Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Deuxième partie de notre émission « Territoires d'infos », avec la presse quotidienne régionale, les télés locales de France et le réseau Vià, les Indés Radios, 130 radios qui sont nos partenaires sur le territoire français, et avec TV5 Monde. C'est une ministre qui est notre invitée aujourd'hui, pour la Journée internationale des droits des femmes, bonjour Sophie CLUZEL, merci d'être avec nous.
SOPHIE CLUZEL
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, on va revenir évidemment sur votre département ministériel tout à l'heure. Pour vous interroger à mes côtés, Oriane MANCINI, Public Sénat, bonjour Oriane.
ORIANE MANCINI
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Et bonjour Pascal JALABERT, du groupe EBRA, neuf journaux de la presse quotidienne régionale, mais vous représentez Le Bien Public et Le Journal de Saône-et-Loire aujourd'hui sur ce plateau.
PASCAL JALABERT
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Votre interview sera retransmise sur les sites Internet de la presse quotidienne régionale, Sophie CLUZEL, à partir de 10h00 ce matin. Donc, je disais, Journée internationale des droits des femmes, votre collègue du gouvernement, Marlène SCHIAPPA, indique dans Le Parisien, que la PMA pour toutes sera mise à l'agenda avant cet été, avec un examen à la rentrée au Parlement. Confirmation de votre part, et est-ce que c'est une victoire pour le droit des femmes ?
SOPHIE CLUZEL
Je n'ai pas de confirmation, non, parce que je n'ai pas eu Richard FERRAND pour savoir si vraiment c'était à l'agenda, mais je fais toute confiance à ma collègue Marlène SCHIAPPA, si elle annonce ça c'est qu'en effet cette promesse du candidat, du président de la République, est tenue, et donc réjouissons-nous pour ça, donc si le calendrier est maintenu tant mieux.
CYRIL VIGUIER
Une grande victoire pour les femmes ?
SOPHIE CLUZEL
Moi je pense que c'est exactement ce qui était voulu, donc oui, oui, c'est une belle victoire, et je fais confiance à Marlène SCHIAPPA, si elle le dit c'est que, voilà, c'est programmé.
ORIANE MANCINI
On le disait, c'est la Journée des droits des femmes… dans votre domaine de compétences, je crois que vous allez déjeuner aujourd'hui avec des femmes en situation de handicap, est-ce que vous pouvez peut-être nous faire un point particulier sur la situation de ces femmes, est-ce qu'elles rencontrent des difficultés particulières ?
SOPHIE CLUZEL
Je pense que quand on est femme handicapée c'est souvent double peine malheureusement. Des grosses difficultés, plus encore, que toutes les autres femmes, d'accès à l'emploi, des difficultés aussi de préjugés sur leurs capacités à tenir un emploi, à pouvoir être mère, donc oui c'est très compliqué quand on est femme handicapée.
ORIANE MANCINI
Parce que les entreprises ne jouent pas le jeu, c'est ça ?
SOPHIE CLUZEL
Non, elles ne jouent pas le jeu, puisqu'aujourd'hui on est à 3,5 %, avec une obligation d'emploi à 6 %, ça progresse, mais ça progresse très très lentement, mais pas que pour les femmes, pour, en général, les personnes en situation de handicap, l'accès à l'emploi est encore compliqué, le maintien dans l'emploi, et la carrière, aussi, quand on est une personne en situation de handicap, et encore plus quand on est une femme handicapée. C'est pour ça qu'aujourd'hui j'ai voulu mettre à l'honneur ces femmes handicapées, nous les recevrons à l'Elysée avec Brigitte MACRON, une vingtaine de femmes qui ont des vrais beaux parcours, qui ont su dépasser justement leur situation de handicap pour aller jusqu'au bout de leur envie d'un travail, dans tous les domaines, artistes, cheffes d'entreprise, auto-entrepreneuses, sportives, ou tout simplement des femmes ordinaires qui ont voulu être maman, ce qui est encore très compliqué quand on est une femme handicapée de pouvoir être maman, donc il y a un très gros travail sur l'accès à la parentalité, la formation des professionnels, donc voilà, on a encore beaucoup de choses.
ORIANE MANCINI
Mais vous demandez ce matin, aux entreprises, d'en faire plus ?
SOPHIE CLUZEL
Evidemment, toujours plus.
ORIANE MANCINI
Qu'est-ce qu'elles peuvent faire, qu'est-ce que vous, vous pouvez faire ?
SOPHIE CLUZEL
Moi j'en demande toujours plus, tant qu'on n'aura pas justement atteint nos 6 %, fonction publique et entreprises privées, on n'est pas, nous non plus, exemplaire en tant qu'Etat, donc c'est tout l'enjeu de la rénovation d'obligation d'emploi des personnes handicapées, que je porte avec Muriel PENICAUD.
CYRIL VIGUIER
Comment vous pouvez les contraindre, contraindre les entreprises, les PME ?
SOPHIE CLUZEL
Je préfère les inciter, parce que la contrainte elle existe depuis 30 ans, et pour autant elle n'est pas fonctionné, donc il vaut mieux qu'on les incite, il faut qu'on leur donne des prestations de service pour pouvoir accompagner les personnes handicapées, il faut qu'on soit réactif sur les adaptations quand il y en a à faire, donc c'est tout l'enjeu d'une offre de service beaucoup plus lisible, beaucoup plus réactive, pour les entreprises, et puis un accompagnement. Je crois beaucoup à l'emploi accompagné, on a inventé la scolarité accompagnée, quand les personnes ont besoin d'être accompagnées, parce que certaines seront autonomes, parce qu'elles sont bien accompagnées, il faut qu'on puisse vraiment offrir cet emploi accompagné.
PASCAL JALABERT
Justement, il y a eu en effet de gros progrès sur l'accompagnement des enfants handicapés à l'école, on a augmenté de 110.000 pour le premier degré, en 10 ans, donc ce qui est énorme, mais est-ce qu'il ne faut pas poursuivre cet effort tout au long de la formation ? On voit que, plus on avance dans l'âge, et moins il y a d'accompagnement.
SOPHIE CLUZEL
Alors, en fait, toutes les personnes en situation de handicap, et surtout les enfants, n'ont pas besoin d'être accompagnées, 340.000 élèves scolarisés, handicapés, pour autant seule la moitié d'entre eux ont besoin d'être accompagnés, mais ceux qui ont besoin d'être accompagnés, ont besoin d'un accompagnement pérenne, professionnel, qui puisse justement leur permettre de faire ce parcours de qualification, vous avez raison. C'est tout l'enjeu, avec Jean-Michel BLANQUER, de cette école inclusive, que l'on porte ensemble, dans l'Ecole de la confiance, où on professionnalise l'accompagnant. Enfin, nous ne recruterons plus en contrat aidé les accompagnants, c'est une grande victoire, ils seront des contrats de droit commun, de droit public commun, 3 ans, et après renouvelables encore une fois, comme tous les contractuels de la fonction publique, nous les pérennisons, nous les professionnalisons, donc nous allons avoir vraiment… offrir en fait, aux élèves, un vrai parcours scolaire, pour atteindre une qualification, pour une insertion professionnelle, c'est bien tout cet enjeu.
ORIANE MANCINI
Puisque vous parlez de ces contrats aidés, en attendant cette pérennisation, est-ce que la fin des contrats aidés, décidée en début de quinquennat, ça n'a pas été un coup dur pour l'accompagnement de ces élèves en situation de handicap ?
SOPHIE CLUZEL
Mais, non, parce que les contrats aidés c'est pour des personnes qui sont elles-mêmes éloignées de l'emploi, donc ce n'est pas satisfaisant d'avoir de l'accompagnement des élèves handicapés avec des contrats aidés. Ces accompagnants font un très très bon boulot, il faut les prendre vraiment au sérieux, il faut les professionnaliser, et c'est ainsi que l'on fait. Non, au contraire, ça a été un accélérateur de la prise en compte de cette professionnalisation.
PASCAL JALABERT
Sur l'allocation adulte handicapé il va y avoir une revalorisation…
SOPHIE CLUZEL
Il y en a déjà eu une en novembre.
PASCAL JALABERT
Oui, certains disent le compte n'y est pas encore, vous comptez faire un autre coup de pouce ?
SOPHIE CLUZEL
Il y en a en novembre 2018, il y en a un autre en novembre 2019, elle atteindra 900 euros, c'est investissement de plus de 2 milliards sur le quinquennat. C'était une promesse du président MACRON, elle est tenue, nous portons l'allocation adulte handicapé à 900 euros en novembre 2019, c'est donc plus de 10 milliards, c'est un budget Etat de 10 milliards, l'allocation adulte handicapé, pour 1,1 million d'allocataires, donc c'est au contraire une prise en compte, vraiment, d'avoir un revenu décent pour les personnes qui sont, ou éloignées de l'emploi du fait de leur handicap, ou restreintes justement dans leur activité.
PASCAL JALABERT
Alors justement, les allocations adulte handicapé et puis les parcours, les départements, il faut expliquer aux téléspectateurs, ont cette compétence-là, or, là aussi, quand on regarde les chiffres, vous avez par exemple en région parisienne des taux de 12 % de personnes en situation, et puis ça peut monter jusqu'à 26 % dans d'autres départements, la Lozère, les Pyrénées-Orientales, la Saône-et-Loire, bref, on peut en citer plusieurs. Evidemment, tous n'ont pas les mêmes moyens à y consacrer, est-ce qu'il y a des péréquations, est-ce qu'il y a des aides à envisager pour les départements qui sont le plus concernés ?
SOPHIE CLUZEL
Alors, l'allocation adulte handicapé c'est un budget Etat, donc c'est vraiment un budget Etat…
PASCAL JALABERT
Oui, mais après il y a tout l'accompagnement.
SOPHIE CLUZEL
Alors, il y a surtout toute l'évaluation des besoins des personnes, et en effet, vous le rappelez très justement, moi je copartage ma politique de handicap avec les départements, elle est co-construite, ce sont eux les chefs de file pour la solidarité et l'action sociale. Donc ce que je fais, 102 départements, ce que je fais c'est que je lance les « Territoires 100 % inclusifs », pour travailler avec les départements, j'ai fait un grand appel à manifestation d'intérêt, pour travailler avec les départements pour un meilleur accompagnement des parcours, et voir exactement où on peut mettre le curseur pour accompagner les personnes au plus près de leurs besoins. Ça ressort tout le temps dans le grand débat, nous ne comprenons pas la politique, qui est responsable de qui, est-ce que c'est la mairie, est-ce que c'est le département, est-ce que c'est l'Etat ? Donc là on a un gros enjeu de lisibilité de notre politique, d'un meilleur accompagnement, de plus d'équité entre les départements, c'est bien le rôle de l'Etat, cette péréquation et cette équité, on a un vrai travail. Je travaille excessivement bien avec l'Association des départements de France, parce qu'avec Dominique BUSSEREAU nous co-construisons cette politique. Donc oui, vous avez raison, on a un enjeu d'équité, ça ressort beaucoup beaucoup dans les débats, de lisibilité, de meilleur accompagnement, d'arrêter les ruptures de parcours, là aussi on a beaucoup trop travaillé en silos nos politiques publiques, et il faut qu'on accompagne beaucoup mieux les personnes.
CYRIL VIGUIER
Sophie CLUZEL, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, est notre invitée politique ce matin dans « Territoires d'infos. » Vous parliez du grand débat, comment faut-il en sortir de ce grand débat ? Vous entendez, comme moi, depuis quelques heures, dans les cercles gouvernementaux notamment, que finalement le référendum pourrait être une solution à nouveau, ça revient.
SOPHIE CLUZEL
Oui, le président en a parlé hier, dans son débat avec les personnes, pourquoi pas, c'est lui qui décidera, mais c'est vrai qu'on a énormément de remontées, je le disais tout à l'heure, politique de territorialisation des réponses, sur laquelle il faut qu'on ait une vraie avancée, une vraie adhésion, des services publics de proximité.
CYRIL VIGUIER
Vous, personnellement, vous pensez que ce serait une bonne solution ce référendum ?
SOPHIE CLUZEL
Tout dépend quelles sont les questions que l'on pose dans un référendum. Un référendum c'est un outil pour moi, donc ce n'est pas l'outil qui est intéressant, c'est vraiment le contenu de l'outil, donc c'est là-dessus justement qu'il faudra qu'on travaille. Mais, au-delà de ça, et le président l'a bien dit, il y aura des réponses qui seront variées, qui peuvent être des réponses législatives, qui peuvent être des réponses gouvernementales avec des mesures très précises, des réponses que l'on pourra apporter à travers le référendum, donc c'est une palette d'outils qu'il va falloir mettre à disposition des propositions pour sortir du grand débat.
ORIANE MANCINI
Et est-ce qu'à l'issue de ce grand débat il y aura des réponses sur le handicap ?
SOPHIE CLUZEL
Alors, sur le handicap, on a beaucoup, beaucoup de propositions qui remontent de la part des personnes handicapées…
ORIANE MANCINI
Vous avez participé, vous, à de nombreux grands débats.
SOPHIE CLUZEL
Oui, j'ai fait plus d'une dizaine de débats, soit dans les mairies, soit dans des établissements médico-sociaux, soit à la demande justement de collectivités locales, départementales, puisque je me déplace beaucoup, j'ai été à Grenoble, à Lyon, à Saint-Etienne, à Annecy, dans les dernières semaines…
ORIANE MANCINI
Qu'est-ce qu'il en ressort alors ?
SOPHIE CLUZEL
Ça remonte sur, accès aux droits, simplification de l'accès aux droits, et d'ailleurs j'en profite pour vous dire que nous avons donné des droits à vie pour les personnes handicapées, ce qui n'avait jamais été fait. C'est quand même une avancée formidable du gouvernement de donner une allocation adulte handicapé, pour un adulte, à vie, pour des handicaps installés. Donc ça veut dire qu'on rétablit…
CYRIL VIGUIER
D'autres pays en Europe ont fait ça ?
SOPHIE CLUZEL
On n'a pas du tout les mêmes systèmes, c'est très très variable, mais, oui, il y a des prestations à vie, on arrête, si vous voulez, de faire peser le poids, sans arrêt, de l'annonce du handicap, une fois que vous êtes trisomique, aveugle, doublement amputé, myopathie évolutive, ça va, on vous a compris, on arrête de vous harceler pour redemander des certificats médicaux, on vous donne ces droits à vie, c'est énorme comme simplification et comme, je dirais possibilité de remettre la personne dans sa dignité et d'arrêter de la harceler pour prouver administrativement son handicap.
ORIANE MANCINI
Autre droit que vous voulez mettre en place, les personnes majeures sous tutelle auront à l'avenir un droit de vote inaliénable, ça, ça sera mis en place quand, aux prochaines municipales ?
SOPHIE CLUZEL
Là.
ORIANE MANCINI
Là, des européennes ?
SOPHIE CLUZEL
Des européennes. Elles n'ont plus qu'à s'inscrire, quand le projet de loi va être promulgué…
CYRIL VIGUIER
Plus qu'à s'inscrire ?
SOPHIE CLUZEL
Plus qu'à se réinscrire sur les listes électorales, rien à faire par rapport à leur jugement, ça va sauter, puisque l'article L5 va être levé, et donc j'en appelle à tous les partis politiques, les personnes en situation de handicap sont électeurs, mais elles sont aussi éligibles, plus de 80 millions…
ORIANE MANCINI
Alors justement, vous avez écrit une lettre aux partis politiques à ce sujet le 1er février, est-ce que vous avez eu des réponses ?
SOPHIE CLUZEL
Pas beaucoup de réponses, non.
ORIANE MANCINI
Mais vous en avez eues, de qui ?
CYRIL VIGUIER
Qui a répondu ?
SOPHIE CLUZEL
Bien sûr En Marche, où j'ai été en dialogue, mais pas que, j'ai deux partis qui m'ont répondu, avec lesquels on va travailler, mais…
CYRIL VIGUIER
Lesquels ?
SOPHIE CLUZEL
Le parti populaire… des partis très… des petits partis, mais qui se sont intéressés immédiatement. Moi, ce qui m'intéresse, si vous voulez, c'est de faire un appel…
ORIANE MANCINI
Mais pas de réponse du Rassemblement national, des Républicains, du Parti socialiste ?
SOPHIE CLUZEL
Non. Non.
CYRIL VIGUIER
Après cette matinale peut-être !
SOPHIE CLUZEL
J'espère. Ce qui m'intéresse c'est de lever l'autocensure des personnes en situation de handicap pour aller vers « oui je peux, je peux représenter la nation. » Nous avons plus de 10 millions de personnes en situation de handicap, 85 millions de personnes en situation de handicap en Europe, donc ça vaudrait le coup quand même d'avoir…
CYRIL VIGUIER
Est-ce que vous voulez lancer un appel à ces partis politiques ce matin dans cette matinale, face caméra ?
SOPHIE CLUZEL
Je lance un appel aux partis politiques, mais je lance un appel aux personnes en situation de handicap : osez aller présenter vos candidatures, et, je vous en prie, les partis politiques, retenez-les sur une liste et qu'elles soient en position éligible, voilà.
CYRIL VIGUIER
Merci beaucoup Sophie CLUZEL.
PASCAL JALABERT
Oui, dans votre actualité il y a à la fin du mois la présentation d'un plan pour l'autisme, alors grande question, la France va-t-elle enfin adopter des méthodes qui existent dans d'autres pays et qui semblent particulièrement efficientes ?
SOPHIE CLUZEL
Ces méthodes elles sont indéniables, elles sont préconisées dans les mesures préconisées par la Haute autorité de santé.
PASCAL JALABERT
Pourquoi ça ne marche pas en France ?
SOPHIE CLUZEL
Pourquoi ça ne marche pas en France, parce qu'on a eu beaucoup beaucoup trop de retard sur cette prise en charge. Donc, la stratégie nationale, pour l'autisme, au sein des troubles neuro-développementaux, que j'ai mis en place avec une grande concertation, et ça je tiens à le dire parce que c'était quelque chose, c'était un paysage qui était très morcelé, aussi bien dans les associations, qu'avec les psychiatres, qu'avec les rééducateurs, tout le monde est d'accord pour qu'on avance sur tous les volets, et c'est pour ça que c'est une stratégie. Et tout à l'heure vous avez rappelé que je suis secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, mais c'est surtout, ce qui est important, c'est que je suis rattachée au Premier ministre, ce qui me permet de faire une vraie stratégie nationale pour l'autisme, interministérielle, avec de la recherche, avec l'accès aux soins, avec l'accès au logement, l'accès à l'emploi, l'accès à l'éducation, c'est comme ça qu'on change la donne, et surtout avec une intervention précoce.
PASCAL JALABERT
Vous rappelez le chiffre de familles concernées, parce que c'est beaucoup.
SOPHIE CLUZEL
Plus de 600.000 adultes, 1 naissance sur 100, 1 naissance sur 100, c'est colossal, il faut qu'on travaille aussi sur la cause de l'autisme. C'est pour ça que le 14 mars je fais une conférence, avec tous les ministres européens du handicap, c'est inédit, ils n'avaient jamais été rassemblés. Avec Nathalie LOISEAU, au ministère des Affaires étrangères, nous invitons tous mes équivalents, je dirais, parce qu'il y en a qui sont rattachés à la Santé, au Travail, etc., nous nous réunissons le 14 mars matin, pour travailler justement sur les bonnes pratiques, sur le DuoDay, qui est un outil merveilleux de promotion des compétences des personnes en situation de handicap en insertion professionnelle, et aussi pouvoir se réunir sur les recherches sur l'autisme. Je pense que nous pouvons vraiment accélérer les choses là-dessus en fédérant tous ensemble sur ce sujet.
ORIANE MANCINI
Vous parlez de ces recherches, de ces causes de l'autisme, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'idées reçues à ce sujet, une nouvelle étude récente montre que l'autisme n'est pas lié aux vaccins, s'il fallait le démontrer, comment vous les expliquez, vous, ces idées reçues à ce sujet ?
SOPHIE CLUZEL
Ça, ça fait partie de beaucoup beaucoup de choses autour de l'autisme, on dit aussi que c'est la faute des mères, les « mères frigidaires », enfin je veux dire, on a accusé les mères, on accuse les écrans, on accuse les vaccins, non, justement il faut tordre le cou à ces idées, parce que ça fait énormément de tort, pour les familles, pour la prise en charge justement, ça freine, l'histoire des écrans c'est scandaleux, donc voilà. Il faut absolument remettre les idées justes, c'est pour ça que dans la stratégie pour l'autisme, au sein des troubles neuro-développementaux, nous avons remis le paquet sur la recherche, il faut qu'on remettre la recherche vraiment, et ce discours scientifique est très important.
CYRIL VIGUIER
Sophie CLUZEL, vous avez travaillé, vécu en Floride, on parlait de l'autisme, dans une autre vie. Par rapport à la première puissance économique du monde, la France se classe comment sur vos questions, vous qui avez cette comparaison possible, pour les téléspectateurs ?
SOPHIE CLUZEL
Nous avons un budget global, consacré au handicap, de 46 milliards, en France, ce qui nous place, sur le plan de l'Europe, dans le 3e, 4e pays. On n'a pas à rougir de notre politique et des investissements que l'on fait pour les personnes en situation de handicap, cela concerne les pensions d'invalidité, l'allocation adulte handicap, le financement des établissements médico-sociaux, l'accompagnement des enfants à l'école, mais pour autant le ressenti de la personne n'est pas à la hauteur. Donc, tout notre enjeu ce n'est pas plus, mais c'est mieux, c'est l'efficience de notre politique publique, c'est la problématique des mille-feuilles territoriaux, des trous dans la raquette, c'est là où il faut qu'on soit beaucoup plus efficients, et c'est là où, sur la sortie du grand débat, je suis attendue par les personnes en situation de handicap, pour avoir une politique beaucoup plus efficiente.
CYRIL VIGUIER
Merci Sophie CLUZEL. Vous retournez aux Etats-Unis de temps en temps ?
SOPHIE CLUZEL
Non, j'aimerais bien plus, mais là c'est un peu compliqué.
CYRIL VIGUIER
Sophie CLUZEL, Secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, merci d'avoir été notre invitée politique ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mars 2019