Texte intégral
FREDERIC RIVIERE
Bonjour Christelle DUBOS.
CHRISTELLE DUBOS
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Il y a tout juste un an, le 13 septembre 2018, Emmanuel MACRON affichait l'ambition, je le cite, d'éradiquer la pauvreté extrême en une génération, et présentait une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, doté de 8,5 milliards d'euros, qui misait sur la prévention de l'exclusion et l'accompagnement vers l'emploi. Un an plus tard, c'est donc l'heure du premier bilan. De votre point de vue et sans entrer immédiatement dans le détail des mesures, de votre point de vue, est-ce que ce premier bilan est satisfaisant ?
CHRISTELLE DUBOS
On ne peut jamais être satisfait, dans le sens où les résultats qu'on a sont déjà bons, mais nous devons aller plus loin, c'est ce que nous allons faire. Ce que je souhaite dire, m'a satisfait, parce que toutes les mesures que prévoyait le plan, sont mises en oeuvre et sont en train de se mettre en place.
FREDERIC RIVIERE
Sans exclusive.
CHRISTELLE DUBOS
Toutes les mesures sont mises en oeuvre.
FREDERIC RIVIERE
Mais alors, dans quelles proportions ? Parce que j'imagine qu'il y en a certaines qui commencent, peut-être même qui balbutient, et puis d'autres qui sont plus avancées.
CHRISTELLE DUBOS
Oui, on avait, sur les différentes mesures, vous avez des mesures qui devaient se déployer sur 2 ans, d'autres qui étaient sur du plus long terme. Ce que je veux peut-être préciser c'est que nous avions des mesures de bon sens, qui vont répondre aux besoins dans le quotidien des Français, et qui vont lutter contre la pauvreté et qui vont aussi éviter que certaines personnes rentrent dans la pauvreté, je pense aux petit- déjeuners, je pense à la cantine, ou à cet accompagnement qu'on propose aux bénéficiaires du RSA, qui allient enfin social et emploi. Ce sont des mesures de bon sens. Et puis après vous avez des réformes plus importantes, plus structurelles, qui sont sur le Revenu universel d'activité et le Service public d'insertion, c'est comment est-ce qu'on accompagne ces personnes-là vers un retour à l'emploi. Ça se sont des réformes qui sont importantes et que nous travaillons avec l'ensemble des acteurs.
FREDERIC RIVIERE
Ce plan pauvreté doit donc s'étaler sur 4 ans, la présidente du Secours catholique, Véronique FAYET, dit : “Nous partageons les principes de la stratégie pauvreté, mais les plus pauvres ne peuvent pas attendre 2023 pour qu'il produise ses effets. Il faut absolument une revalorisation des prestations sociales”. De votre côté, si j'ai bien compris, vous assumez de ne pas faire de la revalorisation des prestations sociales une priorité ?
CHRISTELLE DUBOS
Alors, d'abord on est d'accord avec l'association et je suis d'accord avec la présidente Véronique FAYET, pour deux choses. Nous avons augmenté le minimum vieillesse et augmenté de façon importante également l'allocation adulte handicapé, parce que ce sont des personnes qui ne sont pas dans une incitation à la reprise d'emploi et une sortie de la pauvreté par l'emploi. Nous avons maintenu, et nous maintenons l'augmentation du RSA avec un taux d'inflation, ce qui est le cas, par contre nous faisons le choix, et ça c'est, je dirais, notre différence en fait notre façon de voir de façon différente. Nous avons fait un choix d'investir massivement cet investissement social sur les personnes, c'est-à-dire que l'on met les moyens sur de l'accompagnement pour réellement accompagner ces personnes vers un accès à l'emploi, parce que c'est par l'emploi qu'on peut sortir de la pauvreté.
FREDERIC RIVIERE
Elle dit, par exemple, il y a quelques années le RSA représentait 60 % d'un smic, aujourd'hui c'est 40%, c'est vrai que ça fait sensiblement moins tout de même.
CHRISTELLE DUBOS
Ça fait sensiblement moins, c'est pour ça que nous apportons des moyens complémentaires sur cet accompagnement, sur comment est-ce que... Ce qu'il faut savoir c'est que sur les bénéficiaires du RSA, pour aller peut-être expliquer à vos auditeurs, vous avez actuellement, en gros, 2,4 millions de bénéficiaires du RSA. Sur ces 2,4 vous avez près d'un million qui n'ont pas d'accompagnement vers l'emploi. Et donc c'est sur l'ensemble des bénéficiaires que nous mettons les moyens pour qu'ils puissent avoir un droit réel à l'accompagnement. C'est ce que l'on fait avec cette convention de partenariat entre les départements et l'Etat, puisque je rappelle que c'est les départements qui sont chef de file de l'accompagnement des bénéficiaires du RSA. On leur apporte des moyens supplémentaires et on leur dit : un bénéficiaire du RSA, dès lors qu'il fait une demande, il doit avoir sa première orientation en moins d'un mois et son accompagnement qui suit derrière, qui s'enclenche. Actuellement vous aviez des bénéficiaires qui attendaient 4, 5, 6 mois avant d'avoir un premier rendez-vous pour commencer à entamer cette recherche d'emploi ou cet accompagnement. Et ça ce n'est pas normal, c'est là-dessus où on réduit les délais, où on met des moyens complémentaires et supplémentaires, pour cet accompagnement vers l'emploi.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que le dossier le plus difficile c'est l'accès au logement ?
CHRISTELLE DUBOS
Je crois que c'est un tout. C'est un tout, c'est comment est-ce que l'on permet à ces personnes d'accéder au logement, et souvent les propriétaires veulent avoir, je dirais, une sécurité, et la sécurité on la garantie, on l'a par le travail. Alors, Julien DENORMANDIE fait un travail remarquable avec le nouveau dispositif qui évite d'avancer la garantie et le dépôt de garantie. Donc ce sont des moyens supplémentaires et qui rassurent aussi les propriétaires. Il met des moyens, notamment dans le cadre du logement d'abord, il a fait des annonces vendredi dans le cadre de la stratégie, parce que, à juste titre les associations nous ont dit : attendez, la stratégie pauvreté il n'y a pas de volet logement. Il était indirect, puisque nous avons des crédits de la stratégie pauvreté, que moi je transfère à Julien DENORMANDIE, pour qu'il aille financer le logement d'abord, pour qu'on aille financer des places supplémentaires en centres d'hébergement, les maraudes mixtes pour éviter que les enfants et les familles soient à la rue. Donc on a apporté des moyens supplémentaires mais peut-être pas assez visiblement. Et donc il a fait des annonces vendredi, en disant : la question du logement d'abord, et les moyens supplémentaires qu'il apportait. Donc c'est des éléments, et des éléments de réponses qui sont nécessaires.
FREDERIC RIVIERE
Parmi les mesures, il y en a une dont vous êtes fière, ce sont les petit-déjeuner gratuits pour les enfants des familles les plus modestes. Comment le vivent justement les familles en question ? Parce que certaines associations vous disent : bon, c'est bien, mais il vaudrait quand même mieux que les familles aient elles-mêmes les moyens d'assurer le petit-déjeuner de leurs enfants, plutôt que ça leur soit fourni directement en arrivant dans les établissements.
CHRISTELLE DUBOS
C'est pour ça que quand on a lancé cette mesure, nous l'avons, avec Jean-Michel BLANQUER on l'a fait en deux temps, c'est-à-dire qu'on a pris, on a fléché neuf académies en test, d'avril à juin, de façon à avoir les premiers retours, les retours des associations de parents d'élèves, le retour des équipes éducatives, et aussi des élus, puisque c'est en lien avec les collectivités, et le déploiement se lance à partir de septembre sur tout le territoire, et les premiers retours c'est que ce sont à peu près deux petits déjeuners en moyenne qui sont servis et pas quatre. Pourquoi deux ? Parce que justement le fait d'y avoir intégré les parents d'élèves, c'est aussi une façon de ne pas déresponsabiliser les parents, mais plutôt d'avoir un rôle éducatif et de lien avec les parents et les enfants. Parce qu'au-delà de donner à manger, je dirais, par le biais d'un petit-déjeuner pour que ces enfants aient la même chance de réussite parce qu'ils n'iront pas le ventre vide et qu'ils ont les mêmes chances de concentration pour apprendre leurs leçons, c'est aussi une façon de faire de la santé publique, c'est de l'éducation, c'est du développement durable, de l'éducation alimentaire, donc c'est tout ce travail-là que l'on a souhaité porter. Et puis peut-être aussi rajouter, c'est que quand un projet est lancé sur une école, ce n'est pas que les enfants, je dirais, pauvres, qui en bénéficient, c'est toute l'école, et donc c'est un objectif aussi de mixité et d'échanges entre les élèves et avec les associations et les enseignants.
FREDERIC RIVIERE
Où en est le chantier du Revenu universel d'activité ? Une consultation doit être lancée le 3 octobre. A quoi va-t-elle servir ?
CHRISTELLE DUBOS
Sur le Revenu universel d'activité, nous avons lancé la concertation avec les administrations, les associations...
FREDERIC RIVIERE
Là ce sera auprès du grand public.
CHRISTELLE DUBOS
Voilà, exactement, le 3 juin. Nous avons commencé à avancer sur le constat, le principe. Ces principes-là nous les mettons dans la concertation citoyenne, en effet, le 3 octobre, donc une plateforme en ligne pour que l'ensemble de nos concitoyens puisse s'exprimer, qu'il soit bénéficiaire des minima sociaux ou non, ça c'est important, parce que l'on a, me semble-t-il, notre système de protection sociale, à revoir, cette solidarité nationale à laquelle les Français tiennent tant, et donc les Français doivent pouvoir s'exprimer, c'est la première chose, et puis parce que sur le Revenu universel d'activité, ce sont près de 15 millions de bénéficiaires et de ménages qui pourront voir leurs prestations évoluer, puisqu'on y intègre les aides au logement, donc ils doivent pouvoir s'exprimer, c'est de 37 milliards de dépenses, donc cette consultation elle ne doit pas se faire uniquement dans notre bureau oui avec les associations, mais elle doit se faire avec les Français, et après elle sera aussi participative avec des citoyens, là réellement bénéficiaires des minima sociaux sur des concertations territoriales.
FREDERIC RIVIERE
Emmanuel MACRON va rencontrer aujourd'hui en fin d'après-midi l'ensemble du gouvernement et tous les parlementaires de la majorité, pour parler semble-t-il en particulier de la réforme des retraites et de l'immigration. Qu'est-ce que vous attendez de ce moment ?
CHRISTELLE DUBOS
On verra ce sur quoi le président va s'exprimer ce soir devant les parlementaires. Je crois que, si vous me le permettez, repréciser par rapport à l'immigration, on entend la question de l'AME, de l'Aide Médicale Etat, à repréciser que cette aide médicale d'Etat, elle n'est pas à destination des personnes qui sont demandeurs d'asile, elle couvre des soins de santé pour des personnes qui sont rentrées en France de façon illicite et qui sont en France depuis plus de 3 mois et sans conditions de ressources, et donc c'est vrai que c'est 800 millions d'euros, mais c'est 0,5 % du budget de la Sécurité sociale. Je crois que l'on a un système en France sur lequel moi je tiens beaucoup, ce système humaniste je dirais, de solidarité et d'accès aux soins, c'est aussi une question de santé publique, donc on doit pouvoir le prendre en compte dans notre débat.
FREDERIC RIVIERE
Donc vous espérez qu'il n'y ait pas de remise en cause de ce dispositif ou en tout cas d'amoindrissement de ce dispositif.
CHRISTELLE DUBOS
Il faut que la solidarité et l'accès aux soins soient maintenus minima, de façon à garantir la santé publique, parce qu'il en va aussi des personnes qui sont autour de ces personnes-là. Merci.
FREDERIC RIVIERE
Merci Christelle DUBOS, bonne journée.
ARNAUD PONTUS
La secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, Christelle DUBOS, invitée de Frédéric RIVIERE
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2019