Interview de M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, à France Inter le 17 mars 2020, sur la progression de l'épidémie de covid-19, la durée de la période de confinement, les masques pour les personnels soignants et la saturation des services de réanimation des régions Grand-Est et Ile-de-France.

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Média : France Inter

Texte intégral

NICOLAS DEMORAND 
Et avec Léa SALAME, nous recevons ce matin le ministre de la Santé dans « Le Grand entretien du sept/neuf », vos questions au 01.45.24.7000, les réseaux sociaux et l'application mobile de France Inter. Olivier VERAN, bonjour. 

OLIVIER VERAN 
Bonjour. 

NICOLAS DEMORAND
 On va évidemment parler longuement du discours du président de la République hier soir et des nouvelles mesures de confinement qui sont mises en place en France, mais d'abord, le bilan de l'épidémie à ce jour, chez nous, 6.633 personnes infectées, 148 morts. Jérôme SALOMON disait hier sur Inter que la situation de l'épidémie est inquiétante, elle se détériore très vite, est-ce que vous reprenez ces mots ce matin, Monsieur le Ministre de la Santé ? 

OLIVIER VERAN 
Oui, c'est un fait, l'épidémie progresse dans notre pays, et progresse dans tous les pays qui nous entourent avec une courbe de croissance du nombre de malades assez similaire, donc, oui, nous sommes en période d'épidémie assurément avec encore d'ailleurs des territoires nationaux qui sont épargnés par le virus, des territoires, des communes, des départements parfois, au sein desquels le virus ne circule pas ou peu, et puis, à l'inverse, des départements dans lesquels le virus circule très activement, je pense à la région Grand Est par exemple qui fait face à un afflux de malades toujours plus nombreux chaque jour, chaque nuit et qui met à rude épreuve nos hôpitaux, nos soignants en médecine de ville qui se battent pour sauver des vies en permanence. 

LEA SALAME 
Hier, l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, a appelé à faire des tests de dépistage massif, à faire passer un test pour chaque cas suspect, est-ce que c'est possible, Monsieur le Ministre ? 

OLIVIER VERAN 
La réponse est non, parce que nous avons des capacités de plateforme de PCR, c'est-à-dire des plateformes de tests biologiques, qui ne permettraient pas au stade d'épidémie de tester tous les patients dont on estime qu'ils peuvent être positifs, mais la question n'est pas de savoir est-ce que c'est possible, la question est de savoir si c'est souhaitable, oui, l'OMS a raison au stade – et c'est ce que nous avons fait – au stade pré-épidémique, c'est-à-dire au stade où il y a des suspicions de malades mais où le virus ne circule pas encore, nous avons fait systématiquement des tests de manière à isoler les malades, identifier les chaînes de contamination naissante, ce fut le cas notamment – souvenez-vous – à Contamine-Montjoie, en Haute-Savoie, où nous avons fait plus de 140 tests, plus de 140 tests en une seule après-midi pour quatre malades… 
 
LEA SALAME 
Est-ce que c'est assez, Monsieur le Ministre, est-ce qu'on en a effectué assez en France de tests ? 

OLIVIER VERAN 
Oui, oui, honnêtement, je vous réponds oui, la problématique, le problème essentiel majeur est l'isolement, le confinement des personnes qui sont malades de manière à ce qu'elles ne puissent pas contaminer d'autres personnes, aujourd'hui, nous avons ce qu'on appelle un diagnostic syndromique, je vous explique en deux mots, chaque année, nous avons la grippe avec une épidémie qui est intense et qui peut percuter un million ou deux millions parfois trois millions de Français, et certaines années, faire beaucoup de morts, moins que… moins agressif le virus de la grippe évidemment que le coronavirus, j'arrête là, le parallèle, mais c'est pour vous dire que nous avons ce qu'on appelle des réseaux sentinelles qui, dans chaque territoire, ce sont des professionnels de santé, des responsables de l'épidémiologie, qui font remonter les données cliniques, diagnostics et qui nous permettent de suivre avec la plus grande précision les courbes épidémiques dans notre pays. Donc là, aujourd'hui, la stratégie, elle est de tester les malades sévères, les malades hospitalisés, les soignants qui peuvent être en contact avec des personnes pour ne pas les contaminer, nous sommes capables de faire suffisamment de tests évidemment pour être capables de répondre à tous ces types, de toutes ces situations, mais je le dis, l'OMS a raison, il faut tester, tester, tester lorsque nous sommes en phase pré-épidémique, lorsque l'épidémie… 

NICOLAS DEMORAND
 Bien compris… 

OLIVIER VERAN 
Nous considérons les gens comme malades jusqu'à preuve du contraire… 

NICOLAS DEMORAND 
Olivier VERAN, le président de la République s'est donc exprimé une nouvelle fois hier soir face à cette épidémie, nous sommes en guerre, en état de guerre a-t-il déclaré en sonnant de fait la mobilisation, les mesures de confinement montent d'un cran, il pourrait y avoir des sanctions pour les personnes qui sortent de chez elles sans raison, est-ce qu'on peut dire ce matin que la France a adopté les mêmes mesures que celles qui ont cours en Italie et en Espagne ? 

OLIVIER VERAN 
Précisément, oui, précisément, oui. Nous avons les mêmes mesures que celles qui ont été appliquées en Italie ou en Espagne, il y a parfois des recommandations qui peuvent varier à la marge dans le choix des commerces qui sont ouverts par exemple, mais nous sommes dans une situation qui est extrêmement proche de la situation de nos voisins, et je vous le dis, qui est extrêmement proche des voisins qui n'ont pas encore pris ces mesures, mais qui seront contraints de les prendre…

NICOLAS DEMORAND 
Pourquoi le mot de confinement n'a pas été prononcé hier par le président de la République, alors que c'en est un de fait ? 

OLIVIER VERAN 
Je vous parle sans aucune difficulté de confinement, mais je l'ai dit d'ailleurs hier soir à chaud, après le discours du président de la République, plutôt que de s'attacher à un mot, Il s'est attaché à décrire les actions qui peuvent changer, qui vont changer la vie des Français, qui doivent changer la vie des Français dans les prochaines semaines, et qui, par-là, peuvent sauver la vie des Français, je crois qu'au-delà du mot, je comprends, et si les Français n'ont pas pleinement saisi, mais je crois qu'ils l'ont saisi, parce que j'ai eu beaucoup, beaucoup de retours après l'intervention du président de la République, qui était d'ailleurs remarquable en tous points de vue, j'ai eu beaucoup de retours de Français qui m'ont dit : ça y est, cette fois-ci, on a basculé dans quelque chose de différent, on a compris, donc je le dis aux Français, ce qu'on attend d'eux aujourd'hui, c'est de rester chez eux. C'est de rester chez eux, c'est de réduire leurs interactions sociales, c'est de réduire les contacts au quotidien, c'est de réduire au strict minimum leurs activités…

 LEA SALAME 
Alors, justement, le président a demandé hier aux Français d'arrêter les réunions de famille ou les dîners entre amis, mais il les a invités en même temps à s'entraider entre voisins, ça veut dire quoi exactement, s'entraider ? 

OLIVIER VERAN 
Ça veut dire que lorsque l'épidémie accélère, nous devons avoir une réponse exemplaire, et que la réponse exemplaire, c'est d'être capable de penser aussi de nouvelles solidarités, vous savez, c'est assez contre-intuitif au fond, mais la solidarité, en période d'épidémie, ce n'est pas tendre la main, c'est la retirer, ce n'est pas rendre visite, c'est éviter, et moi, je suis persuadé que nous ne sommes pas un peuple individualiste et que nous sommes donc capables d'accepter des mesures collectives, mais ça veut dire qu'on ne s'abandonne pas les uns les autres, ça veut dire qu'on se protège collectivement, ça veut dire que la distanciation, ça n'est pas la division, ça veut dire qu'il faut être disponible pour celui qui a besoin de nous, et l'Etat sera disponible pour toutes celles et ceux qui au quotidien auront besoin de nous, et j'ai un mot en particulier pour les plus fragiles, pour les publics qui sont précaires, pour les sans-abri, pour les personnes qui sont arrivées en France, les migrants, pour les personnes qui sont éloignées des systèmes de protection sociale traditionnelle, je le dis aux acteurs qui s'engagent dans le domaine du social et du médico-social au quotidien, ils ont toute leur place dans nos dispositifs, leurs missions sont essentielles à la protection des Français, quels qu'ils soient où qu'ils soient. 

NICOLAS DEMORAND
 Olivier VERAN, l'Italie est confinée, et depuis plus longtemps que nous, mais l'épidémie semble, là-bas, toujours hors de contrôle, est-ce qu'il faut s'attendre à la même chose en France, c'est-à-dire, une courbe qui reste ascendante, toujours plus de malades et de morts, en parallèle aux mesures de confinement décidées hier soir ? 

OLIVIER VERAN 
Le profil épidémique du coronavirus fait que lorsque nous prenons des mesures de confinement, il faut un certain nombre de jours pour que ça s'arrête, pour que le virus arrête de circuler… 

NICOLAS DEMORAND 
Combien ? 

OLIVIER VERAN 
Ça dépend, en Italie, certains territoires, on notait l'absence de nouveaux cas, de façon assez radicale d'ailleurs et efficace au bout de 8, 10 jours, sinon, on estime que ça peut être au maximum 12 jours, ça veut dire qu'on est parti sur au moins 2 semaines de confinement collectif. 

NICOLAS DEMORAND 
Voilà, avant de voir les résultats éventuels… 

OLIVIER VERAN 
Pas avant forcément de voir les résultats, on peut voir les résultats avant, nous espérons voir les résultats avant, mais on sait que 2 semaines, c'est une période qui est nécessaire pour bloquer la circulation du virus, encore une fois, en trois secondes… 

LEA SALAME 
Vous dites au moins 15 jours, pardon, vous dites au moins 15 jours, au moins 2 semaines, est-ce à dire, parce qu'il y a d'autres chiffres qui ont circulé quelques heures avant l'intervention du président de la République, on parlait de 40 jours, de 45 jours, est-ce que c'est juste un palier les 15 jours, et dans 15 jours, ou dans une semaine ou dans 10 jours, vous allez nous dire : eh bien, on est reparti pour 15 nouveaux jours, est-ce que vous pensez qu'on peut régler le problème en 15 jours uniquement ? 

OLIVIER VERAN 
Ce que je veux dire, Léa SALAME, c'est que depuis le début, la transparence est totale, l'explication des mesures, j'essaye de la faire du mieux que je peux, avec le plus de transparence et de pédagogie, cette fois-ci, le mot pédagogie, je crois, n'est pas un gros mot, même si on fait de la politique et que c'est un mot qu'il faut d'habitude éviter, et que lorsqu'il y a des informations à donner aux Français, je les partage totalement et pleinement, aujourd'hui, ce que nous disent les experts de l'épidémiologie, de l'hygiène, de la médecine, c'est que 15 jours sont nécessaires a minima pour être capable de voir venir les choses et l'évolution de l'épidémie, si dans 15 jours, nous voyons que la situation s'est suffisamment apaisée, et que nous pouvons lever tout ou partie des mesures de confinement, nous le ferons, il serait parfaitement inutile d'annoncer un chiffre, le chiffre de 45 jours, personne ne m'en a parlé dans aucun document dont je dispose… 

LEA SALAME 
Voyez, c'est les fake news qui circulent, et elles circulent… 

OLIVIER VERAN 
Non, ce n'est pas les fake news, non, ce n'est pas forcément une fake news dans la mesure où ça s'inspire aussi de dispositifs qui ont pu être mis en place en Chine avec parfois des périodes de confinement qui étaient plus longues. Ce que je peux vous dire, c'est que notre stratégie, elle repose aujourd'hui sur un confinement très important, généralisé sur une durée minimale de 15 jours. Et si je devais vous donner un autre chiffre, je le dirais, il n'y aurait aucune raison de le cacher aux Français.  

NICOLAS DEMORAND 
Olivier VERAN, il semble qu'il y ait eu hier un exode des Parisiens vers la province, est-ce dangereux pour les villes et régions où débarquent les habitants de la capitale ? 

OLIVIER VERAN 
C'est toujours le sujet, on peut être  partagé entre l'idée de se dire que s'il y a moins de monde dans les grandes métropoles, il y a peut-être moins de tentations pour utiliser les transports en commun collectifs, peut-être moins de tentations pour des regroupements dans des lieux de forte densité de population, et en même temps, l'exode, le départ des gens des grandes métropoles pour aller dans des résidences secondaires pose la question de la dissémination du virus dans d'autres territoires ; il n'était pas question pour autant d'empêcher les gens de partir, mais… 

NICOLAS DEMORAND 
Mais aujourd'hui, vous leur dites : ne partez pas ? 

OLIVIER VERAN 
Je demande aux gens d'être particulièrement responsables quel que soit leur endroit de résidence, même s'ils sont au bord de la mer, qu'il y a des mouettes dehors et qu'il fait beau dehors, ils restent chez eux, ils restent chez eux, ce n'est pas parce qu'on est plus proche de la nature qu'on n'est pas moins proche du virus et qu'on n'est pas moins proche de mettre en danger la vie des autres lorsqu'on n'adopte pas le comportement responsable qui consiste à rester chez soi. 

LEA SALAME 
C'est vrai ce que vous dites Olivier VERAN, et il y a la santé physique et le problème sanitaire à gérer, il est capital, il y a aussi la santé mentale, la dépression liée au confinement, on a le droit de faire un footing a dit Christophe CASTANER hier, mais seul, en faisant attention de ne pas croiser les gens, quels conseils vous donnez aux parents dont les enfants sont comme des lions en cage, notamment en milieu urbain où, littéralement, il n'y a plus de jardin, il n'y a plus de parc, et qui ont besoin de se dépenser, et les jours venant, qui vont devenir de plus en plus ingérables, il y a aussi cette question-là ? 

OLIVIER VERAN 
C'est effectivement une adaptation importante de la vie familiale que nous demandons également aux Français, au-delà des activités du quotidien, et quand vous êtes avec des enfants et que vous êtes confiné chez vous, je reconnais que la situation n'est pas simple, mais c'est aussi protéger les familles, c'est aussi quelque part protéger les enfants, et donc l'absolue nécessité de rester chez soi s'impose aussi aux familles qui ont des enfants, pour autant, il est prévu d'être capable d'avoir des activités minimales extérieures pour permettre aux enfants de prendre l'air, de s'aérer, de sortir du logement. Je salue le service public télévisuel qui a travaillé, et je crois que Jean-Michel BLANQUER n'y est pas pour rien, le ministre de l'Education nationale, à la mise en place de programmes éducatifs qui vont permettre aux enfants, plutôt que de rester à regarder parfois des dessins animés trop longtemps, d'avoir des programmes qui sont éducatifs, je salue l'ensemble des réseaux de solidarité qui vont permettre de trouver… 

NICOLAS DEMORAND 
Ah, on a une petite coupure téléphonique, voilà… 

OLIVIER VERAN 
Vous m'entendez ? 

NICOLAS DEMORAND 
Oui, oui, on vous a retrouvé. On a quelques questions rapides et techniques à vous poser sur la question, Olivier VERAN, des masques et du matériel, est-ce que pour les médecins, les généralistes, pardon, pour les pharmaciens, pour les chirurgiens dentistes, pour les infirmières à domicile, bref, pour tous les soignants, est-ce qu'il y a désormais assez de masques en circulation pour ces métiers-là qui sont cruciaux ? 

OLIVIER VERAN 
Nous avons assez de masques aujourd'hui pour permettre aux soignants d'être armés face à la maladie et de soigner les malades, quand je dis aujourd'hui, c'est qu'en fonction de la durée de l'épidémie, nous ne savons pas si nous en aurons suffisamment à terme. Nous en achetons partout, nous en fabriquons partout, nous réorientons nos industries textiles, papier vers la production de masques, ce n'est pas une situation franco-française, toute l'Europe fait face à la même difficulté, il a fallu donc élaborer ce qu'on appelle des doctrines d'utilisation, c'est-à-dire qui peut avoir des masques, et qui ne veut pas en avoir, j'ai souhaité que les sociétés savantes, les sociétés d'experts se prononcent sur la question, aujourd'hui, je vous le dis en transparence, je dispose d'un stock d'Etat qui contient encore 110 millions de masques chirurgicaux, et nous avons suffisamment de masques FFP2, c'est-à-dire les masques très techniques, pour faire face aux besoins hospitaliers et pour être capables d'équiper les infirmières libérales, les médecins libéraux, ou en masques FFP2 ou en masques chirurgicaux… 

NICOLAS DEMORAND 
Et alors toutes les catégories de personnels que je viens de citer auront des masques, quand ils disent, on les entend, on entend leurs témoignages sur France-Inter, qu'ils n'en ont pas, alors qu'ils sont soignants et au contact de malades ou de malades potentiels ? 

OLIVIER VERAN 
Ils ont raison, les médecins libéraux ou les infirmières qui aujourd'hui protestent parce qu'ils n'ont pas suffisamment facilement accès aux masques, nous avons un réseau de distribution qui passe par les pharmacies d'officine, qui elles-mêmes sont alimentées par des grossistes répartiteurs qui eux-mêmes sont obligés d'aller déstocker des masques dans différents centres de stockage, qui eux-mêmes ont été réquisitionnés par l'Etat de manière à éviter toute déperdition… 

NICOLAS DEMORAND 
Et donc c'est aujourd'hui pour eux… 

OLIVIER VERAN 
Laissez-moi juste terminer cette phrase ? Cela a complexifié considérablement la donne en matière d'organisation et de distribution, et je le regrette, mais les masques sont dans les camions, ils sont en train d'arriver aujourd'hui, demain, et au dernier terme, jeudi, dans les pharmacies d'officine. Et les professionnels de santé qui doivent légitimement pouvoir se protéger pourront aller chercher les masques mais je le redis, les masques sont précieux, l'utilisation de ces masques, doit être faite uniquement pour celles et ceux qui en relèvent, je suis surpris de voir, y compris par la fenêtre de mon ministère, le nombre de personnes qui sont dans la rue avec des masques, le nombre de personnes qui travaillent avec des masques, alors que cela ne correspond pas à des recommandations, ces masques, ces masques, ce sont des marques qui sont précieux pour celles et ceux qui nous soignent, parce que si celles et ceux qui nous soignent tombaient malades, faute de masques, elles ne pourraient pas vous soigner demain, lorsque vous aurez besoin d'eux. Je le dis avec gravité, je comprends la volonté de chacun de chercher à se protéger, je ne comprends pas, par contre, et je trouve intolérable toutes les pertes, tous les vols dans les hôpitaux, des vols dans les hôpitaux massifs de masques… 

LEA SALAME 
Justement… 

OLIVIER VERAN 
Nous avons été obligés de mettre un terme à tout cela pour éviter la déperdition, et cela a – je le reconnais – retardé l'alimentation des pharmacies, mais c'est désormais réglé. 

LEA SALAME 
Olivier VERAN, deux, trois questions rapides, d'abord, les services de réanimation débordés dans le Grand-Est, en Ile-de-France, diriez-vous qu'ils sont saturés aujourd'hui ? 

OLIVIER VERAN 
Nous sommes proches de la saturation et de la tension dans certains territoires, hier, j'ai passé la matinée au téléphone avec des professionnels de santé ou le directeur d'agence régionale de santé Grand-Est, et je tire mon chapeau, je remercie, j'ai une admiration, un respect sans faille, et je voudrais vraiment que les Français aient conscience de ce que ça représente, de faire face à une situation épidémique critique. 

LEA SALAME 
Donc on est proche de la saturation dans quelles régions ? 

OLIVIER VERAN 
Nous allons soutenir les hôpitaux, dans la région Grand-Est en particulier, du côté de Mulhouse et de Strasbourg, la situation est très tendue, ce matin même, des hélicoptères du service de santé des armées sont en train de commencer l'évacuation, le transfert d'un certain nombre de malades graves, jeunes, pour les envoyer vers d'autres hôpitaux, dans des régions dans lesquelles nous avons de la place, à l'échelle du pays, nous disposons encore à date de plus de 2.000 places de réanimation ouvertes avec des lits qui attendent les malades, parce que j'ai fait déprogrammer toute l'activité dans tous les hôpitaux, dans toutes les cliniques de France, parfois, on me dit : mais c'est trop tôt, il vaut mieux attendre, non, ce n'est jamais trop tôt, il vaut mieux être prêt, et nous sommes donc capables de faire valoir la solidarité entre régions, et de transférer un certain nombre de malades là où ça coince, là où c'est dur, vers d'autres hôpitaux de manière à libérer de la place. Le président de la République a annoncé hier la construction imminente d'un hôpital militaire de campagne supplémentaire dans la région du côté de l'Alsace pour soutenir les équipes.

 LEA SALAME 
Olivier VERAN, rapidement, combien y a-t-il ce matin de personnels soignants contaminés par le coronavirus ? 

OLIVIER VERAN 
Je n'ai pas précisément le chiffre de personnels soignants contaminés par le coronavirus, c'est une situation qui est suivie régionalement hôpital par hôpital, je sais qu'il y a aussi du personnel, et j'ai une pensée pour eux, dans les agences régionales de santé qui ont pu être contaminés, j'ai une pensée particulière pour l'Ile-de-France au sein de laquelle, dans la cellule même de lutte contre l'expansion du virus, il y a plusieurs personnes malades qui travaillent avec un masque, personne n'a déserté, tout le monde est resté à son poste avec un masque, pour se protéger et pour continuer à protéger la sécurité des Français, je voudrais vraiment au moment où on demande un effort, qui est terrible pour les Français, de réduire leurs activités, de réduire leurs interactions sociales, de changer ce qui faisait leur mode de vie jusqu'à présent, au moment où j'ai une pensée pour ces Français, je voudrais aussi que les Français réalisent tout ce qui est fait pour eux par celles et ceux qui portent des blouses blanches et qui s'activent… 

NICOLAS DEMORAND 
Je pense qu'ils le savent. Je pense qu'ils le savent. 


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 mars 2020