Interview de M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à Sud Radio le 23 mai 2019, sur les élections européennes et la politique agricole.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Didier GUILLAUME.

DIDIER GUILLAUME
Bonjour.

PATRICK ROGER
Avant de parler du compte-à-rebours des européennes, l'élection dimanche, donc vous participez bien, ce matin, au premier Conseil de défense écologique, ça va ressembler à quoi ce Conseil ?

DIDIER GUILLAUME
Je ne sais pas à quoi ça va ressembler, à quoi ça va servir ?

PATRICK ROGER
Oui.

DIDIER GUILLAUME
Ça va servir à mettre de la cohérence dans la lutte contre le réchauffement climatique, à mettre de la cohérence dans les actions du gouvernement, des associations, de celles et ceux qui veulent en sorte que, de dire le climat c'est l'enjeu numéro 1, nous ne pouvons pas laisser à nos petits-enfants, à nos arrière-petits-enfants, à nos arrière-arrière-petits-enfants, une planète qui sera pourrie, une planète sur laquelle on ne pourra pas respirer, une planète sur laquelle la biodiversité disparaîtra. Alors tout le monde y travaille, les organisations non-gouvernementales, qui font un travail remarquable, le gouvernement, les associations, les partis, mais il était temps je crois, et Emmanuel MACRON a eu cette idée, de regrouper tout le monde, et de travailler, non plus, comme l'on dit dans un langage technocratique, en silo, chacun dans son coin, mais de travailler ensemble. La lutte pour la préservation du climat, c'est collectif, c'est la France, c'est l'Europe en même temps.

PATRICK ROGER
Hasard ou pas, quand même, à quelques jours des élections européennes ? C'est de l'opportunisme, disent les Verts.

DIDIER GUILLAUME
Oui, mais les Verts, on voit bien qu'aujourd'hui, dans leur…

PATRICK ROGER
C'est vrai que, au moment où ils sont plutôt assez hauts dans les sondages, organiser une réunion sur la transition, en quelque sorte, sur la transition écologique, ce n'est pas un hasard quand même !

DIDIER GUILLAUME
Ils sont 2 fois moins hauts dans les sondages que ce qu'ils n'étaient aux dernières élections européennes, ça ne vous a pas échappé, vous êtes un observateur, donc je ne pense pas qu'ils soient vraiment très hauts dans les sondages…

PATRICK ROGER
Ils sont entre 6 et 10 quoi, donc on verra.

DIDIER GUILLAUME
Les Verts c'est la politique de la parole, c'est la politique de, « il y a qu'à, faut qu'on », nous nous sommes la politique du faire, pas du dire, et je crois qu'aujourd'hui ils ont l'impression qu'ils se font bouffer la laine sur le dos, mais c'est tout simplement parce qu'ils ne font rien, parce que c'est le ministère de la parole, mais que font-ils à Bruxelles, que font-ils en France ? Nous nous voulons de l'action concrète. Et aujourd'hui ce n'est pas de l'opportunisme de faire cela. Il y a eu le mouvement des gilets jaunes, le président de la République est allé pendant plus de 100 heures dans la France entière, écouter, entendre, débattre, il en a tiré des convictions personnelles, il a dit dans sa conférence de presse du 27 avril « j'ai changé, parce que la France m'a changé, parce que les Français m'ont changé », et l'objet numéro 1 c'est le Conseil de défense écologique. Ça tombe là, parce que la conférence de presse a eu lieu le 27 avril, en même temps ce n'est pas parce qu'il y a des élections qu'il faut s'arrêter, nous travaillons que le Pacte productif, nous travaillons sur la décentralisation, nous travaillons sur les services publics, parce que pendant les travaux la vente continue, si je puis m'exprimer ainsi, et pendant les élections le gouvernement travaille.

PATRICK ROGER
Didier GUILLAUME, les agriculteurs sont un peu inquiets parce que, évidemment, dès que l'on parle d'écologie, certains disent « oui, il faut y venir, y parvenir, mais c'est compliqué. » Comment concilier justement, aujourd'hui, agriculture et écologie ? On l'a vu dans l'affaire du glyphosate, c'est particulièrement compliqué.

DIDIER GUILLAUME
Oui, c'est toujours tendu, mais je ne crois pas que les agriculteurs sont inquiets. Moi je les vois régulièrement, nous discutons beaucoup…

PATRICK ROGER
On ne voit pas les mêmes alors, parce que, bon !

DIDIER GUILLAUME
Je ne sais pas, peut-être qu'on voit les mêmes aussi, cet après-midi je réunis les comités de suivi de plein de filières pour la baisse des phyto, demain encore. Aujourd'hui les agriculteurs disent « nous sommes prêts à la transition agro-écologique », mais le temps de l'innovation, le temps de la politique n'est pas le temps, totalement, de la transition agricole, parce que ça met du temps de faire bouger les pratiques. Et moi, ce que je veux, c'est à la fois afficher cette orientation de dire, la transition agro-écologique elle est absolument indispensable, la sortie du glyphosate, la fin de la dépendance aux produits phytosanitaires, le fait de faire de l'agronomie, de faire de la couverture des sols, de la rotation, de travailler différemment, eh bien il faut le faire à un certain rythme, et on ne peut pas demander aux agriculteurs l'inverse, demain, de ce qu'ils ont fait hier. Et moi je trouve que la filière économique agricole est la filière qui s'est le plus transformée, qui s'est le plus modernisée, il n'y a pas une autre filière économique qui a autant pris en main la transition agro-écologique.

PATRICK ROGER
Oui, à tel point que les agriculteurs, parfois, sont désarçonnés, il y a des dépressions, il y a des difficultés à faire face…

DIDIER GUILLAUME
Mais évidemment, mais évidemment, d'abord parce que beaucoup d'entre eux ne gagnent pas leur vie, ils travaillent comme des malades…

PATRICK ROGER
Oui, et puis on les accusait d'être pollueurs en plus de ça…

DIDIER GUILLAUME
Eh bien voilà, eh bien moi jamais, jamais, moi je suis le bouclier contre l'agri-bashing, le bouclier entre ceux qui les attaquent et les agriculteurs. Les agriculteurs ne sont pas des pollueurs, les agriculteurs ne sont pas… ils vivent dans l'air, ils vivent dehors, ils vivent dans les champs, ils auraient envie de s'empoisonner ? Les agriculteurs ne sont pas des pollueurs, ce ne sont pas des empoisonneurs. Je veux réaffirmer ici, à Sud Radio, par rapport à tous vos auditeurs, et notamment ceux du Sud de la France, qui aiment manger, qui aiment boire du bon vin, qui aiment faire la fête, que l'agriculture, la nourriture, l'alimentation, française, elle est saine, elle est sûre, elle est durable, que nous avons la meilleure alimentation en France, malgré les produits, donc il faut sortir de la dépendance de ces produits.

PATRICK ROGER
Didier GUILLAUME, est-ce que justement l'Europe est un bon moyen d'y parvenir, est-ce qu'on peut défendre une harmonisation des contrôles et des règles ? On se souvient de beaucoup de scandales sanitaires, qui venaient notamment d'Europe de l'Est et centrale.

DIDIER GUILLAUME
Oui, la viande polonaise entrée frauduleusement il y a quelques temps…

PATRICK ROGER
Oui, bien sûr, mais beaucoup de choses…

DIDIER GUILLAUME
Elle est indispensable, elle est indispensable. S'il n'y a pas d'harmonisation européenne, alors oui les agriculteurs continueront à nous dire « l'Europe, elle ne nous protège pas, au contraire, l'Europe nous pose problème. »

PATRICK ROGER
Ils se disent ça depuis 20 ans, 30 ans !

DIDIER GUILLAUME
Bien sûr, mais depuis 20 ans, 30 ans, nous n'avons pas assez réussi, même s'il y a eu des avancées, à faire de l'harmonisation entre, par exemple, on va appeler un chat un chat, entre l'agriculture espagnole et l'agriculture française. L'agriculture du Sud de la France, elle est proche de l'agriculture espagnole, sauf que la main-d'oeuvre n'est pas au même prix, et les traitements ne sont pas au même prix.

PATRICK ROGER
Eh ben voilà ! Oui, on a entendu les viticulteurs dans le journal tout à l'heure, dans l'Aude, qui sont particulièrement inquiets, ils disent « on ne fait rien contre la concurrence espagnole, la main-d'oeuvre pas chère. »

DIDIER GUILLAUME
Mais on fait, on fait, on ne fait rien, on fait. On ne va pas assez vite, bien sûr, mais on fait. J'ai rencontré lundi, à Nîmes, des viticulteurs gardois, qui m'ont dit la même chose, mais évidemment, on ne peut pas continuer cela. Quand je vais à Madrid…

PATRICK ROGER
Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?

DIDIER GUILLAUME
Quand je vais à Madrid, voir mon collègue ministre espagnol de l'Agriculture, je lui dis si on continue comme ça, les agriculteurs ne pourront pas accepter les règles de l'Europe. Les règles de l'Europe ça doit être l'harmonisation fiscale et sociale, la directive sur les travailleurs détachés, dont nous avons déjà gagné la première étape, on avait dit MACRON n'y arrivera pas, c'est fait. Aujourd'hui, lorsqu'un salarié d'un autre pays travaille en France, il est payé sur les bases françaises, mais il paye encore des cotisations sur les bases de son pays, eh bien il faut aller plus loin, il faut que la main-d'oeuvre soit la même partout, il faut faire remonter…

PATRICK ROGER
Alors, sur les travailleurs détachés, mais en même temps sur d'autres qui travaillent dans ces pays, en Espagne et ailleurs, à pas cher.

DIDIER GUILLAUME
Mais bien sûr, et puis quand on dit il faut sortir des traitements, il faut sortir du glyphosate, à quoi cela servirait-il que nous sortions du glyphosate en France, si les Français mangent des produits, avec le glyphosate, issus d'autres pays de l'Europe ? donc, nous allons sortir du glyphosate au 1er janvier 2021, et nous ne laisserons personne sans solution, ce n'est pas un recul, c'est du pragmatisme, moi je ne veux pas la fin de l'agriculture, et je ne veux pas que du jour au lendemain on soit submergé de produits traités par le glyphosate, mais nous allons à marche forcée, nous travaillons avec les agriculteurs, qui l'ont bien compris, pour sortir du glyphosate, et en même temps il faut que les autres pays sortent aussi du glyphosate.

PATRICK ROGER
Question à l'ancien socialiste Didier GUILLAUME, sur le plan politique. On apprend qu'un nouveau parti pourrait voir le jour pour accueillir la gauche macro-compatible. Bon, déjà, vous êtes macro-compatible vous…

DIDIER GUILLAUME
Il semblerait oui.

PATRICK ROGER
Vous êtes toujours de gauche ou pas, d'ailleurs ?

DIDIER GUILLAUME
Ah oui, bien sûr !

PATRICK ROGER
Alors, c'est vous qui êtes en train de… vous êtes à la manoeuvre.

DIDIER GUILLAUME
Non.

PATRICK ROGER
Ah ben si, vous êtes à la manoeuvre…

DIDIER GUILLAUME
Non, non…

PATRICK ROGER
Avec ce sas qui serait mis en place, un nouveau parti, non ?

DIDIER GUILLAUME
Je ne sais pas s'il faut un nouveau parti, ce que je sais aujourd'hui c'est qu'il y a énormément d'électeurs de gauche à la dérive, énormément d'électeurs de gauche qui s'interrogent, qui voient que l'offre qui leur est faite, et on le voit bien pour les européennes, le Parti socialiste n'a même pas de candidat tête de liste. Donc on voit qu'il y a cette social-démocratie qui est en difficulté, comme dans tous les pays européens, et donc l'objectif c'est de se dire, mais, Emmanuel MACRON est le président de la République française, il incarne à la fois le en même temps, et de droite et de gauche. Pourquoi, lorsqu'on est de gauche, si on mène une politique correcte, les gens de droite diraient l'inverse ? C'est ce qu'on a vu pendant 20 ans, c'est ce que les Français ne veulent plus. Donc aujourd'hui, nous, ce que nous disons, ce que dit le président de la République, il faut élargir la majorité présidentielle à toutes celles et tous ceux…

PATRICK ROGER
Non mais ça c'est déjà fait, c'est déjà fait…

DIDIER GUILLAUME
Non, non, mais je ne vous parle pas de noms dans un gouvernement, je ne vous parle pas de noms dans un gouvernement, je vous parle simplement de dire il y a des Françaises et des Français qui sont là, qui sont « en l'air », qui attendent des actes, qui attendent des choses, et qui pourraient venir s'engager, venir nous aider, amener des idées, c'est cela l'objectif.

PATRICK ROGER
Mais il pourrait quand même y avoir un parti, pourquoi pas, pour fédérer. Ça fait partie des hypothèses ou pas ?

DIDIER GUILLAUME
Moi je vais vous dire mon sentiment totalement personnel, je ne crois plus aux partis politiques, je ne crois plus aux partis politiques qui sont dogmatiques, je ne crois plus aux partis politiques qui sont sectaires, et je pense que l'heure n'est plus aux partis politiques, l'heure est au débat d'idées, l'heure est au rassemblement des bonnes volontés, des femmes et des hommes qui ont des idées à dire, qui veulent parler Europe, mondialisation, qui veulent parler climat, qui veulent parler agriculture, qui veulent parler social, qui veulent parler… c'est cela l'objectif, et c'est ces gens-là, c'est ces femmes et ces hommes qu'il faut rassembler, les rassembler sur des idées.

PATRICK ROGER
Alors, ça a commencé déjà, j'ai vu Elisabeth GUIGOU, Ségolène ROYAL, il y en a quelques autres, il y en a qui frappent à la porte, qui sont prêts à travailler avec vous, avec le gouvernement ?

DIDIER GUILLAUME
Non, mais là vous évoquez celles et ceux qui…

PATRICK ROGER
Sur le soutien.

DIDIER GUILLAUME
Qui pourraient soutenir, ou qui soutiennent déjà, comme Elisabeth GUIGOU, la liste Renaissance d'Emmanuel MACRON et Nathalie LOISEAU, là n'est pas la question. La question c'est, ce n'est pas du débauchage, ce n'est pas je vais mettre ma pastille, mon tweet, pour dire je vote untel, untel, très bien, tant mieux, et merci à celles et ceux qui le font, il y en a beaucoup d'autres qui l'ont fait, des anciens socialistes, Jean-Marie LE GUEN à Paris, qui vient de le faire, et d'autres, ce n'est pas ça la question. La question c'est, est-ce que nous sommes capables de bâtir durablement une majorité présidentielle qui puisse tenir le navire français, dans une Europe agitée, et dans un monde en pleine effervescence.

PATRICK ROGER
Est-ce que vous avez le sentiment, Didier GUILLAUME, de trahir, d'avoir trahi ? François HOLLANDE dit qu'il a le sentiment que, autour de lui, et dans le gouvernement actuel, Emmanuel MACRON, il y a beaucoup de trahisons. Qu'est-ce que vous lui répondez ?

DIDIER GUILLAUME
François HOLLANDE, malheureusement, que j'ai servi loyalement, est dans l'aigreur totale, François HOLLANDE n'a pas pu se présenter aux élections présidentielles…

PATRICK ROGER
Il regrette d'ailleurs.

DIDIER GUILLAUME
Il regrette, oui, mais s'il le regrette c'est bien qu'il y a eu des raisons pour lesquelles il ne s'est pas représenté. Aujourd'hui, quand nous travaillons sur les travailleurs détachés, quand nous faisons la loi Mobilités, quand nous faisons la loi Travail, ce sont des mesures sur lesquelles nous avions travaillé avec le précédent gouvernement, donc moi je n'ai pas le sentiment de trahir, j'ai le sentiment de poursuivre, alors que la trahison c'est l'élection présidentielle, c'est le fait que le candidat socialiste à l'élection présidentielle a eu un programme à gauche toute, et pas le programme de la social-démocratie française. La trahison c'est, aujourd'hui, la liste aux élections européennes, d'ailleurs je dis qu'à l'intérieur du Parti socialiste il y a beaucoup de mes anciens, enfin de mes amis, mes anciens camarades, ne sont pas contents, et je pense qu'il y aura règlement de comptes après les élections, mais peu importe, tout cela ne m'intéresse plus.

PATRICK ROGER
Michel SAPIN dit que le meilleur candidat, finalement, ce serait François HOLLANDE. Il doit revenir François HOLLANDE ou pas ?

DIDIER GUILLAUME
Ecoutez, ce n'est pas mon problème…

PATRICK ROGER
Ça en fait partie, puisque vous travaillez sur cette gauche compatible…

DIDIER GUILLAUME
Non, non, mais ce n'est pas mon problème. Je pense que, aujourd'hui, bien sûr il n'a pas été battu, il n'a pas pu se présenter, je ne suis pas sûr qu'il puisse se présenter à nouveau, ce que je souhaite moi, c'est que ce gouvernement réussisse dans l'intérêt de la France. Moi, je préfère mon pays à un parti, moi ce ne sont pas des intérêts boutiquiers, des intérêts de revanche, des intérêts d'aigreur, qui m'importent, c'est la France…

PATRICK ROGER
Ah, il y a de l'aigreur chez François HOLLANDE ?

DIDIER GUILLAUME
La France en Europe et dans le monde.

PATRICK ROGER
Il y a de l'aigreur ?

DIDIER GUILLAUME
Oui, oui, je pense malheureusement, mais on peut le comprendre d'ailleurs, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, c'est dramatique ce qui s'est passé, c'est absolument dramatique, mais aujourd'hui Emmanuel MACRON est là, il est le dépositaire, à la fois d'une volonté, c'est libérer, protéger, une volonté d'ouverture social-démocrate, et à la fois de consolidation économique, c'est ça qui m'intéresse chez lui.

PATRICK ROGER
Le mot de la fin, Didier GUILLAUME, ministre de l'Agriculture, avec Cécile de MENIBUS.

CECILE DE MENIBUS
Oui, avec une double actualité ce week-end, les européennes, on le sait, et les élections aussi, municipales, à Barcelone, de votre ami Manuel VALLS, qui est un petit peu à la traîne en matière de sondages. Il a déclaré que s'il perdait, il resterait là-bas. Est-ce qu'il paie, est-ce que, en tout cas, il manque à la France ?

DIDIER GUILLAUME
Je pense en tout cas que s'il était là aujourd'hui il aurait un rôle majeur à jouer par ses analyses, par sa façon d'aborder les choses, évidemment, mais il a fait un choix politique, moi je l'ai régulièrement, il est heureux, je pense qu'il a voulu changer de vie…

PATRICK ROGER
Oui, mais s'il ne gagne pas, il ne sera peut-être pas heureux.

DIDIER GUILLAUME
Eh bien, de toute façon, en France, il n'était pas ministre, il n'était pas Premier ministre, il ne serait pas redevenu…

PATRICK ROGER
Mais il pourrait revenir justement ?

DIDIER GUILLAUME
Non, je ne crois pas du tout, je pense, ce qu'il veut faire, ce qu'il m'en a dit en tout cas, et ce qu'il dit dans la presse si j'ai bien lu, il veut faire sa vie à Barcelone en Espagne…

CECILE DE MENIBUS
Mais il aurait une place en tant que quoi, s'il revenait ?

DIDIER GUILLAUME
Une place sur l'aspect moral, sur l'aspect… vous savez, quand Emmanuel MACRON parle, nomme l'islamisme politique, parle de la loi de 1905, parle de laïcité, moi ça me va très bien, j'y retrouve totalement mes idéaux…

PATRICK ROGER
Sa voix manque…

DIDIER GUILLAUME
Non, sa voix ne manque pas, puisqu'il est parti, il faut arrêter de regarder derrière, il n'y a que les cimetières qui sont plein de gens irremplaçables, donc sa voix ne manque pas. Aujourd'hui il pourrait avoir une place politique en France, évidemment, est on entendrait sa voix, il a fait le choix de partir à Barcelone, je lui dis « suerte », et j'espère qu'il fera le meilleur score possible pour être élu maire.

CECILE DE MENIBUS
Et bon vent. Voilà, c'est ça, merci beaucoup, vous avez…

DIDIER GUILLAUME
Pas bon vent, bonne chance, « suerte » on dit en espagnol.

CECILE DE MENIBUS
Vous avez un invité surprise.

DANY MAURO IMITE BERNARD LAPORTE
Salut Didier, c'est Bernard LAPORTE, on se connaît bien, l'an dernier c'est moi qui t'avais proposé la direction du groupement des Républiques, de la Coupe du monde de rugby 2023… seulement c'est toi qui m'as plaqué au sol en refusant le poste. Bon, on ne va pas se mentir, tout le monde savait que tu te prédestinais à devenir ministre de l'Agriculture, vu que tu as été directeur de campagne de Manuel VALLS aux primaires en 2017, une vraie tête de mule. Et au sujet de la peste porcine qui sévit actuellement, la France est épargnée, alors qu'en Belgique 657 sangliers sont déjà morts, alors ma question : penses-tu, comme la peste, l'extrême droite s'arrêtera avant de franchir nos frontières ?

DIDIER GUILLAUME
Le problème de la ligne Maginot c'est ça, c'est qu'on n'imaginait pas que la ligne Maginot serait franchie, par contre elle a été contournée.

BERNARD LAPORTE
D'accord, comme le nuage de Tchernobyl ?

DIDIER GUILLAUME
Exactement.

PATRICK ROGER
Merci Didier GUILLAUME, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 juin 2019