Texte intégral
CLELIE MATHIAS
La réforme de la Fonction publique, on en parlait hier, le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres, il fait déjà beaucoup parler, et il met les syndicats en rogne. Il est chargé de cette réforme, Olivier DUSSOPT, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics est l'invité tout de suite de Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, au-delà des péripéties politiques, le 1er janvier 2020, la réforme des fonctionnaires va s'appliquer, auparavant débattue et votée au Parlement. Bienvenue Olivier DUSSOPT, merci d'être avec nous.
OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes l'architecte très discret de cette réforme qui touche – bonjour – qui touche 5,5 millions fonctionnaires.
OLIVIER DUSSOPT
5,5 millions d'agents publics, 5,5 millions à peu près qui sont titulaires, et un million qui sont contractuels.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui touchent, nous, les usagers, peut-être.
OLIVIER DUSSOPT
Qui touchent les usagers. C'est une réforme qui est attendue, attendue par les agents qui ont besoin de perspectives, qui ont besoin de mobilité, qui ont besoin de construire leur carrière. Attendue par leurs chefs de service qui ont besoin d'autonomie, et derrière tout cela, attendue par les usagers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais en quoi supprimer 100 000 ou 120 000 fonctionnaires, sauverait la République et ses finances ?
OLIVIER DUSSOPT
Nous ne faisons pas que ça.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Entre nous.
OLIVIER DUSSOPT
Nous ne faisons pas que ça. Il y a une réforme, j'y reviendrai, avec des priorités, qui sont des priorités d'efficacité, de réorganisation, de confiance aussi aux fonctionnaires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais selon votre calendrier…
OLIVIER DUSSOPT
Et puis nous avons la volonté, à l'échelle du quinquennat, parce que c'est un engagement du président de la République, de faire aussi bien...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, d'ici à 2022, mais par exemple…
OLIVIER DUSSOPT
... en réalisant des économies.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment vous arriverez à faire partir 120 000 ? Combien de départs, par exemple, en 2019, prévus ?
OLIVIER DUSSOPT
En 2019, le budget de l'Etat prévoit qu'il y aura à peu près 4 000 personnes qui ne partiront pas, mais qui ne seront pas remplacées, parce que nous avons entre 100 et 120 000 départs à la retraite et donc la possibilité de voir qui on remplace, qui on ne remplace pas, comment on réorganise.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
4 000, 2019... 2020.
OLIVIER DUSSOPT
Et puis il y a un autre aspect, c'est que sur les 120 000…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donnez-moi les prévisions.
OLIVIER DUSSOPT
Sur les 120 000, il y a 70 000 pour les collectivités locales, 50 000 pour l'Etat. Les collectivités locales font des efforts de maîtrise de leurs dépenses, elles n'augmentent pas les dépenses de fonctionnement de plus de 1,2 % par an, ça se traduit aussi par une émission d'emplois. Mais la question des effectifs ce n'est pas l'Alpha et l'Oméga de la politique…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais en 2020, combien ?
OLIVIER DUSSOPT
En 2020, l'objectif est de se rapprocher du seuil. Nous aurons à discuter le budget, d'ici la fin de l'année…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En 2020, 2021,2022 ?
OLIVIER DUSSOPT
Mais il n'y a pas de chiffre. Si je répondrai à votre question, ça voudrait dire que nous sommes dans une logique totalement arithmétique. Il y a 10 ans…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais vous pouvez arriver en 3 ans, c'est-à-dire 2022 vous voulez arriver à 120 000. Comment ?
OLIVIER DUSSOPT
Il y a 10 ans, dans le cadre de la RGPP, on procédait à des coupes aveugles dans les effectifs et on disait aux services : débrouillez-vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc là, vous faites des coupes qui ne sont pas aveugles.
OLIVIER DUSSOPT
Débrouillez-vous pour faire la même chose, rendre le même service avec moins de monde. Nous, ce que nous faisons, c'est que nous modernisons, nous réorganisons l'ensemble des services et des procédures pour faire en sorte de réaliser des économies et d'avoir la même qualité de services.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est vrai que ce n'est pas le grand soir de la révolution, comme disent certains, mais c'est une vraie chute en cascade de tabous. Mais, toucher à la Fonction publique, c'est une matière presque inflammable, est-ce que vous ne craignez pas que quelques étincelles déclenchent une explosion sociale ? Par exemple, hier il y avait une manif, il y avait combien de manifestants, qu'est-ce que ça représente ?
OLIVIER DUSSOPT
La manifestation d'hier, en tout cas l'appel à la grève, n'a pas été extrêmement suivi, nous sommes autour de 0,5, un petit peu moins, de pourcent de grévistes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire moins de 1 % ?
OLIVIER DUSSOPT
Moins de 1 %.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bon, mais ils annoncent une grève le 9 mai.
OLIVIER DUSSOPT
Les syndicats annoncent un mouvement le 9 mai et nous verrons ce que cela donne. Ce que je veux dire par là, c'est que…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, est-ce que ça peut être massif, au moment du Grand débat ou de la sortie du Grand débat ?
OLIVIER DUSSOPT
Je ne le crois pas, mais nous verrons le 9 mai. La réforme que je porte, elle ne vient pas de nulle part, cela fait plus d'un an que nous menons des concertations avec les organisations syndicales, avec les employeurs territoriaux, les employeurs hospitaliers, avec les chefs des services de l'Etat, et nous travaillons sur un certain nombre de priorités. J'ai fait beaucoup de déplacements de terrain, j'ai rencontré des agents dans leur cadre de travail, dans des réunions spécifiques, pour échanger…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien d'heures, combien…
OLIVIER DUSSOPT
Plusieurs centaines d'heures, de concertation, de travail, de réunions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a des syndicats qui négocient ou qui acceptent de vous écouter, qui participent, UNSA, CFDT, et puis il y en a d'autres qui sont là et qui ne disent rien, qui ne négocient pas, qui disent non.
OLIVIER DUSSOPT
Tous les syndicats ont participé à la concertation, et il est vrai qu'au moment de la réunion des instances plus formelles, seules la CFDT et l'UNSA ont fait le choix de déposer des amendements, dont j'ai accepté une partie d'ailleurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va dans le concret. Où vous faites, vous, des coupes ? A l'hôpital ?
OLIVIER DUSSOPT
Non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce qu'il manque d'infirmières, il manque des aides-soignantes. Hôpital, non ?
OLIVIER DUSSOPT
Tout à l'heure vous avez évoqué l'objectif de 120 000, c'est 70 000 dans le secteur des collectivités locales, 50 000 pour la Fonction publique d'Etat, mais pas au niveau des services hospitaliers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais qui est touché ? Les policiers, l'armée ?
OLIVIER DUSSOPT
Nous avons un certain nombre de secteurs dont nous avons dit qu'ils étaient prioritaires, et même protégés. Nous créons des postes dans le domaine de la sécurité, nous créons des postes en matière militaire, nous créons des postes dans la justice, nous créons des postes chez les douaniers, nous veillons à ce que les moyens soient les meilleurs possibles et les plus adaptés. Nous voulons sortir d'une logique qui soit, qui était totalement mathématique, pour aller vers une logique beaucoup plus adaptée, beaucoup plus circonstanciée, faire en sorte de répondre à des priorités, parce qu'il y a des priorités, et dans le même temps on réalise des économies. J'ai été maire 10 ans, j'applique les mêmes méthodes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais attendez, qui est concerné ? Puisque vous dites, ni l'hôpital, ni la police, ni l'armée, je ne sais pas, les douanes, les enseignants, ils vont être concernés ?
OLIVIER DUSSOPT
Le ministère de l'Education, en 2019, réalise un effort avec environ 2 000 postes qui ne sont pas que des enseignants. L'objectif, et si je ne réponds pas très précisément à votre question, c'est parce que justement nous faisons confiance aux ministères employeurs et aux collectivités. Il y a des possibilités, de réaliser des économies. Lorsque que l'on numérise, lorsque l'on modifie les process, lorsque qu'au sein de l'Administration des finances publiques, on passe au prélèvement à la source, on passe à un pourcentage d'usagers qui font leur déclaration en ligne, plus important, lorsqu'on supprime la taxe d'habitation…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais alors on vous dit à ce moment-là, 120 000 ce n'est pas assez, il faudrait frapper plus fort. Pas les 500 000 de la droite, mais davantage.
OLIVIER DUSSOPT
Vous avez tout dit, François FILLON disait 500 000, c'était une hérésie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous dites…
OLIVIER DUSSOPT
Nous, nous considérons qu'il y a un objectif qui est atteignable.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Maintenant, le détail. Plus de recours aux contrats, il y a au moins un million qui existaient avant Emmanuel MACRON. Vous voulez en augmenter le nombre ?
OLIVIER DUSSOPT
L'objectif est de permettre à ceux qui recrutent, des élus locaux, des directeurs d'hôpitaux, des chefs de service, d'avoir plus de possibilités. Pourquoi nous voulons que les employeurs publics puissent recruter plus facilement de contractuels ? Pour trois raisons. D'abord il faut diversifier les profils et avoir des respirations. La deuxième raison c'est que nous avons des métiers techniques, spécialisés, pour lesquels les écoles de service public ne forment pas nécessairement, pour lesquelles nous avons une forme de rareté, et il faut pouvoir répondre à cela. Et puis, nous avons un certain nombre de postes, sur lesquels aujourd'hui il est difficile de recruter, il est difficile de faire venir du monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, et quand vous recrutez, l'emploi à vie dans la Fonction publique, c'est fini.
OLIVIER DUSSOPT
Nous ne remettons pas en cause, pour les titulaires…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour ceux qui sont là.
OLIVIER DUSSOPT
... et le principe du concours reste. Après il y a des recrutements de contractuels, déjà un million aujourd'hui. L'objectif est aussi, et c'est l'occasion de répondre à votre question, de faire en sorte d'avoir plus de possibilités, mais de mieux traiter les contractuels, de lutter contre la précarité…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les licenciements vont être plus faciles maintenant, comme disent les syndicats ?
OLIVIER DUSSOPT
Enfin, je veux bien répondre à tout, mais vous avez deux cas de figure : soit vous êtes titulaire de la Fonction publique, et vous avez un droit au reclassement, nous voulons les encourager, pour ceux qui le souhaitent, à aller vers le secteur privé, mais sur la seule base du volontariat. Et nous avons des contractuels, les contractuels existent déjà. La loi de 1983…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voulez les développer, et est-ce qu'ils auront les mêmes garanties que dans le privé ?
OLIVIER DUSSOPT
Alors, le modèle de contrats dans le secteur public, n'est pas tout à fait le même que dans le secteur privé, les durées ne sont pas les mêmes, par contre, je souhaite qu'un certain nombre de droits du secteur privé soient appliqués au secteur public. Il faut que le CDI soit portable, que le compte épargne temps soit portable, que le compte personnel de formation soit portable, d'un employeur public à l'autre, mais y compris quand vous passez du public au privé. Il y a souvent le sentiment que dans la Fonction publique les gens seraient mieux traités que dans le secteur privé. Il y a aussi beaucoup de cas pour lesquels les droits des salariés du secteur privé sont plus importants que dans le secteur public, et cette réforme elle vise aussi à harmoniser tout cela.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Essayons d'être moins techniques. Vous dites…
OLIVIER DUSSOPT
C'est vrai, c'est très technique comme réforme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il vous arrive de sourire quelquefois, entre nous ?
OLIVIER DUSSOPT
Ça m'arrive de sourire, mais…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous connaissez très très bien les dossiers, mais…
OLIVIER DUSSOPT
Mais c'est important aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui oui. Vous favorisez, vous voulez favoriser la mobilité.
OLIVIER DUSSOPT
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un fonctionnaire peut aller travailler dans le privé. Pendant combien de temps ?
OLIVIER DUSSOPT
Soit il dans le privé de manière définitive, soit aujourd'hui il va dans le privé, mais quand il revient, sa carrière est gelée. Nous, ce que nous voulons, c'est qu'il puisse aller dans le secteur privé pendant 5 ans, mais s'il revient au bout de 5 ans, sa carrière aura été préservée et il bénéficiera de l'avancement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, l'aller-retour est possible…
OLIVIER DUSSOPT
Favoriser les allers-retours, avec un contrôle…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
... et il garde ses droits, y compris d'avancement.
OLIVIER DUSSOPT
L'avancement, la prise en compte de l'expérience privée pour accéder à des grades à accès fonctionnel. Nous, ce que nous voulons, c'est que les allers-retours soient possibles, avec un contrôle déontologique, je le répète parce que c'est important, à la fois pour les entrées et pour les sorties de la Fonction publique, mais que ce soit fluide.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si le métier disparaît, oui s'il évolue, quand il revient, qu'est-ce qui se passe ? Ou celui qui veut rester ?
OLIVIER DUSSOPT
Celui qui veut rester, alors que son poste est menacé par une évolution technologique ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, est-ce que vous allez le former, est-ce que vous allez lui donner des chances, est-ce que vous allez lui dire : eh bien il faut que tu ailles travailler vachement loin ?
OLIVIER DUSSOPT
Jusqu'à présent, quand l'Etat supprimait un poste, quelle que soit la raison, que ce soit une évolution technologique, une raison budgétaire, peu importe. Quand l'Etat supprimait un poste, il s'occupait très mal des fonctionnaires dont le poste était supprimé. Nous, ce que nous voulons, c'est deux choses : permettre à ceux qui veulent aller dans le secteur privé, d'y aller plus facilement, d'être accompagnés, d'être sécurisés, pour aller vers le secteur privé, pour ceux qui le souhaitent. Et pour ceux qui souhaitent rester dans le public, nous souhaitons aussi leur permettre, et pour cela, ça peut paraître très simple, peut-être même presque naïf, mais nous allons favoriser les mobilités géographiques, avec plus d'accompagnement, plus de primes, s'occuper des conjoints et des conjointes, et nous allons aussi permettre ce qu'on appelle le maintien dans un emploi local, c'est-à-dire que si demain vous êtes agent public dans une Direction départementale de l'Etat en Ardèche, c'est un beau département, que je connais bien, que votre poste est supprimé, que vous voulez rester en Ardèche, on vous permet de rester en Ardèche, par contre ça veut dire de la formation, ça veut dire un changement de métier, ça veut dire un changement de…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'est vous qui payez, l'Etat qui paie la formation ?
OLIVIER DUSSOPT
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière chose, vous prévoyez de la rémunération au mérite. Qui ?
OLIVIER DUSSOPT
Tous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tous.
OLIVIER DUSSOPT
Tous. Aujourd'hui, pour les fonctionnaires titulaires, la rémunération au mérite est possible, dans la loi nous allons la rendre possible pour les contractuels. Il n'y a pas d'obligation, mais nous considérons que c'est une possibilité qui est utile, pour reconnaître l'engagement des fonctionnaires, des contractuels, qui prennent en charge des projets etc.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Soyez moins technique…
OLIVIER DUSSOPT
Oui, mais c'est très technique. Mais vous savez, la technique…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui oui, mais en même temps ça concerne tellement de millions de gens.
OLIVIER DUSSOPT
La technique, ça n'empêche pas d'être très politique, c'est une réforme qui est importante pour les usagers et pour les agents.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il paraît qu'au Conseil des ministres hier, le président de la République a dit : mais, la Haute fonction publique, c'est-à-dire les gens qui sortent des grandes écoles et qui sont des patrons de service etc., vont être concernés aussi ?
OLIVIER DUSSOPT
Tous. Le président de la République part d'un principe simple : quand on fait une réforme, le sommet, les patrons, doivent donner l'exemple.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Doivent donner l'exemple. Donc ça, ça viendra après le Grand débat.
OLIVIER DUSSOPT
Ça fait partie des sujets qui seront traités à l'issue du Grand débat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire rapprocher les élites de ceux qui ne sont pas les élites.
OLIVIER DUSSOPT
Oui, faire en sorte de diversifier aussi les recrutements.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le temps de travail, Olivier DUSSOPT, l'Inspection générale des finances et publié un rapport qui a provoqué un tam-tam, un vacarme : un tiers des fonctionnaires d'Etat travaille moins que la durée légale, 190 000 d'entre eux ne font que 1 555 heures au lieu de 1 607, et en Allemagne 1 807. Il y a des dérogations et des avantages qui vont être supprimés ?
OLIVIER DUSSOPT
Quand vous dites un tiers, ce n'est pas tout à fait juste, et il faut préciser les choses. Au risque d'être trop technique, vous allez me le reprocher une troisième fois, mais quand vous dites que ce rapport indique un tiers, c'est un tiers hors enseignants qui ont un régime spécial, avec un nombre d'heures d'enseignement, hors militaires et hors forces de sécurité, c'est important à souligner et ça ne concerne pas la Fonction publique hospitalière.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord.
OLIVIER DUSSOPT
Ce que nous allons faire, c'est deux choses : nous demandons aux communes, aux départements, aux régions, qui ont parfois, pas toutes, mais parfois des régimes de temps de travail inférieurs à 1 107 heures, de se mettre à 1 107 heures. L'Etat doit balayer devant sa porte. Si nous demandons aux collectivités de le faire, il faut que nous le fassions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire il faut appliquer les 35 heures.
OLIVIER DUSSOPT
Nous allons regarder ministère par ministère, pour celles et ceux qui sont à un une durée de temps de travail inférieure à 1107 heures, comment faire en sorte que tout le monde soit dans le droit commun.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, on va prendre quelques exemples qui ont surpris ou choqué. Les journées du maire, elles sont variables selon les traditions locales, mais qu'est-ce que c'est ? Les journées des ministres, qu'est-ce que ça veut dire ?
OLIVIER DUSSOPT
Alors, vous savez, dans le secteur privé, il y a parfois des journées du président, donc il ne faut pas jeter la pierre aussi rapidement que cela…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais c'est…
OLIVIER DUSSOPT
Nous avons aujourd'hui le fruit de l'histoire. Le fruit de l'histoire, c'est que dans tel ou tel ministère, dans telle ou telle collectivité, il y a des congés qui ont pu être octroyés, des journées du maire, comme vous le dites. Nous, ce qui nous intéresse…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais qu'est-ce que c'est la semaine Malraux ?
OLIVIER DUSSOPT
La semaine Malraux c'est une négociation qui a eu lieu il y a plus de 40 ans maintenant, entre André MALRAUX lorsqu'il était ministre de la Culture, et les syndicats du ministère de la Culture.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'était une semaine de vacances en plus.
OLIVIER DUSSOPT
Et cela donne quelques jours de congés supplémentaires aux fonctionnaires du ministère de la Culture.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est une mesure qui continue.
OLIVIER DUSSOPT
C'est une mesure qui est toujours en vigueur effectivement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et Paris qui offre 4 jours de neige par an, même quand il n'y a pas de neige !
OLIVIER DUSSOPT
Ça fait partie des observations que la Cour des comptes a faites, et donc ça fait partie des discussions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc là…
OLIVIER DUSSOPT
Non mais, sur ce sujet-là, comme ministre de la Fonction publique, avec l'ensemble du gouvernement, ce qui m'intéresse ce n'est pas de savoir si dans telle commune il y a un jour du maire ou un jour du maire, c'est de faire en sorte que la durée légale du temps de travail soit la norme, tout simplement, peu importe comment on y arrive.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et dans le rapport, l'IGF a calculé que supprimer certains abus économiserait 30 000 postes, c'est-à-dire 60 % des 50 000 emplois de fonctionnaires de l'Etat que vous voulez supprimer, donc…
OLIVIER DUSSOPT
Il faut faire attention…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, d'accord, il faut nuancer etc. …
OLIVIER DUSSOPT
Il faut faire attention aux règles de trois énoncées.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
... mais c'est un rapport…
OLIVIER DUSSOPT
Mais c'est une vraie piste de travail.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la République, il y a eu les arbitrages du président, vous avez travaillé avec Gérald DARMANIN etc., mais Emmanuel MACRON a dit oui à tout ce que vous avez proposé ?
OLIVIER DUSSOPT
Le texte a été présenté au Conseil des ministres hier matin…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui oui.
OLIVIER DUSSOPT
Il sera présenté à l'Assemblée nationale dans les semaines qui viennent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sans correction. Je veux dire encore un mot : l'égalité femmes/hommes…
OLIVIER DUSSOPT
C'est une priorité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, en quoi, comment chez les fonctionnaires ?
OLIVIER DUSSOPT
Nous avons discuté un accord avec les organisations syndicales, sept sur neuf l'ont signé, les employeurs l'ont signé, nous allons lutter contre les inégalités de salaires, favoriser l'accès aux postes de Direction et d'encadrement pour les femmes qui parfois font l'objet de discriminations. Nous allons faire en sorte de mieux concilier la vie personnelle et la vie professionnelle. Je prends un seul exemple, la suppression du jour de carence pour les femmes enceintes, entre le moment où elles déclarent leur grossesse et le moment où elles partent en congé maternité, ou encore le fait que le congé parental n'ait plus d'impact sur la carrière.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous avons été longs sur la réforme de la Fonction publique, parce que c'est très très important.
OLIVIER DUSSOPT
C'est une réforme importante.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Surtout on va voir les réactions et en même temps si elle passe et elle s'applique, on l'a dit, le 1er janvier. L'ex-conseiller spécial du président MACRON, Ismaël EMELIEN, a provoqué hier un véritable tohu-bohu, il a dit : « Emmanuel MACRON ne pourra pas être candidat en 2022, s'il ne réussit pas d'ici là ». Donc, si le président de la République rate la sortie du Grand débat et mécontente les Français, fin de la perspective d'un deuxième mandat. Et d'ailleurs indécent d'en parler déjà, alors qu'on ne sait pas s'il va finir le premier. Mais qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
OLIVIER DUSSOPT
Je pense que c'est un faux débat, je pense que c'est un faux débat, que le président de la République va réussir. Et s'il réussit il pourra, s'il le souhaite évidemment, se représenter. Ce qu'a dit Ismaël EMELIEN est assez simple, il dit que lorsqu'on est en échec, on ne peut pas prétendre à la poursuite…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Là, il enfonce des portes ouvertes, mais qu'il le dise, lui, en sortant de l'Elysée…
OLIVIER DUSSOPT
Mais l'échec n'est pas là, l'échec ne sera pas là. Le président va réussir et nous sommes mobilisés autour de lui pour qu'il réussisse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et là vous touchez du bois, qu'est-ce que vous faites ?
OLIVIER DUSSOPT
Il n'y a que du plastique sur le plateau, l'essentiel n'est pas de toucher du bois, l'essentiel c'est de travailler et de réussir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On se souvient qu'il y avait la jurisprudence Hollande, vous vous en souvenez, c'était : je ne réduis pas…
OLIVIER DUSSOPT
Oui, je m'en souviens très bien, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Je ne réduis pas le chômage, je dégage, je m'en vais. Ismaël EMELIEN a donc inventé une jurisprudence pour Emmanuel MACRON : si ça ne marche pas, dehors ?
OLIVIER DUSSOPT
Je ne crois pas, et je le crois d'autant moins que le président va réussir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, là, c'est... Bon, il paraît que le président de la République n'a pas du tout aimé, il l'a fait savoir, il y a une rumeur qui court, il n'est pas engagé par les propos de son ex-conseiller, et encore, si je me permets, il faut finir le quinquennat.
OLIVIER DUSSOPT
Il faut le finir, le réussir, avant d'en envisager un second.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et réussir. La réponse aux Gilets jaunes, au malaise social que ça représentait et aux aspirations souvent légitimes des Français. Très vite, deux ministres quittent le gouvernement…
OLIVIER DUSSOPT
Trois même.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bon, trois, la troisième est Nathalie LOISEAU, c'est normal, c'est pour l'Europe, elle est tête de liste. Mais deux ministres, MAHJOUBI et Benjamin GRIVEAUX quittent le gouvernement pour mieux s'étriper et satisfaire leurs ambitions personnelles pour l'élection de Paris, qui a lieu dans un an. Dans une période aussi difficile, à la veille de nouvelles manifestations de Gilets jaunes et noirs, est-ce que ça veut dire qu'il vaut mieux ne pas être dans votre gouvernement pour avoir des chances d'être élu maire etc., qu'il faut j'allais dire fiche le camp, il faut déserter ?
OLIVIER DUSSOPT
Ah, je ne crois pas, je ne crois pas, et je pense que tout le gouvernement est mobilisé pour la réussite du quinquennat, la réussite du président de la République, et tenir ses engagements. Il y a une campagne européenne qui s'ouvre et dans ce que vous avez évoqué, moi je souhaite que Nathalie LOISEAU ait la meilleure réussite. Si Nathalie LOISEAU réussit, ça permettra à la France d'avoir une voix forte au Parlement européen, c'est l'essentiel.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Comme vous ne parlez pas de Paris, vous voulez dire qu'Anne HIDALGO, vous voudriez qu'elle soit élue.
OLIVIER DUSSOPT
Je n'ai pas dit cela, et je souhaite le meilleur à mes amis, mais chaque chose en son temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Benjamin GRIVEAUX, il était impatient de s'organiser pour Paris, il s'en va. Mounir MAHJOUBI, décidé à rester dans le gouvernement jusqu'en juin, il disait : partir c'est déserter. Les deux démissionnaires ou démissionnés, et on dit même pour MAHJOUBI, il commençait à fatiguer un peu tout le monde, donc il a été ou limogé ou vidé ou écarté, en tout cas démissionnaire ou démissionné, le président les a mis tous les deux dehors. Eh ben voilà.
OLIVIER DUSSOPT
Le président de la République a toujours dit qu'il ne voulait pas que les ministres soient ministres et candidats, et qu'on devait se consacrer…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils pouvaient attendre, ils pouvaient attendre.
OLIVIER DUSSOPT
Qu'on devait se consacrer totalement à notre tâche et c'est la règle qui prévaut-il.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il serait surprenant que les trois soient irremplaçables, probablement d'ici à vendredi ou lundi. Merci. Nous, l'information continue, et à demain j'aurais comme aujourd'hui un invité. Merci d'être venu.
OLIVIER DUSSOPT
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2019