Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Dans le cadre de cette journée spéciale « Les enfants d'abord » que vous proposent France Inter, Konbini et l'UNICEF, nous recevons ce matin dans « Le grand entretien du 7/9 » le secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance. Vos questions, vos témoignages, vous êtes déjà nombreux au standard, 01.45.24.7000, les réseaux sociaux et l'application mobile d'Inter. Adrien TAQUET, bonjour.
ADRIEN TAQUET
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
C'est donc aujourd'hui la Journée internationale des droits de l'enfant, et le 30e anniversaire de ce texte essentiel qu'est la Convention internationale des droits de l'enfant, Emmanuel MACRON va s'exprimer ce matin sur le sujet. Et nous sommes ensemble, ici en studio à Inter, pour détailler le plan de lutte contre les violences faites aux enfants que vous avez élaboré pour les deux années qui viennent, car les enfants sont des victimes particulières, souvent invisibles, oubliées, car ils ne peuvent se défendre eux-mêmes, ils ne peuvent prendre la parole et faire valoir leur souffrance et leurs droits, au moins de manière publique. Les aider tout simplement, alors qu'ils sont parfois pris au piège, est-ce le sens de votre démarche ?
ADRIEN TAQUET
Absolument. Je voulais avant tout vous remercier, d'une part pour votre invitation pour cette journée spéciale, Radio France, France Inter, tout comme France Télévisions, le service public, en cette journée, jouent un rôle important, c'est votre rôle, je trouve, et il faut le saluer. Effectivement il y a ce paradoxe, cette situation incroyable, on aime se voir comme un pays, comme un peuple avancé, éclairé, nation des droits de l'Homme, et pourtant on accepte encore aujourd'hui que nos enfants vivent une situation juste intenable, insupportable. Ce sont près de 130.000 enfants, chaque année, qui sont victimes de violences sexuelles, c'est un enfant qui meurt tous les cinq jours sous les coups d'un de ses parents, et c'est probablement même deux par semaine, on estime qu'il y a 6 % de la population française qui est victime d'inceste et qu'aujourd'hui il y a 10.000 enfants, de nos enfants, je ne parle pas de migrants venus d'un pays un peu lointain, exotique, qui seraient sur les grands boulevards, je parle de nos enfants dans nos collèges et dans nos lycées, qui sont victimes de prostitution infantile. Alors, c'est des chiffres un peu froids, mais je veux les répéter systématiquement, parce que devant cette situation la question de l'enfance, des violences faites aux enfants, devrait faire la Une des journaux tous les jours qui passent. Donc, oui, le sens de ce plan, qui n'est que le deuxième plan, qui prend la suite du seul premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants qui date de 2017, il a pour vocation de protéger, de mieux protéger, en tous lieux et en tous moments, les enfants.
LEA SALAME
Adrien TAQUET, soyons précis, de quoi parle-t-on ? Il y a des violences visibles et d'autres qui sont invisibles, et c'est un peu ça le problème, alors on parle de quoi, de harcèlement, de brimades, de châtiments corporels, d'exposition à la pornographie, le fait d'être témoin de violences conjugales entre les parents, d'infanticide, définissez tout ce qui rentre dans le mot « violences faites aux enfants. »
ADRIEN TAQUET
Eh bien c'est tout cela, c'est tout cela. Effectivement, vous l'évoquez, l'exposition à la pornographie, qui concerne près de 50 % des enfants de moins de 12 ans aujourd'hui dans notre pays, c'est une forme de violence. Oui, un enfant, dans le cadre de violences conjugales, n'est pas un simple témoin, c'est une victime, et c'est tout le sens de la démarche que nous menons depuis le Grenelle, et c'est assez inédit, avec Marlène SCHIAPPA, pour prendre en considération la question de l'enfant dans le cadre des violences conjugales, c'était un oublié et un impensé total jusqu'à présent. Oui, c'est le harcèlement…
LEA SALAME
Qu'est-ce que vous proposez, on va voir tout ce que vous proposez, mais précisément, puisque vous soulignez ça, et c'est vrai qu'on attend les conclusions, dans les prochains jours, du Grenelle des violences faites aux femmes, on en parle beaucoup sur l'antenne. L'enfant qui assiste à la scène de voir son père frapper sa mère, qu'est-ce que l'Etat peut faire ?
ADRIEN TAQUET
Déjà, reconnaître l'enfant comme une victime, dans 80 % des cas, effectivement, les femmes qui appellent le 39.19 sont par ailleurs des mères, c'est considérer, le mot est assez fort, qu'un mari violent ne peut pas être un bon père, et donc la première mesure qui a d'ores et déjà été annoncée, et qui sera confirmée dès le 3 septembre, c'est une suspension de l'exercice de l'autorité parentale dès le féminicide et dès une tentative de féminicide, avant même un prononcé de peine, donc c'est la protection de l'enfant. Par ailleurs, il y a toute une question autour de la parole de l'enfant, parce que 80 % des violences faites aux enfants, globalement, ont lieu dans le cercle intrafamilial, c'est ça toute la difficulté. Vous avez un enfant qui est pris dans un espèce de conflit de loyauté, entre un de ses proches, un de ses parents parfois, qui est censé être un être aimant, et qui pourtant est victime de violences, et qu'il va protéger, et c'est normal, un enfant dénonce très rarement ses enfants…
LEA SALAME
Ses parents.
ADRIEN TAQUET
Ses parents, pardon, il faut donc libérer cette parole-là.
NICOLAS DEMORAND
Poursuivons sur le constat Adrien TAQUET, avant de voir les propositions que vous formulez. Selon l'Observatoire de la protection de l'enfance en 2016, 131 infanticides ont été commis, 67 dans le cadre intrafamilial, le dernier rapport de l'IGAS 2018 constate que la moitié des enfants tués dans le cadre familial étaient suivis par les services sociaux. Comment est-ce possible ?
ADRIEN TAQUET
Effectivement, c'est le constat qui est fait. qu'est-ce que dit ce rapport ? C'est l'absence de coordination entre les différents professionnels qui interviennent dans ce genre de situation, les services sociaux d'un côté, les services d'enquête de l'autre, la justice, l'Education nationale parfois. Le défaut de coordination, le défaut de culture commune, ça semble être du bon sens, mais déjà quand vous mettez des gens autour de la table, quand vous développez une culture commune, quand vous faites des formations communes, croisées, et c'est une des mesures dans le plan, que nous allons instituer dès 2020, pour que l'ensemble de ces professionnels, lorsqu'ils sont confrontés à une situation, puissent partager la même acception, perception de ce qui est en train de se passer. Ça vaut pour la justice de la même façon. Vous savez aujourd'hui, les juges aux affaires familiales, et les juges des enfants, ne communiquent pas suffisamment, donc vous avez des situations de violences conjugales où un enfant est impliqué et puis, par ailleurs, vous pouvez avoir des situations où l'enfant est en danger, et là aussi, de chaque côté, alors qu'on est au sein d'une même juridiction, les situations ne sont pas forcément…
LEA SALAME
Pardon d'être un peu brutale mais, ce n'est pas une affaire de communication. Quand on apprend, quand Jacques TOUBON, le Défenseur des droits, nous dit que beaucoup, une majorité, une moitié des violences faites aux enfants, viennent des professionnels qui sont censés les protéger, alors comment c'est possible, c'est là où… en fait on a l'impression que c'est ingérable, on est impuissant face à ça, si celui qui est censé protéger l'enfant des violences est lui-même violent.
ADRIEN TAQUET
Alors, on n'est pas impuissant, nous ne sommes pas impuissants, et il n'y a pas de fatalité. Le rapport annuel, cette année, de Jacques TOUBON, portait effectivement sur les violences en institutions. Je rappelle quand même que 80 % des violences faites aux enfants ont lieu en famille. Mais oui, vous avez raison, il n'est pas admissible qu'un lieu où l'enfant est censé se développer et s'épanouir, l'école, puisse laisser 700.000 enfants être victimes de harcèlement scolaire, et c'est tout le sens du plan que Jean-Michel BLANQUER a présenté en mai dernier contre le harcèlement scolaire et le cyber harcèlement. Il n'est pas admissible, entendable, que des institutions censées protéger les plus vulnérables, qu'il s'agisse d'institutions pour les enfants en situation de handicap, ou les institutions de l'aide sociale à l'enfance, puissent laisser faire, laisser passer de la violence, de la violence d'adultes vis-à-vis d'enfants, mais aussi de la violence entre enfants.
LEA SALAME
Est-ce qu'on peut prendre le cas particulier de la petite Evaëlle, 11 ans, victime de harcèlement, qui s'est suicidée, les parents ont porté plainte contre l'enseignante dont ils estimaient qu'elle n'avait rien fait pour protéger leur fille. Cette enseignante a été placée en garde à vue, ce qui est rarissime dans les cas de harcèlement. Est-ce que la responsabilité des enseignants peut et doit être désormais engagée ?
ADRIEN TAQUET
Il y a une enquête judiciaire qui est donc lancée de par cette plainte et puis cette mise en garde à vue, donc je ne vais pas me prononcer là-dessus, ce qui est évident, et ce qui change ces dernières années, c'est qu'il y a une mobilisation générale de l'institution et de l'ensemble des professionnels de l'Education nationale face à ce qui est un véritable fléau. Le ministre de l'Education nationale a annoncé un certain nombre de mesures, notamment la mise à disposition… vous savez, les professionnels sont souvent assez désemparés face à ces situations-là, il faut le reconnaître, donc il y a des programmes clés en main qui sont mis à disposition aujourd'hui des établissements, pour les professeurs, les directeurs d'établissement, mais aussi pour les élèves, pour sensibiliser les élèves, avec 10 heures de sensibilisation aux questions de harcèlement chaque année, pour qu'ils aient conscience… pour les parents, de la même façon, parce que vous savez, il y a un peu de la responsabilité des parents parfois, dans certains endroits c'est mieux d'être parents d'un petit caïd que d'un gamin harcelé, donc la responsabilité elle est totale. Et, effectivement, les professionnels, l'institution, ne peuvent plus être sourds à des souffrances exprimées, il faut être en mesure de prendre en charge, les accompagner. Et d'ailleurs, dans les cas les plus complexes, car il y a des cas très complexes, le ministre de l'Education nationale a mis en place des équipes externes, pluridisciplinaires, des pédagogues, des psychologues, des assistants sociaux, pour pouvoir intervenir sur les situations plus complexes et accompagner les professionnels, qui parfois se sentent seuls face à ces situations.
NICOLAS DEMORAND
Jacques TOUBON et Geneviève AVENARD, la Défenseure des droits des enfants, demandent la vérification systématique du casier judiciaire avant d'embaucher une personne pour une mission auprès d'enfants. Aujourd'hui, s'ils le demandent, est-ce facultatif, première question, et allez-vous appliquer cette recommandation ?
ADRIEN TAQUET
Alors écoutez, dès ma nomination, dès avant le rapport Toubon-Avenard, dès avant les dernières informations qui sortent sur l'affaire Jonzac…
LEA SALAME
Précisez ce que c'est l'affaire Jonzac.
ADRIEN TAQUET
L'affaire Jonzac, vous savez, cette affaire de…ce médecin pédophile dont un certain nombre de victimes sont en train de déposer plainte, c'est probablement une des plus grandes affaires de pédophilie puisqu'on parle de 200 victimes potentielles, et c'est une personne qui avait été déjà condamnée en 2005 pour consultation de fichiers pédopornographiques. Dès ma nomination, en rencontrant les associations, en rencontrant des anciennes victimes, et je me permets de la citer, mais en l'espèce Andréa BESCOND, la réalisatrice des « Chatouilles », la pièce de théâtre, m'ont alerté sur la question du fichier, les contrôles des antécédents judiciaires des personnes en contact avec les enfants, et j'ai très vite eu le sentiment qu'il y avait un sujet à la fois sur la question des conditions d'inscription, qui est inscrit à ce fichier, et des conditions de consultation de ce fichier, et c'est ce que met en exergue le Défenseur des droits. Depuis plusieurs mois nous travaillons avec la garde des Sceaux Nicole BELLOUBET, je veux saluer son volontarisme sur ce sujet, pour renforcer…
LEA SALAME
D'accord, mais il y aura un fichier…
ADRIEN TAQUET
Il y a un fichier déjà, qui s'appelle le FIJAISV, où sont inscrits les auteurs de violences sexuelles, pas de tout, donc nous allons renforcer les conditions d'inscription à ce fichier - le président de la République va faire un certain nombre d'annonces à l'UNESCO, vous l'avez évoqué tout à l'heure, d'ici une heure, et vous comprendrez que je lui réserverai la primeur de certaines annonces – mais nous allons renforcer les conditions d'inscription à ce fichier, et par ailleurs je partage, évidemment, le constat et la nécessité exprimée par le Défenseur des droits, il faut qu'il y ait une systématisation plus grande. Aujourd'hui c'est une faculté qui est donnée à tous les employeurs publics, que se passe-t-il ? Tous ne le font pas. Alors moi je me méfie beaucoup, et c'est un ancien législateur qui vous dit ça, de dire il faut mettre dans la loi, pour 5 ans après se rendre compte que ce n'est pas appliqué. Je pense qu'il faut que l'on regarde, qu'est-ce qui fait obstacle, est-ce que les gens connaissent la loi, qu'est-ce qui fait obstacle à la consultation, dans quelles conditions cela se fait, pour que les réponses arrivent rapidement, là aussi il faut que… il y a des actions qui vont être menées en ce sens-là, pour que nous puissions…
LEA SALAME
Et vous souhaitez porter à 5 ans d'emprisonnement, c'est ça une des annonces du président de la République tout à l'heure, vous souhaitez porter à 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende la peine encourue pour consultation habituelle, acquisition ou détention d'une image pédopornographique, contre 2 ans aujourd'hui, c'est ça ?
ADRIEN TAQUET
On veut effectivement durcir un certain nombre…
LEA SALAME
Vous allez alourdir.
ADRIEN TAQUET
On va alourdir effectivement un certain nombre de peines, et ça va avoir quelques effets sur la question du fichier des agresseurs sexuels que vous évoquez. On veut que…
LEA SALAME
Mais vous ne la mettez pas dans la loi.
ADRIEN TAQUET
Ah ça, le durcissement ce sera…
LEA SALAME
Non, je veux dire le fichier.
ADRIEN TAQUET
La consultation, on va voir, avec l'ensemble des administrations, leurs administrations de tutelle, les associations, qui ont des agréments ou qui sont des délégations de service public, pourquoi, si elles connaissent la loi, est-ce qu'elle consulte le fichier, pourquoi elle ne le consulte pas, et pour atteindre cet objectif, posé par le Défenseur du droit, d'une systématisation du contrôle. On ne peut pas admettre que nos enfants puissent être en contact avec des gens qui ont dans le passé eu des comportements, commis des crimes sexuels.
NICOLAS DEMORAND
Enormément de questions au standard, on va donner bien sûr la parole aux auditeurs de France Inter, une question encore sur les propositions Toubon-Avenard, ils demandent de renforcer les équipes qui gèrent le numéro dédié, numéro de téléphone dédié aux enfants en danger, le 119, aujourd'hui il y a seulement 43 écoutants pour 1300 appels par jour, 43 pour 1000 appels, combien d'écoutants allez-vous recruter, quel budget alloué à ce qui est une porte d'entrée, tout de même, cruciale ?
ADRIEN TAQUET
Cruciale, cruciale, on parlait de libérer la parole de l'enfant…
NICOLAS DEMORAND
Il faut bien que quelqu'un l'écoute.
ADRIEN TAQUET
C'est exactement ça. Mais déjà, sur la libération, j'aimerais… un petit propos liminaire. Aujourd'hui, en France, seul 1 Français sur 4, face à des suspicions de violences faites à un enfant, vous savez quand vous entendez ces cris le soir de l'autre côté du mur, seul 1 Français sur 4 appelle le 119 ou appelle un service d'urgences, donc la responsabilité elle est aussi collective. Il n'est pas question de délation, il n'est pas question de dénonciation, face à la situation que vivent nos enfants aujourd'hui, quand il y a un doute, on appelle, et ce sont des professionnels qui vont évaluer si l'enfant est véritablement en danger.
LEA SALAME
Mais il faut quelqu'un derrière l'appareil, le problème c'est qu'il n'y a que 43 écoutants et apparemment, de ce qu'on a lu, certains appellent, on leur dit « rappelez plus tard, il n'y a personne pour vous parler »…
ADRIEN TAQUET
Vous avez tout à fait raison, mais je veux que vos auditeurs aient conscience aussi de ça…
LEA SALAME
Qu'il faut appeler.
ADRIEN TAQUET
Chacun doit appeler. Et alors, vous avez raison, il y a quelque chose qui est totalement inadmissible, c'est que dans 2 cas sur 3 - tout est décroché parce qu'il y a un pré-appel - mais dans 2 cas sur 3 on vous demande de rappeler plus tard. Alors, évidemment, les situations d'urgence, ou quand c'est un enfant qui appelle, c'est pris en charge, mais ce n'est pas admissible que dans 2 cas sur 3 on vous demande de rappeler. C'est la raison pour laquelle nous allons augmenter les moyens du 119, l'Etat et les départements, nous allons rajouter 400.000 euros supplémentaires, ce qui va permettre le recrutement de 5 écoutants supplémentaires, mais aussi d'embaucher 3, 4 supplémentaires qui vont permettre, d'une part d'accélérer la digitalisation du service, la mise en place d'un chat, d'un formulaire en ligne, mais aussi…
NICOLAS DEMORAND
Donc on passe de 43 écoutants à 48, c'est ça ?
ADRIEN TAQUET
Absolument, oui.
NICOLAS DEMORAND
Et ça suffit ça, 48 ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, ça a été travaillé avec le conseil d'administration du 119, du GIPED, et c'est les évaluations sur lesquelles nous sommes arrivés. Nous ferons une évaluation d'ici un an, puisque la digitalisation, avec l'arrivée du chat, le formulaire en ligne, va aussi permettre, normalement, de dériver une partie du…
LEA SALAME
Pardon, est-ce que vous pensez qu'en augmentant de 5 personnes on pourra passer de deux tiers des appels où on vous dit de rappeler plus tard, à zéro appel où on vous dit de rappeler plus tard et on vous prend… ?
ADRIEN TAQUET
En tout cas le zéro appel sans réponse c'est l'objectif qu'on se fixe, c'est 15% d'effectifs en plus, il y a la digitalisation, on fera une évaluation dans un an, l'objectif c'est d'arriver à zéro appel, enfin je veux dire c'est clair et net là-dessus, zéro appel sans réponse.
LEA SALAME
C'est là, et je pense que les auditeurs ont compris, là où le bât blesse, c'est que les paroles sont fortes et ambitieuses ce matin dans votre bouche, dans celle du gouvernement, dans celle d'Emmanuel MACRON tout à l'heure, mais après il y a l'argent, il y a les moyens, vous présentez donc un plan de 80 millions d'euros. Les associations sont sévères, « pas de volonté politique » dit le Conseil national de protection de l'enfance, « ce n'est pas le grand soir de la protection de l'enfance » dit le vice-président du CESE, 80 millions pour un tel problème de société, est-ce que ce n'est pas très, très, très insuffisant ?
ADRIEN TAQUET
Alors, si vous me permettez, deux, trois impressions à ce que vous dites. Là ce n'est pas 80 millions, 80 millions c'était le plan de prévention et de protection de l'enfance que j'ai présenté le mois dernier, sur la réforme de l'aide sociale à l'enfance, ça ne concerne pas les mesures annoncées aujourd'hui, et ce n'est pas le Conseil national de la protection de l'enfance qui s'est prononcé, c'est un de ses membres qui s'est prononcé sur l'insuffisance des moyens.
LEA SALAME
Mais enfin vous comprenez bien l'idée, 80 millions…
ADRIEN TAQUET
Oui, non, mais juste soyons… juste pour être précis. Ecoutez, c'est 80 millions supplémentaires, c'est 100 millions supplémentaires pour la santé mentale, dont 20 millions supplémentaires pour la pédopsychiatrie, c'est Nicole BELLOUBET qui annonce dans le cadre de la réforme de l'Ordonnance de 45 la création de 70 postes de juges des enfants supplémentaires et de 100 greffiers supplémentaires dans les juridictions, c'est tout l'investissement de Roxana MARACINEANU pour lutter contre la violence dans le sport. Je pense qu'il n'y a jamais eu autant de moyens, et ce n'est qu'un début, et c'est mon job, de faire en sorte que l'ensemble des ministères soient mobilisés pour l'enfance, autant de moyens qui ont été mobilisés. Par ailleurs, par ailleurs, vous savez, moi je n'aime pas rentrer par la question des moyens parce que c'est aussi la meilleure façon de ne rien faire, les moyens ça doit être la finalité du sens qu'on veut donner à notre action. La protection de l'enfance, l'ASE, c'est 8 milliards d'euros en France, c'est 6 milliards d'euros qui sont sur le placement. Moi je pense qu'il y a une vraie question qui est sur les pratiques, est-ce qu'il ne vaut pas mieux mettre davantage d'argent sur la prévention plutôt que sur le placement quand les situations sont déjà dramatiques, ça c'est une vraie question sur l'allocation des moyens plus que sur les moyens en tant que tels.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2019