Texte intégral
YVES-RENE TAPON
Bonjour Agnès BUZYN.
AGNES BUZYN
Bonjour.
YVES-RENE TAPON
Vous vous rendez à la maternité de Bernay ce matin pour annoncer quoi, qu'elle fermera, il n'y aura aucune alternative ?
AGNES BUZYN
Aujourd'hui je me rends à l'hôpital de Bernay pour discuter de l'offre de soins de cet hôpital dans ce territoire parce que, outre la transformation de la maternité en centre de périnatalité, il est aussi prévu de renforcer d'autres activités dans cet hôpital, notamment la filière gériatrique, la chirurgie ambulatoire, les urgences qui doivent être rénovées et agrandies pour accueillir correctement les patients. Et donc nous allons discuter de l'avenir de cet hôpital.
YVES-RENE TAPON
On va en parler, mais que dites-vous aux femmes qui n'ont parfois pas de moyen de locomotion pour aller accoucher à au moins une demi-heure de route, Lisieux ou Evreux, puisque c'est ça qui est prévu à terme ?
AGNES BUZYN
Alors dans toutes les transformations de maternité en centre de périnatalité, nous mettons en place en parallèle une offre de transport avec des bons de transport présignés qui permettent aux femmes d'appeler les ambulances. Tout cela normalement s'organise dès que nous transformons un centre en centre de périnatalité et je rappelle que les femmes sont suivies pendant toute leur grossesse dans le centre de périnatalité et seul l'acte d'accouchement est programmé ailleurs. D'ailleurs certains hôpitaux qui reçoivent maintenant les femmes qui accouchent après les fermetures de maternité mettent en place des hôtels hospitaliers, c'est-à-dire des chambres à disposition pour que les femmes puissent venir un ou deux jours avant l'accouchement, quand on voit qu'elles sont sur le point d'accoucher. Et puis on peut aussi programmer les accouchements, vous le savez, donc tout cela s'organise maintenant en France, en réalité l'idée, c'est vraiment de revitaliser cet hôpital et au contraire de lui donner un nouveau souffle maintenant pour qu'il réponde vraiment aux besoins de la population.
YVES-RENE TAPON
Vous l'avez répété comme l'Agence régionale de santé, c'est l'argument de la sécurité qui prévaut dû au manque d'obstétricien titulaire à Bernay, c'est donc bien un problème de moyen, d'argent ?
AGNES BUZYN
Non ce n'est pas un problème d'argent, le problème, c'est que nous ne trouvons pas d'obstétricien et c'est un problème assez courant, je dirais en France, aujourd'hui nous avons un manque de professionnels, une démographie médicale qui ne suffit pas pour faire tourner toutes les activités partout en proximité. En Normandie il y a des difficultés de recrutement des obstétriciens, ce n'est pas que Bernay et donc quand bien même je mettrais trois ou quatre postes ouverts en plus, il n'y aurait personne pour les prendre. C'est un hôpital qui aujourd'hui n'est pas attractif, pourquoi ? Parce qu'il y a tellement peu d'accouchement qu'en réalité, même les sages-femmes ne font qu'un à deux accouchements par semaine et ça n'intéresse pas les professionnels que de faire très, très peu d'accouchements, puisqu'ils ne font pas leur métier. Donc ce n'est pas un problème de moyen financier, c'est un problème de moyen humain et d'attractivité parce que nous faisons de moins en moins de bébé en France, que les maternités font donc de moins en moins d'accouchement et que dans ces maternités où il y a très peu d'accouchements, les obstétriciens, comme les sages-femmes d'ailleurs n'ont plus beaucoup d'intérêts à aller travailler puisqu'ils ne font pas leur métier.
YVES-RENE TAPON
Il n'y a pas plus de risques à faire 30 ou 45 minutes de route comme nous le dit une auditrice ce matin sur France Bleu pour rejoindre les autres maternités, que d'accoucher à Bercy ?
AGNES BUZYN
Non, il n'y a pas plus de risque bien entendu, le risque, c'est d'accoucher dans un endroit où un obstétricien assure pratiquement une garde un jour sur deux, ne prend pas ses repos de sécurité et le reste des accouchements est géré par des intérimaires qui ne sont pas du tout investis dans les procédures et la qualité et le suivi dans cet hôpital. En réalité on met toujours en regard, on met toujours en avant, pardon, le risque du transport qui peut s'organiser, se prévoir et il y a d'autres lieux en France où les femmes font une heure pour aller accoucher, je pense à la Corse par exemple et on ne va pas ouvrir des maternités dans tous les villages corses. Donc il y a d'autres endroits, ça s'organise et par contre on ne met jamais en avant le risque d'être suivi dans une maternité où il y a un seul obstétricien, qui ne peut pas assurer à lui tout seul en réalité la totalité des gardes, sans repos de sécurité.
YVES-RENE TAPON
Alors, plus globalement, Agnès BUZYN, pour les petits établissements hospitaliers, comme Bernay d'ailleurs, vous souhaitez créer un label hôpitaux de proximité. De quoi s'agit-il en substance ?
AGNES BUZYN
Alors, ça ne concerne pas Bernay. Bernay est un hôpital trop gros, je dirais, avec trop d'activités pour se transformer en hôpital de proximité. Ça peut correspondre par exemple à Pont-Audemer…
YVES-RENE TAPON
Où vous serez auparavant…
AGNES BUZYN
Où je serai ce matin. Ce sont des hôpitaux qui se concentrent vraiment sur une offre de proximité, la médecine générale, la gériatrie, c'est-à-dire la prise en charge des personnes âgées, la rééducation et les soins de suite, pour les gens qui auront fait un accident et qui viendront se rééduquer en proximité de leur domicile, avec aussi des équipes mobiles de gériatrie, de soins palliatifs, et un plateau technique avec de la biologie, de la radiologie. C'est vraiment une offre de proximité qui est une porte d'entrée vers des hôpitaux de recours. Et cela concerne des petits hôpitaux locaux dans lesquels il n'y a plus de chirurgie ou plus de médecine d'urgence par exemple.
YVES-RENE TAPON
Une toute dernière question politique, Agnès BUZYN, des gilets jaunes vous attendent aussi de pied ferme tout à l'heure, à Pont-Audemer et Bernay. Vous avez dénoncé hier soir la radicalisation du mouvement et les propos antisémites centre le philosophe Alain FINKIELKRAUT. Les manifestations doivent cesser ?
AGNES BUZYN
Oui, je trouve qu'aujourd'hui, les manifestations concentrent de plus en plus de personnes radicalisées, ça ne veut pas dire que 100 % des personnes qui manifestent le sont, mais je trouve que ceux qui maintenant défilent aux côtés de personnes ultraviolentes ou tenant des propos très haineux, couvrent, quelque part, et accordent du crédit à ces propos par leur présence. Et donc je trouve que cela pose problème sur la confiance, je dirais, de ces personnes qui manifestent aux côtés de personnes ultraviolentes.
YVES-RENE TAPON
Agnès BUZYN, merci d'avoir accepté l'invitation de France Bleu Normandie ce matin.
AGNES BUZYN
Merci.
YVES-RENE TAPON
Très bonne journée à vous en Normandie !
AGNES BUZYN
Merci. Au revoir Monsieur.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2019