Interview de M. Franck Riester, ministre de la culture à France Bleu Normandie le 8 mars 2019, sur l'art contemporain les FRAC et la décentralisation culturelle.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Bleu

Texte intégral

PHILIPPE THOMAS
Bonjour Monsieur le ministre.

FRANCK RIESTER
Bonjour.

PHILIPPE THOMAS
Ce matin inauguration officielle du FRAC, le Fonds régional d'art contemporain de Normandie, à Caen, qu'on doit à l'architecte Rudy RICCIOTTI, c'est la fin d'un long feuilleton, le projet a fondu depuis 2013. Est-ce que ça veut dire, aussi, que les temps sont durs pour la culture ?

FRANCK RIESTER
Non, pas du tout, mais c'est bien que, finalement, après des quelques rebondissements on va dire, ce FRAC ouvre au public, dans un bâtiment que je vais découvrir tout à l'heure, et je suis vraiment ravi parce que, vous savez, les FRAC, ces Fonds régionaux d'art contemporain, étaient à l'origine créés pour investir dans des oeuvres, accompagner la création d'artistes, mais pas forcément avec une réflexion de les montrer au public, et depuis quelques années c'est vraiment un changement de philosophie important, étant donné que des collections ont été constituées, il y a une vraie volonté, partout, d'exposer ces oeuvres au public. Et là, à Caen, il y aura un formidable écrin pour l'exposition de ces oeuvres, sachant que ces fonds ils ont besoin, et c'est très bien, d'être exposés à certains endroits, mais aussi à être exposés plus largement, que les oeuvres circulent, et c'est tout l'esprit dans lequel travaillent, depuis des années, toutes les équipes du FRAC de Caen, et je me réjouis d'aller non seulement inaugurer ce nouveau bâtiment, mais aussi saluer tout le travail qui a été fait depuis de nombreuses années ici à Caen, en matière d'art contemporain.

PHILIPPE THOMAS
Franck RIESTER, la région gère ce fonds, mais le président Normand, Hervé MORIN, entend bien revoir la gouvernance, il trouve que ça coûte un peu cher, est-ce que vous êtes prêt notamment à l'aider là-dessus, est-ce que vous arrivez avec des annonces par exemple aujourd'hui ?

FRANCK RIESTER
Non, non, il n'y a pas d'annonce. C'est important, on travaille en très bon partenariat avec la région, avec Hervé MORIN le président, avec Catherine MORINDESAILLY qui la vice-présidente en charge des affaires culturelles au niveau de la région, pour trouver la meilleure gouvernance possible pour le FRAC, ce qui est certain c'est qu'il y aura toujours cet esprit spécifique qu'il peut y avoir à Caen, qu'il peut y avoir à Rouen, il y a un travail qui a été fait depuis des décennies, c'est important de le conserver, pour autant d'avoir une meilleure coordination, coopération, que les collections puissent échanger plus facilement qu'elles ne le font, elle le font déjà un peu, mais il faut aller encore plus loin, et on va travailler en bonne intelligence et en concertation totale avec la région.

PHILIPPE THOMAS
La culture c'est aussi l'inauguration hier de la médiathèque de Bayeux, je voulais en toucher un mot aussi avec vous, parce que c'est le symbole de ce que doit être un tel lieu aujourd'hui, d'après vous ?

FRANCK RIESTER
Oui, tout à fait. Vous savez, Erik ORSENNA a fait un rapport il y a quelques mois pour l'Etat, et puis pour les Français, qui est un rapport exceptionnel, qui démontre la nécessité de changer un peu la philosophie des bibliothèques et des médiathèques, certaines ont commencé à le faire, comme celle qu'on a inaugurée hier à Bayeux, qui est de faire en sorte que ces médiathèque, ces bibliothèques, ouvrent plus, c'est-à-dire que les horaires d'ouverture soient étendus, notamment le soir, notamment le dimanche. Il faut savoir que ces lieux sont des lieux qui doivent être des lieux ouverts au maximum au public, et puis deuxièmement qu'elles offrent plus. Ce n'est pas simplement aller découvrir un livre, ce n'est pas simplement aller lire, ce n'est pas simplement emprunter un livre, une bibliothèque, ou une médiathèque, ça doit être aussi une tête de pont culturel dans les territoires, un lieu où on peut travailler, où des étudiants qui n'ont pas la possibilité, pour différentes raisons, de bien travailler chez eux, qu'ils puissent le faire dans une bibliothèque ou une m��diathèque, qu'on puisse trouver de la musique…

PHILIPPE THOMAS
Et on y trouve également des instruments de musique, vous l'avez dit, des machines à coudre aussi, j'ai été assez surpris.

FRANCK RIESTER
Oui, l'idée c'est de créer de la convivialité, c'est de trouver des moyens de faire venir des gens qui se retrouvent dans cette bibliothèque/médiathèque, pour échanger, il y a aussi un lieu de forums, où il peut y avoir des conférences, des débats, des moments où on va pouvoir échanger et pas seulement sur le livre ou la lecture, bien sûr pour le livre et la lecture, mais pas seulement. Il y a un endroit pour les expositions, il y a des expositions, hier il y avait Denis BAJRAM, qui est un dessinateur de bandes dessinées exceptionnel, qui a fait une exposition magnifique, et donc ça permet, voilà, de trouver toutes les voies et les moyens pour que ce soit un vrai lieu de culture et pas seulement un lieu de lecture.

PHILIPPE THOMAS
Franck RIESTER, je voudrais évoquer avec vous un autre point, c'est la RNT, l'équivalent pour les radios de la TNT pour les chaînes de télé. Ça arrive bientôt, ça nous concerne aussi France Bleu, très concrètement, pour les auditeurs qui nous écoutent ce matin, qu'est-ce que ça va changer pour eux, qu'est-ce que ça va changer pour nous ?

FRANCK RIESTER
Alors c'est la radio numérique terrestre, effectivement c'est un peu l'équivalent de la télévision numérique terrestre, la fameuse TNT, qui a permis aux Français d'avoir une meilleure qualité d'image et de son, là il y aura une meilleure qualité de son, et d'avoir la possibilité d'avoir des compléments de production, d'informations, qui seront accessibles sur les supports radio, c'est-à-dire l'autoradio, ou la radio chez soi, puisqu'on va pouvoir faire passer un certain nombre d'informations qu'on ne peut pas faire passer en modulation de fréquence, en FM.

PHILIPPE THOMAS
Il faudra s'équiper ?

FRANCK RIESTER
Alors, on va devoir s'équiper, mais progressivement, à partir de maintenant les autoradios des voitures vont devoir mettre d'office la technologie qui permet de recevoir la radio numérique terrestre, c'est-à-dire le DAB+, c'est un peu technique, mais enfin c'est ça, et progressivement tous les fabricants de radios, d'autoradios, vont mettre cette technologie-là accessible sur leurs postes, et donc il y aura, à terme, la capacité d'avoir une meilleure qualité de son, la capacité d'avoir plus d'informations, sur les radios. Et puis troisième point, d'un bout à l'autre d'un trajet, par exemple sur l'autoroute, ou sur une route, de ne pas avoir à changer de fréquence, puisque ça sera automatiquement le dispositif de DAB+ qui le fera pour le compte de l'autoradio.

PHILIPPE THOMAS
Un autre point Franck RIESTER, qui intéresse aussi nos auditeurs, on sait que des tests sont menés dans le Sud de la France, à Toulouse, à Nice, pour des matinales filmées avec France 3, à quand l'extension, peut-être, de ce dispositif ?

FRANCK RIESTER
Moi je crois qu'une des grandes missions de service public de l'audiovisuel c'est l'information et l'audiovisuel public local, on a besoin de proximité, et le succès de France Bleu, et notamment le succès de France Bleu ici à Caen, et en Normandie, démontre l'envie de nos compatriotes d'avoir une proximité de l'information, une proximité d'audiovisuel, et notamment d'audiovisuel public. Alors, je prépare une loi Audiovisuelle pour l'été, et on veut, dans cette loi, réaffirmer les missions de service public, notamment celle que je viens d'évoquer, et aussi trouver la meilleure organisation possible pour que ces missions de service public soient satisfaites de la meilleure façon possible, et je suis convaincu qu'il faut regarder, évidemment en veillant à ce que les spécificités locales soient maintenues, mais à regarder de quelle manière on peut améliorer encore le dispositif d'audiovisuel public local, et notamment en travaillant davantage entre télévision et radio, parce que ce sont les usages de nos compatriotes, avec la révolution numérique qui évolue, et entre la télévision, la radio, et le numérique, on doit encore améliorer l'offre de service public de l'audiovisuel, locale.

PHILIPPE THOMAS
Un dernier mot Franck RIESTER. Le concert ce soir des Enfoirés, sur France Bleu et sur TF1, est-ce que les artistes, d'une certaine façon, ne pallient pas les manques de l'Etat ?

FRANCK RIESTER
Ecoutez, non, vous savez… on fête le 60e anniversaire du ministère de la Culture cette année, voulu par André MALRAUX et le Général de GAULLE, il y a eu depuis des dizaines d'années un travail exceptionnel qui a été fait par toutes les équipes de l'Etat, en lien avec les collectivités territoriales, qui font un travail aussi remarquable, on a la chance d'avoir des collectivités territoriales, et particulièrement en Normandie, qui s'investissent pour la culture, et donc on a beaucoup de chance d'avoir une offre culturelle très vaste, très large, dans notre pays. Pour autant, c'est vrai que pour un certain nombre d'artistes la situation est difficile, ils vivent parfois dans une grande précarité, je pense notamment aux artistes auteurs, il y a, pour les techniciens, pour un certain nombre d'artistes, le régime des intermittents du spectacle, le gouvernement veut maintenir ce régime spécifique nécessaire à l'activité et à l'offre culturelle dans les territoires, et pour autant on doit améliorer la situation des artistes auteurs, c'est ce que nous allons faire puisque j'ai pris la décision de créer une mission spécifique, qui va travailler avec les professionnels du secteur, avec les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et l'Etat, pour faire en sorte qu'on améliore la situation des artistes auteurs, parce qu'il y en a vraiment besoin, pour que certains artistes, tout simplement, vivent mieux et vivent simplement en dignité.

PHILIPPE THOMAS
Merci Franck RIESTER d'avoir été l'invité de France Bleu Normandie. Et d'être venu dans nos locaux ce matin. Bonne journée.

FRANCK RIESTER
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mars 2019