Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
SONIA MABROUK
Dans votre ministère, large ministère, il y a aussi les transports. Après AIGLE AZUR, XL AIRWAYS demande son placement en redressement judiciaire. Cette compagnie aussi va vers une vente à la découpe ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, on est aux côtés de cette compagnie depuis ces derniers mois pour notamment l'aider à trouver des nouveaux investisseurs. Moi aujourd'hui, je pense d'abord aux salariés et aux passagers, donc on va être très attentif. Jean-Baptiste DJEBBARI, qui auprès de moi suit les transports maintenant, va être aux côtés de la compagnie pour rechercher des solutions, pour préserver l'emploi et pour assurer la continuité de l'activité.
SONIA MABROUK
Six cents salariés ; pour le moment, il n'y a aucune garantie pour l'emploi. Est-ce que vous avez peut-être une piste d'un repreneur sérieux avec de véritables garanties apportées ?
ELISABETH BORNE
Je pense qu'on ne va pas présenter ici les solutions de reprise possibles mais je peux vous assurer qu'on continuer à travailler avec la compagnie, je vous dis, pour préserver l'emploi et assurer la continuité de l'activité.
SONIA MABROUK
Les coups durs s'enchaînent pour l'aviation française. C'est la deuxième compagnie française en moins de trois semaines à se retrouver dans une telle situation. Est-ce qu'il y a, Elisabeth BORNE, un effet domino ? Est-ce que vous le craignez ?
ELISABETH BORNE
Je pense que c'est vraiment deux situations totalement différentes. Elles ne sont pas sur le même marché et donc, voilà, c'est des cas différents qu'il faut accompagner chacun avec beaucoup d'attention et c'est ce qu'on va continuer à faire.
SONIA MABROUK
Malgré tout, ces compagnies françaises se plaignent de taxes spécifiquement françaises dans leur domaine que leurs concurrents LUFTHANSA ou BRITISH AIRWAYS ne supportent pas. Elles se plaignent, Elisabeth BORNE, d'un poids insoutenable de ces taxes. C'est une réalité.
ELISABETH BORNE
Il y a des taxes en France, il y en a en Allemagne, il y en a au Royaume-Uni. Je pense aussi que les Français nous ont dit qu'ils souhaitaient que tous les modes de transport participent aussi au financement de nos transports propres par exemple et c'est ce qu'on a décidé de faire et on sera attentif. C'est pour ça que c'est aussi des sujets qu'on porte au niveau européen et je pense que Jean-Baptiste DJEBBARI, qui est au conseil transport ce matin, pourra le dire, qu'on souhaite effectivement que les autres pays européens suivent le chemin que la France trace avec notamment une éco-contribution sur les billets.
SONIA MABROUK
Pardonnez-moi, les autres pays européens ne sont peut-être pas fous. Ils ne veulent pas pénaliser la compétitivité de leur compagnie. Ils ont peut-être raison d'ailleurs.
ELISABETH BORNE
Je pense que les autres pays européens peuvent effectivement penser à cela. Ils peuvent aussi entendre les citoyens qui souhaitent que les modes de transport, telle que l'aviation, contribuent aussi au financement de transports plus propres.
SONIA MABROUK
Le train à présent, Elisabeth BORNE. La SNCF aura un nouveau patron au mois de janvier. Emmanuel MACRON l'a choisi dans le vivier de la SNCF, Jean-Pierre FARANDOU. On ne le connaît pas encore. Pourquoi est-il aux yeux de l'exécutif l'homme de la situation ?
ELISABETH BORNE
Alors Jean-Pierre FARANDOU, moi je le connais depuis longtemps. Je pense que c'est effectivement la bonne personne au bon moment. C'est un cheminot d'abord et je pense que c'est important de bien connaître l'entrepris. Ce n'est pas une entreprise comme les autres, la SNCF. C'est aussi un homme de dialogue et de terrain, et je pense que c'est très important dans les transformations que la SNCF doit connaître dans les prochains mois. C'est aussi un chef d'entreprise, il dirigeait la filiale transport en commun de la SNCF. Donc il a une expérience de la concurrence et une expérience aussi de l'international, donc voilà. Je pense qu'il a tous les atouts pour bien conduire la SNCF dans les transformations importantes qu'elle va connaître dans les prochains mois.
SONIA MABROUK
Est-ce qu'il a aussi - vous dites l'expérience de terrain – mais est-ce qu'il a aussi l'expérience des conflits et des conflits sociaux ? Est-ce qu'il a un profil de démineur ? Parce qu'il va falloir en désamorcer des conflits à la SNCF.
ELISABETH BORNE
Je pense que c'est un homme de dialogue social. Je crois que les cheminots le connaissent aussi et qu'ils savent que c'est quelqu'un qui écoute et qui va permettre de trouver aussi des bonnes solutions avec les cheminots.
SONIA MABROUK
Sur le plan de l'énergie et des prix à la pompe vous répétez, Elisabeth BORNE, qu'il n'y aura pas de problème d'approvisionnement. Malgré tout, est-ce que vous dites ce matin que vous veillez et même que vous appelez les pétroliers à la retenue sur l'augmentation des prix ?
ELISABETH BORNE
Alors plus que jamais. Vous savez, on a vu qu'il y avait eu un petit coup de chaud, on va dire, sur les prix du baril en début de semaine. Là le prix du baril est revenu à son niveau des dernières semaines donc il n'y a aucune raison qu'il y ait une hausse à la pompe, des prix à la pompe, et je peux vous assurer que le gouvernement sera très attentif à ce que ce soit bien le cas.
SONIA MABROUK
Aucune raison mais vous ne maîtrisez pas la situation géopolitique. Vous ne savez pas combien va durer la réparation des sites pétroliers en Arabie Saoudite.
ELISABETH BORNE
Ce que je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui il n'y a aucun problème d'approvisionnement. Il y a des stocks et je constate que le cours du baril est revenu à son niveau des dernières semaines.
SONIA MABROUK
Un samedi sous haute tension est annoncé dans la capitale avec notamment une mobilisation des Gilets jaunes avec, malgré tout, cette épée de Damoclès d'une éventuelle hausse des prix à la pompe. Le contexte, il est explosif. Ça vous le redoutez, vous le craignez.
ELISABETH BORNE
Je dis très clairement… Enfin moi j'entends et puis aussi à un certain nombre de responsables politiques qui veulent inquiéter les Français, je le redis : il n'y a aucun problème d'approvisionnement, il n'y a pas de hausse du cours du baril aujourd'hui, et donc il n'y a aucune raison qu'il y ait une hausse des prix à la pompe.
SONIA MABROUK
Pour autant la colère est réelle et l'inquiétude est toujours là.
ELISABETH BORNE
Ecoutez, je pense que le message des Français, il a été reçu cinq sur cinq par le président de la République, par le gouvernement. Je rappelle qu'on a gelé la hausse de la fiscalité, qu'il y a eu des mesures sur le pouvoir d'achat et puis il y a aussi la Convention citoyenne qui va démarrer début octobre. Donc le temps est aujourd'hui à construire des solutions et on est vraiment à l'écoute des Français pour trouver le bon chemin.
SONIA MABROUK
Construire des solutions sous pression quand même. De nombreuses mobilisations sont prévues dès aujourd'hui, il y a la marche pour le climat, le climat dont vous allez aussi parler à l'international en vous rendant lundi avec le président à l'ONU à New-York. Ces marches viennent vous rappeler, Elisabeth BORNE, que vous n'en faites pas assez dans le domaine de l'écologie malgré tout ce que vous dites. Ça vous fait sourire, pourquoi ?
ELISABETH BORNE
Oui, parce qu'écoutez, d'abord…
SONIA MABROUK
Est-ce que vous avez le début d'une preuve d'un acte concret ?
ELISABETH BORNE
Je voudrais vous dire que ces mobilisations citoyennes, moi je peux que prendre ça positivement. C'est très bien qu'aujourd'hui la prise de conscience de l'urgence écologique, de l'urgence climatique, elle se diffuse dans toute la société. Moi je vois ça comme une force pour la ministre de l'Ecologie que je suis. Je voudrais quand même dire que la France, elle est mobilisée…
SONIA MABROUK
Vous voyez les choses en rose, en vert, en rose-vert !
ELISABETH BORNE
Je vois ça comme une force.
SONIA MABROUK
Vous ne voyez pas ça comme une pression ?
ELISABETH BORNE
Je pense qu'il faut, pour qu'on mène cette transition écologique, que chacun considère que c'est son affaire, qu'on ait une mobilisation générale, et donc je pense que c'est positif, je dis aussi aux Français que la France elle est plus mobilisée que jamais sur ce sujet du climat. Je rappelle que dès le début du quinquennat on a posé des actes forts, avec notamment le Plan climat, la neutralité carbone en 2050, l'arrêt de l'exploitation des hydrocarbures en 2040, la sortie des véhicules à gaz à effet de serre…
SONIA MABROUK
Je sais que votre liste peut être longue.
ELISABETH BORNE
Et aujourd'hui je pense que vraiment, moi, ce sur quoi je suis mobilisée, c'est de trouver des solutions concrètes, de trouver un chemin.
SONIA MABROUK
Elisabeth BORNE, attendez, en attendant ces solutions, est-ce que vous pouvez me dire, là ce matin, parce qu'on sait que votre capacité à faire bouger les choses dépend aussi de votre budget. Est-ce que vous savez de combien il sera, selon le projet de loi de Finances 2020 ?
ELISABETH BORNE
Eh bien ce budget, et c'est cohérent, effectivement, avec la priorité voulue par le président de la République et le Premier ministre, sur cette transition écologique, ce budget il est en nette augmentation avec une hausse de plus de 800 millions d'euros. Donc je pense que quand on nous dit les actes ne suivent pas, eh bien les actes suivent, c'est +800 millions d'euros pour le budget de l'Ecologie, c'est une bonne nouvelle pour les Français, c'est une bonne nouvelle pour l'écologie, et donc je pense que, voilà, c'est quelque chose de très positif qui montre que les actes sont cohérents avec les paroles.
SONIA MABROUK
Bonne nouvelle dites-vous ce matin, et on prend acte, vos crédits augmentent, mais les effectifs en postes diminuent, vous faites, en réalité, les frais des économies budgétaires quand même, des milliers de postes sont supprimés dans votre ministère, Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Ecoutez, d'abord il y a des chiffres assez fantaisistes qui ont circulé, je vous confirme que mon ministère il participe, comme d'autres, à l'effort collectif sur les effectifs, moi je verrai les syndicats la semaine prochaine, et donc c'est à eux, avec eux, que je pourrai présenter les réductions d'effectifs. Mais, vraiment, le budget est en augmentation, ça va nous permettre de mieux accompagner les Français, ça va nous permettre d'investir, comme on ne l'a jamais fait, dans des transports plus propres. Je vous cite un exemple moi, qui me tient à coeur, on parle souvent des fermetures de petites lignes, eh bien justement, vous savez, l'an prochain on va faire les travaux pour la réouverture de la ligne Epinal-Saint-Dié, on a présenté…
SONIA MABROUK
Madame la ministre, combien d'ouvertures pour je ne sais pas combien de fermetures, c'est ça le problème.
ELISABETH BORNE
On investit comme jamais, 3 milliards d'euros, +20 % par rapport à cette année, pour des transports de tous les jours, les transports du quotidien, et des transports plus propres. Et puis aussi on agit pour la biodiversité, vous savez qu'à partir de l'an prochain on aura une nouvelle agence publique pour mieux protéger notre biodiversité.
SONIA MABROUK
On va suivre tout cela… on va conclure, peut-être est-ce que vous allez juger ça provoquant. La Cour des comptes qui préconise, et vous en parliez hier Matthieu avec Nicolas BEYTOUT, qui préconise d'augmenter les taxes sur les carburants, c'est le moment ! Vous leur dites c'est le moment, merci la Cour des comptes ?
ELISABETH BORNE
Ce que je peux vous dire c'est que dans le budget il n'y a pas d'augmentation des taxes sur les carburants. Vous savez, le président de la République et le gouvernement ont beaucoup dialogué avec les Français dans le cadre du Grand débat, eh bien peut-être que ceux qui font ces préconisations feraient bien de faire la même chose.
SONIA MABROUK
Ah, ils ne sont pas si sages que ça alors à la Cour des comptes !
ELISABETH BORNE
Eh bien je pense que, voyez, on a entendu les Français, qui ont pu se sentir piéger, et donc il n'y aura pas d'augmentation des taxes sur les carburants dans le budget de l'an prochain.
SONIA MABROUK
Même si pour certains scientifiques il faut accélérer plus vite encore la transition vers le zéro carbone.
ELISABETH BORNE
Et il faut le faire en écoutant les Français.
SONIA MABROUK
Merci Elisabeth BORNE, à l'écoute des Français, on l'a compris ce matin.
MATTHIEU BELLIARD
La Cour des comptes est plus écolo que la ministre de la Transition écologique et solidaire ?
ELISABETH BORNE
Il faut trouver les bonnes solutions avec les Français, c'est la Convention citoyenne.
MATTHIEU BELLIARD
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2019