Interview de Mme Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, à Public Sénat le 21 juin 2019, sur le bien-être animal, le projet de loi anti-gaspillage.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Brune Poirson - Secrétaire d'Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire

Média : Public Sénat

Texte intégral

CYRIL VIGUIER
Deuxième partie de Territoire d'Infos avec l'invitée politique ce matin en direct sur ce plateau, c'est Brune POIRSON, bonjour, merci d'être avec nous ce matin.

BRUNE POIRSON
Bonjour à vous.

CYRIL VIGUIER
Secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire. Et pour vous co-interviewer à mes côtés, je reçois Oriane MANCINI de Public Sénat, bonjour Oriane.

ORIANE MANCINI
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Et Fabrice VEYSSEYRE-REDON du groupe EBRA. Vous êtes là pour quel titre aujourd'hui ?

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
L'Est Républicain.

CYRIL VIGUIER
L'Est Républicain. Merci d'être avec nous. Brune POIRSON, des images qui ont choqué le monde entier, ce sont des hublots dans la panse de ces vaches, on vient de les voir il y a un instant, TV5 Monde en a fait l'écho dans son Zap Monde. Didier GUILLAUME, le ministre de l'Agriculture, approuve cette… votre collègue approuve cette pratique, pourtant vraiment les mentalités ont évolué, on voit le succès de la pétition en ligne contre cette maltraitance animale, ce qui est considéré comme tel en tout cas, contestée par le laboratoire SANDERS. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, la ministre de la Transition écologique ?

BRUNE POIRSON
D'abord effectivement, je crois que ça pose la question générale du bien-être animal. Pour moi c'est une vraie priorité et d'ailleurs, François DE RUGY travaille sur cette question-là. C'est vrai, il faut faire plus encore pour aller vers plus de bien-être animal, on a lancé un groupe de travail avec les parlementaires sur cette question-là. Maintenant moi aussi, j'ai vu ces vaches, j'ai été très choquée aussi, je vous avoue, j'ai vu ces images, j'étais retournée…

CYRIL VIGUIER
Pour ceux qui n'ont pas vu, les téléspectateurs, on ouvre carrément un hublot, c'est bien le mot, et on met dans l'estomac directement de la vache, de la panse ce qu'on veut, alors là il s'agit d'aliments, mais enfin ! Je veux dire c'est hallucinant !

BRUNE POIRSON
C'est choquant, c'est pour ça que moi je me suis immédiatement renseignée, j'ai absolument voulu en savoir plus. Déjà, il faut savoir que ce sont des pratiques qui sont scientifiques effectivement et qui ne font pas souffrir l'animal…

CYRIL VIGUIER
On en est sûr ça ?

BRUNE POIRSON
On en est sûr, parce qu'on le voit de toute façon, on sait mesurer le stress chez les animaux. Et en plus c'est à des fins scientifiques essentiellement, par exemple pour pouvoir développer des antibiotiques, des médicaments et autres.

CYRIL VIGUIER
Donc vous jugez que c'est utile ?

BRUNE POIRSON
Alors effectivement c'est utile. Cela dit… parce que nous avons besoin de la science, nous avons besoin de continuer à avancer et de ces pratiques scientifiques. Cela dit, il faut mieux encadrer ces pratiques-là, je pense qu'on peut même aller – et je l'espère – vers d'autres pratiques qui pourraient donner les mêmes résultats. C'est pour ça que l'INRA travaille sur un meilleur encadrement, sur des pratiques alternatives à les développer, l'INRA y travaille déjà. Elle va proposer des conclusions et notamment d'ici 2025, j'espère – et nous allons accélérer le programme de recherche – en tout cas j'espère que l'INRA pourra rendre des conclusions avant 2025. Parce qu'effectivement, il y a des pratiques qui doivent évoluer, mais c'est toujours un équilibre qui est compliqué, qui est difficile parce que nous avons aussi besoin de la science pour beaucoup d'aspects, y compris parfois paradoxalement pour développer des médicaments qui peuvent être bénéfiques pour les animaux. Cela dit sur la question du bien-être animal en général, il faut continuer à avancer parce qu'on voit trop souvent… il y a des images d'animaux gavés aux hormones etc., bien sûr il faut que peu à peu ça cesse…

CYRIL VIGUIER
Oui, il s'agissait aussi de… vous avez de… et pas simplement ces vaches à hublot, il y a aussi les problèmes avec les poulets, les problèmes avec les lapins, les problèmes… on a l'impression qu'on découvre chaque semaine de nouvelles horreurs quand même Brune POIRSON !

BRUNE POIRSON
Effectivement, il faut que nos pratiques évoluent là-dessus. Et encore une fois, c'est quelque chose auquel nous travaillons et nous nous attaquons à ces questions-là. Mais vous savez que ce sont aussi…

CYRIL VIGUIER
…Avec votre collègue Didier GUILLAUME…

BRUNE POIRSON
Didier GUILLAUME, il dit lui-même qu'il est le ministre de la Transition, mais encore une fois il faut le faire si on a des alternatives, il faut le faire aussi main dans la main avec les agriculteurs, avec les éleveurs. Parce qu'on n'imposera pas de nouvelles pratiques, il faut le faire collectivement mais on avance rapidement sur cette question-là, pour l'instant à bas-bruit parce que le travail se fait avant de pouvoir présenter de nouvelles mesures.

ORIANE MANCINI
…Sur le dossier en particulier, vous allez présenter un projet de loi anti-gaspillage dans les prochains jours. Est-ce que vous pouvez nous en donner les grandes lignes ?

BRUNE POIRSON
Alors ce projet, il vise avant tout à lutter contre le gaspillage et à développer l'économie circulaire. L'économie circulaire qu'est-ce que c'est ? C'est une économie dans laquelle, il n'y a plus de déchets, parce que les déchets sont une source pour créer un nouveau produit, c'est ça l'objectif. L'objectif, il est aussi de permettre aux citoyens de mieux consommer et, donc par-là, de devenir des acteurs. Et donc on veut diffuser et leur permettre d'avoir accès à de l'information et, notamment, en favorisant l'affichage environnemental. Ce que nous voulons aussi, c'est que les entreprises aient… qu'on élargisse la responsabilité des entreprises. Souvent elles ont une responsabilité et il y a des filières de recyclage sur la fin de vie des produits quand ils sont devenus des déchets. Ce que nous voulons aussi, c'est que maintenant, les entreprises se penchent sur la question de l'éco-conception, de la réparabilité par exemple des produits qu'elle commercialise. Et donc c'est sur différents aspects, avec bien sûr aussi une partie intégrante…

ORIANE MANCINI
Mais vous misez sur la prise de conscience ou il y aura des dispositifs contraignants, obligatoires ?

BRUNE POIRSON
Ah non ! Il y a des dispositifs qui seront contraignants, obligatoires, c'est pour ça qu'on passe dans la loi qui est organisée (comme je le disais) autour de plusieurs piliers : la question de l'affichage environnemental, de la responsabilité élargie des producteurs, de la lutte contre la pollution plastique et aussi de la lutte contre le gaspillage. Le but c'est véritablement de transformer le système de gestion des déchets en France, pour que justement un déchet n'en devienne jamais un. Notre but aussi, il est de faire en sorte que les produits qui sont les moins nocifs pour l'environnement coûtent moins chers, parce que c'est ça aussi une économie dans laquelle les produits par exemple qui sont moins sur-emballés ou les entreprises qui utilisent plus le vrac ou qui fabriquent des machines à laver par exemple qui sont plus réparables, il faut que celles-là soient favorisées, il faut que ça soit plus accessible aussi pour le consommateur.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Sur la question de la pollution plastique, vous êtes très en pointe sur la question de la consigne, donc ça on remet la consigne ou goût du jour, on a l'impression de faire un petit peu du jeune avec du vieux parce qu'on a tous le souvenir de la consigne notamment du verre. Demain la consigne, vous la voyez comment en France ?

BRUNE POIRSON
Effectivement, alors peut-être sur la question de la pollution plastique, dire qu'il y a 3 choses, il y a 3 objectifs. Le premier il est de supprimer le plastique dont nous n'avons pas besoin et pour ça, il faut lutter contre suremballage. Il y a un pacte national sur les emballages plastiques qui a été signé, on va supprimer aussi toute une partie de plastique à usage unique. Il faut ensuite et aussi en parallèle développer et encourager le réemploi, la réutilisation des produits, je pense par exemple à des jouets qui peuvent être utilisés par des enfants parfois pendant plusieurs générations. Et puis il faut ensuite développer le recyclage et effectivement, nous en France on est parti d'un constat qui est très simple. Il est qu'il a dans les grandes villes notamment moins d'une bouteille sur 10 qui est collectée et recyclée, c'est pour vous donner un exemple…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Plastique.

BRUNE POIRSON
Plastique, vous avez raison, plastique. On est à 55 % de taux de collecte et de recyclage des bouteilles en plastique, 45% pour les canettes, nos voisins européens – par exemple l'Allemagne – sont à près de 90 % de collecte et de recyclage des bouteilles en plastique, ça c'est le constat. Et en parallèle, l'Union européenne nous fixe des objectifs qui sont ambitieux, qui sont très ambitieux. D'ici 2029, il faudra que 90 % des bouteilles en plastique soient collectées et recyclées.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Et alors votre idée, comment on consigne le plastique en France, les bouteilles de plastique ?

BRUNE POIRSON
Et alors notre idée… effectivement, et donc face à… non mais parce que la consigne c'est le résultat de ce travail de concertation qui a duré pendant un an et demi…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Mais pour le consommateur !

BRUNE POIRSON
Le résultat… pour le consommateur, le résultat c'est qu'effectivement il faut qu'on aille chercher et qu'on donne… il faut qu'on améliore la collecte parce que si on veut recycler, on doit améliorer la collecte. Comment est-ce qu'on fait, en développant la consigne, comment dans le détail ? Ça, ça se fera et ça se fait dans le cadre du comité de pilotage que j'ai lancé cette semaine-là et qui réunit autour de la table des élus, des collectivités…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Donc le rôle des collectivités va être important, on peut l'imaginer ?

BRUNE POIRSON
Le rôle des collectivités va être essentiel et je vais y revenir dans un instant. Il y a des élus, des industriels, des citoyens, des associations et bien sûr l'Etat. Et les collectivités, il y en a certaines qui ne sont pas vertueuse mais il y en a certaines qui sont très vertueuses, qui ont mis en place des systèmes de tri, de collection des déchets qui sont performants. Avec l'installation du système de consigne, certaines craignent qu'on vienne leur prendre la matière qui a de la valeur, c'est-à-dire la matière plastique. C'est pour ça que dans le cadre de ce comité de pilotage, je veux faire en sorte que les collectivités locales ne soient pas lésées. C'est pour ça que je veux et que je tiens à organiser ce comité de pilotage sous l'égide de l'Etat, parce qu'il y a des industriels qui sont prêts à partir, ils sont prêts à développer des systèmes de consignes avec ou sans les collectivités. Et nous ce que nous voulons, c'est qu'elles soient et qu'elles fassent partie intégrante du système de façon à ne pas être lésées, à ne pas rester au bord du chemin. Et moi j'en entends d'ailleurs certains qui vivent d'ailleurs de la rente du système, j'en entends certains qui disent sur un coin de table que ça pourrait donner et ça pourrait résulter en une augmentation d'impôts pour les Français. Mais les quelques personnes qui disent ça, ce sont des personnes qui vivent de ce système qui ne fonctionne… de gestion des déchets qui en France ne fonctionne pas de façon optimale depuis longtemps ; et qui là font preuve de mauvaise foi et développent des fake news. Ce ne sera pas le cas, nous allons soutenir les collectivités, c'est ça l'objectif.

ORIANE MANCINI
Autre sujet, l'EPR de Flamanville, l'Autorité de sûreté nucléaire demande à EDF de reprendre 8 soudures sur cet EPR, ce qui va entraîner un nouveau retard. Est-ce qu'il verra le jour cet EPR ?

BRUNE POIRSON
Alors c'est la question qu'il faut poser à EDF. EDF…

ORIANE MANCINI
On a l'impression que les retards s'accumulent et que cet EPR est loin de voir le jour.

BRUNE POIRSON
Effectivement et EDF va devoir présenter un plan, en tout cas expliquer et détailler la situation. Nous côté du gouvernement, nous avons pris acte, nous avions d'ailleurs anticipé ce scénario pessimiste et ça ne changera pas…

ORIANE MANCINI
Vous aviez anticipé ce nouveau retard ?

BRUNE POIRSON
Potentiellement, ça faisait partie des scénarios que nous avions sur la table. Ça ne changera pas notre décision et notre programme de travail, et François DE RUGY encore une fois y travaille, à savoir la fermeture de Fessenheim en 2020 et la fermeture des 4 centrales à charbon d'ici la fin du quinquennat.

ORIANE MANCINI
Mais Fessenheim est toujours conditionné à la mise en route de l'EPR de Flamanville !

BRUNE POIRSON
Là en l'état non, nous nous engageons et nous tenons l'objectif et la date butoir de 2020.

ORIANE MANCINI
Donc c'est-à-dire même si l'EPR de Flamanville n'est pas mis en route en 2020, Fessenheim fermera en 2020 ?

BRUNE POIRSON
C'est le projet du gouvernement, effectivement.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui, on parle d'électricité, on parle beaucoup de cette voiture électrique, ça fait partie de votre plan, on parle aussi d'interdire… certains de vos collègues évoquent la possibilité d'interdire la publicité pour les véhicules thermiques, c'est une part importante de l'industrie française l'industrie automobile. Ce n'est pas la quadrature du cercle pour vous cette difficulté à produire de l'électricité propre, de l'autre côté cette nécessité de réduire la production de véhicules thermiques, est-ce que finalement on va en sortir de ça ?

BRUNE POIRSON
Il faut jouer, c'est ce qu'on appelle être dans une phase de transition, c'est difficile parce que vous faites basculer des systèmes entiers d'un état, c'est-à-dire d'une situation où on consomme beaucoup d'énergie fossile, où effectivement c'est fondé sur le modèle de la voiture du XXème siècle qui est très énergivore, très émetteur de CO2 à un système qui est beaucoup plus respectueux de l'environnement. Et effectivement, ça pose des questions notamment d'approvisionnement en énergie, mais là aussi nous avons des scénarios qui sont très clairs, nous ne savons et nous serons en mesure de pallier le fait qu'il n'y aura plus d'utilisation de véhicules électriques sans que ça pèse considérablement sur la demande en énergie, pourquoi ? Parce que nous allons faire évoluer, nous allons travailler pour réduire la demande en énergie. Il y a encore des endroits où on pourrait être beaucoup plus sobre, je pense notamment à la rénovation thermique des bâtiments, là aussi François DE RUGY et Emmanuelle WARGON sont très activement en train de travailler là-dessus, il y a des groupes de travail qui sont en place. C'est en discussion au Parlement pour baisser et faire baisser cette demande en énergie, qui permettra d'équilibrer le système. Mais de toute façon, il faut que nous allions résolument vers des véhicules et d'ailleurs c'est dans la loi, d'ici 2040 il n'y aura plus de véhicules thermiques en France. Et donc c'est enthousiasmant aussi, c'est un projet industriel, Bruno LE MAIRE travaille avec les Allemands au développement de batteries, de batteries qui vont permettre de stocker l'électricité dans les voitures et ailleurs. C'est enthousiasmant, ce sont des projets industriels, c'est la mutation du système mais c'est vers ça de toute façon que nous allons résolument.

CYRIL VIGUIER
Brune POIRSON, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire est notre invitée politique ce matin. On va parler de chantiers exemplaires, vous vous rendez en Isère pour visiter un chantier exemplaire. J'ai lu que 95 % des matériaux démolis sont réutilisés sur place, c'est possible ça ?

BRUNE POIRSON
Eh bien ! Oui puisque ça existe, c'est possible, mais il faut que ça soit la norme et non plus l'exception. Et c'est pour ça que dans le cadre… je suis actuellement…

CYRIL VIGUIER
A Saint-Quentin-Fallavier vous vous rendez !

BRUNE POIRSON
Absolument et je suis en train…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
En Isère.

CYRIL VIGUIER
Oui, l'Isère, je l'ai dit.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Nord Isère, c'est tout proche de Lyon.

CYRIL VIGUIER
Nord Isère.

BRUNE POIRSON
Pour voir l'innovation qui émerge de nos territoires, avec des projets qui sont exemplaires que je tiens à mettre en lumière et que je tiens aussi…

CYRIL VIGUIER
On est bons là-dedans, je veux dire, la France, par exemple ce chantier-là ?

BRUNE POIRSON
On pourrait être meilleurs, ben oui ! On a tout pour être bons, pour être exemplaires en la matière…

CYRIL VIGUIER
Ce n'est pas très répandu, vous y allez parce que c'est rarissime !

BRUNE POIRSON
J'y vais parce que c'est rarissime, parce que c'est exemplaire. Mais ce qu'on veut c'est que ça soit la norme à l'avenir, parce que les déchets du bâtiment c'est 70 % des déchets qui sont produits en France, parce que… pas souvent mais trop souvent encore, ils terminent dans des décharges sauvages qui exaspèrent nos concitoyens. Et ça, ce sont des pratiques qu'il faut changer, nous allons mettre en place par exemple une obligation de diagnostic pour savoir ce qu'il y a dans un immeuble, comment est-ce qu'il est construit, comment est-ce qu'on peut…

CYRIL VIGUIER
Qui contrôlera d'ailleurs, qui ira contrôler ?

BRUNE POIRSON
L'Etat, l'Etat, mais j'espère…

CYRIL VIGUIER
L'Etat a les moyens, on dit toujours qu'il manque des gens pour contrôler, etc. !

BRUNE POIRSON
Mais regardez ce que j'ai fait par exemple avec les industries de la… la restauration rapide, ils ne respectaient pas la loi, je suis allé faire des contrôles inopinés, j'ai constaté qu'aucun des restaurants de chaînes de restauration rapide, des points de vente en respectait la régulation. Je leur ai envoyé une lettre de demande de mise en conformité, ils m'ont présentée un plan de mise en conformité qui n'était encore pas satisfaisant. Ils ont fini par signer à ma demande un contrat d'engagement avec des objectifs qui sont clairs et dans les 3 années, ils seront en lien avec la loi. Et je compte faire ça pour tous les secteurs.

ORIANE MANCINI
2 questions, des députés proposent d'interdire les vols intérieurs lorsqu'on peut faire le trajet par le train, est-ce que vous y êtes favorable ?

BRUNE POIRSON
Je pense que nos pratiques doivent… et qu'on doit s'interroger, s'il y a une alternative et qu'on peut prendre le train plutôt que de prendre l'avion, alors je pense qu'il faut le faire. Mais ce débat-là ne doit pas occulter un débat qui est très important, qui est celui de la mobilité qui est locale, départementale, régionale parce que c'est ça la question. On a parlé… on a eu ce débat sur la voiture individuelle avec… notamment au moment des gilets jaunes et la taxe carbone, il faut trouver des solutions. La solution c'est par exemple des véhicules à la demande, qui permettent de faire par exemple Marseille/Apt, Marseille/Carpentras plus facilement, de façon à ce qu'on ne soit pas les otages d'un bus qui passerait 1 ou 2 fois par jour. Tout ça, ce sont des soucis, tout ça ce sont des solutions qu'on doit apporter aux Français au quotidien. Et la loi d'orientation sur les mobilités d'Elisabeth BORNE, elle se centre sur cette question-là, elle vise à donner aux collectivités, elle vise à donner à chacun la possibilité de se transporter plus facilement et de façon plus économe en énergie au quotidien et en émission de CO2…

CYRIL VIGUIER
Deuxième question rapide Oriane !

ORIANE MANCINI
Autre question qui a un rapport avec ça, la taxe sur le kérosène, vous dites, le gouvernement dit « il faut un accord européen, on ne peut pas le faire ». Bruno LE MAIRE sur les GAFA n'a pas attendu un accord européen, il a dit « si l'Europe ne peut pas se mettre d'accord, on va taxer les GAFA ». Pourquoi vous ne faites pas pareil sur le kérosène ?

BRUNE POIRSON
Mais c'est ce qu'on commence à faire, c'est exactement ce qu'on commence à faire. Moi je suis en discussion avec les Pays-Bas, avec le Luxembourg, avec la Belgique avec certains pays qui souhaitent avancer pour faire en sorte que l'aviation européenne prenne ses responsabilités de façon bien plus importante. Et c'est le cas, c'est le cas en matière de lutte contre les émissions de CO2, c'est exactement là-dessus qu'on travaille, on avance avec les pionniers.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Les élections européennes ont donné un très bon résultat aux écologistes, c'est peut-être même une surprise ce résultat aussi fort. Ca ne vous donne pas envie de travailler davantage avec Yannick JADOT ?

BRUNE POIRSON
Nous et moi, je veux travailler avec tous ceux qui veulent faire avancer l'écologie. J'ai envie de vous dire, je lui retourne la question…

CYRIL VIGUIER
Il faudrait qu'il veuille travailler avec vous, c'est ça ?

BRUNE POIRSON
Mais vous savez on a… il faut qu'on avance et qu'on ait une vraie équipe. En France, la France en Europe c'est une nation qui est très moteur extrêmement progressiste en matière environnementale, nous sommes moteur. Moi je sais que je me bats depuis 2 ans, nous poussons, nous encourageons les pays européens à aller plus loin. Donc l'équipe France elle est forte, elle est ambitieuse, nous avons…

CYRIL VIGUIER
Le problème c'est que ce n'est pas ce qu'ils disent !

BRUNE POIRSON
Nous les avons…

CYRIL VIGUIER
Le problème c'est que ce n'est pas ce qu'il dit.

BRUNE POIRSON
C'est normal, là il fait de la politique, c'est sur le dos du climat et de la planète et ça c'est regrettable. Nous lui avons tendu la main en disant : mais venons, travaillons ensemble, essayons d'avoir une approche qui puisse nous permettre d'être stratégique, d'être tactique pour…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Et pour les municipales…

BRUNE POIRSON
Faire en sorte que la France, elle puisse avoir encore plus de poids en Europe.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Et pour les municipales alors, parce que la question politique va être au coeur des municipales !

BRUNE POIRSON
Mais absolument, mais d'ailleurs la République en marche depuis le début à un ADN écologique qui est fort. Et d'ailleurs le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, il vise aussi… et il permettra à donner à toutes les collectivités plus de moyens pour lutter contre la pollution plastique, pour lutter et pour instaurer par exemple… en instaurant par exemple un système de pollueur-payeur sur les mégots de cigarettes, en repensant aussi avec le système de la consigne en repensant le système de gestion des déchets, en donnant plus de moyens aux collectivités pour faire plus, parce que c'est compliqué, c'est difficile pour elles, en les soutenant, en les accompagnant.

CYRIL VIGUIER
Oriane MANCINI, c'est la dernière, très vite !

ORIANE MANCINI
Dernière question, une étude du Conseil d'analyse économique plaide pour une légalisation encadrée du cannabis. Est-ce que vous êtes favorable ?

BRUNE POIRSON
Alors déjà premièrement nous…

CYRIL VIGUIER
Non, rapide !

BRUNE POIRSON
Ben ! Non, moi j'étais partie pour 50 minutes, ce n'est pas moi d'ailleurs, c'est Monsieur qui a suggéré… non, sur le cannabis, nous notre priorité elle est de lutter contre toutes les formes d'addiction, de toutes les formes d'addiction…

CYRIL VIGUIER
Donc réponse ?

BRUNE POIRSON
Ce rapport-là, ce n'est pas le gouvernement qui l'a commandé, en revanche il faut et c'est ce que nous avons fait par le biais d'Agnès BUZYN, elle a demandé à ce qu'on explore les vertus thérapeutiques, voir si le cannabis avait des vertus thérapeutiques. Et il y a des recommandations qui vont être faites, parce que le Comité scientifique s'est prononcé et a dit oui. Et donc il faut aller plus loin dans ce domaine-là, Agnès BUZYN va avancer sur cette question-là.

CYRIL VIGUIER
Brune POIRSON, vous êtes également vice-présidente…

BRUNE POIRSON
Ah ! Je croyais que c'était la dernière question !

CYRIL VIGUIER
Là, il y en a toujours une dernière, parce que ça vous concerne vraiment. Vous avez été élue vice-présidente de l'ONU pour l'environnement pour 2 ans, c'est l'ANUE ça s'appelle cette association. C'est une première pour la France avec une femme d'abord et puis qu'un membre du gouvernement le soit, c'est compatible avec vos compétences ministérielles puisqu' il faut être membre du gouvernement. Concrètement, ça veut dire quoi pour la France ?

BRUNE POIRSON
Concrètement pour la France c'est très important, ça va nous permettre de… et ça nous permet de travailler avec l'ONU et de travailler au sein de l'ONU pour déterminer l'agenda environnemental de l'ONU. Et donc, c'est là-dessus que je travaille avec certains de mes homologues pour que nous ayons un agenda environnemental qui soit ambitieux, et notamment pousser les priorités de la France comme par exemple la lutte contre la pollution plastique dans les océans, comme par exemple la transformation aussi du système économique pour faire en sorte que croissance rime et soit découplé avec l'utilisation des ressources naturelles.

BRUNE POIRSON
Merci Brune POIRSON d'avoir été notre invitée politique ce matin et d'avoir respecté le temps.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 juin 2019