Texte intégral
AUDREY CRESPO-MARA
Bonjour Roxana MARACINEANU.
ROXANA MARACINEANU
Bonjour !
AUDREY CRESPO-MARA
Vous serez où ce soir pour voir le match ?
ROXANA MARACINEANU
Dans les tribunes bien sûr ! J'ai suivi les filles depuis le début et puis c'est vrai qu'on va assister à un très, très beau match avec beaucoup d'enjeux parce que si les filles passent cette étape, il y a des grandes chances qu'elles aillent au bout.
AUDREY CRESPO-MARA
Quart de finale, quel est votre pronostic ?
ROXANA MARACINEANU
Le dernier match que j'ai vu contre les Etats-Unis, c'était 3/1 pour la France. Si on n'est pas loin de ça, ce serait super !
AUDREY CRESPO-MARA
Allez, 3/1 ! Le dernier match des Bleues a réuni 12 millions de téléspectateurs, est-ce que vous avez été surprise par l'engouement du public ?
ROXANA MARACINEANU
J'étais ravie, pas surprise parce que je sais que si on ose laisser la place aux femmes, si les médias diffusent du sport féminin et si les filles s'engagent comme elles se sont engagées dans cette compétition avec le sourire, la sérénité, ce qu'elles sont en fait, je suis sûre que ça attire du monde et parce que je suis une femme et je sais qu'en tant que spectatrice et amoureuse de sport, j'ai aussi envie de voir des femmes sur le terrain et dans les salles de sport. Donc voilà, c'est normal, j'allais dire juste et normal mais c'est vrai que c'est surprenant et je remercie les diffuseurs, qui ont choisi de le faire en clair, d'avoir eu cette audace.
AUDREY CRESPO-MARA
En France, l'affluence moyenne pour un match de première division féminine est de 700 spectateurs contre 23 000 en moyenne pour un match de Ligue 1. Pensez-vous qu'avec la Coupe du monde, le foot féminin va gagner un nouveau public ?
ROXANA MARACINEANU
C'est sûr qu'il y a encore beaucoup de travail mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a 1 pratiquant sur 10 au football qui est une femme, donc voilà, vous voyez une marge de progression énorme et ce qu'on espère, c'est que … c'était fait sur la vitrine, aujourd'hui les filles de l'équipe de France …se traduise vraiment dans les faits dès la rentrée, dans les petites associations, dans les clubs où j'espère qu'on fera en sorte d'accueillir toutes les filles qui se présenteront et puis, on fera le décompte voilà à la fin du mois de septembre pour voir combien de petites filles ça a motivées.
AUDREY CRESPO-MARA
Ca frémit déjà …
ROXANA MARACINEANU
Oui.
AUDREY CRESPO-MARA
Si les Bleues gagnent la Coupe du monde, elles toucheront une prime de 40 000 euros alors que leurs homologues masculins ont touché 350 000 euros lorsqu'ils ont gagné l'an dernier. C'est du sexisme ou c'est la loi du marché ?
ROXANA MARACINEANU
Vous voyez, c'est le même rapport presque, 1 pour 10 au niveau des primes aussi. Si on veut que ça change, il ne faut pas le prendre comme un fait mais une conséquence de la non-professionnalisation encore des filles. Il faut que beaucoup plus de clubs, comme le fait aujourd'hui l'Olympique Lyonnais, s'engagent à rendre ce sport professionnel, à payer les filles, déjà à les payer et puis après à les payer de mieux en mieux. On a vu que la division 1, ça y est, a trouvé son sponsor en naming, donc ça va déjà apporter un souffle nouveau au foot féminin et puis, on espère que ça continuera à être diffusé en clair, c'est sûr que tous les matchs, ce n'est pas la Coupe du monde, on n'a pas non plus les Etats-Unis qui sont là, l'Allemagne. Donc il faut des grands événements comme celui-là mais après il faut que ça dure toute l'année aussi, ce serait bien !
AUDREY CRESPO-MARA
Alain FINKIELKRAUT s'est attiré les foudres de bon nombre de personnes en déclarant qu'il n'aimait pas le foot féminin, il y voit une volonté idéologique quasiment de nier la différence entre les hommes et les femmes. L'égalité, passe-t-elle par l'effacement des genres selon vous ?
ROXANA MARACINEANU
C'est vrai qu'en regardant le foot au début, on se dit : il faut que ce soit traité de la même manière que le foot voilà pratiqué par des hommes et plus ça va, moi j'ai regardé tous les matchs et je me dis qu'il y a quand même une différence, il y a une différence de jeu, il y a des phases de jeu qui n'existent pas dans les matchs masculins aujourd'hui. Quand je suis le match et que je me dis « mince, ça va être la mi-temps, vite il faut qu'on marque », en fait il y a 26 minutes qui sont passées systématiquement. Donc il y a aussi peut-être une réflexion à avoir sur l'adaptation des règles du jeu, des terrains peut-être, c'est vrai qu'il faut penser à adapter ce qu'on fait entre les hommes et les femmes pas en moins mais différemment. Maintenant, c'est sûr que c'est des choses différentes mais ça doit être traité de la même manière parce que les hommes et les femmes doivent être traités de la même manière dans notre société même si les différences doivent être préservées.
AUDREY CRESPO-MARA
Roxana MARACINEANU lundi dernier, Agnès BUZYN a déclaré qu'elle était inquiète en voyant nos concitoyens qui minimisent la canicule et continuent à faire du sport comme si de rien n'était. Avez-vous pensé, par exemple, à reporter le match de ce soir à cause des chaleurs qu'il y a en France en ce moment ?
ROXANA MARACINEANU
On a passé comme consigne effectivement aujourd'hui et tout ce week-end de réduire les compétitions, de les placer à des horaires justement où il va faire plus frais comme ce soir, on peut penser qu'il va faire … enfin il va faire plus frais que dans la journée aujourd'hui et on a pris …
AUDREY CRESPO-MARA
Le match de ce soir, il était exclu de le repousser de toute façon, France / Etats-Unis ?
ROXANA MARACINEANU
On a pris les dispositions nécessaires pour que les filles puissent s'hydrater à intervalles réguliers, il y aura des pauses pendant le match, les spectateurs seront autorisés à rentrer avec leurs bouteilles d'eau dans le stade pour pouvoir s'hydrater correctement et de manière générale, on a fait passer comme dispositions que les compétitions soient annulées ou reportées à des horaires plus frais dans le week-end et ces conseils de vigilance ou de vigilance individuelle mais aussi citoyenne qu'on fasse attention à la personne en situation difficile ou fragile qui est à côté de nous, nos voisins pour pouvoir leur faire passer ces consignes de sécurité et juste de bon sens de ne pas faire d'activité physique. Quand on va aller vers des points d'eau parce qu'on va avoir envie de se rafraîchir, toujours faire attention avec ses enfants et les aînés aussi, d'être toujours dans une position de surveillance et de vigilance citoyenne.
AUDREY CRESPO-MARA
L'un des principaux risques liés à la canicule c'est que la chaleur donne envie de se baigner. Sur les 1 650 noyades recensées en 2018, un quart concernaient des enfants de moins de 6 ans. Alors faut-il apprendre aux enfants à nager avant même leur entrée en primaire ? C'est-ce que vous souhaitez ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, c'est la mission principale que j'avais en arrivant au ministère des Sports, lancer un grand plan de lutte contre les noyades puisque l'année dernière, avec les chiffres, on a vu que les deux populations les plus sensibles, c'est les moins de 6 ans et nos aînés de plus de 60 ans. Donc aujourd'hui, on s'attaque déjà depuis le mois d'avril, on a lancé un plan « aisance aquatique » avec d'une part la volonté de diffuser largement auprès des parents les bons gestes à avoir avec ses enfants quand on va en piscine. On a initié une séquence de sept tutoriels qu'on peut retrouver sur aisanceaquatique.fr pour savoir quoi faire dès le plus jeune âge, dès 4 mois, une fois les vaccins faits, ce qu'on peut faire avec son enfant en piscine pour faciliter l'apprentissage.
AUDREY CRESPO-MARA
Et ce que vous souhaitez, c'est qu'on apprenne aux enfants à nager dès l'âge de 3 ans plus tôt ?
ROXANA MARACINEANU
Voilà derrière, ça va se décliner en un changement de l'organisation de la natation scolaire. Aujourd'hui, elle a lieu entre 6 et 10 ans principalement, c'est là qu'on met le paquet. Nous, on veut que ça se passe entre 3 et 6 ans et puis derrière …
AUDREY CRESPO-MARA
Dès le mois de septembre ?
ROXANA MARACINEANU
Voilà dès le mois de septembre …
AUDREY CRESPO-MARA
A titre expérimental …
ROXANA MARACINEANU
Sur des territoires qui vont se positionner parce qu'ils voudront et pourront faire de la place dans leur piscine pour ces petits enfants dès la maternelle et puis sur les 6/10 ans, on a encore un gros effort à faire parce que encore trop peu d'enfants savent nager vraiment. Donc il va falloir travailler en lien avec le mouvement sportif, les clubs de natation, les centres de loisirs et l'école.
AUDREY CRESPO-MARA
Roxana MARACINEANU, 18 mois après son dernier combat, Teddy RINER va faire son retour sur les tatamis le 7 juillet à Montréal fin août, il tentera de décrocher son 11ème titre de champion du monde. Vous croyez qu'il va le remporter ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, il nous la fait chaque année quand même parce qu'il a l'habitude effectivement de se reposer un certain nombre de mois et puis, après il revient juste à temps pour pouvoir reconquérir ce titre mondial. On a vu aussi ce phénomène puisqu'on est à un an des Jeux de Tokyo avec Florent MANAUDOU en natation, pareil ce champion olympique qui revient à l'entraînement. C'est des gens hors norme quand même, c'est des sportifs voilà imposants avec des qualités physiques extraordinaires par rapport à leurs adversaires et c'est vrai qu'ils ont peut-être besoin de moins d'entraînement que le tout venant pour arriver à des niveaux extraordinaires de résultats.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous croyez qu'il va finir ministre des Sports, Teddy RINER ?
ROXANA MARACINEANU
En ce moment, c'est très couru !
AUDREY CRESPO-MARA
Oui, n'est-ce pas ? !
Rires
AUDREY CRESPO-MARA
Merci Roxana MARACINEANU, merci à vous !
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 juin 2019