Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, BFM TV le 29 avril 2020, sur les modalités de la reprise de l'école lors du déconfinement le 11 mai 2020 après la crise sanitaire du covid-19.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Jean-Michel BLANQUER, bonjour. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Jean-Michel BLANQUER, parlons du déconfinement scolaire. Est-ce qu'une, première question directe, est-ce qu'une scolarité régulière et intégrale sera possible avant les vacances ?  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Ce sera forcément des solutions mixtes pour tous les élèves. Puisqu'un élève peut se trouver dans quatre situations alternatives : il peut être en petits groupes à l'école, il peut être aussi à l'étude à l'école, puisqu'il y aura, chaque fois que ce sera possible on développera ça. Il peut être aussi chez lui, comme nous le connaissons actuellement en période de confinement. Et puis il pourrait être aussi parfois dans des activités périscolaires, quand on aura pu avec une commune, développer ça, avec des activités physiques en particulier, des activités d'éducation à la santé aussi, en plus de ce qui se passe à l'école. Donc il y a quatre possibilités. Dans une semaine, un enfant peut se trouver dans les quatre situations. Et puis vous aurez des enfants qui resteront à la maison, et par exemple certains collégiens, ça va être le cas, qui continueront l'enseignement à distance pratiquement à 100 %. Donc on a, on va avoir tous les cas de figure, mais notre but c'est de personnaliser la situation pour chaque élève, c'est-à-dire qu'avant le 11 mai chaque famille ait eu un dialogue avec l'Education nationale, pour savoir ce qui va se passer pour son enfant et qu'elle est un peu la feuille de route pour mai et juin de chaque élève de France.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Vous imaginez que je vais entrer dans le détail, j'ai plein de questions précises à vous poser. La première : des cours jusqu'au 4 juillet, pas de changement de date des vacances. 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
 Non non, nous ne changeons pas ça, ça reste un point de repère. Maintenant, on travaille aussi sur les vacances de juillet et août notamment pour qu'il y ait des modules de soutien scolaire pour les élèves qui auraient accumulé des retards éventuellement. On travaille aussi sur des nouveaux concepts de colonies de vacances qui puissent être des vacances apprenantes, comme nous disons, donc qui permettent un peu de renforcer des élèves. Mais on ne change pas la date des vacances d'été pour les élèves.

 JEAN-JACQUES BOURDIN   
Vacances apprenantes, ça veut dire que des enseignants par exemple pourraient participer à des colonies de vacances pour rattraper du retard pris à cause de l'épidémie ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui, c'est possible.  Vous savez, il y a de belles traditions en la matière. Alors c'est bien sûr sur la base du volontariat, aussi bien pour les enfants que pour les professeurs. Mais on aura en effet des colonies de vacances qui renforceront parfois ce qui existe déjà, c'est-à-dire une dimension éducative de la colonie de vacances, et puis parfois iront un peu plus loin pour qu'il y ait du soutien scolaire intégré. Vous aurez aussi des modules de soutien scolaire à la fin du mois d'août, en particulier, pour là encore donner des éléments de rattrapage à ceux qui auraient eu des retards à cause de ce qui se passe. Donc les vacances 2020 sont forcément un peu différentes, mêmes très différentes de tout ce qu'on a connu dans le passé. Donc nous travaillons aussi à cette dimension. Il faut qu'il y ait une cohérence entre ce que nous vivons maintenant, la période de confinement, ensuite la deuxième période, c'est-à-dire la période de déconfinement, qui va être très inédite aussi et très mixte. Et puis ensuite la troisième période qui est celle des vacances, juillet/août, qui sont des vacances mais pour lesquelles on doit essayer de faire en sorte que les enfants puissent avoir de l'épanouissement, et que certains puissent avoir un peu de rattrapage dans ce cadre-là. Et puis aussi nous réfléchissons déjà à la rentrée de septembre et à la façon de travailler dans une sorte de quatrième temps qui commence en septembre 2020. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Rentrée de septembre, date maintenue ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui oui, nous ne changeons pas les dates. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Bien.  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Vous savez, plus dans une période où tout change on peut maintenir certains points de repères, meilleur c'est.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Bien. Est-ce que la réouverture progressive des écoles est décidée pour des raisons économiques, Jean-Michel BLANQUER ? La question revient sans cesse. 

 JEAN-MICHEL BLANQUER 
 Oui. Non pas en premier lieu, bien sûr que les raisons économiques sont présentes aussi, et il n'y a rien d'indigne à cela, et il faut chercher à ce que la société française reprenne vie et ça passe évidemment par la vie économique. Donc ce n'est pas un sujet indigne. Mais notre première préoccupation elle est sociale, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'élèves qui décrochent. Or et c'est malheureusement quelque chose qui existe en période de confinement, on considère aujourd'hui qu'on est en moyenne à 4 %, mais dans certains territoires ou dans certains domaines, ce chiffre est plus élevé, 4 %, c'est une moyenne. Alors, la France a fait mieux que la plupart des pays en la matière, nous avons moins de décrocheurs que nos pays voisins. Mais 4 % c'est quand même 500 000 enfants ou adolescents, et donc nous devons évidemment empêcher cela pour des raisons profondément sociales. Vous savez, il n'y a pas que le Covid-19 qui tue, il y a aussi d'autres problèmes, c'est par exemple le problème de certaines violences intrafamiliales, c'est le problème justement du décrochage scolaire qui est vecteur de chômage, peut-être de délinquance dans le futur. Et donc toutes ces choses-là nous devons évidemment les prendre très au sérieux, c'est ce qui est à la base de notre motivation, et puis je pense à tous les élèves de France qui ont besoin de ce lien avec l'école, et donc nous avons, ce n'est pas un petit sujet que d'éviter que les enfants soient sans école physiquement pendant 6 mois. C'est quand même quelque chose qu'on doit éviter.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Jean-Michel BLANQUER, nous allons entrer dans le détail. Je vais commencer avec les maternelles. Réouverture progressive le 11 mai sur tout le territoire, vert, rouge ?  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui, pour l'ensemble de l'école primaire, c'est une réouverture progressive, et ça inclut donc l'école maternelle comme l'école élémentaire. Dans chaque école, cette ouverture progressive se passera d'une manière appropriée, donc nous laissons beaucoup de souplesse dans la façon de faire, mais c'est forcément des classes qui alternent, autrement dit ce n'est pas, dans la grande majorité des cas, ce n'est pas à plein temps que l'enfant ira à l'école, mais ça pourrait être pour une demi semaine ou pour une semaine sur deux.  Ça, ça va se régler école par école. Par exemple si vous prenez certaines écoles rurales, elles ont déjà des classes de moins de 15 élèves, et donc elles pourront faire une scolarité assez proche de ce qui se passe habituellement… 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Avec parfois des classes de différents niveaux. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Parfois, mais pas forcément. Moi je connais, par exemple je connais des écoles rurales qui sont à 14 élèves, multi-niveaux, eh bien ils vont pouvoir fonctionner un peu comme d'habitude. Vous avez aussi par exemple les CP CE1 en REP et REP+, ils sont déjà 12 élèves. Donc ils pourront fonctionner dès le début, d'une manière assez normale, bien entendu avec tout le respect du protocole sanitaire que nous avons établi. Donc, chaque cas est un cas particulier, et ce que nous sommes en train de faire en fait en ce moment, c'est à la fois d'avoir défini un cadre national très clair, par exemple le protocole sanitaire va être disponible dès après-demain. Ce protocole sanitaire il est très clair, il est incontournable. Vous avez ensuite un cadre d'accueil, c'est-à-dire les règles pour définir la façon dont les dont les classes arrivent au fur et à mesure, donc progressivement, et puis vous avez un cadre pédagogique aussi, c'est-à-dire ce qui se passe pour chaque niveau, de la maternelle à la terminale. Mais dans ce cadre national clair vous avez ensuite beaucoup de souplesse locale et notamment grâce au dialogue entre l'éducation nationale et élus, tout particulièrement les maires, eh bien on va arriver à un plan spécifique pour chaque école, avec une information spécifique à chaque famille.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Oui, donnée aux parents. Est-ce que… je vais revenir, les précisions sur l'école élémentaire, les collèges et les lycées, évidemment j'ai plein de questions. Est-ce qu'un plan d'hygiène, un plan d'hygiène sera fixé dans chaque établissement scolaire de France ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui, il y a donc ce protocole national sanitaire, dont je viens de vous parler, qui est lui-même directement inspiré de ce que le Conseil scientifique a produit comme note. Nous avons aussi fait toute une comparaison internationale sur ce sujet. Nous avons travaillé avec le Bureau Veritas pendant toute cette période, c'est ce qui fait qu'il y aura, je vous le dis, dès après-demain, c'est-à-dire dès après la consultation des associations d'élus, en particulier, nous allons aussi en parler aujourd'hui avec les organisations syndicales, eh bien ces documents seront prêts et seront la référence de chaque acteur, puisque c'est une référence incontournable pour le respect de toute une série de choses, et puis de toute une série de moments de la journée,  par exemple la cantine, l'internat, la cour de récréation… 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Je vais y revenir.  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Tous ces éléments très précis font l'objet d'un cadrage national pour que chacun ait une référence claire en la matière. 

JEAN-JACQUES BOURDIN  
 Mais, chaque parent pourra savoir quel est le plan d'hygiène, voulu, préparé pour l'école de son enfant. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui. D'abord chaque parent pourra voir ce protocole national qui est commun à toute la France, et ensuite on pourra voir comment l'école s'est adaptée localement à cela. Mais, si vous voulez, il y a des sujets de grande souplesse et puis il y a des sujets au contraire qui sont de respect strict de la norme nationale, et dans le domaine sanitaire c'est plutôt cette deuxième catégorie. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Ecole élémentaire, primaire, réouverture progressive le 11 mai, là encore sur tout le territoire, CP, CM2, d'abord, et les autres, les autres classes ?  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Alors, CP CM2 c'est indicatif, c'était les niveaux que j'avais indiqués pour commencer, parce que c'est des niveaux un peu stratégiques. CP, parce que c'est l'entrée dans la lecture, l'écriture et le calcul, et c'est important d'avoir consolidé les choses en fin d'année scolaire, et CM2 parce qu'on est avant la 6ème et qu'il faut que les enfants aient un certain nombre de consolidations là aussi avant de passer au collège. Mais c'est indicatif, encore une fois il y a beaucoup de souplesse locale, et donc les directeurs d'école avec l'aide de leurs inspecteurs, et avec leurs équipes de professeurs, vont déterminer en lien avec le maire, comment se succèdent les éléments. Mais la situation va être différente d'un endroit à l'autre, parce que la densité n'est pas la même, parce que la situation sociale n'est pas la même.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Donc une classe de CE1 pourra rentrer le 11 mai. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Alors, le 11 mai c'est la prérentrée. De toute façon vous aurez, c'est les professeurs qui vont rentrer le 11 mai.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Oui, enfin, le 12.  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Les premiers élèves rentreront à partir du lendemain. Et là vous aurez par exemple, ça arrivera qu'il y ait des CE1 qui rentrent le 12 mai, oui, et là les parents auront été prévenus plusieurs jours avant évidemment, je vous parle du dialogue avec les familles. L'exemple que je donnais tout à l'heure l'illustre, pratiquement tous les CP et CE1 des réseaux d'éducation prioritaire pourront rentrer parmi les premiers, puisqu'ils sont déjà dans des classes à 12 et qu'on aura pu faire les aménagements nécessaires en amont de la rentrée. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Bien. Les collèges… 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Mais encore une fois, nous voulons personnaliser le parcours de chaque élève. Le mot-clé c'est personnalisation. Cette personnalisation fait que chaque situation locale est spécifique, c'est normal qu'il en soit ainsi, parce que c'est ce qui permet d'être le plus pragmatique possible, et pour que ce soit bon pour les familles, eh bien nous voulons qu'il y ait ce dialogue avant la rentrée, pour que chaque famille soit au courant. Donc c'est normal que chacun ressente aujourd'hui que tout n'est pas encore précis pour lui-même, mais comme chacun le voit je crois, nous avançons par étapes successives, la prochaine étape ce sera d'informer chaque famille de ce qui lui arrive. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Bien. Les collèges, réouverture le 18 mai dans les départements où la circulation du virus est très faible, 6ème, 5ème, seulement dans les départements verts, le 18 mai pour les collèges les classes de 6ème, 5ème ? 

 JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui, c'est ça, tout à fait. On considère que nous devons piloter les choses en fonction aussi des diagnostics sanitaires qui sont faits territoire par territoire, et donc nous le faisons d'abord dans les territoires verts. Mais si la situation évolue positivement dans un territoire, on pourra ouvrir ensuite les collèges ultérieurement dans les territoires rouges. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
4ème et 3ème, comme pour le lycée, les classes de 4ème et 3ème ?  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Exactement. C'est-à-dire que d'ici à la fin mai on va pouvoir observer la situation qui se passe sur un territoire donné, et on aura aussi parfois des évaluations à une échelle plus petite, et c'est ce qui permettra de décider l'ouverture ou pas. Mais dans l'intervalle il se sera passé des choses, bien sûr, c'est-à-dire que dans l'intervalle les élèves auront continué à avoir l'enseignement à distance et on aura même renforcé notre méthodologie pour mieux les suivre. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Jean-Michel BLANQUER, les lycées, décision de réouverture prévue fin mai. Donc pas de lycée avant le 4 juin, on est bien d'accord ? C'est ce que j'ai compris. 

JEAN-MICHEL BLANQUER   
Oui, bien sûr, mais là aussi avec un travail, et on verra à ce moment-là, encore une fois ça dépend de l'évolution de la pandémie, puisqu'on constate que la contagiosité, plus on est âgé, plus il y a… plus la contagiosité apparemment est forte, donc on regarde, on évalue la situation et puis par ailleurs les lycéens on peut plus les suivre à distance. On a un sujet spécifique avec le lycée professionnel, parce qu'on souhaite vraiment un retour physique, notamment pour les ateliers industriels, dès que ce sera possible, mais en attendant, ce qui est important pour nous, c'est de n'avoir perdu personne, c'est pourquoi même à distance nous essayons de rester en contact avec les familles, et d'avoir un programme de travail pour chaque élève.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Même chose pour les élèves de BTS et classes préparatoires ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui. Donc les élèves de BTS et de classes préparatoires c'est des Bac +1 et bac +2 à l'intérieur des lycées, donc ils sont dépendants de ce qui se passe physiquement avec l'ouverture ou pas des lycées. Ils restent dans un système d'enseignement à distance au moins jusqu'à début juin. Nous n'ouvrirons probablement pas la 2ème année de classe prépa de toutes les façons, mais pour les pour les 2 années de BTS et la première année de classe prépa, le sujet reste ouvert jusqu'à début juin.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Alors, bac et brevet, contrôle continu. Est-ce que l'oral de français en fin de première est maintenu ? L'épreuve est maintenue ? 

 JEAN-MICHEL BLANQUER 
 A ce stade oui, puisque nous considérons que ça reste possible, que dans la dernière semaine de juin les conditions sanitaires permettent de le faire passer. Vous savez, on peut tout à fait, en faisant passer un oral, respecter les gestes barrières, et toutes les recommandations qui sont faites. Et si nous avons maintenu l'oral jusqu'à présent c'est pour différentes raisons. La première, c'est qu'il n'y a pas de note de contrôle continu en oral de français dans la classe de première, donc on n'a pas de référence directe pour le contrôle continu. Et puis ensuite on veut avoir un point de repère pour les élèves, on veut qu'ils s'entraînent actuellement à travailler sur ces textes. On va d'ailleurs développer des ressources pédagogiques, on a déjà commencé à le faire d'ailleurs, pour que les élèves, avec leur professeur de français à distance, puissent se préparer à cet oral. Mais on pense que c'est bon pour eux de se préparer à cet oral. Ensuite, si en juin nous jugions que les conditions sanitaires ne le permettent pas, alors on transformerait ça en contrôle continu, en utilisant la note de français d'écrit, mais il est préférable de, quand on le peut, de maintenir un examen terminal, c'est-ce que certains pays d'ailleurs font. 

JEAN-JACQUES BOURDIN  
 Bien. Jean-Michel BLANQUER, un plan d'hygiène je le disais dans chaque établissement, que les parents pourront consulter, les locaux seront nettoyés, désinfectés. Qui devra porter un masque ? Les collégiens et tous les personnels des établissements scolaires, quel que soit l'établissement ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Oui, c'est ça. Tous les personnels doivent porter un masque, et s'en voit fournir un, donc nous sommes déjà organisés pour que ce soit le cas. Et s'agissant des élèves, ce que disait le Conseil scientifique, et cela aussi on le voit dans d'autres pays, c'est que quand les enfants sont petits, ça peut être contre-productif de les obliger à porter un masque. Néanmoins, il y aura des masques à disposition, au cas où ce serait nécessaire, par exemple si on voit des symptômes chez un enfant, il faut évidemment tout de suite prendre un certain nombre de mesures, dont le fait de mettre un masque, mais sinon c'est les collégiens à qui il sera aussi fourni un masque, s'ils ne sont pas venus avec de la part de leur famille, de façon à ce que, à l'âge du collège tout le monde ait un masque.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Les élèves et les enseignants à risque ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Alors, dès lors qu'on est à risque, on reste chez soi. Je le dis très clairement depuis le début, que l'on soit élève ou qu'on soit professeur. Donc si vous voulez, on doit être dans un système de bienveillance complète, le but n'est pas tellement d'être dans le juridique mais d'être plutôt dans le bon sens, dans le pragmatisme, donc, mais avec évidemment des éléments concrets, c'est-à-dire un professeur qui est vulnérable, qui a une vulnérabilité vis-à-vis du Covid, bien entendu reste chez lui, même si on a une personne vulnérable chez soi, c'est-à-dire si on est un professeur et qu'on a un parent par exemple diabétique, il faut rester chez soi, et à ce moment-là c'est du travail à distance, c'est-à-dire de l'enseignement à distance, qui est fait par ses professeurs là. Donc soit un professeur est présent physiquement, et il s'occupe des petits groupes qui sont là, soit il est resté chez lui, et dans ces cas-là il fait l'enseignement à distance, et c'est symétrique chez les élèves, soit un élève a été envoyé par sa famille, soit cet élève, par exemple pour des problèmes de santé, n'a pas été envoyé par sa famille, il est donc dans le travail à distance réalisé avec les professeurs qui sont dans le travail à distance. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Alors, enseignement à distance qui restera gratuit. Les internats vont-ils rouvrir ?  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Les internats doivent se conformer au protocole sanitaire que j'indiquais, donc il y a un chapitre sur les internats, qui relèvent là aussi des règles auxquelles on est maintenant habitué, notamment de distanciation physique, ce qui suppose qu'il ne peut pas y avoir trop de lits par exemple dans une même chambre. Donc certains internats ne pourront pas ouvrir parce qu'ils ne seront pas en situation de pouvoir répondre à ces règles. D'autres pourront, d'autres seront aménagés. On aura tous les cas de figures, mais le principe c'est de respecter le protocole sanitaire. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Alors, le Conseil… 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Vous savez, les internats, c'est comme la cantine, c'est un sujet, pardon, c'est un sujet social profondément, c'est pourquoi on cherche quand même… c'est une responsabilité des collectivités locales, mais en dialogue avec nous, et c'est avec elles que ces décisions… avec nous qu'elles prennent ces décisions ; mais on a maintenant les points de repère qui sont là pour éclairer la décision. 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Est-ce que les enfants devront apporter leur repas à l'école ? C'est ce que recommande le Conseil scientifique, Jean-Michel BLANQUER.  

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Alors, c'est une possibilité qui est ouverte. On va avoir là aussi tous les cas de figures. La question de l'alimentation, c'est-à-dire la question du déjeuner, elle est fondamentale, parce qu'il y a des.. Une des raisons pour lesquelles c'est important de rouvrir les écoles, c'est que pour certains élèves la cantine c'est fondamental dans leur vie alimentaire, et donc le Conseil scientifique a recommandé plutôt que les repas aient lieu dans la classe. Alors, dans d'autres endroits, la cantine peut tout à faire respecter les règles sanitaires, notamment si on organise les flux pour que ce soit des petits groupes qui aillent à la cantine, donc c'est forcément des horaires différents de ceux qu'on connaît habituellement. Je sais que certaines communes m'ont dit qu'elles étaient tout à fait capables d'organiser la cantine de cette façon-là, d'autres organiseront plutôt le fait de déjeuner dans la classe. Parfois on demandera aux élèves de venir avec leur propre boîte pour déjeuner, comme ça se passe dans certains pays, et là ce sera commune par commune, et ensuite école par école, que cela se décidera. Mais c'est important qu'un enfant puisse venir une journée entière, on n'encourage pas le système par demi-journée, qu'il puisse venir une journée entière et qu'il y ait une alimentation… 

JEAN-JACQUES BOURDIN   
J'allais vous poser la question sur le rythme de travail des enfants et des enseignants, l'organisation à l'intérieur même de l'établissement scolaire. Ça ne se fera pas par demi-journée, Jean-Michel BLANQUER. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Non, nous laissons beaucoup de souplesse, sur ce sujet-là nous laissons beaucoup de souplesse au terrain, c'est vraiment depuis le terrain que les choses se déterminent, ce n'est pas moi depuis mon bureau de ministre qui va décider des emplois du temps, de la manière… Par contre, il y a des choses qui sont recommandées et d'autres pas. Ce qui n'est pas recommandé, comme vous venez de le dire, c'est l'organisation par demi-journée, qui pose beaucoup de problèmes ensuite, par exemple de transport. Mais en revanche, les deux choses qu'on peut recommander c'est l'organisation soit d'un jour sur deux, soit par demi-semaine, soit même d'une semaine sur deux, et là c'est ce qui va se décider localement, sachant que ce que vous aurez très souvent, c'est une entrée par niveau, par exemple les CP et les CM2 en première semaine, ensuite d'autres niveaux qui viennent la semaine suivante, et puis vous aurez sans doute aussi parfois des groupes multiniveaux, pour tenir compte de l'accueil prioritaire de certains élèves, je pense aux élèves handicapés s'ils ne sont pas concernés par le niveau qui est rentré, je pense à des élèves qui ont des difficultés scolaires spécifiques pour lesquels on veut tout part clairement qu'ils rentrent prioritairement. Donc on aura comme ça à des critères qui font que certains élèves qui ne sont pas concernés par un niveau, qui ne sont pas du niveau, viendront quand même, parce qu'on se sera organisé pour pouvoir les recevoir et les mettre en au travail.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Est-ce qu'il y aura des aides ? Ce sera l'une de mes dernières questions, mais c'est une question qui revient très souvent sur RMC, des aides pour les parents qui doivent reprendre le travail et qui refusent de remettre leurs enfants à l'école ? Des aides de garde d'enfants par exemple. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Nous travaillons avec le ministère des Affaires sociales et les Caisses d'allocations familiales, pour des dispositifs de ce type. Mais maintenant, dans les cas vous avez une école ouverte et/ou un accueil organisé avec la mairie pour l'enfant, je pense que dans ces cas-là, cette aide ne marchera pas, mais par contre il peut y avoir des cas où on devra débloquer des aides spécifiques, ça fait partie des sujets qui sont travaillés.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Bien. Merci Jean-Michel BLANQUER, merci d'avoir été avec nous ce matin sur RMC et sur BFM TV. 

JEAN-MICHEL BLANQUER  
Merci à vous.  

JEAN-JACQUES BOURDIN   
Merci.  


Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 avril 2020