Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenue Didier GUILLAUME, bonjour.
DIDIER GUILLAUME
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'abord, comment vous qualifiez ce qui vous arrive ?
DIDIER GUILLAUME
Qu'est-ce qui nous arrive ? Je qualifie les choses, cette élection européenne, j'en tire trois enseignements.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que c'est une victoire, une défaite ?
DIDIER GUILLAUME
Le premier enseignement, c'est une victoire…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour qui ?
DIDIER GUILLAUME
Pour la démocratie, parce que les Français sont allés voter, pas assez, mais enfin ce qui caractérise les élections européennes c'est qu'en règle générale ils ne vont pas voter, plus de 50 %, très bien. Le deuxième enseignement, que j'en tire, c'est que le Front national est arrivé premier, et ça, ça m'inquiète, et par rapport à cela, il faut répondre à cela. Et la réponse c'est la deuxième étape du quinquennat, c'est la deuxième phase du quinquennat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on va voir ce que vous mettez, et ce que le président de la République mettra dans cette deuxième phase du quinquennat.
DIDIER GUILLAUME
Oui, parce que c'est très important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on peut dire que, d'ores et déjà, ça restructure et ça recompose, tous azimuts, partout, d'abord en Europe, et aussi en France.
DIDIER GUILLAUME
Mais, on disait que 2017 serait une parenthèse, que le président de la République était entré par effraction à l'Elysée, ce que je constate, 2 ans après, c'est que les électeurs gardent le même cap, ne se trompent pas, ont compris qu'Emmanuel MACRON était là pour durer, qu'il allait faire fi de tous les anciens clivages qui étaient des clivages qui ne ressemblaient, sur certains sujets, plus à rien, qu'il rassemble pour plus de 22 % des Français…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais le rêve aurait été 24, 25….
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr, mais le rêve c'est toujours de gagner, nous sommes à moins d'1 point du Rassemblement national, alors qu'on nous prévoyait le pire, c'est la première fois…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais ça change tout, même 1 point change tout.
DIDIER GUILLAUME
C'est la deuxième fois, depuis 20 ans, qu'un parti au pouvoir, qu'un président de la République fait plus de 20 %, et ce que je constate c'est que, ceux qui voulaient en faire un référendum anti-MACRON, comme MELENCHON, se sont retrouvés dans un référendum anti-MELENCHON, nous faisons 3 fois plus que le Parti socialiste, 3 fois plus que MELENCHON, 4 fois plus que le Parti socialiste. Aujourd'hui, ce que nous constatons, c'est que la droite s'est effondrée et c'est que, moi je lance un appel, aux Françaises et aux Français, qui veulent que la France réussisse, et pour qu'elle réussisse il faut, plus d'écologie, ils nous l'ont dit, et la politique que nous menons, depuis quelques temps déjà, avec le président de la République…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, d'accord, d'accord…
DIDIER GUILLAUME
Mais oui, d'accord, mais c'est le fond de la réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais le président il s'était engagé…
DIDIER GUILLAUME
Vous me demandez les enseignements, je réponds.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il s'était engagé, il est intervenu à plusieurs reprises, il s'est battu pour que la liste LOISEAU fasse un bon score et arrive en tête…
DIDIER GUILLAUME
Elle fait un très bon score…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bon, honorable…
DIDIER GUILLAUME
Mais nous ne sommes pas en tête, à moins d'1 point.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est l'effet boomerang. Vous dites il n'y a pas de référendum anti-MACRON, ou anti-LE PEN, mais enfin, il cherchait ça, il ne détestait pas le face à face.
DIDIER GUILLAUME
Non, mais on ne cherche pas…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il ne faut pas le nier 2 jours après.
DIDIER GUILLAUME
Je ne le nie pas, Jean-Pierre ELKABBACH. Aujourd'hui, que se passe-t-il dans ce pays ? C'est qu'il y a deux forces politiques majeures, l'extrême droite et la République en marche, le MoDem et…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous dites que c'est désormais le clivage qu'il y avait avant…
DIDIER GUILLAUME
Mais oui…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les progressistes, les nationalistes, les mondialistes…
DIDIER GUILLAUME
Non, c'est le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, en France, il y a un face à face, qui à mon avis va durer, entre les progressistes, ouverts, pro-européens, et les nationalistes, repliés sur eux-mêmes, c'est ça l'enjeu. Les électeurs… vous savez, il faut être modeste dans la vie, les électeurs ne se trompent jamais, même lorsqu'ils votent pour des partis qui ne nous plaisent pas, la démocratie, c'est le choix de l'électeur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, celui qui a été le plus humble, le plus modeste, ou le plus calme hier, le plus sobre, est-ce que ce n'est pas Edouard PHILIPPE, « quand on est deuxième, on ne peut pas dire qu'on a gagné » ?
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr, c'est une lapalissade, mais quand on est deuxième…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah ben oui ! Mais ça prend du poids, une lapalissade, dans des moments d'euphorie générale.
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr, mais quand on est deuxième, à moins d'1 point, alors qu'on nous prédisait le pire, eh bien moi je prends ce résultat comme la confirmation de l'élection présidentielle, mais comme aussi, nous devons être vraiment humbles et déterminés. Il faut aller plus loin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va voir comment. Marine LE PEN, vous en parlez, elle a gagné de nouveaux galons hier…
DIDIER GUILLAUME
Elle est toujours première, elle était première déjà la dernière fois aux élections européennes, et elle a fait moins que la dernière fois, qu'il y a 5 ans. Elle a fait moins qu'il y a 5 ans, elle était déjà première.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle a autant de députés qu'il y a 5 ans.
DIDIER GUILLAUME
Oui, et nous n'avions pas…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites, il ne faut pas avoir de peur ou de simulacre de peur.
DIDIER GUILLAUME
La République en marche n'avait pas de députés, elle va en avoir autant, le même nombre que…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors elle a gagné de nouveaux galons, peut-être pas encore pour gouverner, mais en tout cas pour s'affirmer comme la première opposante à Emmanuel MACRON, elle le dit elle-même, « vous allez voir ce que vous allez voir, d'élection en élection », mais elle demande la dissolution de l'assemblée nationale. Est-ce qu'elle peut obtenir des élections anticipées ?
DIDIER GUILLAUME
Non, mais c'est une absurdité, c'est une absurdité, c'est anti-démocratique, c'est anti-institutions, ce n'est pas une élection présidentielle que nous avons vécue là. Certains voulaient en faire…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle ne demande plus le départ…
DIDIER GUILLAUME
Mais certains voulaient en faire le troisième tour de la présidentielle, ils se sont tous trompés. Aujourd'hui ce n'est pas de la dissolution qu'il s'agit, ça n'a aucun sens. Aujourd'hui il faut que le président de la République et le gouvernement, la majorité à l'Assemblée nationale, entendent ce qu'ont dit les électeurs, c'est la politique que nous menons déjà depuis 2 ans, qu'il faut accentuer dans la deuxième étape du quinquennat, un, c'est plus d'écologie, notamment la jeunesse, le climat, l'environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, c'est indispensable, mais quand le président de la République refuse de donner mandat à la Commission européenne pour signer des accords commerciaux avec les Etats-Unis, parce qu'ils ne respectent pas le climat, eh bien…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
… le Mercosur aussi, les pays d'Amérique Latine.
DIDIER GUILLAUME
Exactement, c'est une réalité. Donc, plus d'écologie, plus de proximité, plus de services publics, plus de pouvoir d'achat, plus de baisses d'impôts, c'est ça la deuxième étape du quinquennat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous ne pouvez pas éviter, pendant la deuxième étape du quinquennat, etc., de répéter, de marteler, comme un chiffon rouge, « nous allons maintenir le cap » ? C'est une forme d'arrogance, de dire on va encore continuer comme avant.
DIDIER GUILLAUME
Mais, le problème ce n'est pas continuer comme avant, ou le cap. Aujourd'hui, la République en marche et le MoDem, ont fait un score important pour ces élections européennes, certes, deuxième à moins d'1 point de l'extrême droite, tous les autres ont 3 fois ou 4 fois moins…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On verra le sort des autres.
DIDIER GUILLAUME
Bien sûr, mais à partir de là, ce n'est pas maintenir le cap. Aujourd'hui nous sommes dans une période inédite, Jean-Pierre ELKABBACH, depuis 6 mois, il y a eu les gilets jaunes, des manifestations, il y a 3 ou 4 mois on nous annonçait la liste gilets jaunes à 13 %, elle a fait 0 et quelques…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc elle n'a pas de représentation politique.
DIDIER GUILLAUME
Ou 1 % ; attendez. Donc, dans cette crise, le président de la République a fait des choix en décembre dernier, et le 27 avril dans sa conférence de presse, eh bien il faut les mettre en application. Le cap c'est, libérer l'économie et protéger les Français, après les orientations, c'est celles qu'il a présentées, et il faut faire des infléchissements, il les a dit, ces infléchissements…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va voir, on va voir.
DIDIER GUILLAUME
Alors je vous répondrai quand vous me poserez la question.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si vous voulez…
DIDIER GUILLAUME
Non, allez-y, allez-y
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais d'abord, une des grandes surprises, dans toute l'Europe, c'est la vague verte, en Allemagne surtout, en Europe, et en France la grande surprise c'est Yannick JADOT, qui atteint, peut-être pas le score de Daniel COHN-BENDIT autrefois, mais 13 % qui marquent. Mais dans sa première déclaration j'ai remarqué que Yannick JADOT a souligné l'importance de la bataille européenne pour la prochaine PAC, parce que Madame MERKEL, et d'autres, veulent revoir les montants, est-ce que ce serait possible, et est-ce que c'est vraiment presque la première bataille au niveau du sommet européen et du Parlement ?
DIDIER GUILLAUME
Oui, mais moi je n'attends pas Yannick JADOT pour travailler sur la Politique Agricole Commune, et moi je ne veux pas faire une Politique Agricole Commune folle, qui déstructurerait l'ensemble de l'agriculture européenne, et française. La Politique Agricole Commune elle doit être forte, elle doit avoir un montant le plus fort possible, c'est pour ça que nous opposons à la proposition de la Commission qui est de le baisser, elle doit tenir compte de la transition agro-écologique, nous y travaillons évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comme un casus belli, on ne touche pas à la PAC !
DIDIER GUILLAUME
On ne touche pas à la PAC.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le succès des écologistes, vous en parlez depuis tout à l'heure, est-ce que ce n'est pas une sorte de défaite pour un ministre de l'Agriculture ?
DIDIER GUILLAUME
Non, mais…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vois la surprise.
DIDIER GUILLAUME
Non, non, mais oui, oui…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce qu'il y a la contradiction, souvent…
DIDIER GUILLAUME
Mais il n'y a pas de contradiction…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En apparence, entre l'agriculteur et l'écologiste.
DIDIER GUILLAUME
Les écologistes ont toujours fait un gros score pour les européennes, vous le disiez, Daniel COHN-BENDIT avait fait beaucoup plus que Yannick JADOT, peu importe. Aujourd'hui les jeunes, et beaucoup de Français, enfin 12 ou 13 % des Français, souhaitent que l'écologie soit mieux prise en compte, c'est ce que nous essayons de faire, mais il ne peut pas y avoir…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, mais pour les agriculteurs ?
DIDIER GUILLAUME
Mais il ne peut y avoir d'opposition entre l'écologie et l'agriculture. Aujourd'hui les agriculteurs, comme jamais, sont en train de muter, se transforment, vont vers l'agro-écologie, mais en même temps il faut de la compétitivité, de l'innovation et de la transition agro-écologique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous leur dites, vous, il faut une agriculture bio, sans pesticides, non productiviste, qui respecte…
DIDIER GUILLAUME
Ah non, pas du tout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui respecte la qualité de l'eau, et en même temps la sensibilité animale…
DIDIER GUILLAUME
L'agriculture respecte la qualité de l'eau, la qualité de l'air, nous allons sortir du glyphosate, nous allons sortir de la dépendance aux produits phytosanitaires, mais il faut de la compétitivité. La balance du commerce extérieur de la France est positive en agriculture. Il faut une agriculture compétitive, une agriculture qui exporte, et puis surtout une agriculture qui nourrit les Françaises et les Français. Nous sommes, contrairement à des grands pays, comme la Chine, par exemple, en autosuffisance alimentaire, c'est ce qu'il faut faire. Et, l'agriculture, selon toutes les enquêtes, est la plus durable du monde, et la qualité de l'alimentation, en France, tout le monde nous l'envie. Donc, il n'y a pas d'enjeu là-dessus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, non, il faut que chacun se rapproche de l'autre.
DIDIER GUILLAUME
Exactement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bon, maintenant on va dire un certain nombre de vérités, vous dites qu'il faut tenir compte du scrutin du 26 mai, il faut un geste, ou est-ce qu'il faut un geste politique de haute portée ?
DIDIER GUILLAUME
Oui, je le pense. Le geste politique de haute portée, c'était la conférence de presse du président de la République du 27 avril…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais demain, après-demain.
DIDIER GUILLAUME
Oui, mais j'arrive…. Oui, c'était ça, eh bien maintenant le geste de haute portée, c'est il faut le mettre en application, et vite, nous n'avons plus le temps d'attendre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce qu'il faut changer ?
DIDIER GUILLAUME
Il faut se retourner…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce qu'il faut changer ?
DIDIER GUILLAUME
Il faut aller encore au plus près de nos concitoyens. Vous savez, la ruralité est en souffrance, les gens qui habitent dans les zones rurales disent nous sommes oubliés, nous sommes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
…la diagonale du vide, là…
DIDIER GUILLAUME
Oui, la diagonale du vide ; eh bien, il faut mettre des services publics, il faut mettre de l'humain, il faut être plus proche…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce qu'il faut changer ?
DIDIER GUILLAUME
Eh bien ça ! Par exemple, il faut créer 1000 ou 1200, ou 1300, Maisons de services publics pour que les Français retrouvent les chemins de la République, les chemins de la proximité, il faut mettre plus d'humain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, avec la même équipe ?
DIDIER GUILLAUME
Oui… vous savez, ce n'est pas un problème d'équipe, de noms, d'hommes ou de femmes, c'est un problème d'orientation, et aujourd'hui nous devons aller plus loin. Les Français, les classes moyennes, vont voir leurs impôts sur le revenu baisser l'année prochaine, il faut qu'ils baissent fortement, pour les classes moyennes, les couples de fonctionnaires qui aujourd'hui sont à peine des classes moyennes, mais qui deviennent des classes pauvres, parce qu'ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts, il faut entendre ça. Il faut que nos concitoyens puissent faire de la rénovation énergétique du logement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous êtes en état de faire les réformes lourdes, l'assurance chômage, les retraites, qui sont annoncées…
DIDIER GUILLAUME
Oui, je crois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et d'autres encore qui vont venir ?
DIDIER GUILLAUME
Je crois, vous savez, à une majorité. Il y a une majorité au Parlement, il y a un groupe à l'Assemblée nationale, le groupe la République en marche, le groupe MoDem, solide, avec des orientations, avec des leaders, avec des femmes et des hommes qui comptent, et nous allons avancer ensemble. Plus de proximité avec les parlementaires, mais nous allons avancer avec ce gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec ce gouvernement ?
DIDIER GUILLAUME
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le même ? On ne fait pas des modifications, ajustements, etc. ?
DIDIER GUILLAUME
Il ne m'appartient pas de répondre à ça, c'est au président de la République de le faire, peut-être le fera-t-il, je n'en sais fichtre rien. Ce qui compte ce n'est pas le remaniement, ce ne sont pas les femmes et les hommes, c'est quelle politique nous menons.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais elle doit être incarnée.
DIDIER GUILLAUME
Eh bien elle est incarnée par le président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En tout cas le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, a dit hier « dès lundi je serai à pied d'oeuvre pour poursuivre le projet du président et de la majorité », c'est-à-dire qu'il annonce lui-même qu'il reste ?
DIDIER GUILLAUME
Il n'y a pas de raison qu'il parte, je pense. Aujourd'hui, vous savez, le patron de la majorité, c'est le président de la République, le président de la République, dans la Ve République, avec le quinquennat, c'est celui qui porte les réformes, et le Premier ministre et le gouvernement sont là pour les appliquer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous, quel va être votre rôle ? Parce que j'ai vu que vous avez créé et commencé à animer, peut-être de manière douce là, en catimini, quelque chose qui s'appelle « Agir pour la gauche »…
DIDIER GUILLAUME
Non, non, non…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire quoi, « Agir pour la gauche », tout en étant dans le macronisme ?
DIDIER GUILLAUME
Non, non… oui, oui, moi je fais partie de ceux qui pensent qu'aujourd'hui, par rapport aux prochaines élections présidentielles, l'heure est grave, il n'y a pas d'autre alternative. Vous savez, il y aurait pu y avoir des sursauts, MELENCHON aurait pu faire comme à la présidentielle, le PS aurait pu augmenter, Les Républicains auraient pu… bon, aujourd'hui ce n'est pas le cas. Donc, que faut-il faire ? Il faut rassembler, il faut élargir cette majorité, à droite, au centre droit, comme au centre gauche.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire ?
DIDIER GUILLAUME
Et moi je souhaite, avec Jean-Yves LE DRIAN, avec d'autres, que, pour la gauche, et Gérald DARMANIN, et Edouard PHILIPPE peut-être, pour la droite, fassent venir de nouvelles personnalités dans cette majorité, il faut que nous soyons d'accord de bâtir un pacte, ce pacte il doit être clair, sur deux ou trois sujets, ou dix sujets, sommes-nous d'accord. Si nous sommes d'accord, que l'on soit de droite ou de gauche, eh bien il faut avancer ensemble, pour la France. Moi je préfère mon pays à mon parti, nous avions dit en 2017, lorsque nous avons suivi Emmanuel MACRON, eh bien c'est toujours le cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc là vous dites qu'il faut recomposer, aussi, le gouvernement ?
DIDIER GUILLAUME
Non, il faut…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un gouvernement ?
DIDIER GUILLAUME
La majorité présidentielle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'ouvrir.
DIDIER GUILLAUME
Il faut ouvrir la majorité présidentielle, à des femmes et des hommes, à des élus locaux…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple, parce que ça peut être…
DIDIER GUILLAUME
Qui pour les élections…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple, d'hommes et de femmes.
DIDIER GUILLAUME
Je n'ai pas d'exemple ; qui pour les élections – vous pensez bien que si je jette un nom en pâture, c'est fini.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est cuit.
DIDIER GUILLAUME
Non, moi je suis cuit ; pour les prochaines élections municipales, il faut élargir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais « Agir pour la gauche », c'est à titre personnel ou… ?
DIDIER GUILLAUME
Non, non, il se trouve que ce n'est pas moi qui mène cette initiative, c'est beaucoup d'hommes et de femmes qui se disent l'alternative… il faut que la social-démocratie soit dans la majorité présidentielle, parce que la politique que mène Emmanuel MACRON… un président de la République, sa politique elle ne plaît jamais à 100 %, à ses électeurs, à ses soutiens, vraisemblablement, mais la politique que mène Emmanuel MACRON, aujourd'hui, est une politique progressiste, dans laquelle les sociaux-démocrates peuvent se retrouver largement, c'est pour ça que moi j'appelle les femmes et les hommes de gauche, les sociaux-démocrates, le centre gauche, comme le centre droit, à venir renforcer cette majorité présidentielle, à préparer les élections municipales, et surtout à nous aider à réussir la deuxième étape du quinquennat, c'est le plus essentiel…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourquoi ils le feraient ?
DIDIER GUILLAUME
Ils l'ont fait quelquefois…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais d'ailleurs c'est un mouvement…
DIDIER GUILLAUME
Ils l'ont fait hier dans l'élection européenne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le PS, Raphaël GLUCKSMANN a fait mieux que ce qui était prévu, les 5 % etc… mais est-ce que c'est pour autant le début de la résurrection du PS ?
DIDIER GUILLAUME
Non, mais Raphaël GLUCKSMANN a fait le score de Benoît HAMON à l'élection présidentielle, 6 %, ça ne me ravit pas, je ne suis pas heureux de cette situation, mais enfin cela montre bien que ça ne bouge pas. MELENCHON, s'est totalement écrasé alors le pire, c'est la droite, c'est Les Républicains Laurent WAUQUIEZ qui a fait le pire… pas Laurent WAUQUIEZ, BELLAMY qui a fait le pire score de l'histoire de la droite. Ca ne me réjouit pas parce qu'une démocratie politique, elle vit avec des organisations, sauf que je constate aujourd'hui c'est que là, ce n'est pas MACRON, ce n'est pas GUILLAUME, ce sont les électeurs français qui ont mis Marine LE PEN et nous en face à face à au moins d'un point.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les autres ont essayé d'avoir un avenir, mais ils ne l'ont pas.
DIDIER GUILLAUME
Donc les autres vont essayer d'avoir un avenir, mais nous, ce que nous voulons, c'est pour l'élection présidentielle être devant. Aujourd'hui l'enjeu c'est quoi à l'élection présidentielle, est-ce qu'on peut gagner l'élection présidentielle, est-ce qu'Emmanuel MACRON peut la gagner ou est-ce que ce sera Marine LE PEN ? C'est ça l'alternative aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ça, ça va durer 3 ans ?
DIDIER GUILLAUME
Non parce que moi je ne veux pas que l'on prépare aujourd'hui l'élection présidentielle, il faut préparer le quotidien des Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez vu hier soir, dès hier soir les premières attaques contre Laurent WAUQUIEZ et François-Xavier BELLAMY, c'est classique en politique mais là c'était assez violent, Messieurs LARCHER, surtout Bruno RETAILLEAU et ce matin c'est Valérie PECRESSE. Alors elle dit si j'ai bien compris, sa phrase qui a été reprise tout à l'heure par Romain, si j'étais lui, WAUQUIEZ, je démissionnerai.
DIDIER GUILLAUME
C'est comme ça…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est cruel la politique.
DIDIER GUILLAUME
C'est cruel et c'est à la fois noble la politique, il faut prendre ses responsabilités. Mais bon vous savez, moi, je n'ai pas ni à commenter ce qui se passe à droite, ni commenter ce qui se passe à gauche…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais en même temps vous notez l'effondrement des grands partis.
DIDIER GUILLAUME
Ça c'est un constat démocratique que les électeurs ont voulu le 26 mai, donc aujourd'hui quand on nous dit qu'Emmanuel MACRON a fait monter l'extrême droite, mais enfin quelle indignité par rapport aux Françaises et aux Français, mais enfin ça voudrait dire que les Françaises et les Français n'ont rien dans le ciboulot et se font dicter leur vote, mais c'est n'importe quoi. Aujourd'hui les commentaires post-électoraux, ça me fait toujours beaucoup rire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Essayons de ne pas faire rire, vous êtes encore et toujours ministre de l'Agriculture, la commissaire de Bruxelles au commerce, Madame Cécilia MALMSTROM a conclu un accord de libre-échange avec ce qu'on appelle le Mercosur, c'est-à-dire le Brésil, l'Uruguay, l'Argentine le Paraguay, des pays qui sont des producteurs de viandes, etc… Vous avez protesté parce que c'est un mauvais coup à la fois aux agriculteurs européens et aux éleveurs français, mais on vous répond c'est un discours de façade. Est-ce que vous pouvez bloquer les choses, mais pas avoir un double discours ?
DIDIER GUILLAUME
Il n'y a pas de double discours, d'abord la commissaire européen n'a pas signé l'accord avec le Mercosur, elle a lancé les discussions et la France par la voix de son président, le président de la République, est opposée à cela parce que si cet accord était pris en l'état, cela mettrait à mal notre agriculture, ça mettrait à mal notre alimentation. Ces pays ne respectent pas l'accord de, comme le Brésil, l'accord de la COP21, l'accord de Paris, donc c'est inacceptable, donc la France est opposée, il n'y a pas de double discours mais c'est l'Union européenne qui négocie et nous avons dit que si l'Union européenne le faisait, la France ne ratifierait pas cet accord.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, est-ce qu'il ne faut pas donner un délai à partir duquel les commissaires européens qui vont partir en octobre, à partir de ce moment-là ne prennent plus de décision, une sorte de délai démocratique normal ?
DIDIER GUILLAUME
De toute façon, ce ne sont pas les commissaires qui prennent les décisions, ce sont les chefs d'Etat et de gouvernement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui vont se voir demain ou après-demain…
DIDIER GUILLAUME
Voilà pour bâtir la nouvelle Europe.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un mot, vous avez été, si je me rappelle bien directeur de campagne de Manuel VALLS.
DIDIER GUILLAUME
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez vu qu'il a échoué à devenir maire de Barcelone, c'était peut-être un pari impossible, il faut qu'il revienne en France ?
DIDIER GUILLAUME
Non mais je ne crois pas que c'est ce qu'il va faire. D'abord moi je lui garde toute mon amitié et je veux vraiment le saluer parce qu'il a fait un choix de vie personnelle, il a fait un choix de vie familiale, il a fait un choix de racines, il a voulu repartir dans sa ville natale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc sa place est en Espagne.
DIDIER GUILLAUME
Il l'a dit d'ailleurs, il a dit je resterai à Barcelone et je lui souhaite le meilleur pour la suite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venu et d'avoir dit ce que vous avez dit pour les suites au niveau de la majorité et de la présidence de la République.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 juin 2019