Interview de Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé à BFMTV le 26 avril 2019, sur les revalorisations des petites retraites, l'âge de la retraite, la gestion hospitalière et la PMA.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès BUZYN est notre invitée ce matin, ministre des Solidarités de la Santé. Bonjour.

AGNES BUZYN
Bonjour.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous au lendemain de la conférence de presse du président de la République. Je ne vais pas revenir sur toutes les décisions présentées par Emmanuel MACRON hier mais nous allons approfondir certains choix et, évidemment, dans les domaines qui vous concernent. Au-delà des commentaires, je voudrais que nous soyons dans le concret alors je vais y aller tout de suite. Mille euros de retraite minimum pour qui ?

AGNES BUZYN
Pour les personnes qui auront eu une carrière complète et qui arriveront à la retraite, le président de la République a exprimé le fait qu'il ne comprenait pas que certains artisans, certains agriculteurs se retrouvent avec des toutes petites retraites alors qu'ils ont travaillé toute leur vie, et il veut donc un minimum de retraite contributive.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce un SMIC retraite en quelque sorte ?

AGNES BUZYN
En quelque sorte. C'est-à-dire que quand on aura cotisé toute sa vie, on aura au minimum mille euros de retraite. C'est-à-dire c'est ce qui est supérieur de cent euros, puisqu'aujourd'hui nous serons bientôt à 900 euros de minimum vieillesse ; le minimum vieillesse c'est ce que touchent les gens qui n'ont pas pu cotiser toute leur vie. Et donc il veut un différentiel entre les gens qui ont travaillé toute leur vie et ceux qui reçoivent un minimum vieillesse par la solidarité, payé par la solidarité. Et donc ce sera une forme de seuil minimal en deçà desquels les retraites ne pourront pas descendre. Donc mille euros…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?

AGNES BUZYN
Donc nous allons essayer de le mettre en oeuvre dès 2020 en flux, c'est-à-dire pour toutes les personnes qui arriveront à la retraite en 2020, et il faut évidemment qu'on dégage des marges de manoeuvre sur les retraites, donc nous allons y travailler. C'est une demande du président de la République et c'est, je pense, quelque chose qui est beaucoup ressorti du grand débat. Certaines personnes exprimant que ça n'est pas normal d'avoir travaillé toute sa vie et d'avoir de si petites retraites, je crois que le président a été très sensible à cela.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quels que soient les trimestres cotisés ?

AGNES BUZYN
Donc il y a aujourd'hui, vous savez, un nombre minimal de trimestres à cotiser. La question est de savoir : est-ce que nous poussons un peu plus loin le nombre de trimestres cotisés pour que les personnes soient amenées à travailler un peu plus longtemps, sachant que ceux qui ont déjà fait des carrières longues peuvent partir évidemment à 62 ans comme prévu ? Ou est-ce que nous mettons en place un système de surcote ou de décote pour permettre aux gens qui le souhaitent de travailler plus longtemps ? Nous allons travailler à cela avant l'été.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Sur la réforme des retraites, donc je vais y revenir sur la réforme des retraites, mais je voudrais des précisions. Donc première précision, réindexation des retraites sur l'inflation le 1er janvier prochain, pour les retraites inférieures à 2 000 euros. Pour les autres retraites, ce sera à partir de 2021, janvier 2021. C'est bien cela ?

AGNES BUZYN
Sûrement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Là finalement, le président de la République revient simplement sur ce qui se faisait avant. Il n'y a rien de nouveau là.

AGNES BUZYN
Ça reprend le cours normal de l'évolution.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Quelle bêtise ! Quelle bêtise pour revenir… Non mais franchement…

AGNES BUZYN
Non, de toute façon… Non, excusez-moi, il n'était pas… Pour l'instant, nous n'avions pris aucune décision sur les retraites après 2020. La seule décision qui avait été prise, c'était une moindre indexation des retraites en 2019 et 2020, et aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle bêtise !

AGNES BUZYN
Non. Je crois que nous avons peut-être poussé trop loin les demandes et la pression qui a été faite sur les retraités. Ça partait de l'idée, vous le savez, que la moyenne des retraites touchées par les Français aujourd'hui est supérieure à la moyenne des salaires, et donc, l'idée était de demander un effort supplémentaire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mauvaise idée.

AGNES BUZYN
Voilà. Ça n'a pas été compris…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis content parce qu'ici on a beaucoup poussé là-dessus.

AGNES BUZYN
Oui. La réindexation. Voilà, c'est acté et les Français savent maintenant que cela va être réglé. Cela dit, je rappelle qu'il y aura donc en 2019 pour les retraités qui touchent plus de 2 000 euros, nous garderons l'indexation à 0,3 % de l'inflation. Et c'est simplement à partir de 2021 où toutes les retraites seront indexées à l'inflation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, voilà. Mais ça c'est… OK. La réforme des retraites sera présentée cet été, on est bien d'accord.

AGNES BUZYN
[Hochement de tête]

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors si j'ai bien compris, on ne touche pas à l'âge légal de 62 ans. On est bien d'accord ?

AGNES BUZYN
Je crois que c'est clair.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Là, c'est clair ? Bon.

AGNES BUZYN
Ah non, c'est clair.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Maintenant c'est clair. Non, parce qu'il y a eu plusieurs discours dont le vôtre.

AGNES BUZYN
Non, moi je n'ai jamais parlé de l'âge légal.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est vrai. C'est vrai, c'est vrai.

AGNES BUZYN
J'ai parlé de travailler plus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Il faudra donc travailler plus.

AGNES BUZYN
Absolument.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour toucher une retraite pleine.

AGNES BUZYN
Alors nous allons aujourd'hui travailler à différents scénarios. Ils ne sont pas actés. La demande du président, vous l'avez compris, c'est que nous travaillons un peu plus, que ceux qui le souhaitent gardent le choix. Il l'a bien dit : il veut la liberté. Il propose aux Français la liberté de choisir entre travailler plus, un peu plus longtemps peut-être, avec un système de surcote ou de décote en fonction de l'âge de départ et/ou un nombre de trimestres augmenté. Nous verrons quelle est la solution la plus appropriée, qui favorisera pour ceux qui le souhaitent de travailler plus longtemps. Mais ceux qui voudraient partir à 62 ans partiront à 62 ans. Et de toute façon, les carrières longues ne seront pas impactées. C'est ça l'objectif. C'est que les gens qui ont travaillé depuis l'âge de 16 ans, qui ont eu des métiers pénibles, puissent partir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que la durée de cotisation sera allongée.

AGNES BUZYN
Nous allons travailler sur les différents scénarios.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, évidemment. Si on travaille plus longtemps, on cotise plus longtemps. C'est logique non, Agnès BUZYN. J'essaye d'être plein de bon sens.

AGNES BUZYN
Il y aura le choix et je crois que c'est ça que veulent les Français.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura le choix.

AGNES BUZYN
Il y aura le choix.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire qu'on partira plus tôt mais avec une retraite moindre. Et si on part plus tard, on aura une retraite plus importante, au-delà avec une surcote.

AGNES BUZYN
Avec peut-être une surcote pour ceux qui acceptent de travailler plus longtemps. C'est cela que nous allons travailler avec le Haut-commissaire à la réforme des retraites. Et donc l'idée, c'est que chaque Français puisse choisir avec, je pense que ç'a été clair, l'idée qu'en moyenne dans la vie des Français nous travaillons moins longtemps que la plupart de nos voisins, parce que nous rentrons tard dans le monde du travail, parce que nous partons relativement tôt à la retraite et que nous vivons très longtemps. Et ça, c'est une chance pour les Français : nous avons en moyenne à l'âge de 60 ans, 25 ans à la retraite et donc il faut évidemment être en capacité d'assumer tout ça. C'est un choix de société. Mais l'idée, c'est que chacun puisse choisir le schéma qui lui correspond le mieux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais Agnès BUZYN, dans certains pays que vous citez – tiens, vous pensez peut-être aux pays nordiques, en Suède par exemple - on part à la retraite plus tard qu'en France, c'est vrai, mais on part à 68, 69 et même 70 ans. Mais pourquoi ? Parce que pendant sa vie professionnelle, on a pu s'arrêter sans perdre ses droits à la retraite. On a pu s'arrêter pendant six mois, un an et même deux ans pour se former, pour élever des enfants, ce qui n'existe pas en France.

AGNES BUZYN
Ça fait partie de la réforme qui est actuellement discutée par le Haut-commissaire avec les partenaires sociaux. C'est de savoir quels sont des moments de la vie qui amènent à des droits contributifs, parce qu'on peut avoir dans sa vie un moment de chômage évidemment, un moment de maladie, un moment où on est aidant. Et le président de la République a souhaité…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous parler des aidants, ne vous inquiétez pas.

AGNES BUZYN
A souhaité que l'on réfléchisse à la façon d'accompagner les aidants familiaux. Il y en a énormément dans notre pays.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir. Ne vous inquiétez pas, je vais y revenir. Le financement de la dépendance donc, pas de suppression de jour férié, on est bien d'accord. Quel financement, 2025 ? Quel financement alors ? On a rien, pas de précision supplémentaire.

AGNES BUZYN
Vous avez vu que la commande est claire. Vous aurez à l'automne un texte de loi sur la dépendance qui proposera évidemment à la fois un schéma, un schéma de société et un schéma financier. Donc nous sommes en train de travailler aujourd'hui aux différents scénarios. Il est clair que le président de la République a fermé la porte. Il a fermé la porte à revenir sur les 35 heures, sur un jour férié travaillé, et donc nous avons à réfléchir aujourd'hui aux solutions mais il y en aura.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Peut-être la CRDS en 2024.

AGNES BUZYN
Il y aura peut-être la CRDS en 2024. Peut-être la CRDS plus autre chose.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Mais on utilisera la CRDS. La CRDS, ça va être utile pour financer.

AGNES BUZYN
En tous les cas, c'est une des propositions du rapport qui m'a été remis et c'est une proposition qui est poussée par beaucoup. La CRDS pour nos auditeurs, je pense que, si vous me permettez Monsieur BOURDIN, je vais faire mon travail de journaliste…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y.

AGNES BUZYN
Donc je vais expliquer ce qu'est la CRDS. Aujourd'hui, c'est une cotisation que tout le monde paye aujourd'hui sur les salaires et qui permet de rembourser la dette de la Sécurité sociale. La dette de la Sécurité sociale devrait être remboursée en 2024 et l'idée de certains, c'est que cette cotisation, cette taxe que nous payons eh bien elle soit… On continue de la payer après 2024, après le remboursement de la dette, et qu'elle serve à financer la dépendance.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est une très bonne idée d'ailleurs. Moi, je la pousse. Enfin, bon, ce n'est pas moi qui suis au pouvoir.

AGNES BUZYN
C'est une très bonne idée.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Aucune fermeture d'hôpital dans les trois ans qui viennent. Ça veut dire quoi ? Qu'aucun service hospitalier, qu'aucune maternité ne sera fermée Agnès BUZYN ?

AGNES BUZYN
Je crois que le président de la République a mis une nuance, il a dit : « Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de restructuration ». Et ces restructurations, nous savons…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je n'aime pas ce mot « restructuration », enfin, je ne l'aime pas…

AGNES BUZYN
Eh bien des réorganisations de services, possibles. D'abord pourquoi ? Parce que nous savons…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que... Non mais attendez attendez, ça veut aucun service, aucune maternité ne fermera ?

AGNES BUZYN
Ça veut dire : aucun site hospitalier ne disparaîtra aujourd'hui de la carte, et sans l'avis des maires, donc ça veut dire que quelque part le président de la République nous engage à travailler beaucoup plus avec les élus locaux, quand il s'agit de réformer un hôpital ou une école et à repenser les organisations, c'est cela qu'il a dit, il veut que l'école et l'hôpital, qui sont des lieux très emblématiques de proximité et de services publics de proximité pour les Français, soient évidemment amenés à évoluer parce que les flux de populations sont tels que de temps en temps il faut évidemment soit ouvrir une école, soit fermer des classes parce qu'il y a moins d'enfants…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Des classes fermeront avant 2022, des maternités pourront fermer, des services pourront fermer, on est bien d'accord.

AGNES BUZYN
Alors, vous le savez le monsieur BOURDIN, on en a beaucoup parlé, aujourd'hui le ministère de la Santé ne ferme aucun service par envie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais ça j'imagine.

AGNES BUZYN
Et par doctrine, idéologie, aujourd'hui nous avons un problème majeur en France, mais nous sommes en train d'y travailler, nous n'avons plus assez de médecins. Alors c'est des décisions qui ont été prises il y a 30 ans, il faut malheureusement faire avec, mais nous n'avons pas assez de médecins, et donc je suis en train d'ouvrir le numerus clausus, il augmente de déjà 13 % cette année, on va complètement le supprimer en 2020, puisque la réforme est en cours, donc ce numerus clausus qui bloquait le nombre de médecins accédant aux études, enfin de jeunes accédant aux études de médecine, il est en train de sauter, mais il faut 10 ans pour former des médecins, donc nous avons une période très délicate à passer. Nous n'avons pas médecins et donc quand un service ferme, ça n'est pas parce que j'ai envie de fermer un service, c'est parce que nous nous trouvons plus aucun médecin pour le faire tourner. Or, notamment les services où il y a des gardes, vous savez que pour faire fonctionner un service 24 heures sur 24 il faut 8 personnes. Donc à chaque fois qu'il y a besoin d'un service, d'une ouverture de service, toute l'année 24 heures sur 24, ça veut dire 8 postes de médecins, et je ne les ai plus dans certains endroits, ils n'existent plus et donc ça nécessite des organisations différentes, je me suis engagée vis-à-vis des femmes enceintes à ce qu'elles aient un accompagnement, en transports, en sages-femmes accréditées pour pouvoir les accompagner pendant les transports, avec des hôtels hospitaliers, pas hospitaliers pardon, des hôtels près des hôpitaux, payés, les transports payés ; tout cela est en train d'être travaillé, il faut qu'aucune femme enceinte aujourd'hui ne soit inquiète si une maternité près de chez elle a fermé. L'objectif c'est de tout maintenir, tout ce que nous pouvons maintenir nous le maintenons. Mais tout ça est discuté avec les maires.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, lutter contre la précarité médicale, c'est ce qui est dit très bien, bon, mais comment, je sais que vous avez pris des mesures, mais comment, elle existe toujours cette précarité médicale.

AGNES BUZYN
Alors, aujourd'hui, vous savez qu'il y a un texte de loi, donc le président…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais, je sais.

AGNES BUZYN
Le président a renvoyé un texte de loi qui est discuté au Sénat dans un mois, j'espère qu'il sera adopté. Pourquoi ? Parce que nous créons des assistants médicaux, pour redonner du temps aux médecins, nous créons énormément de conditions incitatives pour que les médecins aient envie de s'installer dans des Maisons de santé en zone rurale. Donc voilà, la réforme est en cours, elle répond à l'enjeu de proximité qui est la demande des Français.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les Maisons de service public, vous y teniez.

AGNES BUZYN
J'y tiens énormément.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais. Une maison des services publics dans chaque canton, d'abord quand ?

AGNES BUZYN
Eh bien le plus vite possible.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais…

AGNES BUZYN
Le plus vite possible. Moi ce que j'ai entendu, et je pense qu'évidemment le président de la République l'a énormément entendu, c'est le sentiment des Français d'être renvoyés de guichet en guichet, de ne jamais avoir la réponse à leurs questions, de trouver le système trop complexe, et l'idée c'est qu'il y ait un guichet unique, en proximité, où seront rassemblés tous les services publics, c'est-à-dire qu'aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un guichet par canton.

AGNES BUZYN
Par canton. Aujourd'hui il y a dans certaines communes ce qu'on appelle les Maisons de services au public, elles sont hétérogènes c'est-à-dire dans certains cas on y trouve un service de Caisse d'allocations familiales, dans d'autres cas non, et donc l'idée c'est de faire en sorte que tous les services publics se concentrent dans ce guichet, ce qui veut dire que c'est un modèle à la Canadienne, les Anglais aussi, on permet aux Français de trouver en proximité la totalité des réponses à leurs questions, en termes de service public, d'opérateurs, c'est-à-dire les Caisses d'allocations familiales, les Caisses de Sécurité sociale, peut-être des demandes en terme d'accès à la justice par exemple. Toutes les demandes qui concernent les services publics vont pouvoir être traitées en proximité dans ce que le président de la République a appelé France service, ces Maisons France service, ce sera vraiment le point d'entrée. Et l'idée c'est que derrière, les services publics s'organisent pour donner la réponse en proximité aujourd'hui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il va falloir des fonctionnaires, c'est la raison pour laquelle le président de la République revient sur son objectif de suppression de 120 000 postes.

AGNES BUZYN
Mais surtout monsieur BOURDIN, il a demandé moins de fonctionnaires en centrale, moins de fonctionnaires à Paris, plus de fonctionnaire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça j'ai déjà entendu cela.

AGNES BUZYN
Oui, mais c'est un profond changement d'une politique a été menée pendant 20 ans, qui a été de déshabiller la proximité, on le paie maintenant, et donc l'idée c'est de renvoyer les fonctionnaires au plus près des citoyens sur le terrain.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur le terrain. Les aidants familiaux, j'y viens, alors il y en a beaucoup, plus de 11 millions d'aidants familiaux en France…

AGNES BUZYN
Mais selon le temps dédié, évidemment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'accord, ce dont le temps, mais bon, un aidant peut prendre un congé pour aider un proche, de 3 mois. Est-ce ce congé sera rémunéré ?

AGNES BUZYN
Donc nous y travaillons, nous y travaillons, il faut qu'on aide certaines…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à la rémunération de ce congé d'aidant ?

AGNES BUZYN
Moi je suis favorable, alors la question est évidemment combien de temps, sous quelles conditions, quel est le degré…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y aura une rémunération bientôt ?

AGNES BUZYN
Nous y travaillons monsieur BOURDIN, je suis en train de modéliser ce que pourrait être une rémunération, ou et peut-être, et/ou aussi des droits contributifs, parce que je crois qu'il faut prendre en compte.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement, des droits contributifs à la retraite.

AGNES BUZYN
Oui, je pense que c'est important que les Français.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Par exemple des femmes…

AGNES BUZYN
Ce sont les femmes qui le plus souvent s'arrêtent…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà ! Les femmes qui aident et qui arrêtent…

AGNES BUZYN
Un enfant handicapé !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un enfant handicapé, qui arrêtent de travailler, qui donc arrivent à la retraite sans que cet arrêt soit reconnu, cette aide à l'enfant handicapé soit reconnue. Il n'y a plus de droit à la retraite, est-ce que ces femmes-là, ces aidantes auront droit à la retraite ?

AGNES BUZYN
Alors nous… excusez-moi, vous avez vu les indications du Président de la République, ce sont aujourd'hui des indications pour que le gouvernement travaille. Nous avons un séminaire de travail lundi pour évidemment traduire cela de façon opérationnelle. Nous serons amenés à faire des propositions concrètes…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce qu'un jour, il y aura ce droit à la retraite ?

AGNES BUZYN
Je souhaite travailler sur les droits contributifs à la retraite, je pense que c'est important qu'on reconnaisse ce temps dédié à l'autre, des aidants. Je pense qu'il est important que certains puissent être rémunérés, parce qu'effectivement les pertes de salaires sont parfois très importantes dans les familles. La seule question Monsieur BOURDIN c'est : combien de temps, combien de temps pouvons-nous… combien de temps la solidarité nationale peut prendre en charge un congé d'aidant. Aujourd'hui vous le savez, ils ne sont pas rémunérés, certaines entreprises font des efforts, certains salariés donnent des…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un jour il y aura et rémunération et droit à la retraite ?

AGNES BUZYN
Non, je n'ai pas… je ne me suis pas avancée Monsieur BOURDIN, je n'ai pas aujourd'hui la solution concrète. En tous les cas, c'est la direction dans laquelle…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Chantier ouvert !

AGNES BUZYN
Oui, c'est la direction dans laquelle le président nous engage à aller. Et donc je vais faire des propositions concrètes, il y aura des mesures aidants dès cette année.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès cette année, donc à la fois…

AGNES BUZYN
Je viendrai avant la fin de l'année, ça veut dire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous venez nous en parler !

AGNES BUZYN
Excusez-moi, pour être très claire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que j'y tiens, vraiment !

AGNES BUZYN
Mais moi aussi j'y tiens…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aussi !

AGNES BUZYN
Moi aussi parce que j'ai rencontré beaucoup d'associations d'aidants et j'ai été excessivement émue par ces histoires familiales. Ca peut être des très jeunes qui aident leurs parents qui ont des Alzheimer, ça peut être des mères d'enfant handicapé qui s'arrêtent toute leur vie pour pouvoir maintenir un enfant à la maison et ça, on doit le reconnaître. Il y aura des mesures qui seront prises en 2019 pour une application dès janvier 2020. C'est vraiment là pour moi un engagement très important sur lequel je prends position aujourd'hui devant vous.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors sur la baisse d'impôt, je vois… c'est une précision de Gérald DARMANIN sur RTL, qui nous dit : 5 milliards de baisse d'impôt sur le revenu effective, cette baisse, dès le 1er janvier prochain, baisse des impôts d'à peu près 10 % pour chacun des Français qui paie l'impôt sur le revenu, à l'exception des plus riches d'entre eux. Nous verrons…

AGNES BUZYN
Ça ne touchera pas les…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les très, très riches. Bon, les tranches supérieures.

AGNES BUZYN
Supérieures.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, je sors de ce qui a été annoncé hier. Vous avez vu ce sondage sur la PMA : 65 % des Français favorables. Favorable à la PMA pour toutes les femmes. Pour les couples de femmes, pour toutes les femmes. Vous y êtes favorable, je sais.

AGNES BUZYN
Moi j'y suis favorable. Vous savez que nous travaillons sur cette loi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Quand cette loi ?

AGNES BUZYN
Elle sera prête à l'été, elle sera présentée en conseil des ministres j'ai dit avant les vacances d'été, donc elle sera prête avant les vacances d'été.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et elle sera présentée et il y aura dans la loi…

AGNES BUZYN
La PMA.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans la PMA.

AGNES BUZYN
Absolument.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Dans la PMA l'accès, la PMA pour toutes les femmes.

AGNES BUZYN
C'est évidemment une mesure qui est… Sur lequel il y avait un engagement de campagne du président de la République. Nous y avons travaillé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui sera tenu.

AGNES BUZYN
Il sera tenu.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y aura PMA pour toutes les femmes.

AGNES BUZYN
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, Très bien. Non, non mais très bien. J'ai vu aussi que 56 % des Français étaient favorables à la GPA.

AGNES BUZYN
Oui. Mais vous voyez, autant la PMA ne pose pas de questions éthiques parce qu'elle donne simplement un peu plus de liberté à chacun sans nuire à personne. La GPA pose la question de la marchandisation du corps humain. C'est une question plus complexe en termes d'éthique que la PMA. La PMA ne pose pas de questions éthiques fondamentales.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il paraît qu'il y a une pénurie de tests de dépistage du cancer colorectal. C'est vrai ?

AGNES BUZYN
Alors oui, pas encore.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas encore mais il y a un risque.

AGNES BUZYN
Non, mais nous allons tout faire pour qu'il n'y en ait pas. Aujourd'hui il y a quand même 2,5 millions de tests disponibles sur le territoire français qui vont être répartis parce que certaines zones, certaines villes, certains médecins n'en ont pas. Donc on va redistribuer ces 2,5 millions de tests existants et nous allons relancer un marché, puisque c'est une question de marché qui a été annulé. Et donc nous allons relancer un marché en urgence pour pouvoir faire en sorte qu'il n'y ait pas de rupture de stock.

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une petite question mais toute simple parce que j'ai vu qu'elle revenait ici ou là. Est-ce que dans le prochain budget de la Sécu, il y aura une taxe mégots ? Mégots de cigarettes ?

AGNES BUZYN

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais j'ai vu des députés La République en Marche qui le proposent.

AGNES BUZYN
Oui, qui le portent. Oui, enfin ça n'est pas encore arrivé jusqu'à moi. Le PLFSS est en octobre dont nous avons le temps de réfléchir.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, très bien. Merci Agnès BUZYN d'être venue nous voir ce matin.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 avril 2019