Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
On est tout de suite avec la ministre des Sports. Bonjour Roxana MARACINEANU.
ROXANA MARACINEANU
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être là. Vous lancez un grand plan pour lutter contre les noyades, les noyades notamment des enfants C'est la période, on le disait tout à l'heure, bientôt la canicule, l'été et c'est évidemment la période de tous les dangers. D'abord, quel est le message que vous voulez faire passer ?
ROXANA MARACINEANU
Eh bien qu'au moment où on est à côté d'un plan d'eau, dans une piscine, dans un plan d'eau non surveillé ou à la maison dans sa piscine familiale, il ne faut pas quitter des yeux son enfant. Même s'il a des brassards, du matériel de flottaison, il faut être avec lui. Et puis le deuxième message qui est plus nouveau aujourd'hui, c'est de dire que la meilleure des sécurités c'est de lui apprendre à nager, d'investir le milieu aquatique aux côtés de son enfant. Et puis bien sûr, les conseils classiques de Santé publique France de ne pas se baigner lorsqu'on a mangé, lorsqu'il fait trop chaud.
APOLLINE DE MALHERBE
On va rentrer dans les détails de tout cela mais ma question est tout de suite aussi de savoir qui a la responsabilité de ça ? C'est-à-dire que quand vous dites les parents doivent investir le milieu aquatique, est-ce qu'au fond le fait d'apprendre à nager, ça ne devrait pas être comme savoir lire, écrire, compter ? Quelque chose aussi que l'école, que l'Etat transmet à nos enfants dès le plus jeune âge ?
ROXANA MARACINEANU
Je dirais que c'est une responsabilité partagée parce qu'il y a différents niveaux pour ce qu'on appelle le savoir nager. Il y a d'abord l'aisance aquatique, être capable de faire découvrir l'eau à son enfant comme on lui apprend à faire du vélo dans le cadre familial.
APOLLINE DE MALHERBE
Qu'il puisse se débrouiller aussi.
ROXANA MARACINEANU
Pas encore se débrouiller mais simplement découvrir ce qu'est l'eau et pas simplement au-dessus de l'eau mais en-dessous de l'eau. Aller avec lui sous l'eau parce que c'est à ce moment-là qu'il va sentir que l'eau le porte, que l'eau flotte… Enfin qu'on flotte quand on est dans l'eau. Et puis derrière arriver par des gestes simples que nous avons décrits avec le ministère des Sports dans un tutoriel qui s'étale sur six étapes, être capable de le faire flotter en jouant avec lui dans l'eau. Bien sûr après ça, il va falloir aller vers des professionnels. Les professionnels, c'est soit dans le cadre de l'école puisqu'effectivement c'est une prérogative de l'éducation nationale. Simplement on démarrait cet apprentissage à partir de l'âge de six ans. Ça concernait seulement l'école primaire. Aujourd'hui avec Jean-Michel BLANQUER, on veut insuffler l'aisance aquatique et habituer l'enfant, à partir de la maternelle, à ce milieu.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire que dès la maternelle dans toute la France, les enfants auront à un moment de la piscine, à un moment ou un autre de l'année ?
ROXANA MARACINEANU
Voilà, mais il va falloir qu'on y aille de manière expérimentale sur certains territoires qui sont prêts à engager cette aventure avec nous, parce qu'il y a un problème de place aujourd'hui. C'est les six-dix ans qui occupent aujourd'hui les créneaux piscine scolaire. Il va falloir changer de paradigme, faire aller des classes de maternelle plus tôt dans l'eau. Donc peut-être sur une période avant l'été, par exemple d'avril à juin, réserver ces créneaux pour les maternelles et puis de septembre à avril…
APOLLINE DE MALHERBE
Se partager les bassins quoi.
ROXANA MARACINEANU
Voilà. Etre capable de faire de la natation aux six-dix ans qui ne savent toujours pas nager.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf que précisément, on sent bien qu'il y a aussi une question d'égalité ou d'inégalité sur le territoire. Quand on regardait la semaine dernière la Seine-Saint-Denis qui tirait une sorte de signal d'alarme en disant que faute de piscine, un enfant sur deux en Seine-Saint-Denis ne sait pas nager en entrant au collège. C'est le département le moins bien doté en termes de piscines. Comment c'est possible encore aujourd'hui qu'il y ait des départements de France comme celui-là qui soient aussi injustement pénalisés ?
ROXANA MARACINEANU
Déjà parce que l'organisation de la natation en France, je dirais qu'elle est mal faite. Elle s'étale sur un espace de douze, quatorze semaines où on fait venir les enfants à la queue leu leu. Nous ce qu'on veut, c'est une démarche où on restreint les apprentissages. On va proposer des apprentissages massés ou sur l'espace d'une semaine ou de deux semaines en allant tous les jours à la piscine…
APOLLINE DE MALHERBE
Des sortes de stages plus intensifs.
ROXANA MARACINEANU
Voilà, exactement. Eh bien les enfants seront en capacité d'être en sécurité dans l'eau. Ils ne sauront pas nager les nages, mais là l'idée, c'est que l'éducation nationale puisse passer la main aux clubs sportifs, aux maîtres-nageurs dans les piscines pour qu'ils puissent apprendre les nages classiques. Mais le rôle de l'école doit maintenant, à mon avis, se situer uniquement sur la sécurisation des enfants en grande profondeur. C'est pour ça qu'on a envie de démarrer plus tôt. Mais le temps de changer les paradigmes, ça va mettre un peu de temps.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais alors attendez, ça veut dire que certes vous allez faire en sorte qu'ils soient sécurisés dans l'eau, mais ça veut dire que l'apprentissage, le fait de devenir confirmé, ça ne sera plus à l'école que ça se passera ?
ROXANA MARACINEANU
Ce sera une collaboration entre les clubs, les associations sportives, les maîtres-nageurs qui pourront donner ces cours d'apprentissage et cette première étape de sécurisation.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il n'y aura plus ces cours réguliers une fois par semaine pendant un semestre pour chaque enfant y compris au collège.
ROXANA MARACINEANU
Ce sera le même nombre de séances. Ce sera le même nombre de séances, ce sera huit à dix séances sauf qu'elles seront ramassées dans le temps. Ça durera une semaine puisque les enfants viendront une fois par jour voire deux fois par jour s'il s'agit de classe bleue où les enfants sont hébergés sur place, comme les classes vertes, comme les classes poney. On pourra envisager deux séances par jour sur cinq jours, donc ça fait le même nombre de séances. Dix séances, aujourd'hui on en fait douze.
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous allez quand même continuer à ce que ça se prolonge dans les années scolaires. C'est-à-dire que ce n'est pas uniquement au moment de la maternelle ou de la petite école.
ROXANA MARACINEANU
C'est un peu une opération coup de poing, pour que justement les enfants puissent être en sécurité dans l'eau, tout petits, ils ne sauront pas nager les nages, mais après il y a des clubs de natation, des maîtres-nageurs qui sont capables de leur enseigner ça, et bien sûr derrière dans le cadre du sport à l'école, au moment du collège, ils pourront revenir le faire…
APOLLINE DE MALHERBE
Voilà, c'est là-dessus que je voulais que vous nous rassuriez.
ROXANA MARACINEANU
… comme on fait de l'athlétisme et d'autres disciplines sportives.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais pardon, je reviens quand même à la question de la Seine-Saint-Denis par exemple, quand vous dites : nous on va mettre en place ce plan, typiquement la Seine-Saint-Denis elle va vous répondre : on n'en a pas les moyens, on n'a pas l'espace, on n'a pas les infrastructures.
ROXANA MARACINEANU
C'est vrai que revenir sur la démarche n'a pas de sens, si jamais on n'accompagne pas ça avec un plan d'équipement. Aujourd'hui on a dédié 20 millions d'euros avec l'Agence nationale du sport pour construire des nouveaux bassins d'apprentissage, ou en rénover à l'intérieur de piscines vieillissantes. Et puis dans le cadre de l'héritage des Jeux olympiques, par exemple spécifiquement en Seine-Saint-Denis il y a neuf piscines qui vont voir le jour pour accueillir les équipes qui vont s'entraîner pour les Jeux, mais derrière qui resteront en héritage dans ce département ?
APOLLINE DE MALHERBE
Encore quelques instants pour avoir avec vous les quelques conseils que vous pouvez donner à ceux qui nous écoutent, à partir de la semaine prochaine, canicule et du coup peut-être tentation aussi d'aller se rafraîchir, d'être au bord de l'eau, quels sont les quelques conseils immédiats et urgents que vous voulez leur donner ?
ROXANA MARACINEANU
Privilégier les plans d'eau et les piscines surveillées, évidemment, et même si elles sont surveillées par un maître nageur, sachez qu'il est de votre responsabilité en tant que parents de ne pas quitter votre enfant des yeux, même s'il a des bouées, des brassards, parce que ça n'empêche pas, surtout si votre enfant n'est pas initié, qu'il perde un brassard et que derrière il panique et qu'il soit en difficulté.
APOLLINE DE MALHERBE
Et le rapport chaleur et fraîcheur de l'eau, est-ce que l'hydrocution c'est un mythe ou est-ce que là aussi il faut faire attention ?
ROXANA MARACINEANU
Non, bien sûr il faut toujours se mouiller progressivement, ne pas y aller après avoir mangé, si on est sur une plage ou au bord d'un lac, et puis surtout être en capacité, lorsqu'on va dans l'eau, de déjà proposer ces premiers gestes, vous pourrez les trouver, les parents pourront les trouver sur notre site « aisanceaquatique.fr », et c'est six petits épisodes où on propose, en piscine en tout cas, une acclimatation ludique avec son enfant dans l'eau.
APOLLINE DE MALHERBE
Et pour bien expliquer ça à tout le monde. Encore un mot Roxana MARACINEANU. Dimanche ce sera un France contre Brésil, pour la Coupe du monde des femmes et du football féminin. En foot masculin, France – Brésil, c'est une affiche, parce qu'ils ont tous les deux été champions du monde, pour l'instant ça n'a pas été le cas pour les équipes féminines. Qu'est-ce que… Vous serez évidemment sur place, ce sera au Havre, qu'est-ce que vous en attendez ? Comment vous avez envie de les soutenir ? Qu'est-ce que vous imaginez pour dimanche ?
ROXANA MARACINEANU
Eh bien on a vu qu'avec n'importe quelle équipe à partir du moment où c'est l'équipe de France qui joue, c'est une affiche, depuis le début de cette Coupe du monde, donc évidemment s'il s'agit du Brésil et qu'on sait que pour l'instant le Brésil n'a pas encore battu la France, donc il y a des grandes chances qu'elle tienne tête, eh bien, bien sûr on sera tous devant nos écrans et en vrai dans le stade.
APOLLINE DE MALHERBE
Votre pari pour dimanche ?
ROXANA MARACINEANU
J'espère qu'on va gagner, parce que moi j'ai envie qu'elles rencontrent les Etats-Unis pour avoir, voilà, vraiment un match de très très haut niveau.
APOLLINE DE MALHERBE
Et ça, ça sera la suite. Merci beaucoup d'avoir été avec nous, ministre des Sports, et vous lancez donc ce grand Plan contre les noyades. Tous les conseils ont donc été donnés. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 juin 2019