Texte intégral
VERONIQUE OYHARÇABAL
Jacqueline GOURAULT, bonjour.
JACQUELINE GOURAULT
Bonjour.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Merci d'être avec nous ce matin sur France Bleu Pays Basque. Alors vous allez aller à la rencontre des élus de montagne tout à l'heure, des élus qui sont nombreux en colère pour nombre d'entre eux après l'introduction de deux ours slovènes dans les Pyrénées et les dégâts qu'ils ont causés. Mille cinq cents brebis tuées cet été selon les éleveurs. Est-ce que vous allez prendre des engagements par rapport à ça ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, d'abord je tiens à préciser que je ne suis pas la ministre concernée par ce domaine puisqu'il s'agit soit de la ministre de l'Ecologie, soit de la ministre… du ministre, pardon, de l'Agriculture. Mais naturellement, je peux vous dire que le gouvernement sait très bien les vives tensions qui existent. Il suffisait de voir les manifestations à Tarbes très récemment comme je les ai vues dans un reportage télévisé. Alors bien sûr, le gouvernement a déjà pris des mesures pour permettre, je dirais, la cohabitation entre le pastoralisme et les ours. Je crois que la plus importante de tout ce qui a été pris, c'est surtout l'engagement de ne pas faire de nouvelles réintroductions. Je commence par cela.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Ça, c'est sûr ?
JACQUELINE GOURAULT
Je crois que c'est sûrement le plus important. Après, je sais que des mesures de géolocalisation plus précises sont demandées par les agriculteurs, les habitants etc… les associations. Des mesures d'effarouchement et puis, bien sûr aussi quelque chose de très important, la revalorisation des indemnités en cas de perte d'animaux. Ç'a déjà été décidé. La décision a été prise au mois de juillet.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Mais ce n'est pas ce que veulent les éleveurs. Eux ils disent qu'ils n'ont pas envie de travailler pour nourrir les prédateurs.
JACQUELINE GOURAULT
Je comprends tout à fait ce qu'ils disent. Je comprends. Mais moi, je vous fais l'état de la situation aujourd'hui. Je sais que les tensions restent vives et, nous l'entendons, je ne sais pas personnellement si des mesures autres peuvent être envisagées, mais je sais que nous devons être très à l'écoute des territoires et essayer de maintenir évidemment le plus fortement le dialogue avec les élus, les agriculteurs, les habitants et continuer à chercher bien sûr des solutions.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Alors lors de ce congrès des élus de montagne, il sera question également des zones blanches. A l'heure où la fibre optique arrive un peu partout, ici au Pays Basque il reste pas mal de zones blanches, des zones où le téléphone passe mal, où il n'y a pas d'Internet. Comment y remédier ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui. Alors il y a beaucoup d'endroits en France, où un certain nombre d'endroits, où le mobile passe encore mal. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé un plan très important de déploiement du réseau 4G. D'ailleurs nous le faisons avec les opérateurs bien évidemment, mais on le fait aussi avec les élus sur les territoires puisque tous les nouveaux pylônes 4G et en particulier ceux qui sont multi-opérateurs… Qu'est-ce que ça veut dire 4G multi opérateurs ? C'est-à-dire que tous les opérateurs, ORANGE, FREE, BOUYGUES, SFR, se mettent sur le même pylône. Et donc, nous aurons une couverture… Nous avons une couverture en progrès et l'objectif évidemment est de finaliser la couverture du territoire pour 2022. C'est la date qui a été donnée et l'engagement du président de la République.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Encore un mot sur la montagne, Madame la ministre, parce que la montagne c'est aussi un handicap naturel pour l'agriculture. La nouvelle politique agricole commune a provoqué des inquiétudes, notamment sur la définition de ce qu'est une exploitation de montagne. Est-ce que là vous avez des réponses à apporter aux agriculteurs ?
JACQUELINE GOURAULT
Nous sommes en pleine négociation, bien sûr, avec la communauté européenne. C'est-à-dire que la PAC est en train d'être discutée. Le travail sur lequel nous sommes en train de travailler, c'est d'essayer d'obtenir que le montant global de l'enveloppe de la PAC au niveau européen soit maintenu. Nous avons donc tout un travail, je dirais, fait par le ministre de l'Agriculture avec les autres ministres européens de l'Agriculture sur ce sujet. L'année dernière… Pardon, la semaine dernière, le ministre de l'Agriculture me disait qu'il y avait déjà dix-huit pays qui étaient sur cette ligne. C'est déjà ça qui est très important. Après, je connais les histoires de changement de zonage qui ont été faits parce que j'ai déjà eu l'occasion…
VERONIQUE OYHARÇABAL
Parce qu'il y a des communes qui sortent de la zone montagne.
JACQUELINE GOURAULT
Voilà. Je crois, si ma mémoire est bonne, qu'il y en a quatre-vingt-deux qui sortent et quatre-vingt-une qui rentrent si ma mémoire est bonne. Le problème, c'est que dans celles qui sortent, ici les agriculteurs ne trouvent ça pas justifié toujours. Et dans celles qui rentrent, notamment celles du littoral, cela leur apparaît aussi curieux. Donc il y a eu des réintroductions qui ont été faites par les zones de montagne, par le ministre de l'Agriculture, et les négociations doivent continuer.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Merci Jacqueline GOURAULT. Restez avec nous. Juste après l'info, nous parlons de l'agglo Pays Basque.
JEAN-CLAUDE MAILLY
Jacqueline GOURAULT, la ministre de la Cohésion des territoires, invitée France Bleu Pays Basque ce matin. (…)
VERONIQUE OYHARÇABAL
Jacqueline GOURAULT, vous connaissez la communauté d'agglo Pays Basque.
JACQUELINE GOURAULT
Oui.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Une agglo XXL : cent cinquante-huit communes, trois cent mille habitants, deux cent trente-deux élus. Est-ce que cette agglo Pays Basque fait vraiment figure d'exception dans l'Hexagone ?
JACQUELINE GOURAULT
D'exception, non, puisqu'il y en a d'autres de cette dimension. Je pense à, par exemple… Je ne sais plus le nom exactement mais tout ce qui est une communauté autour de Cherbourg. Il y en a une autre à Reims qui est à peu près de la même dimension que celle du Pays Basque, même si elles sont un petit peu moins en nombre de communes.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Alors l'agglo Pays Basque a été créée il y a deux ans, un peu par défaut, faute de mieux finalement. Les élus locaux voulaient un département Pays Basque ou une collectivité spécifique. Est-ce que cette agglo peut évoluer ? Je veux dire, est-ce que dans le cadre de la loi de décentralisation qui est en préparation, est-ce qu'elle pourrait avoir de nouvelles compétences ?
JACQUELINE GOURAULT
D'abord je voudrais rappeler, je me souviens bien du contexte, que c'est dans le cadre de la loi NOTRe bien sûr que la création de cette intercommunalité du Pays Basque a été réalisée. Et je me souviens être venue ici pour en discuter, et je me souviens de la volonté des élus locaux de faire cette communauté. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est une communauté qui a énormément déjà de compétences. Je veux dire y compris des compétences qui ne sont pas… Alors bien sûr il y a les compétences obligatoires, ils ont pris beaucoup d'autres compétences et je dirais que dans une loi de décentralisation, il peut y avoir éventuellement d'autres compétences qui soient prises, parce que le président de la République a dit que dans le domaine, par exemple, du logement ou de la transition écologique, on pouvait envisager des transferts. Ensuite on verra si ce sont les régions, les départements ou les interco qui postulent pour ces transferts.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Alors vous avez rencontré récemment dans votre ministère Jean-René ETCHEGARAY, le président de l'agglo Pays Basque. Il demande entre autres la compétence linguistique, l'idée étant de gérer d'ici localement l'enseignement de la langue Basque et l'enseignement en basque. Est-ce que c'est quelque chose d'envisageable ?
JACQUELINE GOURAULT
C'est une compétence de l'Education nationale et, jusqu'à preuve du contraire, je dirais, l'Education nationale restera nationale mais encouragera bien sûr toujours l'apprentissage des langues régionales, comme il le fait déjà. Bien évidemment, j'ai entendu votre présentation avant en disant qu'à Saint-Jean-Pied-de-Port, il y avait moins d'élèves que l'année dernière. Alors évidemment…
VERONIQUE OYHARÇABAL
Là, on parle du lycée.
JACQUELINE GOURAULT
C'est du lycée, pardon. En tout cas, il est clair qu'il y a aussi la volonté des familles de faire apprendre le Basque à leurs enfants, mais c'est quelque chose qui restera évidemment national dans le coeur de l'Education nationale. Mais naturellement, c'est déjà largement décentralisé puisque les écoles sont sur le territoire Basque et que l'agglomération peut déjà aider l'enseignement du Basque dans son territoire.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Jacqueline GOURAULT, début avril vous affirmiez au Sénat que l'enseignement immersif, factuellement expérimenté ici dans les écoles maternelles publiques, était anticonstitutionnel. Vos propos avaient fait beaucoup réagir ici à l'époque. Est-ce que vous le pensez toujours ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors je vais vous dire un truc. D'abord je ne le disais pas à propos du Pays Basque. C'est toujours la même chose : j'étais sur un dossier dont le thème était l'Alsace, madame. Par ailleurs en Alsace, quand on parle de langue régionale, on parle de l'allemand parce que c'est comme cela. Et donc je n'ai jamais dit cette phrase concernant l'enseignement du Basque.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Donc l'enseignement immersif en basque ici dans les écoles publiques pourrait se développer ? L'expérimentation en tout cas ?
JACQUELINE GOURAULT
Pour l'instant, dans le cadre constitutionnel actuellement, c'est de l'expérimentation. C'est pour ça que j'invite tous les élus, y compris ceux qui critiquent, à voter la révision constitutionnelle parce que le droit à la différenciation que nous avons inscrit dans le projet de loi constitutionnelle permettrait qu'au lieu de rester simplement sur cinq années, l'expérimentation pourrait être étendue à plus long terme.
VERONIQUE OYHARÇABAL
Merci beaucoup Jacqueline GOURAULT d'avoir accepté notre invitation, puis bon séjour au Pays Basque alors.
JACQUELINE GOURAULT
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2019