Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Vous aviez dit, c'était début avril : plus rien ne sera jamais comme avant, après le discours de politique générale d'Edouard PHILIPPE hier, on se dit, l'acte 2, c'est l'acte 1 sans l'arrogance, avec plus de concertation, c'est ça ?
SIBETH NDIAYE
Ce n'est pas qu'une question de méthode, le Premier ministre a eu l'occasion hier de faire des annonces, à la fois en termes de calendrier, mais aussi des annonces très concrètes qui vont sans doute changer la vie des Français, c'est ce qu'il a eu l'occasion de faire hier…
CAROLINE ROUX
Mais c'est une continuité ou une rupture cet acte 2 ?
SIBETH NDIAYE
Il y a de la continuité parce que nous considérons que le constat que nous faisions sur l'état du pays, les blocages qu'il fallait lever, la justice sociale qu'il fallait apporter, mais aussi les enjeux écologiques sont des choses qui n'ont pas changé en deux ans, et donc il y a des constats que nous maintenons, que nous faisons toujours, donc il y a évidemment de la continuité, mais il y a aussi la prise en compte d'une crise sociale qui a été majeure dans notre pays et à laquelle nous avons souhaité apporter des réponses.
CAROLINE ROUX
Un exemple concret, sur la question des retraites, c'est quoi la nouvelle méthode Edouard PHILIPPE/Emmanuel MACRON sur un dossier comme celui des retraites, est-ce que par exemple, il y aura une nouvelle concertation sur ce sujet-là avec les partenaires sociaux à l'été ?
SIBETH NDIAYE
Oui, bien sûr il y a eu depuis un an autour de Jean-Paul DELEVOYE, qui est le haut commissaire en charge de la réforme des retraites, des groupes de travail avec les organisations syndicales, avec les organisations patronales pour discuter du contenu de cette réforme, et finalement, on a discuté de deux types de choses, on a discuté du système qu'on voulait à la fin, quelque chose qui soit plus juste, plus lisible, plus transparent, un euro cotisé, c'est la même chose pour tout le monde en termes de droits, et puis, on a eu une deuxième phase de concertation, qui consistait à savoir comment on allait supprimer les régimes spéciaux, donc comment chacun allait converger pour rentrer dans le nouveau système ; ces concertations, elles ont eu lieu, elles vont se poursuivre d'ici au mois de juillet, Jean-Paul DELEVOYE présentera des préconisations, le gouvernement les regardera et présentera une loi à l'automne.
CAROLINE ROUX
L'âge pivot, l'âge d'équilibre ne fait pas consensus ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien, évidemment, il y a encore des discussions, mais ce qu'on constate aujourd'hui déjà, c'est que les Français ont un âge légal pour partir à la retraite, qui est de 62 ans, mais la plupart d'entre eux partent à 63 ans, 63 ans et demi, et donc aujourd'hui, c'est important d'avoir une base de référence, mais il faut aussi comprendre que tout le monde devra travailler un peu plus pour une bonne raison, parce qu'on vit un peu plus longtemps.
CAROLINE ROUX
A quand le projet de loi ?
SIBETH NDIAYE
Le projet de loi sera présenté à l'automne.
CAROLINE ROUX
A l'automne. La carte verte, c'est un peu ce qu'on a entendu hier dans la voix d'Edouard PHILIPPE, cette ambition écologique réaffirmée pour la deuxième partie du quinquennat. Mais avec quelle ambition majeure, quand on prend prendre dans le détail certaines de ses annonces, notamment sur l'objectif de 100 % de recyclage des déchets plastique, on se dit : eh bien, ça, ça avait déjà été annoncé bien en amont, c'est à l'époque, en 2017, le lancement de la concertation sur la consigne, la consigne des produits en plastique, ça aussi, ça avait été annoncé auparavant, qu'est-ce qu'il y a de nouveau ?
SIBETH NDIAYE
Le temps de la décision publique, c'est toujours un temps qui est long, quand on vous dit : il faut concerter pour avoir de la consigne sur les objets qui sont en plastique, sur les emballages, il faut que vous mettiez autour de la table les villes, il faut que vous mettiez les entreprises, les supermarchés qui vont vous vendre peut-être des bouteilles de lait en plastique, il faut que vous mettiez autour de la table ce qu'on appelle les éco-organismes, ceux qui sont chargés du recyclage, et donc c'est différents acteurs, et il faut les faire converger, ce n'est pas forcément évident. Ce que nous avons souhaité faire en matière d'écologie, c'est finalement enlever une crainte, les Français, ils sont extrêmement convaincus du fait qu'il faut polluer moins la planète, les sols, l'air, l'eau, ils sont extrêmement convaincus que le réchauffement climatique, c'est le fléau du 21ème siècle, mais en même temps, ils ont peur, parce qu'ils se disent : mais finalement, tous ces changements, est-ce que, moi, je vais devoir payer à titre individuel…
CAROLINE ROUX
C'est souvent ce qu'on leur a demandé !
SIBETH NDIAYE
C'est souvent ce qu'on leur a demandé. Et ce que nous, nous voulons faire, c'est faire en sorte d'embarquer tout le monde dans la transition écologique, et que cette transition, elle ne soit pas punitive, mais qu'au contraire, chacun puisse y participer à son niveau, et c'est une des annonces qu'a fait le Premier ministre hier après-midi, c'est d'expliquer comment est-ce que nous allions changer les aides pour rénover son logement et avoir des gains en matière de chauffage par exemple, et les concentrer sur les populations les plus modestes. Ça, c'est une annonce qui est très forte, parce que jusqu'à maintenant, on avait un crédit d'impôt, donc ça n'était destiné qu'à ceux qui ont des impôts, et on n'avait pas forcément une aide qui soit efficace pour les ménages les plus modestes.
CAROLINE ROUX
La vraie nouveauté, c'est que le Premier ministre y croit ?
SIBETH NDIAYE
Je crois que le Premier ministre, et d'ailleurs, il l'a dit lui-même avec beaucoup de sincérité, je crois que ça correspond bien à la droiture d'Edouard PHILIPPE que d'admettre les choses où il a pu évoluer, et donc, en l'occurrence, il l'a dit avec sincérité, l'écologie, ce n'était pas son combat premier, il y a adhéré, et il a aussi évolué avec la société, c'est aussi le cas sur la PMA par exemple.
CAROLINE ROUX
Alors, on va en parler de la PMA, mais d'abord, quand même, on est à quatre jours du bac, et le Premier ministre, il a fait une sacrée impasse, une impasse sur les économies, le financement, comment allez-vous financer les mesures confirmées hier, je pense aux baisses d'impôts, 24 élèves par classe, c'est CP, CE1, maisons de services publics, aide à la lutte contre les passoires énergétiques, vous venez d'en parler, les mesures sur la dépendance, pourquoi avoir été si peu dans le détail sur le financement de ces mesures ?
SIBETH NDIAYE
Vous vous savez, ça fait maintenant deux mois qu'on nous reproche de pas être assez détaillés, nous, on fait les choses par étape, le 25 avril dernier, le président de la République a indiqué qu'il y aurait une baisse d'impôt qui serait massive, de l'ordre de cinq milliards pour les Français, le gouvernement a travaillé et a donné, par la voix d'Edouard PHILIPPE hier, les conditions dans lesquelles cette baisse d'impôts se ferait, et donc, on a détaillé, on a expliqué que pour douze millions de foyers, ce serait 350 euros d'économisés l'année prochaine, et donc maintenant, le ministre de l'Economie, Bruno LE MAIRE, Gérald DARMANIN, le ministre du Budget, vont travailler pour regarder dans quelles niches fiscales nous allons réaliser des économies pour faire en sorte de financer ces différentes baisses d'impôts et l'ensemble de ce qui a été annoncé…
CAROLINE ROUX
L'ensemble des mesures qui ont été annoncées peuvent être financées avec le rabotage des niches fiscales ?
SIBETH NDIAYE
Non, alors, d'abord, il ne s'agit pas de faire du rabotage, il s'agit de dire très clairement qu'il y a des niches par exemple qui sont anti-écologiques, dont on considère qu'elles n'ont pas lieu d'être, et elles seront purement et simplement supprimées, donc on fait des choix. On ne fait pas du rabotage justement, on fait des choix. Je ne dis pas que les niches fiscales financeront tout, il y aura évidemment un souci sur la dépense publique, et donc, il y aura des économies à réaliser, mais ça, ça s'inscrit...
CAROLINE ROUX
Et des efforts à demander !
SIBETH NDIAYE
Et des efforts à demander, mais ça, ça s'inscrit dans ce qu'on a toujours fait depuis le début, on a toujours considéré qu'il y avait des choix qui étaient à faire, et que tout n'était pas finançable, mais qu'on faisait des choix qui étaient en rapport avec des choix politiques…
CAROLINE ROUX
Ce qui est différent avec la campagne électorale, c'est qu'à l'époque, Emmanuel MACRON disait les choses clairement, c'est-à-dire qu'il disait aux retraités : vous allez devoir faire un effort, je vais vous demander un effort, c'est l'équilibre économique qui est le mien, cette fois-ci, on a l'impression que c'est une façon de présenter les choses sans douleur, c'est-à-dire en gros, qui sont ceux qui vont devoir à un moment donné payer d'une certaine manière pour ces réformes qui ont été annoncées dont certaines sont très ambitieuses.
SIBETH NDIAYE
Mais, on a dit les choses avec beaucoup de clarté, si je vous prends l'exemple des niches fiscales, en l'occurrence, on a expliqué qu'on n'allait pas toucher aux niches fiscales des particuliers, donc les Français n'ont pas à avoir d'inquiétude sur les niches fiscales qui concernent les aides à la personne par exemple, et on a expliqué que ça toucherait plutôt les entreprises, et là, en l'occurrence, le Premier ministre, il a été très clair hier, il a dit : les niches fiscales par exemple qui touchent les très grandes entreprises, ça, je crois que c'est très précis, et puis après, il y a un travail, qui est un travail, j'allais dire, technique, avant de pouvoir présenter les choses dans le détail…
CAROLINE ROUX
D'accord. Deux questions précises, sur l'assurance-chômage, le gouvernement avait fixé l'objectif de 1,3 milliard d'euros d'économie, est-ce que c'est toujours l'objectif de la réforme ?
SIBETH NDIAYE
C'est toujours l'objectif de la réforme, vous parlez de 1,3 milliard d'économie par an, c'est toujours l'objectif de la réforme, au-delà des économies, je crois que le plus important, c'est de retenir dans la réforme, qui sera présentée la semaine prochaine, que notre objectif est de réduire la précarité au travail, je voudrais vous donner trois chiffres qui disent beaucoup, et j'y vais très vite, il y a aujourd'hui, quand on signe un contrat, 87 % des contrats qui sont signés, ce sont des CDD ou de l'intérim, dans ces 87 %, il y en a plus de 80 % qui sont des contrats de moins d'un mois, et la majorité de ces contrats, c'est de la réembauche, donc ça veut dire qu'on dit à des Français : éternellement, vous êtes condamnés à avoir des CDD d'un jour, de deux jours, d'une semaine, c'est contre ça qu'on veut lutter avec cette réforme de l'assurance-chômage.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juin 2019