Interview de Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail à CNews le 28 août 2019, sur l'artisanat et la réforme des régimes de retraite.

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Média : CNews

Texte intégral

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenue Muriel PENICAUD.

MURIEL PENICAUD
Bonjour.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonjour. Bravo. Bravo, la France est sacrée championne du monde des métiers, et les Jeux olympiques des métiers vont avoir lieu. Où ?

MURIEL PENICAUD
A Lyon en 2023, on vient de gagner cette compétition, ce qui est d'avoir droit d'organiser cette compétition.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui a eu lieu à Kazan en Russie pendant plusieurs jours, avec des épreuves très compliquées, tous les métiers étaient exposés.

MURIEL PENICAUD
Oui, alors j'étais à Kazan avec la délégation française, pour gagner cette organisation, la Coupe mondiale des métiers en 2023, mais aussi on fait aujourd'hui les 27 médaillés qui ont reçu leur médaille hier soir…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
La médaille d'or.

MURIEL PENICAUD
Donc le meilleur jeune menuisier du monde, eh bien il vient d'Occitanie, et c'est un Français. On a des médailles, mais alors c'est une compétition terrible, parce que, que ce soit les Chinois, les Russes, tout le monde et se mobilise là-dessus, c'est les meilleurs apprentis, les meilleurs élèves professionnels, les meilleurs élèves ingénieurs du monde, dans chacun des métiers, donc on est très fier de l'organiser en 2023.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui y participe ?

MURIEL PENICAUD
Alors, sélectionnés au niveau régional et national dans chacun des pays, il y a 56 métiers, ça va de la robotique au végétal, ça va de la mécatronique au menuisier, au coiffeur, et donc c'est vraiment la fête des métiers, mais c'est aussi une occasion de promouvoir tout ce qui est l'apprentissage, l'enseignement professionnel et la société de compétences qui fera la différence demain.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, ça ne va pas réduire le chômage, mais en tout cas c'est un encouragement, ce sont des métiers souvent d'avenir et de l'apprentissage, mais alors…

MURIEL PENICAUD
Ah ça réduit le chômage pour des jeunes, parce que les jeunes qui trouvent un métier de passion, d'excellence, dans lequel ils vont réussir eh bien ils ont un avenir professionnel.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et les Jeux olympiques à Lyon, comment ça se déroulera ?

MURIEL PENICAUD
Alors, ce n'est pas au sens strict des Jeux olympiques, on appelle ça championnat du monde, enfin, c'est pareil…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Disons des Olympiades, des Championnats du monde.

MURIEL PENICAUD
Ça se passe pendant 4 jours, 4 jours les jeunes qui sont entraînés par des experts métiers, par des coachs sportifs aussi, ils ont 8, 10 heures d'épreuves par jour, il y a des centaines de milliers de personnes qui les regardent, et c'est comme une compétition sportive, sauf que c'est sur les métiers, mais ça aura beaucoup de gueule.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous les féliciterez pour Cnews…

MURIEL PENICAUD
Je vais les recevoir comme chaque année, je les féliciterai de votre part.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
La réforme des retraites, rien n'est décidé disait le président de la République. Est-ce que ça veut dire que tout est remis à plat et qu'on repart à zéro ?

MURIEL PENICAUD
Non, le président de la République a clairement dit, d'abord je crois qu'il a voulu en parler pour montrer que c'était une des réformes très importantes de l'acte 2. Et deuxièmement…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il faut dire ce qu'il a dit : “Je préfère qu'on trouve un accord sur la durée des cotisations plutôt que sur la…”. Et vous étiez prévenue ?

MURIEL PENICAUD
Il a…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le saviez, vous, les ministres, vous saviez qu'il allait le dire ?

MURIEL PENICAUD
Il a rappelé qu'on voulait un système plus juste, plus universel, une solidarité entre générations, on veut garder le système de répartition, par contre il a insisté sur le fait que cette réforme elle devait être faite avec les Français, et donc avec les partenaires sociaux, mais aussi avec les Français, donc le Premier ministre, le 5 et 6 septembre, reçoit les partenaires sociaux et je pense qu'il va annoncer la méthode pour comment on fait, un peu l'esprit grand débat, pour associer tout le monde.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais vous ne m'avez pas répondu. Vous étiez au courant, les ministres, ou vous avez été surpris comme nous tous ?

MURIEL PENICAUD
Le fond, on n'a pas de surprise, après je ne savais pas qu'il allait en parler dans son allocution ce jour-là, mais ça ce n'est pas grave. Heureusement qu'il est libre de le faire.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment ça s'appelle ? Un renoncement avant la bataille ?

MURIEL PENICAUD
Ah non, c'est l'inverse.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un recul ?

MURIEL PENICAUD
C'est l'inverse. C'est que je pense que la mesure de cette réforme ça concerne tous les Français. Il n'y a pas beaucoup de réformes qui concernent tout le monde. Eh bien il faut qu'on puisse le faire en débattant des différentes options. Il faut un système à l'équilibre, pour qu'il soit durable, mais il faut aussi un système qui soit plus juste, et pour ça les modalités…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais alors, Jean-Paul DELEVOYE qui a travaillé pendant 20 mois, qui a consulté, reçu, etc., jour après jour, il est désavoué.

MURIEL PENICAUD
Mais pas du tout, il a proposé dans ce rapport plusieurs approches, et donc c'est ça qui va être débattu. Non, il n'est pas du tout désavoué.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous le verrez peut-être bientôt sur la table du Conseil des ministres. Ça dépend de vous, on le saura dans pas longtemps. On va essayer de voir le concret. Est-ce que l'âge légal de la retraite reste 62 ans ?

MURIEL PENICAUD
Oui, l'âge légal, c'était un engagement de campagne président de la République, l'âge légal ça veut dire quoi, c'est l'âge à partir duquel on peut prendre sa retraite. Déjà aujourd'hui on n'est pas forcément à taux plein, il faut quelques fois quelques trimestres de plus, mais l'âge légal ne bougera pas.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on va cotiser beaucoup plus, plus longtemps.

MURIEL PENICAUD
Alors aujourd'hui on cotise déjà plus, parce qu'en moyenne les Français ne partent pas à 62 ans. Et par contre le sujet c'est comment on prend en compte toutes les situations, notamment ceux qui ont travaillé très tôt, qui doivent pouvoir partir très tôt, donc, et en même temps que le système permette à tout le monde d'avoir une retraite décente.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ceux qui ont des carrières interrompues…

MURIEL PENICAUD
Notamment les femmes.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ceux qui ont par exemple été un moment au chômage, qui ont travaillé, comment on calculera leur retraite à ceux là ?

MURIEL PENICAUD
Alors, le chômage on gagnera des points de retraite en était au chômage, mais il y a notamment toutes les femmes qui interrompent leur carrière pour élever les enfants, parfois aussi comme aidantes pour les personnes âgées, et donc tout ça, ça fait partie des sujets qui vont être. Traités dans la réforme.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Muriel PENICAUD, jusqu'ici il était question d'un âge pivot, on l'a entendu, d'un âge d'équilibre qui était 64 ans, ça c'est fini.

MURIEL PENICAUD
Si vous lisez bien le rapport de Jean-Paul DELEVOYE, vous verrez qu'il y avait deux hypothèses, une qui est l'âge pivot, c'est-à-dire tout le monde à taux plein au même âge.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais sa préférence à lui, c'était 64 ans.

MURIEL PENICAUD
Et/ou tenir compte des cotisations. Mais tout ça on est à mi-chemin, le débat maintenant va être plus grand public et avec les partenaires sociaux, donc il y a encore du chemin à faire pour arriver à définir et à décider ce qui sera la forme finale.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, entre nous, d'abord les syndicats étaient contre, en particulier Laurent BERGER, qui a dit : “J'étais contre l'âge pivot, c'est très bien”, etc.

MURIEL PENICAUD
Il est pour un système universel, puisqu'aujourd'hui les 42 systèmes, c'est assez injuste, ce n'est pas calculé du tout de la même façon, donc il pour plusieurs principes, il est pour garder le principe de la répartition, c'est-à-dire une solidarité entre générations, et ce n'est pas chacun se débrouille dans son coin, comme dans certains pays, c'est chacun se débrouille.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ce qui est perçu, c'est que ça va être une réforme à minima. On nous avait annoncé la grande réforme du siècle, et ça va être, je ne dis pas au rabais, mais a minima.

MURIEL PENICAUD
Je ne le crois pas une seconde.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Démontrez-le.

MURIEL PENICAUD
Je suis persuadée que… Parce que les forces qu'on va engager pour débattre avec les Français, simplement je crois que c'est ça la marque, enfin dans l'acte 2 du quinquennat, le président a voulu qu'on prenne plus de temps pour discuter les réformes, associer les Français, et qu'on ne décide pas en leur nom mais avec eux. Et c'est gouverner pas simplement pour, mais avec.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est la nouvelle mode, l'humilité.

MURIEL PENICAUD
Ce n'est pas une mode, je pense que c'est un choix politique.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc c'est un système universel de retraite. Est-ce que vous confirmez la fin des régimes spéciaux ?

MURIEL PENICAUD
Alors, le but c'est effectivement de faire converger tous les régimes sociaux, c'est ça qui crée beaucoup d'injustice…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
La fusion des 42 ou 43…

MURIEL PENICAUD
Il y a 42 régimes, oui.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais vous confirmez la fin…

MURIEL PENICAUD
Oui, le but c'est de les faire converger.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça veut dire que pour la SNCF, EDF, la RATP et je ne sais qui encore, ce sera le régime de tous, un régime commun.

MURIEL PENICAUD
Alors, ça ne veut pas dire que tout va se faire du jour au lendemain, mais les principes généraux, oui, vont converger.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a une transition, la date, si elle est votée, etc. etc., c'est quand, la perspective ?

MURIEL PENICAUD
Alors la date où le système doit être à l'équilibre pour que la réforme commence à s'appliquer, c'est 2025.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec une phase de transition et de peu d'années. Le gouvernement, est-ce qu'il va répondre aux préoccupations, je veux dire, et même aux inquiétudes de ceux qui considèrent qu'ils sont défavorisés et perdants, c'est-à-dire les infirmières, les architectes, les avocats, les enseignants, etc. ?

MURIEL PENICAUD
Le président en a parlé dans son allocution, parce qu'il a…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais vous, qu'est-ce que vous en pensez ?

MURIEL PENICAUD
Eh bien moi je pense qu'il faut, c'est pour ça que ça demande du temps, du travail et beaucoup de concertation, il faut trouver un système qui permette que le travail soit dignement récompensé. Le travail d'un enseignant ou d'une aide soignante, il est important pour le pays, il apporte de la valeur, simplement c'est des systèmes tellement différents, que pour les faire converger il va falloir prendre en compte notamment leurs évolutions de carrière, c'est tout ça qui va être fait.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire on tiendra compte, il y aura des dérogations, on tiendra compte, cas particulier, on va individualiser.

MURIEL PENICAUD
Rien n'est décidé à la date d'aujourd'hui, mais tous ces sujets sont sur la table. Ce qui est important c'est, dans une ampleur de réformes comme ça, ce n'est pas laisser un sujet derrière le placard, il faut que tous les sujets soient traités, dont les carrières hachées, dont les femmes qui reprennent le travail, et dont les régimes spéciaux dont certains, il va falloir adapter le système.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
On voit bien qu'il y a une résistance des corporatismes et l'objectif c'est d'individualiser les cas de réforme.

MURIEL PENICAUD
Non, c'est de permettre que la convergence d'un système universel et juste qui correspond aux valeurs françaises. On aime bien l'égalité, on aime bien les systèmes justes en France, et on le partage, mais il faut le faire avec les adaptations nécessaires pour que ça se passe bien.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord. Qui gagne ? Qui gagnera ?

MURIEL PENICAUD
Eh bien je pense que les Français gagneront, parce que quand on a quelque chose qui est juste et qui est solide dans le temps, et on ne sera pas inquiet pour les retraites dans 10, 20 ou 30 ans, eh bien on y gagnera tous.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes sûre que ça se fera ?

MURIEL PENICAUD
Ah oui.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous ne m'avez pas convaincu, ça peut être une réforme qui va être rabougrie et riquiqui.

MURIEL PENICAUD
Je ne vous ai pas convaincu, peut-être, mais je peux vous dire que l'engagement du gouvernement auprès du président sur ce sujet, le Premier ministre lui-même s'y engage à fond, on va être beaucoup de ministres en soutien, ça va être fort.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va voir dans quel univers actuel de l'économie. La récession menace l'Europe et une partie de l'Europe. L'Italie de Matteo, j'ai envie de l'appeler “MUSSOLVINI”, le Royaume-Uni avec JOHNSON et le Brexit, surtout l'Allemagne qui devient comme le disait hier Thierry BRETON ici, l'enfant malade de l'Europe. Et il faut une relance, on va voir laquelle. Mais est-ce que dans cette phase de croissance modérée et où les Français s'en tirent, la baisse du chômage peut être envisagée d'une manière durable et constante ?

MURIEL PENICAUD
Alors, la croissance c'est nécessaire pour améliorer l'économie et donc l'emploi, mais ça ne crée pas mécaniquement des emplois. On a eu des périodes en France où on avait de la croissance, mais ça se transformait peu en emploi. Ce sur quoi on travaille beaucoup depuis 2 ans presque et demi, c'est comment avoir une croissance qui est riche en emplois et qui permet, y compris aux plus éloignés, des chances, d'avoir des chances d'accéder à l'emploi. Et là on a des bonnes nouvelles, puisque même dans une croissance qui est moins grande, on continue à progresser sur le front de l'emploi. On a créé depuis le début de l'année 157 000 emplois nouveaux, après le demi-million des 2 années précédentes, et puis surtout le taux de chômage est passé de 8,5 à… de 8,7 à 8,5 au dernier trimestre. Je rappelle que c'était 9,6 quand on est arrivé. C'est le taux de chômage le plus bas depuis 10 ans. Alors ça ne suffit pas…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
La baisse, elle va être durable ?

MURIEL PENICAUD
Oui, moi je crois que la baisse est durable.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle va continuer ?

MURIEL PENICAUD
Oui, parce qu'on en a encore sous le pied. Pourquoi on en a sous le pied ? Parce que d'abord les entreprises sont dans une dynamique de confiance, elles créent beaucoup d'emplois, et aujourd'hui une entreprise sur deux ne trouve pas les compétences, et donc tout ce qu'on fait, la réforme de l'apprentissage, la formation professionnelle, le plan d'investissement compétence, c'est ce qui va permettre de réduire le GAP (phon) entre les demandes des entreprises et tous ces demandeurs d'emploi qui cherchent un emploi mais qui n'ont pas les qualifications.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous tiendrez les 7 % prévus…

MURIEL PENICAUD
On va travailler aussi sur le transport, la santé, la garde d'enfants. Il y a beaucoup de freins. Il faut être très pragmatique, travailler sur tous les freins sur le terrain, c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on va faire partout sur le terrain.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les 7 % qui ont été promis, ils seront tenus en 2022 ?

MURIEL PENICAUD
Je pense, alors…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sans être devin.

MURIEL PENICAUD
On n'est jamais devin, et s'il y a une grande crise économique mondiale, on ne peut pas dire ça. Mais à données comparables, aujourd'hui, avec la réforme de l'assurance chômage, de la formation, de l'apprentissage, et les ordonnances, et la loi PACTE, nous considérons qu'on a les leviers pour arriver à ce type d'horizon toujours.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, dites-le vous-même.

MURIEL PENICAUD
Autour de 7 % et c'est notre ambition.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est enregistré. Aujourd'hui vous allez participer à l'université d'été du MEDEF, elle porte un nouveau nom. Le MEDEF s'engage contre les inégalités. Ça fait rire beaucoup les syndicats, parce qu'ils disent que ce sont les créateurs d'inégalités qui promettent de les réduire.

MURIEL PENICAUD
Alors, moi je vais les prendre au mot. Je pense que c'est intéressant de voir qu'il y a une évolution chez beaucoup de chefs d'entreprise, que je constate sur le terrain, en prenant plus en compte qu'avant, certains le faisaient déjà mais pas tous, qu'une entreprise ça ne se développe pas dans un désert comme disait Antoine RIBOUD, et donc en gros que les inégalités fortes, à la fin ça nuit à l'économie, ça nuit y compris à l'avenir des entreprises. Et donc il y a une prise de conscience que les impacts sociaux, les impacts environnementaux, sont importants. J'en veux pour preuve qu'à la demande du président de la République, on est en train de monter des clubs d'entreprises, qui s'appellent “Les entreprises s'engagent ” dans chaque département. On a déjà 70 clubs, d'entreprises, souvent des PME qui sont prêtes à accueillir des jeunes en situation de handicap, des réfugiés, des habitants des QPV. Il y a déjà 7 000, en quelques mois il y a déjà 7 000 entreprises qui sont prêtes à s'engager, ça ce n'est pas des discours. Et moi, ce qu'on va leur proposer c'est de s'engager de façon très concrète. Parce que oui, on a besoin de réduire les inégalités dans notre pays, et oui on ne peut pas le faire seul. Moi, si je me déplace…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais les entrepreneurs ont leur rôle.

MURIEL PENICAUD
Mais ils ont un rôle majeur.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors ils vous demandent et ils demandent à Emmanuel MACRON, de réduire les dépenses publiques et de continuer à réformer. Qu'est-ce que vous leur demandez, vous ce matin, quand vous serez face à eux qu'est-ce que vous leur direz ?

MURIEL PENICAUD
Moi je vais leur dire que c'est le moment. On a déjà fait…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le moment de ?

MURIEL PENICAUD
Le moment d'y aller ensemble. C'est-à-dire que ça ne sert à rien de… Si les entreprises attendent le gouvernement, le gouvernement attend les entreprises, on n'avance pas assez vite. Nos concitoyens ils veulent des résultats, et nous on veut des résultats pour nos concitoyens. Et un des sujets c'est effectivement qu'il faut des marchepieds. Moi je passe mon temps à voir des associations d'insertion, des CFA, des Centres de Formation d'Apprentis, si on ne donne pas la chance aux jeunes, si on ne donne pas la chance aux seniors, embaucher les seniors, si on ne donne pas la chance aux 500 000 personnes en situation de handicap chez Pôle emploi, qui ont plein de talents…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, qu'ils s'engagent.

MURIEL PENICAUD
Il faut qu'ils s'engagent, concrètement.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'ils n'attendent pas du gouvernement et de l'État…

MURIEL PENICAUD
Et nous on continue, on fait notre travail de réforme de notre dépense publique, mais on a besoin de leur engagement.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
J'ai vu Muriel PENICAUD que le thème de votre débat c'est : “L'égalité, cette obsession française”. On ne dit pas la finalité ou le devoir c'est l'égalité, on dit c'est une obsession.

MURIEL PENICAUD
Oui. Oh ben ça c'est…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas bien l'égalité.

MURIEL PENICAUD
Bien sûr que si. Vous savez, nous on se bat pour l'égalité des chances, quand on dit la non assignation à résidence géographique ou sociale, c'est ça. On ne peut pas être dans un pays avec les valeurs de la France et qu'une partie de nos concitoyens, importante, n'ait pas les mêmes chances d'accès à la formation, à l'emploi, aux revenus, c'est ça le sujet.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des décrets sur l'assurance chômage sont sortis, la réforme va s'appliquer pour la première fois à partir du 1er janvier. À quoi il y aura une avancée sociale ? Et puis vous parlez devant les patrons, ils ont été souvent hostile à ce que vous leur avez imposé sur les contrats courts au moins dans 7 secteurs, avec les bonus-malus.

MURIEL PENICAUD
Alors, il y a la réforme, elle est équilibrée parce qu'elle repose sur un trépied, trois choses. Un, la responsabilisation des entreprises, puisqu'on est dans une précarisation dangereuse du marché du travail. Ce n'est pas normal que 9 embauches sur 10 se fassent en CDD ou intérim et que dans une grande partie des cas c'est des CDD de moins d'un mois voire de moins d'un jour. Donc ça c'est la part des entreprises. Il faut ensuite que les règles d'indemnisation incitent le retour au travail, et ça c'est les mesures qu'on prend où on modifie les règles. On ne change, pas les droits des gens…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Relancer l'emploi, quoi.

MURIEL PENICAUD
On ne change pas le capital des droits, mais il faut que ça soit fait de façon que ça soit toujours incitatif d'aller travailler. On pourra être indemnisé plus longtemps, mais jamais plus que ce qu'on gagnait en travaillant. Et troisièmement c'est l'accompagnement des chômeurs et des entreprises, et là on met des moyens qu'on n'a jamais mis pour que l'accompagnement auprès des chômeurs, très vite quand vous entrez au chômage, c'est là qu'il faut vous accompagner, parce que c'est là qu'on retrouve le plus de travail, et puis après on se décourage, et il faut intervenir très vite et aussi les entreprises auront toutes un rendez-vous au bout d'un mois avec Pôle emploi, si elles n'ont pas trouvé. Donc c'est une mobilisation sans précédant.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous demandez aux entreprises, quelle que soit leur taille d'ailleurs, de penser à leur raison d'être, d'essayer de penser à quoi elles servent, etc., … c'est très beau, mais comment, concret, concret ?

MURIEL PENICAUD
J'ai travaillé avec Jean-Dominique SENARD et Nicole NOTAT, puisqu'avec Nicole BELLOUBET à l'époque, Nicolas HULOT et Bruno LE MAIRE on avait lancé cette mission. Ce qui m'intéresse c'est que beaucoup avaient combattu à l'époque et maintenant ça va être à l'ordre du jour du MEDEF, donc ça veut dire que les esprits évoluent.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Mais comment, concrètement, comment vous répondez là ce matin à ce matin à l'angoisse terrible des caissières, un des métiers qui est appelé à disparaître, et d'une manière irrévocable ? Qu'est-ce que ce matin vous leur dites ?

MURIEL PENICAUD
Alors, moi je crois que beaucoup de métiers vont se transformer, je le dis souvent, c'est un sur deux qui va se transformer dans les 10 ans. Les caissières c'est un exemple, où, je ne dis pas qu'il n'y aura plus de caissière, on n'en sait rien, mais ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui il y a une tendance à robotiser les caisses. Je ne suis pas sûre que tous les consommateurs veulent avoir juste une machine, je pense qu'il y a…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est ça, parce que la limite c'est la reconnaissance faciale.

MURIEL PENICAUD
Moi je fais partie de ceux qui… j'aime mieux le contact humain, mais donc je ne suis pas sûre que ça sera total, mais l'important, quand on est caissière, et c'est vrai pour d'autres métiers, c'est d'être sûr de pouvoir avoir un avenir, c'est-à-dire que si le métier diminue…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais alors, qu'est-ce que vous dites ? Vous avez une caissière en face de vous, qu'est-ce que vous lui dites ?

MURIEL PENICAUD
Je dis qu'aujourd'hui, grâce à la loi avenir professionnel, on est en train de créer des droits pour pouvoir toute sa vie évoluer et trouver un emploi qui soit très important. Fin novembre, les 30 millions d'actifs en France ils auront leur appli sur Internet, ils auront leurs droits à la formation, ils n'ont plus besoin de l'autorisation de leur entreprise ou d'un organisme et ils pourront eux-mêmes, et moi je suis sûre qu'on va avoir un grand engouement, quand on sonde un Français sur deux…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça vous aviez promis déjà, vous m'aviez promis de venir sur Cnews en parler le moment venu, fin octobre, début novembre, mais à la caissière, qu'est-ce que vous lui dites ?

MURIEL PENICAUD
Je lui dis que, aujourd'hui, soit il y a des possibilités de promotion sur d'autres métiers dans le magasin, et donc c'est pour ça, là aussi il faut la formation, pour pouvoir être promu à d'autres métiers, soit il y a des postes de caissière qui vont rester, qui vont être plutôt peut-être du conseil, et soit pour celles, ou ceux, c'est souvent celles, qui veulent, ou sont obligées, il faut qu'on anticipe, il faut que les entreprises anticipent. On ne peut pas laisser les gens comme ça sur le carreau du jour au lendemain. Moi, ce que je demande aux entreprises, c'est d'anticiper.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien dites-le, là, tout à l'heure à Longchamp.

MURIEL PENICAUD
Je vais leur dire. J'y vais pour ça. Parce qu'ils le savent leurs plans, comment ils vont évoluer. Il faut qu'ils anticipent pour que les gens soient formés pour avoir un autre emploi s'il le faut.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous parlez de l'égalité professionnelle femmes/hommes, elle progresse, c'est vrai que les femmes atteignent les plus hautes responsabilités et des rémunérations…

MURIEL PENICAUD
Pas encore assez, mais…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais pourquoi à un moment il y a un plafond de verre ou un plafond de béton ? Qui va le dynamiser ce plafond ? Qui ?

MURIEL PENICAUD
Alors, on est en train de le dynamiter, si vous me permettez, parce que toujours dans la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez raison, dynamiter.

MURIEL PENICAUD
… on a créé une obligation pour les entreprises d'être dans l'égalité, non seulement de salaires, à travail égal, mais de perspectives de carrière. Et dans l'index qui mesure ça, qui maintenant s'applique déjà pour les entreprises de plus de 2 000 salariés, qui au 1er septembre s'applique aux entreprises de plus de 250 salariés, un des cinq critères de l'index c'est le nombre de femmes, au niveau, que la même rémunération, mais d'abord on vérifie que la caissière ou le caissier, que l'ouvrier, l'ouvrière, tout le monde a le même salaire.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y aura des tests, il y aura des preuves, vous leur donnez un délai pour qu'elles atteignent les sommets ?

MURIEL PENICAUD
Alors, elles doivent toutes viser le 100% d'égalité. Dans un premier temps, celles qui sont à moins de 100%, à 75%, sont en alerte rouge, elles doivent prendre des mesures immédiates, et les autres elles ont 3 ans, et dans 3 ans le contrôle passe partout.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
J'en parlerai dimanche soir de 19 à 20h00 pour la première émission que nous allons faire sur Cnews avec Marlène SCHIAPPA. Une remarque, le leitmotiv en ce moment c'est le gouvernement et le président de la République, changent de méthode, de comportement. C'est l'humilité et l'écoute. Mais est-ce que c'est écouter pour mieux réformer ou écouter pour ne pas décider les grandes réformes ? Et est-ce que le macronisme a va être la réforme immobile ?

MURIEL PENICAUD
Bon, alors le macronisme ne sera pas le hollandisme, si c'est le sous-entendu de la question.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, il n'y a pas de sous-entendu. On en a connu tellement qui ont promis et puis à l'arrivée…

MURIEL PENICAUD
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis 2 ans et demi le président tient ses engagements, et le gouvernement auprès de lui. Ce qu'on a fait c'est qu'Emmanuel MACRON a été élu sur un programme de réformes très important. Les deux premières années on est allé à un rythme rapide et intense, pour que ces réformes puissent produire des résultats pour les Français. On l'a pour le taux de chômage etc.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, maintenant vous avez associé les Français, etc.

MURIEL PENICAUD
On avait associé les partenaires sociaux…

JEAN-PIERRE ELKABBACH
On entend l'écho des ronds points. Pour tous, pour tous.

MURIEL PENICAUD
On apprend tous, et on a appris qu'il fallait peut-être prendre plus de temps et faire plus avec.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça va être ça le début de la deuxième partie du quinquennat.

MURIEL PENICAUD
C'est-à-dire qu'on continue l'agenda de réformes, mais dans la manière de faire on va prendre plus de temps pour plus associer, non seulement les spécialistes, non seulement ceux qu'on doit consulter, mais aussi le peuple français.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venue. A la prochaine. C'est vrai que vous êtes surveillés par les élus, les citoyens, les syndicats, tous là, et en plus le président par ce qui est au-dessus, l'électorat, le peuple, et en même temps vous par le président.

MURIEL PENICAUD
Vous savez, c'est ça qui est beau, ça s'appelle la démocratie.

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très ben.

MURIEL PENICAUD
Eh bien on y est tous attachés. Demain je recevrai Didier GUILLAUME, contre les 4 millions de sangliers qui sont en train de dévorer les récoltes et qui inquiètent les agriculteurs, contre la sécheresse pour aider les agriculteurs, et puis que fait-il pour le bien-être animal et surtout pour la cause de l'homme et la cause des femmes ? Merci d'être venue.

MURIEL PENICAUD
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 septembre 2019