Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le calendrier et les priorités de la diplomatie française en 2008, Paris le 4 janvier 2008.

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Circonstance : Présentation des voeux aux agents du ministère à Paris le 4 janvier 2008

Texte intégral

Je vous remercie, Monsieur le Secrétaire général, de ces nobles et aimables voeux. Puisque vous savez parler au nom de tous, je vous remercie donc tous chaleureusement et, à mon tour, je vous présente, pour l'année 2008, des voeux de santé et de bonheur dans le travail comme dans votre vie privée, pour ceux qui savent encore ce que ce mot signifie.

C'est également avec un très grand plaisir, Monsieur le Secrétaire général, que je vous retrouve tous, en tout cas pour la plupart d'entre vous, aujourd'hui rassemblés en compagnie de Rama Yade, de Jean-Pierre Jouyet et de Jean-Marie Bockel et, bien sûr, avec vous Monsieur le Secrétaire général, avec vous, Mesdames et Messieurs les Directeurs, avec mon Directeur de Cabinet et les membres de mon Cabinet. Enfin, avec vous tous, membres des Cabinets des secrétaires d'Etat, sous-directeurs et chefs de services que, hélas, je ne connais pas encore tous personnellement.

Aux agents de France et de l'étranger, aux présents comme aux absents, car ces lieux ne nous permettent pas d'être tous réunis, je veux d'abord vous dire mon estime et ma gratitude. Je connaissais depuis longtemps votre dévouement, mais j'ai pu le mesurer avec plus de proximité, avec plus de poids humain. Durant sept mois, j'ai pu mesurer votre dévouement et votre compétence d'une autre manière. Je pense en particulier à la Direction des Français de l'étranger et à la Sous-direction des Personnes qui a été sollicité jour et nuit ces deux dernières semaines. Je salue son sous-directeur, Patrick Lachaussée.

Comme vous le savez, nous venons d'apprendre que le "Paris-Dakar" renonçait à son exercice de l'année. Ce n'est pas ce que nous demandions mais, en même temps, il était nécessaire de les mettre fortement en garde. Cette nouvelle a été annoncée il y a à peine plus d'une heure, et nous aurons à affronter, sous d'autres formes, des crises de ce type, des alertes, et bien des Français auront à affronter le danger. Je pense d'ailleurs que nous devons adapter notre réponse à ces crises de manière très mécanique - si j'ose dire -, très préventive, certes, mais aussi très opérationnelle.

Cette nouvelle ne me plaît pas, je viens de le dire, mais si nous prenons en compte ces deux dernières semaines, dont je parlais il y a un instant, si vous mettez, l'une après l'autre, les alertes, les vraies crises et les meurtres, vous vous rendez compte que la trajectoire décrite par ces attaques se rapproche terriblement de nous.

Je voudrais également remercier Gérard Errera, notre nouveau Secrétaire général, d'avoir accepté d'assumer cette lourde fonction. Mon cher Gérard, votre élévation, hier, à la dignité d'ambassadeur de France rappelle justement vos mérites ; ces mérites nous seront très utiles.

Depuis ma nomination, dans les circonstances surprenantes que vous connaissez, les occasions de nous rencontrer ont été, malgré moi, bien peu nombreuses. Je tiens à vous le dire, je le regrette. Ces occasions ont précisément été trop rares pour que je ne saisisse pas celle qui m'est offerte, aujourd'hui, de faire avec vous cet exercice classique et salutaire du bilan et des perspectives.

Le suivi de nombreuses crises internationales, qui constitue évidemment le coeur de notre métier, laisse en effet peu de temps pour des réflexions en profondeur et des réunions de méthode. Je le regrette car c'est pourtant un objectif que je souhaite inscrire plus systématiquement dans mon agenda pour les mois à venir, à travers une réunion hebdomadaire avec les directeurs, à travers des réunions thématiques transversales, ou par points d'étapes avec les rédacteurs sur des sujets précis. Je souhaite cela. Y parviendrai-je ? Nous verrons mais je le souhaite fortement.

Je devrais aussi, je vous le rappelle, me rendre à Nantes au début du mois de février pour prolonger le premier déplacement extrêmement enrichissant que j'y ai fait à la mi-novembre. Ce travail de fond sera plus que jamais nécessaire pour affronter les grands rendez-vous qui nous attendent en 2008. Vous les avez cités, Monsieur le Secrétaire général, permettez-moi de les reprendre.

Parmi ceux-ci, évidemment, nous pensons tous à la Présidence française de l'Union européenne qui sera pour notre Maison l'échéance majeure de cette année ainsi que vous l'avez rappelé et ainsi que je l'ai indiqué. Cela a été commencé par la Présidence slovène, bien évidemment.

Cette Présidence sera tout à la fois, un défi, une épreuve et une chance.

Un défi car, après les succès de la Présidence allemande et de la Présidence portugaise, nous avons l'obligation de réussir ce qui sera, peut-être, la dernière grande Présidence de cette grande première partie du développement de l'Union européenne. Si le Traité de Lisbonne est accepté, vous le savez, les choses changeront à partir du 1er janvier 2009.

Nous avons l'obligation de prouver que nous sommes excellents, nous devons aussi obéir aux voeux du président de la République, ce doit être une grande Présidence que la Présidence française. Des échéances capitales pour l'avenir de l'Europe nous attendent, Jean-Pierre Jouyet et moi-même particulièrement, mais elles nous attendent tous. Je ne doute pas que nous saurons mettre tout notre talent, toute notre intelligence au service de cette ambition exaltante. Exaltante mais, reconnaissons-le, exigeante pour nous tous. Cette Présidence imposera bien sûr une mobilisation exceptionnelle de l'ensemble du personnel de la Maison, à Paris comme dans nos postes. Je salue d'ailleurs nos personnels qui, déjà sous la Présidence slovène, dans 110 pays, sont à la disposition de nos amis. Demain soir, je vais voir la Présidence slovène et nous envisagerons les développements. Mais si on songe ne serait-ce qu'à ce qui s'est passé ces derniers jours au Kenya et au Pakistan, ce sont nos ambassadeurs qui furent aux premières loges et le seront encore demain. C'est donc commencé.

Cette Présidence, nous devons en avoir conscience, sera aussi, j'en suis certain, une chance pour notre diplomatie. Au premier rang, en Europe et dans le monde, nous aurons là une opportunité unique de faire avancer nos idées, de porter nos valeurs et de confirmer, après le succès du Traité européen simplifié devenu Traité de Lisbonne, notre capacité d'influence retrouvée. Dans la presse internationale, nul ne doute de cette influence retrouvée.

Mesdames et Messieurs, vous connaissez la diplomatie comme moi et même mieux que moi. Je ne tenterai donc pas de vous faire croire que la présidence de l'Union européenne nous occupera totalement. Ce serait trop simple et sans doute simpliste pour des esprits avides d'aventures tels que les vôtres. Et, d'ailleurs, c'est une recommandation que j'ai bien notée au passage : plus de conformisme ! Merci car nous savons qu'en 2008, encore, des crises solliciteront notre diplomatie. Certaines, bien sûr, nous sont encore inconnues mais d'autres, qui sont prévisibles, ne seront pas forcément les plus simples à gérer. Je pense tout d'abord à l'arc de crise Irak, Iran et Pakistan, et nous devrions y ajouter le Maghreb et poursuivre avec la Mauritanie.

Dans ces pays, s'entremêlent tensions religieuses, rivalités ethniques, influences étrangères et risque nucléaire.

Je reviens du Pakistan où j'ai pu constater sur place la complexité d'une situation qui nous concerne directement.

Pas seulement comme représentants de la démocratie ou de l'Europe, mais parce que nos troupes sont en Afghanistan, à deux pas, et que les rapports entre l'Afghanistan et le Pakistan nous concernent évidemment, plus encore que d'autres.

Il faudra déployer des trésors d'intelligence, d'audace et d'inventivité. Le même constat vaut d'ailleurs pour ces autres pays dont le sort nous concerne directement, à savoir l'Irak et l'Iran.

Le Proche-Orient est une autre région qui devra en 2008 mobiliser toute notre attention, faisant suite à Annapolis et au succès de la conférence de Paris sur l'aide à la Palestine. Il ne s'agit pas vraiment, là non plus, d'une diplomatie immobile. Cela n'a pas été noté, la somme récoltée de 7,4 milliards d'euros est un record absolu.

Pour ceux qui se trouvaient avec nous au Centre de Conférence Internationale, ce qui nous a touchés, ce n'est pas l'aide des pays du Golfe, qui a été plutôt mesurée en reproduisant l'aide de l'année dernière, c'est l'intervention et la participation des petits pays, et même des plus pauvres. J'ai retenu bien sûr le Sénégal avec 200 000 euros. C'était touchant et très important. J'ai retenu également les deux millions offerts par Chypre. Deux millions par rapport au budget de ce pays, c'est colossal et Chypre est un pays déchiré.

Il y a donc eu une vraie participation et un espoir. Nous devrons cette année mettre tout en oeuvre pour encourager MM. Olmert et Abbas à trouver des compromis que nul ne peut leur imposer. Il y a, à travers le monde, un vent de scepticisme sur ce processus. Nous devons reprendre cette affaire, vous devez reprendre cela en charge, à coeur. Il n'y a pas de raison de dire que ce processus de paix ne fonctionnera pas puisque les autres n'ont pas réussi. Mais alors, qu'est-ce qui fonctionnera ? A quel moment ferons-nous un effort suffisant pour y croire et pousser nos amis palestiniens et nos amis israéliens, qui n'en ont pas besoin, ils le font. Du côté israélien, il y a encore du scepticisme. Il y a donc une démarche psychologique et pas seulement technique, inventive, diplomatique, une démarche personnelle de chacun d'entre vous, d'entre nous, pour tenter de remettre les choses en mouvement, dans le dynamisme et dans l'espérance.

Nous avons la chance d'avoir en face de nous des dirigeants courageux, qui nous autorisent à croire que le moment est historique. Nous devons être à la hauteur de l'espoir immense d'un Etat palestinien, comme nous le fûmes à la conférence de Paris. Sur le Liban, également, il nous faudra continuer notre travail patient et ingrat, mais indispensable, de dialogue sans exclusive avec l'ensemble des acteurs de la crise politique. Ce n'est pas facile, surtout avec la Syrie, nous le savons, mais nous devons continuer.

Dernière région dont les crises devraient nous mobiliser en 2008, il s'agit de l'Afrique. Il nous faudra d'abord réussir le déploiement de l'EUFOR au Tchad et en Centrafrique et celui de la force hybride au Darfour. Ces deux opérations constitueront, mes chers amis, pour la France un très grand succès diplomatique. Mais si vraiment, après huit ou neuf mois, nous parvenons à mettre des deux côtés de la crise du Darfour, une force hybride : Union Africaine-ONU, et une force européenne au Tchad, que pouvait-on faire de mieux ? C'est parfait.

Il y a quelques jours, nous étions en Egypte avec le président de la République, le départ des troupes égyptiennes est prévue pour le 5 janvier. L'arrivée au Darfour des 1.400 premiers soldats égyptiens de la Force hybride est prévue le 12 janvier. C'est trop lent mais cela commence et qui l'a fait ? C'est la Conférence de Paris. Qui a fait que cette résolution a été votée à l'unanimité du Conseil de sécurité ? Ce sont les Français. Qui a pensé à construire une force européenne, au moment où l'Europe de la Défense est si difficile à mettre en oeuvre ? C'est nous.

Je ne parle pas de la Côte d'Ivoire ni du Kenya, mais regardez ce dernier. Que faut-il faire ? Faut-il les laisser s'assassiner ? Se tourner vers l'Union africaine ? C'est ce que nous faisons et le président de l'OUA ne peut même pas y entrer pour le moment. Ne faut-il pas s'en occuper ? Ne faut-il pas s'ingérer ? Serait-ce mal venu que des forces étrangères à l'Afrique viennent séparer les combattants ? Peut-on accepter que ces personnes meurent ? Non. Que devons-nous inventer ? Je n'en sais rien.

Mais c'est aussi un peu la fin de ce que vous avez salué, merci Monsieur le Secrétaire général, comme l'invention de l'ingérence, devenue responsabilité de protéger. On en voit les limites, au Darfour comme au Tchad, et on les voit au Kenya où il n'y a rien. Il nous faut inventer la suite du droit d'ingérence, c'est une tâche essentielle. C'est vrai, il faut convaincre les forces locales de le faire à notre place. C'est très difficile.

Mesdames et Messieurs, chacune de ces crises exigera de nous des qualités et des actions variées. Mais toutes devront être abordées avec les mêmes priorités : d'abord la sécurité de nos compatriotes, et le souci de relayer les initiatives politiques et diplomatiques au niveau français et européen, à New York et sur le terrain, en proposant notre assistance, notre savoir-faire, notre expertise - votre expertise.

Ce programme peut sembler bien lourd et, pourtant, il est terriblement incomplet. Le Quai d'Orsay n'est pas seulement le ministère de la gestion des crises, même si cela nous occupe beaucoup. Il est aussi celui de la mondialisation, celui qui déchiffre la grammaire de notre monde complexe, celui qui anticipe les grandes évolutions du temps, celui aussi qui fait pour nos compatriotes le travail nécessaire d'explication et de familiarisation avec un monde global et complexe, rapide et changeant, inconnu et passionnant. Celui des hommes et des femmes qui savent de quoi ils parlent - ce qui n'est pas assez souligné -, celles et ceux qui connaissent les pays dont ils ont la responsabilité et qui ne proposent ni ne décident sans connaître.

Je souhaite notamment que 2008 soit pour nous l'occasion de lancer quatre grands chantiers qui ont été évoqué par notre Secrétaire général et qui nous permettront de percevoir, avec plus de précision, plus d'efficacité et plus d'avance encore ces grandes évolutions.

Je souhaite tout d'abord relancer une réflexion française sur la sécurité collective et la prolifération. Cette réflexion devra aboutir à des propositions concrètes, audacieuses et réalistes.

Je souhaite également doter notre ministère d'une véritable capacité d'analyse du facteur religieux, ce que nous ne faisons que de manière trop succincte, trop désordonnée ou trop aléatoire. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié l'effort du groupe réuni autour de mon vieil ami Régis Debray. C'est peut-être dans ce sens, en particulier, qu'il nous faut continuer. Mais vous proposerez d'autres choses.

Je souhaite que nous entreprenions un travail du même type sur tous les enjeux liés à la démographie mondiale et à ses conséquences géostratégiques. Pas seulement l'émigration.

Je souhaite, enfin, que le Département ait sa place, trouve sa place, conquière sa place dans les négociations internationales sur l'environnement.

Ces quatre grands chantiers, vous vous en doutez, ne sont pas des préoccupations d'un jour ou d'un événement. Ils devront, au contraire, irriguer peu à peu l'ensemble de vos travaux et de nos réflexions, et s'imposer progressivement comme des grilles d'intelligence privilégiées du monde. Je suis convaincu que nous aurons-là une matière extrêmement précieuse pour enrichir notre approche de l'ensemble des dossiers dans le cadre de ce ministère de la mondialisation auquel j'aspire.

Mesdames et Messieurs, une fois ces ambitions énoncées, je voudrais en venir maintenant à vous, à ce ministère auquel je demande tant et dont je sais les inquiétudes qui viennent d'être rappelées par notre Secrétaire général.

Je sais que cette maison est parfois traversée de doutes. Je sais enfin que vous êtes soucieux de l'érosion continue de nos moyens, préoccupés aussi par l'évolution des carrières et des promotions.

J'entends y répondre d'abord en reformulant, comme vous l'avez souhaité, le rôle, la place et les missions du Quai d'Orsay au sein de l'appareil d'Etat ; c'est l'ambition du Livre blanc dont vous avez rappelé les objectifs. J'insiste là-dessus : ce Livre blanc n'est certainement pas un énième exercice de réforme imposé - d'ailleurs, ce n'est le genre ni de M. Juppé ni de M. Schweitzer -, mais bien l'opportunité d'une vaste réflexion collective sur votre métier. C'est ainsi que je l'ai souhaité et c'est ainsi que nous travaillons aujourd'hui, avec bon nombre d'entre vous, sous la direction des deux présidents dont je viens de rappeler les noms.

La Révision générale des politiques publiques, plus connue sous l'acronyme barbare de RGPP, est, comme vous l'avez rappelé, l'autre outil dont j'entends me servir pour répondre aux angoisses de cette Maison. Cela paraît paradoxal car ils ont une mission évidemment tournée vers l'économie, nous le savons. Je crois que c'est une chance et que cet exercice important doit être envisagé non comme une contrainte devant conduire à de nouveaux sacrifices - même si des économies sont inévitables -, mais bien comme un levier essentiel à la redéfinition de notre identité. C'est en effet ce levier qui nous permettra d'engager la réorganisation de fond dont ce ministère a besoin, qu'il s'agisse de son organigramme ou de sa politique des ressources humaines. Dans les deux cas, je suis convaincu comme vous, Monsieur le Secrétaire général, que nous devons privilégier la réactivité, la mobilité, l'ouverture, les échanges. C'est ainsi que le ministère retrouvera toute sa place de coordination de l'action extérieure de la France.

Tous ces chantiers, Mesdames et Messieurs, nous permettront, j'en suis sûr, d'avancer dans la seule vraie réponse aux inquiétudes que j'évoquais à l'instant : la redéfinition du rôle du ministère au sein de l'Etat comme dans les rapports internationaux. C'est un travail pour lequel l'apport de chacun sera déterminant. Je sais qu'il faudra de l'argent. Je ne suis pas sûr de le trouver cette année. Mais l'année prochaine et dans les années qui viennent, nous devrons, chacun d'entre nous, convaincre que pour que la mondialisation ou la globalisation servent à la France, il nous faut un ministère adapté, même s'il faudra travailler avec d'autres ministères, plus encore qu'auparavant. Ce travail sera long, mais c'est un travail dans lequel nous avons tous beaucoup à gagner car il nous permettra de mieux faire apparaître vos compétences irremplaçables - encore une fois, vous parlez, vous agissez à partir d'une connaissance irremplaçable que les autres ministères ne possèdent pas. Si nous voulons parler du monde, c'est avec vous que nous le ferons. Si nous voulons que la France tienne une place différente dans le monde, mieux adaptée à sa place, à son rang et à ses besoins, c'est avec vous qu'il faudra le faire, bien sûr, mais également avec les entreprises, les collectivités et nos concitoyens qui tous ont un besoin croissant de compréhension et d'action sur le monde.

Mesdames et Messieurs, je voudrais pour finir vous dire deux mots de nos méthodes de travail. Je vous l'ai dit à l'instant, je souhaite que nous soyons capables de les améliorer, via notamment un travail plus direct avec les directions ; des réunions, si possible hebdomadaires, avec les directeurs ; un regroupement de nos Cabinets que nous envisagerons ; une responsabilité accrue de coordination confiée au nouveau Secrétaire général ; des dossiers moins volumineux, plus opérationnels. Je sais pouvoir compter sur vous et en particulier sur Gérard Errera pour cela.

Je voudrais surtout que nous soyons capables d'être plus réactifs que jamais, capables de nous remettre en cause et de nous adapter sans cesse à des défis qui seront par définition toujours inédits.

J'ai aimé entendre notre Secrétaire général évoquer sa crainte du conformisme et de la complaisance. J'ai aimé qu'il en appelle à la solidarité entre nous. J'ai aimé qu'il évoque la nécessité de la colère. Ce sont ces passions, ces ambitions et ces réflexes, débarrassés d'une prudence virant parfois à la pusillanimité, que je veux ressentir en chacun de vous avec leur corollaire : l'invention. Si nous n'avons plus de conformisme, il faut avoir de l'invention, sinon, c'est plat.

Mesdames et Messieurs, il est encore trop tôt, après huit mois à peine, pour savoir si nos initiatives seront toutes couronnées de succès. Elles ne le seront d'ailleurs pas toutes. Je le dis devant Daniel Parfait, une espérance à l'égard des trois libérations a été déçue. Il faut continuer et, depuis longtemps, nous disons à ceux qui ne l'entendent pas que nous n'aurons pas de succès tant que nous ne parviendrons pas à ménager une entente meilleure entre M. Chavez et M. Uribe.

En tout cas, je tiens à vous dire, car je le crois profondément, que nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons lancé ensemble. Nous le savons, ce n'est pas ici que nous le constaterons, mais le flux viendra jusqu'à la France dans le reste de l'Europe et dans le monde.

Encore une fois, je veux vous remercier chacun d'entre vous pour le travail accompli et pour celui qui reste à faire. Je pense en particulier au directeur politique, Gérard Araud ; à la directrice de la DGCID, Anne Gazeau-Secret ; au directeur des Français de l'étranger, Alain Catta ; à tous les directeurs géographiques ; à la DCI ; aux directions des affaires stratégiques et des Nations unies ; à la PESC ; à la DAH ; à la DGA ; à tout le monde et, bien sûr, à tous les sous-directeurs, rédacteurs, agents qui contribuent à ces opérations et dont je salue le travail et que je souhaite pouvoir emmener plus souvent dans certains des voyages que nous faisons..


Merci, serrons les rangs, parlons-nous plus et bonne année à vous tous.


Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 janvier 2008