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Q - Le Conseil d'administration de l'Anah a adopté son budget 2019 en novembre dernier, avec une hausse de 9,3 %. Qu'attendez-vous de l'Agence pour l'année en cours ?
En 2018, l'Anah a permis la rénovation de 94 081 logements, soit une hausse de 17,5 % par rapport à 2017. En 2019, le gouvernement a souhaité conforter cette dynamique en accordant à l'Agence un budget en hausse. Les objectifs à atteindre sont, cette année encore, très ambitieux car nous devons être à la hauteur pour répondre aux défis actuels, en matière de lutte contre le mal-logement ou de transition énergétique. Depuis plus de quarante ans, l'Anah contribue à la requalification des quartiers anciens et à l'amélioration du parc privé de logements. Elle est partie prenante, voire pilote, dans quatre grands plans nationaux : Initiative Copropriétés, le plan de rénovation énergétique de l'habitat via le programme Habiter Mieux, Action Coeur de Ville et Logement d'abord. Quatre thématiques qui sont essentielles pour la cohésion des territoires et qui participent à l'amélioration du « bien vivre » de nos concitoyens. J'ai confiance en l'engagement et le professionnalisme de l'Anah. Je suis convaincue qu'elle saura tout mettre en oeuvre pour la réussite de ces quatre missions.
Q - Parmi les objectifs de cette année 2019, la revitalisation des centres-villes est portée notamment par le programme Action Coeur de Ville. En quoi ce programme est-il novateur et en quoi l'Anah est-elle un moteur ?
Sous l'impulsion du gouvernement, 222 villes moyennes françaises ont signé une convention pour la revitalisation de leur centre. Action Coeur de Ville répond à une demande des maires de villes moyennes inquiets de perdre leurs commerces, mais également leurs habitants dans les centres-villes. Ce programme est novateur à plus d'un titre. Il est pluridisciplinaire et permet d'agir de façon intégrée sur l'espace public, les mobilités, l'habitat, le commerce, le numérique… Il se met en place selon une approche « projet » portée par le territoire lui-même, et les opérateurs interviennent pour leur apporter les aides financières et l'ingénierie. L'Anah participe à Action Coeur de Ville à hauteur de 1,2 milliard d'euros. Une partie de ce budget, 200 millions d'euros, est consacrée à l'ingénierie en faveur de l'innovation et de l'expérimentation. Les projets innovants, tant dans la conception architecturale et urbanistique que dans les formes de « vivre-ensemble » pourront ainsi bénéficier de l'appui de l'Anah. En parallèle, l'Agence a été lauréate d'un appel à projets lancé par le ministère de la Transition écologique et solidaire pour son programme expérimental « Engager la transition énergétique dans l'habitat collectif privé » (ETEHC). Celui-ci va permettre de mener des actions de sensibilisation et de formation à destination des syndics bénévoles et professionnels pour impulser des travaux d'amélioration énergétique de petites copropriétés de centre-ville.
Q - Dans une circulaire du 4 février dernier, vous demandez aux préfets de département « d'engager rapidement le dialogue avec les collectivités concernées pour promouvoir et concrétiser » les nouveaux outils d'aménagement de la loi Elan que sont les opérations de revitalisation de territoire (ORT) et les projets partenariaux d'aménagement (PPA). Quels sont les enjeux de l'ORT ?
L'État a souhaité développer ces deux outils opérationnels au service des collectivités pour les accompagner dans le développement des centres-villes et des quartiers de demain. Avec Julien Denormandie, nous sommes convaincus que les ORT vont permettre aux élus d'initier ou d'accélérer leurs projets de développement et de lutter contre la vacance de logements, de locaux commerciaux et artisanaux. Elles servent également à lutter contre l'habitat indigne, à réhabiliter l'immobilier de loisirs, à valoriser les espaces publics, le patrimoine bâti et à réhabiliter les friches urbaines. Le tout dans une perspective de mixité sociale, d'innovation et de développement durable. Elles pourront être signées pour les 222 villes du programme Action Cœur de Ville. Dans le cadre du déploiement des ORT, l'Anah pourra financer des opérations complexes et des dispositifs novateurs comme la vente d'immeubles à rénover (VIR) qui permettent d'intervenir en profondeur sur les tissus urbains.
Q - Souhaitez-vous aller encore plus loin dans la revitalisation des centres-villes ?
Nous allons lancer un programme similaire en faveur des cœurs des bourgs pour les communes de 5 000 à 15 000 habitants. J'y suis tout particulièrement attachée car j'ai constaté que bon nombre de communes n'ont pas été concernées par le programme « Action Cœur de Ville » car trop petites pour en bénéficier. Dans certains territoires, dans certains bassins de vie, ces petites villes constituent pourtant un rôle de centralité essentiel au maillage de tous les territoires. Une méthode de travail sera prochainement proposée aux élus concernés.
Q - Dans le budget et la feuille de route 2019 de l'Anah, nous observons un effort important sur les actions envers les copropriétés, avec notamment le plan Initiative Copropriétés (lire dossier). En quoi ce sujet est-il une priorité pour votre ministère ? Qu'attendez-vous de l'Anah sur ce sujet ?
Le plan Initiative Copropriétés et le traitement des copropriétés au sein du programme Action Cœur de Ville sont au cœur de notre politique de lutte contre l'habitat indigne. L'Anah porte ces sujets avec efficacité et savoir-faire auprès du ministre en charge de la Ville et du Logement. Citons en exemple l'action de l'Agence il y a quelques mois, après l'effondrement d'un immeuble à Marseille, qui a su proposer des solutions d'urgence et qui, aujourd'hui, accompagne la Métropole et la Ville de Marseille dans la préparation des actions de requalification de ses quartiers anciens au travers de la mise en œuvre d'une opération programmée d'amélioration de l'habitat de renouvellement urbain (Opah-RU).
Q - L'Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) sera créée cette année. Quels seront les enjeux de cette nouvelle agence ?
Cette agence réunira le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET), l'Agence du numérique et l'Établissement public national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (Epareca). Elle a vocation à fédérer les politiques de l'État qui se déclinent sur les territoires en mobilisant toutes les ressources dont il dispose, y compris celles de ses établissements publics comme le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) et l'Agence nationale de l'habitat (Anah). L'ANCT devra également travailler en bonne intelligence avec la Banque des Territoires. Il s'agit d'une offre aux territoires et pas d'une obligation : il faut pouvoir répondre aux collectivités territoriales qui ont des projets. C'est pourquoi il est apparu nécessaire de créer un outil de coordination des opérateurs de l'État, qui soit en réalité un guichet unique vers lequel les élus peuvent se tourner pour réaliser leurs projets. L'Agence nationale de cohésion des territoires sera ce guichet unique. Et de manière très pragmatique, sur le plan local, c'est le préfet qui sera le délégué territorial de l'Agence. Concrètement, lorsqu'un élu portera un projet, il se tournera vers son préfet qui mobilisera toutes les ressources de l'État disponibles au sein des programmes de l'Agence.
Source https://www.anah.fr, le 12 juin 2019