Texte intégral
CHRISTOPHE MOULIN
Bonjour Monsieur le ministre.
MARC FESNEAU
Bonjour.
CHRISTOPHE MOULIN
Merci d'être là. Dites donc, vous travaillez encore ?
MARC FESNEAU
Ben oui ! Pourquoi ?
CHRISTOPHE MOULIN
Je ne sais pas, le président est en vacances !
MARC FESNEAU
Oui, enfin chacun prend ses congés selon son rythme, le Président de la République reviendra à l'occasion s'il y a besoin à Paris. Je pense que le gouvernement d'abord doit être présent jusqu'à la fin de la semaine, beaucoup de ministres sont d'ailleurs en veille, quand vous êtes ministre de l'Intérieur, quand vous êtes ministre de la Santé, quand vous êtes ministre de l'Agriculture vous êtes astreint à une veille permanente pendant la période d'été pour des raisons de natures diverses. Quant au Président de la République, il est en veille permanente, donc il a été en contact toute la journée hier avec les ministres, mais après c'est au gouvernement aussi d'agir et c'est à lui d'agir. Et au moment où on demande toujours…
CHRISTOPHE MOULIN
Le président préside, le gouvernement agit ?
MARC FESNEAU
Oui, moi je trouve que c'est une bonne chose. Et puis deux, au moment où on demande aux uns et aux autres de mener une vie normale, ce n'est pas anormal que des responsables publics prennent des vacances, ça me paraît une logique assez implacable.
FRANÇOISE DEGOIS
On peut le comprendre, peut-être que les 10 jours imposés par François HOLLANDE étaient trop, mais est-ce que vous ne prenez pas un risque en fait parce qu'on sait toujours que… enfin souvent que les étés son meurtriers, rien n'est stabilisé, il y a un vrai malaise social dans ce pays. Est-ce qu'il n'y a pas un risque quand même par rapport à l'opinion qui ne vous passe rien ?
MARC FESNEAU
Oui mais c'est une question…
FRANÇOISE DEGOIS
Ce qui est normal d'ailleurs !
MARC FESNEAU
D'ailleurs ce n'est pas illogique que l'opinion soit en veille sur ce qu'on fait, mais ce n'est pas illogique qu'on prenne des vacances et que par ailleurs, on soit… vous imaginez bien que quand on est président de la République, Premier ministre ou ministre on est en permanence en veille, on peut être à la fois en congés et regarder ce qui se passe dans le pays et pouvoir agir rapidement s'il y a besoin de le faire. Je trouve que ça me paraît une logique assez normale, dans toutes les démocraties les responsables publics prennent des vacances et c'est normal qu'ils prennent des vacances. Je pense que c'est bien aussi qu'on ait un temps de recul parce qu'on a une année assez chargée…
FRANÇOISE DEGOIS
C'est un euphémisme !
CHRISTOPHE MOULIN
Et une fin de saison difficile !
MARC FESNEAU
Le début n'a pas été mal non plus, mais reconnaissons que c'est bien aussi qu'on puisse les uns et les autres prendre auprès des nôtres un temps, c'est normal, nous sommes de cette manière-là comme tous les citoyens français.
CHRISTOPHE MOULIN
C'est être comme tous les citoyens français quand le président justement dit : les ministres, le gouvernement a besoin de se reposer, 3 semaines c'est bien pour se reposer ?
MARC FESNEAU
Oui, c'est à peine 3 semaines pour un certain nombre d'entre nous, mais oui, c'est bien, le temps estival est un temps nécessaire pour ça. Je comprends… honnêtement je comprends assez peu qu'on aille ou que certains puissent chercher, ce n'est pas ce que vous faites, polémiquer sur le sujet que des ministres prennent des congés…
CHRISTOPHE MOULIN
Comme tous les Français !
MARC FESNEAU
Comme tous les Français, ça ne me paraît pas une mauvaise chose. Et puis au-delà de ce fait-là, je pense que c'est une nécessité pour chacun d'être un peu en recul quelque temps, pour ne pas être en permanence à la pression. Je pense que c'est sain pour l'esprit aussi de se retrouver en famille ou de se retrouver dans d'autres activités que celles qui nous occupent toute la journée et toutes les semaines.
CHRISTOPHE MOULIN
Alors il y en a qui se retrouvent en famille ou qui vont se retrouver en famille ; et puis il y en a qui se retrouvent entre amis. On a appris… il y avait un déjeuner hier entre le Premier ministre et un certain François DE RUGY, il y avait du homard au menu du déjeuner ou pas ça ?
MARC FESNEAU
Je ne suis pas sûr que ce soit le fond de votre question, c'était… ce n'est pas…
CHRISTOPHE MOULIN
Non, l'idée c'est pourquoi, je vous taquine mais l'idée c'est pourquoi se voir ?
MARC FESNEAU
J'ai bien compris que vous me taquiniez, mais je ne trouve pas anormal que le Premier ministre puisse discuter avec François DE RUGY, qui a quitté le gouvernement à sa demande dans les conditions que vous connaissez. C'est une question aussi de traiter les gens avec le minimum de décence et d'humanité qui doit être la nôtre. François DE RUGY a été président de l'Assemblée nationale, il a été ministre de la Transition écologique et solidaire, ce n'est pas anormal que le Premier ministre puisse à cette occasion-là prendre de ses nouvelles et échanger avec lui. Je trouve que c'est une chose qui est plutôt saine, la vie politique n'est pas faite de ruptures qui feraient qu'à partir du moment où vous démissionnez, on vous laisse tomber, enfin je trouve que ça serait… il y aurait quelque chose d'assez malsain. On l'a vu à plusieurs à reprises dans le passé, c'est-à-dire…
CHRISTOPHE MOULIN
C'est bien pour ça que je vous pose la question !
MARC FESNEAU
Oui, mais c'est bien que ça se fasse plus je trouve et qu'on puisse respecter les gens, on peut aller déjeuner avec François DE RUGY, je ne vois pas ce qu'il y a de compromettant à déjeuner avec François DE RUGY.
FRANÇOISE DEGOIS
Non, non, d'abord là c'est un dîner… je crois ou c'est un déjeuner, mais la réalité c'est que…
MARC FESNEAU
Déjeuner.
FRANÇOISE DEGOIS
Non, non, mais la réalité si vous voulez, c'est que si cette information fuite c'est qu'on veut la faire fuiter, c'est qu'on veut envoyer quelque chose. Donc il est tout à fait normal qu'on s'interroge. Moi je ne crois pas beaucoup, pardonnez-moi, instruite par l'expérience, aux grands élans d'amitié sincères, sans arrière-pensée. Est-ce que ça veut dire que François DE RUGY, on fait de la câlinothérapie pour lui permettre de revenir tranquillement et qu'il n'y ait pas de problème par la suite ; ou bien est-ce que ça veut dire qu'on regarde dans quelles conditions il pourrait revenir ?
MARC FESNEAU
Peut-être que vous avez eu, si je peux me permettre de vous taquiner, de mauvaises expériences…
FRANÇOISE DEGOIS
Non, pas du tout.
MARC FESNEAU
On peut aussi avoir le sentiment…
FRANÇOISE DEGOIS
Oui !
MARC FESNEAU
Non mais la vie politique n'est pas faite que de cynisme, on peut aussi avoir le sentiment…
FRANÇOISE DEGOIS
Il y a un sens là !
MARC FESNEAU
Que c'est bien de ne pas avoir laissé tomber quelqu'un qui a vécu depuis 10 jours une période difficile…
FRANÇOISE DEGOIS
Non mais Marc FESNEAU, quand on…
MARC FESNEAU
Enfin l'humanité à l'endroit de ceux avec qui on travaille n'est pas…
FRANÇOISE DEGOIS
J'ai bien compris !
CHRISTOPHE MOULIN
Alors le quelqu'un en question… alors je ne sais pas si…
MARC FESNEAU
Et je ne sais pas s'il y a un message particulier…
FRANÇOISE DEGOIS
Pas si on fait fuiter une information, quand on veut déjeuner discrètement, on le fait…
MARC FESNEAU
Oui, très bien, mais c'est peut-être pour montrer aussi qu'on ne laisse pas tomber François DE RUGY et qu'on ne tourne pas la page comme ça de façon sèche, comme ça s'est fait avant. Et ça c'est peut-être nouveau et c'est plutôt bien moi je trouve.
CHRISTOPHE MOULIN
Alors Marc FESNEAU, il y a quand même cette interrogation et c'est pour ça aussi que Françoise se pose la question, c'est qu'à la fin de cette interview chez nos confrères de France 2, il laissait entendre qu'il pourrait revenir, en tout cas il aimerait bien revenir. Donc je ne sais pas, on parle d'un remaniement possible au mois de septembre, ce serait dans les tuyaux, ça pourrait se faire ou quelque part, cet homme blanchi qui n'a rien à se reprocher, je reprends encore les termes de François DE RUGY, ce n'était peut-être pas dans le bon tempo ou dans le bon temps ou peut-être trop tôt, je ne sais pas !
MARC FESNEAU
Non mais que François DE RUGY ait besoin de se réhabiliter et, d'une certaine façon, que l'effet soit posé devant l'opinion, je trouve ça très sain. Après la formation d'un gouvernement, la composition d'un gouvernement ça n'appartient à personne d'autre qu'au président de la République en lien avec le Premier ministre. Donc il n'y a pas de commentaire à faire de plus que ça, mais je comprends le souhait que peut avoir François DE RUGY d'une certaine façon d'être réhabilité avec le sentiment d'injustice qui peut être celui de quelqu'un qui a le sentiment que… comment dirais-je… l'armoire lui est tombée un peu sur la tête avec un certain nombre de choses qui ont été dites et, pour une part d'entre elles, qui étaient fausses ; et pour d'autres qui ne relevaient pas manifestement de faits répréhensibles. Donc je comprends ce que peut avoir François DE RUGY dans la tête, après la formation d'un gouvernement elle ne se fait pas comme ça au gré des entrées et des sorties. C'est un message politique la formation d'un gouvernement ou la formation d'un gouvernement…
CHRISTOPHE MOULIN
Vous comprenez aussi, puisque tout à l'heure vous parliez des Français, que certains aient pu être choqués, la forme, le fond et puis…
MARC FESNEAU
Il y a les questions : est-ce que ça relevait de quelque chose qui était répréhensible d'un point de vue juridique ? Manifestement non. Et après, je pense que ce n'est pas François DE RUGY en tant que tel qui est en cause…
CHRISTOPHE MOULIN
Non, c'est l'ensemble des…
MARC FESNEAU
Soyons les uns et les autres dans des attitudes qui soient des aptitudes à la fois modestes et des attitudes de vie normale, même si nous n'avons pas…
CHRISTOPHE MOULIN
C'est ce qu'a rappelé le Premier ministre, le président lors du dernier Conseil des ministres vous l'a rappelé ?
MARC FESNEAU
Le président nous a rappelés à la sobriété, je pense que c'est… il n'y avait pas besoin d'être complètement… ce n'est pas le sujet, mais enfin il faut qu'on soit sobres, non seulement parce que nous conduisons le pays, que nous conduisons Le pays et que nous nous sommes à gérer de l'argent public ; et puis 2) devant les Français pour que cette exemplarité-là soit à l'oeuvre tous les jours.
FRANÇOISE DEGOIS
Oui mais je voulais juste… pardonnez-moi sur cette question de vacances, la sobriété ça a toujours été la consigne de tous les gouvernements, y compris de celui de Nicolas SARKOZY, y compris François HOLLANDE, y compris également Emmanuel MACRON.
MARC FESNEAU
Ça n'empêche pas de le rappeler !
FRANÇOISE DEGOIS
Ça n'empêche pas les « emmerdes », ça n'empêche pas que l'été…
MARC FESNEAU
Non, mais ça n'empêche pas le rappeler…
FRANÇOISE DEGOIS
Ça n'empêche pas que l'été est souvent… est souvent une période difficile…
CHRISTOPHE MOULIN
L'été peut être meurtrier.
FRANÇOISE DEGOIS
Je rappelais tout à l'heure la difficile période pour François HOLLANDE en photo en maillot à Brégançon, tout ce qui a suivi, une chute dans les sondages par rapport à ça. On peut déraper sur une… non mais on peut déraper sur un mauvais signal, vous savez très bien !
MARC FESNEAU
Oui, mais je me souviens très bien ce qui s'était passé, c'est que François HOLLANDE élu, la session s'était terminée je crois le 10 ou le 15 juillet et qu'il n'y avait pas eu de son, pas d'image pendant 6 semaines, c'est ça qui lui a été reproché. Et c'est la fois d'après, l'année d'après qu'il avait du coup réduit les congés, c'est comme ça que ça s'était passé. On avait dit : une fois élu, ils sont partis en congés. Je n'ai pas l'impression, on en parlera peut-être, que dans cette année… l'année 2017, l'année 2018 et l'année 2019 nous ayons particulièrement chômé. Ça n'empêche pas d'être en veille, ça n'empêche pas d'être en veille.
CHRISTOPHE MOULIN
Non, justement. Alors on va continuer de parler vacances, mais dans un autre domaine. Devoirs de vacances fixés par le président et Fabrice LUNDY le répétait tout à l'heure, dans ces devoirs de vacances il y a de l'argent, beaucoup d'argent à trouver.
FABRICE LUNDY
Oui, le gouvernement qui apparemment tarde à boucler, a du mal à boucler son budget 2020, il manque encore 3 milliards d'euros d'économies. Où est-ce qu'on va aller les chercher, sachant qu'on ne va pas aller les prendre sur la suppression de postes de fonctionnaires !
MARC FESNEAU
De toute façon… je ne suis pas sûr qu'on soit très en retard, il y a des premiers arbitrages qui ont été faits, généralement l'exercice se clôture plutôt à la fin du mois d'août, ça fait partie de ce que vous disiez, des devoirs de vacances. C'est au ministre de Comptes publics, au ministre de l'Economie et des Finances de regarder dans chaque ministère les marges qui peuvent être trouvées. La nécessité c'est à la fois de répondre à ce qu'a été la sortie de crise des gilets jaunes, avec un certain nombre d'éléments qui ont été mis pour le pouvoir d'achat des Français…
CHRISTOPHE MOULIN
De 17 milliards.
MARC FESNEAU
Et puis de trouver des éléments qui permettent d'équilibrer le budget, parce que l'équilibre du budget ce n'est pas une question… ce n'est pas une question en l'air ou une question théorique, c'est une question de crédit de la France sur la scène européenne. Nous avons la chance aujourd'hui d'avoir des taux d'intérêts qui sont très bas, mais est-ce qu'on sait si ça va durer ? Non, donc c'est une question de responsabilité collective, sachant que quand vous avez des crises financières et quand vous avez des difficultés à rembourser, ce n'est jamais les gens les plus aisés qui sont les plus pénalisés, c'est généralement les gens les plus pauvres…
FABRICE LUNDY
Vous allez vous en prendre aux entreprises en premier, sur la baisse des charges…
MARC FESNEAU
Ce n'est pas la question de prendre aux entreprises, on verra, je ne pas ministre des Comptes publics, donc ce n'est pas moi qui ferai et les arbitrages. Et vous verrez bien au mois d'août, si ça…
CHRISTOPHE MOULIN
Mais votre idée sur la question !
MARC FESNEAU
Ce qu'il faut, c'est qu'on trouve un équilibre entre des économies… il y a un certain nombre d'agences, il y a un certain nombre de structures qu'on veut moderniser qui permettraient de faire des économies. Il y a des aides qui ont été faites aux entreprises, il y aura sans doute des mécanismes de régulation mais qui ont déjà été annoncés d'une certaine façon sur la loi sur les Gafa, puisqu'on a dit qu'on allait prendre un peu de délai sur un certain nombre d'impôts. Mais après, il appartiendra au ministre des Comptes publics de présenter et de proposer au Premier ministre les arbitrages.
FRANÇOISE DEGOIS
Alors votre travail à vous, c'est de huiler cette majorité pléthorique, quand même la…
MARC FESNEAU
Le travail parlementaire en général d'ailleurs !
FRANÇOISE DEGOIS
Non mais c'est le vote, vous êtes fait pour ça, vous êtes là pour ça, ministre de la Relation avec le Parlement.
MARC FESNEAU
Je suis là pour ça, je confirme.
FRANÇOISE DEGOIS
Alors ceci étant, qu'est-ce qui est arrivé, qu'est-ce qui vous est arrivé, il y a eu un bug, 52 abstentions de la majorité, 9 votes contre, c'est la première fois je crois, on ne parle pas de fronde et de rébellion, mais quand même. Le ministre qui est chargé de verrouiller tout ça n'est pas très satisfait.
MARC FESNEAU
Non mais moi, je ne suis pas garde-chiourme et je ne suis pas là pour verrouiller les choses…
FRANÇOISE DEGOIS
Non, mais j'ai bien compris…
MARC FESNEAU
Non mais on pourrait…
FRANÇOISE DEGOIS
Non mais Marc FESNEAU, c'est votre travail d'entretenir…
(…) Brouhaha
MARC FESNEAU
Mais moi, je ne considère pas que ce soit le travail… non mais je pense qu'on a un sujet général sur le texte qui est en question, c'est le sujet du commerce international et du rapport que nous entretenons avec le commerce international. Il y a un certain nombre de gens dans les groupes… je suis quand même assez étonné pour tout vous dire, mais je vais revenir sur le groupe et les groupes majoritaires, je suis assez étonné que ceux qui ont négocié, qui ont signé l'accord ou qui ont autorisé la signature de l'accord maintenant soient contre l'accord. Alors c'est vrai que c'est toujours…
CHRISTOPHE MOULIN
Vous parlez de qui ?
MARC FESNEAU
Le Parti socialiste…
FRANÇOISE DEGOIS
Non, non, mais déjà… vous avez la mémoire courte, le Parti socialiste se déchirait, HOLLANDE avait eu sa première fronde déjà sur le CETA, donc…
MARC FESNEAU
Oui mais enfin, il y avait une majorité…
FRANÇOISE DEGOIS
Mais oui !
MARC FESNEAU
Enfin ! Il me semble qu'il y avait une majorité !
CHRISTOPHE MOULIN
Je pensais que vous parliez de Nicolas HULOT !
MARC FESNEAU
Attendez ! Il y avait une majorité, ne mettez pas tous les problèmes sur la table au même moment, il y avait une majorité. Il faut assumer aussi le fait... ou alors il fallait refuser de rentrer dans les négociations avec le Canada, premier élément. Deuxième élément, je pense qu'on a un sujet et je pense que c'est…
FRANÇOISE DEGOIS
Mais ne parlez pas des autres Marc FESNEAU, parlez de votre majorité !
MARC FESNEAU
De ce point de vue-là… attendez, je suis en train d'y répondre. De ce point de vue-là on a un sujet désormais, c'est qu'un certain nombre de gens – vous parliez de Nicolas HULOT et je ne partage pas du tout son point de vue – pensent que par nature le commerce international nuit à l'environnement et nuit au réchauffement climatique, au dérèglement climatique et participe du dérèglement climatique, pour être plus précis. Moi je pense que les outils du commerce international sont des outils qui permettent de réorienter et de permettre aux Etats avec lesquels on discute de réorienter leur politique. Si on ne fait pas d'accord avec le Canada, ça n'empêchera pas le Canada de continuer à produire dans ces conditions. Les Allemands sont très pourvoyeurs ou dépensiers en termes de charbon, est-ce qu'on arrête de commercer avec les Allemands ? Non, il faut qu'on engage les modèles au travers du commerce, c'est-à-dire d'inciter au travers des accords commerciaux à faire évoluer les pratiques en direction du changement climatique. C'est quand même mieux de les avoir avec nous…
FRANÇOISE DEGOIS
Ça ne changerait rien pour les Canadiens qui… vous ne modifieriez pas la façon de fonctionner des Canadiens sur la…
MARC FESNEAU
Mais si parce que si vous avez un accord international avec le Canada en terme commercial, si vous mettez des garanties en terme climatique, vous vous armez des conditions pour en dialogue avec le Canada dire « vous ne respectez pas l'accord de Paris et, donc, je peux sortir de l'accord économique ». Et devant vos citoyens, quand vous avez un accord commercial qui est équilibré et qui est favorable aux 2 parties, si vous prenez le risque de sortir parce que vous ne respectez pas le veto climatique, c'est quand même plus facile que quand vous n'avez pas d'accord. Les accords de commerce, c'est des accords qui permettent de réguler, sinon le commerce il se fait quand même.
FRANÇOISE DEGOIS
De toute façon sur la question des farines animales par exemple, vous n'avez rien vu, sur la question de la nourriture des animaux avec du sang et… donc là…
MARC FESNEAU
Et la question qui est posée à la majorité, c'est : qu'est-ce qu'on fait de ces accords internationaux ? Il y a eu un gros travail qui a été fait par la Commission des Affaires étrangères, pour la première fois, on pourrait le reconnaître au moins, pour la première fois c'est un accord où on a mis tout sur la table, y compris les impacts… non pas le point de croissance ou le volume global, on a regardé filière par filière d'un point de vue qualitatif quels pouvaient être les effets, quels pouvaient être les risques. Ca a été mis sur la table, c'est un rapport qui faisait plusieurs centaines de pages à la demande du gouvernement, à la demande de la Commission des Affaires étrangères présidée par Marielle DE SARNEZ. Jacques MAIRE, député la République en marche a fait un travail assez remarquable d'explicitation. Après que dans la majorité, certains aient émis des doutes, je pense qu'on a un travail de pédagogie à faire, ce n'est pas… je pense qu'on est on était sur quelque chose de très particulier. Vous dire qu'on a été surpris non, on sentait bien et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a déployé beaucoup d'énergie pour essayer de montrer ce qu'était l'accord et ce qu'étaient les avantages de cet accord, mais je pense qu'on a quelque chose, de la pédagogie à faire sur le commerce international. Reconnaissons…
CHRISTOPHE MOULIN
Et de la pédagogie aussi à l'intérieur de votre propre mouvement…
MARC FESNEAU
Mais reconnaissons aussi, c'est le cas du Mercosur, qu'on lance la négociation il y a 19 ans, ça part si je peux dire en sous-marin pendant 19 ans et tout d'un coup un vendredi, on a dit : ça y est, on a un accord. 19 ans plus tôt, ce n'était pas la même situation géopolitique et la même situation économique…
FRANÇOISE DEGOIS
Ça ne sera pas aussi simple pour le Mercosur, vous le savez déjà !
MARC FESNEAU
Mais bien sûr, c'est ce que je vous dis.
FRANÇOISE DEGOIS
Le Mercosur ce sera plus dur avec votre majorité…
MARC FESNEAU
C'est ce que je vous dis parce que les éléments, le président de la République l'a dit, les éléments qui sont posés sur la table ne satisfont pas aux exigences qui sont les nôtres. Donc après, ça sera l'objet d'une négociation. Je rappelle que le CETA engagé sous Nicolas SARKOZY, ratifié sous enfin… voté sous François HOLLANDE, on a décidé de faire des ajouts, le veto climatique n'était pas dans l'accord initial, donc on a pu faire des ajouts mais je vois bien qu'il y a besoin de… pas de la pédagogie pour convaincre, de la pédagogie pour comprendre comment tout ça va fonctionner désormais.
CHRISTOPHE MOULIN
Marc FESNEAU, autre sujet dans l'actualité, on se pose la question sur LCI d'ailleurs ce matin, est-ce qu'Emmanuel MACRON a la bonne méthode en ce qui concerne le chômage ? Publication des chiffres hier, bémol quand même interrogation sur la méthodologie et beaucoup de questions encore avec une rentrée de septembre qui s'annonce quand même très chaude.
FABRICE LUNDY
Légère baisse grâce à qui Marc FESNEAU, la croissance, la démographie, les réformes de la fin de quinquennat de François HOLLANDE, celle d'Emmanuel MACRON en route vers les 7 %, le pari que veut tenir le président de la République de 7 % de taux de chômage ?
MARC FESNEAU
L'important c'est qu'on tienne notre pari, je ne sais pas si c'est un pari d'abord, c'est une exigence vis-à-vis des Français…
CHRISTOPHE MOULIN
Une promesse !
MARC FESNEAU
Qui nous regardent… ou une promesse aussi…
CHRISTOPHE MOULIN
Attention les promesses sur le taux de chômage
MARC FESNEAU
Parce qu'il y a ceux qui sortent du chômage et il y a ceux qui n'en sont pas encore sortis, il y a quand même de très nombreux Français qui ne sont pas sortir du chômage, donc c'est une exigence. C'est une combinaison de plusieurs choses, si les chiffres étaient mauvais on aurait rapidement facilité à nous les imputer, on dirait c'est de votre faute…
FABRICE LUNDY
Non, pour l'instant ils sont bons !
MARC FESNEAU
Pour l'instant ils sont bons. Et donc c'est à la fois la combinaison… enfin ! On ne on peut pas dire que la croissance soit très dynamique, elle est plus dynamique que dans d'autres pays européens, reconnaissons-le…
FABRICE LUNDY
L'Allemagne et l'Italie sont au bord de la récession !
MARC FESNEAU
Oui, on est d'accord mais enfin entre la récession et un peu plus de 1%, on n'est quand même pas dans des étiages très hauts par rapport à ce qu'on a pu connaître, heureusement d'ailleurs d'une certaine façon, à d'autres périodes. Je crois que c'est la combinaison à la fois de cela qu'à une croissance un peu plus dynamique ; et de ce que nous avons fait pour essayer sur différents pans… le droit du travail, on nous avait dit que le droit du travail allait plutôt faire que des milliers de gens allaient se retrouver demandeurs d'emploi, c'est l'inverse qui s'est passé. La vérité c'est que les PME ont plutôt entendu le signal que ça leur permettait de recruter, si je peux dire… je finis juste, avec le sentiment qu'il a pu y avoir moins de risques pour eux. C'est la réforme de l'apprentissage et de la formation professionnelle menée par Madame PENICAUD, c'est un certain nombre d'éléments qui font qu'on crée des emplois industriels avec une politique de… même si c'est peu important en volume, mais enfin pour la première fois on crée des emplois industriels. On peut regarder toujours le verre à moitié vide, c'est une spécialité française, mais il me semble qu'on va dans le bon sens. Ca ne veut pas dire qu'on s'en satisfait, d'ailleurs vous ne m'entendez pas satisfait ou auto-satisfait ce matin, je pense que c'est la combinaison de plusieurs facteurs et c'est pour ça qu'il faut être en veille. Il y aura d'autres… il y a la loi Pacte qui va rentrer maintenant dans l'atmosphère – si je peux dire – en termes de mise en oeuvre et tout ça devrait faciliter pour les entreprises le fait de recruter, leur attractivité et leur compétitivité.
FRANÇOISE DEGOIS
Dernière question peut-être ou je vous laisse sur ce qui s'est passé hier à Strasbourg, quelque chose de très ambigu, la préfecture de Strasbourg lors du match Strasbourg/Maccabi Haïfa, c'est-à-dire le club de football israélien qui dans un premier temps, interdit aux supporters israéliens d'être dans certains lieux et de porter leur drapeau et qui, finalement, a levé cette interdiction en expliquant qu'il y avait probablement des dangers de débordements antisémites. Est-ce que c'est normal d'abord qu'on interdise à quelque pays que ce soit de porter son drapeau ; et qu'au fond on avoue une impuissance à éviter des débordements…
MARC FESNEAU
Non, non, alors je n'ai pas les éléments pour être très juste sur ce qui s'est passé à Strasbourg, puisque vous me le mettez sur la table. Enfin ! En première intuition, ce n'est pas normal que les uns et les autres ne puissent pas exprimer ce qui sont… surtout pour une manifestation sportive, c'est encore plus invraisemblable. On est dans un pays où on voit bien que… on ne peut pas dire que la bienveillance à l'endroit des autres et de ceux qui défendent telle ou telle chose soit de mise ; et je regrette assez que des risques de débordements… le simple fait qu'on puisse penser qu'il y a des risques de débordements montre l'état de la société…
FRANÇOISE DEGOIS
Il y en a eu de fait, il y a 3 supporters qui ont été pris à partie parce qu'ils parlaient hébreu entre eux !
MARC FESNEAU
Oui mais c'est une vraie difficulté et je crois que tous les gouvernements qui se sont succédés d'ailleurs essayent de lutter contre ces phénomènes, ou de xénophobie ou d'antisémitisme. On est dans des sociétés – et pas que la société française – qui sont des sociétés extrêmement tendue et qui tendent à opposer les gens les uns contre les autres en fonction de leurs origines ou en fonction de leurs orientations religieuses ou autres. Et donc il faut qu'on soit très vigilant et que nous soyons les gardiens de la capacité d'expression des uns et des autres, dans une démocratie il faut que chacun puisse exprimer ce qu'il est, donc c'est ça le risque de tels… de tels risques qu'on voit parfois dans des manifestations, y compris sportives. C'est très regrettable que dans des manifestations sportives, l'esprit du sport c'est exactement l'inverse de ça, c'est le respect de l'autre, c'est le respect de la différence et c'est l'esprit sportif. Et donc c'est très regrettable qu'on puisse assister à des choses de cette nature.
CHRISTOPHE MOULIN
Merci beaucoup Marc FESNEAU d'avoir été l'invité de la Matinale…
MARC FESNEAU
Merci à vous.
CHRISTOPHE MOULIN
On vous souhaite bonne vacances Monsieur le ministre !
MARC FESNEAU
A vous aussi.
CHRISTOPHE MOULIN
Merci beaucoup et bon repos !
FRANÇOISE DEGOIS
Studieuses !
MARC FESNEAU
Studieuses !
CHRISTOPHE MOULIN
Studieuses bien évidemment.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 août 2019