Texte intégral
ORIANE MANCINI
On va quitter quelques instants la campagne municipale pour prendre la direction des allées du Salon de l'agriculture qui se tient cette semaine porte de Versailles, on va retrouver sur place Quentin CALMET, bonjour Quentin, vous suivez ce salon pour Public Sénat et Quentin, on le voit à vos côtés, le ministre de l'Agriculture, Didier GUILLAUME.
QUENTIN CALMET
Oui, tout-à-fait Oriane, bonjour et bonjour Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
Bonjour.
QUENTIN CALMET
Vous êtes effectivement aujourd'hui avec nous depuis les allées du salon. Alors on va commencer par évoquer peut-être le coronavirus parce qu'on le voit c'est une crise sanitaire, mais c'est aussi une crise commerciale, 10% du porc français est exporté vers la Chine, qu'est-ce que vous avez pu dire hier aux producteurs de porc notamment que vous avez rencontrés ?
DIDIER GUILLAUME
D'abord le gouvernement et le Premier ministre ont pris leurs responsabilités, le Premier ministre a réuni hier une cellule de crise avec les membres du gouvernement, ce matin, aujourd'hui il rencontre l'ensemble des chefs de partis et les présidents de groupe, la situation elle est importante. Pour l'instant, il n'y a pas de pandémie en France, mais il y a déjà deux morts, un mort hier dans l'Oise, un professeur, la France prend des mesures. Olivier VERAN, le ministre de la Santé est en place, il faut vraiment que tout le monde se serre les coudes face à cela. Pour l'instant il n'y a pas de conséquence forte, plus forte que cela, mais ça peut arriver, il peut y en avoir d'autres. Par contre nous commençons à voir pointer les premières conséquences en termes, vous avez raison, économiques et commerciales et notamment en termes agricoles avec le porc, avec le boeuf que nous exportons en Chine et surtout avec le lait. Donc nous avons travaillé avec les filières et nous regardons les choses de près.
QUENTIN CALMET
C'est-à-dire est-ce que vous pouvez déjà annoncer comment est-ce que vous allez pouvoir soutenir ces filières concrètement ? On parle vraiment des problèmes de stockage pour les denrées qui doivent être exportées et qui ne partent pas.
DIDIER GUILLAUME
Pour l'instant il n'y a pas besoin de soutien, pour l'instant, l'objectif c'est que ceux-là puissent partir, c'est qu'on ouvre les portes. Hier j'ai rencontré le l'ambassadeur de Chine en France avec lequel j'ai eu un long entretien, nous avons parlé de ces sujets, bon nous regardons comment les choses peuvent se faire en avion, en bateau, en train, je ne sais trop, mais nous voulons vraiment écouter… d'abord parce que la Chine en a besoin, la Chine va avoir un problème de pénurie d'alimentation, la Chine n'est pas autonome alimentairement contrairement à la France. Et puis secundo parce que pour nos filières, c'est très important.
QUENTIN CALMET
Didier GUILLAUME, il y a un autre sujet que je voulais évoquer avec vous, c'est la loi Egalim. On le voit, c'est une loi qui a été adoptée il y a un an et demi et dont on tire maintenant les premiers enseignements. Certaines filières ont voilà profité de cette loi, on pense à la filière lait qui est très bien organisée, d'autres moins comme la viande, quel bilan est-ce que vous, vous tirez de cette loi un an et demi après ?
DIDIER GUILLAUME
Ecoutez, c'est un bilan qui est positif, c'est un bilan qui permet d'avancer, on voit des évolutions. Est-ce que c'est un bilan qui est aboutit, pas du tout, le compte n'y est pas, je le dis sans aucune, sans aucun problème, le compte n'y est pas. Mais on voit que les choses ont changé, on voit que l'ensemble des filières amont-aval se parlent, les producteurs, les entreprises intermédiaires, les entreprises agroalimentaires, nos PME, les distributeurs poussés par moi-même et poussés par les le monde agricole pour essayer d'avancer. On va voir, on attend, il reste encore une semaine quelques jours pour la fin des négociations commerciales, on ne sait pas ce qui se passera à l'arrivée mais ça évolue.
QUENTIN CALMET
Rapidement comment est-ce que vous pourriez faire évoluer cette loi ? On voit le Sénat est d'ailleurs prêt aussi à retoucher la loi Egalim.
DIDIER GUILLAUME
Il ne s'agit pas de la retoucher aujourd'hui, la loi Egalim, elle donne toutes les possibilités, c'est qu'aujourd'hui contrairement à ce qui avait été mis dans cette loi la répartition de la valeur, ce n'est pas encore, elle n'est pas encore là totalement. Je vais prendre un exemple sur la viande, en gros les éleveurs de viande se font acheter leur kilo de boeuf pour faire court aux alentours de 3,50 euros, à moins de 4 euros ou 4,50 euros ou 5 euros, ça ne va pas et quand vous allez dans une grande surface vous payez votre kilos de viande plus de 15 ou 20 euros, non mais c'est important, ça montre bien qu'entre 3 ou 4 euros, 3,50 euros et 15 euros en grande surface, il y a bien de la marge et que quelqu'un se met dans la poche, et ce n'est pas l'agriculteur.
QUENTIN CALMET
Didier GUILLAUME, je voulais évoquer avec vous à l'abattoir Sobeval de Boulazac en Dordogne, y a-t-il des manquements à la réglementation comme le laisse entendre un mail qui a fuité de vos services et qui a été envoyé par erreur à L 214 ?
DIDIER GUILLAUME
Non, non, non, non, ce n'est pas un mail qui a fuité de mes services, d'après ce que j'ai compris, c'est un mail qui n'a pas du tout été envoyé par erreur mais qui au contraire a été envoyé volontairement à une association. Je ne sais pas ce qu'il en est, la secrétaire générale du ministère diligente une enquête aujourd'hui interne et une enquête administrative pour voir ce qu'il en est. Aujourd'hui moi lorsque j'ai eu l'information de ce lanceur d'alerte L 214 avec cette vidéo, j'ai immédiatement demandé à ce qu'on prenne toutes les mesures. Il m'a été ramené de la Dordogne par le préfet, par le directeur des (inaudible) de la population, qu'il n'y avait pas de manquement aux réglementations, donc nous en avons tiré les conséquences. La polémique, non mais c'est important de dire ça, parce que, non excusez-moi c'est important parce que moi je ne polémique pas sur des sujets comme ceux-là, donc c'est très important. Donc l'administration m'a remonté qu'il n'y avait pas de manquement au règlement, donc nous en sommes restés là. Et puis la polémique est montée hier, j'ai demandé à nouveau une nouvelle enquête entre hier et aujourd'hui de nouvelles investigations sont faites dans l'abattoir et j'attends le rapport.
QUENTIN CALMET
Très rapidement hier il y a eu cette information avec un journaliste de France 5 à qui vous avez pu arracher un micro, est-ce que vous regrettez ce geste ?
DIDIER GUILLAUME
Mais je n'ai pas arraché un micro, oui, je regrette mon énervement mais vous savez dans la cohue, quand on est bousculé et quand on vous traite de menteur, quand on se fait insulter, ça ne marche pas comme ça, la déontologie des politiques, elle est importante, la déontologie des journalistes, elle est importante. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que y compris dans votre question, y compris dans votre question peut-être par manque d'information, mais c'est bien normal vous dites mais il a été envoyé par erreur, ce n'est pas ça, vous dites il y a des manquements à la réglementation dans l'abattoir, ce n'est pas le cas, ce n'est pas moi qu'il dit, c'est l'administration, ce sont les vétérinaires, ce sont tout ça. Donc il faut faire très attention parce que la société est hystérisée, les gens, je le comprends, sont très chaud sur ces sujets sur le bien-être animal, sur les pesticides, sur l'ambiance générale et je crois qu'il faut garder raison, c'est la science, moi je m'appuie sur les vétérinaires. Vous savez quand L 214, non, non mais très important, quand L 214 fait une vidéo et m'interpelle il y a un an sur l'abattoir de Boischaut, une heure après l'abattoir je l'avais fait fermer. Donc je n'ai aucun état, je ne transige pas avec le bien-être animal et avec la sécurité.
QUENTIN CALMET
Eh bien on a pu entendre votre message, Didier GUILLAUME, ce matin depuis les allées du Salon de l'Agriculture.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 février 2020