Texte intégral
PASCALE THIEBOLD
Bonjour Laurent PIETRASZEWSKI.
LAURENT PIETRASZEWSKI
Bonjour Pascale THIEBOLD.
PASCALE THIEBOLD
Merci de nous accorder quelques minutes, vous êtes déjà à Matignon pour préparer la conférence sur le financement des retraites. Alors, beaucoup de Français de professions très différentes ont encore manifesté hier, l'intersyndicale annonce déjà trois nouvelles journées d'action la semaine prochaine. Alors, qu'est-ce que vous avez à proposer aujourd'hui aux grévistes, qui pourrait les convaincre d'arrêter le mouvement ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Bon, le gouvernement est au travail, vous le savez, avec les partenaires sociaux et vous rappelez effectivement, c'est le cas encore aujourd'hui puisque nous sommes avec le Premier ministre, Agnès BUZYN, Gérald DARMANIN à Matignon pour préparer et construire la feuille de route de la conférence de financement qui est une proposition qui a été faite en début de semaine par Laurent BERGER et sur lequel le Premier ministre a souhaité rebondir. Donc nous avons là aussi une volonté, on le voit bien, de trouver un compromis pour trouver les voies de sortie du conflit social d'aujourd'hui.
PASCALE THIEBOLD
Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal de parler du financement de cette retraite alors que le projet de réforme est déjà très, très avancé ? On se demande finalement ce qu'a fait Jean-Paul DELEVOYE pendant les deux années qui viennent de s'écouler pour préparer cette réforme s'il n'y a pas de chiffrage précis encore aujourd'hui ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Jean-Paul DELEVOYE a fait beaucoup et d'ailleurs, il ne l'a pas fait tout seul, il l'a fait avec les partenaires sociaux. Donc pour répondre à votre question, il y a eu deux années de dialogue social intense, de dialogue social intense sur des thématiques extrêmement précises ; d'ailleurs si aujourd'hui, le gouvernement est en situation de pouvoir communiquer un avant-projet au Conseil d'Etat et aux différentes caisses qui sont saisies pour consultation, c'est bien parce qu'il y a eu tout ce travail préalable mais ce que j'entends, ce que je vois, c'est que ce travail préalable aujourd'hui n'a sans doute donc pas suffi pour calmer toutes les inquiétudes et répondre à toutes les questions. J'ai envie aussi de vous dire que, vu l'immensité de la tâche et la complexité du système actuel de retraite, vouloir le simplifier, c'est aussi véritablement un défi et c'est ce défi que nous voulons relever pour aussi, aussi créer une vraie solidarité entre tous les Français pour que tous les Français soient égaux devant la retraite.
PASCALE THIEBOLD
L'Agence France-Presse a eu la copie des textes de loi sur la réforme que vous allez fournir aux partenaires sociaux, l'âge d'équilibre, l'âge pivot, il est inscrit noir sur blanc. Ça veut dire que vous n'allez toujours pas céder sur ce point ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Il n'y a pas de surprise sur le texte, il est conforme à ce que le Premier ministre avait déclaré devant le CESE à Paris le 11 décembre et d'ailleurs, nous l'avions annoncé dans toutes les réunions bilatérales et multilatérales que nous avons eues cette semaine avec Muriel PENICAUD comme avec Olivier DUSSOPT. Donc nous nous sommes très au clair sur le fait que ce texte évidemment, il peut évoluer, il est simplement soumis à des délais, il fallait communiquer ce texte au plus tard hier soir, il peut bien sûr être modifié et d'ailleurs, c'est sans aucun doute ce que nous avons envie de réaliser au travers du compromis avec les partenaires sociaux. Donc laissons le temps à ce compromis de se construire et la journée d'aujourd'hui, je pense, sera une première étape vers ce compromis.
PASCALE THIEBOLD
Est-ce que vous avez encore du temps justement ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
On a le temps. Pourquoi on a le temps ? Parce que la discussion législative au Parlement, que ce soit à l'Assemblée nationale ou au Sénat, va nous prendre plusieurs mois. Donc nous avons tout à fait le temps de construire d'abord si on le souhaite et c'est ce que nous voulons faire la feuille de route de cette conférence de financement avant le 24 janvier qui est la date de présentation du texte au Conseil des ministres. Nous, d'ailleurs, nous aurons l'occasion de parler des sujets sur lesquels nous travaillons actuellement comme la pénibilité, sur les propositions que nous pourrons faire sur les aménagements de fin de carrière, sur la retraite progressive, sur la reconversion. Vous voyez que nous serons déjà prêts à parler à la fois de propositions et de calendrier le 24 janvier et puis, après, nous aurons des semaines qui sont les semaines du travail législatif où le gouvernement comme le Parlement peuvent modifier le texte.
PASCALE THIEBOLD
Nous en sommes au 37e jour de grève à la SNCF, 4e journée de mobilisation interprofessionnelle, d'autres arrivent. Depuis le 5 décembre, vous avez quand même lâché du lest, on pense à certaines professions, pilotes de ligne, policiers ça veut dire que les régimes spéciaux ne sont pas tout à fait morts ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Vous savez, notre engagement est clair. Nous fermerons les régimes spéciaux et donc ils seront fermés. D'ailleurs si j'ai bien compris, c'était un petit peu la première partie de votre question sur le fond, un certain nombre de ceux qui manifestent aujourd'hui sont ceux qui ne souhaitent pas voir fermés les régimes spéciaux. Sur le fond pourquoi donc nous nous avons la volonté de fermer les régimes spéciaux ? Parce que ce que nous voulons créer, c'est une forme d'égalité devant la retraite. Vous savez, moi, je ne dis pas qu'il n'y a pas de pénibilité, de tâches difficiles dans les entreprises qui aujourd'hui bénéficient de régimes spéciaux. Ce que nous demandent les Français et c'était encore le cas à Prémesques, dimanche où j'étais pour les vœux du maire, ce que nous demandent les Prémesquois et les Français, c'est que nous fassions ça de façon juste, c'est-à-dire que la pénibilité soit regardée de façon juste et équilibrée quelle que soit l'entreprise dans laquelle nous travaillons. Donc les régimes spéciaux seront fermés, c'est notre engagement, c'est ce qui va se passer je tiens à dire aussi, ils seront fermés sans brutalité, ils seront fermés en respectant aussi le contrat moral qui a pu être passé entre ceux qui légitimement à un moment donné ont choisi de rentrer dans une société avec une perspective qui était celle de peut-être partir plus tôt. Ces parcours seront respectés mais les régimes spéciaux seront fermés.
PASCALE THIEBOLD
Merci Laurent PIETRASZEWSKI de ces précisions ce matin. Je rappelle que vous êtes donc déjà à Matignon pour cette conférence sur le financement des retraites, vous êtes le secrétaire d'Etat chargé des Retraites et merci d'avoir été l'invité de France Bleu Nord ce matin. Bonne journée.
LAURENT PIETRASZEWSKI
Bonne journée à tous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 janvier 2020