Texte intégral
Q - 130 000 Français veulent rentrer de l'étranger. Comment avez-vous établi cette estimation ?
R - Grâce à la mobilisation du ministère, des ambassades et des consulats, nous avons établi une cartographie extrêmement fine des besoins, pays par pays, aéroport par aéroport. L'urgence, c'est que tous les Français qui se trouvent actuellement en voyage à l'étranger comprennent qu'ils sont invités à rentrer dès que possible. Nous sommes là pour les y aider.
Q - Tous les Français ?
R - Attention : je parle bien des Français en voyage à l'étranger, pas des Français qui résident à l'étranger. Si vous vivez de façon permanente à l'étranger, le mieux est de respecter les consignes sanitaires des autorités locales. Sauf, bien sûr, raison médicale impérative.
Q - Que doivent-ils faire, dans le pays où ils se trouvent ?
R - Je les invite à s'inscrire sur l'application Ariane (accessible à l'adresse : www.diplomatie.gouv.fr). C'est une application qui nous permet d'entrer en contact avec eux pour leur donner toute l'information dont nous disposons.
Q - À partir de là, ils entrent en contact avec Air France ?
R - Oui, un mécanisme a été mis en place entre notre ministère, celui des transports et Air France. Le gouvernement a, bien sûr, demandé que les billets soient vendus à des tarifs spécifiques et raisonnables.
Q - Que se passe-t-il pour les pays où les liaisons aériennes ont été suspendues ?
R - Les équipes du Quai d'Orsay s'y emploient quotidiennement et je passe moi-même, chaque jour, de nombreux appels à mes homologues - par exemple marocain, tunisien, émirati, canadien, etc. -, pour régler les cas les plus complexes.
Q - Par exemple ?
R - 150 vols ont été organisés pour permettre le retour de plus de 18 000 Français qui se trouvaient bloqués au Maroc. Et ces vols continueront tout le week-end.
Q - Pour les ressortissants d'autres pays, l'entrée sur le territoire est totalement interdite ?
R - Oui, sauf cas précis : ceux qui disposent d'un permis de séjour français ou européen et qui rejoignent leur domicile (cela vaut également pour les enfants et les conjoints), ceux qui assurent le transport international de marchandises, ceux dont la présence sur notre territoire peut contribuer à la lutte contre le virus (les professionnels de santé).
Q - L'Europe est la grande absente de cette crise ?
R - Depuis le début de la crise, à la mi-janvier, la France a été à l'avant-garde pour appeler ses partenaires de l'UE à organiser une réponse européenne. Aujourd'hui, nous coordonnons nos actions pour freiner le virus. C'est le sens de notre décision de fermer les frontières extérieures de l'UE et de l'espace Schengen. Nous mettons en commun nos moyens, avec le lancement d'achats groupés de matériel sanitaire et 187 millions d'euros consacrés à la recherche sur le Covid-19, notamment pour trouver un vaccin.
Q - Mais l'impact économique sera énorme…
R - Les 37 milliards d'euros que la Commission est en train de mobiliser permettront notamment de soutenir nos entreprises les plus vulnérables et de financer le chômage partiel. La Banque centrale européenne a adopté cette semaine un programme de rachat de dette publique et privée pour soutenir l'activité à hauteur de 750 milliards d'euros. Nous devons faire face ensemble.
Q - L'Europe joue-t-elle sa survie dans cette crise ?
R - L'Europe joue son destin. Elle doit être au rendez-vous. Nous vivons un moment d'une extrême gravité. Le président de la République l'a dit lundi soir : nous devons désormais considérer que notre pays est en guerre. En guerre contre un virus - le Covid-19 -, dont nous devons à tout prix ralentir la propagation. En France, en Europe et dans le monde. Chacun doit prendre part à la mobilisation.
Q - Comment vivez-vous cette crise ?
R - Nous vivons un moment d'une extrême gravité. Chacun doit prendre part à la mobilisation : en restant chez soi autant que possible et en limitant ses déplacements et ses contacts au strict minimum. Dans ces heures difficiles, j'appelle tous les Français à faire preuve de responsabilité et de civisme : protégeons-nous, protégeons les autres. C'est très important.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 2020