Texte intégral
ELISABETH MARTICHOUX
Bonjour Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci encore d'être avec nous. Didier GUILLAUME, je voudrais vous parler d'un sujet qu'on a traité largement hier sur LCI, c'est l'augmentation des prix. Les prix dans l'agroalimentaire ont augmenté, c'est l'UFC Que Choisir qui a relevé les compteurs, si je puis dire, augmentation moyenne de 9%, avec des stars, le bio par exemple qui a augmenté de 12%, je pourrais vous citer dans cette enquête par exemple les grappes de tomates bio qui ont bondi de 25%. D'abord, est-ce que vous, vous avez vos relevés, est-ce que vous avez des chiffres, est-ce que vous avez des observations officielles qui valident cette étude de l'UFC Que Choisir ? Et puis, deuxième question, est-ce que ça profite aux producteurs ou est-ce qu'au passage ce sont surtout les distributeurs qui se sucrent ?
DIDIER GUILLAUME
Alors, il y a des chiffres très différents. Aujourd'hui c'est la Direction générale de la concurrence des prix et de la répression des fraudes, la DGCCRF, qui fait des contrôles, sous l'autorité de Bruno LE MAIRE. Il y a le cabinet Nielsen qui a fait une étude au mois de mars sur les prix dans la grande distribution, par rapport à mars de l'année d'avant, et nous avons constaté que l'augmentation des prix n'était que de 0,01%. Ça c'est un chiffre incontestable. Par contre, nous constatons deux choses. La première chose c'est que cet appel à la production française, cet appel à mettre sur la table des produits frais français, et bravo et merci aux producteurs de le faire, et merci à la grande distribution de l'avoir réalisé, ce patriotisme alimentaire que j'appelle de mes voeux, fait que lorsqu'on met par exemple un concombre néerlandais à côté d'un concombre français, excusez-moi de prendre un exemple concret, le concombre français est 3 fois plus cher. Lorsqu'on met une fraise espagnole à côté d'une fraise Gariguette du Ventoux, la fraise Gariguette elle est 4 ou 5 fois plus chère. Donc il y a cette vision qui fait que les produits français de qualité sans plus chers que les produits qui viennent d'autres pays, c'est tout le travail que nous menons pour éviter cette disparité, ce dumping social, économique et fiscal, qui fait que l'on met sur les étals des produits qui ne sont pas comparables en qualité et des produits qui sont plus chers lorsqu'ils sont français. Il faudra travailler là-dessus. Et puis le deuxième sujet, c'était effectivement ce que nous constatons, c'est que globalement l'alimentation française de qualité coûte un petit peu plus cher aujourd'hui. Un caddie, je veux vous donner cette précision, on va moins faire ses courses souvent en grande surface, le prix moyen du caddie il est augmenté, aujourd'hui le prix moyen du caddie il est 60 €. Dans ces 60 € il y a en gros 80 % qui sont des produits non alimentaires, et en fait il y a 12% de produits alimentaires. Et dans ces produits alimentaires, une faible partie de produits frais. Donc, ce que l'on constate, c'est qu'il peut y avoir une légère augmentation dans les produits frais, mais que c'est de l'ordre de quelques centimes sur un caddie, je crois que c'est 15 à 20 centimes sur un caddie. Après, ce qu'il faut constater effectivement, c'est que le producteur puisse avoir la répercussion de cela, c'est le travail que nous menons, mais pour l'instant nous n'avons pas encore les chiffres. Mais c'est un peu complexe, voyez-vous, parce qu'à la fois il y a cette différence entre le prix payé, le prix que l'on achète les produits français, par rapport aux produits étrangers, et puis la mini-inflation qu'il y a, mais Bruno LE MAIRE et Bercy surveillent bien, notre objectif dans l'alimentation c'est évidemment le pouvoir d'achat de nos concitoyens.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais vous n'avez pas de chiffres, pardon, plus récents que ceux du mois de mars, vous n'avez pas des relevés sur la première quinzaine d'avril par exemple.
DIDIER GUILLAUME
Excusez-moi…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non ?
DIDIER GUILLAUME
Mais non, parce qu'on le fait mois par mois, plus récent que mars, mars c'est le plus récent. Ce qu'il faut, c'est comparer d'une année sur l'autre, ce n'est pas comparer d'un jour sur l'autre, parce que si on compare d'un jour sur l'autre, en fonction des produits qui arrivent sur le rayon, on ne peut pas. Ce qu'il faut voir, c'est qu'est-ce qui se passait l'année dernière, à la même époque. Là nous aurons dans quelques jours les prix du mois d'avril par rapport à avril de 2019, et nous ferons ces comparaisons. En tout cas nous sommes très vigilants. Tous les jours, et là, lorsque je vais vous quitter, à 10h00 nous aurons la conférence téléphonique alimentaire avec toute la chaîne alimentaire, et notamment la grande distribution, et tous les jours ne faisons le point, et tous les jours nous leur demandons de faire attention aux prix, parce que le pouvoir d'achat de nos concitoyens, là il est en difficultés.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu'elles jouent le jeu ? Didier GUILLAUME, est-ce qu'elle joue le jeu la grande distribution ?
DIDIER GUILLAUME
Oui, je crois qu'elle joue le jeu, elle joue d'abord le jeu pour mettre en avant les produits français, les produits de la mer, les produits frais, les produits lactés, les oeufs, les fruits et légumes très importants en cette période où l'agriculture française donne le plus, et le président de la République était hier en Bretagne pour saluer cette deuxième ligne alimentaire des producteurs jusqu'aux distributeurs. Elle joue globalement le jeu et nous en parlons régulièrement pour regarder qu'il n'y ait pas de disparités trop fortes entre le producteur et la distribution.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, si je comprends bien…
DIDIER GUILLAUME
Il faut appeler un chat un chat, il faut que les distributeurs gagnent leur vie, mais il faut que le producteur gagne sa vie, et qu'il soit rémunéré.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, ça c'est un engagement que vous prenez, c'est un voeu pieux, pour l'instant, vous ne pouvez pas nous dire, c'est tout à fait le cas, mais en tout cas ce que je comprends, c'est que vous ne validez pas les chiffres d'augmentation des prix de l'UFC Que Choisir, pour l'instant ce que vous avez c'est une augmentation à peine de 0,01%. Vous disiez, Emmanuel MACRON est en Bretagne…
DIDIER GUILLAUME
Sur l'ensemble du panier.
ELIZABETH MARTICHOUX
Sur l'ensemble du panier qui comprend évidemment autre chose que l'alimentaire. C'est ça ?
DIDIER GUILLAUME
Evidemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
Didier GUILLAUME, et il y a des producteurs qui souffrent de surproduction, du lait par exemple, des pommes de terre. Est-ce que ces produits qui sont en surproduction, ils vont devoir les jeter ?
DIDIER GUILLAUME
Non, depuis hier nous avons gagné la partie, ça a été rude, depuis 15 jours, 3 semaines, avec l'Union européenne, le commissaire ne voulait pas beaucoup bouger, nous avons créé une coalition à la demande du président de la République, avec nos amis Allemands, Italiens, Espagnols, Portugais, et puis après nous avons rassemblé l'ensemble des pays de l'Union européenne. Nous avons écrit au commissaire, depuis hier l'Europe a répondu. Pour le lait nous avons gagné tous les arbitrages, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas à jeter le lait, le prix du lait, parce qu'il y a une surconsommation, a beaucoup baissé, on pourra faire du stockage, il y a des mesures spécifiques qui sont faites, ça sera le cas. Et sur la pomme de terre, ce qui est problématique, c'est la pomme de terre industrielle, les McDo, les fast-foods, etc. les restaurants d'entreprises, là il y a moins de frites, c'est une réalité, donc nous avons aussi réussi des mesures à obtenir, des mesures économiques. Donc pour la pomme de terre et pour le lait, et je crois que nous avons gagné la partie.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon, comment on stocke du lait ? Le lait ça ne se congèle pas.
DIDIER GUILLAUME
Non non, le lait c'est stocké en beurre et en poudre, et en poudre de lait, évidemment.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Et donc il y a une autorisation sur le principe, Bruxelles autorise à stocker, ce qui n'est pas le cas habituellement, c'est ça que je comprends.
DIDIER GUILLAUME
C'est ça, c'est exactement ça, Bruxelles va autoriser le stockage ce qu'on appelle le stockage privé, va travailler sur des mesures de marché, on va faire jouer l'article de 222, peu importe, tout ça c'est de la technique. Ce qui compte, moi ce qui m'importe, par rapport aux producteurs de lait, c'est qu'ils s'en sortent. Aujourd'hui le prix du lait avait beaucoup baissé, alors que c'était un secteur ce qui allait un petit peu mieux. Aujourd'hui nous avons dit stop. Hier matin j'ai fait une grande réunion avec l'ensemble de la filière, des producteurs de toute la filière, et nous avons convenu que si nous obtenions ça de l'Europe, ça permettait de se repositionner, ils sont en train d'y travailler, mais je crois que c'est une bonne nouvelle.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais alors ça veut dire que sur le principe ils ont droit de stocker, le stockage ça entraîne des surcoûts j'imagine, d'habitude ils inondent les marchés et…
DIDIER GUILLAUME
Non. Non non, parce que justement il va y avoir une aide de l'Europe.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'Europe va aider à payer ce surcoût ? C'est ça le mécanisme ?
DIDIER GUILLAUME
Oui oui, bien sûr, nous avons demandé beaucoup de choses à l'Europe, nous n'avons encore pas totalement tout obtenu, mais beaucoup de choses, notamment sur des secteurs qui sont des secteurs en grande difficulté. Le premier, vous l'avez cité Elizabeth MARTICHOUX, c'est le lait, c'est le secteur en plus grande difficulté, je crois que nous avons convenu que nous avions obtenu ce qu'il fallait, maintenant il faut le mettre en application. Le deuxième secteur, c'est le secteur de la viticulture, qui est un vrai vrai problème, parce qu'après les taxes de TRUMP qui ont planté une partie des entreprises viticoles, aujourd'hui avec la fermeture des restaurants, la fermeture des salons, la fermeture des caveaux, la fermeture de la vente dans les exploitations, eh bien aujourd'hui les viticulteurs français sont en train d'être totalement asphyxiés, et donc là c'est une deuxième chose sur laquelle nous n'avons pas encore assez au plus de l'Europe et sur laquelle nous voulons vraiment travailler, parce que c'est absolument indispensable. Et puis la troisième grande partie, c'est toute la partie horticole. Aujourd'hui, les serres, les horticulteurs, les pépiniéristes, sont en train de produire des plans, sont en train de produire les fleurs, et on n'en vend pas, parce que ce n'est pas un produit de première nécessité. Donc c'est ces trois secteurs sur lesquels nous nous battons beaucoup, sur lesquels je focalise les choses…
ELIZABETH MARTICHOUX
L'horticulture par exemple ?
DIDIER GUILLAUME
… nous avons obtenu aussi la possibilité de faire du stockage de viande etc. Nous avons beaucoup avancé avec l'Europe, mais il faut aller plus loin, l'Europe ne peut pas se contenter de ce qu'elle a fait là.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'horticulture, vous faites bien d'en parler, les fleuristes, c'est un massacre évidemment pour eux, on l'imagine, ce seront des aides françaises ou des aides européennes ? Est-ce que l'Etat français va aider les fleuristes ?
DIDIER GUILLAUME
Mais, l'Etat français aide toutes les entreprises françaises, avec les mesures transversales, le fonds de solidarité, les garanties, etc. Toutes les entreprises, agricoles, les fleuristes, les coiffeurs, les esthéticiennes, les restaurants, tout cela, et c'est des secteurs en grande difficulté. Mais parallèlement nous avons demandé et obtenu de l'Union européenne des aides, et ce n'est pas… Cette maladie elle est tellement forte, que l'Union européenne doit jouer et doit montrer sa solidarité, elle a commencé à faire un pas en avant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle a dit oui au principe, si je comprends bien, ça va dépendre quand même de l'enveloppe, le montant de l'enveloppe que les Etats vont valider. Est-ce que vous avez une idée ? Est-ce que vous avez des assurances sur la somme qui sera finalement débloquée ? Par exemple pour l'aide au stockage.
DIDIER GUILLAUME
Alors, nous n'avons pas d'assurance sur la somme qui sera débloquée, parce que ça doit être validé par le Parlement et la Commission en fin de semaine. Nous avons des assurances sur les engagements qui ont été pris, la Commission nous a donné hier son texte et ses décisions, et ses décisions elles sont très claires là-dessus. Donc les agriculteurs français peuvent se rassurer dans un certain nombre de domaines, et peuvent se dire dans d'autres, je vais vous les citer, par exemple, sur la viticulture, eh bien il faut aller plus loin parce que ça ne suffit pas.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord.
DIDIER GUILLAUME
Sur le lait, nous considérons avec la filière, que les choses sont là. Donc il n'y a pas de problème, l'Europe c'est une grosse machine, il faut être à 27…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour le lait, c'est une bonne nouvelle.
DIDIER GUILLAUME
Oui, c'est une très bonne nouvelle pour le lait.
ELIZABETH MARTICHOUX
es marchés, c'est très important évidemment pour tous les producteurs, est-ce qu'ils vont tous rouvrir le 11 mai, Didier GUILLAUME ?
DIDIER GUILLAUME
Ecoutez, les marchés c'est très important. D'abord pour l'approvisionnement local, la plupart des personnes âgées vont acheter un poireau, une pomme de terre, voilà, une salade au marché, ça leur fait leur nourriture équilibrée, c'est important pour eux, et puis c'est aussi important pour notre filière agricole française, pensez donc, 30% des fruits et légumes de France sont vendus sur les marchés lorsqu'ils sont tous ouverts, 30 %, un tiers c'est immense, s'il n'y avait pas ces marchés ce serait un vrai problème. Donc moi j'ai lancé un appel après la décision du Premier ministre de dire : on ferme tous les marchés, on les ouvre sous conditions de sécurité sanitaire absolue. Moi je dis aux maires : ouvrez les marchés, à condition que vous soyez capables de mettre de la place, de la distanciation entre les étals, des barrières. Et si on fait tout cela c'est important de réouvrir les marchés, c'est ce que nous essayons de faire avec Bruno LE MAIRE, avec lequel nous travaillons main dans la main pour avancer dans cette direction. E
LIZABETH MARTICHOUX
Mais, est-ce qu'il y aura une décision nationale ? Est-ce que l'interdiction avec possibilité de dérogation sous contrôle des préfets, à la demande des maires, est-ce que cette chape de plomb elle va elle va être levée ou pas, ou ça continuera à être au cas par cas ? C'est ça ma question.
DIDIER GUILLAUME
Non, il n'y a pas de chape de plomb, Elizabeth MARTICHOUX, aujourd'hui il a quasiment 40% des marchés qui ont réouvert. Vous savez, ce qui importe pour le gouvernement, c'est la sécurité de nos concitoyens. Il est hors de question de faire prendre le moindre risque possible. Pourquoi le Premier ministre a dû annoncer la fermeture des marchés ? Parce qu'il y avait trop de promiscuité, de rencontres reproches. A partir du moment où on réorganise les choses, il n'y a plus aucun problème, et les marchés peuvent réouvrir là où il y a de la place, ils peuvent réouvrir dans une salle, dans un gymnase. Après, votre question, c'est : que se passe-t-il après le 11 mai ? Eh bien lorsque nous en saurons un peu plus sur le déconfinement, évidemment je pense que tous les marchés de France réouvriront, mais ne réouvriront pas comme avant, ils réouvriront avec les distanciations sociales, avec les barrières sanitaires, avec les gestes barrières. Et à partir de là les choses pourront se passer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Par parenthèse, mais ce n'est pas une petite parenthèse. Emmanuel MACRON, qui était réticents à un déconfinement par régions, semble finalement s'y être rallié. Est-ce que… Vous, vous avez été longtemps élu local, donc vous êtes sensible à la dimension locale et à une différenciation des situations, est-ce que ça vous semble effectivement une bonne idée de régionaliser le déconfinement ?
DIDIER GUILLAUME
D'abord, le président de la République était hier en Bretagne pour aller saluer la deuxième ligne, les producteurs de fruits et légumes et les distributeurs. Et il a bien fait de le faire. Il a rendu un bel hommage, la France agricole a tenu, la France alimentaire a tenu, il n'y a pas eu de pénurie, et c'est là que l'on voit la force et la résilience de notre pays. Ensuite, il va falloir aller plus loin. Le 11 mai il y aura la première étape de la deuxième phase, la première étape du déconfinement. On ne peut pas dire aujourd'hui, puisque nous travaillons, le gouvernement va rendre sa copie de 30 avril, le 1er mai, on ne peut pas dire aujourd'hui ce qui se passera pour le 11 mai. Le président de la République, il a ouvert toutes les pistes, mais il y a deux choses. Il y aura d'abord les scientifiques qui devront dire ce qu'il en est, et puis les politiques qui devront prendre leurs responsabilités. Et moi, ce que j'aime beaucoup dans le discours d'Emmanuel MACRON, c'est qu'il dit : mais il faut aller au plus proche du terrain, faisons confiance à l'intelligence locale, vous l'avez dit, aux maires, aux régions, aux départements, c'est comme ça que nous y arriverons. Après dire : est-ce qu'on déconfine par région ou pas par région, je suis incapable de vous répondre. Vous pensez bien, ce matin j'ai entendu sur votre antenne deux responsables…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous, vous y êtes favorable ? Vous ? Vous y êtes favorable, votre conviction ?
DIDIER GUILLAUME
Ce matin sur LCI, j'ai entendu le maître de conférences, monsieur MIRCEA, qui dit : il faut absolument déconfiner, région par région, et j'ai entendu Patrick PELLOUX qui dit : il ne faut absolument pas déconfiner région par région. Donc vous voyez bien que je ne vais pas rentrer là-dedans. Je n'ai pas de, ni de compétence, ni de convictions là-dessus. Ce que je sais par contre, c'est qu'il faut un plan national, qui va être mis en place, sous l'autorité du chef de l'Etat, et après s'appuyer localement. Mais je vous le dis, s'appuyer localement. Lorsque le plan sera mis en place, lorsque nous saurons comment nous allons aller à l'école, c'est évidemment aux maires, pour les écoles maternelles et primaires, aux départements pour les collèges, et aux régions pour les lycées, région par région, territoire par territoire de le faire. L'intelligence locale, l'intelligence de cette décentralisation française, l'intelligence au plus près de nos concitoyens, c'est cela qui va nous faire gagner la partie.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vive la décentralisation.
DIDIER GUILLAUME
Mais il faut un cadre national, et là le chef de l'Etat l'a bien dit, et après nous verrons comment les choses avanceront, territoire par territoire. C'est ça l'intelligence française.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça peut donner un coup de pouce à la décentralisation, finalement cette épreuve, collective.
DIDIER GUILLAUME
La décentralisation elle est là. La décentralisation elle est là. Ce qu'il faut c'est arriver à comprendre qu'il ne peut pas y avoir de défiance entre les territoires et l'Etat central, qu'il ne peut pas y avoir de défiance entre les maires et le chef de l'Etat, et on a vu dans le grand débat national, que les choses étaient, je ne sais pas si on peut dire, rentrées dans l'ordre, mais que cette confiance était revenue. On l'a vu au Congrès des maires en novembre dernier, et donc à partir de là, appuyons-nous sur les forces locales, appuyons-nous sur l'intelligence des maires pour avancer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore un mot, Didier GUILLAUME. Vous avez appelé à ce que les Français qui étaient privés d'activité, puissent aller aider les exploitations. Il y a une plateforme. D'abord, cette plateforme, il y a combien de volontaires finalement qui se sont inscrits ? Il y a combien surtout d'exploitations qui bénéficient de cette main-d'oeuvre très utile, je pense ?
DIDIER GUILLAUME
Il y a plus de 300 000 Françaises et Français qui se sont inscrits sur cette plateforme, je veux les remercier, c'est absolument formidable. Il y a 15 000 sur ces sur ces 300 000 qui sont déjà allés au travail, pour environ 5 000 exploitations. Parce qu'il a fait froid, parce que l'agriculture française ne pousse pas au même moment, là on arrive à la période chaude, je crois qu'ils annoncent 26° cet après-midi en Ile-de-France, un peu moins dans le Sud, eh bien là ça va donner complètement, en attendant que tout cela rentre dans l'ordre. Mais je veux souligner là, c'est qu'aujourd'hui il faut que nos concitoyens comprennent bien que l'alimentation va être au coeur de la vie de demain, elle l'est déjà aujourd'hui, et que cette alimentation, elle est produite par l'agriculture, et que c'est plus de 300 000 personnes qui sont allées s'inscrire cette plateforme, pour dire : je peux aider l'agriculture française. C'est absolument remarquable et je veux vraiment les en remercier. Ils sont payés, on peut cumuler le chômage partiel avec le contrat de travail chez les agriculteurs, c'est ça qui est très important, et c'est pour ça que, voilà, cette solidarité liée à la chaîne alimentaire, à l'alimentation, à l'agriculture, ce retour aux sources, je crois que nous le constatons tous les jours.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais il va falloir que ça se poursuive, parce que ce n'est pas, ça ne va pas s'arrêter le 11 mai, il y a encore beaucoup de besoins de main-d'oeuvre et les frontières ne seront toujours par rouvertes pour les saisonniers qui viennent nous aider de Roumanie, du Maroc etc. Donc ça va continuer, cette plateforme elle doit être, elle doit continuer à alimenter les exploitations jusqu'à la fin de l'été.
DIDIER GUILLAUME
Eh bien elle continuera à alimenter les exploitations jusque-là où il y en aura besoin. Et puis dès que les travailleurs saisonniers venant d'autres pays pourront revenir en France, dès que les décisions seront prises, eh bien tout cela s'atténuera. Et puis on fera un tuilage en quelque sorte, mais bien sur la plateforme elle ne s'arrête pas le 11 mai, la plateforme elle continue tant qu'il y aura un besoin de main-d'oeuvre saisonnière. Et vous savez, moi j'appelle les Françaises et les Français, pas uniquement ceux qui se sont inscrits, mais ceux qui cherchent du travail, les jeunes, à aller se lancer dans cette aventure du vivant, que sont les métiers de l'agriculture et de l'extérieur, parce que on gagne bien sa vie, et on a un objectif essentiel, c'est celui de nourrir nos concitoyens.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et quand on a, j'imagine, une promesse d'activité, on peut passer d'une région à une autre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Une dernière question, réponse brève, mais c'est un énorme sujet : les Français, vous l'avez dit, achètent made in France en ce moment, un peu par contrainte, mais enfin, ils en profitent, de la qualité française, dès que ce sera terminé, pardon Didier GUILLAUME, la course au prix le moins cher possible va reprendre, c'est normal, surtout qu'il y aura des baisses de revenus. Comment faire ? En fait, il faudrait que la production française coûte moins cher.
DIDIER GUILLAUME
Mais non, mais justement, ce que vous dites c'est ce sur quoi nous devons travailler, et ce contre quoi nous devons lutter. Ce n'est pas toujours le moins cher qu'il faut, c'est le mieux. Le problème ce n'est pas ce que ça coûte, mais c'est-ce que ça vaut…
ELIZABETH MARTICHOUX
Si, pour les Français, si.
DIDIER GUILLAUME
Et il faut que nous arrivions à mieux répartir dans la chaîne… oui mais bien sûr, mais je l'entends, il faut mieux répartir dans la chaîne alimentaire la valeur, pour faire en sorte que nos concitoyens puissent acheter des produits français, à des prix abordables. Peut-être que demain, se nourrir coûtera légèrement plus cher, qu'il faudra faire des efforts dans la répartition budgétaire, en mettant peut-être quelques centimes de plus sur l'alimentation dans le mois. Je sais que pour certains de nos concitoyens c'est très difficile, par rapport à d'autres sujets. Vous savez, ce que nous avons constaté là, c'est qu'avec les plus de 22 millions de personnes qui ne mangent plus dans la restauration collective, restaurants, cantines et autres, qui mangent à la maison, eh bien ça leur a coûté plus cher de manger à la maison que de manger dans la restauration collective. Là aussi c'est la solidarité des collectivités territoriales, parce que lorsque je mets mes enfants à la cantine, je paie mon repas peut-être 1,50 €, 2 e€, 3 €, mais ça coûte 9 ou 10 € à la collectivité. Donc il faudra repenser à tout cela, c'est pour ça que le gouvernement a mis une aide de 150 € par famille et 100 € par enfant pour les familles qui en ont besoin, pour les aider à nourrir leurs enfants, leur famille, mais il faudra regarder comment demain nous pourrons mieux alimenter les Français, avec des produits de meilleure qualité, et si possible français, c'est la souveraineté alimentaire que le président de la République appelle de ses voeux. Et pour se faire, il faudra une nouvelle relation entre la chaîne, entre le producteur et distributeur.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et peut-être pérenniser ces aides alors, ces aides alimentaires. En un mot. Votre avis, oui ?
DIDIER GUILLAUME
Non, les aides alimentaires de toute façon elles existent, les collectivités locales les donnent, par les CCAS, par les départements. Là l'Etat a voulu faire un geste très fort, justement pour ces familles-là dont les enfants ne mangent plus à la cantine, qui sont en difficulté, parce qu'il y a du chômage partiel etc.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Didier GUILLAUME d'avoir été avec nous ce matin en direct sur LCI. Je vous souhaite une bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 avril 2020