Texte intégral
JULIEN LANGLET
Bonjour à tous. Bienvenue dans l'invité politique de France info à 8 heures et demie. France info la radio, France info la télé aussi sur le canal 27 avec Neila LATROUS à mes côtés pour poser la première question à notre invitée Marlène SCHIAPPA. Bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
JULIEN LANGLET
C'est à vous Neila.
NEILA LATROUS
Bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
NEILA LATROUS
L'enquête sur la mort de Jean-Mathieu MICHEL, maire de Signes, s'oriente vers la piste accidentelle. Il a été heurté lundi par un véhicule dont il voulait verbaliser les occupants. Marlène SCHIAPPA, quel enseignement vous tirez de ce drame ?
MARLENE SCHIAPPA
Plusieurs choses. D'abord là je crois qu'on est, pour l'instant, dans le temps du deuil en ce qui concerne ses proches. Et donc, d'abord adresser nos condoléances à sa famille, à ses proches et à tous les habitants de Signes qui perdent leur maire. Et puis ensuite, il y a l'enquête et l'enquête, elle doit suivre son cours. Comme vous le savez, en tant que membre du gouvernement, je ne peux pas commenter une enquête qui est en cours mais c'est évidemment tragique et c'était une grande tristesse, je crois, pour beaucoup de gens d'apprendre la mort de ce maire dans l'exercice de ses fonctions dans des conditions pareilles.
JULIEN LANGLET
En tout cas, ce drame a été l'occasion pour la députée de Paris En Marche que vous connaissez, la députée En Marche Olivia GREGOIRE de faire un mea culpa. On l'écoute, c'était sur RTL.
OLIVIA GREGOIRE, DEPUTEE EN MARCHE DE PARIS
On a énormément d'élus locaux dont on parle très peu, dont on ne parle pas assez qui font un job formidable. D'ailleurs ça fait partie, et je l'ai déjà dit, des erreurs que le gouvernement et certainement les parlementaires nouveaux que nous étions depuis 2017, on a parfois donné le sentiment qu'on ne leur accordait pas l'écoute.
JULIEN LANGLET
Vous partagez ce constat Marlène SCHIAPPA ?
MARLENE SCHIAPPA
Pas forcément. J'aime beaucoup Olivia GREGOIRE, on était ensemble hier après-midi au FIT, le foyer qui héberge des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, et je suis très souvent d'accord avec Olivia GREGOIRE. Là, j'aurais une petite nuance mais je crois qu'elle parle surtout pour la majorité parlementaire et pour son ressenti. Mais en ce qui me concerne, moi je suis élue local au Mans. J'ai eu la chance d'apprendre la politique avec le sénateur-maire du Mans Jean-Claude BOULARD qui est décédé depuis et donc je connais l'engagement de ces élus locaux. Je crois qu'effectivement, c'est un métier… Ce n'est pas un métier d'ailleurs. C'est un mandat, élu local, qui est extrêmement difficile et on doit davantage le soutenir. Sébastien LECORNU, qui est ministre en charge notamment de cette question, est en train de travailler sur une loi qui permette de mieux sécuriser les parcours des élus et des maires. C'est très difficile d'être maire, vous avez une responsabilité parfois même pénale qui est engagée et vous avez assez peu de rémunération, de moyens et de reconnaissance. Il faut bien le dire.
NEILA LATROUS
Effectivement Sébastien LECORNU, ministre des Collectivités territoriales, prépare un projet de loi pour la rentrée.
MARLENE SCHIAPPA
Absolument.
NEILA LATROUS
En parallèle, le Sénat lance aussi sa propre concertation auprès des maires sur les menaces auxquelles ils peuvent être soumis. Est-ce que pour vous la République protège suffisamment ses élus ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est une question qui mérite d'être posée en tout cas, je crois, et la question de l'engagement politique de façon générale interroge également. Vous savez, s'il n'y a que 16 % des maires en France qui sont des femmes, ma conviction personnelle c'est que c'est aussi parce que ce parcours est assez peu sécurisé. Vous ne savez pas, vous allez vers l'incertitude finalement. Vous allez être élu et ensuite vous ne savez pas comment vous pourrez retrouver du travail dans le secteur privé après en être sorti pendant plusieurs années quand vous avez exercé votre mandat. Donc je trouve ça plutôt intéressant que le Sénat lance cette concertation en parallèle du travail mené par le ministre Sébastien LECORNU.
JULIEN LANGLET
Comment trouvez-vous en fait ce qui se passe avec les permanences aussi de pas mal d'élus de la majorité, de députés, de ministres parfois qui sont invectivés ou des permanences un peu saccagées ? Vous trouvez que ça participe de ce climat ?
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr. C'est absolument… Je trouve ça scandaleux en fait. Je suis assez frappée par le niveau de violence et le climat de violence et de menace qui existe. Je crois qu'effectivement c'est une attaque non seulement contre les élus mais aussi contre la démocratie. La démocratie, c'est respecter les gens qui sont élus par le peuple, c'est aussi respecter les institutions. Le débat, il se fait dans les chambres, à l'Assemblée nationale, au Sénat.
JULIEN LANGLET
Des tags sur un mur, ça peut faire partie aussi de la démocratie, non ?
MARLENE SCHIAPPA
Non.
JULIEN LANGLET
Pour vous non ?
MARLENE SCHIAPPA
D'abord non. Parce que d'abord, je crois qu'on a un enjeu et là je me permets de faire un lien avec le sujet précédent. De mon point de vue, un enjeu majeur de notre époque c'est le respect des règles. On n'arrête pas de parler de l'expression de vivre ensemble : on ne peut pas vivre ensemble si on ne respecte pas des règles communes. Ce qui fait qu'une société tient, c'est qu'ensemble on se donne des règles. Ces règles, ce sont les lois et qu'ensemble on choisit de respecter ces lois pour pouvoir respecter notre liberté et la liberté des gens, y compris ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Donc taguer, dégrader, menacer, incendier des permanences de députés ou des domiciles de députés, de ministres etc, je crois que c'est totalement inacceptable. C'est en dehors de la loi et c'est en dehors de ce qui doit nous permettre de faire société.
NEILA LATROUS
Le ministre de l'Intérieur a qualifié d'attentat le saccage d'une permanence. Est-ce que le terme était approprié ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est le terme qu'il a décidé de choisir et donc il ne me semble pas du tout inapproprié, non.
JULIEN LANGLET
Alors il y a un an, Marlène SCHIAPPA, l'entrée en vigueur de la loi sur les violences sexistes et sexuelles. 713 contraventions dressées depuis à ce jour dans la rue ou les transports. C'est un peu plus de deux par jour. C'est symbolique ou c'est utile ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est les deux.
JULIEN LANGLET
Ah !
MARLENE SCHIAPPA
C'est-à-dire que je ne sais pas si vous vous souvenez, il y a un an quand on a débattu cette loi au Parlement, il y a beaucoup de gens qui disaient : « Ce sera une loi inapplicable. Vous aurez une ou deux verbalisations en un an, pas plus, comme en Belgique où il y a eu très peu de condamnations. » En fait, on voit quelques mois après l'entrée en vigueur de cette loi qu'en fait c'est une loi utile et qu'il y a eu plus de 700 verbalisations en flagrant délit de ce harcèlement de rue. Donc cette loi, elle est efficace.
JULIEN LANGLET
Mais c'est utile pour quoi ? Sur les comportements, sur quoi ?
MARLENE SCHIAPPA
Tout à fait. L'idée, c'est d'abaisser une forme de seuil de tolérance de notre société à des faits qui précédemment n'étaient pas illégaux et qui maintenant le sont. Le fait de suivre, d'invectiver, de menacer, d'humilier des femmes dans l'espace public tout ce qui s'appelle le harcèlement de rue et qu'on a appelé outrage sexiste dans la loi. Maintenant, ce n'est plus permis par la loi et dans des centaines de cas, cela a été verbalisé par les forces de l'ordre.
NEILA LATROUS
Vous évoquez le flagrant délit. Est-ce qu'il faut faire évoluer le dispositif justement pour que davantage de contraventions soient dressées, pour que ces comportements soient davantage pénalisés ?
MARLENE SCHIAPPA
Je crois qu'il faut aller plus loin, effectivement, parce que 700 c'est beaucoup pour quelques mois, mais ce n'est pas encore assez puisque les phénomènes de harcèlement de rue, on sait qu'ils sont massifs. Il y a des enquêtes qui ont été faites bien avant que je sois au gouvernement qui indiquaient qu'entre 95 et 100 % des femmes disent avoir déjà été exposées à ce harcèlement soit dans la rue, soit dans les transports en commun.
NEILA LATROUS
Comment on fait évoluer le dispositif ?
MARLENE SCHIAPPA
Il faut qu'on le renforce. On continue la formation des policiers. J'étais par exemple en région PACA il y a quelques semaines autour du préfet des Bouches-du-Rhône qui a organisé une formation des forces de l'ordre. Il faut sensibiliser davantage. Et puis notre but, ce n'est pas d'avoir le plus d'amendes possible. Notre but, c'est qu'il y ait le moins de harcèlement de rue possible. Donc plus on éduque, moins on a de harcèlement de rue au final. On est aussi concentré là-dessus. (…)
NEILA LATROUS
On va évoquer les chiffres des féminicides, 85 femmes mortes sous les coups de leur compagnon ou de leur ex-conjoint depuis le début de l'année, 121 l'an dernier. Les gouvernements passent, les lois évoluent, les drames perdurent, est-ce que le problème est d'ordre culturel, éducatif ?
MARLENE SCHIAPPA
Je crois que le problème est global, il est systémique en fait. De mon point de vue, vous avez raison de le rappeler, les chiffres ils restent d'une régularité glaçante, à 20 féminicides près on est sur le même chiffre depuis qu'il y a des chiffres officiels, donc depuis les années 2010, quelle que soit la volonté politique des gouvernements successifs. Il y a eu une légère baisse en 2018 par rapport à 2017, mais qui n'est pas du tout suffisante pour qu'on puisse se targuer de quoi que ce soit. Donc moi je crois qu'effectivement il y a changement culturel à opérer, c'est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé d'organiser un Grenelle des violences conjugales, qui aura lieu le 3-9-19, en écho au numéro du 39.19 qui est le numéro d'appel d'urgence pour les femmes victimes de violences. Je crois qu'effectivement il faut que maintenant les témoins également agissent, il y a des gens qui savent, il y a des gens qui entendent des cris, il y a des gens qui voient des femmes avec des coups, il faut que les témoins parlent, interviennent et nous aident à sauver les vies de ces femmes.
JULIEN LANGLET
Marlène SCHIAPPA, vous parlez justement de ce Grenelle des violences conjugales organisé le 3 septembre, la porte-parole d'Osez le féminisme, Raphaëlle REMY-LELEU était notre invitée ce matin à la radio sur France Info, elle a un message à vous faire passer, elle regrette en tout cas un manque de concertation en amont de ce rendez-vous. On l'écoute.
RAPHAËLLE REMY-LELEU, PORTE-PAROLE D'OSEZ LE FEMINISME
C'est le problème de méthode du gouvernement et particulièrement du secrétariat d'Etat aux droits des femmes, nous ne sommes pas écoutées. Alors, nous verrons ce qu'il en est lors du Grenelle des violences, dont nous n'avons toujours pas la méthode, le programme, ce qui est quand même un énorme problème pour préparer ce qui devrait être une négociation.
JULIEN LANGLET
Vous avez une réponse à lui dire ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, enfin pardon de le dire, mais c'est absolument faux, en fait, au contraire, on travaille depuis des mois, main dans la main, avec les associations qui sont les associations qui accueillent des femmes victimes de violences. J'étais encore hier au FIT, Une Femme Un Toit, avec Marie CERVETTI, qui est membre de plusieurs collectifs féministes, nous avons reçu à quatre reprises les associations type le Centre d'information des droits des femmes et des familles, le Planning familial, le 39.19, la Fédération Nationale Solidarité Femmes, donc au contraire. Ce Grenelle des violences conjugales c'était une demande des associations qui accueillent les femmes victimes de violences conjugales, nous avons répondu à leur demande, nous l'organisons, le calendrier il est connu, je l'ai donné à de nombreuses reprises.
JULIEN LANGLET
Le calendrier, c'est le contenu surtout, visiblement, de ce Grenelle.
MARLENE SCHIAPPA
Le contenu il sera déterminé lors du Grenelle, c'est le principe. Un grenelle, si vous voulez, c'est un processus, ça veut dire qu'il est lancé le 3-9-19, les services du Premier ministre adressent les invitations à partir de la deuxième quinzaine d'août, donc là, la semaine prochaine, dans 10,15 jours, ensuite le 3-9-19 il est lancé, et il se poursuite jusqu'au 25 novembre, et il y a un mail qui existe, qui est grenelle@pm.gouv.fr, toutes les associations qui n'ont pas encore été identifiées et qui n'ont pas été sollicitées peuvent bien évidemment concourir, participer et venir, mais je ne peux pas laisser dire qu'il n'y a pas de concertation alors que c'est l'inverse. Je veux dire là, on est là le 7 août, et encore hier nous avions un travail de concertation pour préparer ce Grenelle des violences conjugales. Donc, si les associations qui sont politisées déplorent, de façon politique, le manque de « concertation » du gouvernement, eh bien qu'elles se soignent à nous, moi je n'ai jamais reçu de demande de rendez-vous, sur le Grenelle des violences conjugales, de la part de Madame REMY-LELEU, qu'elle fasse une demande, je la recevrai avec grand plaisir.
JULIEN LANGLET
Eh bien voilà, le message est passé.
NEILA LATROUS
On sait aussi que Nicole BELLOUBET, Garde des Sceaux, a évoqué début juillet une enquête pour vérifier où les défaillances sont advenues dans les violences faites aux femmes, est-ce qu'on sait quand est-ce que les résultats de cette enquête sont attendus ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui justement, ça va faire partie des choses qui seront mises sur la table lors du Grenelle des violences conjugales. Si vous voulez, quand on regarde un peu dans le fond de ce qui s'est passé pour chaque féminicide, on voit très clairement des dysfonctionnements, ou des dispositifs de politique publique qui existent, mais qui n'ont pas été mis en oeuvre.
NEILA LATROUS
Au niveau des dépôts de plainte par exemple ?
MARLENE SCHIAPPA
Absolument, au niveau des dépôts de plainte, tout à fait.
JULIEN LANGLET
De la protection peut-être aussi.
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr. Moi j'ai reçu par exemple toutes les parties prenantes et les proches de Madame Julie DOUIB, qui est une femme qui a été tuée il y a quelques mois en Corse, j'ai reçu les associations, les élus locaux, ses proches, et on s'aperçoit que cette dame elle avait déposé des plaintes, plusieurs fois, que son père aussi avait déposé des plaintes pour elle, et que ces plaintes elles n'ont pas été suivies d'effet. Et ça c'est insupportable pour nous, alors que nous disons aux femmes qu'il faut qu'elles parlent, que lorsqu'elles parlent, les plaintes ne sont pas suivies d'effet. Donc ça, ça sera mis sur la table du Grenelle des violences conjugales le 3 septembre, on va regarder quelle est la différence entre l'impulsion politique qui est donnée par le gouvernement et la réalité de ce qui se produit sur le terrain, pour mettre chacun face à ses responsabilités.
JULIEN LANGLET
Alors Marlène SCHIAPPA, la rentrée c'est aussi ce remaniement qui est évoqué, est-ce que vous soutenez le ministre de l'Intérieur Christophe CASTANER qui fait face à un flot de critiques assez important depuis l'affaire Steve à Nantes et dont on demande beaucoup la démission un peu partout sur l'échiquier politique, vous le soutenez ?
MARLENE SCHIAPPA
D'abord je crois qu'il faut un peu prendre de la hauteur et constater que les demandes de démission du ministre de l'Intérieur c'est quelque chose d'assez classique et qui…
JULIEN LANGLET
Ce n'est pas faux.
MARLENE SCHIAPPA
Qui est une rhétorique de l'opposition politique, quelle qu'elle soit au demeurant, et qui se succède. Je ne suis pas forcément à l'aise avec le principe, d'ailleurs, des demandes de démission systématiques et pavloviennes de façon générale. Je soutiens évidemment totalement l'action de Christophe CASTANER, il mène une action complètement résolue pour faire en sorte de maintenir la sécurité dans ce pays, dans un contexte qui est extrêmement difficile, et donc je pense qu'au contraire on peut saluer, en tout cas moi je salue l'action du ministre de l'Intérieur, qui est résolue et ferme sur un certain nombre de sujets.
NEILA LATROUS
Pour vous il n'est pas mis sous tutelle par Matignon…
MARLENE SCHIAPPA
En aucun cas.
NEILA LATROUS
Par exemple on a vu le Premier ministre en première ligne sur l'affaire Steve MAIA.
MARLENE SCHIAPPA
Mais le Premier ministre s'engage, c'est normal, c'est son rôle, c'est le chef du gouvernement, donc dès lors qu'il y a…
NEILA LATROUS
Mais ce n'est pas un désaveu ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, mais le Premier ministre sera engagé aussi en septembre pour le Grenelle des violences conjugales puisqu'il l'organise à Matignon et qu'il le conclura. Je crois que c'est le rôle du Premier ministre, et Edouard PHILIPPE le fait très bien, et ce n'est pas du tout ce que vous évoquiez, au contraire, je crois que c'est aussi une marque de confiance vis-à-vis du ministre de l'Intérieur, d'être avec lui sur des sujets qui peuvent être difficiles. Et en ce qui concerne la mort de Steve, puisqu'on l'appelle maintenant par son prénom, je voudrais dire qu'avant d'être un sujet politique c'est un sujet personnel. Moi je suis toujours très mal à l'aise avec les différentes instrumentalisations, je pense qu'on doit penser avant tout à ses proches, à sa famille. Un jeune homme qui est mort c'est tragique et je crois qu'il n'est pas nécessaire d'en faire une instrumentalisation politique, toute la lumière devra être faite sur les circonstances de sa mort, mais sans instrumentalisation, de mon point de vue.
JULIEN LANGLET
Marlène SCHIAPPA, est-ce que François de RUGY peut revenir au sein du gouvernement après avoir été blanchi par le rapport parlementaire ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, il ne vous aura pas échappé que je ne suis pas présidente de la République, ni Premier ministre…
JULIEN LANGLET
Absolument.
MARLENE SCHIAPPA
Et donc je ne compose pas le gouvernement…
JULIEN LANGLET
Mais vous êtes membre du gouvernement.
MARLENE SCHIAPPA
Mais je n'ai pas la possibilité de nommer ou de dénommer les membres du gouvernement.
JULIEN LANGLET
Non, vous avez la possibilité de soutenir ou d'approuver…
MARLENE SCHIAPPA
Non, je ne me permets pas de faire ce genre de choses, je suis assez respectueuses des prérogatives des uns et des autres. Le gouvernement est composé sur proposition du Premier ministre, par le président de la République, donc c'est leur choix et leur liberté exclusive.
NEILA LATROUS
Pas de soutien, donc, à François de RUGY pour l'instant.
MARLENE SCHIAPPA
Ni de soutien, ni d'attaque, en fait ce n'est pas mon rôle de dire tiens, untel ou untel serait bien au gouvernement, sur le plateau de Franceinfo à 8h48.
NEILA LATROUS
Vous évoquiez il y a quelques instants l'appel à candidature lancé aux femmes pour les municipales, effectivement 16 % d'entre elles sont maires, 40 % dans les conseils municipaux. Vous avez cosigné une tribune, est-ce qu'elle a trouvé un écho ?
MARLENE SCHIAPPA
Un petit peu, mais pas assez pour être sincère. On est en vraie difficulté, je vous l'avoue, à La République en Marche, parce qu'on n'a pas les candidatures nécessaires. La femme la plus difficile à investir c'est la femme qui n'a pas candidaté et nous n'avons pas assez de candidatures de femmes pour les municipales. Très souvent nous avons…
NEILA LATROUS
Vous relancez un appel ?
MARLENE SCHIAPPA
Absolument, je relance un appel, je crois qu'il faut le faire sans cesse, pour que les femmes candidatent et pour qu'elles puissent ensuite être maire. On n'a que 16 % des maires en France qui sont des femmes, c'est un chiffre qui est ridiculement bas. On a une Assemblée nationale, maintenant, qui est quasiment paritaire, parce que le président de la République a voulu investir 50 % de femmes sur des circonscriptions gagnables il y a maintenant quelques années pour les élections législatives, il serait temps qu'on ait aussi des maires qui soient des femmes.
NEILA LATROUS
La République en marche a aussi annoncé un dispositif de mentorat, pour la rentrée, pour les femmes candidates. Concrètement, réponse courte, en quoi consistera ce mentorat ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est un programme qui s'appelle « Toutes politiques », qui permettra de soutenir les femmes face aux questions, parfois spécifiques, qu'elles peuvent avoir sur, à la fois le financement, mais aussi l'exposition…
NEILA LATROUS
C'est de la formation…
MARLENE SCHIAPPA
La formation, le rapport aux médias, le rapport aux critiques aussi, parce que quand on est une femme politique on est critiquée sur des aspects de notre vie, personnelle, physique, familiale, etc., et les hommes politiques n'ont pas à faire face à ce type de critiques, donc je crois que ça nécessite un accompagnement particulier en effet.
JULIEN LANGLET
Merci Marlène SCHIAPPA…
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous.
JULIEN LANGLET
Marlène SCHIAPPA, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, merci d'avoir été l'invitée politique de France Info aujourd'hui.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 août 2019