Interview de M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, à LCI le 18 mars 2020, sur la mise en place du confinement et les consignes à respecter.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX

Bonjour Olivier VERAN.

OLIVIER VERAN
Bonjour.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et merci beaucoup à vous Monsieur le ministre de la Santé d'être ce matin en direct sur LCI. Vous imaginez qu'après presque 24 heures de confinement, de plan exceptionnel qui vient de s'imposer à la France, énormément de questions, énormément de sujets de préoccupations, notamment des Français, on va les relayer bien sûr auprès de vous, mais d'abord une question plus générale. Avec ce confinement, encore une fois complètement exceptionnel, inédit, est-ce que vous pouvez nous dire ce matin que c'est ce dispositif qui va permettre d'éradiquer l'épidémie ?

OLIVIER VERAN
Je peux vous dire que c'est ce dispositif, cette sensibilisation des Français, le fait de rester chez soi, le fait de réduire les contacts sociaux, le fait de supprimer tout ce qui est inutile, et de limiter même ce qui paraissait indispensable aux Français il y a encore 24 heures, c'est ce dispositif de confinement, généralisé dans tout le pays, qui est le seul moyen de réduire la circulation du virus, oui. Très simplement, pourquoi ? parce que le virus il a ses caractéristiques qui lui sont propres, sa capacité à être contagieux, et la durée pendant laquelle il est contagieux, et le dernier paramètre qu'on peut mobiliser pour réduire une épidémie, c'est le nombre de personnes avec lesquelles on va être en contact quand on est contagieux, et c'est ce nombre de personnes avec lesquelles on est en contact, qui lorsqu'il est réduit très fortement, drastiquement, on estime qu'en général un Français va être en contact avec 50 personnes par jour, moi je dis si on arrivait à l'objectif d'être en contact avec 5 personnes maximum par jour, évidemment quand il y a des familles qui sont nombreuses, ou évidemment quand on va être au travail avec des personnes qui vont travailler pas trop loin de nous, on peut être un peu au-dessus, mais l'objectif que doivent se fixer les Français c'est de limiter le plus possible leurs contacts, là, dans ce cas-là on y arrive, ça met un peu de temps pour couper l'épidémie, mais ça coupe l'épidémie, ça a été le cas en Chine, ce sera le cas en Italie, ce sera le cas dans tous les pays qui, à l'instar de la France, mettent en place ces mesures courageuses, difficiles, mais nécessaires.

ELIZABETH MARTICHOUX
On va y revenir justement sur les comparaisons, mais est-ce que vous avez des retours d'abord, vous Monsieur le ministre, des retours à l'échelle nationale, sur le fait que les consignes sont respectées totalement, complètement ou imparfaitement ?

 OLIVIER VERAN
J'ai eu deux types de retours, des retours hier matin de personnes que je connais, qui m'envoyaient des messages pour me dire les Français n'ont pas compris, les gens sont dans les rues, les voitures circulent partout, et puis il y a eu midi, et il y a eu l'après-midi, et là, parfois, ces mêmes personnes m'envoyaient des messages pour dire, là les gens ont compris. Alors, bien sûr il y a des situations où ça ne fonctionne pas suffisamment, et nous allons intervenir partout, en lien avec Christophe CASTANER, le ministre de l'Intérieur, pour faire respecter ces mesures de confinement, parce qu'elles s'imposent à tous et qu'elles sont nécessaires pour tous. Mais, je regarde par la fenêtre de mon ministère ce matin, Paris n'a plus rien à voir avec le Paris qu'on a connu hier, avant-hier, et donc je crois sincèrement que les Français ont compris, ont accepté, et sont pleinement en conscience responsables dans cette situation grave pour notre pays.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous dites la prise de conscience ça y est, nous y sommes, cela dit les Français ne comprennent pas encore tout, je vais relayer quelques questions très simples, je vous demande des réponses très courtes, mais bon par exemple, les marchés restent ouverts, Olivier VERAN, est-ce que c'est logique ?

OLIVIER VERAN
Les marchés, où on peut aller chercher à manger, doivent pouvoir continuer de fournir de la nourriture aux personnes, cela étant, les marchés où on voit des foules, les marchés avec beaucoup d'étals, les marchés où il y a autre chose que de l'alimentaire, sont amenés à fermer.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ils sont amenés à fermer dans quel délai, maintenant, tout de suite ?

OLIVIER VERAN
A mesure qu'on constate qu'il y a des rassemblements de personnes en trop grand nombre, qu'il y a des contacts rapprochés des gens dans la rue, quel qu'en soit le motif, nous sommes amenés à prendre des décisions, ce sont les préfets qui ont autorité pour prendre ces décisions de fermeture.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc il va y avoir des décrets, préfectoraux, qui vont progressivement fermer les marchés sur lesquels on voit des rassemblements, c'est assez inévitable dans un marché, Monsieur le ministre.

OLIVIER VERAN
C'est assez inévitable, quand on voit des images avec 150, 200 personnes, je crois que les Français ne le comprennent pas et les épidémiologistes non plus. Partout où vous avez des foules qui sont encore rassemblées, quels qu'en soient les motifs, partout où il est impossible de faire respecter une distance de 1 mètre entre 2 personnes, il faut intervenir.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc les règles vont être ajustées au fur et à mesure de leur efficacité, d'après ce que ce que je comprends. Autre question, on a le droit d'aller courir, par exemple en Italie le confinement ne l'autorise pas, nous on a un confinement, si me permettez l'expression, un petit peu plus light que les Italiens, or on voit bien qu'en Italie l'épidémie elle continue de progresser dans des proportions qui restent très inquiétantes, donc là encore, où est-elle la logique ?

OLIVIER VERAN
Elizabeth MARTICHOUX, d'abord vous dire que entre le moment où on met en place un confinement et le moment où l'épidémie s'arrête, il y a un délai incompressible, un délai minimum, ce délai il va être de 8, 10, 12, 14 jours, nous verrons, mais il est absolument indispensable, parce que vous avez une période qu'on appelle la période d'incubation, qui est la période pendant laquelle vous êtes porteur du virus, parfois sans le savoir parce que vous n'avez pas de symptômes, et la période de transmission, et c'est lorsque nous aurons atteint, avec les mesures de confinement, ces deux périodes, que nous serons pleinement efficaces. donc c'est normal, il ne faut pas que les Français s'inquiètent davantage de voir le nombre de malades augmenter, en France, comme en Italie, comme en Espagne, comme dans tous les pays qui ont mis en place des mesures drastiques de confinement des populations pour limiter l'épidémie, ça prend du temps, nous le savons, et tout cela les experts nous le disent. vous parliez de la question de l'effort physique qu'on est capable de faire à l'extérieur de chez soi, aller faire un peu de course à pied, un peu de footing, à l'extérieur de chez soi, lorsqu'on est seul, ce qui est important c'est de ne pas être en contact, ce qui est important c'est de ne pas leur renouveler à l'excès, mais nous craignons aussi que des personnes qui ont besoin de faire un peu d'exercice physique pour leur propre santé, n'aient pas la possibilité de le faire chez eux, et donc c'est une dérogation qui a été accordée aux règles de confinement. mais encore une fois, il ne s'agit pas d'aller courir avec des amis, même en étant à 1 mètre de distance, il ne s'agit pas d'aller courir une heure dehors, il s'agit de se dire si on a besoin de se dégourdir un peu les jambes, d'aller dans la périphérie immédiate de chez soi, dans son pâté de maisons, il faut l'entendre comme cela.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc on voit bien que vous êtes un peu sur une ligne de crête, et vous verrez, vous ajusterez dans le fond, dans quelques jours, vous nous avez dit 8, 10, 12 jours, éventuellement des mesures plus drastiques si les chiffres l'imposent, c'est ça ?

OLIVIER VERAN
Non, je n'ai pas dit dans 8, 10, 12 jours des mesures plus drastiques, non… Nous sommes arrivés, à l'état des mesures actuelles en France, au niveau des mesures telles qu'elles ont été prises dans tous les pays qui ont mis en place du confinement généralisé, nous sommes au niveau de tous les pays qui ont mis en place des mesures de confinement généralisé. Ce qui, dans 8, 10, 12 jours, est à observer, est à attendre, est à espérer, et arrivera, c'est une inflexion de la courbe de l'épidémie, c'est-à-dire une réduction du nombre de malades, et ensuite les choses peuvent aller vite. Mais, je ne dis pas aujourd'hui que dans1 2 jours nous serons venus à bout de l'épidémie, je dis qu'il y a un délai entre le moment où vous prenez une décision et le moment où l'impact sur l'épidémie est mesurable, c'est ce que nous disent les scientifiques.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et c'est à ce moment-là, on va en reparler, que vous ajusterez éventuellement votre politique. Une question encore, très pratique, et elle revient depuis des jours et des jours. Sibeth NDIAYE, la porte-parole du gouvernement, a encore répété hier, je cite, « les Français ne pourront pas acheter de masques dans les pharmacies car ce n'est pas nécessaire si l'on n'est pas malade. » Cette affaire de masques, encore une fois il y a une grosse incompréhension, pardon Monsieur le ministre, mais si je suis une malade qui s'ignore, ce qu'on appelle un porteur sain, et que je m'adresse à une personne qui elle-même n'a pas de masque, je risque de lui transmettre une infection sans le savoir, est-ce qu'il ne vaudrait mieux pas que je porte un masque par principe de précaution ?

OLIVIER VERAN
Ce qu'il ne vaudrait mieux pas, Elizabeth MARTICHOUX, c'est que je m'adresse à une autre personne, le confinement c'est la restriction de la vie sociale, le meilleur moyen de limiter le risque de transmettre le virus à quelqu'un, c'est de ne pas être en contact avec cette personne, c'est tout l'objet du confinement généralisé. La question des masques, elle est complexe, elle est complexe à comprendre, elle est complexe à expliquer, elle est complexe à gérer, je comprends parfaitement les questions qui sont tout légitimes. D'abord dire que les masques ils sont indispensables pour les soignants dans les hôpitaux, en ville, que ces masques, dans les hôpitaux, ils sont acheminés au fur et à mesure des besoins, avec parfois des pics de consommation qui entraînent un délai… oui ?

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu'ils sont arrivés ? On a entendu le président lundi soir dire qu'ils devraient arriver en priorité dans les 25 départements, de façon massive, les FFP2 je crois, l'appellation contrôlée de ces masques qui sont nécessaires aux professionnels de santé, est-ce qu'ils sont arrivés ?

 OLIVIER VERAN
Dans 27 départements dans lesquels l'épidémie est la plus active, des masques chirurgicaux et des masques FFP2, ont été livrés, répartis dans les pharmacies d'officine, la répartition peut continuer ce matin bien sûr, mais ils y sont arrivés hier après-midi dans 27 départements et sont en train d'arriver dans tout le territoire national aujourd'hui, donc d'ici à ce soir ou demain l'ensemble des professionnels pourront aller chercher leurs masques de protection dans leur pharmacie d'officine. Cette fois-ci c'est bon, je comprends parfaitement l'impatience, encore une fois totalement légitime, de ceux qui nous soignent et qui ont besoin d'être armés pour pouvoir se protéger eux-mêmes de la maladie, je le redis les masques sont précieux, les masques ne sont pas légion dans notre pays, ni d'ailleurs dans le reste de l'Europe, ni d'ailleurs même en Chine, qui est pourtant le premier producteur au monde, tant la consommation de masques a bondi. Il y a eu des réflexes, sur lesquels je ne reviens pas, des premières semaines où il y a eu des mouvements de population pour aller chercher tous les stocks de masques qui étaient disponibles dans les territoires, nous respectons scrupuleusement les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, nous équipons de masques les soignants en priorité, nous équipons de masques les malades lorsqu'ils sont dans les secteurs de fragilité, comme des EHPAD ou des hôpitaux, et les personnes malades lorsqu'elles sont à domicile peuvent se voir prescrire des masques. Porter un masque en population générale, je vous le dis, je ne bouge plus de mon ministère, vous l'avez vu, nous nous appliquons à nous-mêmes le confinement généralisé, mais j'étais encore avant-hier sur certains plateaux, ou dans certains services publics et privés, je voyais des gens qui étaient eux-mêmes équipés de masques alors même que des médecins en ville n'en avaient pas. Il faut être cohérent, ces masques sont précieux, on en a besoin pour nos soignants, ils arrivent, et nous avons un stock national de 110 millions de masques chirurgicaux, 110 millions c'est beaucoup, et pas beaucoup, parce que nous avons besoin de tenir sur plusieurs semaines.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, on va parler de la situation dans les hôpitaux, Monsieur le ministre. D'abord on a vu des images, ces derniers jours, dans des services de réanimation avec des personnels soignants qui n'avaient pas d'équipements, ou des équipements de fortune, qu'ils ou elles devaient se fabriquer elles-mêmes, ça paraissait, pardon, mais totalement scandaleux. Est-ce que ça existe, est-ce que vous le confirmez, est-ce que vous y apportez évidemment réparation ?

OLIVIER VERAN
Contrairement à la médecine de ville, où la logistique a été complexe et il a fallu en passer par des réseaux de distribution exceptionnels pour pouvoir les délivrer dans de bonnes conditions dans les pharmacies d'officine, et surtout vérifier qu'il n'y ait pas de pertes en ligne, de vols, d'achats inconsidérés, etc. Dans le secteur hospitalier, lorsqu'un hôpital n'a plus le stock de masques disponible il fait état de cela à son Agence régionale de santé, ou au ministère de la Santé, et se voit livrer sans délai. donc j'ai vu des scènes, comme vous, où des équipes n'étaient pas équipées de matériel de protection, ce n'est pas normal, ce n'est pas acceptable, je suis absolument navré pour les équipes qui ont autre chose à faire que risquer leur propre santé, parce qu'on en a besoin, comme on dit d'ailleurs dans le domaine des pompiers, se protéger soi-même pour pouvoir protéger les autres plus longtemps et dans de meilleures conditions, mais je le dis, la logistique de distribution des masques dans les hôpitaux elle répond à une logistique parfaitement maîtrisée, parfaitement huilée, et normalement un hôpital ne doit pas manquer de matériel de protection, donc j'invite chaque directeur d'hôpital qui est en difficulté, ou qui estiment qu'il pourrait rencontrer des difficultés, à appeler directement au ministère, s'il le faut.

ELIZABETH MARTICHOUX
Directement au ministère, ce n'est pas seulement les masques d'ailleurs, c'est l'ensemble de l'équipement que je voulais évoquer.  

OLIVIER VERAN
Elizabeth MARTICHOUX, ce n'est pas la procédure, la procédure c'est de faire appel aux services de distribution classiques, qu'on a ici avec la Direction générale de la santé et à l'ARS, mais s'ils rencontrent vraiment une difficulté, qu'ils n'hésitent pas à me le faire savoir. C'est important vous savez… tous les jours j'appelle des hôpitaux, tous les jours j'appelle des agences régionales de santé… je ne vous donnerai pas mon téléphone.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, grosse angoisse par exemple aux Etats-Unis, sur le nombre de respirateurs, il y en a seulement 160.000 aux Etats-Unis, et là-bas, compte tenu évidemment de la massification de l'épidémie, c'est une angoisse terrible. En France, est-ce qu'on a suffisamment de respirateurs, c'est-à-dire des appareils de respiration artificielle indispensables à la réanimation ?

OLIVIER VERAN
La question de, a-t-on suffisamment, vous imaginez bien qu'elle appelle une autre question, c'est quels seront les besoins ? Nous faisons de projections pluriquotidiennes, c'est-à-dire que plusieurs fois par jour nous faisons le tour des réanimations de l'ensemble du territoire national pour regarder combien de lits sont libres, combien de lits sont libérables, donc c'est pour ça que nous avons arrêté toute l'activité programmée dans tout ce qui se fait à l'hôpital public ou privé dans notre pays, par anticipation, pour ne pas se retrouver, dans l'urgence, obligés de prendre ces décisions-là. Nous avons anticipé cela, ce qui nous permet d'avoir un pilotage en temps réel du nombre de lits de réanimation, et lorsqu'il y a une saturation dans un territoire, c'est cas dans le Grand-est, eh bien nous faisons même une évacuation, un transfert de malades de réanimation, vers des hôpitaux dans lesquels il y a moins de saturation. Hier des premiers patients ont été héliportés, transférés, par hélicoptères de Mulhouse…

ELIZABETH MARTICHOUX
On a vu les images ce matin sur LCI d'ailleurs.

OLIVIER VERAN
Vers d'autres hôpitaux. On a même la possibilité d'avoir un train sanitaire qui est capable de transporter jusqu'à 15 à 20 malades dans le coma, avec un tuyau pour les aider à respirer, de manière à libérer de la place, nous avons la possibilité de construire un hôpital de campagne, ce qu'a annoncé le président de la République, à côté de Mulhouse ce sera le cas. Nous avons la possibilité d'évacuer par…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il pourrait y avoir d'autres régions qui bénéficient effectivement de l'armée, c'est-à-dire des transports sanitaires par hélicoptères, des hôpitaux de campagne, c'est prévu, c'est possible ?

OLIVIER VERAN
 Chaque fois qu'un hôpital aura besoin de notre soutien, chaque fois qu'un hôpital sera en situation de forte tension, nous interviendrons sur la question des respirateurs, j'ai signé un bon de commande effectif immédiatement, il y a 72 heures, pour acheter plus d'un millier de respirateurs supplémentaires, de manière à ce que nous soyons capables de transformer des lits, qui ne sont pas des lits de réanimation, en lits de réanimation. En parallèle, pour faire tourner les respirateurs, il nous faut des équipes compétentes, nous sommes en train de rapatrier des infirmières de bloc opératoire dans les services de réanimation, nous rappelons à l'aide des médecins, des jeunes médecins retraités, nous allons augmenter la durée de stage des internes de réanimation dans leurs services, ils auraient dû changer là, dans quelques semaines, ils resteront tout le temps nécessaire dans les services de réanimation. je suis en train également de regarder du côté des médecins qu'on appelle les médecins intérimaires, certains hôpitaux me disent que les intérimaires ne sont plus là, dans la période, c'est inacceptable, je suis en train de regarder cela, je peux vous dire que toute personne qui pourra venir en renfort de nos hôpitaux pour les épauler dans la période, nous en aurons besoin, nous en avons besoin, je les appelle solennellement ce matin, et nous ferons en sorte qu'ils puissent soigner les malades dans les meilleures conditions de protection et d'efficacité.

ELIZABETH MARTICHOUX
 Dans l'Est, Monsieur le ministre, certains services de réanimation sont saturés, on le sait, vous l'avez évoqué avec effectivement le renfort de l'armée, ils et ne peuvent plus accueillir tous les malades, les médecins doivent choisir qui ils peuvent traiter, qui ils doivent traiter en priorité ?

OLIVIER VERAN
 La question, pardon, ne se pose pas complètement en ces termes, mais je la comprends. Lorsqu'un patient va faire une forme grave, je rappelle que les formes graves sont heureusement rares dans la maladie, mais on a 5 % des patients qui peuvent présenter des formes sévères avec réanimation, avec ce qu'on appelle un syndrome de détresse respiratoire aiguë, un SDRA, c'est un phénomène réactionnel à l'infection virale qui aggrave l'état clinique des patients et qui nous pousse à les plonger dans le coma pour les aider à respirer, ce SDRA il a un pourcentage de mortalité qui est extrêmement élevé, et il va frapper en particulier des personnes qui sont âgées, porteuses de fragilité, avec des maladies chroniques sous-jacentes, voire des maladies aiguës sous-jacentes, parfois ce sont déjà des personnes qui ont d'autres infections et dont l'infection par coronavirus va précipiter, hélas, le sort et l'état clinique. Il est alors indispensable pour les réanimations, mais comme ils le font hors situation épidémique, de toujours se poser la question de savoir si on est dans l'acharnement, en allant intuber et ventiler un patient qui est mis en coma, ou est-ce qu'on est encore dans le soin visant à le sauver. Quand vous êtes en période d'épidémie, et que vous avez une très forte tension sur les lits de réanimation, lorsque ces lits sont précieux sur votre territoire et que vous voyez d'autres malades, plus jeunes, qui ont moins de comorbidité, moins de fragilité, et qui sont à risque de présenter le même type de complications respiratoires, évidemment que ça peut poser dans votre décision. Mais, vous savez, Elizabeth MARTICHOUX, moi j'ai fait le choix, j'ai saisi il y a 10 jours le Conseil consultatif national d'éthique, qui est l'autorité qui oriente les politiques de l'Etat en matière d'éthique, et il m'a remis un rapport, vendredi dernier, et parmi ces propositions il y en a une notamment que j'ai retenue et qui est en train d'être mise en oeuvre, c'est de créer dans chaque hôpital un conseil…

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est ce rapport sur la priorisation de l'accès aux soins, critique, dans un contexte d'épidémie, que vous avez effectivement commandé et qui est transmis aux médecins pour effectivement les orienter dans des situations où on ne peut pas traiter tout le monde, est-ce que c'est ça ? Est-ce que vous pouvez nous dire qu'aujourd'hui vous avez transmis un document qui oriente les médecins dans le choix éventuel ?

OLIVIER VERAN
C'est une saisine, que j'ai faite, du CCNE, du Conseil consultatif national d'éthique, qui va bien au-delà de cette question, mais qui bien sûr traitait aussi de cette question. La saisine elle traitait aussi des restrictions des libertés publiques, individuelles et collectives, de la proportion des mesures de confinement par rapport à l'urgence épidémique. Mais, je vous le disais, je termine juste, j'ai demandé la création dans chaque hôpital amené à prendre en charge des malades graves du coronavirus, la création d'une cellule de conseil consultatif local d'éthique pour aider et accompagner à la prise de décision les professionnels de santé. Quand je vous dis que depuis le début nous nous préparons, nous anticipons, c'est aussi ce type de décision, ce type de situation, qu'il nous faut anticiper et préparer.

ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Dans chaque hôpital il y aura un comité d'éthique qui permettra aux soignants, effectivement, de savoir quelle attitude adopter quand il y a un afflux trop important, trop massif de malades. Mais, je repose une question, disons plus générale, est-ce que tous les malades qui nécessitent des soins, quel que soit leur âge, d'une certaine façon, puisque c'est un critère évidemment, est-ce que tous les malades seront pris en charge et soignés ?

OLIVIER VERAN
Tout malade est soigné, on ne laisse personne à l'extérieur d'un hôpital, la question c'est jusqu'où vont les soins qui sont accordés à des malades dont l'état est critique. dans une période classique, même si vous avez quelqu'un qui a 95 ans, qui a des troubles respiratoires graves, dont on sait que le risque de mortalité est immense, on peut être tenté de se poser la question d'interroger la famille pour se dire est-ce qu'on se donne 24, 48 heures de plus, le sort il est scellé, hélas, mais est-ce qu'on transfère le malade en réanimation pour donner un peu de temps, ne serait parfois donner du temps aux proches, en période d'épidémie, quand vous avez une très forte tension dans les services de réanimation, c'est une question que vous ne pouvez parfois plus vous poser, c'est ça peut-être que vous appelez la question de la sélection, mais ce n'est pas du tout une sélection où on dirait on pourrait le sauver, mais on ne va pas le faire parce qu'on n'a pas le temps, on n'a pas la place. Les malades qui peuvent être sauvés, les malades qui peuvent être guéris, qui peuvent être soignés... A l'heure à laquelle je vous parle nous avons 2000 places de réanimation libres dans les hôpitaux français, 2000, c'est beaucoup et pas beaucoup, parce que ça veut dire qu'il y a de la place et qu'on peut donc transférer des malades, comme nous avons commencé à le faire à Mulhouse…

ELIZABETH MARTICHOUX
Combien sont occupés ?

OLIVIER VERAN
Au total nous avons environ 6000 lits aujourd'hui de réanimation, il y a un peu moins de 4000 lits qui sont occupés par des malades, nous continuons de libérer de la place, c'est-à-dire quand des patients sortent, eh bien il y a moins de patients qui rentrent puisque nous avons supprimé toute l'activité réglée et chirurgicale, et donc il y a encore 2000 lits qui sont libres sur le territoire national, mais ça n'empêche pas qu'il y ait territorialement, dans certains coins du territoire, des très fortes tensions, c'est le cas dans le Grand-Est, et donc c'est pour ça qu'on demande l'appui des autres territoires pour prendre en charge un certain nombre de malades du Grand-Est dans leur réanimation, libérer de la place dans le Grand-Est pour faire baisser le niveau de pression. C'est une stratégie qui est absolument indispensable en période d'épidémie.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon Monsieur le ministre, encore beaucoup de questions, je vous demande d'être assez bref. Question, par exemple, est-ce que les personnes, les membres de la famille de ces personnes qui sont en réanimation, peuvent leur rendre visite ?

OLIVIER VERAN
C'est un protocole qui est vu dans le service, comme pour tout patient qui est hospitalisé en réanimation, il y a des autorisations de visite, mais dans des conditions qui sont drastiques dans les services de réa, avec ou sans épidémie.

ELIZABETH MARTICHOUX
Si l'épidémie, dans 8, 10, 12 jours, on va d'abord être optimiste, est-ce qu'elle pourrait décliner, c'est ma question, est-ce que l'épidémie pourrait décliner dans un laps de temps aussi court que, vous nous disiez 8, 10, 12 jours, ce sera le moment où vous regarderez les courbes, est-ce que ça peut décliner ?

 OLIVIER VERAN
 On regarde l'épidémie tous les jours, les courbes on les regarde tous les jours, plusieurs fois par jour, on ne les regardera pas dans 8, 10, 12 jours, mais on sait que l'impact d'une mesure aujourd'hui commence à être mesurable, l'impact il est immédiat, mais il commence à être mesurable sur la courbe épidémique, minimum au bout, je vous le disais entre 8 et 12 jours, probablement plus, 12 d'ailleurs que 8, mais oui, évidemment, on attend à ce moment-là une réduction très importante du nombre de nouveaux cas et une chute de l'épidémie, c'est ce qui est modélisé aujourd'hui par les experts du monde entier.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est possible, d'accord, et si ça arrive, vous allégerez le confinement ?

OLIVIER VERAN
Oui, comme ça a été d'ailleurs le cas à Codogno en Italie, qui était la zone la plus active, au bout de 13 jours de confinement, je crois que c'était 13 jours, ils n'avaient plus enregistré de nouveaux cas de coronavirus et donc ils ont pu commencer à alléger le dispositif de confinement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Si elle s'aggrave, vous renforcerez ?

OLIVIER VERAN
C'est pour ça que c'est important que le confinement soit respecté, c'est plus il est respecté, plus il sera efficace, plus ce sera court pour tous les Français. Donc je veux dire la discipline collective, la discipline individuelle, elle va profiter à tous les Français. Plus on est discipliné, moins en sort, plus on reste chez soi, moins ça durera longtemps pour les Français.

ELIZABETH MARTICHOUX
La difficulté c'est de durer précisément, est-ce que vous craignez un relâchement ?

OLIVIER VERAN
Je ne crains pas un relâchement parce que je crois profondément en l'esprit de responsabilité et de solidarité des Français, et je suis convaincu qu'ils ont compris la situation, qu'ils ont compris ce qui arrivait, et qu'ils ont compris qu'ils étaient les premiers acteurs de la lutte contre ce virus qu'est le coronavirus. Ce sont les premiers acteurs, ils ont compris ça.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a d'autres acteurs, Olivier VERAN, ce sont les chercheurs évidemment, il y a une course au vaccin dans le monde entier, SANOFI offre de l'antipaludique, le ou la Plaquenil, pardon, je ne sais pas, Plaquenil pour traiter 300.000 malades, est-ce que ce sont effectivement des essais qui sont prometteurs, est-ce que vous nous le confirmez ?

OLIVIER VERAN
Je vous confirme plusieurs choses. D'abord j'ai accordé, en moins de 24 heures, l'autorisation de réaliser un protocole clinique sur des traitements, ceux que vous venez de citer, à Marseille, j'ai pris connaissance immédiatement des résultats de cet essai clinique et j'ai demandé à ce qu'on puisse renouveler cet essai clinique sur une plus large population, dans d'autres centres de recherche, avec des équipes indépendantes, pour regarder si nous identifions des résultats qui sont aussi prometteurs. Je n'ai pas attendu la proposition de SANOFI, que j'entends, que je reçois, et je les en remercie, pour vérifier que, un, nous sommes capables de produire des traitements en quantité le moment venu et d'en fournir à tous les patients qui en auraient besoin. Tout en vous disant que j'accompagne la recherche pratique appliquée et que nous avons été dans un délai de réponse et d'accompagnement hors norme pour un pays comme la France, je dis attention, prudence, tant qu'il n'y a pas une validation formelle par les scientifiques, tant qu'il n'y a pas une vérification précise, tant qu'il n'y a pas une publication exhaustive des données, tant qu'il n'y a pas eu un comité de relecture, tant que nous n'avons pas des données affinées sur un plus grand nombre de personnes, on ne prend pas de risques et on est encore dans le domaine de la recherche. On sera vite fixé, je le dis aux Français, ne vous précipitez pas en pharmacie pour chercher un traitement, un, on ne vous le donnera pas, il est sur ordonnance, deux, il ne sert à rien de le prendre dans n'importe quelle situation, quand bien même il aurait montré son efficacité à l'issue des recherches qui ont donc démarré dans notre pays, donc, faites-nous confiance, je peux vous garantir que quand on en est à un état où on confine la population dans son propre pays, s'il y a un traitement qui permet de réduire la maladie, voire de guérir les malades, et qu'il est accessible en plus, on ne s'en privera pas. Donc, faites-nous confiance, nous travaillons énormément avec les chercheurs, nous les soutenons, nous investissons, nous développons, nous sommes en train d'expérimenter, pas que ce traitement, d'autres traitements qui sont aussi très prometteurs dans le domaine des antiviraux, mais l'histoire des antiviraux elle a été peuplée de belles histoires auxquelles on croyait énormément et qui se sont parfois révélées très décevantes, donc prudence, s'il vous plaît, attendez, et lorsque le moment sera venu, si nous avons un traitement, croyez-moi, nous serons les premiers au monde à le donner à nos malades.

ELIZABETH MARTICHOUX
Olivier VERAN, vous avez relevé au pied levé Agnès BUZYN, on s'en souvient, Agnès BUZYN qui a fait des déclarations très dérangeantes au journal Le Monde. On se souvient de la passation de pouvoir avec vous au ministère de la Santé, elle pleurait, mais pas pour les raisons qu'on pensait, puisqu'elle dit dans Le Monde « je pleurais parce que je savais que le tsunami était devant nous, je suis partie en sachant que les élections n'auraient pas lieu. » Elle vous en avait parlé à l'époque, au moment du tête-à-tête qui, en général, est aménagé lors des passations de pouvoir, vous aviez compris ?

OLIVIER VERAN
Elle a évoqué l'idée que si on était en pic épidémique, mais on était dans le domaine du, « tu imagines, si ça se trouve, si l'épidémie augmente comme ça, peut-être même qu'on ne sera même pas en état d'aller voter, il faut vraiment surveiller ça. » Agnès BUZYN, je le dis ici, a été une remarquable ministre de la Santé, et j'ai inscris mes pas dans les pas d'Agnès BUZYN. Elle a été parmi les premières à mettre en place toutes les mesures, avec le gouvernement, elle l'a d'ailleurs écrit dans un communiqué hier, avec le Premier ministre, avec le directeur général de la Santé, avec le président de la République…

ELIZABETH MARTICHOUX
« J'avais tout préparé, malgré une inertie », ça veut dire quoi ?

OLIVIER VERAN
Elizabeth MARTICHOUX, est-ce que c'est de l'inertie quand la France a été le premier pays au monde, dès le mois de janvier, personne ne parlait du coronavirus, dès le mois de janvier…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais de quoi parle-t-elle alors ?

OLIVIER VERAN
La France a rapatrié ses ressortissants de Wuhan, qu'on a confinés pendant 15 jours pour vérifier qu'ils n'étaient pas malades. Dès le début du mois de février, lorsqu'il y a eu des premiers cas, à Contamine-Montjoie, souvenez-vous en Haute-Savoie, on a testé 140 personnes, il y a 5 personnes qui ont été hospitalisées, il n'y a pas eu d'épidémie, on a éteint le foyer. Si la France n'avait pas été préparée, si les moyens logistiques n'avaient pas suivi, et si les cellules de santé publique n'avaient pas été pleinement opérationnelles, parce que mise en veille très active par la ministre, nous n'aurions pas été capables de freiner l'épidémie aussi longtemps que ce que nous avons fait, nous aurions trois semaines de retard par rapport à l'Italie et non quelques jours d'avance par rapport à eux. Je le dis ici, je ne comprends pas, je me suis entretenu avec Agnès BUZYN, je ne comprends pas…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne comprenez pas quoi ?

OLIVIER VERAN
Je n'ai pas compris la différence qu'elle évoquait entre ce qu'elle aurait voulu mettre en place et ce qu'elle a mis en place, et je crois qu'elle n'a pas forcément été très bien comprise, j'ai lu son communiqué hier dans lequel elle dit « c'est bien parce que j'ai évoqué l'hypothèse d'une épidémie très tôt que j'ai fait en sorte d'activer tout pour qu'on puisse être pleinement opérationnel », et quand vous regardez les communication, quand vous regardez… vous savez, de toute façon, moi la transparence est une évidence pour moi, surtout dans le domaine de la santé publique. On n'est pas à l'heure aujourd'hui de l'évaluation et du contrôle, on est à l'heure de l'action.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quand elle dit qu'elle a prévenu votre ami président de la DSG, Jérôme SALOMON…

OLIVIER VERAN
Attendez, on n'est pas à l'heure de l'évaluation et du contrôle, on est à l'heure de l'action, mais moi je n'ai aucune difficulté à expliquer aux Français, en transparence, tout ce qui a été fait avant que j'arrive, tout ce qui a été fait après que j'arrive, et vous verrez que la situation elle a été gérée depuis la première heure avec le plus grand sérieux, notamment par les services de la Direction générale de la Santé.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous admettez qu'on puisse être quand même, encore une fois, très troublés par ces déclarations, elle cite des dates précises, en décembre elle prévient Jérôme SALOMON, mi-janvier le président, le 30 décembre il y a un communiqué du Premier ministre, qui hier a invoqué la communauté médicale, hier il était interviewé sur France 2, le premier ministre il a dit « oui », il n'a pas démenti, il a dit « il y avait des avis contradictoires », est-ce qu'on est sûr que les bonnes décisions ont été prises, Olivier VERAN, à ce moment-là ?

OLIVIER VERAN
Elizabeth MARTICHOUX, les avis contradictoires, il y a 10 jours encore, lorsque nous réunissions des comités d'experts, ou lorsque vous posiez la question à des grands experts d'infectiologie, de réanimation, il y a 15 jours ou il y a 3 semaines, et que vous leur posiez la question, vous aviez encore une proportion non négligeable d'experts qui vous disaient, qui parlaient même parfois des « grippettes », vous vous souvenez, ou qui vous disaient que l'épidémie était inévitable, ou qui vous disaient qu'il fallait confiner, ou ne pas confiner, ce qui est sûr c'est que le consensus scientifique, dans une période d'incertitude qui est celle d'une épidémie, d'un virus émergeant, le consensus il a été quasiment impossible à identifier, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai souhaité identifier un Conseil scientifique, avec des experts reconnus, présidé par un très grand expert, reconnu, pour guider et éclairer nos décisions de politique publique. Je me suis trouvé, pour l'anecdote, sur un plateau de télé, avec un infectiologue qui me disait que l'Etat n'avait pas pris la mesure et que le gouvernement ne faisait rien, 10 jours auparavant ce même infectiologue blaguait en expliquant aux Français que c'était le moment de partir à Venise parce que l'avion n'était pas cher. Ce que je veux vous dire c'est que, on peut toujours refaire le match, on peut toujours revoir ce que disent les uns et les autres à un instant T par rapport à ce qu'ils disaient 10 jours auparavant…

ELIZABETH MARTICHOUX
 Il n'y a pas eu de retard dans l'action, c'est ce que vous nous dites.

OLIVIER VERAN
Non, Elizabeth MARTICHOUX, encore une fois, j'ai été amené à annoncer, alors que l'Italie flambait, qu'il n'y avait plus un seul malade identifié, diagnostiqué positif, hospitalisé dans nos hôpitaux, vous vous souvenez, c'était il y a trois semaines, ça nous paraît il y a longtemps de cela, mais c'était il y a trois semaines. L'épidémie elle a commencé à flamber lorsqu'il y a eu le foyer dans le Grand-Est et qu'elle a ensuite disséminée sur le territoire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pour finir, quand Marine LE PEN… puisque le consensus politique a été brisé par quelqu'un, pardon, par Agnès BUZYN, Marine LE PEN évoque un possible scandale sanitaire, Jean-Luc MELENCHON s'émeut en disant « comment, ils savaient, on les a prévenus, en vain ils n'ont rien fait, est-ce que ça ne vaut pas une commission d'enquête ? », vous répondez quoi ?

 OLIVIER VERAN
Moi je réponds que je n'ai aucun problème à rendre des comptes sur l'action qui a été menée par mon ministère avant que je sois là et une fois que j'ai été là, j'agis en transparence, je suis le seul ministre à avoir identifié, dans l'histoire des crises sanitaires, un conseil scientifique indépendant qui est capable de communiqué, j'ai fait une conférence de presse à leurs côtés hier, tous les documents écrits qu'ils produisent sont publiés et tous les jours nous rendons compte de l'action et de l'évolution de la situation épidémique aux Français, je n'ai aucun problème. Juste une chose Elizabeth MARTICHOUX, aujourd'hui je suis dans l'action, le temps il est précieux, chaque heure qui passe m'oblige à prendre des décisions, m'oblige à suivre les hôpitaux, m'oblige à suivre les services de santé ou m'oblige, et c'est tout à fait normal, à prendre quelques minutes pour m'exprimer devant les Français, comme vous me permettez de le faire ce matin, donc je voudrais que ce temps, qui est absolument précieux dans la période, je puisse l'utiliser à protéger les Français, je rendrai des comptes, nous rendrons des comptes, il n'y a aucune difficulté pour cela, j'étais député il y a 1,5 mois, j'ai toujours été un militant de l'évaluation et du contrôle, chaque chose en son temps.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Olivier VERAN d'avoir été ce matin, longuement, l'invité de LCI.   


Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2020