Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Frédérique VIDAL, bonjour.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Je vais vous parler un peu de retraite avant et nous allons parler des étudiants ensuite. La retraite, la réforme des retraites, le texte a été envoyé logiquement aux partenaires sociaux hier soir. Il a été envoyé dès samedi. Dans ce texte figure l'âge pivot, le fameux âge pivot. Est-ce que ce texte peut encore être modifié ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors c'est tout l'objet des concertations qui vont se dérouler aujourd'hui, qui se font en bilatéral, de manière à ce qu'effectivement le Premier ministre et l'ensemble des ministres concernés puissent avancer avec chaque syndicat sur le contenu de ce texte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur le contenu du texte et avancer sur l'un des points essentiels, l'âge pivot. On est bien d'accord.
FREDERIQUE VIDAL
Avancer sur la question de l'équilibre financier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De l'équilibre financier.
FREDERIQUE VIDAL
Nombreux sont les syndicats qui reconnaissent que c'est effectivement important au regard notamment des avancées qui sont prévues pour nombreux de nos concitoyens que l'on ait cet équilibre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est peut-être important mais enfin, les syndicats réformistes demandent le retrait de cet âge pivot du texte. Est-ce que le gouvernement peut aller jusque-là ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors les syndicats et notamment Laurent BERGER ont proposé qu'il y ait une conférence qui discute du financement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, une conférence parallèle.
FREDERIQUE VIDAL
Et nous avons toujours dit que l'objectif était effectivement de mettre en place un système à l'équilibre et donc s'il y a des propositions qui émanent de cette conférence…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elles sont faites, ces propositions. La conférence… Donc est-ce que dans le texte du 24 janvier il y aura l'âge pivot ?
FREDERIQUE VIDAL
Il y a l'âge d'équilibre tel qu'il est indiqué actuellement dans le texte. Il n'est pas précisé. Il est précisé que si la conférence propose d'autres solutions, elles seront regardées et s'il n'y a pas d'autres propositions concrètes qui émergent, évidemment ce qui est important c'est que cet équilibre existe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc l'âge pivot, je dis bien l'âge pivot sera inscrit dans le texte qui sera présenté le 24 janvier.
FREDERIQUE VIDAL
On ne peut pas préjuger de ce qui va se discuter aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De ce qui va se passer aujourd'hui.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument. C'est tout l'objet d'une concertation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va y avoir un changement aujourd'hui ? Une évolution forte ?
FREDERIQUE VIDAL
L'objectif de la consultation d'aujourd'hui, c'est de partir du texte tel qu'il a été écrit et puis de regarder comment il peut être modifié. Il ne faut jamais oublier qu'un texte de loi entre le moment où il est présenté au Conseil d'Etat, où il passe en Conseil des ministres et ensuite évidemment à la discussion au Parlement, il évolue fortement. Donc il peut toujours évoluer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc aujourd'hui, si j'ai bien compris, il peut évoluer avant le 24.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on peut attendre peut-être, je ne sais pas, du nouveau. Nous verrons bien, Frédérique VIDAL. Je voudrais que, tiens !, un mot encore sur ce qui se passe dans les facs, dans certaines universités avec des partiels qui ne peuvent pas se tenir, avec des universités bloquées. Il y en a peu. Combien ?
FREDERIQUE VIDAL
Oh, il y en a extrêmement peu et ce sont des blocages qui, en fait, ne durent pas extrêmement longtemps. C'est quelques étudiants qui empêchent les autres de passer leurs examens. On a eu des amphis d'examens qui ont été envahis, notamment à Rennes, et le président a évidemment condamné cela. On ne doit pas en aucun cas empêcher des étudiants de passer leurs examens. Les présidents d'université trouvent des solutions de remplacement, ont déplacé des examens. La difficulté c'est, notamment en Ile-de-France, de pouvoir se rendre sur les lieux d'examen donc tout ceci est travaillé au plus près.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bien sûr.
FREDERIQUE VIDAL
Mais dans certains endroits, un petit nombre d'étudiants, une fois de plus, c'est quelques dizaines à chaque fois, décide de perturber.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il y a blocage, il y aura intervention des forces de l'ordre si les présidents d'université le demandent.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument. Toujours à la demande des présidents d'université et pour faire respecter l'ordre public.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Frédérique VIDAL, nous parlons de la précarité des étudiants dans deux minutes. (…)
- Frédérique VIDAL est donc ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, notre invitée ce matin. Frédérique VIDAL, parlons dont des difficultés rencontrées par de nombreux étudiants. Je regardais ce chiffre qui date, c'est une enquête de l'INSEE qui a été publiée en décembre 2018. 21 % des élèves et étudiants se trouvent sous le seuil de pauvreté contre 12,8 % de l'ensemble de la population. Il y a beaucoup d'étudiants effectivement qui n'arrivent pas à se loger. Les parents ne peuvent pas les aider plus que ce qu'ils font donc il faut trouver des solutions. Certains même renoncent à un cursus supérieur parce qu'ils n'ont pas les moyens de vivre leur vie étudiante. Vous les aidez à travers ce numéro d'urgence, je le rappelle : 0806 000 278, c'est le prix d'un appel local. J'appelle, que vais-je trouver au bout du fil ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors d'abord, c'est un des outils que nous mettons en place.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est un des outils.
FREDERIQUE VIDAL
Ça n'est pas le seul, loin de là. Au bout du fil, vous allez trouver quelqu'un qui va discuter avec vous de votre situation et vous dire quelles sont les mesures, les solutions, qui il faut contacter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'il y a des solutions qui sont aujourd'hui ? Je suis étudiant précaire, j'appelle et on va me trouver une solution ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument. Dans les aides, ce qu'on appelle les aides aux étudiants, il y a évidemment la partie qui est bourse sur critères sociaux, qui sont des dossiers qui se construisent et qui sont dépendants des revenus des parents ou des étudiants lorsqu'ils ont un foyer fiscal. Et puis il y a chaque année aux alentours de 70 millions d'euros qui sont dédiés aux étudiants en situation d'urgence, qu'ils soient boursiers ou qu'ils ne le soient pas. Un étudiant qui se trouve confronté à une situation difficile, qui se trouve en rupture par exemple avec ses parents alors que jusque-là il était aidé par ses parents, toute situation de détresse, et ces aides ne sont pas consommées. Année après année, à chaque fin d'année il reste environ 15 millions d'euros sur ces 70 millions d'euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il reste un reliquat.
FREDERIQUE VIDAL
Et donc le rôle de ce numéro, c'est orienter les étudiants vers les bonnes personnes et leur faire savoir qu'il existe des aides qui leur sont réservées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des aides d'urgence qui sont des aides ponctuelles, personnalisées, qui peuvent être allouées sans pour autant être boursier.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Il y a quoi encore ? Il y a, je ne sais pas moi, les étudiants revendiquent une augmentation de 20 % des bourses étudiantes. Ça, il n'y aura pas d'augmentation des bourses.
FREDERIQUE VIDAL
Il y a eu une augmentation des bourses cette année de 46 millions d'euros. Evidemment nous essaierons toujours de faire en sorte que ces bourses augmentent mais la réalité, c'est que la façon dont les critères ont été construits il y a maintenant un certain nombre d'années ne correspond plus non plus à la réalité. C'est pour ça qu'on travaille…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les résidences universitaires, pas assez de logements en résidence universitaire.
FREDERIQUE VIDAL
Alors c'est le Plan 60 000. Après le Plan 40 000, nous avons sur ce quinquennat 60 000 logements universitaires en prévision en termes de construction. Bien sûr qu'il manque que des logements universitaires, bien sûr que les étudiants se concentrent de plus en plus dans les métropoles, mais c'est aussi pour ça que nous avons ouvert des campus qu'on appelle Campus connectés qui sont délocalisées, qu'on peut trouver maintenant dans les villes moyennes. Une quinzaine qui ont été ouverts à titre expérimental, une centaine qui sont programmés. Il faut qu'on amène les formations aux étudiants, qu'on aide les étudiants à se déplacer vers les formations. Les solutions sont multiples parce que le problème est un problème complexe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Le gouvernement travaille à inclure les jeunes dans le futur revenu universel d'activité, on est bien d'accord.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument. Nous travaillons à cela avec Gabriel ATTAL, avec l'ensemble des associations et justement ça peut nous permettre de revoir aussi les critères.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et puis autre chose, là on sort de l'urgence du quotidien pour parler de l'urgence climatique qui est aussi une urgence du quotidien. Je crois que le climatologue Jean JOUZEL va présider un groupe de travail pour réfléchir à comment intégrer l'urgence climatique au cursus universitaire.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est une demande très, très forte des étudiants, des associations étudiantes qui sont préoccupées par l'urgence climatique et, au-delà, de beaucoup de jeunes mais pas de tous. Et quand on entend des jeunes qui à près d'un tiers dans un sondage du début de l'année 2019 disent qu'ils doutent du changement climatique, ce n'est pas une opinion. Le changement climatique, c'est un fait. Donc nous travaillons avec ces associations étudiantes, avec les établissements bien sûr, des scientifiques, Jean JOUZEL qui a accepté de présider cela, pour regarder comment est-ce que l'on peut avoir une formation dans tous les cursus, mêmes des cursus qui ne sont pas des cursus scientifiques classiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous allons Amina qui est à Bois d'Arcy dans les Yvelines. Bonjour Amina.
AMINA, AUDITRICE FRANCILIENNE
Oui, bonjour Jean-Jacques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Amina, vous avez 22 ans. Vous êtes étudiante. Vous vous apprêtez à passer vos partiels dans une heure. Vous dites : « J'entends qu'il y a peu d'impact, c'est totalement faux. Nos partiels ont été reportés plusieurs fois. »
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, oui.
AMINA
Oui, tout à fait. En fait, nous avons donc des majeurs et des mineurs si vous voulez, donc plusieurs épreuves, et il était convenu initialement que nous passions plusieurs mineurs avant Noël et puis ensuite avoir à nouveau quinze jours pour réviser et puis ensuite à nouveau passer nos majeurs. Et en fin de compte, les partiels ont été annulés la veille. Donc on devait passer les premiers examens peut-être le 15, il me semble, et la veille l'administration a décidé d'annuler alors qu'ils étaient complètement au courant de la grève depuis bien longtemps. Ils ont reporté nos partiels à cette semaine et on a eu des étudiants qui se sont plaints au nom des autres étudiants. Donc à nouveau un petit groupe, une petite minorité qui a voulu impacter la majorité, qui a fait un mail à la fac disant qu'ils ne pouvaient pas de se présenter aujourd'hui sur leurs épreuves… Hier, pardon, sur leurs épreuves.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Amina, Amina, on va résumer. Vos partiels ont été reportés plusieurs fois et vous commencez à en avoir ras-le-bol, ce que je comprends fort bien.
AMINA
Exactement. Et ce que je vous disais donc, c'est que l'épreuve qu'on devait passer hier a été annulée encore une fois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Encore une fois annulée hier. Frédérique VIDAL, ça devient insupportable pour beaucoup d'étudiants.
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, c'est ce que je disais tout à l'heure. Chaque université réagit en fonction de ce qui se passe dans ses locaux. Mais une fois de plus, lorsqu'on a une minorité qui empêche une majorité d'étudiants d'aller passer leurs examens, je trouve que c'est éminemment condamnable. Et les étudiants qui ont besoin de passer ces examens, qui n'auront peut-être pas les moyens de retarder leurs examens sont fortement pénalisés par une minorité comme le disait cette jeune fille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Frédérique VIDAL, merci d'être venue nous voir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 janvier 2020