Interview de M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics, à France Inter le 21 avril 2020, sur la politique économique du gouvernement dans le contexte de l'épidémie de Covid-19.

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Média : France Inter

Texte intégral

NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAME nous recevons ce matin le ministre de l'Action et des Comptes publics, vos questions au 01 45 24 7000, sur les réseaux sociaux et l'application de France Inter. Gérald DARMANIN, bonjour.

GERALD DARMANIN
Bonjour.

NICOLAS DEMORAND
Et merci d'être en ligne avec nous sur France Inter ce matin, beaucoup, beaucoup de questions à vous poser car vous êtes au coeur des mesures décidées pour lutter contre les effets de la crise économique, aider les entreprises, les salariés, les Français qui en souffrent ou vont en souffrir. Alors, questions courtes s'il vous plaît, et réponses courtes, pour que l'on puisse aborder ensemble le maximum des sujets qui sont sur la table. Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous confirmer qu'on aura, épidémie oblige, un petit peu plus de temps pour faire sa déclaration de revenus ?

GERALD DARMANIN
Tout à fait, on aura 1 mois de plus si on déclare en papier et puis on aura 15 jours de plus si on déclare en numérique, on a déjà décalé puisque c'est à partir d'hier que l'on peut faire sa déclaration et les Français s'y sont d'ailleurs jetés, si j'ose dire, puisqu'on a 3 fois de connexions sur le site des impôts hier et 3 fois de plus de gens qui ont déjà rempli leur déclaration, plus de 800.000 contribuables l'on déjà fait.

LEA SALAME
Est-ce qu'il y a beaucoup de Français, Gérald DARMANIN, qui modulent leur taux d'imposition depuis le début de la crise ?

GERALD DARMANIN
Alors en effet, c'est une des grandes raisons de l'impôt à la source, qu'on a mis en place, c'est effectivement que l'impôt s'adapte à votre vie, s'adapte à vos revenus, et ces revenus baissent en ce moment pendant la crise, bien évidemment. Il y a plus de 100.000, par exemple, indépendants, qui ont annulé ou reporté leurs acomptes, vous savez les indépendants ils paient des acomptes de l'impôt sur le revenu, et par exemple le report c'est 70 fois plus de personnes qui ont reporté ce mois-ci par rapport au mois de l'année dernière, donc évidemment l'impôt à la source, si j'ose dire, est une réussite, y compris dans les difficultés les plus fortes pour les Français, et accompagne leur baisse de revenus.

NICOLAS DEMORAND
Venons-en au budget Gérald DARMANIN, vous présentez cette semaine un nouveau projet de budget rectificatif, c'est le deuxième en trois semaines tant la crise est violente, le plan d'action, je redonne quelques chiffres, le plan d'action atteint le chiffre vertigineux de 110 milliards d'euros, le PIB se contracte, -9 %, et la dette atteint elle 115% du PIB. D'abord, pensez-vous qu'on peut aller encore plus loin, qu'il faudra peut-être un troisième, voire un quatrième budget rectificatif, pour faire face à la crise ?

GERALD DARMANIN
Il ne faut pas d'exclure, il ne faut pas l'exclure parce que la stratégie du gouvernement c'est évidemment de s'adapter aux demandes économiques, d'abord des Français, c'est pour ça qu'on a mis en place le chômage partiel. c'est quoi le chômage partiel, avec quasiment 10 millions de personnes qui sont au chômage partiel ? c'est une sorte de nationalisation des salaires, c'est l'Etat qui paye les salaires à la place des entreprises, et puis par ailleurs nous aidons beaucoup les entrepreneurs, vous l'avez dit, pour plein de raisons, des annulations et des reports de charges, des reports d'impôts, des aides directes. Il y aura peut-être un troisième budget rectificatif, avec des chiffres sans doute encore plus impressionnants, nous sommes dans le montant de déficit et de dette jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale.

LEA SALAME
Justement Gérald DARMANIN, est-ce qu'il y a un plafond, est-ce que vous vous dites entre vous qu'il y a un plafond, ou on ne peut pas aller au-delà de 9%, aujourd'hui c'est 9% de déficit, est-ce que vous vous fixez un plafond, ou comme on dit en anglais « sky's the limit » ?

GERALD DARMANIN
Non, il n'y a pas de plafond, on ne sait pas, le président de la République ne nous a pas fixé de plafond. Aujourd'hui la France continue à pouvoir emprunter dans des conditions satisfaisantes, si vous me permettez cette expression, avec des taux bas, et arrive à avoir le financement qu'elle propose aux marché, donc d'abord c'est une reconnaissance de la signature française, du fait que nos finances publiques sont solides, et puis deuxièmement on a préféré l'endettement à la faillite. On a préféré, avec le ministre de l'Economie, évidemment une situation tout à fait anormale et difficile à vivre, qui est cet endettement français, mais on a préféré ça que le licenciement de masse, et que des faillites, parce que ça nous coûterait plus cher le jour où la reprise économique sera là, et donc on a préféré cette stratégie qui, je crois, fonctionne, même s'il y a beaucoup d'entrepreneurs qui vivent des moments très difficiles.

NICOLAS DEMORAND
Mais est-ce qu'être endettés à 115% ne nous rend pas vulnérables face à une remontée des taux d'intérêt, même si là, vous le dites, les marchés sont favorables ?

GERALD DARMANIN
Il y a trois raisons pour lesquelles les marchés, pour l'instant, prêtent à la France dans des conditions favorables, ce n'est pas le cas de tous les pays européens, d'abord des finances publiques effectivement saines, avoir dit la vérité, c'est pour ça qu'on fait des budgets rectificatifs, c'est parce qu'on dit la vérité à tout le monde, aux Français bien sûr, mais aux marchés, sur la situation française. Et puis troisièmement, je crois que c'est aussi la stratégie européenne du président de la République qui gagne, puisque la Banque centrale européenne nous soutient et nous permet justement d'emprunter, nous les Etats, à des taux tout à fait préférentiels.

LEA SALAME
115 % de dette, Gérald DARMANIN, c'est vertigineux, Nicolas le disait, le gouverneur de la Banque de France, François VILLEROY de GALHAU, a été très clair ce week-end, cette dette il faudra la rembourser, alors évidemment on pose la question, qui va payer, comment imaginer qu'il n'y aura pas besoin d'augmenter les impôts, peut-être pas tout de suite, là maintenant, mais dans quelques mois.

GERALD DARMANIN
Il y a deux stratégies face effectivement à un stock de dette, soit vous considérez qu'il faudra augmenter les impôts, pour le payer, ce n'est pas notre choix, parce que si vous augmentez les impôts pour payer cette dette, vous allez démoraliser les entrepreneurs, les Français, qui ne vont pas trouver d'intérêt évidemment à entreprendre ou à travailler plus. Nous avons choisi plutôt, nous, de garder une stabilité fiscale, la stratégie fiscale du président de la République elle fonctionnait, le chômage était au plus bas depuis 10 ans, avant cette crise économique, et nous pensons que la reprise économique va créer des recettes, et ces recettes vont pouvoir permettre de rembourser cette dette. On peut très bien, sans augmenter les impôts, avoir plus de recettes fiscales, c'était d'ailleurs ce que nous avions l'année dernière, et qui m'a fait l'objet de plusieurs questions de la part des journalistes, sans augmenter les impôts, même en les baissant, nous avions plus de recettes parce que nous croyons à la croissance.

LEA SALAME
Oui, mais là le temps a changé, le monde a changé, ce que vous nous dites ce matin c'est qu'en gros vous comptez sur l'économie et sur la reprise pour combler tous ces trous, est-ce que vous n'êtes pas trop optimiste ? Si l'économie ne reprend pas, comment on fera pour rembourser cette dette ?

GERALD DARMANIN
Non, mais je crois que tous les pays du monde sont touchés, et singulièrement toutes les grandes économies du monde, regardez ce qui se passe évidemment aux Etats-Unis, en Allemagne, bien sûr en Asie, et il y a, si j'ose dire, un avantage commun à tous ces pays du monde de se mettre d'accord pour relancer l'économie au lendemain de cette crise, et bien sûr le déconfinement, la fin de l'urgence sanitaire, on ne sait pas quand est-ce que ça arrivera, la reprise économique doit être coordonnée par tous les pays occidentaux. Je pense que c'est le rôle très important qu'aura le président de la République dans les prochaines semaines et les prochains mois.

LEA SALAME
Donc vous excluez, vous nous le redite ce matin, qu'il y aura une augmentation d'impôts dans plusieurs mois, dans 6 mois, dans 1 an, vous dites non, jusqu'à la fin du quinquennat il n'y aura pas d'augmentation d'impôts ?

GERALD DARMANIN
Il y a une stratégie très claire qui n'est pas d'augmenter l'impôt, ni des Français, ni des entreprises.

NICOLAS DEMORAND
Certains vous demandent pourtant de revenir, Gérald DARMANIN, sur la suppression partielle de l'ISF pour mettre à contribution les plus hauts revenus français, c'est totalement exclu ça aussi ?

GERALD DARMANIN
Moi personnellement je trouve que les retours en arrière ne font pas aller de l'avant, et la suppression de l'impôt sur la fortune, remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière, a permis, je crois, la baisse du chômage que l'on a vécue, et ce qu'on a besoin c'est que, aujourd'hui, les gens qui possèdent de l'argent puissent mettre dans les entreprises pour relancer l'économie, on ne va pas décourager des gens qui demain auront les moyens de pouvoir pousser nos PME, nos TPE, nos entreprises, je pense que ce serait effectivement pas envisageable de remettre un ISF que nous avons supprimé il y a seulement 2 ans, je le rappelle, deux années fiscales, et qui a, je crois, comme d'autres mesures fiscales, apporté ses preuves, cette suppression, que c'était un impôt anti économique, aucun pays autour de nous ne l'a, il n'y a aucune raison de le remettre aujourd'hui.

LEA SALAME
Est-ce que tout de même vous demandez aux patrons du CAC40 de réduire leur salaire, de ne pas verser des dividendes aux actionnaires, est-ce que vous leur demandez cela ce matin ?

GERALD DARMANIN
Chacun doit faire un effort évidemment, les plus aisés d'entre nous, bien évidemment, c'est d'ailleurs pour ça que le gouvernement a exigé qu'il n'y ait pas de versement de dividendes si on utilisait des aides de l'Etat, évidemment chacun doit pouvoir contribuer, et effectivement baisser son indemnité, baisser son salaire, baisser, voire supprimer ses dividendes, dans la mesure du possible, c'est évidemment une bonne chose.

LEA SALAME
Est-ce que les plus riches doivent faire plus d'efforts ?

GERALD DARMANIN
Sans doute que les plus riches doivent faire plus d'efforts, vous savez, dans une crise économique comme celle-ci, c'est évidemment les personnes les plus modestes qui sont les plus touchées, celles qui vivent à 6 dans un appartement de 30 mètres carrés, celles qui effectivement ont plus de dépenses d'électricité, de consommation pour leurs enfants, ils mettaient leurs enfants à la cantine, ils ne les mettent plus, évidemment c'est les quartiers populaires qui sont les plus touchés, parce que quand on a une grande bibliothèque et un grand appartement, c'est sans doute un peu plus facile de donner des cours à ses enfants que lorsqu'on ne parle pas très bien français, ou qu'on est dans des situations de difficultés pour aller travailler et de s'occuper de ses enfants, donc évidemment que les classes les plus aisées, si j'ose dire, doivent faire sans doute un peu plus d'efforts…

NICOLAS DEMORAND
Et les salariés, Gérald DARMANIN, est-ce qu'ils devront travailler plus, par exemple prendre des RTT, des jours fériés, comme l'avait suggéré le patron du MEDEF, est-ce que, eux aussi, salariés, doivent être mis à contribution ?

GERALD DARMANIN
Aujourd'hui les salariés font déjà beaucoup d'efforts, mais alors bien sûr les fonctionnaires, que je voudrais saluer, mais les salariés, on le voit bien, on ne va pas demander aux caissières et aux caissiers de faire encore plus d'efforts alors qu'ils ont été en première ligne dans cette situation, ils font déjà beaucoup d'efforts. Moi je crois aussi au dialogue social. On a notamment évoqué le fait qu'on pouvait, le patron pouvait demander de reporter ou de prendre des congés payés à l'occasion de 6 journées de congés payés au lendemain ou pendant cette crise, mais c'est en accord avec la branche, en accord avec l'entreprise elle-même, il faut qu'il y ait du dialogue social. Je ne pense pas qu'il faille absolument s'aligner sur les propositions du patronat, et en même temps je pense qu'il faut tenir un discours de vérité aux Français et les remercier du travail très important qu'une grande partie d'entre eux ont mené. La femme de ménage, le routier, le caissier, eh bien il a été au devant de cette crise et il nous a permis, et il nous permet encore, de pouvoir l'affronter dans des conditions à peu près acceptables.

LEA SALAME
Oui, ceux qui ont été en première ligne, c'est certain, mais puisque vous dites qu'il faut tenir un discours de vérité aux Français, est-ce à dire que les autres, les autres salariés, devront peut-être travailler plus ?

GERALD DARMANIN
Moi je ne suis pas, encore une fois, dans une situation où je fais la leçon aux gens, vous savez, ils vivent des moments difficiles, les Français, dans des situations difficiles, donc…

LEA SALAME
Je vous pose la question Gérald DARMANIN, parce que vous l'aviez dit au début de la crise, vous aviez dit tout le monde doit faire des efforts, l'Etat en fait, et puis chacun doit pouvoir apporter sa pierre…

GERALD DARMANIN
Mais tout le monde a fait des efforts…

LEA SALAME
Lorsqu'on peut prendre des jours de congé pour pouvoir faire revivre notre pays au lendemain de cette crise, je pense que ce serait une pierre à l'édifice que chacun doit avoir, vous l'avez dit, c'est pour ça.

GERALD DARMANIN
Oui, évidemment, tout le monde doit pouvoir faire des efforts, vous parliez tout à l'heure du patron qui peut baisser, s'il le peut évidemment, sa rémunération, mais c'est aussi le cas du consommateur, le consommateur il doit pouvoir consommer français, il faut qu'on se dise dans les prochaines semaines, les prochains mois, si on veut que l'agriculture se relève et que la croissance de nos industries agroalimentaires fonctionne, il faut pouvoir consommer français quand on voit une étiquette « français » devant des fruits et légumes, chacun peut faire un effort, chacun a un acte patriotique, si j'ose dire, à accomplir, et les salariés, les fonctionnaires, les patrons, les hommes et les femmes politiques, tout le monde, a sans doute un effort à faire pour reconstruire le pays après cette crise. Mais on n'en n'est pas encore à la reconstruction, on est encore, je le rappelle, dans le confinement et dans une grande difficulté économique.

LEA SALAME
Oui, justement, on va vous poser des questions sur les reports de charges notamment, mais pour que l'économie reprenne, est-ce que vous dites ce matin aux Français qu'il ne faut pas qu'ils partent tous en même temps en vacances d'été, qu'il va falloir que des gens travaillent pendant les vacances d'été traditionnelles ?

GERALD DARMANIN
Ecoutez, moi je ne suis pas le Premier ministre, il a été assez clair dimanche, il a évoqué le fait que nous ne savions pas un certain nombre de choses, et notamment nous ne connaissons pas le déconfinement total du pays. D'ailleurs, quand il y aura déconfinement, il n'y aura pas fin de l'état d'urgence sanitaire, il y a encore des restrictions, il y aura évidemment des gestes barrières, et puis il y aura des interdictions. Moi je ne connais pas la stratégie aujourd'hui de déconfinement du gouvernement, puisque nous sommes en train de l'élaborer, et je ne connais pas les dates de fin pour retourner au monde d'avant, si j'ose dire, et le Premier ministre l'a dit, ça risque d'être très long. Donc on va attendre à la fois le consensus des scientifiques et le travail de Jean CASTEX, sous l'autorité du Premier ministre, et on aura l'occasion de répondre à toutes ces questions qui, bien sûr, taraudent les Français, mais pour lesquelles nous n'avons pas forcément encore aujourd'hui toutes les réponses.

NICOLAS DEMORAND
Gérald DARMANIN, sur les aides spécifiques maintenant, vous avez prévu des exonérations de charges pour les entreprises dans les milieux du tourisme et de la culture, en revanche pour les autres PME, hors de ces deux secteurs, ce ne sont que des reports de charges, on apprend ce matin que 4 entreprises sur 10 ont demandé des reports de charges, François ASSELIN à notre micro, le patron de la CGPME, vous demande d'aller plus loin et de faire des exonérations pour toutes les petites entreprises qui sont les plus touchées, ce serait irréaliste, impossible, ou vous travaillez sur une telle hypothèse ?

GERALD DARMANIN
Ecoutez, d'abord, encore une fois, moi je prépare le plan d'urgence, viendra le moment où on préparera un plan de relance, nous sommes dans l'urgence, et le ministre des Comptes publics il essaye d'appliquer ce qu'il y a de mieux pour l'économie, à la demande du président de la République et du Premier ministre. Qu'est-ce qu'il a dit le président de la République ? il a listé un nombre de secteurs, la restauration, l'hôtellerie, les arts et spectacles, l'événementiel, pour lesquels les reports de charges, qui sont déjà très nombreux, c'est 10 milliards d'euros, ça n'a jamais existé sous la République depuis la protection sociale, qu'on a accepté d'être reportées, ça continuera, et je vous annonce qu'au mois de mai on continuera à accepter des reports de charges, vous avez compris, donc même y compris au lendemain du déconfinement annoncé, eh bien nous allons annuler des charges pour tous les secteurs annoncés par le président de la République. Y a-t-il d'autres secteurs qui doivent connaître des annulations de charges ? On le regardera, on le regardera parce qu'évidemment on ne va pas demander de payer des charges à des entreprises qui ne pourraient pas les payer, après les avoir soutenues pendant la crise économique. Simplement il faut savoir…

LEA SALAME
Vous pensez auxquelles ?

GERALD DARMANIN
Simplement il faut savoir pourquoi on paye des charges, pourquoi le patronat paye des charges, il paye des charges pour une protection sociale, il faudra donc aussi qu'on ait une discussion autour de cette protection sociale, de savoir comment on la gère et savoir s'ils prennent des réserves, comment on discute avec eux sur quel est le montant de ces reports ou de ces annulations. Je voudrais aussi dire à votre micro qu'il n'y a pas d'annulation des cotisations salariales, les cotisations salariales elles sont payées par le salarié et elles ouvrent droit évidemment à des droits individuels, le droit notamment à la retraite ou le droit à la protection sociale, ces cotisations salariales elles sont déjà payées par les salariés qui travaillent, et donc c'est bien les annulations de charges patronales sur lesquelles nous travaillons.

LEA SALAME
Le chef Philippe ETCHEBEST était au micro d'Inter à 7h50, il nous décrivait la catastrophe qui plane sur le secteur de la restauration et il disait que c'est très bien d'avoir le chômage technique, ça leur permettait de souffler, mais que beaucoup de restaurateurs n'ont même pas l'argent, la trésorerie suffisante, pour payer aujourd'hui leurs salariés, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent même pas attendre que vous remboursiez les salaires dans le cadre du chômage technique. Qu'est-ce que vous vous répondez à ça ?

GERALD DARMANIN
On discute beaucoup avec les restaurateurs, évidemment, avec tous les tous les secteurs très touchés, la restauration est un des premiers secteurs touchés parce qu'il a fermé avant tout le monde, il rouvrira sans doute après beaucoup de gens, nous comprenons tout à fait ces difficultés, les restaurateurs ils sont dans l'attention particulière du président de la République. Nous utilisons quand même tous les moyens, et je crois que Philippe ETCHEBEST, comme beaucoup de restaurateurs, le savent, par les échanges réguliers que nous avons, d'abord sous 15 jours l'Etat rembourse les salaires, deuxièmement il y a des prêts garantis, 315 milliards d'euros de prêts, de trésorerie garantie, qui correspondent à 25% du chiffre d'affaires, 95% des entreprises de France les obtiennent, et puis pour les 5% qui restent, le ministre de l'Economie a mis en place une avance remboursable, c'est-à-dire que c'est l'Etat qui fait le travail que devraient faire les banques, notamment lorsque les entreprises ont des fonds négatifs. Je crois que les restaurateurs évidemment sont très inquiets de la boule, si j'ose dire, de frais, de charges, qui arrive devant eux s'ils devaient reprendre demain ou après-demain, et on a eu l'occasion de les rassurer, non seulement ils auront les annulations de charges, mais on continuera les aides pour qu'ils puissent évidemment reprendre selon leur chiffre d'affaires et selon les difficultés qu'on leur imposera.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 avril 2020