Conseil des ministres du 20 février 2019. La situation des filières agricoles.

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l'agriculture et de l'alimentation a présenté une communication relative à la situation des filières agricoles.

1. La situation économique

Depuis les crises de 2015-2016 dans les secteurs du lait et des grandes cultures, la situation des filières agricoles s'est améliorée en 2018, en dépit d'une sécheresse sévère qui a touché près de 40 départements. À cet égard, près de 200 millions d'euros ont été mobilisés pour les indemnisations des agriculteurs au titre des calamités agricoles, auxquels s'ajoutent les dégrèvements de taxe sur le foncier non bâti octroyés aux agriculteurs concernés.

En 2018, la valeur de la production agricole nationale est de 75 milliards d'euros, soit une augmentation de 4,7 %. Cette augmentation est liée à une légère augmentation de la production (1,3 %) et à une conjoncture plus favorable (augmentation des prix de 3,4 %). Les charges ont peu augmenté sur l'année, et la valeur ajoutée progresserait de 8,9 % par rapport à 2017.

L'année 2018 aura été favorable au secteur des céréales et à la volaille, mais défavorable aux secteurs sucrier, oléagineux et de la viande porcine. Elle a également permis de conforter les exportations agricoles et agroalimentaires qui contribuent favorablement à la balance commerciale.

La France a confirmé sa place de premier exportateur mondial de vin en valeur, avec un excédent commercial de 8,2 milliards d'euros, et de premier exportateur européen de céréales. Plusieurs autres filières ont également généré un excédent commercial positif à l'export.

2. Les suites des États généraux de l'alimentation

À la suite de la loi du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, l'ordonnance du 12 décembre 2018 relative au relèvement du seuil de revente à perte et à l'encadrement des promotions pour les denrées et certains produits alimentaires a été prise afin que les négociations commerciales de 2019 qui se terminent à la fin du mois de février, entre industriels agro-alimentaires et enseignes de distribution, tiennent compte de ces nouvelles dispositions.

S'agissant de la répartition de la valeur et de la rémunération des agriculteurs, tous les acteurs ont confirmé des évolutions positives lors du comité de suivi des relations commerciales le 13 février dernier. Le Gouvernement a appelé chacun à prendre ses responsabilités et confirmé sa détermination à contrôler l'application de la loi et ses impacts sur les prix et la répartition de la valeur. Ainsi, les avancées constatées lors de cette première année d'application devront être approfondies dans les toutes prochaines années.

Conformément aux engagements pris, le plan « Ambition Bio », présenté le 25 juin 2018, précise les moyens mis en oeuvre pour permettre d'atteindre l'objectif de 15 % de surface en agriculture biologique et 20 % de produits bio en restauration collective.

À la suite du discours du Président de la République à Rungis en octobre 2017, les filières agricoles, par leurs interprofessions et leurs organisations de producteurs, se sont engagées à se saisir des outils de la loi pour améliorer la répartition de la valeur et répondre aux attentes sociétales.

Les interprofessions de la filière porcine et des filières bovines ont ainsi trouvé un accord sur des indicateurs de coûts de production agrégés. Deux filières (apiculture et volaille) se sont dotées d'une interprofession intégrant la grande distribution en 2018. Les liens ont ainsi été renforcés avec la grande distribution.

S'agissant de la réponse aux attentes sociétales, la réduction de l'usage des produits phytosanitaires, l'amélioration du bien-être animal et l'augmentation des productions sous signes de qualité sont les principaux engagements des filières. Des instances de dialogue avec les organisations non gouvernementales environnementales ou les associations de consommateurs ont été mises en place par certaines interprofessions pour suivre les actions engagées.

La filière viticole vise dans son plan de filière une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires d'ici à 2025 et les filières fruits et légumes frais et transformés ont un objectif de réduction de 20 à 50 % des intrants d'ici 2030. La filière céréales s'est engagée sur un objectif de doublement des surfaces en bio et les producteurs ont lancé une dynamique de certification environnementale. Outre les dispositions de la loi, qui durcit les sanctions en cas de maltraitance animale et acte la fin de la commercialisation d'oeufs issus de poules en cage, les interprofessions se sont engagées sur l'évaluation du bien-être animal en élevage, la conception de bâtiments ou de modes d'élevage du futur.

Ce bilan témoigne d'une réelle prise de conscience par les filières agricoles des enjeux débattus dans le cadre des États généraux de l'alimentation et des attentes sociétales. La dynamique devra s'amplifier dans les prochains mois, en mobilisant le cas échéant le volet agricole du grand plan d'investissement.

3. Le salon international de l'agriculture

La création de valeur, la segmentation des productions et les transformations des modes de production seront mises en avant par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation et par les filières, qu'il s'agisse de la transformation agro-écologique, principal levier de la mutation profonde de l'agriculture et de ses filières, ou de la révolution numérique.

Le salon sera l'occasion de saluer la démarche engagée par les organismes du monde agricole, de la recherche et des filières dans la réduction des produits phytosanitaires et la sortie du glyphosate et d'appeler au déploiement massif des alternatives à ces produits. Ce sera l'un des enjeux prioritaires de la nouvelle mandature des chambres d'agriculture.

L'accent sera également mis sur la formation et l'investissement dans les compétences, essentielles à la réussite de la mutation engagée, avec le lancement d'une vaste campagne d'information et de communication sur les opportunités offertes par l'enseignement agricole : « l'aventure du vivant ».

Le salon international de l'agriculture sera également l'occasion, pour le ministère de l'agriculture et de l'alimentation, de favoriser les échanges sur la place de l'agriculture dans notre société, les liens entre urbains et monde rural et la reconnaissance des transformations en cours pour valoriser l'image de notre agriculture et de nos produits alimentaires et pour lutter contre l'« agri-bashing ».