Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'économie et des finances, à RMC le 30 août 2019, sur le coût du Sommet du G7 à Biarritz, l'indemnisation des commerçants et l'ouverture des hypermarchés le dimanche après-midi.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER est avec nous, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie et des Finances. Bonjour.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc oui, encore une fois, vous avez dépensé 35 millions d'euros, enfin pas vous, mais l'Etat a dépensé 35 millions d'euros.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous avons dépensé, nous avons prévu une enveloppe.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous avons tous, nous, les Français.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous avons prévu une enveloppe de 35 millions d'euros, on est en train de regarder exactement combien on a dépensé, a priori un petit peu moins, mais 35 millions d'euros, c'est beaucoup moins que les G7 qui ont été organisés dans d'autres pays. Et lorsqu'on regarde les résultats du G7, en termes de visibilité, par exemple au plan international, ne serait-ce que la visibilité du Pays-Basque et de Biarritz, je peux vous dire que l'on a le retour sur investissements.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un peu moins de 35, ça a coûté combien, 30 ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, un peu plus, je pense qu'on doit être pas très loin des 35. Ça a été bien programmé, on n'a pas dépassé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon Agnès PANNIER-RUNACHER est avec nous, on vous retrouve dans 2 minutes.

-Pause publicitaire-

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER est avec nous, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie et des Finances. Biarritz, on en parlait il y a un instant, vous y étiez hier je crois, Biarritz, Bayonne, Anglet, enfin vous avez rencontré les élus de toutes ces communes ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je suis allée à Biarritz pour deux choses. La première chose c'est dire que ce qu'avait annoncé le président de la République en début de semaine, à savoir que les commerçants qui avaient été particulièrement concernés et touchés par le G7, auraient une indemnisation, et travailler avec les élus et les commerçants sur ce que serait cette indemnisation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le montant, oui, de cette indemnisation.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moins le montant que, qui y avait droit, qui n'y aurait pas droit, dans quelle échéance on pouvait donner cette indemnisation, parce que, clairement, lorsqu'on fait ce type de travail, on attend les résultats de l'année, on veut une liasse fiscale, et ça renvoie à mi-2020, fin 2020, ce qui n'est pas du tout acceptable pour les commerçants.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, bien sûr.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc il faut faire vite, il faut recueillir les demandes, on est un peu près au clair sur Biarritz, la partie rouge, vous savez, où tout était bloqué, mais il y avait une question : est-ce que d'autres commerçants pouvaient lever le doigt au-delà du centre de Biarritz ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et alors ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et il nous semble que oui, parce que ce n'est pas juste Biarritz qui accueille les VIP, qui doit être indemnisée, mais il y a d'autres endroits où pour des raisons…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les autres communes ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, les autres communes…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Aussi ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous avions Urrugne, nous avions Bidart, nous avions Anglet, nous avions Bayonne et Hendaye à la réunion, et on va regarder spécifiquement ceux des endroits de ces communes, qui pour des raisons prises par l'Etat, on vous installe un centre de rétention provisoire, on bloque telle route, pour des raisons de sécurité on vous demande de ne pas tenir un marché, sont légitimes à demander une indemnisation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, première enveloppe, vous l'avez annoncée, 350 000 €, on est d'accord ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, c'est une première enveloppe…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je dis bien « première enveloppe ».

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une première enveloppe.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça sera plus.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc ça sera probablement plus, parce qu'on voit intuitivement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Probablement, si c'est première enveloppe, ça sera plus. Ne me dites pas « probablement ».

AGNES PANNIER-RUNACHER
Probablement, parce que je suis une jeune fille prudente, mais non, vous avez raison, ça sera plus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça sera plus, on est bien d'accord. Mais c'est bien de dire, moi j'aime bien. Donc 350 000 € dans un premier temps, d'urgence, et puis ensuite ce sera plus. Ça peut aller jusqu'à quoi ? Je ne sais pas, plusieurs millions d'euros ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense que c'est peut-être un peu beaucoup, difficile à dire parce qu'il s'agit d'indemniser la perte de marge. Beaucoup de gens parlent de chiffre d'affaires, mais ce n'est pas le sujet le chiffre d'affaires, en face du chiffre d'affaires, lorsque vous vendez une robe, vous avez acheté la robe, donc ce n'est pas le prix de la robe qu'il faut rembourser, c'est la marge, ce que vous avez gagné, en termes de trésorerie. Moi, ce qui m'intéresse, c'est que les très petites entreprises soient indemnisées, et en particulier qu'on s'assure qu'il n'y ait pas de problèmes de trésorerie, c'est d'ailleurs la première décision que nous avons prise. D'ici la fin de la semaine prochaine, on veut avoir la liste des commerçants qui pourraient avoir des problèmes de trésorerie et évidemment on s'attache à indemniser les indépendants, on ne va pas indemniser les grands groupes. Les grands groupes, 4 jours de chiffre d'affaires dans un site parmi le monde, ça n'a pas d'impact sur leur compte. Donc, les petites entreprises, les indépendants, celles qui ont des problèmes de trésorerie, celles qui ont été touchées par des décisions directes de l'Etat. C'est ça qu'on doit rassembler.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les chiffres définitifs connus quand ? Avant la fin de l'année ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Avant la fin de l'année, oui. Moi, ce que je veux c'est que l'on ait versé avant la fin de l'année les indemnisations.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc plusieurs millions d'euros.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça c'est votre évaluation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, non, c'est mon évaluation… eh bien oui, parce que quand même il y a eu du manque à gagner.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi je les défends.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais il y a du manque à gagner, vous avez raison de les défendre, il y a du manque à gagner, mais il y a aussi des décisions. Il y a une différence entre un commerçant qui, en zone rouge, ouvre pour pouvoir accueillir, et ceux qui se sont organisés pour ne pas être là, ce n'est pas exactement la même chose.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord. Agnès PANNIER-RUNACHER, je vous pose une autre question : est-ce que l'ouverture de l'hypermarché d'Angers, le dimanche après midi, vous a choquée ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Choquée non, la première chose qui m'a posé question c'est : un hypermarché qui certes a des caisses automatiques, mais il y a quand même des gens pour faire tourner cet hypermarché.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils sont de l'extérieur.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ils sont de l'extérieur, mais est-ce qu'ils ont le droit de travailler le dimanche ? Est-ce qu'on n'est pas un peu en train de contourner la loi du travail le dimanche ? Je veux dire, il ne faut pas non plus être naïf. Donc ça c'est la première question. La deuxième question c'est : quel impact sur le commerce indépendant, et sur ceux qui n'ont pas les moyens de travailler le dimanche, parce que les coûts…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes opposée à l'ouverture de ces hypermarchés le dimanche après-midi ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je suis méfiante…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais oui, mais…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pourquoi je dis « je suis méfiante », parce que d'un côté je veux préserver le commerce physique par rapport aux plateformes en ligne, et les plateformes en ligne c'est 24 heures sur 24, dimanche inclus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et de l'autre côté, je sais que quand c'est un hypermarché qui ouvre par rapport à un commerçant indépendant, ça fait du mal au commerçant indépendant. Donc il y a un juste équilibre à trouver.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, quelle est la solution ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est là où on nous on travaille, d'abord à autoriser peut-être un peu plus de dimanches, il y a eu une grande concertation qui s'est faite…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous seriez favorable à élargir les autorisations d'ouverture le dimanche ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça c'est une demande que nous font les commerçants, notamment le mois de décembre, mais ce n'est pas tout le temps. Le mois de décembre, on voit bien qu'il y a matière à ouvrir un peu plus, parce que c'est un mois très actif.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Au mois de décembre, Agnès PANNIER-RUNACHER, au mois de décembre les commerçants pourront ouvrir le dimanche ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est la recommandation que nous font par exemple William KOEBERLÉ, qui est à la tête du 3C, qui est l'organisme, et nous devons trancher.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable à cette…

AGNES PANNIER-RUNACHER
On travaille dessus, la décision n'est pas prise, vous serez le premier informé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, la décision n'est pas prise, mais enfin, si vous travaillez dessus, c'est que…

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est qu'on pense que ce n'est pas une mauvaise idée, mais ça ne peut pas être tout le temps et tous les jours, parce qu'après ça sera la nuit, et ça, ce n'est pas acceptable.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ouverture, on est bien d'accord, de tous les commerces le dimanche, là, en décembre ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, je le redis, il y a une demande du 3C, et nous c'est un élément de négociations, il y a des syndicats quand même à prendre, et des professionnels, et l'organisation syndicale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les 3C représentent tous les magasins ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Indépendants, les franchises, et les grands.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les grands. Donc tout le monde.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc tout le monde.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde pourrait ouvrir le dimanche, en décembre. J'ai dit « pourrait ».

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et tout le monde dit qu'il pense que c'est une bonne idée, et en particulier dans les zones d'accueil des touristes.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est très important. C'est un élargissement de l'ouverture des magasins le dimanche.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En revanche, ça ne peut pas être tout le temps, et notamment nous on est très soucieux sur le travail de nuit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas toute l'année, on est d'accord.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et pas toute l'année, d'où la question…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est décembre, le mois de décembre.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Le mois de décembre, on voit bien qu'il y a une demande qui est, je dirais, là il y a un consensus, il n'y a pas toujours de consensus sur ce sujet-là, vous savez pour les soldes etc.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, là il y a un consensus. Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER d'être venue nous voir.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2019