Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité, Jean-Michel BLANQUER, ministre de l'Education nationale. Bonjour, merci d'être avec nous.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les terrasses, les bars, les cafés, les restaurants, c'est bien, mais enfin, l'école, c'est important et c'est même très important, est-ce que tous les élèves, primaire, collège, lycée retourneront en cours avant les vacances scolaires le 4 juillet ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Toutes les écoles, tous les collèges et tous les lycées ont vocation à ouvrir d'une façon ou d'une autre, et tous les élèves ont vocation à revenir, même un peu, dans leur école, leur collège et leur lycée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous les élèves reviendront, même un peu ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Enfin, j'aimerais que ce soit le cas, après, vous savez, il peut y avoir des exceptions, notamment, déjà, parfois, ça dépend de certains élèves qu'on a encore du mal à aller chercher, si je puis dire, et puis, d'autre part, il peut y avoir tel ou tel problème localement, mais ce qui est difficile dans ce mois de mai et ce mois de juin, c'est d'avoir tous les élèves ensemble, vous le savez bien, puisque le protocole sanitaire nous oblige à souvent fonctionner par roulement, et ce roulement doit permettre au maximum d'accueillir les élèves, d'autant plus qu'au mois de juin, nous commençons à déployer un dispositif conçu avec les mairies, et qui est un dispositif qu'on appelle sport, santé, culture civisme, et qui permet d'avoir des activités en plus de l'école aux heures de l'école…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin, dispositif qui aujourd'hui ne rencontre pas un succès formidable, 200 communes, on en est à 200 communes…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, parce que c'est le début, 200 communes en deux semaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur 36.000…
JEAN-MICHEL BLANQUER
D'abord, certaines des communes qui commencent à signer sont des grandes communes, donc ça va représenter beaucoup d'enfants, et d'ici à la fin du mois de juin, vous verrez que ce sera monté en puissance assez fortement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Jean-Michel BLANQUER, je vous disais cela, parce qu'il y a des parents, et je les entends et je les vois et je lis les messages des parents, qui en ont assez, qui demandent à ce que leur enfant puisse aller à l'école aujourd'hui, et c'est un vaste problème, est-ce que vous allez alléger le protocole sanitaire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Au mois de juin, c'est difficile puisque…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne l'allégerez pas au mois de juin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, on a parfois un peu la mémoire courte, parce que le protocole sanitaire, il a été élaboré, il y a moins d'un mois, et il y a moins d'un mois, souvenez-vous du débat qu'il y avait, le débat, c'était, on me reprochait de vouloir rouvrir les écoles, aujourd'hui, on me reproche que ça n'aille pas assez vite et assez loin alors que c'est un processus très complexe, bien entendu que la situation est imparfaite, mais nous avions 2 grands objectifs, le premier, c'est le retour à l'école, parce que l'école, c'est fondamental. Et puis, le deuxième, c'était des garanties sanitaires, puisqu'il faut continuer évidemment à être prudent avec le virus, même s'il circule moins maintenant, mais il est quand même toujours là, donc il est normal de maintenir ce protocole sanitaire strict, c'est d'ailleurs la condition de la confiance, ce que j'espère, c'est que nous serons capables de – mais ça, ça dépend de l'évolution de la situation épidémique – de l'alléger en septembre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pourriez l'alléger courant juin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Courant juin, non…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je pense que c'est plutôt pour la rentrée, non, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne sera pas allégé, il sera allégé pour septembre…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je l'espère, imaginez que l'épidémie reparte, ce ne serait pas le cas. Mais sinon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On l'espère aussi…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Si les choses évoluent bien, continuent à évoluer positivement comme c'est le cas actuellement, alors, oui, il faudra l'alléger certainement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pas d'allègement du protocole sanitaire avant la fin de l'année scolaire, et allègement probable en septembre, voilà pour, résumer…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Même si nous devons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai bien résumé la situation…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous l'avez bien résumée, sachant que nous nous préparons à tous les scénarios pour septembre, que ce soit avec un allégement du protocole ou pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant d'entrer dans les détails, collèges, écoles, collèges, lycées, je voudrais quand même encore une fois relayer les inquiétudes de nombreux parents, mais que répondez-vous à ces parents qui ont leurs enfants à la maison et qui ne peuvent plus, parce que, au bout d'un moment, c'est bien enseignement à distance, mais c'est mieux d'être en classe, et qui ne peuvent plus les garder pour des raisons…, parce qu'ils ont repris le travail, que leur dites-vous ce matin, et pourquoi est-ce que nous nous retrouvons dans cette situation, au-delà du problème sanitaire, pourquoi ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, d'abord, 1°) : je leur dis que je les comprends, je vois très bien dans quelle situation ils sont donc, 2°) : que la situation, elle est nécessairement imparfaite, on ne passe pas d'une situation de fermeture complète des écoles, et la situation que nous avons tous connue, à une situation où du jour au lendemain, on réussit à ouvrir avec un protocole sanitaire strict, on n'a jamais prétendu que ça allait être plein et complet et qu'on réussirait tout, tout de suite, pour tous les enfants, c'était déjà quelque chose de considérable que de réussir à rouvrir, si nous nous comparons aux autres pays européens, nous sommes parmi ceux qui le faisons le plus, le mieux, maintenant, j'ai clairement dit que le mois de mai était un mois d'amorce, c'est-à-dire, commencer progressivement à faire rentrer notamment les écoliers, et un peu les collégiens, maintenant, le mois de juin, c'est un mois de consolidation, c'est-à-dire qu'on va voir plus d'écoliers qui viennent, plus de collégiens, plus de les lycéens, nous rectifions le tir chaque fois que nous voyons qu'il y a trop peu d'élèves qui sont accueillis dans une école, par exemple, et puis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l'école pourrait accueillir davantage d'élèves, franchement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est ce qui se passe d'ailleurs, chaque jour, nous faisons progresser ce point-là, et souvent, nous comparons certaines écoles entre elles ou certaines communes entre elles, par exemple, on voit parfois qu'il y a des groupes qui sont trop petits, parfois, on est allé un peu trop loin dans la constitution de groupes petits, donc vous avez par exemple 6 ou 7 élèves dans la classe, alors que le maximum, c'est 15, donc on peut encore progresser, et c'est un travail qu'on fait au quotidien avec les directeurs et les directrices d'école, et maintenant, avec les principaux de collège et les proviseurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous n'êtes pas un peu indulgent avec les enseignants qui exercent leur droit de retrait, et qui disent : oh, non, on n'ira pas travailler avant septembre, franchement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il n'y a pas d'enseignant qui ne soit pas au travail, les enseignants qui ne sont pas là sont dans le travail à distance, puisque vous avez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais certains ne veulent pas revenir dans les établissements…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Certains peuvent avoir des raisons valables, des raisons de santé, ou même quand vous avez dans votre famille, dans votre foyer, quelqu'un qui est fragile par sa santé, donc nous avons quelque chose qui aujourd'hui est ajusté au nombre d'élèves, puisque nous n'avons pas tous les élèves à la fois, nous n'avons pas non plus tous les professeurs à la fois, mais c'est le premier facteur qui doit être la condition du deuxième, et pas l'inverse, et donc évidemment, nous travaillons au retour progressif des professeurs. Mais là, c'est pareil que dans d'autres domaines, le retour, il est forcément progressif, et puis, tous les professeurs qui ne sont pas là sont en télétravail pour assurer l'enseignement à distance avec les élèves, alors je ne vous dis pas, encore une fois, que tout est parfait partout, je n'ai jamais prétendu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A Paris, par exemple, à Paris, par exemple, vous avez souligné le manque d'entrain, entre guillemets, de la municipalité…
JEAN-MICHEL BLANQUER
A certains endroits, je pense que la mobilisation, notamment du personnel, parce que, parfois, ce qui fait que l'accueil est restreint, c'est le manque de personnels aussi de la collectivité, donc à Paris, c'est ce que j'ai pu constater dans plusieurs endroits où les enfants étaient insuffisamment accueillis, c'est pour ça que je l'ai signalé la semaine dernière à la Mairie de Paris, et en réalité, depuis le début du processus, parce que je pense qu'on peut faire mieux à Paris, et c'est une question de dialogue entre le rectorat et madame HIDALGO, mais j'espère qu'elle va travailler à cela, parce que pour l'instant, c'est vrai qu'à Paris, la situation mérite des améliorations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, manque de volonté, manque de volonté ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je pense que, parfois, c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On fait passer un message politique sur le dos des enfants ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, j'espère que ça n'est pas ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, j'espère que ça n'est pas ça tout simplement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous espérez que ça n'est pas ça, mais vous pouvez le penser ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
En tout cas, nous avons tous intérêt à ce que le maximum d'enfants aille à l'école, et c'est à cela qu'on doit travailler sans polémique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, collèges, 95 % rouverts en zone verte, 6ème et 5ème, par petits groupes, c'est bien cela en zone verte ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est ça, tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
4ème et 3ème aujourd'hui ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Les 4èmes et 3èmes commencent à rentrer en zone verte et les 6èmes et 5èmes commencent à rentrer en zone rouge, orange…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En zone rouge, oui. 4èmes, 3èmes en zone orange ? Là, est-ce que les 4èmes et 3èmes vont avoir des heures de cours avant la fin de l'année ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, la réponse est clairement oui, simplement, on commence par les 6èmes et les 5èmes, donc qui commencent cette semaine, et puis, les 4èmes et 3èmes de zone orange, c'est-à-dire notamment Paris et la région parisienne, et puis, Mayotte, eh bien, vont pouvoir commencer à rentrer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que, Jean-Michel BLANQUER, les décrocheurs, on parle beaucoup des décrocheurs, souvent, on les retrouve notamment en Ile-de-France, en 4ème et 3ème…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est vrai, et donc c'est pour ça qu'il faut que les 4èmes et 3èmes rentrent dans un temps très proche aussi, bien sûr, vous avez tout à fait raison, et d'ailleurs, en réalité, avec pragmatisme, nous demandons aux principaux de collège d'être capables éventuellement d'accueillir des décrocheurs de 4ème et de 3ème par petits groupes déjà, quand c'est possible, bien sûr, vous savez, moi, mon principal message vis-à-vis des acteurs, que ce soit ceux de l'Education nationale ou ceux des collectivités locales, et aux parents aussi, c'est : on doit faire revenir les enfants au maximum et on doit avoir une attention particulière aux élèves les plus défavorisés, en tout cas ceux qui ont le plus de difficultés scolaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, gros décrochage aussi en lycée professionnel, on le sait, quel est le taux aujourd'hui de décrochages en lycée professionnel ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parfois, ça peut être autour de 20 %, la moyenne nationale est à 4 % sur l'ensemble des élèves, mais en lycée professionnel, c'est légèrement au-dessus de 20 %, donc, et dans certains endroits, c'est plus que cela encore, donc il y avait une urgence des lycées professionnels, je l'ai dit et répété très fortement depuis plusieurs semaines, et c'est pour ça que j'étais content qu'on puisse prendre cette mesure d'ouverture des lycées professionnels, c'est désormais une réalité, et là aussi, mon message aux proviseurs, c'est le volontarisme au service de nos élèves…
JEAN-JACQUES BOURDIN
643.000 jeunes, 40 % des lycéens, le lycée professionnel, on l'oublie souvent malheureusement, on en parle beaucoup moins…
JEAN-MICHEL BLANQUER
On en parle toujours au maximum, oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, oui, non, mais c'est vrai, alors là, lycées professionnels, ouverts, tous ouverts, on est d'accord ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, tous ouverts…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A partir d'aujourd'hui…
JEAN-MICHEL BLANQUER
A partir d'aujourd'hui, tous ouverts, alors parfois, c'est la prérentrée aujourd'hui, et en zone orange, avec des flux qui sont plus légers, mais le principe, c'est tous ouverts, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et en zone orange, les lycées généraux ? Comment ça va se passer, tous ouverts ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors là aussi, ils sont tous ouverts, mais pour des entretiens individuels, si vous voulez, il va se passer au mois de juin, notamment pour les lycéens, quelque chose de différent de ce qui se passe habituellement, moins d'heures de cours, mais plus de personnalisation, des entretiens individuels, une projection dans l'année prochaine, puisqu'il faut faire le point sur là où ils en sont, certains ont très bien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire qu'un élève aura un entretien avec son prof…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Voilà, exactement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme un cours individuel, comme un cours…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, comme un entretien à la fois pour faire le point de bilan de compétences, d'une certaine façon, et puis, de conseils, pour la suite ; et ça peut être extrêmement précieux, notre objectif, c'est d'avoir un raisonnement sur 2 années maintenant, c'est-à-dire, il y a l'année 2019-2020, qui a été très particulière, et puis, on a l'année 2020-2021 qui est maintenant une année où on permettra de rattraper certains retards, puis, de tenir compte de ce qui s'est passé précédemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, les internats seront tous ouverts ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, oui, mais selon le protocole sanitaire qui est assez strict aussi, alors parfois, dans certains cas, ça va amener à ne pas ouvrir l'internat, mais l'objectif, c'est qu'ils soient tous ouverts et en respectant le protocole.
JEAN-MICHEL BOURDIN
Les enfants handicapés, je ne les oublie pas, seront-ils tous accueillis ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ils ont vocation à être tous accueillis, alors chaque handicap est un cas particulier, mais nous avons évidemment voulu que ce soit une priorité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'ils sont prioritaires ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ils sont prioritaires et affichés comme tels depuis le début, à partir de cette semaine, nous aurons réouvert ce qu'on ce qu'on appelle les ULIS, donc les unités qui sont spécialisées pour l'accueil des élèves en situation de handicap, donc 100 % des ULIS doivent avoir ouvert cette semaine, sachant qu'on est déjà à 80 %, mais l'objectif, c'est effectivement cet accueil prioritaire. Certains handicaps rendent les choses peut-être parfois plus compliquées pour qu'on réussisse cette intégration, mais l'objectif est là, et nous y avons beaucoup travaillé avec Sophie CLUZEL et le monde associatif pour que ce soit une réalité sur le terrain, avec la mobilisation de nos AESH, de nos accompagnants, pour revenir le plus possible à la normale, sachant qu'on revient de loin sur ce sujet avec ce qui s'est passé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'imagine que vous préparez déjà la rentrée, on en parlait tout à l'heure, évidemment que vous la préparez, concertation, je crois avec tous les partenaires sociaux, avec les associations d'élus, les parents d'élèves, pour bien préparer cette rentrée, pour que tous les cours soient assurés dans de bonnes conditions…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, l'objectif, c'est d'être dans une concertation maximale, c'est ce qui va caractériser ce mois de juin, c'est une concertation très large avec les organisations représentatives, avec les parents d'élèves, avec les élèves eux-mêmes d'ailleurs les élus, bien sûr, pour préparer cette rentrée du mois de septembre avec les différents scénarios, en tirant aussi les enseignements de ce que nous avons vécu avec la période de confinement, je pense en matière numérique en particulier, tous les progrès que nous pouvons faire, et puis, je pense aux pratiques sportives et culturelles, nous voulions de toutes les façons, indépendamment de cette crise, développer le sport et la culture à l'école, et donc, vous voyez, au cours de ce mois de juin, vous aurez des petits groupes d'élèves de 15 qui vont aller au musée, qui vont aller…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on peut imaginer un jour, ce qui se fait partout, pas partout, mais dans de nombreux pays, c'est-à-dire que des études jusqu'à 12h ou 14h, et puis ensuite, du sport ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui bien sûr…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un objectif ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est un objectif, oui, on a lancé une première expérimentation l'année dernière qui concerne quelques établissements, on l'a fait avec Roxana MARACINEANU pour que, aussi, les acteurs du sport s'impliquent là-dedans, il y a la dynamique Paris 2024 qui fait qu'on crée de plus en plus de sections sportives, que l'on veut développer le sport à l'école…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une sorte de mi-temps, est-ce qu'un jour, on peut imaginer des enfants en France, les enfants en France avoir un mi-temps ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors mi-temps, pas au sens où il y aurait une diminution des heures de cours, parce que, vous savez, moi, mon grand principe, c'est quand même de maintenir une forte exigence, et mon objectif, c'est de rehausser le niveau, mais on rehaussera d'autant mieux le niveau que les enfants seront épanouis, d'où l'importance des activités sportives plus importantes que ça n'est le cas aujourd'hui, et puis, les activités culturelles, et donc aller au musée, profiter du conservatoire local, la musique, par exemple, est essentielle aussi, donc c'est pour ça que je mets ensemble ce sujet sport et ce sujet culture, l'école doit être un plaisir, le plaisir d'apprendre, parce qu'on se structure l'esprit, on apprend des choses, et puis en même temps, on s'épanouit avec les autres, d'ailleurs, avec du sens du collectif, c'est l'objectif de l'école, et il se résume ainsi, et donc la place du sport et de la culture va se développer, la crise nous oblige un peu à accélérer ce qu'on devait faire de toute façon sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ecoles ouvertes, colonies apprenantes, parcours buissonniers, accueils de loisirs apprenants, ça, ce sont de jolis mots alignés les uns derrière les autres, oui, mais moi, j'ai une question simple, qui va enseigner aux enfants, ça, c'est pour cet été, on est bien d'accord, mais qui va enseigner aux enfants ou qui va les encadrer ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors il y a plusieurs catégories d'encadrement, mais il y aura fondamentalement dans une grande et belle tradition de l'Education nationale des professeurs volontaires, et puis, d'autre part, les éducateurs qui ont déjà l'habitude évidemment d'encadrer les colonies de vacances, donc c'est tout un travail que nous faisons avec les associations qui gèrent cela, aussi, avec les collectivités locales, pour avoir des nouvelles formes de colonies de vacances qui tiennent compte, là aussi, de ce qui s'est passé, c'est-à-dire qu'il puisse y avoir, dans certains cas même, du soutien scolaire nous allons avoir l'opération école ouverte, qui fait qu'on va avoir des écoles, des collèges et même des lycées pros, justement, qui seront ouverts pendant l'été, on va faire un été pro, ça voudra dire que vous aurez certains lycées pro qui seront ouverts avec des ateliers, un atelier de cuisine, un atelier de menuiserie, un atelier de charpenterie, tout ça pour arriver à ce que, d'abord, certains rattrapages puissent se faire, qu'on puisse valoriser l'enseignement professionnel, et puis, qu'il y a des élèves qui, n'étant pas en vacances, puissent quand même avoir des activités. Et puis, il va y avoir ce que vous avez appelé – vous l'avez rappelé – les parcours buissonniers, ce sera une façon très originale très originale d'inventer des nouvelles colonies de vacances en petits groupes, c'est-à-dire des enfants qui partent sous la tente souvent en milieu rural, dans leur région…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura du soutien scolaire aussi, si j'ai un élève, un enfant qui est en difficulté, il pourra aller à l'école la plus proche ou au collège le plus proche pour avoir du soutien scolaire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Absolument, et vous aurez du soutien scolaire notamment la dernière semaine d'août pour les élèves de CM2 en particulier, mais même pour tous les élèves de l'école primaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, les concours de l'Education nationale, je voudrais vous poser une question, parce que là aussi, j'ai été interpellé, pas d'oral pour les candidats au concours externe, mais oral pour les candidats au concours interne, il y a, là, une vraie différence, franchement, une inégalité, est-ce que vous pouvez nous annoncer ce matin que les admissibles au concours interne seront admis ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Les admissibles au concours interne, alors c'est peut-être un peu difficile à comprendre pour nos auditeurs, ce sont des personnes qui travaillent déjà pour l'Education nationale, soit parce qu'elles sont contractuelles, soit, parce que par exemple, elles ont un CAPES et qu'elles veulent avoir une agrégation, donc ces personnes que je regarde avec beaucoup d'attention, qui sont aujourd'hui 8.000 admissibles…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui ont envie en plus, qui ont envie d'enseigner…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, mais en même temps, c'est mon devoir d'avoir une certaine exigence pour leur entrée dans le métier, donc on est en train d'arriver à une solution qui permettra d'avoir à la fois les admissibles, la première moitié admise, et les autres, sur une liste complémentaire, ce qui permettra de recruter une bonne partie d'entre eux tout au long de l‘année…
JEAN-JACQUES BOURDIN
4.000…
JEAN-MICHEL BLANQUER
4.000, puisqu'ils sont 8.000 admissibles ; il devait y avoir 4.000 admis à la fin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la rentrée…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et donc, nous allons avoir un système qui permet d'éviter d'avoir cet oral de septembre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur deux ans…
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'ai entendu ce qu'ils m'ont dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y aura pas d'oral donc…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, parce que parce que tout simplement, on a discuté, on a regardé comment faire, l'objectif, vous savez, c'est à la fois la bienveillance et l'exigence. La bienveillance vis-à-vis de chacun…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors combien d'admis….
JEAN-MICHEL BLANQUER
La moitié, c'est-à-dire 4.000…
JEAN-JACQUES BOURDIN
2.000…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, c'est 4.000 sur les 8.000…
JEAN-JACQUES BOURDIN
4.000 sur les 8.000. Bon, d'accord. Eh bien, voilà une bonne nouvelle. Bien, j'ai une autre question, les fameuses primes, jusqu'à 1.000 euros, vous avez dit, combien, 60, 65.000 personnels de l'Education nationale, jusqu'à 1.000 euros, c'est-à-dire qu'il y aura des primes de 330, 660 et 1.000 euros ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement, c'est bien cela. A qui ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, c'est déjà pour tous les professeurs qui se sont investis dans l'accueil des enfants de personnels soignants, chacun le sait, pendant toute la crise, pendant les 2 mois de confinement, tous les jours, y compris le samedi et le dimanche, vous aviez les enfants de soignants qui étaient accueillis dans les écoles, parfois des collèges, et nous avons ainsi pu traverser la crise grâce à ces professeurs investis, il est normal aujourd'hui de les remercier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Versée quand cette prime ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, je ne voudrais pas trop m'avancer parce que les histoires de paies sont toujours compliquées, mais je crois que ça devrait être sur la paie de juillet, mais je dois vérifier ce point…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A propos de rémunération, parce qu'il va bien falloir reposer la question, je regardais encore les chiffres, ce sont des chiffres du ministère, 42 dollars pour un enseignant Français pas heure d'enseignement, 42 dollars, c'est en dollars…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est en dollars, c'est regrettable…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'accord, mais bon, dernière étude, 49 pour un Italien, 56 pour un Portugais, 68 pour un Néerlandais, 93 pour un Allemand, presque le double, presque le double, moyenne de l'OCDE, 56 dollars, moyenne de l'Union européenne, 55 dollars, nous sommes en dessous de tout, c'était compris dans la réforme des retraites, la négociation était englobée dans la réforme des retraites, est-ce que vous allez la reprendre ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui bien sûr, je vais la reprendre en cette fin d'année scolaire, maintenant que les choses reprennent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, d'ici à la fin du mois de juin, de façon à ce qu'on ait des discussions avec les syndicats qui d'ailleurs non seulement concernent le sujet de la rémunération, mais plus généralement l'exercice du métier, ce qu'on a dit tout à l'heure sur l'épanouissement, ça vaut aussi pour les professeurs, il faut que leurs conditions de travail soient meilleures, on a des sujets par exemple de médecine du travail, on a des sujets d'organisation du temps. Simplement, il faut que ce soit dans une vision complète et systémique pour tout simplement moderniser notre école, donc il faut mieux payer nos professeurs, et il faut le faire aussi dans le cadre d'une carrière plus souple où ils peuvent davantage faire de choix…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc négociation salariale rouverte…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Globale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Globale, on est bien d'accord… rouverte avant le mois de juin, on est bien d'accord…
JEAN-MICHEL BLANQUER
A la fin de l'année scolaire, tout à fait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On la sort de la réforme des retraites ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, il y avait depuis le début…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Réforme des retraites d'ailleurs qui…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Depuis, le début, il y avait une démonstration…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Où est-elle cette réforme, où est-elle passée ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, je ne suis pas ministre des Affaires sociales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais j'ai compris…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et bien sûr, il y aura des décisions à prendre en la matière, et il ne faut d'ailleurs pas jeter le bébé avec l'eau du bain, mais par contre, ce qui est certain, c'est que le sujet de la rémunération est un sujet qui se posait en soi, et que nous allons donc reprendre tranquillement avec sa dimension indépendante, il y avait une dimension dépendante des retraites, c'est vrai, mais il y a une dimension indépendante des retraites pour notamment valoriser les débuts de carrière, je suis très attentif à ça, ne serait-ce que pour l'attractivité du métier pour les jeunes, et donc les salaires des plus jeunes doivent augmenter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, vous n'êtes pas ministre des Affaires sociales, mais vous avez été professeur de droit public et vous avez dirigé une grande école de commerce qui s'appelle l'ESSEC, est-ce que baisser les salaires pour relancer l'économie c'est une bonne idée et une bonne solution, franchement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je ne pense pas, le problème de la France, c'est d'avoir une productivité qui soit à la hauteur, donc le sujet n'est pas de baisser les salaires, le sujet, c'est d'avoir une belle valeur ajoutée, et donc d'être toujours dans l'innovation, d'être capable d'être les meilleurs dans un certain nombre de domaines, par exemple dans le domaine de l'automobile, dans le domaine aéronautique, dans le domaine de la chimie, d'où l'importance de réindustrialiser, d'avoir ce que nous faisions d'ailleurs bien avant la crise, on ne l'a pas réalisé à l'occasion de la crise, la France était d'ailleurs et est encore aujourd'hui le pays en Europe qui attire le plus d'investissements étrangers, c'est une des très belles victoires du président MACRON depuis qu'on est là, même si les effets après se voient dans la durée, donc ce qui est très important, c'est tout simplement d'avoir un vrai tissu industriel en France, un vrai sens de l'innovation, de l'investissement dans l'avenir, donc dans l'Education. Et vous savez, l'Education et la Santé peuvent être vraiment les moteurs de notre croissance future d'une France où il fait bon vivre à partir du moment où c'est bien réparti sur le territoire, et à partir du moment où tout ceci génère une forme de nouvelle économie, on doit aller vers une société décarbonée, une société plus écologique, avec justement de nouveaux types d'industries, c'est évident, et ce sera porté notamment par l'Education, c'est-à-dire des citoyens qui ont l'éducation qui leur permet de participer de manière forte à l'économie, mais aussi une santé forte pour tous nos citoyens ; tout ceci, ce n'est pas de la dépense, c'est de l'investissement, la Santé et l'Education, c'est de l'investissement pour le futur, et c'est cela évidemment que je plaide en permanence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, j'ai une dernière question, vous êtes membre de la République En Marche, est-ce qu'Agnès BUZYN ne sert pas de punching-ball dans cette campagne municipale à Paris, franchement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je ne pense pas, je pense qu'elle est tout simplement dans une situation de continuité, de fidélité à un engagement qu'elle a pris au début, c'est courageux, c'est difficile, on ne va pas se le cacher, mais parfois, il faut faire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, nous verrons demain, nous verrons demain ce qu'elle en dit, puisqu'elle sera mon invitée demain matin ici même à votre place, Agnès BUZYN. Merci Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.
source service d'information du Gouvernement, le 3 juin 2020