Texte intégral
PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Exceptionnellement Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez ce matin Jean-Michel BLANQUER.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le ministre de l'Education nationale. Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci d'être sur LCI ce matin. On a évidemment énormément de questions à vous poser après la décision extrêmement spectaculaire qui a été annoncée par le président de la République hier, la plus spectaculaire d'ailleurs de toutes les décisions concernant la riposte française face au coronavirus, elle concerne l'école. C'est votre rayon si je puis dire de façon familière. Le président a décrété que toutes les classes, quel que soit le niveau, seraient fermées à partir de lundi jusqu'à nouvel ordre. Jean-Michel BLANQUER, toutes les classes : maternelles, primaires, collèges, lycées, universités sans exception ? Sans aucune exception ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est sans exception. Ça ne signifie pas d'ailleurs que le lieu est fermé, ça veut dire parce qu'il y a une permanence pédagogique qui est assurée. Déjà aujourd'hui, les élèves y vont. La journée d'aujourd'hui est très importante parce que c'est la journée où on va communiquer aux uns et aux autres la façon dont les choses vont se passer à partir de lundi Les élèves et leurs familles vont recevoir un lien Internet pour se connecter à l'enseignement à distance. Un lien personnalisé.
ELIZABETH MARTICHOUX
Aujourd'hui ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Aujourd'hui même, oui. Ils auront la méthodologie pour travailler au cours des prochaines semaines. On assure une permanence des lieux. Par exemple les chefs d'établissement continueront à être dans leurs établissements évidemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les enseignants seront tenus d'aller à l'école ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, les enseignants la plupart du temps seront chez eux. Ils pourront peut-être parfois passer dans les établissements, l'objectif étant parfois de communiquer des choses à différents interlocuteurs, notamment les parents d'élèves. On a des situations qui peuvent être différentes. L'association d'une petite école rurale n'est pas la même que celle d'un grand lycée urbain. Mais ce qui est certain, c'est que chaque famille sera contactée par e-mail au minimum, souvent il y aura des contacts téléphoniques de la part des chefs d'établissements, de la part des directeurs d'école et toute cette méthodologie va se définir au cours des prochaines heures, puisque nous avons communiqué au rectorat les différents éléments et nous sommes préparés à cette crise depuis maintenant plusieurs semaines, vous le savez, aussi bien au travers de l'enseignement à distance qu'au travers de l'ensemble des modalités d'organisation.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, on va y revenir. Ce que vous nous dites, c'est que les tous les parents sans exception devront être contactés par Internet via leur boîte e-mail. S'ils n'ont pas Internet, par téléphone ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Voilà, exactement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que ça existe…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a une petite proportion, j'imagine, de familles qui quand même…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est environ 5 %.
ELIZABETH MARTICHOUX
5 %. Donc celles-là le seront par téléphone. C'est ce que vous allez dire tout à l'heure aux recteurs que vous réunissez ce matin, c'est ça ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. En réalité, ça ils le savent déjà puisque nous nous sommes préparés à cette crise. Vous savez, il y a déjà plusieurs académies qui sont dans cette situation : l'académie d'Amiens avec l'Oise, l'académie de Strasbourg avec le Haut-Rhin, l'académie de Rennes avec le Morbihan, l'académie de Grenoble avec la Haute-Savoie, l'académie de Montpellier avec Montpellier, l'académie de Corse aussi. Toutes les académies que je viens de citer étaient déjà dans ce type de modalités pour une partie de leur territoire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais là, on passe à une autre échelle, Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On passe à une autre échelle exactement. On était à environ 450 000 élèves jusqu'à aujourd'hui ; on va passer donc aux 12 millions d'élèves que compte la France qui sont concernés.
ELIZABETH MARTICHOUX
12 millions d'élèves en tout. D'ailleurs si on compte aussi les personnels, ils sont très nombreux, si on compte les enseignants, si on compte les universités, combien de personnes sont touchées par cette décision en France ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Si vous voulez, les élèves en réalité c'est un peu plus que 12 millions, c'est un peu plus de 12,5, si vous ajoutez les personnels et que vous additionnez aussi ceux des collectivités locales qui travaillent, ça fait environ un million et demi donc vous arrivez à 14 millions. Si vous ajoutez le monde universitaire, ça fait environ 3 millions donc on est autour de 17 à 18 millions de personnes qui sont concernées par la décision.
ELIZABETH MARTICHOUX
Par la décision du président hier. Tout le monde est concerné, privé et public, quel que soit le niveau. Quand les jeunes sont majeurs, par exemple dans les universités, c'est le cas, ça peut être aussi le cas souvent dans les lycées, dans les classes préparatoires etc, ça je joue pas du tout ? Eux aussi, ils n'ont plus cours ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, ils sont concernés. Alors pour les classes préparatoires, nous allons définir cela aujourd'hui. Nous consultons les chefs d'établissement et les recteurs pour voir ce que nous ferons s'agissant des classes préparatoires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour les raisons que vous venez de dire, c'est-à-dire qu'on parle on parle d'adultes, notamment sur les modalités d'organisation. Bien sûr, la mesure dite par le président s'applique aussi aux classes préparatoires et nous devons voir comment les lycées vont organiser la continuité pédagogique spécifique des classes préparatoires.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Mais une classe préparatoire dans un lycée, tous les jeunes du lycée restent chez eux, la classe préparatoire – imaginons juste une quarantaine d'élèves, ça arrive – elle aussi, elle est concernée par le fait de ne pas venir. Il n'y aura pas…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Elle est concernée mais elle n'est pas concernée par le dispositif Ma classe à la maison qui vaut jusqu'à la classe de terminale.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce que vous dites c'est que pour eux…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est que tout ce qui concerne l'enseignement supérieur, et en l'occurrence vous parlez des classes préparatoires : on pourrait parler des BTS, nécessite des modalités particulières qui sont définies…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour la continuité.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour la continuité pédagogique.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pédagogique. Jusqu'à nouvel ordre.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Jusqu'à nouvel ordre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Jusqu'à nouvel ordre. Ça nous mène où ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, l'expression « jusqu'à nouvel ordre » est une expression que nous utilisons beaucoup aujourd'hui puisque nous devons, face au virus, avoir une souplesse, une adaptabilité pleine et entière. Donc c'est ça signifie que c'est en fonction de l'analyse par les scientifiques, par les médecins de l'évolution de l'épidémie que nous pourrons ajuster ce calendrier. Je pense que…
ELIZABETH MARTICHOUX
Le critère précisément, ce sera quoi pour décider la reprise des cours ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est le taux de contamination. C'est ce taux de contamination qui hier a fait que les scientifiques ont incité à ce que le président de la République prenne cette décision. Ils ont estimé qu'il fallait dans cette stratégie générale que nous avons depuis le début, qui est non pas d'empêcher le virus parce que c'est impossible de l'empêcher, mais de le freiner c'est-à-dire de réguler sa vitesse. Parce que je vous rappelle que la stratégie, c'est de réguler la vitesse du virus qui va passer par bon nombre d'entre nous, mais de faire en sorte que ça ne passe pas par tout le monde en même temps, parce qu'à ce moment-là ça crée des pics de malades qu'on aura des difficultés à soigner parce qu'ils sont trop nombreux en même temps. Donc toute la stratégie consiste à bien étaler le passage du virus, et c'est ce que nous avons fait jusqu'à présent en ciblant les territoires les plus concernés. Maintenant que ç'a augmenté d'un cran pour toute la France, nous appliquons cette mesure de fermeture d'écoles, collèges et lycées pour toute la France de façon à maintenir au plus bas possible le taux de contamination de ce mois de mars. Donc ce qu'on peut imaginer, c'est que ceci va nous mener au moins jusqu'aux vacances de printemps, cette fermeture des écoles, collèges et lycées.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est-à-dire début avril.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Qui commencent début avril pour la première zone concernée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et qui s'étalent sur quatre semaines.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et qui s'étalent sur quatre semaines puisque, vous savez, c'est deux semaines les vacances de printemps et puis ensuite vous avez une deuxième zone qui est à cheval sur les deux premières et puis ensuite une troisième.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ça fait quatre semaines en tout pour les trois zones.
JEAN-MICHEL BLANQUER
En tout ça fait quatre semaines, tout à fait. Et donc c'est ce qu'on peut concevoir en ce moment mais, bien entendu, je repréciserai ça au cours des temps qui viennent en fonction de l'évolution de la situation sanitaire et de ce que nous dirons les autorités du Ministère de la Santé.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous, vous avez un objectif ? En tant que ministre de l'Education nationale, est-ce que vous vous dites « on va regarder l'épidémie, bien sûr ce sont les scientifiques qui vont décider. OK. Mais reprendre l'école après les vacances de Pâques… »
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce serait éminemment souhaitable évidemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce serait souhaitable.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est évidemment mon rôle que de m'assurer d'une continuité et d'une force du service public. Ceci étant, il faut bien dire que nous n'entrons pas dans une période de vacances là.
ELIZABETH MARTICHOUX
On va y venir. Juste encore sur le calendrier. Il y a des concours déjà début avril.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, tout à fait.
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui tombent pendant les vacances.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ces concours de l'Education nationale parfois très important, qu'est-ce qui se passe ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors c'est aujourd'hui que je prendrai les décisions au cas par cas sur chacun des concours concernés. Je les prendrai d'ailleurs avec la ministre de l'Enseignement supérieur puisque nous sommes tous les deux concernés par un par un tel sujet. Ma position sur ce point est d'essayer au maximum de préserver les concours et les examens pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'il s'agit de jeunes adultes en réalité, donc on n'a pas les mêmes raisons de fermer que pour les écoles, puisque là il s'agit d'empêcher que les enfants qui sont des vecteurs se déplacent trop. Donc ça, c'est une raison d'ailleurs suffisante. La deuxième raison, c'est celle que vous avez dite dans votre question. C'est que c'est très important pour les personnes concernées : ils ont travaillé toute l'année même souvent plus.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui. Ils peuvent peut-être passer un concours cette année et ils ne le pourront pas l'année prochaine.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. C'est tout à fait juste de dire ça. Et donc c'est pour cette raison que je vais faire mon maximum pour maintenir au maximum les concours qui sont prévus. Simplement, c'est au cas par cas que nous communiquerons aux intéressés ce qui ce qui se passe.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le plus vite possible.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et le plus vite possible.
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore une fois, c'est dans quinze jours.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est dans la journée d'aujourd'hui qu'évidemment ces décisions vont s'affirmer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Votre confrère de la Santé Olivier VERAN vient de dire au minimum quinze jours, les fermetures d'écoles, c'est-à-dire jusqu'au début des vacances de Pâques au minimum.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est ça, c'est que je vous disais.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous, vous dites c'est souhaitable que ça reprenne après les vacances de Pâques, c'est-à-dire fin avril-début mai.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est souhaitable mais nous sommes dépendants évidemment de ce que nous dirons les autorités de santé. Depuis le début, je me cale sur le Ministère de la santé et donc sur Olivier VERAN actuellement.
ELIZABETH MARTICHOUX
On a bien compris que pour les concours, vous allez donc décider dans les heures, dans les jours qui viennent pour ceux qui sont très proches de nous, pour le bac. Est-ce qu'il y a un scénario qui dit que le bac pourrait être annulé ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors le scénario privilégié, c'est le déroulement normal du baccalauréat. C'est évidemment le scénario privilégié. Maintenant on peut avoir d'autres scénarios. Nous travaillons sur ceux-là actuellement de façon à parer à toutes les éventualités. Mais au moment où je vous parle, le scénario principal c'est évidemment le passage normal du baccalauréat. Ce que je tiens à dire, c'est que ça vaut pour la préparation du baccalauréat comme pour le reste, c'est qu'encore une fois nous ne sommes pas en vacances.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui alors comment on assure la continuité des cours ? Parce qu'il y a une plateforme sur Internet en ligne qui est à disposition des élèves, elle pouvait absorber 6 millions d'élèves, vous nous avez rappelé, il y en a 12 millions, vous n'est pas prêts ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors si, nous sommes prêts, je suis allé hier à Poitiers, d'ailleurs j'étais une bonne partie de la journée au CNED à Poitiers pour regarder avec les responsables du CNES où nous en étions, désormais c'est 3 fois 5 millions de connexions qui sont possibles puisque vous en avez 5 pour l'école primaire, 5 millions pour le collège et 5 millions pour le lycée. Donc nous sommes en train de monter en puissance et nous avons commencé à le faire ces derniers jours pour assumer un grand nombre de connexions.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous le dites ce matin, il n'y aura pas de saturation ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non il n'y aura pas de saturation, bien sûr nous sommes vigilants , vous savez dès qu'on parle de questions informatiques, il y a beaucoup d'enjeux techniques et beaucoup d'enjeux de sécurité parce que vous avez des notamment des hackers nationaux ou internationaux qui attaquent ce genre de programme mais bon nous avons un système de sécurité qui est, je crois, bon ; c'est dans ces moments-là qu'on voit que c'est bien d'avoir un grand service public de l'Education nationale avec un bel opérateur comme le CNED, avec vous savez, un réseau qui s'appelle RENATER sur lequel vous fonctionnez. En général, on n'en parle pas mais ça fait partie de ces structures robustes du système public français. Eh bien, nous nous reposons sur cela mais bien entendu, nous sommes très vigilants parce qu'on n'est jamais à l'abri de problèmes de sécurité informatique.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous disiez vous-même, il y a 5% des familles qui ne sont pas connectées à Internet, qu'est ce qui se passe pour elles ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien encore une fois, un contact personnalisé a lieu quoiqu'il arrive. Ensuite chaque fois que c'est possible, nous prêtons du matériel aux familles concernées. Donc vous savez, nous avons du matériel dans les établissements qui est fourni par les collectivités locales, qui ont fait beaucoup d'efforts ces dernières années pour cela, souvent soutenues par l'Etat aussi. Donc des tablettes seront données, des connexions seront prêtées pour que les élèves puissent travailler même s'ils n'ont pas de tablettes chez eux.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour ceux qui ne sont pas outillés l'école, l'Education nationale fournira le matériel ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Avec les collectivités locales parce que c'est une compétence qu'exercent déjà les collectivités locales. Je tiens à souligner, j'aurai de nouveau aujourd'hui au téléphone ou même je verrai les responsables des grandes associations, d'élus, donc l'Association des maires de France, l'Association des départements de France et des régions de France, je tiens à vraiment, à les remercier pour leur tonalité depuis le début de cette crise, c'est-à-dire, on est dans une atmosphère d'union nationale pour travailler ensemble, l'Education nationale et les collectivités locales pour faire face à cela. Et nous l'avons déjà commencé à bien le faire dans les territoires qui sont déjà concernés depuis de nombreux jours.
ELIZABETH MARTICHOUX
Justement, un service de garde sera mis en place région par région, ce sont les mots du président hier soir pour que les personnels indispensables à la gestion de la crise puissent faire garder leurs enfants et travailler, c'est-à-dire région par région un service de garde ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui notre objectif …
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce qu'il y a beaucoup de parents qui ce matin se retrouvent avec cette nouvelle lundi matin, ils ne savent pas comment s'organiser.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr et je les comprends très bien et c'est évidemment même à eux que je m'adresse tout particulièrement en étant conscient des difficultés que cela va leur poser. Nous accompagnons tout cela d'abord pour l'ensemble des parents, vous savez que les mesures sociales qui ont été prises dès le début de la crise et qui permettent d'une part le télétravail mais aussi éventuellement d'être absent du fait de la maladie, du fait de la garde de l'enfant ne vont pas générer de pertes financières pour les parents. Donc un parent peut rester à la maison pour s'occuper d'un enfant, je pense qu'il y aura beaucoup de formules où un parent restera avec plusieurs enfants du voisinage.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous l'encouragez, vous dites un appel à la solidarité ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. Vous savez dans ce genre de moment, c'est à la fois une mobilisation des pouvoirs publics, l'Etat, les collectivités locales …
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas dangereux ça par rapport au coronavirus ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais la mobilisation de la société.
ELIZABETH MARTICHOUX
…confier ses enfants …
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, vous savez les enfants, les enfants sont vecteurs, c'est vrai mais ça dépend de l'âge de la personne qui s'en occupe. Encore une fois, c'est surtout les personnes les plus vulnérables qui sont aujourd'hui… auxquelles nous prêtons une attention toute particulière pour ce pour ce coronavirus. Donc là il faut beaucoup de …mais dans toutes les interactions que nous avons, que ce soit avec les enfants ou avec l'ensemble des personnes que nous croisons dans une journée, les fameux gestes barrières doivent être appliqués. Partout ça, il faut les rappeler en en permanence, les parents le font bien sûr, se laver les mains en particulier, ne plus s'embrasser …
ELIZABETH MARTICHOUX
Un service de garde, Monsieur le ministre, un service de garde sera mis en place région par région, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ce sont les régions administrativement qui doivent mettre en place des services de garde pour tous ceux qui sont infirmières, médecins ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non, c'est nous l'Education nationale qui le faisons.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est vous ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
En lien bien sûr avec les régions, les départements et les communes.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais c'est l'Education nationale qui va mettre en place ces services de garde ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, nous sommes dans notre responsabilité de le faire mais avec les collectivités locales, c'est toujours ensemble, vous savez, puisque les collectivités locales ont en charge les bâtiments qui restent ouverts, nous ne fermons pas et puis nous nous avons charge les personnels et l'activité. Donc c'est à ce croisement que va se faire ce service.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous pouvez nous donner un exemple de ce que ça peut être ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui bien sûr puisque nous avons déjà travaillé à ça tout au long des derniers jours, par exemple dans l'académie de Montpellier, la rectrice a préparé à proximité de l'hôpital la possibilité de recevoir les enfants des infirmiers, des infirmières, des aides-soignants, des médecins, bref des personnels nécessaires là encore de façon très pragmatique. Vous aurez parfois des classes multi-niveaux mais vous savez d'un mal peut naître un bien parfois, c'est-à-dire que toute cette crise que nous avons à traverser d'abord, elle doit montrer la résilience et le civisme dans la société française, ce n'est pas qu'un sujet de l'Etat, c'est le sujet de nous tous au quotidien dans notre façon de réagir. C'est dans des moments exceptionnels que aussi bien les individus que les groupes et que la nation se prouvent à eux-mêmes qu'ils savent faire face, c'est ce que nous sommes en train de faire, tous collectivement, nous nous les Français. C'est ce qui va se passer au quotidien sur ce point. Dans l'exemple que je vous donne, on voit bien qu'il y a aussi des nouvelles pratiques qui vont naître, il va y avoir des nouvelles façons de faire, une nouvelle relation parents / professeurs parce que les professeurs, les parents vont recevoir plus que d'habitude de l'information de la part de nous Éducation nationale, on va converger entre parents et professeurs autour de l'intérêt de l'enfant qui est de continuer à travailler. Tout ceci …
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un peu un monde idéal que vous nous décrivez mais peut-être que ça se produira ! Deux questions très précises, des réponses brèves. Un conseil aux parents ce matin du ministre de l'Education nationale, prendre contact, faire quoi ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est surtout la sérénité autant que possible, je sais bien qu'il y a des problèmes très concrets qui se posent aux uns et aux autres mais en tout cas, s'agissant de la continuité du travail de l'enfant, chaque parent sera contacté par l'Education nationale et pourra se connecter à « ma classe à la maison ». Ça, c'est l'élément concret que je veux leur dire d'abord et avant tout parce que, encore une fois, les enfants doivent continuer à travailler et même profiter de cette période pour travailler plus en autonomie et être capable de travailler aussi selon de nouvelles modalités.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est déjà un choix politique ; c'est un choix du président. On ne ferme pas les commerces, on ne ferme pas les cafés, la vie économique continue, l'école s'arrête. C'était votre choix ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Moi, j'ai souhaité qu'on retarde le plus possible une telle éventualité, je savais que nous allions arriver à des fermetures massives, nous y sommes arrivés par paliers et donc ce que j'avais prévu précédemment, c'était qu'il y ait …
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous auriez préféré l'éviter pour tout dire, c'est ce que vous nous aviez dit ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense que tout le monde …
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ce que vous nous aviez dit sur LCI il y a quelques jours !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Tout le monde.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça n'aurait pas de sens de fermer l'école, vous l'aviez dit textuellement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'était la stratégie fixée par les scientifiques eux-mêmes dans un document qui date de 2011 et qui préparait une épidémie comme celle-ci. Simplement il faut être pragmatique aussi c'est-à-dire les mêmes scientifiques constatent aujourd'hui que c'est une mesure barrière nécessaire pour faire face à l'accélération de l'épidémie et évidemment nous nous rangeons derrière l'avis des scientifiques.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un défi énorme pour l'Education nationale ; vous allez le relever ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. Nous allons prouver que nous sommes une belle et grande Maison dont les Français peuvent être fiers !
ELIZABETH MARTICHOUX
« Le mammouth » va pouvoir bouger ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous ne devons plus l'appeler ainsi. J'ai utilisé d'autres mots. Je pense qu'il y a une souplesse, une réactivité, un engagement des professeurs et des personnels qui est à souligner que je connais bien que je vois toujours et tous les Français vont le voir.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous !
ELIZABETH MARTICHOUX
D'avoir été ce matin sur LCI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mars 2020