Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Laurent NUNEZ, bonjour.
LAURENT NUNEZ
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Secrétaire d'Etat à l'Intérieur, en fait le ministre de la police en quelque sorte, un peu. Bon. Notre-Dame de Paris est sauvée, sécurisée. Les enquêteurs vont pouvoir continuer à fouiller les décombres à la recherche évidemment d'indices sur l'origine de l'incendie. Est-ce que la thèse de l'accident est toujours privilégiée ?
LAURENT NUNEZ
Ecoutez, l'enquête est toujours en cours, confiée donc à la Police judiciaire de la préfecture de police de Paris sous l'autorité du parquet. Donc cette enquête se poursuit, il y a des auditions, des exploitations techniques qui vont commencer et, pour l'instant, on peut dire que la thèse accidentelle est privilégiée. Mais il faut être très prudent et, comme vous le savez, les investigations relèvent surtout de la justice et je me garderai bien de me prononcer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr. De la justice, bien sûr. Mais aucun élément pour l'instant n'indique une éventuelle origine criminelle ?
LAURENT NUNEZ
Aucun élément ne va dans ce sens pour l'instant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aucun. Combien de temps va durer cette enquête ?
LAURENT NUNEZ
Cette enquête, elle peut durer plusieurs mois. Les investigations sont toujours très longues, il y a beaucoup d'exploitations à faire. Ce qui compte, c'est l'exhaustivité du travail qui va être mené par les enquêteurs de, en l'occurrence, c'est la brigade criminelle qui est saisie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la brigade criminelle, oui.
LAURENT NUNEZ
… qui a été saisie dans un premier temps et puis, donc, ces investigations vont se poursuivre notamment techniques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous dis ça parce que je vois fleurir ici ou là des questions sur d'autres origines de cet incendie qui pourrait être criminel justement. Avec des supputations et même des théories un peu complotistes. Pour l'instant il n'y a rien, rien ne peut étayer ce genre d'allusion ?
LAURENT NUNEZ
Mais enfin, il n'échappe à personne que chaque fois qu'il se passe des événements dans ce pays, je pense à l'attentat de Strasbourg, ou d'autres événements, il n'échappe plus à personne que les complotistes s'en emparent immédiatement et laissent à penser que ça peut être un incendie criminel, que le gouvernement serait allé allumer pour détourner l'attention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais là il ne s'agit pas du gouvernement mais il s'agirait…
LAURENT NUNEZ
On est dans le complotisme le plus fou, ça n'a aucun sens. Voilà, il n'y a aucun élément qui laisse à penser que ça puisse être un acte volontaire. Voilà, il faut rester extrêmement prudent bien sûr. Mais à ce stade, c'est la thèse accidentelle qui est privilégiée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Et au passage, attention aux faux appels au don, Laurent NUNEZ, qui fleurissent ici ou là.
LAURENT NUNEZ
Bien sûr, bien sûr. Attention aux escroqueries. On sait que chaque fois qu'il y a des catastrophes comme celle-là, des incidents graves, il y a toujours donc des escrocs qui essaient de capter des dons. Et c'est bien pour ça que le gouvernement met en place tout un dispositif pour recevoir ces dons de la manière la plus transparente qui soit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Laurent NUNEZ, samedi dernier place de la République à Paris, des gilets jaunes invectivent les forces de l'ordre : « Suicidez-vous ! » crient-ils, allusion aux vingt-huit suicides de policiers depuis le mois de janvier. Ce matin, comment qualifiez-vous ces slogans ?
LAURENT NUNEZ
Bien, ces slogans, c'est pitoyable. C'est abject. Je pense que ce sont le fruit de personnes qui sont… Enfin, on est à la limite de l'imbécilité. Enfin, je veux dire, qu'est-ce qui peut justifier qu'on crie de tels slogans à l'endroit des policiers qui sont les mêmes qui nous protègent, qui luttent contre la délinquance, qui luttent contre le terrorisme ? Ce sont les mêmes, quand ces personnes appellent le 17 parce qu'il y a un acte délictueux qui se commet ou quand ils ont été victimes d'un cambriolage, ce sont les mêmes policiers auxquels on fait appel. Enfin, il n'y a rien qui justifie ces slogans qui sont encore une fois pitoyables et abjects et qui, de toute façon, tombent sous le coup de la loi. Et donc une enquête a été ouverte et, croyez-moi, tout sera mis en oeuvre pour retrouver ces individus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous en avez déjà identifié certains ?
LAURENT NUNEZ
Les investigations sont en cours, pas au moment où on se parle mais nous identifierons des personnes. Vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous identifierez des personnes ?
LAURENT NUNEZ
Chaque fois qu'il y a eu des exactions, des délits commis à l'occasion de ces manifestations qui dérapent souvent en violences urbaines, en émeutes, chaque fois la police judiciaire a fait son oeuvre et chaque fois nous avons procédé à des interpellations. Et croyez bien que nous ferons tout pour retrouver les auteurs de ces propos.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment allez-vous faire pour les identifier ? Est-il vrai que des manifestants ont été marqués avec un produit bleu indélébile ? C'est vrai ou pas ?
LAURENT NUNEZ
Là, ce n'est pas le sujet. Là, on va beaucoup travailler, je pense, sur la vidéo, sur les témoignages. Voilà, les enquêteurs vont saisir énormément de pièces de manière à pouvoir identifier les individus qui peuvent être connus de notre documentation, être plus facilement identifiés. On peut diffuser des photos. On diffusera des photos sur le territoire national.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais à force, vous connaissez tous les manifestants du samedi. Pas tous mais beaucoup.
LAURENT NUNEZ
On ne les connaît pas tous. On en connaît une partie et, en tout cas, on en interpelle beaucoup de ceux qui commettent des exactions. Je veux le rappeler, on en interpelle beaucoup. On est à près de douze mille interpellations et je crois que… J'espère vraiment qu'on augmentera ce chiffre des individus qui ont crié ces slogans qui sont vraiment, encore une fois, pitoyables et abjects.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. A Landivisiau, ce sont des inscriptions sur la gendarmerie. Landivisiau dans le Finistère. Là aussi, enquête ouverte évidemment.
LAURENT NUNEZ
Bien sûr, bien sûr. Alors vous avez Landivisiau sur les locaux de la brigade territoriale de gendarmerie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De gendarmerie, oui.
LAURENT NUNEZ
Vous avez un tag identique qui a été inscrit à La Ciotat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A La Ciotat ?
LAURENT NUNEZ
Non loin d'un rond-point qui était occupé régulièrement par les gilets jaunes. Et puis vous aviez une personne, vous avez une personne hier qui à Caussade, dans le département du Tarn-et-Garonne, avait ces slogans sur sa camionnette et il a été interpellé dès hier soir. Voilà. Donc nous serons intraitables vis-à-vis de ces slogans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ces slogans sur sa camionnette ? « Suicidez-vous. »
LAURENT NUNEZ
Oui, oui. Un individu qui avait ces slogans sur sa camionnette avec des petits gilets jaunes d'ailleurs, donc pour signer un petit peu l'origine de ce slogan. Je n'accuse personne mais, voilà, c'est à l'occasion de ces manifestations…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ne dites pas : « Je n'accuse personne », vous accusez les gilets jaunes. Les ultra jaunes si je puis dire.
LAURENT NUNEZ
En tout cas, celui que nous avons interpellé à Caussade revendiquait apparemment son appartenance au mouvement. Je n'accuse personne mais, en tout cas, ces individus-là en particulier nous les retrouverons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La haine du flic, c'est quoi ? C'est la haine du flic ?
LAURENT NUNEZ
Chez certaines personnes très minoritaires dans notre pays, car les sondages le montrent : il y a une vraie adhésion à ce que sont, ce que représentent nos forces de l'ordre, policiers et gendarmes. Mais chez certains individus, oui, on a une haine du flic. Vous savez, les policiers, quand ils interviennent dans certaines interpellations, dans certains quartiers, ils essuient des injures, des critiques qui sont assez violentes. On a aussi des exemples, il faut le dire, de policiers qui à leur domicile, devant leur domicile ont pu faire l'objet de tags. Dans certains quartiers, on a le nom des policiers qui patrouillent sur le périmètre, que ce soit des policiers des BAC, des policiers des brigades, des BST, des groupes de sécurité de proximité. On a parfois leurs prénoms qui sont tagués sur les murs. Donc oui, il y a chez certains individus une haine du flic. Heureusement ils sont minoritaires, mais chaque fois tout est fait pour les retrouver et les sanctionner.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on devrait faire du name and shame avec ces individus ?
LAURENT NUNEZ
On peut le faire mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les nommer, les désigner ?
LAURENT NUNEZ
Enfin, on ne va pas les désigner.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
LAURENT NUNEZ
Ce qui compte, c'est qu'ils soient retrouvés et condamnés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Punis.
LAURENT NUNEZ
Jugés et condamnés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et punis. Il y a eu des réactions après ce qui s'est passé samedi de gilets jaunes. « On ne peut pas cautionner, disent-ils, mais on peut essayer de comprendre face à la répression actuelle en France et tout ce que nous subissons avec des arrestations arbitraires et des mutilations. »
LAURENT NUNEZ
De toute façon, ces réactions ne sont pas audibles. C'est le « on ne cautionne pas mais on peut expliquer parce qu'il y aurait une répression », quelle répression ? Il n'y a pas de répression.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il paraît qu'il y a eu de la répression plus forte samedi dernier. Moi j'ai entendu plusieurs témoignages.
LAURENT NUNEZ
Je vais y venir. Un : il n'y a pas de répression du mouvement. Il y a une réponse des policiers qui est toujours proportionnelle à des attaques et à des agressions. Il n'y a jamais de policiers qui s'en prennent à des manifestants qui ne font rien et qui sont pacifiques. C'est faux. Il faut arrêter de dire ça, c'est ridicule et toutes les images en attestent et toutes les observations en attestent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y en a, des images.
LAURENT NUNEZ
Samedi, qu'est-ce qui s'est passé samedi à Paris comme d'ailleurs à Toulouse la semaine d'avant ? Ça ne vous a pas échappé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
LAURENT NUNEZ
Nous avons clairement annoncé que la doctrine serait durcie. Dès que des black blocs se constituent, dès le début nous intervenons. Les forces de l'ordre interviennent. C'est ce qui s'est passé à Toulouse : il n'y a pas eu de débordements. Ça a duré toute l'après-midi, il a fallu disperser systématiquement les black blocs et il n'y a pas eu de débordements. Samedi c'est aussi ce qui s'est passé. Le cortège sur une manifestation déclarée est parti de Bercy et puis à un certain moment, vous avez des individus qui se sont vêtus de noir, qui ont tenté de commettre des exactions. Eh oui, la police est intervenue comme nous le demandons avec Christophe CASTANER. Ils sont intervenus systématiquement pour disperser ces groupes. Ça a été vrai tout au long du parcours puis ensuite à l'arrivée sur la place de la République. Mais il n'y a pas de répression, il y a une riposte de policiers qui vise à éviter des exactions, des pillages de commerces, des atteintes à nos forces de l'ordre. Et c'est ce que les Français nous demandent et nous le faisons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des black blocs ont été arrêtés ?
LAURENT NUNEZ
... C'est ce que les Français nous demandent et nous le faisons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des black blocs ont été interpellés ?
LAURENT NUNEZ
Il n'y a pas eu d'interpellation de black blocs, mais il y a eu interpellations d'individus sur la place de la République, qui avaient pu commettre des exactions, qui avaient pu avoir le visage dissimulé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un pompier.
LAURENT NUNEZ
Oui, vous êtes bien informé. Malheureusement oui, nous avons un groupe qui était équipé comme des black blocs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du Val d'Oise.
LAURENT NUNEZ
... puisque que, pour vos téléspectateurs, le black bloc c'est plus une forme d'action qu'une structure…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, une forme d'action, bien sûr.
LAURENT NUNEZ
Mais on a effectivement eu, parmi un certain nombre d'interpellés, un pompier, donc, qui a d'ailleurs été placé en détention provisoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
219 gardés à vue.
LAURENT NUNEZ
219 gardés a vue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est bien cela.
LAURENT NUNEZ
Et sur le plan national, encore plus de 300 interpellations, ce qui est vraiment le signe fort de ce que nous exprimons, c'est l'autorité de l'Etat, et encore une fois, il n'y a pas eu de débordements, il n'y a pas eu de constitution de black blocs, et sur Paris il y a eu quelques vitrine dégradées, il y a eu très peu de pillages, grâce à l'engagement total des forces de police et de gendarmerie, que je veux à nouveau saluer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Laurent NUNEZ, je vais revenir sur les suicides dans la police, parce que c'est un drame, 28 depuis le début de l'année. C'est bien le chiffre, vous confirmez le chiffre de 28.
LAURENT NUNEZ
C'est le chiffre. Par rapport au même moment l'année dernière, nous étions à 14.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 1er mai, dans une semaine, que lit-on sur les réseaux sociaux ? Parce que je suis allé voir. « 1er mai, acte ultime, Paris capitale de l'émeute ». Voilà ce qu'on lit, plus de 10 000 personnes intéressées pas ce qui est écrit. Je lis encore : « Nous lançons un appel à tous les révolutionnaires de France et d'ailleurs, à tous ceux qui veulent que cela change. La répression s'abat sur toutes et tous, notre riposte doit être commune et solidaire. Contre MACRON et son monde, prenons la rue pour faire revivre la convergence des colères et des espoirs, préparons-nous, équipons-nous, organisons-nous pour le renverser et lui faire revivre une journée d'enfer. La guerre est déclarée ». Voilà ce que vous avez lu aussi, évidemment…
LAURENT NUNEZ
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vos services connaissent.
LAURENT NUNEZ
Nous les connaissons, ils sont... ils remontent déjà à quelques semaines, donc plus on approche de la date…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 1er mai donc.
LAURENT NUNEZ
... plus ces slogans s'intensifient, et donc la réponse, de toute façon, elle est simple, la réponse c'est la même que celle que nous avons apportée samedi dernier, c'est la même que nous apportons, que nous préparons, pardon, à apporter, c'est une réponse avec des effectifs qui sont présents en masse, dans le même état d'esprit, beaucoup de réactivité, beaucoup d'interventions, beaucoup de mobilité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De fermeté.
LAURENT NUNEZ
Et beaucoup d'interpellations, et beaucoup de fermeté. On ne laissera pas se constituer des black blocs dans Paris. On ne laissera pas se constituer du black bloc dans Paris. Il y aura une intervention immédiate, immédiate des forces de l'ordre et avec, bien évidemment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec beaucoup de contrôles, évidemment, effectués en amont.
LAURENT NUNEZ
Bien évidemment beaucoup de contrôles en amont, il y en a eu 20 000 qui ont été effectués, 20 000 ce qui est énorme, en amont, qui permettent d'interpeller des individus qui ont parfois des armes par destination…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de contrôles et de policiers que de manifestants, à la limite, Laurent NUNEZ.
LAURENT NUNEZ
Plus de contrôles policiers, il y aura aussi une action avec nos partenaires étrangers, nos partenaires des services de police étrangers, qui nous donneront sans doute des noms d'individus qui peuvent venir de pays européens, que nous interdirons, auxquels nous interdirons l'accès sur le territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous craignez le 1er mai ?
LAURENT NUNEZ
On craint le 1er mai, comme on craint tous les samedis, mais on les craint dans la sérénité, parce qu'on a une doctrine, des forces de police et des forces de gendarmerie qui sont rodées et qui sont très efficaces et qui le seront à nouveau le 1er mai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des extrémistes qui risquent d'intégrer les cortèges ou le cortège syndical du 1er mai, Laurent NUNEZ, ce qui pose problème d'ailleurs.
LAURENT NUNEZ
Ce qui peut poser problème…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour la gestion de l'ordre.
LAURENT NUNEZ
Mais vous vous souvenez que l'an passé il y avait eu un cortège à part, un cortège de tête où les black blocs s'étaient infiltrés, mais bien évidemment ils vont essayer d'infiltrer ces cortèges, ce qui est une tactique et une stratégie qui est régulièrement suivie et à laquelle nous sommes préparés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que répondez-vous aux syndicats de journalistes qui vous disent : est-ce qu'il n'y a pas une volonté d'intimider les photographes de Presse sur le terrain ?
LAURENT NUNEZ
Non, il n'y a aucune volonté d'intimider. Il y a aucune atteinte. J'ai lu un tweet de monsieur HAMON qui compare la façon dont on gère la liberté de la Presse en France, à la Hongrie et à d'autres pays. Je trouve que c'est assez indigne, c'est assez indigne de pouvoir dire ça. Ce qui s'est passé, puisque ce dont on parle, c'est de monsieur GLANZ, en fait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, entre autres, entre autres.
LAURENT NUNEZ
Monsieur GLANZ il est journaliste, que je sache il n'est pas au-dessus des lois, il est comme tous les citoyens français, et un outrage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les journalistes ont parfois un sentiment d'impunité ? Qu'en pensez-vous ?
LAURENT NUNEZ
Ce n'est pas ce que je dis, mais un outrage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais je vous pose la question, Laurent NUNEZ, qu'est-ce que vous pensez de ça ?
LAURENT NUNEZ
Un outrage, c'est un délit de droit commun. On n'est pas dans la liberté de la Presse. Monsieur GLANZ, il n'a pas été interpellé pour qu'il arrête de filmer ce qu'il filmait, il a été interpellé parce qu'il a commis un outrage à l'endroit des policiers, comme ça se passe dans certains quartiers…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un doigt d'honneur.
LAURENT NUNEZ
Un doigt d'honneur dans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, est-ce qu'un doigt d'honneur, franchement, est-ce que pour un doigt d'honneur on doit être placé en garde-à-vue pendant 48 heures ?
LAURENT NUNEZ
C'est un outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. Voilà. Donc ça mérite...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour un point d'honneur on est placé en garde-à-vue pour 48 heures.
LAURENT NUNEZ
Ça mérite d'être sanctionner, on n'est pas dans la liberté de la Presse, on est dans un délit de droit commun. A partir du moment où on n'adopte les codes des délinquants, eh bien on est puni de la même façon. Enfin, on est d'abord interpellé, poursuivi en justice de la même façon. Donc monsieur GLANZ est condamné, il est sous contrôle judiciaire, il a une interdiction de paraître le 1er mai et tous les samedis qui viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il dit : « J'irai le 1er mai et j'irais les samedis, je ferai mon métier ».
LAURENT NUNEZ
Il se mettra en contravention avec la loi, et vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il sera arrêté. Il sera arrêté ?
LAURENT NUNEZ
Violer son contrôle judiciaire, c'est... Mais bien sûr qu'il sera arrêté, mais attendez, nous, nous sommes, enfin, les fonctionnaires de police et les militaires de la gendarmerie sont dépositaires du respect de la loi, ils sont garants du respect de la loi, violer son contrôle judiciaire c'est gravissime. Je pense que monsieur GLANZ, avec ses avocats, va réfléchir aux déclarations qu'il a faites, effectivement, au sortir de sa garde à vue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai qu'il est fiché S ?
LAURENT NUNEZ
C'est une information que je ne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous n'avez pas.
LAURENT NUNEZ
On ne parle jamais des Fichés S, vous le comprenez aisément. Mais en tout cas je condamne vraiment fermement ceux des responsables politiques…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, il explique quand même qu'il a reçu une grenade, et qu'il a cherché le commissaire pour s'expliquer avec lui…
LAURENT NUNEZ
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
... qu'il a été à peu bousculé, c'est là qu'il a apostrophé la police et qu'il a fait ce doit d'honneur.
LAURENT NUNEZ
Oui, enfin c'est ce qu'il dit, mais je note que pendant sa garde à vue ce n'est pas ce qui a été retenu, puisqu'il est convoqué et on verra ce que dira le…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais rien à voir…
LAURENT NUNEZ
On verra ce qui sera dit en jugement. Vous imaginez bien que dans la fin de la manifestation sur République, avec les tensions qu'il y avait, notre souci d'aller interpeller les individus qui avaient causé des troubles auparavant, vous imaginez une seconde que je pense que le commissaire de police, qui était à la tête de l'unité au devant de laquelle s'est porté monsieur GLANZ, je pense que le commissaire de police il avait autre chose à faire que de donner une explication à monsieur GLANZ sur ce qui s'était passé. Le commissaire de police, il était en lien avec le préfet de police, et il appliquait nos instructions qui étaient d'éviter qu'il y ait des débordements et de procéder à des interpellations. Il avait autre chose à faire le commissaire de police.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La forte augmentation du nombre de suicides, est-elle liée à la mobilisation des week-ends pour sécuriser les manifestations de gilets jaunes ? Franchement.
LAURENT NUNEZ
Parler du suicide c'est toujours compliqué.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est très compliqué.
LAURENT NUNEZ
Le ministre de l'Intérieur l'a redit la semaine dernière. C'est un dossier que je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne voudrais pas justement qu'on fasse des raccourcis…
LAURENT NUNEZ
Mais justement, il ne faut pas faire de raccourcis, c'est un sujet qui est complexe. Il y a dans le passage à l'acte, des motifs personnels qui interviennent souvent, mais nous pensons avec Christophe CASTANER que la dureté du métier de policier, le fait d'être confrontés à la violence, à la délinquance, aux victimes aussi, et il faut le dire aussi aux insultes et aux attaques dont font l'objet, de la part de certains, minoritaires heureusement, les policiers, ça peut créer aussi une vulnérabilité qui peut dans certaines situations de détresse personnelle rendre facile le passage à l'acte. Donc nous ne voulons pas distinguer les motifs personnels des motifs professionnels. Et donc c'est pour cela que le ministre a annoncé un plan, un plan qui avait été annoncé par monsieur COLLOMB, mais il a demandé que ce plan soit... sa mise en oeuvre soit accélérée avec surtout, et donc la création d'abord d'une cellule, alerte et prévention au suicide…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 29 avril.
LAURENT NUNEZ
Qui va être installée le 29 avril, on recevra ensuite les organisations syndicales, mais l'idée c'est de renforcer la détection, de vraiment mettre l'accent sur la détection et sur la prise en charge ensuite des individus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment ? Alors comment ?
LAURENT NUNEZ
La détection, ça veut dire qu'il faut qu'on sensibilise mieux qu'elle ne l'est la hiérarchie, ceux qui sont au plus près des policiers qui sont en situation de détresse de passer à l'acte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Soient plus attentifs au mal-être de ceux qui sont sur le terrain.
LAURENT NUNEZ
Etre plus attentifs au mal-être. La hiérarchie de tous les professionnels, que ce soit dans nos services : les médecins, les intervenants sociaux, qu'ils soient mieux sensibilisés pour mieux détecter. Et ensuite, c'est la prise en charge qui peut – qui peut – être effectuée par des personnes de l'extérieur, d'où le fait que l'on va aussi avoir des conventions avec des prises en charge avec, par exemple, des psychiatres extérieurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Les plus touchés sont les fonctionnaires de sécurité publique.
LAURENT NUNEZ
C'est plus de la moitié effectivement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de la moitié. Pourquoi ?
LAURENT NUNEZ
Mais malheureusement, ce n'est pas qu'eux. On a aussi des fonctionnaires de la police aux frontières. On a aussi des officiers qui travaillent dans le secteur judiciaire qui est un secteur éprouvant en termes de procédures. Vous n'avez pas la contrainte de l'ordre public. Donc il y a parfois des situations de mal-être qui peuvent être accentuées par la dureté du métier de policier. C'est ça qu'il faut que nous prenions en compte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le taux de suicide dans la police est supérieur de 36 % à celui observé dans la population générale. C'est donc qu'il se passe quelque chose, Laurent NUNEZ.
LAURENT NUNEZ
Il se passe quelque chose. Encore une fois les causes sont…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Malheureusement, malheureusement.
LAURENT NUNEZ
Les causes sont toujours multiples…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Oui, il y a peut-être des causes personnelles très difficiles. On est bien d'accord mais…
LAURENT NUNEZ
Difficiles à déceler et c'est ce qu'il faut qu'on arrive à… Il faut qu'on réussisse, il faut qu'on parvienne à mieux détecter ces cas, car le nombre de suicides : vingt-huit, quatorze au même moment l'année dernière ; sur toute l'année il y en a eu trente-cinq l'année dernière, on est déjà à vingt-huit suicides, c'est énorme. Donc il faut intensifier ce plan, il faut intensifier les actions que nous allons mener pour prévenir le suicide dans la police et aussi dans la gendarmerie puisque la gendarmerie est également concernée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. 60% des policiers se suicident, se donnent la mort avec leur arme de service, Laurent NUNEZ.
LAURENT NUNEZ
Oui, c'est ça. C'est le chiffre exact. Oui, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut à nouveau laisser les armes au travail ?
LAURENT NUNEZ
Ecoutez, les fonctionnaires ont la possibilité de partir avec leur arme de service. D'ailleurs les fonctionnaires de la police nationale et les militaires de la gendarmerie sur autorisation de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Vous ne reviendrez pas là-dessus.
LAURENT NUNEZ
Il n'est pas question de revenir là-dessus parce qu'il y a deux raisons principales au fait que les fonctionnaires de police et les militaires de la gendarmerie aient leur arme. C'est que d'abord, ça leur permet d'intervenir en cas… S'ils assistent par exemple à une attaque terroriste, donc c'était l'idée qu'il y avait derrière ça, à la demande d'ailleurs des policiers et des gendarmes. A leur demande. Et puis la deuxième raison, c'est que, on l'a vu, les policiers - on l'a vu à Magnanville, on le voit - demeurent des cibles éventuelles de terroristes, et donc il est tout à fait normal qu'ils puissent être armés dans les conditions réglementaires prévues en dehors du service. Donc pour l'instant, il n'est pas envisagé de revenir sur cette mesure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Donc c'est la hiérarchie qui devra veiller avant tout.
LAURENT NUNEZ
A la hiérarchie de veiller quand un fonctionnaire ou un militaire de la gendarmerie est en situation de détresse. A la hiérarchie de veiller à ce que l'on désarme ce fonctionnaire de police ou ce militaire comme on dit dans le jargon policier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il le faut.
LAURENT NUNEZ
S'il le faut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Merci beaucoup Laurent NUNEZ d'être venu nous voir ce matin.
LAURENT NUNEZ
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 avril 2019