Interview de Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, à BFM/TV le 21 août 2019, sur les conditions de travail au service des urgences à l'hôpital et la réforme des retraites.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès BUZYN, bonjour.

AGNES BUZYN
Bonjour monsieur BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Beaucoup de sujets. Mais tout de suite, on vient de faire un peu de météo, là, il y a eu des épisodes de canicule cet été, est-ce qu'il y a eu des victimes ?

AGNES BUZYN
Il y en a eu évidemment, et je rendrai un bilan en début du mois de septembre, puisque nous savons que chez les personnes âgées, en fait, les conséquences sont souvent retardées.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez les chiffres ?

AGNES BUZYN
Non, je ne les ai pas encore, je les attends pour les deux épisodes, et je les aurai début septembre, évidemment je rendrai ça public…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Plusieurs milliers de victimes, on ne sait pas, on peut… non ?

AGNES BUZYN
Non, je ne peux pas savoir à ce stade.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord ?

AGNES BUZYN
Ce que je peux savoir, c'est qu'il n'y a pas eu un afflux massif de personnes dans les services d'urgences, il y a eu une augmentation de l'activité, notamment de SOS Médecins, mais de façon très raisonnable, autour de 3 % d'augmentation de l'activité, mais pas d'afflux massif de personnes, ce qui veut dire que les Français ont quand même très bien compris maintenant les usages et les précautions à prendre.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, parlons de l'hôpital, parlons des urgences. « Nous ne lâcherons rien ». « Nous ne lâcherons rien », ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les grévistes des services d'urgences des hôpitaux publics. Est-ce que ça vous inquiète, franchement ?

AGNES BUZYN
Ecoutez, moi je crois que le dialogue est important, parce qu'ils ont des revendications, et je trouve ça normal d'améliorer les conditions de travail dans les urgences, qui ont vu doubler le nombre de passages en 20 ans. Donc nous devons repenser nos urgences, et c'est un problème qui se retrouve dans tous les pays européens d'ailleurs, puisque tous les pays font face au même afflux de malades dans leurs urgences, puisque tous les pays ont un manque de médecins. Donc ce manque de médecins en ville, fait que les personnes vont directement aux urgences pour consulter. Et puis il y a une demande de soins immédiate, les gens n'ont plus envie d'attendre, et donc on voit bien que les Français font appel à leur système de soins, avec des habitudes qui ont changé. Donc nous devons repenser cela et donc je travaille avec les syndicats, je travaille avec évidemment le collectif que je rencontrerai en septembre, et je leur ferai des propositions…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez organiser un tour de table, enfin une concertation générale en septembre ?

AGNES BUZYN
Alors, j'ai déjà rencontré tous les urgentistes en juin…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, mais…

AGNES BUZYN
…je les revois en septembre, et surtout j'ai demandé au professeur CARLI et au député de Thomas MESNIER, qui sont tous les deux urgentistes, de me faire des propositions concrètes. Car en réalité le problème…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, de nouvelles mesures seront prises dans les semaines qui viennent.

AGNES BUZYN
Absolument. Absolument, parce qu'il n'y a pas qu'une seule mesure. En fait les services font face à des difficultés très différentes d'un endroit à l'autre. Je vous donne un exemple. Il y a à Metz, par exemple, une centaine de postes d'infirmiers vacants, ils n'arrivent pas à recruter, donc les postes sont ouverts et il n'y a personne. Il y a par contre dans d'autres endroits, des locaux complètement vétustes et beaucoup trop étroits, et donc quand il y a un doublement des passages, eh bien on ne sait plus où mettre les gens et effectivement les urgences ressemblent à la cour des miracles ce qui est un problème. Donc j'ai annoncé aussi des financements pour rénover un certain nombre de services. Il y a d'autres endroits où on manque de médecins, et donc d'un endroit à l'autre, nous devons trouver une solution au cas par cas, et ce que je veux dire c'est qu'il y a déjà 28 services d'urgence qui ont signé la fin de la grève parce que nous avons trouvé des solutions.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais d'autres se mettent en grève aussi. On est à 217, dit le Collectif Inter-urgences, vous êtes à quel chiffre ? 217 sur 600 à peu près, services d'urgences, dans les hôpitaux publics.

AGNES BUZYN
Il y a 650 services d'urgences en France, plus une centaine de services pédiatriques, d'urgences pédiatriques, donc il y a à peu près un tiers des services d'urgences en grève.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un tiers, oui.

AGNES BUZYN
Le 14 août, nous comptabilisons 195, et ça n'a pas d'importance, je ne suis pas là pour me battre sur cinq services en plus ou en moins, ce n'est pas le problème. Il y a un problème dans les urgences, que nous allons régler, mais nous allons le régler en trouvant plusieurs solutions.

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai compris, mais alors, j'ai une question toute simple : comment réguler l'arrivée des patients aux urgences ? Comment ?

AGNES BUZYN
Alors, des pays ont trouvé la solution.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. J'allais vous dire : le Danemark, les Pays-Bas.

AGNES BUZYN
Voilà. Alors, c'est brutal le Danemark, et moi je ne suis pas certaine qu'aujourd'hui en France on soit prêt à voir cette régulation. Au Danemark par exemple, personne n'arrive aux urgences sur ses deux pieds, on ne rentre dans les urgences que par une ambulance. Ce qui veut dire que la régulation et donc l'appel à un médecin qui est en charge de coordonner les soins, se fait en amont des urgences.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a un numéro que le patient peut appeler.

AGNES BUZYN
Absolument. Aujourd'hui c'est déjà le cas : quand vous appelez le SAMU, le SAMU a pour charge de réguler, et dans certains cas le SAMU vous réoriente vers une maison de Santé pluriprofessionnelle ouverte, ou vers un médecin de ville en disant : il n'y a pas lieu de venir aux urgences, allez ailleurs. Mais les Français n'ont pas encore le réflexe d'appeler, ils vont directement aux urgences. Donc il y a toute une habitude à prendre pour écouter la régulation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous réfléchissez à l'idée de mettre en place un numéro, un nouveau numéro ? Oui ?

AGNES BUZYN
Alors, absolument, ça fait partie du travail en cours, donc aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire un nouveau numéro qui permettrait aux Français d'appeler, d'expliquer ce qui se passe et avoir qui au bout du fil ?

AGNES BUZYN
Alors, d'abord des assistants de régulation médicale, qui sont formés aujourd'hui, vous savez ce sont ces personnes qui sont formées à recevoir l'appel. Donc maintenant il y a une formation qui démarre à partir du mois de septembre pour qu'ils prennent des réflexes systématiques et suivent des procédures, et ensuite l'assistant met en contact avec un médecin. Une fois qu'il a pris un certain nombre de données concernant la personne, il met en contact avec un médecin.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça serait un 15 bis en quelque sorte ?

AGNES BUZYN
Alors, ce qui est proposé par différentes structures, c'est que les communautés médicales professionnelles, qui vont être créées dans la loi, c'est-à-dire Communauté de professionnels de santé, qui vont exercer en médecine de ville, c'est-à-dire pas à l'hôpital, vont proposer des numéros de régulation pour orienter les gens vers une structure ouverte.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un genre de 15 bis quoi.

AGNES BUZYN
Un 15 bis, voilà.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un nouveau numéro, qu'on appellerait et qui permettrait de sélectionner, enfin d'expliquer au patient s'il y a urgence à aller aux urgences ou pas.

AGNES BUZYN
Alors il y a cette proposition. Il y a une autre proposition, vous le savez, qui est celle qui est aussi travaillée, qui est un numéro unique pour les urgences, qui associerait pompiers, police et SAMU…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura un numéro unique ?

AGNES BUZYN
Et donc vous voyez bien qu'il y a deux possibilités sur lesquelles nous travaillons en parallèle, parce qu'en fait les deux sont utiles, les deux sont très utiles, et donc il y aura évidemment des propositions faites pour améliorer la…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le numéro unique, ce serait une bonne idée.

AGNES BUZYN
Le numéro unique, c'est simple, le problème c'est que vous perdez du temps lorsque vous passez l'appel de la police aux pompiers, ou de pompiers au SAMU…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut faire les deux.

AGNES BUZYN
Et donc on peut faire les deux, et donc ce que proposent les médecins, notamment en médecine de ville, c'est d'avoir un numéro de régulation pour la ville qui permettrait d'avoir des rendez-vous de consultations sans rendez-vous, puisque c'est ce qui nous manque en général. Pourquoi les gens vont aux urgences ? Parce que quand ils appellent les médecins, les médecins sont pleins, et ils n'ont pas de plages de consultations ouvertes sans rendez-vous. Et donc c'est cela que nous mettons en place avec la loi santé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
300 € par mois de plus, 10 000 emplois supplémentaires, c'est ce que demande le Collectif Inter-urgences. Vous dites non.

AGNES BUZYN
Je ne dis pas non…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est impossible ?

AGNES BUZYN
Ça n'a pas forcément du sens, c'est-à-dire qu'il y a des endroits où il faut des gens en plus, mais quand je vous dis par exemple il y a 100 postes d'infirmiers ouverts à Metz, vous voyez bien que le problème n'est pas de créer les postes, le problème c'est d'avoir des professionnels. Or, nous savons que dans toute l'Europe nous manquons de médecins, pas seulement en France, et donc le problème n'est pas d'ouvrir des postes, le problème est d'organiser le temps médical pour que les médecins puissent se concentrer sur leur exercice médical, éviter de faire de l'administration, et qu'un certain nombre de tâches soient passées des médecins vers d'autres professionnels, notamment des infirmiers et des infirmières que nous allons former évidemment à cela avec des protocoles de coopération. Et puis j'ai mis sur la table au mois de juillet une prime de 100 € par mois, une prime de risque pour tenir compte de la dangerosité du métier aujourd'hui aux urgences.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Agnès BUZYN, est-ce que vous allez toucher au congé parental ?

AGNES BUZYN
Alors, tout cela est en discussion, la Loi de financement de la…

JEAN-JACQUES BOURDIN
En discussion, donc c'est possible de toucher au congé parental. C'est possible de toucher aux indemnités journalières d'arrêt maladie, il est possible de baisser les allocations familiales versées aux familles les plus aisées !

AGNES BUZYN
Tout ça peut être mis sur la table. Aujourd'hui ce n'est pas ça ma priorité, je voudrais vous dire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais ça peut être mis sur la table.

AGNES BUZYN
Tout peut être mis sur la table. Je voudrais vous dire ce que nous avons mis et ce qui est acté.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ce que vous allez faire, oui. Alors, qu'est ce qui est acté ?

AGNES BUZYN
Alors, un meilleur recouvrement des pensions alimentaires pour les familles monoparentales, par les CAF, les Caisses d'Allocations Familiales vont mettre en place un système qui va faire en sorte que les femmes n'aient plus à attendre, n'aient plus l'angoisse de ne pas avoir de pension et puissent vivre convenablement, puisqu'on sait que ces familles sont extrêmement appauvries, notamment à cause du non recouvrement des pensions. Deuxième chose sur laquelle nous nous sommes engagés avec Sophie CLUZEL, c'est de mettre en place un congé de proche aidant, un congé rémunéré pour les aidants, souvent des aidants familiaux…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On en a beaucoup parlé sur RMC, c'est une très bonne mesure. Mais…

AGNES BUZYN
C'est une belle avancée, et puis il y aura des mesures en anticipation de la loi sur le grand âge et l'autonomie, vous savez que je travaille à un projet de loi pour accompagner le vieillissement de la population…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand le projet de loi, d'ailleurs ?

AGNES BUZYN
Normalement il sera prêt à la fin de l'année, pour le mois de décembre, et en anticipation. Je voudrais d'ores et déjà qu'il y ait des mesures pour les EHPAD notamment, donc…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, quelles mesures pour les EHPAD ?

AGNES BUZYN
Elles sont en train d'être travaillées, vous savez que le projet de loi sera…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire quoi, les mesures quoi, les mesures personnelles ?

AGNES BUZYN
Des mesures notamment financières, évidemment, parce que ce qui manque aujourd'hui ce sont évidemment du personnel, donc ces mesures-là…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc de l'argent pour les EHPAD.

AGNES BUZYN
Ces mesures-là sont très importantes, et j'y tiens, il y a de l'argent pour les EHPAD évidemment, en anticipation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ? Combien ?

AGNES BUZYN
Vous aurez la réponse vers le 15 septembre, monsieur BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non mais combien, moi je veux savoir, je veux toujours savoir.

AGNES BUZYN
Non mais tout cela est un équilibre à trouver.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je veux savoir, parce que dans les EHPAD on veut savoir.

AGNES BUZYN
Mais bien sûr, mais ils sauront puisque ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale et rendu publique le 15 septembre et les derniers arbitrages…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y aura de l'argent pour les EHPAD.

AGNES BUZYN
Je vous ai donné mes trois priorités : les familles monoparentales avec…

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai compris. Mais il va falloir trouver l'argent, dites-moi.

AGNES BUZYN
Voilà, il faut trouver de l'argent, c'est pour cela que je vous donnerai la réponse le 15 septembre.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, il y a une idée. Il y a ne idée : est-ce que vous allez réformer l'AME ?

AGNES BUZYN
Alors, aujourd'hui non, ce n'est pas une réforme, aujourd'hui… Je tiens énormément, peut-être pour vos auditeurs…

JEAN-JACQUES BOURDIN
L'aide médicale…

AGNES BUZYN
L'Aide médicale d'Etat, c'est ce que nous proposons aux personnes qui n'ont pas de papier en France et qui sont malades. Elles ont droit à des soins, c'est un droit fondamental, qui doit être respecté par tous les pays. L'aide médicale d'Etat, j'y suis très attachée…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un milliard d'euros.

AGNES BUZYN
J'y suis très attaché. Ce que nous avons demandé aujourd'hui c'est d'avoir un panorama, une vision de comment cette aide médicale d'Etat est dépensée, qui en bénéficie, quels sont le type de soins auxquels les gens ont recours.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc réduction des conditions d'accès.

AGNES BUZYN
Non, pas du tout.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ? Il n'y aura pas de réduction des conditions d'accès ?

AGNES BUZYN
Aujourd'hui, ce que j'ai demandé, et donc c'est une mission des inspections générales des affaires sociales et de l'administration, qui est en cours, j'ai demandé à ce qu'on me dise comment est dépensé cet argent, qui en bénéficie, est-ce que c'est efficient…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez diminuer le coût ? C'est l'objectif de diminuer le coût de l'AME ?

AGNES BUZYN
Non. L'efficience peut-être un objectif, c'est un objectif en soi, toujours quand on dépense de l'argent public.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faudra que vous trouviez de l'argent pour financer vos priorités.

AGNES BUZYN
Mais, monsieur BOURDIN, l'argent de l'AME est sur le budget de l'Etat et pas sur le budget de la Sécurité sociale, ça n'a rien à voir, c'est un budget de solidarité.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais sur le budget de la Sécurité sociale, il va falloir que vous trouviez de l'argent, on est bien d'accord.

AGNES BUZYN
Absolument, je trouve toujours de l'argent, chaque année.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il est normal que les allocations familiales versées aux familles les plus aisées soient baissées ?

AGNES BUZYN
Alors, aujourd'hui ça n'est pas dans les tuyaux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais…

AGNES BUZYN
Ça n'est pas dans les tuyaux, c'est rediscuté à chaque fois pourquoi ? Parce que les familles les plus aisées, celles qui touchent autour de 8 000 € par mois, reçoivent des allocations familiales pour leurs enfants qui sont en réalité très réduites, c'est 40 € pour le premier enfant, puis ça augmente un peu, mais c'est vrai que quand on touche 8 000 € par mois de revenus, 40 € d'allocations familiales ça compte peu pour ces familles-là et c'est une dépense de solidarité. Donc à chaque fois cette question est reposée, aujourd'hui beaucoup sont attachés à ce qu'on appelle l'universalité des allocations familiales, donc pour l'instant…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aussi ?

AGNES BUZYN
Moi aussi, mais il y a aussi le quotient…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Timidement.

AGNES BUZYN
Non, il y a aussi le quotient familial qui participe à cette universalité. Et puis les familles ont d'autres droits, le droit à la crèche par exemple, aux gardes d'enfants, donc il y a tout un tas de services qui sont offerts aux familles, il n'y a pas que les allocations financières. Mais en l'occurrence, même si c'est discuté chaque année, chaque année ça revient sur la table, ça n'est pas aujourd'hui dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Réforme des retraites, là aussi, c'est un énorme dossier que vous avez …vous n'êtes pas seule, le Premier ministre s'en occupe, Jean-Paul DELEVOYE aussi mais vous présentez cette réforme quand même, vous avez la présenter, vous allez la défendre, cette réforme. Méthode, calendrier, alors ce n'est pas compliqué. Est-ce que les citoyens seront consultés ?

AGNES BUZYN
Oui, c'est prévu.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est prévu. Alors, comment, un peu comme un grand débat autour de cette réforme ?

AGNES BUZYN
L'organisation n'est pas encore calée, donc ce sera présenté probablement dans une semaine. Aujourd'hui, nous commençons par travailler avec les partenaires sociaux, donc le Premier ministre Edouard PHILIPPE recevra tous les syndicats.

JEAN-JACQUES BOURDIN
5 et 6 septembre.

AGNES BUZYN
5 et 6 septembre avec Jean-Paul DELEVOYE et moi-même, donc nous allons discuter sur la base des propositions qui ont été faites par le Haut commissaire. Ses propositions sont sur la table, elles sont soumises à concertation et puis nous allons également concerter les grands élus parce que nous avons confiance aussi dans leur vision de la société et puis évidemment les citoyens.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment ? Sous quelle forme, les citoyens ?

AGNES BUZYN
Nous sommes en train de travailler au processus, donc vous aurez la réponse dans une semaine.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais d'accord, mais je ne veux pas toutes les secondes avoir la réponse dans 15 jours ! Moi, je veux la réponse maintenant, Agnès BUZYN !

AGNES BUZYN
Je suis venue trop tôt, Monsieur BOURDIN. J'aurais dû attendre le 1er septembre pour venir vous voir !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bah oui ! La prochaine fois quand vous viendrez, vous viendrez …

AGNES BUZYN
Il y aura une consultation citoyenne parce que la concertation aujourd'hui est très importante …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura une consultation citoyenne ?

AGNES BUZYN
Une concertation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Concertation citoyenne.

AGNES BUZYN
Absolument. Il faut que les gens réagissent.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme pour le grand débat dans le cadre d'une mairie, dans le cadre, avec des réunions organisées ?

AGNES BUZYN
Ca sera probablement moins lourd que le grand débat, le grand débat a quand même mobilisé énormément de monde et énormément de financements. Là, c'est quelque chose qui est quand même plus technique même si …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la concertation citoyenne, ça ne peut pas …

AGNES BUZYN
Ca peut se faire sur Internet, ça peut se faire dans des mairies, ça peut se faire via des associations, via les syndicats. Les syndicats peuvent aussi consulter leur base évidemment. Donc tout cela va être mis sur la table au mois de septembre et nous attendons les retours de nos concitoyens sur les propositions qui ont été faites.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, Agnès BUZYN, régime universel, on est bien d'accord, ça sera une retraite, un système de cotisation par points, ce qui n'est pas tout à fait pareil que la retraite par points mais ce système de cotisation par points et non plus par annuités, voilà la réforme mais qui fixera la valeur du point ?

AGNES BUZYN
Alors là, l'idée c'est que ce soit fixé par les partenaires sociaux mais voté aussi par le Parlement, c'est ce que propose Jean-Paul DELEVOYE dans la gouvernance du système …

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que la valeur du point sera …

AGNES BUZYN
Elle sera mise sur la table au moment où la réforme passera, c'est-à-dire qu'il y aura une valeur du point qui sera évidemment annoncée mais il faut pouvoir éventuellement la réviser au bout de 10 ou 20 ans parce que la démographie peut changer.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais j'imagine que la valeur des points va suivre l'inflation.

AGNES BUZYN
Donc aujourd'hui nous mettrons une valeur du point sur la table au moment de la réforme ; elle est déjà proposée par Jean-Paul DELEVOYE, elle est donc en concertation et il faut pouvoir parce qu'une réforme des retraites va durer 30 ans, 40 ans, 50 ans, voire plus, il faut pouvoir la réviser en fonction de la démographie et de la société. Donc il faut pouvoir avoir une gouvernance qui permette de réviser cette valeur.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la valeur du point sera mise sur la table, on est bien d'accord, par les partenaires sociaux. Cette valeur du point va suivre, j'imagine …

AGNES BUZYN
Les partenaires sociaux vont faire partie intégrante de la gouvernance !

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'imagine que la valeur du point, on est bien d'accord, sera alignée sur l'inflation, j'imagine parce qu'on ne va pas avoir les retraites et le montant des retraites baisser chaque année !

AGNES BUZYN
Absolument !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon absolument et le gouvernement aura la possibilité de valoriser les points ?

AGNES BUZYN
Alors, vous savez aujourd'hui que d'un système de retraite à l'autre aujourd'hui, ce que les gens ont cotisé leur rapporte plus ou moins. Les 42 régimes aujourd'hui font que des personnes reçoivent plus ou moins en fonction de leurs cotisations alors qu'ils ont cotisé la même chose. Donc nous voulons mettre fin à quelque chose d'inéquitable qui est cette différence de ce que les gens reçoivent à l'arrivée quand ils touchent leur retraite alors qu'ils ont cotisé la même chose sous prétexte qu'ils ont eu des métiers différents. Donc ce que nous proposons, c'est un système universel, c'est-à-dire que chacun va cotiser la même …chacun va cotiser et aboutira à la fin … recevra à la fin exactement le même montant à la retraite en fonction de ce qu'il aura cotisé. Nous voulons simplement une réforme d'équité. Ensuite …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauf que tout le monde sera assujetti à la valeur du point, on est bien d'accord ?

AGNES BUZYN
Tout le monde mais comme c'est déjà …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment comme c'est déjà …

AGNES BUZYN
Mais aujourd'hui vous avez des différences aujourd'hui dans ce que vous recevez …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est vrai …

AGNES BUZYN
…selon votre métier. Ca ne sera plus le cas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est vrai. Ca ne sera plus le cas, ça, on est bien d'accord !

AGNES BUZYN
D'autre part, c'est une réforme qui aboutit à augmenter les droits familiaux et donc droits familiaux ou droits … vous allez par exemple recevoir des points, vous cotiserez pour vos points lors des périodes de chômage rémunérées, lors des périodes de maladie, lors des périodes par exemple de congé maternité et vous allez avoir des points qui seront acquis, qui vont augmenter la retraite des femmes notamment et des femmes à revenus modestes. Donc c'est une réforme qui va un peu rééquilibrer le système en faveur des personnes qui touchent aujourd'hui les salaires les plus modestes.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'ai une autre question : est-ce qu'il y aura les salaires les plus modestes, une pension minimum ?

AGNES BUZYN
Oui il y aura une pension …

JEAN-JACQUES BOURDIN
A 85% du SMIC ?

AGNES BUZYN
Qui sera de 1 000 euros.

JEAN-JACQUES BOURDIN
1 000 euros minimum ?

AGNES BUZYN
Minimum, c'est prévu dans la…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Aucune retraite, pension de retraite ne sera inférieure à 1 000 euros ?

AGNES BUZYN
Pour les gens qui auront cotisé toute leur vie. Si les gens arrêtent de travailler, évidemment si les gens ne travaillent pas …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment …

AGNES BUZYN
Non mais pour des gens qui auront travaillé toute leur vie, la retraite minimum sera de 1 000 euros.

JEAN-JACQUES BOURDIN
De 1 000 euros, retraite minimum. Bon ça, c'est très, très important, très, très important.

AGNES BUZYN
C'est ce qu'on appelle le minimum contributif. Si on a contribué toute sa vie, on touche 1 000 euros minimum.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Projet de loi bioéthique, là aussi, ça arrive, ça va arriver encore un sujet que vous portez, PMA pour toutes les femmes, on est bien d'accord, remboursement jusqu'à l'âge de 43 ans. On est bien d'accord ?

AGNES BUZYN
De toute façon, ça n'est pas permis après par la loi en France.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, je sais. Remboursement alors qu'il n'y a pas maladie : j'ai entendu certains contester !

AGNES BUZYN
Alors, ceux qui contestent ne savent pas comment marche le système aujourd'hui. Aujourd'hui, quand un couple demande une procréation médicale, il a comme seul élément objectif le fait de ne pas réussir à faire un enfant pendant un an. On n'a pas besoin d'être malade aujourd'hui pour accéder à la PMA même quand on est un couple hétérosexuel, on n'a pas à prouver qu'on est infertile. D'ailleurs, souvent, on ne trouve pas de cause d'infertilité. Ca peut être simplement des compatibilités et des difficultés à avoir un enfant. Donc tous ceux qui aujourd'hui disent « on rembourse la maladie » ne savent pas que la PMA déjà aujourd'hui n'est pas remboursée sur un aspect de pathologie, maladie ou une infertilité prouvée. C'est simplement le fait de ne pas réussir à avoir un enfant. Donc ça ne change rien et on élargit le remboursement aux couples homosexuels.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, comment seront nommés les parents ? Parent 1, parent 2 ?

AGNES BUZYN
Alors ça, ça sera discuté évidemment dans l'état civil…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas encore discuté, ça.

AGNES BUZYN
C'est Nicole BELLOUBET qui est en charge du dossier de l'État civil, je la laisserai répondre à cette question.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Bon. L'alcool dans les stades, vous avez vu, 105 députés la République en marcher qui demandent un assouplissement la Loi Evin. Vous dites quoi ? Vous leur dites quoi ?

AGNES BUZYN
Alors, 105 députés qui sont en faveur d'une proposition de loi pour le sport, et tous ne sont pas favorables à cet article…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin, beaucoup, beaucoup, pour autoriser, dans certaines limites, la consommation d'alcool dans les stades.

AGNES BUZYN
Je vais vous dire. Je crois que les Français n'y sont pas forcément favorables, parce que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites non ?

AGNES BUZYN
Je dis non à l'assouplissement de la Loi Evin, parce que je pense que le sport est un moment idéal pour faire la promotion de la santé, pour donner envie aux jeunes d'avoir les bonnes habitudes, et donc ce n'est pas à ce moment-là où on a envie de voir de l'alcoolisation aiguë, voire de la violence. Et d'autre part, cet assouplissement permettra aussi de faire de la publicité, et ça on sait que le sport est un vecteur d'idées positives…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dans les loges VIP, on boit de l'alcool.

AGNES BUZYN
Alors, savez-vous que je ne le savais pas, parc que je n'ai jamais été dans une loge VIP, donc la question est peut-être plutôt de supprimer l'alcool dans les loges VIP, en tous les cas certainement pas d'élargir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors vous êtes favorable à ce qu'on supprime l'alcool dans les loges.

AGNES BUZYN
Bon, n'étant jamais dans les loges VIP…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non mais d'accord, mais enfin…

AGNES BUZYN
Je ne me suis pas posée la question, mais en sincèrement si la question doit se poser c'est plutôt celle-là, et pas d'élargir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
L'interdiction de l'alcool dans les loges, oui.

AGNES BUZYN
Et ce que propose la PDL en question, c'est non seulement de pouvoir boire de l'alcool dans les stades, mais en plus de faire de la publicité, et ça clairement c'est impossible pour moi de véhiculer cette image de l'alcool, alors que le sport doit véhiculer une image positive de santé publique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Agnès BUZYN d'être venue nous voir.

AGNES BUZYN
Merci à vous monsieur BOURDIN.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2019