Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin, Brune POIRSON, bonjour.
BRUNE POIRSON
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Secrétaire d'Etat à la Transition écologique auprès du ministre François de RUGY. Dites-moi, Brune POIRSON, il paraît que vous regardez tous vos interlocuteurs, et vous choisissez une couleur quand…
BRUNE POIRSON
Il paraît…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, alors, quelle couleur vous me donnez ?
BRUNE POIRSON
Je vous dirai à la fin de l'interview, Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, non, vous me dites à la fin, ah bon, d'accord…
BRUNE POIRSON
Je ne prendrai pas ce risque en début, imaginez, la couleur vous déplaît.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui, non, mais peu importe, mais ça, peu importe. Avantage fiscal sur le gasoil pour les poids lourds, je commence avec ça, réduction de 2 centimes d'euro par litre, annoncé hier. Ça fait râler les transporteurs routiers, ils sont en colère. Je les ai entendus ce matin sur RMC. Que leur dites-vous ?
BRUNE POIRSON
Qu'il faut que les efforts soient partagés en matière de transition écologique et solidaire, les Français nous l'ont dit, à plusieurs reprises, notamment au moment du grand débat. Ils nous ont dit qu'ils trouvaient ça injuste que ce soit eux, ils avaient l'impression de porter un fardeau particulièrement important en matière de lutte contre le réchauffement climatique, notamment par le biais de la taxe carbone. Et là, il faut que les efforts soient partagés. Il y a… et c'est d'ailleurs tout l'objet du conseil de défense écologique, c'est de permettre d'identifier les endroits où il y a encore des incohérences, et il y en a, attention, c'était…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y en a, une incohérence, là ?
BRUNE POIRSON
Mais oui, une niche fiscale sur quelque chose qui vient accentuer le réchauffement climatique, eh bien, il est temps peu à peu de s'attaquer à cet échelon-là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que vous pénalisez les transporteurs français, mais vous ne pénalisez pas les transporteurs étrangers qui traversent la France, qui roulent en France, qui ne font pas le plein en France, et qui ne vont pas payer de vignette, à moins que… est-ce qu'un jour, ils vont payer une vignette ?
BRUNE POIRSON
Mais Jean-Jacques BOURDIN, vous savez, il y a quelque chose qui s'appelle la pollution de l'air, il y a quelque chose qui s'appelle le réchauffement climatique, et il y a quelque chose qui s'appelle aussi le réchauffement climatique qui va encore plus vite que ce qu'on croyait. Et donc là, il faut prendre des mesures, c'est une question d'équité, d'efforts partagés, c'est ça la réalité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais c'est une question d'équité, alors, l'effort partagé doit être partagé entre les transporteurs français et les transporteurs étrangers…
BRUNE POIRSON
Il doit aussi être partagé entre ceux qui prennent leur voiture tous les jours pour aller conduire et qui sont assujettis à une taxe carbone…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord…
BRUNE POIRSON
Et ceux qui utilisent aussi le même carburant et qui ne le font pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais alors, est-ce que vous allez mettre en place une vignette ? Vous êtes favorable à une vignette poids-lourds pour les étrangers ?
BRUNE POIRSON
Ecoutez, moi, pour le moment, on l'a dit, nous, notre ligne et notre approche, c'est les efforts partagés. Elisabeth BORNE va recevoir aujourd'hui l'ensemble des parties prenantes, l'ensemble des secteurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, parce que ça risque d'être étendu aux travaux publics…
BRUNE POIRSON
Qui vont être affectés par le fait que nous revenions sur cette niche fiscale, encore une fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les travaux publics seront affectés ?
BRUNE POIRSON
Potentiellement, affectés, déjà, je ne sais pas effectivement si le mot est bon, mais en tout cas, il y a cette notion-là d'effort qui doit être partagé et c'est pour cette raison-là que la ministre des Transports recevra…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le secteur des travaux publics…
BRUNE POIRSON
Aujourd'hui les différents secteurs pour en discuter et en parler…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dont les travaux publics ! Dont les travaux publics pour leur demander de faire un effort, on est bien d'accord ?
BRUNE POIRSON
Entre autre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Entre autre, évidemment, et finalement, eh bien, d'être soumis aux mêmes règles que les transporteurs routiers, on est d'accord, français ?
BRUNE POIRSON
A priori, mais encore une fois, je ne vais pas m'exprimer à la place de la ministre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien, encore une fois, je vais arrêter avec ça, parce que… je vais arrêter avec ça, mais je voudrais juste une précision, Brune POIRSON…
BRUNE POIRSON
Oui, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi quand même, je comprends très bien, vous voulez faire… très bien, très bien, on va voir où ira l'argent, mais, mais, mais les transporteurs étrangers, j'insiste bien, cette fameuse vignette poids lourds, est-ce qu'un jour ou l'autre, les transporteurs étrangers la paieront ?
BRUNE POIRSON
Vous savez ce qu'on fait sur l'aérien, par exemple, hier, on a parlé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais ne me parlez pas de l'aérien !
BRUNE POIRSON
Non, mais c‘est pareil, je vous explique la méthode avec laquelle on travaille…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Brune POIRSON, je vous pose une question…
BRUNE POIRSON
Nous portons toutes ces mesures-là aussi au niveau européen, pour que ce ne soit pas des choses qui affectent que les Français. On parlait de cette taxe sur les billets d'avion hier. Vous savez, nous allons la mettre en place, ça aussi, c'est une forte demande, eh bien, deux choses, d'abord, premièrement, nous nous battons aussi au niveau européen pour que ce ne soit pas qu'une taxe qui soit en France. Et deuxièmement, aussi, ce que nous faisons, c'est que nous voulons que les 180 millions que vont rapporter cette taxe soient réinvestis dans le secteur encore des transports et de ce qu'on appelle la mobilité du quotidien pour faire en sorte qu'elle soit plus respectueuse de l'environnement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous allez mettre – si vous ne faites pas payer une taxe aux transporteurs étrangers – vous allez mettre tous les transporteurs français sur les routes et en colère !
BRUNE POIRSON
Jean-Jacques BOURDIN, est-ce que je suis Elisabeth BORNE ? Non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais, vous êtes en charge de la Transition écologique…
BRUNE POIRSON
Entre autre, effectivement, mais est-ce que la réunion a déjà eu lieu avec l'ensemble des transporteurs routiers ? Pas encore, il y a des concertations bien sûr qui ont été menées en amont et jusqu'à aujourd'hui, il va encore y avoir des réunions, donc je ne vais pas vous donner les résultats des réunions avant même qu'elles aient commencé, j'aimerais bien, ça m'aiderait souvent, mais non, ce n'est pas le cas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la vignette, ce n'est pas enterré ? Ce n'est pas enterré la vignette ?
BRUNE POIRSON
Je ne peux pas vous répondre à l'heure actuelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Bon, on va parler de votre loi anti-gaspillage, loi très importante, anti-gaspillage pour l'économie circulaire. Alors, l'économie circulaire, nous allons expliquer pourquoi vous appelez ça économie circulaire, il s'agit de lutter contre le gaspillage, mais je voudrais commencer avec la pollution plastique. On est bien d'accord, vous allez engager un plan très puissant pour lutter contre la pollution plastique, 20 % des plastiques mis sur le marché sont recyclés, seulement 20 % en France, recyclés ?
BRUNE POIRSON
26 % des emballages plastique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
26 % seulement ?
BRUNE POIRSON
Seulement, seulement, et vous savez, les bouteilles en plastique et les mégots de cigarettes, c'est le premier déchet qu'on retrouve dans l'environnement, et il y a 80 %, c'est-à-dire plus de la moitié, 80 % des déchets qu'on retrouve dans les océans, dans la mer, notamment dans la Méditerranée, c'est aussi des déchets plastiques, des déchets ménagers et des emballages.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, ça veut dire quoi, première mesure : interdiction du plastique à usage unique dès l'année prochaine, plastique à usage unique, c'est-à-dire ?
BRUNE POIRSON
Eh bien, par exemple, les gobelets en plastique, les assiettes en plastique, les couverts en plastique, les pailles, bref tous ces objets-là qu'on utilise, mais vraiment parfois quelques secondes, et qu'on jette tout de suite, qui n'ont qu'une utilisation, c'est ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous les remplacez par quoi ?
BRUNE POIRSON
Ah, mais Jean-Jacques BOURDIN, il ne faut pas systématiquement, et on ne peut pas vivre dans un monde où on peut tout remplacer tout le temps systématiquement, premièrement. Il ne faut pas chercher ça tout le temps, il y a aussi des changements de comportements en profondeur, et deuxièmement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais…
BRUNE POIRSON
Et deuxièmement, mais il n'empêche, néanmoins, c'est un secteur d'innovation, par exemple, sur les pailles, voyez, juste avant de venir, j'ai bu quelque chose dans une paille en amidon de maïs, il y a des pailles en métal, il y a toutes sortes de produits…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De possibilités…
BRUNE POIRSON
Qui se développent et de possibilités…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas les gobelets, les gobelets en carton, ce n'est pas bon, parce que j'ai vu que c'était très difficile à recycler…
BRUNE POIRSON
C'est difficile à recycler, effectivement. Et c'est là où il faut trouver toutes les solutions de demain. Et donc c'est un grand projet industriel aussi pour la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Oui, oui, vous projetez de recycler 100 % des plastiques en 2025, c'est cela ?
BRUNE POIRSON
C'est l'objectif, c'est vers ça qu'on veut tendre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, et aucune obligation de réduire les emballages, pourquoi ?
BRUNE POIRSON
Ah, si, si, si !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, alors, allez-y !
BRUNE POIRSON
Déjà, nous avons déjà signé, on n'a pas attendu de travailler sur ce projet de loi anti-gaspillage, on a déjà commencé, et on a fait un pacte national sur les emballages plastiques avec toute une série d'entreprises, certaines sont vraiment pionnières, je pense à CARREFOUR, à MONOPRIX, à beaucoup d'autres, et elles se sont engagées à réduire le suremballage de façon drastique d'ici 2025, elles se sont engagées aussi par exemple à commercialiser les emballages en plastique qui vont avoir 60 % de matières recyclées à l'intérieur de ces emballages-là d'ici 2022. C'est ça l'objectif. Nous, on veut travailler avec chacune des entreprises pour les encourager à lutter contre le suremballage, mais quand on dit, oui, vous allez encore me dire, Jean-Jacques BOURDIN, c'est des objectifs à 2025, etc., sauf que là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
2025, c'est dans six ans…
BRUNE POIRSON
C'est dans six ans, donc c'est demain, et quand on parle de ce pacte national, il y a des ONG qui vont, et des associations comme par exemple le WWF, comme par exemple la Fondation Tara expéditions ou Ellen MacArthur, qui vont venir vérifier chaque année où est-ce qu'on en est de l'évolution, comme ça, on verra aussi si on est dans la bonne direction ou pas, et là, dans le projet de loi anti-gaspillage, on va aller encore plus loin, en mettant en place un système pour aller récupérer ce plastique-là, avant qu'il finisse dans l'environnement, en obligeant aussi ou en encourageant en tout cas les entreprises à intégrer plus de matières plastiques recyclées dans les produits qu'elles commercialisent, luttant aussi contre le suremballage par le biais d'un système de bonus-malus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, bonus-malus, c'est-à-dire, expliquez-nous, comment le système va fonctionner ?
BRUNE POIRSON
Alors, le mieux, Jean-Jacques BOURDIN, c'est d'imaginer que vous êtes un fabricant de shampooings par exemple, vous fabriquez des shampoings, eh bien, quand vous commercialisez une bouteille de shampooing, pour chaque bouteille de shampooing qui est commercialisée, vous versez une toute petite contribution à une autre entreprise qui va gérer pour vous la fin de vie de votre bouteille le moment où votre bouteille, eh bien, c'est devenu un déchet, mais c'est une toute petite contribution qui est indolore pour le consommateur, c'est la moitié d'un centime d'euro par exemple. Sauf que, aujourd'hui, la façon dont ça se passe, c'est que, que votre bouteille de shampoing, que vous ayez fait plein d'efforts pour la rendre recyclable, respectueuse de l'environnement ou pas, vous payez la même petite contribution, cette éco-contribution, et sauf que si vous vendez des millions, et que vous êtes un très bon marchand de shampoings, eh bien, si vous vendez des millions de bouteilles, au bout d'un moment, ça commence à faire une certaine masse cette moitié de centime d'euro, eh bien, l'objectif, là, c'est de faire en sorte qu'on puisse moduler cette contribution en fonction des performances environnementales de votre bouteille de shampooing, en gros, si votre bouteille de shampooing est meilleure pour l'environnement, eh bien, alors, la contribution que vous versez, eh bien, elle sera plus basse, et donc vous pourrez le répercuter potentiellement sur le prix, donc baisser le prix de vos bouteilles de shampooing, et si jamais, elle est plus mauvaise pour l'environnement, par exemple, pas recyclable, etc, eh bien, à ce moment-là, la contribution sera plus élevée, c'est ce qu'on appelle un malus. Et les entreprises pourront répercuter ça, pas le malus bien sûr, mais le bonus éventuellement sur le prix de vente.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pour le consommateur, Brune POIRSON, il y a cette idée de consigne, consigne, c'est une idée, mais une idée que vous appliquerez, il y aura une consigne ?
BRUNE POIRSON
Oui, effectivement, oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour tous les produits plastiques, verre, les produits alu, les canettes ?
BRUNE POIRSON
C'est ça que nous sommes en train de déterminer, et c'est là-dessus que je veux travailler. Vous savez, Jean-Jacques BOURDIN, aujourd'hui, on est dans une situation où on est au bord d'entrer dans la jungle, je dis ça comme ça, pourquoi ? Parce que les industriels en France qui commercialisent des emballages plastiques, des bouteilles en plastique, ils sont prêts, et ils sont sur le point de lancer un système de consigne sur les bouteilles et les emballages en plastique, c'est ça la réalité, et donc soit, et c'est pour ça que j'ai souhaité qu'il y ait dans la loi anti-gaspillage une mention de la consigne, c'est parce que je souhaite que ce soit l'Etat qui soit à la manoeuvre pour pouvoir faire en sorte que les intérêts des collectivités, que les intérêts des entreprises de recyclage soient respectés, et qu'on se mette tous autour de la table pour discuter de ce système de consigne, plutôt que d'avoir, d'un côté, les industriels, et les co-organismes, Citeo, en l'occurrence, qui s'organisent dans leur coin, pour lancer leur système de consigne à eux, parce que, là, effectivement, on pourrait se retrouver avec des collectivités qui n'y retrouveraient pas leurs petits à la fin du…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura des machines de déconsignation ? Comment ça va se passer pour le consommateur ?
BRUNE POIRSON
Alors, c'est là-dessus que nous sommes en train de travailler dans le cadre de ce comité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, les consignes, on parle de 10 à 25 centimes d'euro pour une bouteille, pour une canette…
BRUNE POIRSON
C'est là où on travaille… déjà, vous savez, on est en train de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça existe en Norvège par exemple…
BRUNE POIRSON
Par exemple, ça existe en Norvège, mais ce qu'on est en train de faire, et ça existe aussi en Allemagne, dans d'autres pays…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En Allemagne, exactement…
BRUNE POIRSON
Et je rappelle au passage qu'il n'y a pas que la France qui travaille sur un système de consigne à mettre en oeuvre, il y a aussi l'Angleterre, il y a aussi d'autres pays comme par exemple le Portugal…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y aura un système de consigne ?
BRUNE POIRSON
En France, il y aura un système de consigne. Maintenant, là, ce sur quoi on travaille…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A partir de quand le système de consigne ?
BRUNE POIRSON
On est en train de travailler. Ça dépend aussi du système qu'on met en oeuvre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quand ?
BRUNE POIRSON
Mais en tout cas, on espère d'ici la fin du quinquennat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ici la fin du quinquennat il y aura une consigne sur les bouteilles…
BRUNE POIRSON
On a déjà lancé une série d'expérimentations, maintenant, aujourd'hui, ce sur quoi on travaille, avec l'ensemble des parties prenantes, c'est-à-dire avec les associations, avec les collectivités, avec l'éco-organisme, avec les industriels, avec les recycleurs, avec l'Etat, ensemble nous travaillons pour déterminer si ce sera une consigne pour recyclage, ou alors une consigne pour réemploi. On travaille aussi pour déterminer si ça sera une consigne sur les bouteilles en plastique et les emballages plastiques, potentiellement aussi sur les piles, est-ce qu'on le fera sur le verre, tout ça on y travaille ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur les piles aussi ?
BRUNE POIRSON
Potentiellement, mais il y a une chose qui est certaine, c'est que l'infrastructure et le coût de mise en oeuvre de la consigne, il ne sera pas pris en charge par les collectivités, et par le contribuable, mais bien par les industriels, au moins à hauteur de 80 %, c'est ça l'objectif et c'est ça que nous voulons faire. Parce qu'effectivement, pas toutes les collectivités, ce n'est pas le cas pour toutes les collectivités, mais pour certaines elles ont investi dans des centres de tri, elles sont pionnières, elles ont fait beaucoup d'efforts, il n'y a aucune raison que ça ne soit pas rétribué. Et on peut imaginer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, parce que les collectivités protestent, sur les déchets.
BRUNE POIRSON
Il y en a certaines, il y en a certaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Certaines, beaucoup, beaucoup.
BRUNE POIRSON
Mais, vous savez, moi je les entends protester…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les déchets ont de la valeur.
BRUNE POIRSON
Les déchets ont de la valeur, mais c'est bien pour cette raison qu'il faut aller chercher cette valeur. Vous disiez vous-même, il n'y a que 26 % des emballages plastiques qui sont collectés et recyclés en France, il n'y a que ça, les bouteilles en plastique c'est le premier déchet qu'on retrouve dans la nature. Donc bien sûr, il faut mettre une valeur sur le déchet, parce que tout déchet, tout produit, eh bien il émane, à la base, de la terre, le plastique c'est des hydrocarbures.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les déchets justement, quel est le secteur qui produit le plus de déchets ? le BTP, on est d'accord ?
BRUNE POIRSON
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le BTP.
BRUNE POIRSON
Le BTP, le secteur du BTP c'est 70 % des déchets en France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors que dites-vous aux entreprises de BTP ce matin ?
BRUNE POIRSON
Eh bien ensemble, je leur dis, continuons à discuter et à travailler pour trouver des solutions de façon à ce que nous mettions en place des solutions pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelles solutions proposez-vous ?
BRUNE POIRSON
Pour deux choses, pour lutter contre la prolifération de dépôts sauvages, qui parfois, je dis bien parfois, viennent de certaines industries du bâtiment, et dans d'autres aussi, pour améliorer le recyclage. Rendez-vous compte Jean-Jacques BOURDIN, en France, en France, sur toutes les moquettes qui sont collectées, il n'y en a que 2 % qui sont recyclées, c'est-à-dire qu'il y a l'équivalent d'une route Lille-Marseille, une route de moquettes Lille-Marseille, qui chaque année est jetée, c'est ça la réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est jetée parfois sauvagement.
BRUNE POIRSON
Et parfois sauvagement, vous avez probablement fait l'expérience d'aller vous promener à la campagne et de tomber sur un tas de gravats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement. Alors là ce sera fini ?
BRUNE POIRSON
Alors ça, notre objectif il est de lutter contre ça. Vous savez combien ça coûte ça, les dépôts sauvages, aux collectivités en France, donc aux contribuables ? 340 millions d'euros par an, c'est ça la réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors comment faire en sorte de ne plus retrouver de la moquette dans une décharge sauvage ?
BRUNE POIRSON
Eh bien, on veut offrir des solutions aux artisans. Parfois, vous savez, les artisans ils doivent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour aller jeter leurs déchets, et parfois, aussi, ils doivent payer en plus de ça pour, même très souvent, ils doivent payer en plus de ça pour qu'on récupère leurs déchets. Ce que nous souhaitons faire c'est de mettre en place, s'ils ont trié leurs déchets en amont, au préalable, alors que leurs déchets puissent être repris gratuitement par les déchetteries, c'est ça notre objectif et c'est là-dessus que nous travaillons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire l'artisan doit trier ses déchets, on est d'accord…
BRUNE POIRSON
En amont, et on va déterminer quoi et comment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on l'encourage comment… non ?
BRUNE POIRSON
Ça, ça lui permettra de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est éco-responsable d'accord, mais enfin peut-être pas tous.
BRUNE POIRSON
Ça lui permettra qu'on reprenne ses déchets, gratuitement, au lieu qu'il ait à payer comme c'est le cas aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il y aura des sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas la loi ?
BRUNE POIRSON
Bien sûr, et ça nous le déterminerons dans le cadre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelles formes de sanctions, quelles sortes de sanctions ?
BRUNE POIRSON
Alors, il y aura des sanctions pénales, et puis ensuite potentiellement d'ordre… enfin il y aura des sanctions, pardon, financières…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pénales non, financières oui, parce que…
BRUNE POIRSON
Et puis potentiellement ça pourra aller…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne peut pas se retrouver au tribunal quand même, non !
BRUNE POIRSON
Potentiellement. Vous savez, abîmer la planète, la terre, et ne pas tenir compte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça peut être quoi une sanction ?
BRUNE POIRSON
Ça nous le déterminerons pendant le débat parlementaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pendant le débat parlementaire, mais des sanctions sont prévues ?
BRUNE POIRSON
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura des contrôles ?
BRUNE POIRSON
Il y aura des contrôles, tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui va contrôler ?
BRUNE POIRSON
L'Etat va contrôler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui, des fonctionnaires du déchet ?
BRUNE POIRSON
Non, mais on va aussi renforcer les pouvoirs de police du maire en matière de lutte contre les dépôts sauvages, on va renforcer ce pouvoir du maire, ça aussi c'est un point qui est important. Les maires ils sont confrontés à ça tous les jours, dans leur quotidien, il faut qu'on les aide pour pouvoir avoir plus d'outils pour lutter contre ça, contre les dépôts sauvages, qui empoisonnent, c'est un fléau, ça empoisonne la vie de nos concitoyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais parler aussi de gaspillage, puisque ça fait partie de votre texte, qui sera présenté tout à l'heure en Conseil des ministres, et qui sera à l'Assemblée et au Sénat, d'abord au Sénat je crois…
BRUNE POIRSON
D'abord au Sénat, en septembre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et voté avant la fin de l'année ?
BRUNE POIRSON
On espère.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Adopté ou pas, mais avant la fin de l'année la discussion parlementaire ?
BRUNE POIRSON
Normalement oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, avant la fin de l'année. Le gaspillage, interdiction d'éliminer les invendus…
BRUNE POIRSON
Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toutes sortes d'invendus, on est bien d'accord ?
BRUNE POIRSON
Oui. Rendez-vous compte Jean-Jacques BOURDIN, en France, il y a 49 millions d'euros de vêtements qui, en France, chaque année, sont détruits, détruits, d'un côté, alors que de l'autre vous avez des personnes qui n'ont pas de quoi s'offrir ces vêtements-là, c'est ça la réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là aussi il y aura des sanctions pour ceux qui…
BRUNE POIRSON
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui détruisent des invendus ?
BRUNE POIRSON
Oui, absolument, ça ne sera plus légal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même chose.
BRUNE POIRSON
On veut mettre un point final au gaspillage, on veut mettre un point final au fait qu'on produit pour détruire, ce n'est plus possible au 21e siècle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais tous les produits neufs qui ne sont pas vendus, les invendus, tous ces produits neufs, que vont-ils devenir ?
BRUNE POIRSON
Eh bien plusieurs choses, il faudra qu'ils soient, soit donnés, pour certains, si des associations en ont besoin et que ça peut bénéficier à d'autres, je pense par exemple à certains produits cosmétiques, je pense par exemple aux serviettes hygiéniques, il y en a encore beaucoup qui sont jetées, alors qu'il y a 2 millions de femmes qui ne peuvent pas s'en offrir, par exemple, ça c'est une réalité. Ou alors ils seront mis dans des filières de réemploi, c'est-à-dire qu'ils pourront être un peu transformés, ça aussi c'est par des entreprises du secteur de l'économie sociale et solidaire, ça ce sont aussi des emplois, locaux, non délocalisables, pour potentiellement des personnes avec pas nécessairement un haut niveau de qualification, partout sur les territoires, ou alors, en dernier recours, ils pourront aussi être mis dans des filières de recyclage pour être recyclés. C'est ça l'objectif. Vous voyez, ce qu'on veut, avec ce projet de loi, c'est vraiment, c'est l'écologie du quotidien, on veut rentrer dans une économie du 21e siècle, une économie dans laquelle on consomme moins, on consomme mieux, on arrête de produire pour détruire, et on favorise aussi le recyclage partout où c'est possible, après avoir encouragé le réemploi, la réutilisation des produits. C'est bon pour la planète, c'est bon pour le porte-monnaie des Français, et c'est aussi juste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Brune POIRSON, je termine. Je reviens à mon premier sujet, simplement une petite question…
BRUNE POIRSON
Vous avez vos petites obsessions Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce n'est pas une obsession, c'est l'obsession de celles et ceux qui m'écoutent ou me regardent, ce n'est pas la mienne, je vous dis tout de suite. Brune POIRSON, question : l'argent de ces taxes, avions et poids lourds, transporteurs routiers, où va-t-il aller cet argent ?
BRUNE POIRSON
Il va aller dans des projets de mobilité du quotidien, dans des projets en tout cas qui sont dédiés à la transition écologique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le garantissez ?
BRUNE POIRSON
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous dis ça parce qu'on a eu de mauvais précédents.
BRUNE POIRSON
Mais, je sais, et vous savez, en matière de transition écologique on apprend tous les jours, si on avait toutes les solutions, tout de suite, immédiatement, il y a longtemps que les responsables politiques l'auraient fait. Non, on doit créer un nouveau monde, c'est le monde du 21e siècle, dans lequel la planète est le centre, est l'équation centrale, la planète et la solidarité, parce que les deux vont main dans la main, et tant qu'on ne mettra pas ça au centre de tous nos projets de politique publique, eh bien ça, d'abord il faut le faire, c'est aussi difficile, c'est compliqué, parfois on tâtonne, mais on apprend aussi et on change de méthode, mais avec le même objectif intransigeant qui est de préserver la planète. Et donc là oui, nous avons entendu le message à l'occasion du grand débat, et donc oui, les recettes de cette taxe-là elles vont être réaffectées à des projets de transition écologique, ça sera fait en toute transparence, BORNE y travaille d'arrache-pied.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Brune POIRSON d'être venue nous voir ce matin.
BRUNE POIRSON
Merci à vous Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
RMC et BFMTV. Quelle couleur ? Non, peu importe…
BRUNE POIRSON
Violet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Violet, ah bon d'accord, ça me va violet.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juillet 2019