLAVANY qui avait fait des propositions très concrètes, donc je crois qu'au niveau de toutes les Ligues professionnelles : foot, rugby, basket, hand, volley, il va falloir dans les prochaines semaines qu'on se réunisse et puis qu'on voit comment arriver à modifier tout cela car c'est insupportable d'attendre plusieurs mois avant de savoir si on a le droit d'accéder ou pas.
MATHILDE MUNOZ
Ca veut dire quoi, résoudre plus rapidement quand il y a des problèmes ou accepter qu'un club de…
THIERRY BRAILLARD
Ca veut dire…
MATHILDE MUNOZ
Qu'un petit club puisse monter ?
THIERRY BRAILLARD
Ca veut dire par exemple eviter des recours qui vont faire perdre du temps, des appels qui vont faire perdre du temps, spécialiser peut-être une juridiction administrative qui sera chargée de ce contentieux, il y a beaucoup de pistes et – je vous dis – des rapports ont été faits, là-dessus il n'y a pas de problème ; La deuxième chose c'est une chose d'hypocrisie de la Ligue Nationale de Foot qui, quelque part, avec une réglementation de plus en plus sévère, parfois rigide, empêche l'accession des amateurs au monde professionnel, alors, soit on reste dans une sorte de ligue fermée avec une accession par année, 18 clubs en Ligue 1 et puis comme ça au moins il n'y aura plus de risque, soit on continue à donner une sorte de piment sportif et un intérêt au championnat et, dans ces cas-là, on accompagne ces clubs qui sont amateurs, qui sont accusés d'être amateurs dans leur comportement - eh bien oui ils sont amateurs - et on les aide. Sur le plan…
MATHILDE MUNOZ
On rappelle que Luzenac c'est un petit village de 650 habitants !
THIERRY BRAILLARD
Oui ! De l'Ariège. Donc sur le cas de Luzenac, c'est très clair, moi à titre personnel j'aurais aimé que Luzenac - et j'allais dire si c'est encore possible que ça se passe – soit en Ligue 2, ils l'ont gagné sur le terrain, ils ont fait avec du retard tout ce qu'il fallait sur le plan financier, sur le plan des infrastructures, donc aujourd'hui rien ne s'oppose à ce que Luzenac joue en Ligue 2. Maintenant…
MATHILDE MUNOZ
Et donc on ferait redescendre un club ?
THIERRY BRAILLARD
La décision n'appartient pas au ministre puisqu'il y a des recours qui sont en cours aujourd'hui devant le CO.N.S.F, peut-être devant le Tribunal Administratif et puis la Ligue Nationale de Foot a pris une décision.
MATHILDE MUNOZ
Et c'est ce que j'allais vous demander, est-ce que vous en tant que ministre vous pouvez avoir un moyen de pression ou vous êtes juste observateur et vous faites un commentaire, mais voilà après ça ne peut pas aller au-delà ?
THIERRY BRAILLARD
C'est un peu le rôle qui m'appartient, c'est-à-dire de faire un commentaire. Maintenant ce qu'on peut constater c'est qu'au moment où on parle Luzenac ne joue dans un aucun championnat, c'est-à-dire que le Championnat de Ligue 2 a déjà 3 journées, le Championnat de National qui est en dessous de la Ligue 2 en est à sa deuxième journée et Luzenac ne joue ni dans l'un, dans l'autre, c'est une situation qui est j'allais dire inconfortable pour le club, même plus qu'inconfortable, qui est inadmissible, à laquelle il faut que cette semaine en tout cas – que ce soit dans un sens ou dans un autre – et on le sait que pour l'instant la décision de la ligue c'est de dire : « Luzenac ne peut pas jouer en Ligue 2 », mais on ne peut pas laisser cette situation en l'état.
MATHILDE MUNOZ
Dans l'actualité il y a aussi ces violences dans le football, celles des supporters de Bastia il y a une semaine, celles aussi de l'un de ses joueurs BRANDAO ce week-end qui a donné un coup de tête à un adversaire, est-ce qu'il faut des sanctions ?
THIERRY BRAILLARD
Sur les supporters je crois que des sanctions vont être prises, c'est même la justice qui s'en occupe…
MATHILDE MUNOZ
Il n'y a toujours pas eu d'interpellations !
THIERRY BRAILLARD
Il y a une enquête en tout cas qui est lancée. En ce qui concerne le joueur, bien sûr qu'il faut une sanction, c'est scandaleux, inacceptable, inadmissible et là il y a une réglementation qui doit s'appliquer.
MATHILDE MUNOZ
Thierry BRAILLARD, le gouvernement fait sa rentrée cette semaine avec un conseil des ministres mercredi, la croissance est nulle, le chômage augmente, les déficits ne se résorbent pas, mais on ne change rien : « on garde le cap » a dit Manuel VALLS, le Premier ministre. Ca vous convient comme politique ?
THIERRY BRAILLARD
Eh bien ça me convient d'autant plus que le Pacte de responsabilité et de solidarité qui est j'allais dire la marque de fabrique de ce gouvernement, puisque le Premier ministre devant le Parlement a mis la responsabilité de son gouvernement en jeu sur ce Pacte, ne s'est pas encore appliqué et donc on est en train de dire qu'il faut changer de cap alors que la politique qui a été décidée n‘est même pas …
MATHILDE MUNOZ
Ah ! Eh bien ça fait 2 ans quand même que la gauche est au pouvoir.
THIERRY BRAILLARD
Oui ! Mais, attendez, je crois que la gauche est au pouvoir depuis 2 ans, qu'il y a eu des choses qui ont été faites par le précédent gouvernement – notamment le CICE avec son crédit d'impôt compétitivité – et qu'on s'est rendus compte qu'il fallait aller plus loin et c'est ce gouvernement qui a mis en place un Pacte de responsabilité qui verra quasiment ses premiers effets qu'à partir du 1er janvier 2015, et ce qui est très drôle c'est qu'on entend j'allais dire à droite et gauche-gauche des critiques sur une politique qui n'est pas encore mise en oeuvre.
MATHILDE MUNOZ
Manuel VALLS va faire un discours lors de l'Université d'été du MEDEF, le patronat c'est le partenaire privilégié du gouvernement aujourd'hui ?
THIERRY BRAILLARD
Non ! Le patronat c'est le créateur d'emplois principal dans ce pays, donc ce n'est pas un partenaire - c'est simplement une réalité économique – et, quand on a un chômage important, eh bien il faut aller soutenir ce qui peut créer de l'emploi et ce sont les entreprises qui créent de l'emploi, donc par le Pacte de responsabilité avec la compétitivité qui est donnée avec ce pacte et les efforts qui sont consentis, des efforts sans précédent, 50 milliards d'économies ce n'est pas rien, eh bien c'est vrai qu'il faut que le patronat se dise : « ces marges de manoeuvre c'est aussi et c'est principalement pour créer de l‘emploi et relancer la machine économique française ».
MATHILDE MUNOZ
Et c'est ce que va dire Manuel VALLS aux patrons : « faites un effort vous aussi ? »
THIERRY BRAILLARD
Ah ! Je pense qu'il va les appeler à une sorte de responsabilité, je crois qu'on ne gagnera – c'est un peu comme le sport – on ne gagnera que si tout le monde joue la même partition.
MATHILDE MUNOZ
Parmi les textes importants de la rentrée il y a la réforme territoriale qui va passer en seconde lecture au Sénat à l'automne, le président de votre parti Jean-Michel BAYLET, le Parti Radical de Gauche, menace, il dit : « que les 3 ministres PRG du gouvernement risquent de démissionner s'il n'y a pas de changement sur cette réforme territoriale », qui ne lui plait pas visiblement, est-ce que vous êtes d'accord, vous mettez votre démission dans la balance ?
THIERRY BRAILLARD
Eh bien j'étais là le jour où ça été voté, j'ai voté, donc bien sûr que je suis en parfaite solidarité avec le président du PRG. La question de la réforme territoriale ce n'est pas simplement de réformer, on est d'accord pour réformer, supprimer les départements dans les grandes agglomérations nous sommes d'accord, j'ai moi-même été l'un des acteurs de la loi sur la création de la Métropole de Lyon qui est une nouveauté et qui permet de faire des notamment en termes de strat territorial, par contre ce qu'on dit c'est que dans les départements ruraux le Conseil général joue un rôle essentiel qu'on ne peut pas comme ça du jour au lendemain enlever.
MATHILDE MUNOZ
Mais vous faites semblant d'être en colère ou vraiment vous démissionnerez si les Conseils généraux disparaissent des départements ruraux ?
THIERRY BRAILLARD
Pour l'instant la décision n'est pas prise ! Le Premier ministre lance début septembre des Assises de la Ruralité et donc nous verrons bien quelles sont les évolutions, ce qu'on a peu entendre du Premier ministre ce sont plutôt des choses positives. Maintenant, il faut que les Socialistes se rendent compte que les Radicaux sont des partenaires eux loyaux, alors, quand on est loyal, il faut aussi être écouté, entendu.
MATHILDE MUNOZ
Merci beaucoup Thierry BRAILLARD, secrétaire d'Etat chargé des Sports et invité de FRANCE INFO ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 août 2014