Texte intégral
YVES CALVI
En pleine guerre contre le coronavirus le président MACRON a annoncé hier soir le déploiement massif de l'armée française pour aider la nation à traverser la crise sanitaire. Bonjour Florence PARLY.
FLORENCE PARLY
Bonjour Yves CALVI.
YVES CALVI
Vous êtes notre ministre des Armées, merci de vous exprimer sur RTL ce matin pour nous aider à comprendre les annonces présidentielles et ce que l'armée va pouvoir apporter à la population française. On vient par ailleurs d'apprendre le décès d'un premier gendarme des suites du Covid-19, avez-vous plus de précisions Madame la ministre ?
FLORENCE PARLY
Non, je n'ai pas plus de précisions au moment où je vous parle, mais ce que je pourrais dire d'emblée c'est que les armées n'ont pas attendu pour se préparer, se mobiliser, pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent et soutenir les Français, soutenir tous les soignants, qui sont en première ligne, comme l'a rappelé le président de la République, qui ne ménagent ni leur peine, ni même leur vie, puisque certains, eux aussi, y ont perdu la vie. Donc, les armées se sont préparées…
YVES CALVI
Madame PARLY, excusez-moi, je vais revenir bien entendu sur le dispositif, c'est l'essentiel de notre intervention, mais juste une précision, sait-on où ce gendarme était basé et comment, accessoirement, il a pu contracter la maladie ?
FLORENCE PARLY
Non, je ne le sais pas. Comme vous le savez sans doute, les gendarmes relèvent de l'autorité du ministre de l'Intérieur, donc je n'ai pas de précisions à ce stade.
YVES CALVI
Alors le président MACRON, on l'a bien compris, a fait appel à l'armée, et sa première décision est de retirer les forces françaises d'Irak, combien de nos soldats se trouvaient encore sur place et quand vont-ils rentrer ?
FLORENCE PARLY
Alors, nous avons quelques centaines de personnels qui sont présents en Irak et qui assurent des formations au profit des forces armées irakiennes, la situation sanitaire en Irak fait que les Irakiens sont confinés, la proximité avec l'Iran, qui est un pays extrêmement touché par le virus, fait que les actions de formation ont été suspendues, et il nous a paru pertinent de suspendre nous-mêmes notre présence, ce qui ne veut pas dire que nous ne reviendrons pas, naturellement, puisqu'il n'y a plus de raison…
YVES CALVI
Madame la ministre, est-ce que c'est un retrait qui a été préparé avec les autorités irakiennes, et cela pose-t-il, de façon plus générale, des questions de sécurité vis-à-vis de Bagdad ?
FLORENCE PARLY
C'est évidemment un retrait qui a été préparé, qui a été préparé également avec nos partenaires, puisque les Britanniques, eux aussi, suspendent cette mission, et puis par ailleurs ça ne signifie pas du tout que la France se désengage de la lutte contre Daesh, puisque, vous le savez, nous sommes accueillis sur une base aérienne jordanienne, nos avions de chasse opèrent depuis maintenant plusieurs années, au départ de la Jordanie, et ces missions se poursuivent, nos personnels sont toujours présents, nos avions opèrent et volent.
YVES CALVI
Vous nous dites donc que la lutte contre Daesh reste active, je rappelle que Daesh a revendiqué hier un attentat meurtrier à Kaboul en Afghanistan, et que, donc, nous ne reculons pas face à cette menace, simplement il y a des raisons ponctuelles, à la fois la proximité de l'Iran et les nécessités françaises aujourd'hui, pour rapatrier nos militaires, c'est bien cela ?
FLORENCE PARLY
Tout à fait, et encore une fois c'est un retrait tout à fait provisoire, c'est une suspension, et nous n'avons pas l'intention de faiblir dans la lutte contre Daesh, dans laquelle nous sommes engagés maintenant depuis plusieurs années aux côtés de nos partenaires et dans le cadre d'une coalition internationale.
YVES CALVI
Florence PARLY, ils rentrent à partir d'aujourd'hui nos soldats ?
FLORENCE PARLY
Oui.
YVES CALVI
L'ensemble d'entre eux ?
FLORENCE PARLY
Ceux qui sont affectés aux missions de formation.
YVES CALVI
Très bien. Alors revenons à cette opération militaire baptisée "Résilience", le président a dit qu'il fallait mobiliser les forces armées à l'approche du pic, et on pourrait dire maintenant des pics, que vont connaître les différentes régions, a priori le prochain est pour l'Île-de-France. Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? C'est une première par ailleurs.
FLORENCE PARLY
C'est une première, mais cette crise, surtout, est totalement inédite, donc face à des situations exceptionnelles, il faut naturellement mobiliser des moyens exceptionnels. Donc cette opération est une opération qui va regrouper en fait l'ensemble des interventions que le ministère des…
YVES CALVI
Les militaires vont se déployer dans l'ensemble du pays, Françoise PARLY ? Alors nous avons visiblement une nouvelle rupture de faisceau ce matin, je vous le rappelle, on travaille dans des conditions qui sont tout à fait particulières puisque les réseaux sont tout simplement sursaturés en ce moment, et que bien entendu ces prises de parole d'un certain nombre de nos intervenants nécessitent parfois des ruptures. On va voir si je peux récupérer Madame PARLY dans un instant, ministre des Armées, qui nous a confirmé le retour, je vous le rappelle, dès aujourd'hui, de nos soldats en Irak, et avec qui j'étais en train de voir comment se déployait le dispositif sur le territoire français dans les jours et dans les semaines à venir. On va voir si Madame PARLY est toujours avec nous, Françoise PARLY ?
FLORENCE PARLY
Oui, je vous entends, je suis désolée, nous avons été coupés.
YVES CALVI
Oui, oui, mais c'est tout à fait normal en ce moment et j'expliquais la situation, Florence PARLY, à nos auditeurs. Comment les militaires vont-ils se déployer en France ?
FLORENCE PARLY
Alors, les militaires sont d'ores et déjà engagés, vous avez vu au cours des derniers jours que l'armée de l'Air, avec le service de santé des Armées, a procédé à un certain nombre d'évacuations sanitaires à bord d'un Airbus A330, qui a permis de désengorger l'hôpital de Mulhouse qui était en état de saturation, nous avons également ce week-end, avec la Marine nationale, engagé un porte-hélicoptères amphibie pour désengorger les hôpitaux corses et ramener un certain nombre de malades dans les hôpitaux de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, et nous sommes en train de poursuivre, puisque nous nous préparons, à la demande du président de la République, à mobiliser deux navires qui opéreront, pour l'un dans l'océan Indien, et pour l'autre à destination des Antilles, pour porter secours à la fois aux populations et soulager le système de santé. Et puis l'annonce du président de la République, hier, c'est, au fond, d'intégrer ces différentes interventions, j'aurais pu mentionner naturellement l'hôpital de campagne à Mulhouse qui accueille d'ores et déjà un certain nombre de patients et qui monte en puissance, donc c'est d'intégrer l'ensemble de ces missions à l'intérieur d'une opération interarmées qui va continuer de se déployer en fonction des besoins.
YVES CALVI
Donc, essentiellement logistique et sanitaire, si je vous suis bien, d'accompagnement…
FLORENCE PARLY
Logistique, sanitaire, et de protection. Je crois que le choix du nom « Résilience » ne doit rien au hasard, la résilience c'est la capacité à surmonter les chocs et à les dépasser.
YVES CALVI
Vous venez d'employer un terme, excusez-moi, je vous interromps Madame la ministre, qui est celui de protection, alors j'ai envie de vous dire protection de quoi et est-ce que vous nous confirmez que nos soldats n'assumeront pas par ailleurs de missions de contrôle, notamment sur les autorisations dérogatoires de sortie ?
FLORENCE PARLY
Alors, je vous confirme en effet que les armées n'ont pas vocation à dresser des contraventions en cas de non-respect du confinement, tout simplement parce que les militaires ne disposent pas de pouvoir de police judiciaire, ils n'en disposaient pas dans le passé, ils n'en disposent pas plus aujourd'hui, et le les textes, les lois qui sont passées, la loi sur l'urgence sanitaire qui a été adoptée par le Parlement, ne change rien à cette situation. mais en revanche on voit bien que, dans la situation que nous connaissons, il y a par exemple des lieux dans lesquels on stocke du matériel, du matériel médical, des médicaments, des respirateurs, ce sont des lieux d'importance vitale, en tout cas qui le sont devenus, protéger ces lieux contre des éventuels vols, que malheureusement nous avons vu se multiplier au cours des derniers jours, est absolument essentiel, et par exemple la présence de militaires pour sécuriser ces lieux ne peut être que dissuasive, et donc utile à la nation, c'est un exemple, il s'agit bien d'une mesure de protection. Mais au-delà de la protection, il y a bien sûr des missions en soutien des médecins, des soignants, qui se déploient dans tout le pays, j'ai cité les missions de soutien que nous avons d'ores et déjà déployées, que nous allons poursuivre, et puis il y a des missions de soutien logistique, tout simplement, assurer le convoyage de masques, comme nous l'avons fait à Toulouse récemment ce week-end, venir en appui également des unités de sapeurs-pompiers qui sont mobilisées, je veux parler aussi bien de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris que des marins-pompiers de Marseille, mais aussi de l'ensemble des pompiers qui oeuvrent sur le territoire, toutes ses missions sont importantes, peuvent être utiles, mais surtout, ce qu'il faut retenir, c'est que nous sommes là pour répondre aux demandes qui nous seront exprimées, et ce sera la rôle…
YVES CALVI
Pardonnez-moi, je vous interromps… quelque chose de très clair, vous nous parlez finalement de missions de sécurisation, vous l'avez parfaitement expliqué, ce qui veut dire qu'ils ne procéderont pas en revanche à du maintien de l'ordre, mais bien à de la sécurisation, ou de la protection par exemple de convois ?
FLORENCE PARLY
C'est tout à fait le cas, en effet le maintien de l'ordre ne fait pas partie des missions des militaires. Le maintien de l'ordre c'est vraiment le coeur de métier des forces de sécurité intérieure que sont les policiers et les gendarmes, donc il n'est pas question de changer quoi que ce soit à ces règles. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas un large espace dans lequel les militaires, par leur présence dissuasive, par leurs capacités de transport, peuvent agir au bénéfice de la nation, au bénéfice des Français.
YVES CALVI
Combien seront-ils exactement ?
FLORENCE PARLY
Ecoutez, nous avons engagé au cours de ces derniers jours, dans le cadre des opérations, je rappelais, à Mulhouse, celles qui ont été réalisées par l'armée de l'Air, par la Marine nationale, et par le service de santé des Armées, plusieurs centaines de militaires, et nous allons monter en puissance au fur et à mesure des demandes, et certainement plusieurs milliers, mais il m'est difficile de vous donner un chiffre tout simplement parce que nous allons nous efforcer de nous adapter du mieux possible aux demandes qui nous seront exprimées par les préfets.
YVES CALVI
Merci beaucoup Madame la ministre d'avoir réservé vos explications à RTL ce matin, et en direct, en dépit des difficultés de liaison, dont je continue de m'excuser, mais qui sont tout à fait normales en ce moment. Nos militaires vont donc procéder à des opérations de sécurisation sur l'ensemble du territoire, mais en aucun cas de maintien de l'ordre, vient nous dire notamment Florence PARLY. Merci beaucoup Madame la ministre.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 mars 2020