Interview de M. Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement, à Public Sénat le 21 février 2019, sur le rapport de la commission d'enquête du Sénat, l'affaire Benalla et la lutte contre l'antisémitisme.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Marc Fesneau - Ministre chargé des relations avec le Parlement

Média : Public Sénat

Texte intégral

CYRIL VIGUIER
Deuxième partie de notre émission avec « Territoires d'infos ». La Presse quotidienne régionale, les télés locales de France et le réseau ViaTélévisions qui sont nos partenaires, les Indés Radios, 130 radios territoriales, et avec TV5 Monde. L'invité politique ce matin, c'est le ministre chargé des Relations avec le Parlement, c'est Marc FESNEAU. Bonjour, merci d'être avec nous Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Pour vous interroger à mes côtés, Oriane MANCINI, spécialiste politique de Public Sénat. Bonjour Oriane.

ORIANE MANCINI
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Et Stéphane VERNAY de Ouest France, qui dirige le bureau parisien du plus grand quotidien francophone du monde et premier quotidien régional français.

STEPHANE VERNAY
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Votre interview sera d'ailleurs retransmise sur les sites Internet vidéo de la Presse quotidienne régionale ce matin. Bonjour Stéphane VERNAY. Et puis dans la deuxième partie de cette interview, vous serez interviewé par nos correspondants dans les télévisions locales de France, le réseau ViaTélévisions notamment. ViaOccitanie, c'est Olivier ROIRAND qui est à Perpignan, vous le voyez, ViaMirabelle à Metz, c'est Didier BAILLEUX, le directeur général, qui est en duplex, et TVT Tours, Val-de-Loire à Tours, c'est Audrey CHAMPIGNGY, la chaine de la Nouvelle république du Centre-ouest qui vous co-intervieweront dans la deuxième partie de l'interview politique. On démarre tout de suite Marc FESNEAU avec la Commission d'enquête sénatoriale qui a remis hier un rapport sur l'affaire BENALLA. Est-ce que vous admettez le fait qu'il soit accablant contre l'Elysée, comme les observateurs l'ont souligné ?

MARC FESNEAU
Non, enfin d'abord rien dans le travail de la Commission d'enquête et dans le rapport que j'ai pu parcourir, parce qu'on l'a eu assez tard hier, qui ne soit connu et qui ne soit su des uns et des autres. Deuxième chose…

CYRIL VIGUIER
Ça n'empêche pas qu'il soit sévère.

MARC FESNEAU
Non mais rien qui ne soit su sur les faits. Après, la Commission d'enquête elle dit un certain nombre de choses, elle fait d'ailleurs, elle dresse un certain nombre d'hypothèses sans apporter la preuve de quoi que ce soit, et par ailleurs je pense qu'il faut que chacun soit restauré dans son rôle. Qu'il y ait des Commissions d'enquête pour contrôler l'action du gouvernement, c'est d'ailleurs d'ordre constitutionnel et c'est très bien, la Commission d'enquête, elle produit un certain nombre de préconisations, mais établir les faits, ça n'est pas le rôle de la Commission d'enquête, établir les faits c'est le rôle de la justice. Il faut bien distinguer ce qu'est le rôle…

ORIANE MANCINI
Pourquoi elle a outrepassé son rôle cette Commission d'enquête ?

MARC FESNEAU
Je ne sais pas si elle a outrepassé son rôle, mais moi je rappelle en tout cas ce que sont les règles de droit, et les règles de droit constitutionnel qui protègent tout le monde d'ailleurs, et qui protègent y compris les institutions sénatoriales et Assemblée nationale, c'est de ne pas s'immiscer dans les affaires de la justice. La Commission d'enquête produit des allégations, des hypothèses, et produit d'un certain nombre de préconisations, ça n'est pas le rôle de la Commission d'enquête que de d'établir des faits, puisque ça c'est le rôle de la justice. Personne n'imaginerait que la justice vienne interférer dans les affaires de l'Assemblée nationale ou du Sénat. Et donc ça c'est un premier élément de diagnostic. Deux, assumons le fait que la commission d'enquête elle n'est pas en suspension dans l'air, elle puisse porter un regard politique, et manifestement c'est un regard politique elle pose sur le fonctionnement de l'Elysée et de l'Etat globalement. Et acceptons du coup, comme c'est un regard politique, on puisse avoir un avis différent du sien. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est : la justice établit les faits, la Commission d'enquête établit autre chose, elle établit ses préconisations, son sentiment, son avis, et c'est un avis éminemment politique et le mot politique n'est pas un gros mot. Et le gouvernement, et l'Elysée répondra sur un certain nombre…

ORIANE MANCINI
Visiblement c'est un gros mot dans la bouche d'un certain nombre de membres de la majorité, qui lui reprochent d'être politique, cette Commission.

MARC FESNEAU
Non, mais je veux dire, non, ce qu'il ne faut pas s'est se parer derrière une Commission d'enquête pour dire : j'ai établi des faits et je me mets dans le rôle de la justice. La justice un rôle d'une autre nature et c'est ce à quoi…

CYRIL VIGUIER
Mais ils transmettent à la justice, vous savez bien, ils transmettent.

MARC FESNEAU
Non, elle ne transmet rien à la justice, elle transmet à la justice pour monsieur BENALLA et monsieur CRASE, si j'ai bien compris, l'idée qu'ils auraient produit un faux témoignage. Pour le reste elle ne dit rien d'autre.

ORIANE MANCINI
Mais est-ce que pour vois, clairement, c'est une commission politique ? C'est un rapport politique qui a été rendu hier ?

MARC FESNEAU
Mais par nature, une Commission d'enquête, elle émane de parlementaires et c'est, d'une certaine façon, sain qu'en démocratie une Commission d'enquête puisse exprimer un certain nombre de choses, mais ne nous parons pas derrière autre chose qu'une Commission d'enquête qui porte un regard politique. Et c'est très bien qu'il y ait un regard politique, on est dans le champ de l'Assemblée nationale et du Sénat. Par ailleurs il y a un certain nombre de préconisations qui sont faites, je pense au contrôle du fonctionnement de l'Elysée, de l'Assemblée nationale et du contrôle de l'Elysée en particulier, pardon. Le contrôle de l'Elysée s'exerce à chaque fois, je suis pour le gouvernement celui qui présente le texte budgétaire sur l'Elysée. Les rapporteurs spéciaux du Sénat et l'Assemblée nationale sont destinataires de tous les éléments, y compris les plus précis, y compris le nombre de déplacements du président de la République, les heures d'avion qui ont été effectuées, le nombre de fonctionnaires qu'il y a à l'Elysée. Je veux dire, les éléments de transparence, ils sont sur la table, et ceux qui regardent ce budget le savent très bien, la transparence est très grande, c'est très sain d'ailleurs mais je trouve que dire qu'on n'a pas été assez loin en termes de transparence, ceux qui travaillent sur l'exercice budgétaire savent qu'on va très loin dans ce domaine.

STEPHANE VERNAY
Benjamin GRIVEAUX, le porte-parole du gouvernement, à l'issue du Conseil des ministres hier a évoqué un certain nombre de contre-vérités dans ce rapport, en disant qu'il avancerait des éléments factuels pour y répondre. Est-ce que vous savez à peu près de quels éléments il s'agit ?

MARC FESNEAU
Ils seront donnés dans la journée, mais…

STEPHANE VERNAY
C'est quoi ?

MARC FESNEAU
Sur un certain nombre d'éléments de dysfonctionnements, j'imagine, mais il ne m'appartient pas à moi de répondre à ma place, moi je suis ministre des Relations avec le Parlement, mais Benjamin GRIVEAUX participe du débat politique et il a raison de participer du débat politique…

STEPHANE VERNAY
Là il est dans le rôle de politique.

ORIANE MANCINI
Les contre-vérités, ça ne va pas loin ? Contre-vérité, c'est exact, vous pensez ?

MARC FESNEAU
Mais on a le droit de dire dans un rapport comme celui-là qu'on n'est pas d'accord avec ce rapport. Ça n'est pas un fait de justice qui est rapporté, c'est une commission d'enquête, qui produit ces attendus.

ORIANE MANCINI
Mais alors, ce que leur reprochent les sénateurs, c'est de l'avoir dit avant d'avoir lu le rapport, est-ce que là aussi Benjamin GRIVEAUX ne fait pas de la politique ?

MARC FESNEAU
Non mais ce n'est pas ça le sujet, je pense que le sujet c'est que chacun soit dans son rôle et que chacun, personne ne se pare derrière telle ou telle Commission d'enquête ou tel ou tel fait pour ne pas d'expliquer ce qu'il pense lui, et ce que peuvent penser les autres. Benjamin GRIVEAUX est tout à fait dans son droit et tout à fait légitime de dire qu'après tout il pense qu'un certain nombre des éléments qui sont dans le rapport de la Commission d'enquête, sont des contrevérités, le gouvernement et l'Elysée produiront un certain nombre d'éléments pour expliquer leur point de vue. C'est un point de vue la Commission d'enquête. D'ailleurs vous voyez bien qu'elle n'a pas fait oeuvre de contradictions, il y a peut-être des gens à la Commission d'enquête qui ne partage pas le point de vue qui a été celui exprimé par le président BAS, mais très bien, le président BAS fait son travail, mais que les autres fassent leur travail c'est très bien aussi, personne ne doit s'offusquer personne.

ORIANE MANCINI
Vous nous confirmez que ces éléments on les aura dans la journée.

MARC FESNEAU
Mais c'est ce que j'ai cru comprendre, donc il y a un certain nombre d'éléments qui seront donnés dans la journée.

STEPHANE VERNAY
Parmi les points de vue exprimés hier, il y a eu l'incompréhensible indulgence de la part de la hiérarchie d'Alexandre BENALLA, qui a été pointée d'emblée par la sénatrice Muriel JOURDA. Philippe BAS, lui, a dit qu'il n'y aurait pas eu d'affaire si des sanctions appropriées avaient été prises dès le 2 mai. Vous pensez que là, sur ce point précis, ils ont raison ou ils sont à nouveau dans la politique ?

MARC FESNEAU
Ils sont dans leur interprétation, ils ont droit de le faire.

STEPHANE VERNAY
Mais vous les rejoignez sur ce point ou pas ?

MARC FESNEAU
Dès le 2 mai il y a un certain nombre de sanctions qui ont été prises. A leur sens elles ne vont pas assez loin, elles n'auraient pas été assez loin, mais enfin, il y a des sanctions qui ont été prises, et à tout moment, quand il y a eu des sanctions ou quand il y a eu des demandes de restitution de tel ou tel document, ils ont été faits sans la pression de la Commission d'enquête et sans qu'on ne demande que ça soit fait, ça a été fait assez naturellement. Et donc moi il me semble que le travail a été fait, pour faire en sorte, après vous avez en face de vous quelqu'un qui manifestement décidé, c'est d'ailleurs ce pourquoi il est désormais en détention provisoire, de s'extraire de toutes les règles et de ne pas respecter ce qui lui était demandé. Après c'est à la justice de trancher.

ORIANE MANCINI
Mais, est-ce qu'il a décidé de manière seule ou est-ce qu'il y avait un sentiment d'impunité chez lui, peut être justifiée parce qu'il était protégé par l'Elysée ?

MARC FESNEAU
Non mais le sentiment d'impunité qui l'a peut-être pu avoir n'est pas lié au fait qu'il ait une impunité mais au sentiment qu'il a perçu lui-même de l'exercice. C'est tout le rapport que les uns et les autres nous devons exercer avec le pouvoir. Manifestement monsieur BENALLA avait un rapport malsain au pouvoir parce qu'il a eu le sentiment, et je répète c'est bien un sentiment, qu'il pouvait s'abstraire des règles de e justice ou des règles de bon fonctionnement. Mais ne disons pas que sa hiérarchie, le directeur de cabinet, et le secrétaire général de l'Elysée, n'ont pas fait le travail qui était nécessaire en temps et en heure, pour faire en sorte que monsieur BENALLA restitue ou rentrent dans l'ordre de la République.

ORIANE MANCINI
Alors il y a aussi, ils sont pointés du doigt, Alexis KOHLER, Patrick STRZODA, la Commission parle de contradiction, d'incohérence…

MARC FESNEAU
Non mais on a le droit d'avoir un désaccord avec la Commission d'enquête sur ce point de vue.

ORIANE MANCINI
Là-dessus, vous n'êtes pas d'accord ?

MARC FESNEAU
Mais je trouve, en plus c'est une forme d'allégation en disant : ils ont manifesté, ils ont contribué à la manifestation de la vérité, c'est mis dans l'une des dernières phrase de conclusion, en même temps on se demande si, on émet l'hypothèse que on, sait pas si, oui mais ça c'est pas des faits, et ils reconnaissent, et c'est quand même au moins justice que de le dire, que monsieur STRZODA en particulier et tous ceux qui sont intervenus ont participé à la manifestation de la vérité, et participé au travail de la commission d'enquête, après, ils élèvent des hypothèses. Et puis il y a un dernier point qui est un peu plus gênant, moi je le dis très franchement, c'est, d'une certaine façon ils disent à la justice : il faut que vous regardiez, il faut que vous fouillez. Pas plus le pouvoir exécutif que le pouvoir législatif n'a d'ordre à donner à la justice. Qui imaginerait que le gouvernement vienne donner un ordre à la justice sur tel ou tel fait qui pourrait se dérouler…

ORIANE MANCINI
Donc il y a atteinte à la séparation des pouvoirs, pour vous.

MARC FESNEAU
C'est un principe constitutionnel, mais au-delà de, pour ceux qui nous écoutent, le pouvoir politique n'a pas à donner d'ordre au pouvoir judiciaire, parce que si on fait ça, on assiste à une dérive qui est extrêmement grave me semble-t-il, et en mettant d'une certaine façon subrepticement le doigt dans cet engrenage, je pense qu'on fait défaut au principe de séparation du pouvoir…

ORIANE MANCINI
Et là on a mis le doigt.

MARC FESNEAU
... et par ailleurs on fait principe au bon fonctionnement d'une démocratie. Pour qu'une démocratie fonctionne bien, il faut que la justice soit indépendante. Les juges se saisissent s'ils ont envie de se saisir, et personne n'a à dire aux juges : vous devez vous saisir.

STEPHANE VERNAY
Est-ce que ça ne va pas attendre un peu plus ou dégrader à nouveau les relations entre le Sénat et la majorité présidentielle ? Autrement dit est-ce que ça va vous donner du boulot à vous en tant que ministre en charge des Relations avec le Parlement.

MARC FESNEAU
Vous avez, quand vous êtes ministre en charge des Relations avec le parlement, vous avez du boulot à peu près tous les jours. Moi je suis quelqu'un, je crois, qui est reconnu pour sa volonté de travailler dans le système bicaméral que je crois très utile. Que chacun joue son rôle c'est très bien, mais il m'appartient aussi, comme tout membre du gouvernement mais même comme membre... ministre des Relations avec le Parlement, de rappeler ce que sont les règles, et de fait ça…

ORIANE MANCINI
Et ça va tendre les relations ou pas ?

MARC FESNEAU
Je ne sais pas si ça tendre la « régulation », vous voyez bien la façon dont je m'exprime, je rappelle un certain nombre de choses. On a le droit de ne pas être d'accord avec monsieur BAS, sans que sa tende les relations. Vous voyez ce que je veux dire ? En démocratie, monsieur BAS il dit des choses et on peut dire : monsieur BAS, nous ne sommes pas d'accord avec vous. C'est le débat démocratique. Si le simple fait de dire qu'on n'est pas d'accord avec quelqu'un, ça tend les relations, on a un petit sujet démocratique. La démocratie c'est d'accepter la contradiction.

CYRIL VIGUIER
Marc FESNEAU, c'est quand même un sparadrap qui colle aux doigts du président de la République cette affaire.

MARC FESNEAU
Non, je ne crois pas, d'ailleurs, est-ce qu'il y a des faits nouveaux dans ce rapport ? Non. Et qu'est-ce qu'on découvre de plus ? Rien que la dérive d'un homme et de quelques amis autour de lui qui ont enfreint un certain nombre de règles. Et la justice établira les faits.

CYRIL VIGUIER
Un homme qui était très proche du président.

MARC FESNEAU
Oui mais la justice établira les faits pour monsieur BENALLA, mais je vois bien que certains essaient de tirer une pelote en disant : on veut atteindre le président. Et ça c'est un fait politique, c'est une volonté politique, mais les faits sont têtus, comme disait l'autre, et les faits ne disent pas ça.

CYRIL VIGUIER
Le président de la République, justement lui, a prononcé un discours fort hier soir contre l'antisémitisme, devant le CRIF hier soir, ça c'est le dîner annuel. C'est suffisant à vos yeux ce qu'il a dit le président de la République ?

MARC FESNEAU
Oui je pense que c'est suffisant et je pense qu'il porte la parole de beaucoup de ceux et celles qui ont été choqués par les faits que l'on a vu se dérouler. Il y a quelque chose de lancinant et de permanent désormais dans un certain nombre d'expressions qu'on voit à l'occasion des manifestations, mais reconnaissons que ce ne sont pas des faits qui sont nouveau, je veux dire, la vie la vie front politique française est ponctuée depuis des années d'actes antisémites, de paroles antisémites, et c'est pour ça que la parole compte, et moi j'ai toujours été très attentif sur ces sujets-là, comme sur d'autres, à ne pas laisser dériver la parole.

ORIANE MANCINI
Mais justement, est-ce qu'il n'y a pas une libération de la parole aujourd'hui ?

MARC FESNEAU
Et c'est pour ça qu'il faut que... et alors elle se libère et elle se libère sur des supports qui ont pris une expansion et une puissance très forte…

STEPHANE VERNAY
Les réseaux sociaux.

MARC FESNEAU
Les réseaux sociaux en particulier, d'où l'expression du président de la République de regarder comment nous pourrions légiférer pour faire en sorte que cette parole-là sur les réseaux sociaux, soit régie par les mêmes règles que ceux qui la libèrent sur d'autres supports. Vous faites un acte, vous écrivez quelque chose d'antisémite sur un mur, c'est répréhensible, vous l'écrivez sur un mur Facebook, celui-là, virtuel, ça n'est pas répréhensible. Ça pose un problème. Et donc il faut que nous regardions à légiférer dans ce domaine.

STEPHANE VERNAY
Vous avez une idée de ce que pourraient être les grandes lignes de cette de cette future législation ?

MARC FESNEAU
On va regarder, en tout cas il y a les affaires de support Internet et la façon dont on peut à la fois poursuivre ceux qui sont, et qui derrière l'anonymat se cachent sur ces sites, et puis par ailleurs les hébergeurs, ceux qui sont responsables, ils portent une responsabilité. C'est trop facile quand on est un hébergeur de dire : ce n'est pas moi, c'est celui que j'héberge. Quand on est un hébergeur, on est responsable aussi du contenu qui est mis grâce à son support.

STEPHANE VERNAY
C'est quoi le délai ? Quand est-ce que…

MARC FESNEAU
Il faut qu'on regarde ça au printemps, on va regarder ça au printemps, on va attendre le calendrier…

ORIANE MANCINI
En mai, c'est ça ?

MARC FESNEAU
Avril ou mai. Il faut qu'on regarde. Après il faut toujours faire en termes de législation, alors on voit bien, il y a eu le rapport AVIA qui a apporté un certain nombre d'éléments, la députée AVIA, qui sont des éléments intéressant. Il faut toujours légiférer dans le temps qui est le nôtre, dans le temps politique qui est le nôtre et puis aussi toujours en regardant à bien légiférer. L'urgence n'est pas forcément bonne conseillère, mais l'horizon du printemps est un bon horizon.

STEPHANE VERNAY
Alors, à propos de législation, est-ce que vous pourriez nous apporter une précision sur une phrase forte qui a été prononcée par le président hier : « L'antisémitisme se cache de plus en plus sous le masque de l'antisionisme, c'est la forme moderne de l'antisémitisme », il a été applaudi sur ce passage-là, en même temps nous on avait compris que pour lui pénaliser l'antisionisme tel que c'est proposé par le député Sylvain MAILLARD par exemple, n'était pas la solution. Du coup…

MARC FESNEAU
D'abord il y a un certain nombre d'outils qui existent aujourd'hui, et la question c'est…

STEPHANE VERNAY
Donc nouvelle loi, pas nouvelle loi ?

MARC FESNEAU
La question, je vais essayer de répondre à votre question. La question, c'est d'abord avec les outils qui existent, de lutter contre l'antisémitisme, et je pense qu'on a une panoplie d'outils, on a parlé de compléter sur les supports dématérialisés, si je peux dire. Après on voit bien qu'un certain nombre de gens se servent de l'antisionisme pour porter au final une parole antisémite. Comment ça se traduit dans la loi ? Il faut voir, il faut regarder, parce que ce n'est pas la peine non plus de lever un débat qui soit un débat qui n'est pas le débat de la lutte contre l'antisémitisme. Mais parfois l'antisionisme sert d'anti-paravent, encore que l'antisionisme depuis 48, si je peux dire, il a beaucoup évolué, il y a l'antisionisme qui ne reconnaît pas le droit à Israël d'avoir son Etat, il y a antisionisme qui ne reconnaît pas le droit à Israël d'avoir des colonies, donc ça a différentes formes, donc il faut regarder précisément les choses.

STEPHANE VERNAY
Et là, le point clef, c'est la négation de l'Etat d'Israël ?

MARC FESNEAU
Il me semble que la négation de l'Etat d'Israël c'est un élément clef pour ceux qui véhiculent par ailleurs et qui se servent de ça comme support pour l'antisémitisme, il faudra regarder les éléments…

ORIANE MANCINI
Mais aujourd'hui une loi n'est pas exclue, ou vous dites non par la loi ?

MARC FESNEAU
Moi je n'ai pas entendu dans les propos du président de la République qu'il ne voulait pas regarder la définition, mais ça ne nécessite pas forcément un support législatif. On regardera ça aussi.

CYRIL VIGUIER
Mais Marc FESNEAU, comment vous expliquez que les Allemands, par exemple, aient mieux réussi que nous, soient plus en avance que nous par exemple, notamment à l'égard des réseaux sociaux sur ces questions-là ? Pourquoi ?

MARC FESNEAU
Sans doute que le pays a tardé, ce n'est pas forcément d'ailleurs cette majorité, le pays a tardé à prendre la mesure globalement de ce qu'était l'effet des réseaux sociaux, c'est valable pour cette affaire d'antisémitisme...

ORIANE MANCINI
Il y a des sanctions financières en Allemagne, est-ce que c'est envisageable en France ? Ce sont des faits qui peuvent aller jusqu'à 50 millions…

MARC FESNEAU
Dans le rapport AVIA, autant que je me souvienne, il y a un certain nombre d'éléments qui portent des sanctions financières, non pas pour ceux qui écrivent, mais pour ceux qui hébergent et supportent qu'on écrive sur leur site d'hébergement.

ORIANE MANCINI
Un mot sur la politique, sur les européennes, je vais parler à l'homme du MoDem, puisqu'AGIR a désigné hier des candidats pour cette élection européenne, au premier rang desquels la sénatrice Fabienne KELLER, est-ce que vous souhaitez que ces candidats désignés par AGIR, rejoignent votre liste la République En Marche MoDem ?

MARC FESNEAU
Au-delà des candidats et des qualités des candidats, je connais bien Fabienne KELLER, qui est quelqu'un de grande qualité, qui sur ces sujets européens a porté avec continuité le débat européen. Alors, nous connaissons son origine de Strasbourg, qui fait aussi qu'elle a une acuité particulière sur ces sujets, mais elle a une compétence aussi particulière sur ces sujets, mais plus globalement, je pense que ceux qui portent le même message européen, ceux qui portent la même vision, qui n'est pas une vision béate de l'Europe, mais qui est une vision de dire : la solution elle est dans l'espace européen. Et quand vous regardez les sujets, les sujets d'immigration, les sujets de guerre commerciale, si on croit que nous Français, tout seul, nous pourrions résoudre ces problèmes, on fait une très lourde erreur. Et donc tous ceux qui portent ce message-là, ils ont vocation à être…

ORIANE MANCINI
Donc vous dites aux candidats d'AGIR : « Rejoignez-nous sur notre liste ».

MARC FESNEAU
Oui, enfin ils sont grands, j'allais dire, et ils se détermineront eux-mêmes, mais il y a une logique et je crois qu'ils partagent cette logique que de faire en sorte que tous ceux qui portent le même espoir, les mêmes exigences et le même espoir européen puissent se retrouver sur la même liste. C'est quand même assez logique, quand vous portez les mêmes idées, quand vous portez les mêmes idées c'est quand même assez logique que vous puissiez vous retrouver sur la même liste pour les défendre ensemble.

STEPHANE VERNAY
Qui la conduira, cette liste, on a une idée ? Est-ce que ça peut être quelqu'un du MoDem ?

MARC FESNEAU
Ça peut être qui que ce soit du MoDem, ou non du MoDem, on verra ça dans les semaines qui viennent. Je suis ministre des Relations avec le Parlement, je ne suis pas en charge de ces questions…

CYRIL VIGUIER
Ça ne sera pas vous.

MARC FESNEAU
Ça ne sera pas moi, je peux vous le confirmer, ou alors je suis très mal informé, mais à ma connaissance ce n'est pas moi.

CYRIL VIGUIER
Alors on voit ouvrir maintenant, Marc FESNEAU, avec vous la page Grand débat national avec nos partenaires dans les télévisions locales et avec la Presse quotidienne régionale.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 février 2019