Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors ça y est, tous les élèves sont rentrés en cours, Paris, Montpellier, Toulouse ce matin, tout le monde est donc en train de travailler Jean-Michel BLANQUER, vous aussi, si vous étiez lycéen ou étudiant est-ce que vous sécheriez les cours vendredi pour participer aux manifestations pour le climat Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non il y a mieux à faire, puisque vendredi prochain de 16h à 18h, il y aura dans tous les lycées de France l'organisation de débats sur l'environnement donc il s'agit non seulement de manifester l'importance de ce sujet dont nous savons tous qu'elle est décisive mais en plus de travailler à des choses concrètes que l'on peut proposer pour que les lycéens eux-mêmes et l'ensemble des élèves d'ailleurs s'engagent dans les enjeux de l'environnement et fassent des propositions pour la société entière.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Dans tous les lycées de France, il y aura se débat entre 6h et 18h vous pouvez le garantir donc ce matin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui absolument, nous y travaillons avec les recteurs et les proviseurs le savent donc c'est de 16h à 18h.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc dans chaque lycée de France, vous dîtes aux lycéens : « n'allez pas dans la rue pour manifester ? »
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez ce n'est pas mon rôle de ministre de l'Education de leur dire de ne pas aller en cours…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et si vous étiez encore lycéen ou étudiant, on peut tous les deux rêver à ça, est-ce que vous seriez dans la rue vendredi ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il me semble que le samedi il y a aussi une manifestation…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
La marche du siècle pour le climat.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui je pense que c'est le bon moment, je pensais que ce n'est jamais bon rater un cours en revanche structurer une pensée, structurer une participation ça va encore plus loin que d'aller dans la rue c'est-à-dire travailler à des propositions concrètes c'est ce que l'on propose et puis vous savez, nos lycéens, en fait, ont déjà des délégués dans chaque lycée de France, vous avez un comité de vie lycéenne après à l'échelle de chaque région un Comité académique et à l'échelle nationale un comité national. Je réunirai ce comité national le 5 avril pour avoir le résultat de ce qui se passe en lycée et donc dans cette ambiance Grand débat dans laquelle nous sommes, on aura ainsi une participation très forte des lycéens à cet enjeu environnemental.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors dans cette ambiance Grand débat comme vous dîtes, par exemple dans la rue samedi, vous parlez Marche du siècle pour le climat souvent le slogan qu'on entend c'est « fin du monde et fin du mois relèvent du même combat. » Est-ce que vous êtes d'accord ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Complètement bien sûr, de façon générale d'ailleurs, on doit toujours articuler les enjeux de court terme avec les enjeux de long terme donc oui bien entendu on doit avoir une transition de notre société vers un modèle économique et social durable et qui inclut évidemment la politique de l'environnement et le pouvoir d'achat bien sûr. Tous les métiers se transforment actuellement par exemple vous voyez, on fait une réforme de la voie professionnelle avec la transition numérique et la transition écologique qui transforment les métiers. Par exemple, prenez le bâtiment, être dans un métier du bâtiment aujourd'hui requiert des compétences différentes de celles d'hier installer des panneaux solaires, tenir compte des enjeux énergétiques etc… Donc ces métiers se transforment c'est pour ça qu'on va faire des grands campus professionnels qui font envie, qui permettent d'attirer des jeunes vers ces métiers et qui bien entendu transforment notre économie et notre société donc on doit jamais opposer les enjeux de vie concrète des gens au quotidien avec les enjeux à long terme de survie de la planète au contraire c'est parce qu'on a une vision claire de ce qui va nous permettre de vivre sur cette planète que nous pouvons avoir un quotidien qui tient la route.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors c'est la dernière semaine du Grand débat après viendra le temps des propositions du gouvernement, regardez ce que Sébastien LECORNU votre collègue au gouvernement dit dans le Journal du Dimanche : « Il y aura des surprises après le Grand débat ». Voilà la phrase exacte : « il y aura des surprises pour ceux qui pensaient que le débat allait être corseté. ». Alors c'est quoi les surprises Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Par définition, une surprise doit arriver au moment où elle est annoncée donc ce n'est pas à moi de le dire d'autant plus que beaucoup de choses doivent encore se préciser mais ce qui est évident c'est que à la sortie du Grand débat, vous aurez des idées nouvelles, des perspectives nouvelles, et ce sera au Président de la République de les dresser en ayant bien écouté ce que les Français ont dit.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors vous dans votre domaine l'Education nationale, c'est un des thèmes qui après les thèmes de la fiscalité notamment du pouvoir d'achat est venu en tête des propositions des Français. Qu'est-ce que vous avez retenu de ce que les Français vous ont dit sur ce qu'ils souhaitaient voir améliorer en matière d'éducation ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien écoutez, d'abord ça ne me surprend pas parce que l'éducation et c'est le sens même de mon engagement dans l'éducation, c'est-à-dire, l'éducation c'est le sujet d'avenir par excellence, c'est la préparation du futur donc ce n'est pas du tout étonnant que l'éducation apparaisse comme le premier thème qui sorte spontanément du Grand débat en plus des quatre axes qui avaient été prévus et par ailleurs ce qu'on commence à voir c'est d'abord un besoin de proximité donc on a tout le sujet des écoles rurales, tout le sujet de proximité du service public.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Souvent on entend ça…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il n'y a jamais eu si peu de fermetures de classes en milieu rural qu'aujourd'hui, je tiens à le rappeler.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais les Français vous demandent un moratoire parfois sur les fermetures de classes dans le Grand débat.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On pourrait rentrer dans les détails de ce que cela peut signifier puisque le vrai sujet derrière ça c'est le sujet démographique. Aujourd'hui, il n'y a pas assez d'enfants qui naissent en France et par ailleurs c'est dans le milieu rural que cela se pose le plus avec le plus d'acuité donc nous devons prendre à bras-le-corps le sujet des politiques familiales de notre manière aussi de peupler notre territoire, notre manière de mieux se répartir sur le territoire, de faire renaître certains villages avec des écoles primaires attractive par exemple et c'est ce dans quoi nous sommes engagés et dans lequel on pourra peut-être s'engager davantage à la lumière des propositions et des engagements qui seront pris.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Parce que là, il y a votre loi qui est en cours d'examen au Parlement, vous pourriez la changer un peu, la modifier en fonction de ce qui ressort du Grand débat. Vous parliez des écoles primaires dans les communes rurales, dans votre loi, il est prévu que l'on puisse faire l'adjoint au proviseur, que les directeurs d'école deviennent adjoints des proviseurs des collèges et des lycées de la région.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais ça c'est au service de l'école rurale, parfois j'entends certains arguments dans le sens contraire, mais cette mesure-là, ce qu'on appelle l'école des savoirs fondamentaux c'est un outil, ce n'est pas quelque chose qui va s'imposer sur la base d'un consensus local, la possibilité de rapprocher davantage, pas forcément physiquement d'ailleurs mais en matière d'organisation, l'école primaire et le collège tout simplement pour qu'il y ait un plus grand continuum de la maternelle jusqu'à la troisième. Donc c'est un outil à la disposition des communautés éducatives localement pour changer leur organisation. Mais ça c'est un exemple parmi d'autres de ce que l'on peut faire pour appuyer une sorte de renouveau de l'école en milieu rural et même dans les villes petites et moyennes. Et pour répondre à l'autre question que vous posiez, oui il y a une lecture au Sénat puisqu'on vient de l'adopter à l'Assemblée nationale et par définition on peut faire évoluer la loi à l'occasion de cette lecture et à la lumière de ce qui se dit dans le Grand débat bien sûr, j'y suis très ouvert.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc elle sera enrichie cette loi.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr je l'espère bien, et on est vraiment dans l'exercice démocratique par excellence, on écoute les Français dans leur participation et au travers de la démocratie représentative et donc les deux chambres, et bien on fait évoluer des textes pour tenir compte de ce que disent les Français.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors le parti de la majorité, la République en marche a des propositions, elle les a fait ce week-end avec Stanislas GUERINI, le patron de la République en marche. Alors vous allez voir, j'ai pris quatre propositions, vous allez me dire si vous êtes d'accord ou pas. Alors hausse de l'impôt sur la fortune immobilière, c'est ce qui reste de l'ISF d'accord pas d'accord ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Plutôt pas d'accord mais c'est intéressant d'ailleurs, voyez c'est le parti… Je pense que de façon générale, si vous voulez, les discussions sur la fiscalité à mes yeux me paraissent pas les plus importantes. Je pense qu'on peut tous avoir des tas d'idées sur le sujet mais ce que manifestent les Français, c'est qu'ils veulent des baisses d'impôts donc je dirais presque point à la ligne. Bien sûr, on peut faire évoluer tel ou tel impôt mais ce qui compte c'est de baisser les impôts et donc le mot hausse, c'est déjà un petit peu…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va regarder à nouveau les propositions et j'ai pris les principales et sur les quatre principales, il y en a trois qui concernent des hausses d'impôts, hausse ou refonte du droit de succession, taxation des Français expatriés. Vous ministre de l'Education nationale, vous mettez peut mieux faire à Stanislas GUERINI.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il fait un travail remarquable Stanislas GUERINI, vous avez pris un extrait… Que dans le cadre du débat certains expriment ce type de volonté, ils sont tout à fait dans leur droit et je le respecte pleinement. Simplement, je pense que la fiscalité ne doit pas monopoliser notre attention, c'est un sujet avec d'autres et par ailleurs ce que nous avons à dire sur la fiscalité doit nous permettre de dire plutôt comment on desserre l'étau d'une fiscalité qui est déjà très forte sur les Français et c'est d'ailleurs ce qu'ils ont quand même beaucoup dit en décembre plutôt que d'avoir de l'imagination sur les hausses.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors peut-être que Stanislas GUERINI on va le reprendre le rattrapage. Dernière proposition, l'indexation des petites retraites sur l'inflation ça vous êtes plutôt d'accord ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est plutôt une bonne idée parce que même si après il faut voir si on en est capable, c'est toujours facile d'avoir des dépenses en plus mais de les souhaiter, et puis après faut voir si on peut les assumer mais ça me semble une mesure de justice si on arrive à le faire oui bien sûr.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Voilà on le repêche au rattrapage, le patron de la République en marche. On va parler de cette idée que vous avez soulevé tout à l'heure du rôle de l'école en termes d'intégration. Il y a cette proposition hier d'Eric CIOTTI au grand jury, d'interdire les signes religieux en général dans les services publics et dans les transports publics on écoute.
(Extrait d'Eric CIOTTI)
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors est-ce que vous êtes d'accord avec cette suggestion d'Eric CIOTTI ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pas forcément, il est évident que nous avons à faire respecter la laïcité dans notre pays dans différentes dimensions et qu'on doit distinguer les espaces, il y a l'espace public, l'espace privé et puis il y a certains espaces publics qui ont des connotations particulières l'école par exemple où nous faisons respecter la loi de 2004 pour interdire les signes ostentatoires. Après, donc c'est très important et je veux dire les Français le disent dans le cadre du Grand débat, ils ne veulent pas de cette pression communautariste, on a un sujet avec le fondamentalisme islamiste aujourd'hui de manière évidente et donc on doit tout faire pour que le principe de laïcité s'applique et vis-à-vis de cela comme vis-à-vis d'éventuels autres phénomènes, être capable tout simplement d'avoir un espace public où on se sent tous bien et on ne sente pas la pression de l'autre. Est-ce que ça doit amener à avoir toute une série de législation sur les vêtements ? Je n'en suis pas certain et c'est pour ça qu'il faut que je regarde avec recul ce qui est proposé mais ce que j'entends tout clivage politique confondu si vous voulez, c'est arriver, c'est que les Français et la grande majorité des Français, à commencer par nos compatriotes musulmans d'ailleurs, ne veulent pas de cette pression communautariste et qu'il faut donc avoir des mesures qui permettent d'éviter cette pression, ça ne passe pas forcément par une casuistique du vêtement comme certains le proposent fréquemment.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On vous sent tout de même proche de cette sensibilité parce qu'on l'a vu lors des débats à l'Assemblée nationale sur votre loi, vous avez été tenté de suivre cet amendement d'Eric CIOTTI sur l'interdiction de ports ou tenues manifestants ostensiblement une appartenance religieuse. On sait que vous avez été tenté de soutenir l'amendement et que l'Elysée vous a fait comprendre que ce n'était pas…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non c'est faux, alors ça c'est une information fausse, ça a été dit, il y a eu une espèce de campagne… Oui beaucoup de gens l'ont écrit mais c'est faux. Alors j'en profite pour vous le dire, beaucoup de choses qui sont écrites sur ce que je peux dire ou faire sont inexactes c'est le cas en l'occurrence et de façon générale vaut mieux aller directement à ce que je peux dire. J'ai mis un avis défavorable sur cet amendement pour différentes raisons, on manquerait de temps pour expliquer ce qu'il en est mais je pense que je suis évidemment un fervent défenseur de la laïcité je crois que c'est bien connu que je le suis, je souhaite évidemment qu'on fasse donc respecter des règles, je pense qu'ensuite, on doit être cohérent et ne pas faire des choses si vous voulez par petites touches mais avoir une sorte de vision d'ensemble de la laïcité pour la société française. Et ce qui d'ailleurs peut être un modèle pour d'autres pays dans le monde parce que parfois on dit que la laïcité c'est quelque chose d'un peu archaïque, à l'ancienne…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On dit qu'on a une vision un peu radicale de la laïcité en France
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je ne crois pas, je pense qu'on a au contraire inventé en France depuis 1905, un modèle qui peut être très utile y compris pour d'autres pays, je pense à d'autres pays européens, tout simplement pour que l'espace public, la vie en commun ne soit pas une vie communautariste, où on est tous renvoyé à nos origines mais au contraire une vie républicaine où chacun peut s'épanouir et bien attendu vivre ses convictions religieuses, il ne s'agit certainement pas d'avoir une politique antireligieuse chacun doit pouvoir croire comme il l'entend mais personne ne doit faire l'objet d'une pression d'une quelconque manière dans sa vie courante. Et je pense particulièrement aux femmes et au fait que nous avons à mener le combat pour les femmes sur tous les sujets et notamment sur celui-là.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous savez Jean-Michel BLANQUER, c'est un sujet sensible mais important au sein de la majorité il y a une partie des députés qui disent, on en fait trop au fond il faut laisser chacun vivre sa religion comme il le veut, il ne faut pas aller dans le sens d'une laïcité plus affirmée. Vous savez, vous connaissez ce débat.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui il y a des nuances, bien entendu dans la majorité sur le sujet et c'est normal qu'il y ait ce débat. Il y a aussi des nuances dans la société française, mais ce qu'il me semble, c'est que 80% des Français ou 90% des Français peuvent se reconnaître dans l'idée d'éviter la pression communautariste, de ne rien céder à la pression du fondamentalisme islamiste dans notre vie quotidienne. Mais encore une fois, ça ne doit pas non plus attenter aux libertés et bien entendu chacun doit pouvoir exercer sa religion qu'on soit musulman, juif, bouddhiste, chrétien, qu'on puisse exercer sa religion normalement mais ce problème se posait pas il y a encore 20 ou 30 ans, on aurait même pas eu cette discussion donc on doit aujourd'hui faire attention en voulant tout simplement mettre un terme à cette pression communautariste islamiste, de se mettre à faire des choses qui ne serait pas conformes aux libertés donc on doit être très attentif il y a cet équilibre entre la liberté d'une part et puis une belle société républicaine où on ne se laisse pas contaminer par le communautarisme.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre sujet très sensible et très concret, les violences scolaires. On se souvient tous de cette vidéo d'octobre dernier avec cette professeure qui s'était faite agresser avec un pistolet factice avec ce hashtag aussi #pasdevagues qui permettait aux professeurs qui se vivaient cette violence au quotidien d'enfin parler alors que parfois on leur demande plutôt de se taire et de faire profil bas. Vous aviez promis une nouvelle loi ou un nouveau plan sur les violences scolaires, on en est où Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors d'abord, il y avait deux trains de mesures, un premier train de mesures que j'ai déjà pris à partir de la fin de l'année dernière, qui consiste à systématiser les signalements et à garantir à chaque personnel de l'Education nationale un suivi du signalement qui a été fait.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc #pasdevagues, ce n'est plus le mot d'ordre de l'Education nationale.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Depuis que je suis arrivé ça ne l'est certainement pas et je l'avais dit bien avant ce mouvement d'ailleurs, que ce soit sur ce sujet ou sur d'autres y compris le précédent sujet on ne doit pas mettre les problèmes sous le tapis, on doit dire les choses et oui il y a des problèmes de violences, il faut d'ailleurs ni les minimiser, ni les exagérer ça existe, je les regarde tous les soirs puisqu' on a des remontées d'événements…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et alors ça cela ça se développe plutôt, ou c'est stable, ou çà baisse ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est stable mais simplement nous sommes en train d'essayer de le faire baisser en ayant une réaction sur chaque problème. Donc vous savez, c'est aussi dans chacune de nos têtes, c'est-à-dire il faut que chaque acteur de l'Education nationale soit bien persuadé qu'il ou elle est soutenu par l'institution, demande ce soutien quand il sent qu'il ne l'a pas. Il y a une adresse dédiée quand on pense qu'on n'est pas soutenu par son institution sur le sujet et donc ça c'est en place ce que je suis en train de vous dire, c'est en place, c'est une réalité. Maintenant, il y a d'autres mesures que nous allons prendre et nous les annoncerons très bientôt, qui sont de nature plus interministériel et qui ont trait à la fois à la sécurité aux abords de l'établissement avec la police et la justice avec par exemple plus de présence policière autour de l'établissement dans des quartiers plus difficiles, vous avez deuxièmement le sujet de la coéducation donc comment avec les parents, nous responsabilisons ensemble éducation parent sur un enfant violent. Et puis en troisième lieu des structures spécialisées pour les pour les élèves poly-exclus.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Les poly-exclus, ce sont ceux qui ont été plusieurs fois exclus d'un établissement. Et vous êtes pour vous parce que je sais que ça fait débat au sein du gouvernement par exemple sur la sanction des parents, des enfants mis en cause par exemple en leur supprimant leurs allocations ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense qu'il faut avoir une approche au cas par cas, c'est-à-dire qu'on doit justement pas penser les choses de manière uniforme si vous voulez, ce n'est pas la même chose si vous êtes une mère de famille seule avec quatre enfants dont un qui dérive et que vous n'arrivez pas à contrôler dans ce cas vous avez plutôt besoin d'un partenariat avec l'institution pour vous aider à sortir de cette situation que si vous êtes en situation de dire à vos enfants que c'est très bien de commettre des violences et que même quand les professeurs font une remarque vous alliez défendre votre enfant plutôt que le professeur. Vous avez ces deux cas complètement différents, on doit avoir des outils appropriés dans les deux cas.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Encore une question concrète pour les parents qui nous regardent. Pour les élèves de seconde, ça va être de commencer à faire les choix pour le nouveau bac, le bac les 2021 avec des options plus concrètes plus ciblées. En même temps, il y a ce débat : Est-ce que quel que soit le lycée, on pourra vraiment choisir ses trois ou quatre options obligatoires où est-ce qu'il y aura des lycées de seconde zone ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, alors au contraire nous avons d'abord, nous nous sommes efforcés de mettre les enseignements de spécialité de manière plus volontariste dans les établissements moins attractifs, les établissements ruraux, les établissements de banlieue où on offre plus de choix et je rappelle qu'un élève de seconde cette année si on le compare à un élève de seconde de l'année dernière, c'est un élève qui a le choix entre une vingtaine voire une trentaine de possibilités en voie générale. Alors qu'auparavant c'était trois voies, L, ES et S.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais son lycée ne lui propose pas forcément tout.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mon mais il propose en général une base de sept sur laquelle viennent s'ajouter, un, deux, trois enseignements spécifiques…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il n'y aura pas de risque de bac à plusieurs vitesses ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non c'est le contraire, c'est-à-dire qu'on a au contraire la possibilité d'avoir un parcours beaucoup plus personnalisé. Je sais bien que beaucoup de gens tiennent des discours d'inquiétudes sur ces questions mais c'est quand même incroyable de voir comment on essaie de décrire en gris une réforme qui offre une liberté mais infiniment plus grande aux lycéens. Je veux dire, moi je rêverais d'être un élève de seconde aujourd'hui vous me demandiez ce que je ferai si j'étais lycéen, mais être un élève de seconde aujourd'hui c'est avoir 10 fois plus de choix que les élèves précédents, c'est pouvoir choisir que des matières qu'on aime, c'est pouvoir donc les approfondir davantage donc être meilleur dans ce qu'on l'on va choisir c'est développer des compétences nouvelles parce que vous allez avoir un bel oral au baccalauréat qui permet de développer cette capacité à s'exprimer qui est si essentielle ensuite dans la vie. Donc c'est à la fois plus de liberté, plus de plaisir à choisir des matières mais aussi être meilleur parce que mon but c'est à la fois d'élever le niveau général et assurer plus de justice sociale. Et en plus, nous avons implanté les enseignements de spécialité dans les endroits où on avait le plus besoin de se revaloriser. Et puis, on a fait des innovations qui sont formidables, vous avez par exemple, la discipline sciences informatiques et numériques qui existe pour la 1ère fois dans notre lycée en 1ère et en terminale ça veut dire 4h en 1ère, 6h en terminale, implantée dans plus de 50 % des établissements, ça veut dire que vous allez avoir toute une nouvelle génération…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous y croyez à votre bac 2021 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ah mais j'y crois énormément. C'est une réforme magnifique, il faut que les gens regardent sur le site internet du ministère les détails mais ne nous laissons pas polluer par tous ceux qui aiment toujours en griser les choses, il y a au contraire une opportunité formidable pour chaque enfant, il faut qu'on aide nos jeunes à se projeter de façon optimiste et positive dans le futur et là il y a une magnifique occasion de le faire tous ceux qui tiennent les discours gris ne rendent pas service à la jeunesse. Le discours clair basé sur des faits c'est qu'aujourd'hui avec cette réforme, il y a plus de choix et plus de capacité de réussir après le baccalauréat.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors puisque vous vous rêvez dans la peau d'un lycéen de seconde, parce que j'ai envie qu'on revienne au début de l'émission, on va réécouter ce jeune justement lycéen ou collégien je ne sais pas quel âge il a Charlie qui avait interpellé le Président dans les Alpes-de-Haute-Provence, on réécoute vous allez voir.
(Extrait de Charlie)
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Voilà vous pensez qu'on peut acheter de nouvelles planètes avec de l'argent ? Je rappelle la marche des lycéens vendredi et les débats dans toutes les écoles, dans tous les lycées entre 16h et 18h vendredi.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Moi je comprends, il a raison de défendre sa génération et les générations futures c'est notre rôle aussi en tant que responsable politique.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous en faîtes assez ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense qu'on en fait jamais assez donc on a fait beaucoup, le bilan sur 18 mois est en fait considérable, que ce soit celui de Nicolas HULOT, de François de RUGY…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui a claqué la porte parce que vous n'en faisiez pas assez quand même Nicolas HULOT
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non mais lui-même dit que beaucoup de choses ont été accomplies, pas assez mais François de RUGY a pris une suite à la fois pragmatique et efficace. Brune POIRSON, Emmanuel WARGON, il y a du travail qui est fait actuellement on pourrait rentrer dans chacun des détails mais par exemple sur l'un des points qu'il évoque, c'est-à-dire la lutte contre le rejet des plastiques dans les océans, il y a tout un travail qui est fait par Brune POIRSON qui est d'une grande qualité. Mais on doit faire plus bien sûr. Notre sujet c'est encore une fois c'est comment on vit sur une planète, comment on vit dans une République où on est heureux d'être ensemble où on se respecte les uns les autres dans une planète durable. C'est si l'on doit se résumer sur nos objectifs de court moyen et long terme c'est bien cela.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci Jean-Michel BLANQUER, je rappelle que vous nous avez annoncé donc ces débats dans tous les lycées de France vendredi entre 16h et 18h sur le climat justement merci d'avoir été notre invité.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mars 2019