Texte intégral
JEAN-PAUL CHAPEL
Bonjour à tous :l'éco avec Agnès PANNIER-RUNACHER qui est secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, avec vous, on va parler évidement de l'impact économique de ce Covid-19, c'est un coup porté à la croissance. Officiellement le gouvernement ne quantifie pas cet impact, mais l'OCDE qui représente tous les pays riches remarque que ça peut représenter un demi-point, voire 1,5 point de croissance en moins. 1,5 point de croissance en moins, ça veut dire pour nous la récession.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors je crois qu'il est beaucoup trop tôt pour donner des chiffres de cette nature parce que ce que nous avons quantifié c'est l'impact de l'épidémie sur la Chine et son effet sur l'économie française. Ca, c'est 0,1 point pour cent de PIB 2,5 milliards.
JEAN-PAUL CHAPEL
Oui mais ça, c'est déjà périmé a reconnu Bruno LE MAIRE hier.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Certes mais l'impact sur la croissance française va dépendre d'un certain nombre de sujets, la diffusion à l'Europe, la rapidité, est-ce qu'il va y avoir des problèmes de chaînes de production et surtout ce qui est important pour nous, c'est de prendre les bonnes mesures pour absorber cet impact possible et c'est ce que nous sommes en train de faire.
JEAN-PAUL CHAPEL
Alors ces bonnes mesures, déjà vous faites une réunion à 10h30 avec toutes les filières impactées.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout-à-fait, on l'a déjà fait il y a 10 jours, on a pris une série de mesures il y a 10 jours permettant aux entreprises qui seraient exposées à la Chine et en difficulté d'appeler les services fiscaux et sociaux et de demander le report des charges sociales et fiscales, de bénéficier aussi du chômage partiel, si elles arrivent à avoir un problème de livraison de pièces et donc elles-mêmes ne soient pas en situation de produire, donc ça c'est fait.
JEAN-PAUL CHAPEL
Et là vous venez renouveler cette facilité là ou la rendre encore plus facile, si je puis dire.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et là nous allons essayer de prolonger ces mesures, c'est-à-dire d'abord de voir avec BPI ce qui peut être fait pour accompagner les entreprises.
JEAN-PAUL CHAPEL
BPI, c'est la banque pour…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc la banque pour l'investissement qui est une banque qui accompagne beaucoup de PME, beaucoup d'entreprises de taille intermédiaire, donc qui est déjà très exposée et qui peut revoir ses échéanciers de paiement, ce qui va donner de la trésorerie aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire. Et puis c'est également de regarder comment, avec à la place du chômage partiel s'il y en a, on peut plutôt accélérer de la formation continue puisque beaucoup d'entreprises sont à un moment de transformation. Elles ont besoin de former leurs opérateurs, donc autant saisir cette opportunité et faire en sorte d'accompagner les opérateurs et de les rendre plus forts au sortir de la crise.
JEAN-PAUL CHAPEL
Utiliser ce temps pour la formation.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce qu'on sait c'est que cette crise, elle est limitée dans le temps
JEAN-PAUL CHAPEL
Vous pensez à quelques entreprises en particulier qui pourraient faire appel à ce chômage partiel et donc à cette formation ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Les entreprises du luxe par exemple.
JEAN-PAUL CHAPEL
Le luxe.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qui fabriquent beaucoup pour la Chine et qui aujourd'hui ont perdu des parts de marché puisque les magasins sont fermés ou rouvrent très lentement, nous ont dit, mais nous c'est le moment de former nos opérateurs puisqu'on a besoin de plus de qualité et est-ce qu'on peut accélérer sachant qu'avec la réforme de la formation professionnelle menée par Muriel PENICAUD, on dispose de l'argent pour le faire et on dispose des dispositifs pour le faire, donc accélérons dans cette direction.
JEAN-PAUL CHAPEL
Et relance budgétaire ou pas relance budgétaire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Cela est un point que nous voulons coordonner, Bruno LE MAIRE est en constant, je dirais, contact avec ses homologues au niveau du G7, il les aura à 13h00, au niveau de l'Eurogroupe, c'est-à-dire tous les ministres des Finances de tous les pays de l'Union européenne et avec Thierry BRETON, on l'a vu, il a pris la parole indiquant qu'il regardait avec Madame Von DER LEYEN des mesures qui pourraient accompagner les entreprises au niveau de l'Union européenne. L'objectif, c'est qu'on ait une réponse qui soit coordonnée et qui permette là aussi de redonner du travail aux entreprises, si elles devaient être confrontées à une baisse de volume et à une baisse de carnets de commandes. Et puis très important anticiper les ruptures dans les chaînes de production, parce que pour produire une voiture, un avion, vous pouvez avoir parfois une petite pièce qui manque à l'appel.
JEAN-PAUL CHAPEL
Oui un seul boulon vous manque et toute la production est dépeuplée…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et c'est embêtant parce que la production effectivement est ralentie et vous êtes en train de chercher quelqu'un pour fabriquer la fameuse petite pièce et ça ne se fait pas en 3 jours évidemment, parce que c'est des pièces complexes qui doivent être homologuées. Donc là aussi il faut anticiper de plus en amont possible et voir comment on gère les stocks et comment on accompagne les entreprises pour que quand elles sont à cours de stock, elles bénéficient du chômage partiel et quand elles récupèrent la production, elles aient des heures supplémentaires de manière plus souple pour rattraper.
JEAN-PAUL CHAPEL
L'autre actualité du jour, c'est la réforme des retraites, c'est l'objet de la question qui fâche, elle vous est posée par Laurent YUS.
LAURENT YUS
L'article 49 alinéa 3 a permis d'adopter sans vote la réforme des retraites, le gouvernement l'a déclenché samedi après-midi suite un conseil des ministres consacré à l'épidémie du coronavirus. Alors n'est pas une façon cynique de profiter de la situation pour faire passer en catimini un texte de loi lourd de conséquences pour tous les Français ?
JEAN-PAUL CHAPEL
Il a bon dos le coronavirus.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors non parce que ce texte de loi, il a fait l'objet de plus de 110 heures d'examens à l'Assemblée nationale. Vous pouvez regarder sur l'histoire de la 5ème République, il n'y a pas beaucoup de textes qui ont été examinés aussi longtemps, c'est plus de trois semaines de débats samedi et dimanche inclus, ça c'est la première chose. Donc quand j'entends des oppositions et notamment le Rassemblement national qui n'était même pas là dans l'hémicycle, qui n'ont même pas participé au débat parce qu'en gros il faisait plutôt la politique de la chaise vide, ils s'occupaient d'autres choses, qui nous dit avec des trémolos dans la voix que le débat démocratique est confisqué, j'ai un peu envie de sourire, ça c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que ce texte il a été et c'est la première fois qu'on le fait comme ça dans le 49.3, ce n'est pas le texte du gouvernement qui est soumis au vote, c'est un texte qui comprend toute une série d'amendements de la majorité et des oppositions. Et des oppositions et donc nous ce que nous allons…
JEAN-PAUL CHAPEL
Vous n'avez pas réussi à convaincre la CFDT qui pourtant était favorable initialement à ce projet de réforme.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi j'observe que la CFDT elle continue de travailler avec nous, donc je pense que sur les fondamentaux, on est bien aligné et je comprends très bien qu'elle défende sa vision des choses, c'est normal, mais nous ce qu'on a mis aussi dans le texte, c'est des possibilités justement de continuer à amender en fonction des négociations qu'on aura notamment avec la CFDT. Et derrière pardon mais le texte va être examiné au Sénat, puis à l'Assemblée nationale, puis au Sénat, donc débat parlementaire continue.
JEAN-PAUL CHAPEL
On se quitte en chanson, vous avez choisi de "La grenade" de Clara LUCIANI, pourquoi, qu'est-ce que vous voulez dégoupiller ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Comme elle le dit, c'est que derrière la douceur du sein, il y a la force des femmes et je pense qu'on a besoin de le redire. Je le dis d'autant plus qu'on a eu à des épisodes un peu malheureux aux César et que moi je pense qu'il est important de remettre les femmes au centre du jeu et de célébrer leur résistance et leur résilience, elles ne doivent plus être des victimes de notre société.
JEAN-PAUL CHAPEL
Message reçu 5 sur 5, merci d'avoir été avec nous, très bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2020