Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Emmanuelle WARGON.
EMMANUELLE WARGON
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être ce matin sur le plateau de LCI. Nous sommes exactement, Emmanuelle WARGON, quinze jours après l'explosion de l'usine LUBRIZOL à Rouen. Est-il possible de dire à ce stade, donc deux semaines après, avec précision à quels risques ont été exposés les Rouennais ?
EMMANUELLE WARGON
Alors nous faisons des mesures dans l'air, dans l'eau, dans le sol, pour rechercher les polluants et toutes ces mesures sont rendues publiques. Donc il est possible de dire où on en est avec la plus grande transparence et d'ailleurs tout est sur le site de la préfecture de Rouen. Les mesures pour l'instant faites dans l'air, dans l'eau et dans les sols sont plutôt rassurantes y compris sur les dioxines. On a trouvé des dioxines un peu dans le panache de fumées et un peu en dehors mais à des niveaux qui sont en-dessous des seuils.
ELIZABETH MARTICHOUX
Dernier relevé, pardon, de dioxines quatre fois plus important que la normale le jour de l'incendie, mais toujours en-dessous du seuil de toxicité. Ça veut dire quoi ? Que l'air est quatre fois plus pollué mais que ça n'est pollué ?
EMMANUELLE WARGON
Ça veut dire que quand on a un incendie avec des produits chimiques, ça libère un certain nombre de produits donc on trouve des dioxines dans le panache de fumées. C'est normal. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on est en-dessous des seuils de toxicité. Evidemment plus on est bas, mieux c'est. Quand on est au-dessus de la normale, ce n'est pas une bonne nouvelle. Ce n'est pas très étonnant que l'on soit au-dessus de la normale quand on a un incendie mais on est à des niveaux d'exposition qui restent supportables, normaux, en tout cas en-dessous des seuils.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ils sont inoffensifs ? Qui restent inoffensifs ? Etre en-dessous du seuil, ça veut dire que c'est inoffensif ?
EMMANUELLE WARGON
Ça veut dire qu'au moment où on fait la mesure, oui c'est inoffensif par rapport au seuil autorisé. Néanmoins, parce que je pense que tout ça c'est très important - néanmoins ce qu'on ne sait pas encore, et ce sont les questions qui ont été posées par Agnès BUZYN en particulier, c'est quel est l'impact à moyen-long terme. C'est difficile de le savoir puisque d'abord il y a ce qu'on appelle l'effet cocktail, c'est-à-dire le mélange de molécules entre elles pour savoir finalement ce qui s'est vraiment passé, et puis il y a l'effet d'exposition après l'incendie. Et c'est la raison pour laquelle Agnès BUZYN, Christophe CASTANER et Didier GUILLAUME, donc la ministre de la Santé, le ministre de l'Intérieur, le ministre de l'Agriculture avec Elisabeth BORNE installent vendredi prochain à Rouen…
ELIZABETH MARTICHOUX
Demain.
EMMANUELLE WARGON
Donc demain, tout à fait, à Rouen, un comité de suivi de transparence avec toutes les parties prenantes pour qu'on puisse mettre en place un dialogue, montrer toutes les données que nous avons et, du coup, les études de santé, c'est-à-dire les études de suivi de la santé de la population, seront communiquées à ce comité au fur et à mesure qu'on aura des données.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous nous dites deux choses importantes. D'abord il pourrait y avoir des bonnes surprises, il pourrait aussi y avoir des mauvaises surprises à moyen et long terme. On n'a pour l'instant pas d'information scientifique, je vous ai bien compris. Ça, c'est factuel.
EMMANUELLE WARGON
Oui, on a des informations sur ce qui se passe instantanément et pour la suite, il faut continuer à creuser avec les agences de sécurité sanitaires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous comprenez que les Rouennais soient évidemment dans un état d'angoisse quant aux conséquences à moyen et long terme. Il n'y a pas encore... On ne peut pas avoir, c'est factuel, les réponses pour l'instant.
EMMANUELLE WARGON
Oui. Moi ce que je vous dis, c'est deux choses. Les premières analyses sont rassurantes puisqu'elles montrent qu'on reste en-dessous des seuils supportables qui sont les seuils maximaux, et après il faut continuer les investigations. Bien sûr que c'est normal que les habitants, les Rouennais soient inquiets. C'est un accident significatif, une catastrophe industrielle, un incendie avec des produits toxiques. C'est normal que tout le monde soit inquiet. Je pense que la bonne réponse, elle est dans la durée avec l'installation de ce comité de parties prenantes pour la transparence.
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui sera installé donc physiquement…
EMMANUELLE WARGON
Qui sera installé physiquement demain.
ELIZABETH MARTICHOUX
Que les Rouennais pourront aller voir, consulter et réclamer tous les jours, tous les jours les résultats qui arriveront au fur et à mesure des résultats.
EMMANUELLE WARGON
De toute façon la préfecture de Rouen fait maintenant un point presse quotidien dans lequel elle rend publiques les informations qu'elle a.
ELIZABETH MARTICHOUX
Emmanuelle WARGON, une nouvelle taxe – une nouvelle taxe - a fait son apparition dans la discussion budgétaire, en commission exactement sur le projet de loi de finances. Une taxe pour pénaliser les propriétaires de voitures lourdes. On comprend l'idée : plus on est lourd, plus on pollue. Ça s'ajoutera d'ailleurs au malus qui est lié au CO2. Ecoutez ce qu'en dit à Daniel QUERO de 40 millions d'automobilistes… Daniel QUERO de 40 millions d'automobilistes. Bon, on ne l'entend pas tout de suite mais il concluait en tout cas son analyse de l'amendement en disant : « C'est une taxe anti-famille. » Y êtes-vous favorable ?
EMMANUELLE WARGON
Alors la question qui nous est posée dans le projet de loi de finances, c'est le bonus et le malus pour les voitures. C'est-à-dire comment est-ce qu'on incite les Français à aller plutôt vers des voitures peu polluantes, bonus notamment pour la voiture électrique, ça peut aller jusqu'à six mille euros. Et dans l'autre sens malus quand on choisit une voiture très polluante. Dans ce cas-là, on assume et on est prêt à payer un peu plus cher sa voiture. Après, à l'intérieur de ce mécanisme, pour l'instant ce bonus et ce malus sont sur les émissions de gaz à effet de serre, donc les émissions de CO2. Je vous rappelle que la lutte contre le réchauffement climatique, l'objectif c'est baisser les émissions de CO2 et on nous dit de le faire le plus vite possible et c'est bien ce qu'il faut qu'on fasse. Et la question du poids est une question qui vient en plus de la question des émissions de CO2, mais en réalité les deux sont liés parce que c'est facile de se rendre compte que plus une voiture est lourde, plus il faut un moteur puissant pour que cette voiture avance. Après, sur les mécanismes eux-mêmes, je pense qu'il faut qu'on regarde ce sujet avec beaucoup d'attention parce que, d'abord, il ne faut qu'un seul mécanisme de bonus-malus. On ne va pas en créer deux. Deuxièmement effectivement, il faut faire attention à ce qu'on ne décourage pas la possibilité pour les familles nombreuses de se déplacer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Emmanuelle WARGON, vous êtes secrétaire d'Etat à la Transition écologique. Donc vous nous dites : « Ça va dans le bon sens », mais est-ce que le gouvernement y est favorable ? Vous répondez ce matin…
EMMANUELLE WARGON
Alors je vous dis, ça va dans le bon sens.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ?
EMMANUELLE WARGON
De différencier le prix des voitures selon qu'elles sont plus ou moins polluantes. Après sur cet amendement lui-même, le gouvernement est en train de regarder techniquement donc je n'ai pas de réponse définitive à vous apporter ce matin sur cet amendement. Mais ce qui consiste à favoriser les voitures les moins polluantes et à défavoriser les voitures les plus polluantes, de toute façon ça va dans le bon sens.
ELIZABETH MARTICHOUX
On comprend que vous dites : « Ça va dans le bon sens » mais que vous semblez quand même un peu embarrassée - on va on va se parler franchement - et que les arbitrages sont en cours. Vous personnellement, vous y êtes favorable et le gouvernement peut-être moins. C'est ça que j'entends ?
EMMANUELLE WARGON
A ce stade, il ne faut pas multiplier les mécanismes de bonus et de malus. Le diable est dans les détails sur ces sujets-là donc il faut qu'on regarde si c'est le bon mécanisme ou pas.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour 2020, on peut se dire que ce n'est pas la meilleure idée, c'est ça ?
EMMANUELLE WARGON
Pour 2020, je ne sais pas si on intégrera le poids dans le malus, c'est-à-dire la le poids de la voiture dans le malus. Ce que je dis simplement, c'est que si on revient aux fondamentaux, les fondamentaux c'est inciter mieux donc avant des voitures moins chères quand elles polluent moins et plus chères quand elles polluent plus. Ça, c'est l'orientation du gouvernement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c'est l'orientation du gouvernement à long terme, à court terme, dans le projet de loi de finances 2020. Vous dites : « Ce n'est peut-être pas le meilleur mécanisme. »
EMMANUELLE WARGON
Réponse dans quelques jours.
ELIZABETH MARTICHOUX
Réponse dans quelques jours mais c'est plutôt défavorable d'après ce que j'entends de la tonalité de votre réponse. Emmanuelle WARGON, à Paris la place du Châtelet et un pont sont toujours occupés maintenant depuis quelques jours par un jeune mouvement, Extinction Rebellion, qui se veut à la fois radical et non violent et qui veut ainsi éveiller les consciences à l'urgence écologique. Est-ce que vous approuvez ce type d'action d'abord ?
EMMANUELLE WARGON
Moi, je suis favorable à tout ce qui éveille les consciences sur l'écologie, sachant que si la question c'est d'attirer l'attention des gouvernements, je crois que l'attention des gouvernements elle est vraiment attirée sur ces sujets-là. Non seulement le Ministère de la Transition écologique et solidaire avec Elisabeth BORNE, Brune POIRSON et moi mais aussi tout le gouvernement. Donc attirer l'attention des dirigeants, c'est déjà fait ; de la population, c'est très largement en cours. Je pense que la prise de conscience sur l'urgence écologique, elle est là. Nous dire qu'il faut aller plus vite, il faut regarder les revendications.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le faire comme ça, c'est-à-dire appliquer, pardon pour l'expression, la loi de l'emmerdement maximum pendant plusieurs jours, peut-être jusqu'à samedi d'après ce qu'on comprend…
EMMANUELLE WARGON
Autant je suis favorable aux manifestations, parce qu'il y a un droit de manifester qui est tout à fait normal en France, autant je suis plus interrogative sur les blocages. Parce qu'à un moment, bloquer toute la capitale jusqu'à ce qu'on ait réglé le problème de la neutralité carbone, ça risque d'être assez long quand même. Donc il y a un moment, le blocage n'est probablement pas la bonne solution pour régler le problème. Si l'objectif c'est d'attirer l'attention, c'est déjà fait. Après, éveiller les consciences, très bien mais il y a un moment où il faut trouver le bon équilibre entre la liberté de manifestation et la liberté de circulation. Et à un moment, on ne va plus du tout être dans cet équilibre-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais alors, il faut évacuer ?
EMMANUELLE WARGON
On verra comment la situation évolue.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est dans l'air ou pas du tout ?
EMMANUELLE WARGON
Non, ce n'est pas dans l'air actuellement mais on verra comment la situation évolue.
ELIZABETH MARTICHOUX
La dernière fois que vous avez évacué d'ailleurs ce mouvement, c'était sur un pont et on se rappelle qu'il y avait eu un usage de gaz lacrymogènes qui a ensuite été très commenté et qui a donné lieu à une plainte. C'est vrai que le gouvernement se dit : « Ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour affronter physiquement des jeunes qui se prétendent pacifiques » et qui le sont d'ailleurs.
EMMANUELLE WARGON
Non mais il y a une bonne volonté. Il y a une vraie motivation des gens qui manifestent sur le climat, qui sont convaincus - à raison d'ailleurs – qu'il faut agir vite. Donc après, il faut que les moyens soient proportionnés dans un sens et dans l'autre. Les moyens de manifestation pour ne pas bloquer toute une ville et les moyens d'intervention si on venait à intervenir.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est disproportionné.
EMMANUELLE WARGON
Mais je voudrais revenir au fond des revendications, parce qu'en fait c'est aussi un mouvement international, Extension Rebellion, et finalement sur leurs revendications il y en a deux auxquelles on a déjà répondu favorablement en France. Les quatre revendications, c'est premièrement reconnaître l'urgence climatique. On vient de le faire dans la dernière loi sur l'énergie donc ça sera dans la loi française. La deuxième, c'est de mettre en place une Convention citoyenne. On vient de mettre en place une Convention citoyenne, ce sont les cent cinquante personnes tirées au sort dont les travaux ont commencé le week-end dernier au Conseil économique et social. La troisième, c'est d'aller encore plus vite sur la neutralité carbone, mais ce mouvement nous demande 2025…
ELIZABETH MARTICHOUX
Neutralité à 2025.
EMMANUELLE WARGON
C'est quasiment impossible à ce stade, en tout cas c'est très, très difficile. On est prêt à avancer, d'ailleurs la Convention citoyenne nous aidera mais 2025, aucun pays n'a pris des engagements à 2025 jusqu'à présent. L'accord de Paris, c'est 2050. Et puis la quatrième revendication est très, très générale sur la protection des écosystèmes, donc ça ne se prête pas vraiment à une manifestation qui dit : « On ne bougera pas tant que ça n'aura pas été résolu ».
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui. Finalement un peu inconséquent entre ce qu'ils demandent qui est en partie acquis, et puis leur mode de blocage.
EMMANUELLE WARGON
Juste pour finir, la question c'est e transformer la mobilisation en action, pour que tous ces gens qui sont mobilisés, qui souhaitent qu'on agisse pour le climat puissent le faire à l'échelle individuelle et à l'échelle collective.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est exactement ce qu'Emmanuel MACRON avait dit à Greta THUNBERG et ses disciples entre guillemets, en tout cas de tous ces jeunes qui suivent son mouvement. C'est-à-dire : « Maintenant il faut passer à l'action, il ne faut pas toujours manifester. »
EMMANUELLE WARGON
D'une certaine manière, oui. C'est de dire : « L'interpellation c'est bien, il faut maintenant qu'on arrive collectivement à agir chacun dans son rôle. » La transition écologique, ça ne se fera pas qu'avec des actes personnels et citoyens, ça doit aussi se faire avec des actes gouvernementaux bien sûr, mais il faut que chacun puisse y contribuer. Donc il faut passer du fait de dénoncer au fait d'agir. Je pense que c'est ça qui se joue dans ces mouvements.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça vous inquiète dans le fond cette forme un peu radicale de revendication qui éventuellement ne s'accompagne pas d'action mais qui ne fait que revendiquer ? Revendiquer effectivement des objectifs très inatteignables par un gouvernement comme le vôtre. Ça vous inquiète ?
EMMANUELLE WARGON
En fait, je pense que c'est salutaire d'avoir un aiguillon qui nous dit : « Vous n'allez pas assez vite. » Ça nous pousse à agir d'une certaine manière, ça nous donne de la force aussi sur ces sujets à l'intérieur du gouvernement. Après, quand on tombe dans la grande inquiétude, la grande angoisse et qu'elle devient paralysante pour tout le monde, on n'avance pas. Donc cette partie-là, oui, me gêne plus.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais c'est vrai que vous vendez votre politique volontariste mais quand même perçue comme à petits pas. Un des problèmes du gouvernement aujourd'hui, c'est qu'il n'est pas perçu comme écolo. Vous n'avez pas réussi à donner du contenu dans la perception que les Français en ont sur votre politique écologique.
EMMANUELLE WARGON
Je vais peut-être rentrer dans deux exemples qui sont deux sujets que je suis, moi, tous les jours pour les faire avancer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais est-ce que d'abord vous avez conscience de ça ? Est-ce que vous mesurez la difficulté pour vous à être crédible ?
EMMANUELLE WARGON
Plutôt que de répondre avec une déclaration d'intention, je voudrais vous répondre par des faits. Sur la rénovation des bâtiments, on sait que les gaz à effet de serre ils sont émis essentiellement par les transports, donc par les voitures, et par le chauffage donc par les bâtiments, les logements, les bureaux et puis les bâtiments industriels. Là on est en train avec Julien DENORMANDIE de refonder toutes les aides sur l'accompagnement des particuliers, donc de vous et moi, si on veut mieux isoler son logement, changer sa chaudière. Comment est-ce qu'on fait ? Avec quelle aide publique ? Avec quel accompagnement ? Ça c'est très concret. Ça fait des années que les gouvernements successifs ont des objectifs de cinq cent mille rénovations chaque année. On ne les atteint pas et donc on est en train de tout changer pour que ce soit mieux l'année prochaine. Notre nouvel outil, c'est une prime publique unifiée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui s'appellera comment ?
EMMANUELLE WARGON
Qui s'appellera « Ma prime renov », donc quelque chose d'extrêmement simple.
ELIZABETH MARTICHOUX
« Ma prime rénov », c'est le nom de cette nouvelle prime.
EMMANUELLE WARGON
« Ma prime rénov », ce sera le nom de cette prime.
ELIZABETH MARTICHOUX
En 2020.
EMMANUELLE WARGON
En 2020. Qui sera accessible directement sur Internet comme les différentes démarches qu'on peut faire de façon très simple, et aussi un meilleur accompagnement de proximité parce que personne ne sait à qui s'adresser aujourd'hui. Donc on travaille avec les collectivités locales pour que l'accompagnement soit de meilleure qualité.
ELIZABETH MARTICHOUX
On va être très précis, très concret. Alors réponse précise… Pardon, question précise, réponse précise. Combien de personnes et jusqu'à quel revenu on peut y avoir droit à cette prime ?
EMMANUELLE WARGON
Alors cette prime, elle sera ouverte sous forme de prime pour la moitié des Français les plus modestes et encore sous forme de crédit d'impôt…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour la moitié des Français les plus modestes ?
EMMANUELLE WARGON
Sous forme de prime en 2020 pour la moitié des Français les plus modestes, sous forme de crédit d'impôt encore en 2020 et sous forme de prime en 2021 pour les autres. Pour l'instant, on a recentré cette aide en sortant de cette l'aide les deux derniers déciles, c'est-à-dire les 20 % des Français les plus aisés. Mais la discussion parlementaire est en cours et elle n'est pas finie et donc là aussi, nous attendons de voir. Il est possible que certains gestes de rénovation puissent être réintégrés y compris pour les ménages les plus aisés, pour montrer symboliquement que c'est important. Mais pour ces ménages-là, juste pour finir, pour ces ménages-là en fait il existe deux types d'aide nationale. L'aide de l'Etat donc qui va arriver sous forme de cette prime et l'obligation…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon. Est-ce qu'elle sera versée rapidement ou pas ? Parce que c'est une des questions pour les gens qui font des travaux et qui ne peuvent pas avancer l'argent ?
EMMANUELLE WARGON
Alors je veux juste finir sur les deux points mais pour répondre à votre question, la prime sous forme de prime sera versée dès la fin des travaux. Donc en gros, vous faites vos travaux, vous scannez votre facture, vous la postez dans les démarches sur Internet et, par retour dans les jours ou semaines qui suivent, vous avez votre prime. Alors qu'aujourd'hui en crédit d'impôt, ça arrive un an et demi après en moyenne. Mais ce que je voulais juste dire, c'est que pour les ménages les plus aisés, et on a besoin qu'eux aussi fassent des travaux, ces ménages –là continuent à avoir accès aux aides des énergéticiens. En fait on a imposé, et ce n'est pas suffisamment connu en France, un principe pollueur-payeur aux grands fournisseurs d'énergie qui sont obligés de faire des offres pour réduire le coût des travaux d'efficacité énergétique. Et donc les grands énergéticiens, EDF, ENGIE, toutes les grosses entreprises, font des offres. Celles-ci, en fait, elles sont pilotées par l'Etat et elles baissent le coût des travaux. Donc ça, ça s'applique pour tout le monde.
ELIZABETH MARTICHOUX
On ne va pas rentrer plus dans les détails mais en tout cas, on retient « Ma prime rénov' » à partir de 2020…
EMMANUELLE WARGON
« Ma prime rénov' » à partir de 2020.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour les Français les plus modestes.
EMMANUELLE WARGON
Et 2021 pour tout le monde.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et elle sera versée à la fin des travaux.
EMMANUELLE WARGON
Exactement.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un engagement que vous prenez. On ira vérifier évidemment.
EMMANUELLE WARGON
Et c'est très bien que vous alliez vérifier. On besoin de vérifications, c'est-ce qu'on va faire.
ELIZABETH MARTICHOUX
On a beaucoup parlé de la valeur de la parole publique, notamment consécutivement à l'affaire rouennaise où on a bien vu que la parole experte, la parole scientifique était disqualifiée de plus en plus dans l'esprit des Français. Quand une ancienne ministre de l'Environnement dit : « Aujourd'hui, plus d'une femme sur dix est touchée par le cancer du sein, c'est dû à quoi ? C'est dû aux pesticides », c'est Ségolène ROYAL.
EMMANUELLE WARGON
Je crois qu'elle a parlé un peu vite. D'ailleurs je crois qu'elle a reconnu elle-même qu'elle avait peut-être un peu résumé sa pensée. En fait ce n'est pas qu'elle a résumé sa pensée, c'est qu'on n'a pas de lien entre les pesticides et le cancer du sein.
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle a été approximative ? Est-ce que ça, ça fait du mal justement à la crédibilité d'une personne qui porte l'image quand même de l'environnement ?
EMMANUELLE WARGON
Il faut qu'on fasse très attention notamment au sujet des pesticides parce que, on n'en a pas parlé, mais en même temps on a ces manifestations d'agriculteurs que moi je comprends très bien. Les agriculteurs sont maintenant accusés par toute la société de tous les maux. Or les agriculteurs nous nourrissent, les agriculteurs français, tous les jours avec une agriculture de qualité. Alors oui, on veut réduire les pesticides. Pas parce qu'il y a un lien mécanique entre pesticides et cancer du sein qui n'a pas été prouvé, mais simplement parce qu'on sait qu'on a besoin de moins de pesticides à la fois pour les sols, pour la nature et pour l'alimentation. Mais ça se fait progressivement et il faut faire très attention à l'invective, à l'anathème parce que ça c'est très dangereux.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous êtes assez peinée que les agriculteurs aient été stigmatisés par une parole qui ne reflétait pas la réalité. Je dis ça de façon…
EMMANUELLE WARGON
Je suis inquiète pour cet agri-bashing parce que je considère que tous ceux qui tapent sur les agriculteurs en ce moment sont des apprentis sorciers.
ELIZABETH MARTICHOUX
A propos de la crédibilité de la parole publique, on va justement essayer d'avoir des informations dans les heures qui suivent grâce à Christophe CASTANER et Laurent NUNEZ qui vont comparaître devant la commission des lois du Sénat pour répondre à toutes les questions sur l'attentat. Un ministre durement attaqué par l'opposition qui a réclamé très vite, pour certains en tout cas leaders, sa démission. C'est la loi du genre ?
EMMANUELLE WARGON
Un ministre du genre injustement attaqué par l'opposition. Il était au plus près des victimes, des acteurs de la préfecture de police. Il a été transparent dans les informations qu'il avait. Au début, il n'y avait aucune information dans le dossier sur une potentielle radicalisation. Il se trouve qu'en réalité il est possible que ça ait été le cas. Le parquet antiterroriste a été saisi. Je suppose que c'est la loi du genre de…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne venez pas de la politique, vous étiez en entreprise.
EMMANUELLE WARGON
C'est ce que j'allais dire. Je suppose que c'est la loi du genre que d'attaquer le ministre de l'Intérieur à chaque drame, mais je trouve que ça ne fait pas avancer la démocratie.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc pour vous, ce n'est finalement pas - comment dire - ça abîme le débat public ce type de réaction.
EMMANUELLE WARGON
Pour moi, c'est de la politique politicienne à l'ancienne…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quand on est responsable ?
EMMANUELLE WARGON
Pour laquelle chaque événement est l'occasion d'attaquer le gouvernement. Or là, ce n'est pas ça la question qui est posée. C'est une question qui est beaucoup plus fondamentale et on a aussi besoin d'une bonne cohésion nationale sur la lutte contre le terrorisme et l'islamisme radical. C'est l'appel du président de la République.
ELIZABETH MARTICHOUX
A la société de vigilance notamment. Merci beaucoup Emmanuelle WARGON d'avoir été ce matin sur LCI.
EMMANUELLE WARGON
Merci à vous.
Source service d'information du Gouvernement, le 11 octobre 2019