Texte intégral
Bonjour Mesdames et Messieurs
Il m'appartient, avec Heiko Maas qui devrait arriver, d'ouvrir cette rencontre sur des partenariats innovants pour mieux gouverner le numérique.
Je voudrais d'abord vous rappeler que le 26 septembre dernier, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, à notre initiative, Heiko Maas et moi-même, la première réunion ministérielle de l'Alliance pour le multilatéralisme rassemblait plus de 50 ministres des affaires étrangères, et, six mois avant, nous n'étions que quatre. Cela montre, et le plaidoyer du président Macron tout à l'heure va dans ce sens, que le multilatéralisme a encore de beaux jours devant lui à condition qu'il se refonde.
Je suis heureux de vous retrouver aujourd'hui à Paris pour poursuivre la dynamique que nous avons engagée collectivement à New York autour des enjeux du numérique, parce que, s'il y a bien un secteur où l'enjeu du numérique doit se décliner avec le multilatéralisme, c'est bien celui-là. Car les grandes questions liées à l'espace numérique ne peuvent pas être traitées sérieusement sans une coopération étroite entre les Etats, avec les acteurs non étatiques du secteur privé et avec les Organisations non gouvernementales.
D'abord, pour nos concitoyens qui ont des attentes légitimes en matière de respect de la vie privée et de protection de leurs droits ; pour nos entreprises ensuite qui ont besoin de sécurité juridique et de règles du jeu clarifiées sur l'ensemble des enjeux de demain, que ce soit l'intelligence artificielle, la 5G, la blockchain ou encore l'informatique quantique ; et que ce soit aussi pour nos démocraties, dont l'un des piliers - la liberté, le pluralisme, l'intégrité de l'information - est menacé par l'essor des fausses nouvelles.
Et c'est autour de l'Alliance pour le multilatéralisme que deux initiatives concrètes ont déjà été prises dans cette direction.
D'abord l'Appel de Paris qui propose de refonder la régulation numérique sur des principes d'action clairs et solides, et le partenariat Information et Démocratie, pour lutter contre les manipulations de l'information. C'est ici, au Forum de Paris sur la paix, que ces initiatives ont été lancées il y a un an, on va en reparler.
Et puis, par ailleurs, la déclinaison du multilatéralisme dans la gouvernance du numérique ne se limite pas à ces deux points. Il y a eu aussi, depuis, l'Appel de Christchurch qui est un modèle de coopération entre les Etats et le secteur privé, dont nous avons malheureusement vu le besoin concret, il y a quelques semaines, lors de l'attaque intervenue à Halle en Allemagne.
Cette convergence entre l'initiative sur le multilatéralisme et le Forum de Paris est aujourd'hui très significative de ce que nous voulons faire ensemble pour une gouvernance internationale efficace, légitime, rénovée et inclusive, singulièrement dans le domaine du numérique, pour éviter le double écueil du laissez-faire intégral et de l'autoritarisme 2.0. Faire en sorte que nous ayons un espace, une véritable autonomie dans le domaine numérique, avec la déclinaison d'un modèle qu'entre Européens nous essayons de construire et sur lequel nous aurons l'occasion de revenir au cours de ce débat et de ces discussions, qui est central pour l'équilibre, qui est central aussi pour la définition d'un nouvel ordre mondial numérique. C'est ce vers quoi cet échange va nous permettre, j'espère, d'avancer. Merci de votre présence et je donne la parole à Heiko Maas.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2019