Texte intégral
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de m'avoir convié à ces cinquièmes Assises des Villes Moyennes et Intercommunalités, auxquelles je n’ai pas hésité une seconde à participer, car j’accorde, et tout le ministère de la Culture et de la Communication avec moi, une extrême importance aux collectivités territoriales - qui sont des acteurs essentiels des politiques culturelles menées dans les territoires depuis plusieurs décennies maintenant -, et aux partenariats que l’Etat peut instaurer avec elles.
Le contexte culturel en région a profondément évolué. La situation actuelle résulte d’un processus qui a vu l’Etat développer son intervention sur le champ culturel d’abord seul, avant d’être progressivement accompagné par les collectivités territoriales. Le paysage que nous connaissons aujourd’hui reste profondément marqué par cette histoire qui est à l’origine d’une tradition de l’intervention publique dans la culture, et de la construction d’un réseau de compétences et d’un système de normes qui caractérisent le paysage culturel français. C’est dans ce cadre que s’inscrit le dialogue absolument nécessaire entre les collectivités et l’Etat.
Ce dialogue, qui existe de longue date, à l’échelon national, mais aussi local via les directions des affaires culturelles des collectivités et les services déconcentrés du Ministère de la culture, a connu une accélération par la réactivation du Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel (CCTDC) en 2008, instance à laquelle votre association participe pleinement et qui a permis un travail concerté autour des grandes réformes actuelles dans le champ culturel.
Ce coup d’accélérateur, c’est également la mission que j’ai confiée il y a quelques mois à Jérôme Bouët sur le renouvellement des partenariats entre les collectivités territoriales et l’Etat et dont je rendrai prochainement publiques les principales orientations que je retiens pour une nouvelle étape de la coopération avec les collectivités territoriales. Je puis vous dire d’ores et déjà que je fais miens un certains nombre de principes que préconise Jérôme Bouët dans son rapport :
Le développement d’un partenariat d’égal à égal de mon ministère avec les collectivités territoriales. Mon ministère n’a pas à se conforter dans une position de surplomb, il doit surtout accompagner les initiatives qui émanent du terrain, des élus, des artistes, des acteurs culturels ;
Une concertation stratégique plus approfondie, qui passe par des outils souples et efficaces : de nouvelles conventions territoriales ; des priorités clairement affirmées dans les contrats de projet Etat-Régions, notamment sur des sujets majeurs pour l’avenir tels que le numérique, les industries créatives et la formation, de manière à ce que la contribution de l’art et de la culture à l’économie de la connaissance soit effective dans les territoires dont vous avez la responsabilité.
Le développement de missions territoriales des établissements publics nationaux : j’ai inscrit dans les lettres de mission des présidents d’établissements publics que j’ai nommés depuis que je suis ministre cette orientation, et elle figure également dans leurs contrats de performance. Nous voyons avec le projet du Centre Pompidou Mobile à quel point cette orientation est pertinente.
Le dialogue approfondi avec les collectivités territoriales s’avèrera particulièrement précieux dans les mois à venir, avec la réforme des collectivités locales, puisque la culture reste une compétence partagée entre les différents niveaux de collectivités, ce qui impliquera des logiques partenariales fortes sur les territoires, dans lesquelles mon ministère souhaite s’inscrire de manière affirmée.
Je me réjouis également que vous ayez dédié une table ronde aux enjeux culturels dans les problématiques de visibilité et d’attractivité des territoires. Ils sont, de mon point de vue, tout à fait cruciaux. Certes, l’attractivité d’un territoire dépend de nombreux facteurs « classiques » comme les infrastructures, les transports, ou encore la présence de structures d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation, dont l’impact économique est immédiatement perceptible. Mais la culture est un paramètre fondamental pour l’attractivité des villes et des territoires. C’est elle qui attire, c’est elle qui fidélise, c’est elle qui donne son identité aux territoires.
Sur ces trois aspects, les villes moyennes sont exemplaires. Je pense par exemple à Albi, et je me réjouis que Monsieur Bonnecarrère soit ici aujourd’hui pour témoigner de cette grande réussite que représente le classement de la Cité épiscopale d’Albi au patrimoine mondial de l’Humanité en juillet dernier. La valorisation de son patrimoine va permettre à cette ville d’être plus visible certes, mais aussi de changer de dimension, au sein de son bassin géographique et même au-delà. Je pense qu’on peut parler d’un cercle vertueux qui s’amorce, car le développement touristique entraîne un développement économique et l’arrivée d’entreprises, de cadres, de familles, souvent en forte attente en termes de politiques culturelles. C’est en cela que la culture - je veux parler notamment des bibliothèques, des festivals, des structures de spectacle vivant, des musées, des centres d’art, des monuments historiques -, attire et « fidélise ».
Elle constitue aussi souvent un élément d’identité fort pour les territoires, et les villes au premier plan. Citons par exemple Arles, Avignon, Beaune, Belfort, Charleville-Mézières, Hyères, Saint-Dié-des-Vosges, Saint-Malo, Vienne, Annecy où je me rends ce soir même pour le Festival international du film d’animation – autant de villes auxquelles on associe immédiatement leurs festivals respectifs ; citons encore Sète, Blois ou Troyes, qui de par leur attention à leurs établissements culturels, et plus généralement à leurs politiques culturelles, ont donné, main dans la main avec l’Etat, une dimension emblématique à leur territoire. Vous m’excuserez de ne pas pouvoir citer toutes les villes dont j’ai pu mesurer les réussites de leurs politiques culturelles, car elles sont vraiment très nombreuses.
Je considère que les villes moyennes ont un rôle majeur à jouer dans la politique culturelle de notre pays, notamment pour favoriser une diffusion mieux partagée de l’art et de la culture, dans un pays historiquement marqué par le poids de sa centralisation. Par leurs initiatives foisonnantes, elles contribuent avec éclat au pluralisme artistique et culturel de la France. Elles ont réussi le pari de la proximité et du rayonnement, dans un équilibre essentiel à toute politique culturelle, qui génère à la fois un sentiment de fierté et d’appartenance de la population et suscite une attractivité bénéfique pour l’ensemble de l’économie de la ville.
Je suis conscient du fait que des collectivités de taille moyenne rencontrent parfois plus de difficultés à mettre en oeuvre et concrétiser leurs ambitions culturelles que des collectivités plus grandes. C’est la raison pour laquelle j’ai constamment à l’esprit, dans les différentes politiques mises en oeuvre par le ministère de la Culture et de la Communication, l’attention qu’il est nécessaire de leur porter.
Je peux par exemple vous citer le « plan musées », que j’ai lancé il y a quelques mois, et qui vise à mettre à niveau ces équipements, afin de développer une offre d'excellence sur l'ensemble du territoire, dans un souci de rééquilibrage territorial. En parallèle à la conduite d'une politique de grands projets dans les musées de l'Etat, nous menons une politique de soutien aux collectivités territoriales, afin de proposer dans les régions, et au plus près des publics, des projets culturels et muséaux de qualité.
Cette même préoccupation a présidé à l’élaboration du Plan rural, qui a d’ailleurs été soumis à votre association d’élus dans le cadre du Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel.
Le projet du Centre Pompidou Mobile s’inscrit également dans cette volonté d’accompagner les villes moyennes à enrichir l’offre artistique et culturelle de leurs territoires.
Je voudrai également rappeler que près des deux tiers des scènes nationales labellisées par mon ministère sont localisées dans des villes moyennes, pour lesquelles elles effectuent un travail remarquable de sensibilisation au spectacle vivant. Ces établissements constituent un exemple de partenariat réussi entre le ministère de la culture et de la communication et les villes moyennes. J’ai souhaité que mon ministère fixe une intervention plancher de 500 000 pour chaque € scène nationale, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors : ce rattrapage sera effectué dans les mois qui viennent.
Les Scènes de musiques actuelles (SMAC) concernent également en priorité les villes moyennes. J’ai d’ailleurs annoncé au Printemps de Bourges, un plan concernant les SMAC, de manière à ce que nous atteignions 100 SMAC à l’horizon 2015. Plusieurs d’entre vous sont concernés par ce plan qui permettra l’émergence de nouveaux équipements labélisés.
Je rappelle enfin que le réseau déconcentré du Ministère de la culture - c’est à dire ses Directions régionales des affaires culturelles - est sorti renforcé de la réforme de l’administration territoriale de l’Etat. Les DRAC travaillent au quotidien en lien avec les collectivités, et notamment les villes moyennes, pour leur apporter expertise ou conseil.
Je serai attentif dans les mois qui viennent à l’ensemble des projets que vous porterez pour vos territoires, car je sais à quel point les effets d’une politique culturelle ambitieuse et équilibrée sont puissants pour la santé économique et l’épanouissement des villes que vous administrez, et donc pour l’ensemble de notre pays.
Sachez assurés que mon ministère, ses services centraux et déconcentrés, se donnent pour ambition de vous accompagner au mieux dans la définition et la mise en oeuvre de vos politiques culturelles. Je pense qu’ensemble nous pouvons dessiner une ambition forte pour la diversité de nos territoires, incarnée dans toutes les villes que vous représentez. Ces rencontres sur les rives de l’Odet, en plein coeur de la Cornouaille, sont une très belle occasion de prendre la mesure des projets que vous portez et qui font de vous des acteurs essentiels de notre vie culturelle nationale.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 14 juin 2011