Déclarations de Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, en réponse à des questions sur les résultats de la COP25, au Sénat le 18 décembre 2018.

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  • Emmanuelle Wargon - Secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire

Circonstance : Questions au gouvernement posées par Mme Angèle Préville, sénatrice (groupe socialiste et républicain) du Lot et M. André Gattolin, sénateur (La République En Marche) des Hauts-de-Seine, au Sénat le 18 décembre 2019

Texte intégral

Madame la Sénatrice,

Oui, alors que l'urgence climatique est là, alors que les citoyens se mobilisent partout dans le monde, l'ambition a manqué à cette COP25 et la France le regrette vivement.

Je voudrais remercier la présidence chilienne de cette COP et l'Espagne, pays d'accueil, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour que cette rencontre internationale sur le climat puisse produire des effets.

Durant deux semaines, la France s'est mobilisée comme peu de pays l'ont fait, avec l'Union européenne, avec nos partenaires, pour ne pas accepter le recul des engagements des accords de Paris et pour appeler à l'action en vue de la COP26, à Glasgow. Le Premier ministre s'est rendu avec Brune Poirson à l'ouverture de cette COP et Elisabeth Borne y était également, dans le segment ministériel, pour les négociations sur l'accord de clôture.

Le résultat est certes décevant, j'en conviens. Cette COP a néanmoins permis d'acter certaines avancées utiles à la mise en oeuvre des accords de Paris. Je pense, par exemple, à la création d'un groupe de travail sur l'accompagnement des pays vulnérables dès 2020, à la mobilisation du réseau de Santiago pour faciliter les collaborations face aux risques naturels ou à la création d'un nouveau fonds fiduciaire consacré à la biodiversité.

Nous devons continuer de travailler, notamment avec nos partenaires de l'Union européenne, pour adopter le plus rapidement possible un objectif rehaussé de réduction de nos émissions d'ici à 2030. C'est l'un des enjeux de la prochaine COP.

Lors de la COP25, comme lors de toutes les COP, c'est l'Union européenne qui a négocié en notre nom à tous. L'accord qui vient d'être obtenu pour que l'Union européenne devienne le premier continent neutre en carbone à l'horizon de 2050 et pour rehausser nos objectifs et nos ambitions en 2030 est un accord historique qui nous met sur le bon chemin.


Monsieur le Sénateur,

Vous avez raison, le résultat de cette COP n'est pas à la hauteur de l'urgence, de l'appel de nos concitoyens, de l'appel de la jeunesse, de la nécessité d'agir face à la transition écologique qui est devant nous, que ce soit en termes de lutte contre le réchauffement climatique ou de lutte contre la perte de biodiversité.

Pourtant, la France a été l'un des Etats qui s'est le plus mobilisé dans cette COP, avec la visite du Premier ministre, de la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et de Brune Poirson, secrétaire d'Etat chargée du dossier, pour participer aux négociations. Nous avons oeuvré pour obtenir des avancées. Je pense, par exemple, à la reconnaissance de la science et des rapports du GIEC par cette COP, reconnaissance qui était loin d'être acquise si l'on considère le scepticisme de certains Etats.

Surtout, cette COP a été l'occasion d'avancer au niveau européen. Le Conseil européen qui s'est tenu à la même période a validé l'objectif de la neutralité carbone à l'échelle de l'Union européenne en 2050, avec un accord de tous les Etats membres, sauf de la Pologne - elle continue à y travailler -, ce qui nous permettra de transposer cette volonté, déjà inscrite dans la loi française, grâce à l'adoption de la loi Energie-climat, à l'échelle européenne.

Nous travaillons également sur le rehaussement des objectifs à l'horizon de 2030 et sur le mécanisme de compensation, souhaité depuis longtemps par la France. Celui-ci pourra ainsi être étudié avec la nouvelle présidente de la Commission européenne, à l'échelle de l'Union européenne.

Cette COP a donc permis d'avancer au moins à l'échelle de notre continent, qui va devenir un continent pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique.

L'action doit être internationale, nationale et locale. C'est la raison pour laquelle je porte, pour ma part, 80 contrats de transition écologique locaux, auxquels nous travaillons avec toutes les collectivités locales, pour que l'écologie s'inscrive, concrètement, dans le quotidien des Français.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 janvier 2020