Texte intégral
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les directeurs généraux,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
C'est un plaisir pour moi d'être présente aujourd'hui parmi vous pour présider cette cérémonie qui marque une étape importante dans le rapprochement entre deux maisons prestigieuses qui, chacune à sa manière, contribuent à la visibilité et à l'influence de notre pays à l'étranger.
Après de nombreux voyages dans les pays émergents et en développement, notamment en Afrique, j'ai souhaité que nous puissions établir les bases d'une forte coopération entre l'AFD et Ubifrance, avec un double objectif de travail coopératif.
D'une part, j'ai demandé que nous puissions favoriser le positionnement des entreprises françaises sur les appels d'offres financés par l'AFD. Je dis bien le positionnement car il ne s'agit de déroger ni aux règles de la concurrence ni aux principes concernant le caractère non lié de nos aides au Développement.
D'autre part, dans le cadre de l'Initiative du Cap lancée en 2008 par le Président de la République, il convenait de s'organiser afin que nos entreprises déjà implantées puissent bénéficier des opportunités de développement du secteur privé africain via leurs filiales, les cofinancements, les apports de technologies ou la formation continue.
1. Le développement et les entreprises
1.1. Les projets financés par l'AFD
Dans la pratique, les projets financés par l'AFD bénéficient déjà dans une proportion importante à des entreprises françaises et seulement marginalement à des entreprises de pays tiers.
Ainsi, en 2007, 76% des marchés financés par l'AFD dans des pays étrangers ont été attribués à des entreprises locales, 18% à des entreprises françaises et 3% à des entreprises originaires de pays tiers, dont seulement 4 marchés pour la Chine. Contrairement à certaines idées reçues.
C'est bien la preuve que l'aide publique au développement peut également favoriser la promotion des intérêts de nos entreprises, dès lors que celles-ci participent pleinement au développement de leurs pays d'implantation.
Je me réjouis que l'AFD et PROPARCO se soient déjà engagées dans un dialogue nourri et suivi avec les entreprises françaises - à travers l'organisation d'échanges réguliers avec les grands patrons français ou encore la participation systématique aux rencontres organisées par le MEDEF.
Sur le terrain, nos services économiques auprès des Ambassadeurs pourront aider à développer les liens entre nos entreprises et les bureaux locaux de l'AFD.
1.2. L'Initiative du Cap
Par ailleurs, je me réjouis tout particulièrement que l'Initiative lancée par le Président de la République au Cap en 2008 soit aujourd'hui pleinement opérationnelle.
Il s'agit d'une réussite remarquable, et je tiens à vous remercier personnellement, Jean-Michel Severino et Luc Rigouzzo, pour tous les efforts accomplis par vos équipes.
J'ai moi-même pu constater, au cours de mes récents voyages en Afrique, que ce soit au Ghana, au Burkina Faso ou en Afrique du Sud, la grande efficacité des instruments et des moyens mis en oeuvre au profit du secteur privé.
J'ai évidemment conscience du rôle croissant des bailleurs émergents et de leur comportement parfois non coopératif, hors des règles de l'OCDE, qui non seulement conduit à exercer sur nos entreprises une concurrence déloyale mais peut aussi aller à l'encontre des objectifs de développement soutenable des pays aidés, en termes environnementaux et sociaux.
Le renforcement du poids des bailleurs émergents est un mouvement historique. Ce mouvement ne doit pas conduire à nous replier sur nous-mêmes, mais au contraire à valoriser nos atouts afin d'être plus compétitifs.
2. L'accord AFD - Ubifrance
Les facteurs de rapprochement sont, en effet, nombreux, sur le plan géographique, compte tenu des complémentarités entre vos deux réseaux de représentations à l'étranger, mais également sur le plan stratégique, dans la mesure où vos deux établissements accordent une place centrale au soutien à la croissance économique et au développement du secteur privé.
Sur ce dernier point, la mission assignée à Ubifrance de renforcer la présence des PME françaises sur les marchés internationaux, en particulier dans les pays émergents et les pays méditerranéens, offre des pistes évidentes de coopération avec le groupe AFD, qui propose une offre de produits financiers intéressants pour les PME françaises désireuses de s'implanter dans les pays en développement.
J'approuve pleinement les deux voies de progrès principales que vous avez identifiées.
La première vise à développer le partage d'informations entre vos deux réseaux, tant à l'étranger qu'en France. Ce partage d'informations portera sur la situation économique, l'environnement des affaires ou encore les opportunités qui peuvent s'y présenter pour les entreprises françaises. Les PME en particulier peinent en effet souvent à accéder à l'information de manière aisément utilisable.
A ces deux réseaux, il faut ajouter celui des services économiques de nos ambassades. Ces acteurs travailleront désormais ensemble dans la prospection des projets, la définition des stratégies d'intervention, ou encore l'analyse macroéconomique. Je souhaite d'ailleurs que ce principe de collaboration soit inscrit dans le contrat d'objectifs et de moyens entre l'Etat et l'AFD, qui est actuellement en cours de réécriture.
La seconde vise à favoriser une meilleure connaissance et une meilleure compréhension, par les entreprises françaises, des opportunités de financements offertes par le groupe AFD dans les pays en développement.
Tout ceci passe, bien sûr, par l'organisation de réunions d'information à destination des entreprises françaises, comme cela se passe déjà dans certains pays émergents, et, réciproquement, par la publication par UBIFRANCE des informations sur les projets du groupe AFD.
Je ne peux, enfin, que saluer le projet d'associer un réseau bancaire français pour faire directement bénéficier les PME françaises des produits intermédiés proposés par le groupe AFD. Cette piste, qui reste à explorer plus avant, constitue sans doute aujourd'hui le meilleur compromis atteignable pour concilier les contraintes auxquelles est soumise l'AFD et la promotion du développement international de nos PME.
Enfin, à l'occasion de l'Année de l'Afrique en 2010, nous pourrions conduire une réflexion sur la manière dont nos entreprises pourraient s'engager, à travers une Charte pour l'Afrique, sur la transparence, le respect des droits sociaux et environnementaux, des objectifs chiffrés d'actionnariat africain et de formation continue sur place.
Je profite de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui, en présence des représentants du MEDEF et du CIAN, pour demander que nous entamions ce travail de réflexion avec tous les acteurs concernés afin d'aboutir à une contribution à la Charte, qui doit être présentée à l'occasion du prochain sommet Afrique - France en 2010.
Soyez assurés, chers amis, du plein soutien que je vous accorderai dans les prochaines étapes de ces importants chantiers. Il s'agit de faire vivre, encore une fois, et dans toute ses dimensions, l'« Equipe de France » économique à l'international que j'ai la responsabilité d'animer.
Je vous propose maintenant de passer à la signature de l'accord-cadre.
Je vous remercie.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 11 septembre 2009