Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à LCI le 15 avril 2020, sur un "déconfinement progressif" notamment le retour en classe, la prime pour les enseignants et les vacances d'été.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX 
Bonjour Jean-Michel BLANQUER. 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Bonjour. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Merci beaucoup d'être avec nous Monsieur le ministre de l'Education nationale sur LCI, on compte sur vous en effet pour être le plus clair possible, et si vous le permettez on va rentrer dans le vif du sujet avec des questions très pratiques. La phrase d'Emmanuel MACRON lundi soir, c'est « à partir du 11 mai nous rouvrirons progressivement les écoles », vous aviez dit le 4 mai d'ailleurs il y a quelques semaines, on en n'est pas loin. Beaucoup ont compris, on le comprend, c'est logique, l'école reprendra le 11 mai. Est-ce que ce sera le cas, et si non, du coup, qui seront les premiers concernés et quand ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, il y a beaucoup de points dans votre question, mais vraiment le mot à souligner d'abord et avant tout c'est le mot « progressif », que personne n'imagine qu'il s'agisse de faire rentrer tout le monde le même jour de la même façon, il n'a jamais été question de cela, et c'est quelque chose de très différent de ce que l'on connaît habituellement qui va se passer. C'est une rentrée, donc progressive, d'abord elle suppose une forme de prérentrée, vous savez, les écoles, les collèges, les lycées, il faut les remettre en route, du point de vue par exemple de l'hygiène, du point de vue du nettoyage qu'il faut faire, et d'autres éléments, il y a aussi la prérentrée des professeurs, les professeurs vont avoir besoin de se retrouver pour se concerter, discuter, faire le point sur la manière d'accueillir les élèves. Et puis ensuite les élèves n'arriveront pas tous massivement, il y aura une arrivée, progressive justement, et on sera encore pendant assez longtemps dans un mixte entre ce que les élèves connaissent aujourd'hui, c'est-à-dire l'enseignement à distance, et la possibilité d'être présents à l'école. Je rappelle qu'aujourd'hui nous accueillons 30.000 élèves par jour au titre de l'accueil des enfants de soignants, nous savons le faire, nous le faisons par petits groupes, et nous le faisons même du lundi au dimanche, donc vous voyez, on sait faire des choses hors du commun depuis le début de cette crise. Bien entendu, tout ceci se fera en respectant des règles sanitaires strictes, et notamment la question de la protection des élèves et de la protection des personnels est fondamentale. Mais il ne faut pas oublier la raison d'être, le pourquoi de tout cela, c'est que, certes, il y a tout ce qui a trait au virus, mais il y a aussi tous les dégâts provoqués par le confinement, et ces dégâts sont d'abord et avant tout des dégâts sociaux. Vous avez aujourd'hui des élèves qui, malgré tous nos efforts, nous n'arrivons pas à joindre, c'est environ 5 % des élèves, ça fait beaucoup, il y a aussi tous les élèves qui, même si on arrive à les joindre, sont en train de décrocher parce que leur contexte familial n'est pas positif, il y a des élèves qui subissent des violences familiales, il y a des élèves qui ne mangent pas à leur faim, il y a toute une série de problèmes très graves de ce genre. Donc, plus le confinement dure pour eux, plus il y a un risque de décrochage, pour parfois pour toujours, donc c'est tous ces éléments qu'on doit avoir à l'esprit. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous nous rappelez effectivement Emmanuel MACRON a tout de suite dit lundi soir « c'est pour des raisons sociales, des raisons d'égalité scolaire », vous n'avez pas répondu à mes questions, qui seront les premiers concernés et quand ? Compte tenu de cette raison sociale est-ce qu'on peut imaginer que les premiers concernés ce seront précisément les élèves et les écoles qui résident dans des quartiers populaires, ou dans les zones rurales, où on est très isolé ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, il est certain que le critère social est le critère qu'on a d'abord à l'esprit, donc ça va guider les décisions que l'on va prendre, mais je vous rappelle d'abord que l'ensemble des précisions seront données dans 2 semaines, quand, à la suite des concertations que je mène actuellement, nous aurons défini le plus consensuellement possible, je l'espère, la manière dont cela va se passer, donc c'est pourquoi on peut aujourd'hui mettre des idées sur la table, mais les décisions je les prendrai dans 2 semaines exactement, et elles s'intégreront dans le plan gouvernemental du Premier ministre, bien sûr. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ça veut dire, Jean-Michel BLANQUER, que la date du 11 a été lancée lundi soir sans que aucun plan précis n'a été élaboré par vos services, que cette pensée n'a pas été pensée préalablement… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Mais si, bien sûr, ça fait même depuis le début que… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Que tout est à faire ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Mais non… vous savez, il faut raisonner par scénarios sur ce genre de sujet, donc vous êtes… quand vous êtes en position de décider, vous avez à la fois à gérer l'incertitude, et ça il faut l'admettre, c'est-à-dire qu'il y a des choses que nous ne maîtrisons pas, et notamment l'évolution de l'épidémie, d'une part, et puis par ailleurs vous devez avoir des scénarios pour vous adapter aux réalités, c'est exactement ce que l'on a fait, donc bien entendu que nous travaillons à cela depuis le début, et bien entendu que la date du 11 n'a pas été dite au hasard par le président de la République, mais maintenant, par rapport à différents scénarios, il faut mettre sur la table ce qui est possible, et en discuter avec tous les partenaires, parce qu'un des points les plus importants c'est que nous créons un consensus des partenaires et de ceux qui connaissent bien le sujet comme les représentants des professeurs, les représentants des chefs d'établissement, les représentants des élèves, les représentants des parents d'élèves, pour arriver à des formules qui permettent tout simplement de rechercher le bien commun. Ce que nous recherchons c'est l'intérêt général, et l'intérêt général il se compose de différents éléments, et ces différents éléments, oui nous les avons très fortement étudiés, mais simplement pour y arriver… si je vous donnais les solutions toutes faites, vous diriez que je suis un technicien vertical, là il s'agit de se concerter et d'écouter tout ce que les uns et les autres proposent… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Seulement, simplement la date a été lancée… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
De partager. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et pour l'instant il n'y a pas beaucoup de réponses. Deux questions précises. On a dit que ça concernait… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Non, c'est faux de dire ça, non, je ne peux vous laisser dire ça, non, c'est trop facile de dire ça, Madame MARTICHOUX, non, non, quand vous dites il n'y a pas de réponses, c'est très faux, vous essayez d'installer l'idée qu'il n'y a pas de… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
D'accord… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Non, je trouve que ce n'est pas très honnête de répliquer cela, il y a au contraire beaucoup de travail qui est fait, donc il ne faut pas… et ce travail ne s'est pas fait que par moi, il est collectif, donc vous ne pouvez pas comme ça injurier le travail des gens, ce n'est pas possible. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Alors je vous pose des questions, Jean-Michel BLANQUER, pardon. Les élèves qui sont au lycée, les lycées vont rouvrir donc, mais il y a des élèves qui sont au lycée qui ne sont pas dans l'enseignement secondaire, qui sont dans l'enseignement supérieur, en post-bac, est-ce qu'ils seront concernés par cette rentrée, et est-ce qu'un des critères de cette rentrée, puisque vous l'avez déjà imaginée, ce seront par exemple les niveaux, on commence par les petits, crèches, maternelles, et on poursuit comme ça jusqu'au lycée, deux questions, est-ce que vous aurez la gentillesse de me répondre ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Oui, alors, ce à quoi vous faites référence au début c'est aux classes préparatoires et aux BTS, c'est-à-dire les étudiants qui se trouvent physiquement dans les lycées. A partir du moment où les lycées vont rouvrir, on doit ouvrir la possibilité pour eux aussi de rentrer, c'est particulièrement vrai quand ils ont un concours à passer ultérieurement, comme c'est le cas des classes préparatoires, et donc là, lycée par lycée, cela pourra et être rendu possible. Nous donnerons les règles précises de cela dans 2 semaines, sur ce sujet, comme sur les autres, après avoir discuté. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ça vous semble logique en tout cas. 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Ça me semble logique et ça me parait normal. S'agissant du raisonnement niveau par niveau. Il y a effectivement, pour les écoles primaires, une forme de priorité parce que les enfants des écoles primaires sont ceux qui souffrent le plus du confinement, aujourd'hui ils sont dans les appartements, les inégalités sociales se creusent autour des savoirs fondamentaux, c'est quelque chose qui est particulièrement gênant et c'est quelque chose que nous devons corriger au plus vite, par ailleurs les collégiens et les lycéens sont plus capables de faire de l'enseignement à distance. Ensuite, s'agissant des lycéens, c'est vrai que nous avons une attention particulière pour les lycées professionnels, parce que c'est là que nous avons le plus fort décrochage aujourd'hui, c'est vrai par exemple des CAP ou de certains bacs pro, et donc il est très probable que nous serons particulièrement volontaristes pour les lycées professionnels. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Alors, il y a des questions sensibles, qui vous sont posées depuis hier Jean-Michel BLANQUER, est-ce que l'école, quand et où elle reprendra, sera obligatoire ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, oui l'école est obligatoire, c'est la loi qui le dit, et je n'ai pas dit hier, contrairement à certaines interprétations, que ce n'est pas obligatoire, en revanche c'est progressif, donc tout le monde n'y va pas tout de suite, donc bien entendu c'est fait pour avoir un dialogue avec les familles, sur le moment où les élèves reprennent, sur la façon dont cela doit se passer, mais il est certain que sur le plan social nous devons être volontaristes, autrement dit nous devons aller chercher certaines familles que nous n'arrivons pas à contacter aujourd'hui, pour leur demander que leur enfant rejoigne l'école dans l'intérêt de l'enfant, donc l'école…

 ELIZABETH MARTICHOUX 
D'accord, c'est clair, donc c'est l'obligation scolaire qui prévaudra, avec peut-être parfois la nécessité d'aller rechercher, informer, les personnes qui sont plus loin des circuits d'information. Pour les profs, les enseignants, est-ce que la reprise se fera sur la base du volontariat, et est-ce que les enseignants seront tous dépistés, testés, avant de revenir devant des classes ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, ça aussi ça fait partie des points qui sont à discuter dans le volet sanitaire des garanties que nous devons donner, puisque mon premier souci bien entendu c'est la protection des élèves et la protection des personnels. Alors la question du test est plus compliquée que ça n'en a l'air, parce que même si nous étions capables de faire un test pour tous, on peut très bien tomber malade le lendemain du test, donc ça voudrait dire un test tous les jours pour tout le monde, et ça ce n'est pas possible sur un plan pratique, donc il faut regarder ce qui est raisonnable et pertinent de faire, mais en tout cas tous les sujets sanitaires sont évidemment sur la table. Il y a par exemple le sujet des personnels fragiles, ou des élèves fragiles, qui eux, bien entendu, n'auront pas à revenir dans une période comme celle-ci. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Par exemple, j'entendais l'infectiologue Karine LACOMBE, qu'on connaît bien sur LCI, que vous connaissez sans doute, qui disait hier un de pré requis ce sera quand même que les enseignants qui vont se retrouver devant les classes aient été testés, et comme le président a dit que seules les personnes symptomatiques le seraient, on est un peu perdu. 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors là, vraiment, c'est typiquement le type de débat que nous devons avoir au cours des 2 semaines, il y a des paroles scientifiques un peu différentes sur le sujet, on doit les entendre et regarder quelle est la bonne formule, encore une fois d'ici 2 semaines, mais ce qui est certain c'est qu'on prendra les mesures les plus protectrices pour nos professeurs et nos personnels. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Qu'est-ce que vous dites aux enseignants qui, on les a entendus hier, mettent en avant leur possibilité de droit de retrait, d'abord est-ce que ce droit de retrait entrerait dans le cadre de la loi, et qu'est-ce que vous leur dites ce matin ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, d'abord j'ai entendu aussi beaucoup d'enseignants qui étaient impatients de revenir, et fiers aussi d'accomplir cette mission de service public, et par ailleurs le sujet du droit de retrait ne se pose pas dans les termes ordinaires. Le premier à être attentif au fait que les enseignants ne soient pas exposés à des risques excessifs, c'est bien moi,  donc de toutes les façons, par exemple s'il y a des enseignants qui ont des problèmes de santé, qui font qu'ils sont particulièrement à risque, je serai le premier à considérer qu'ils ne doivent pas venir, donc on n'est pas, si vous voulez, dans une confrontation ou dans une vision différente, on est tous dans le même bateau pour accomplir un service public, de la meilleure des façons possibles, et en mai et juin ça ne se passera pas du tout comme en temps ordinaire, donc c'est cela que chacun doit comprendre, c'est que, au début, il y aura des petits groupes, ça va rentrer progressivement, selon des modalités qu'on va définir consensuellement, qui vont se décliner probablement différemment selon les endroits, pour différentes raisons, même s'il y aura un cadre national, donc c'est tout ce pragmatisme… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Par régions par exemple ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Oui, ou même selon une maille plus petite. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Par exemple, c'est vrai que la Nouvelle-Aquitaine n'est pas dans la même situation sanitaire que le Grand-Est ou l'Île-de-France, est-ce que ça ce seront des critères ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Evidemment, bien sûr ça fait partie du raisonnement actuellement. Le raisonnement, si vous voulez, c'est de raisonner par niveau d'élèves, c'est de raisonner aussi par caractéristiques du territoire, ces deux éléments-là sont clé. Et puis ensuite c'est aussi de raisonner en fonction de, disons d'impératifs pédagogiques et éducatifs, dans certains endroits il y a une sorte d'urgence éducative, et c'est pour ça que notre raisonnement et notre travail il n'est pas seulement sur le mois de mai et le mois de juin, qui seront très particuliers, il est aussi sur ce qui se passera pendant les vacances d'été, il est aussi sur la rentrée de septembre, comment par exemple nous avons une évaluation du niveau des élèves au moment où ils nous reviennent, comment nous les accompagnons psychologiquement, parce qu'il va y avoir tout un travail psychologique. Là actuellement nous travaillons beaucoup pour préparer les colonies de vacances, pour que ce soit des vacances « apprenantes » comme nous le disons, c'est-à-dire que les colonies de vacances sont déjà éducatives, mais nous avons envie qu'elles attirent encore plus d'enfants, et que les enfants puissent un petit peu se régénérer à l'occasion des vacances d'été grâce à toutes les propositions. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ça pourrait être un relais.  

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Oui, ça va être un point épineux. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
L'école, pardon, excusez-moi, c'est jusqu'à quand au mois de juillet, rappelez-nous, du coup ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, les vacances sont le 4 juillet, et donc ça c'est quelque chose dont j'ai dit dès le début que nous le maintiendrions, de façon à ce qu'on ait encore des points de repère, disons les choses telles qu'elles auraient dû être, donc les vacances sont le 4 juillet, mais du 4 juillet jusqu'à la fin août, nous allons avoir des dispositifs spéciaux, ça c'est un point très important à avoir à l'esprit. Nous avons premièrement les, ce que je vous disais à l'instant, les vacances « apprenantes », autrement dit des colonies de vacances très éducatives, nous allons déployer le dispositif « Ecole ouverte » de manière générale dans toute la France, c'est-à-dire que  le bâtiment sera ouvert et permettra, dans un grand nombre de cas, et permettra d'avoir des activités au quotidien, de façon à ce qu'il y ait aucun enfant qui soit confiné pour des raisons sociales et non plus sanitaires aux mois de juillet et août, et donc c'est ce que nous allons déployer. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Pardon, encore beaucoup de questions, je vous demande d'être le plus bref pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent. La question des masques, autre question Ô combien sensible, est-ce que les élèves le porteront, ce qui quand même dans les 2, 3 ans, dans les crèches, dans les maternelles, paraît curieux, est-ce que les enseignants le porteront s'ils ont été testés, peut-être pas, bref, quelle est votre doctrine ce matin puisque vous nous dites que vous avez réfléchi à ça ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Alors, sur l'ensemble de ces points sanitaires, encore une fois c'est ce qui est en discussion, mais le fait d'avoir un masque fait effectivement partie des choses possibles, et pour le coup le travail accompli nous permet, si c'était la décision prise…

 ELIZABETH MARTICHOUX 
Souhaitable ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
C'est sans doute souhaitable dans un certain nombre de cas, pas forcément de manière systématique et générale, mais ça, ça se discute, à la fois avec les partenaires, mais aussi à la lumière de ce que nous disent les autorités médicales. il y a des choses qui sont très importantes, comme de garantir la présence du savon tout simplement, des points d'eau, de garantir la distance entre les élèves, et donc c'est tout tous ces éléments-là qui font partie du quotidien des enfants, par exemple comment nous allons gérer la récréation, s'il y en a une, comment nous allons gérer les activités d'éducation physique et sportive, tous ces sujets-là nous avons évidemment des points de repère clairs, mais c'est fait pour être discuté, de façon à avoir des règles du jeu communes à toute la France. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Jean-Michel BLANQUER, Emmanuel MACRON a laissé entendre dans son allocution que les scientifiques n'étaient pas tous d'accord, il n'y avait pas de consensus, on l'a bien entendu d'ailleurs hier sur cette rentrée le 11 mai, clairement ça veut dire qu'il a fait un choix politique, pour des raisons, que vous nous avez dites, socio-économiques, il s'est affranchi de l'avis des scientifiques. 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Pour des raisons sociales, profondément… mais heureusement, les décisions de ce type doivent être des décisions assumées en responsabilité par l'autorité politique, c'est bien normal. On est sur un sujet totalement nouveau, ce sujet du virus, sur lequel on voit bien que les scientifiques n'ont pas non plus des consensus sur chaque sujet, et c'est évidemment à l'autorité politique de prendre sa responsabilité, comme ça se passe d'ailleurs dans les autres pays du monde. Vous savez, pour prendre ces décisions nous regardons aussi ce que font les autres, je vous rappelle que l'Autriche est en train de déconfiner, que le Danemark va déconfiner, j'ai échangé hier avec mes homologues européens par visioconférence, nous regardons là aussi, à la lumière des autorités scientifiques internationales,  la manière de déconfiner en pesant l'ensemble des paramètres, le paramètre du virus, mais aussi de la vie sociale, ce sont des choses fondamentales, nous avons à rechercher l'intérêt de l'enfant avant tout. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Il y a beaucoup de jeunes qui ont beaucoup travaillé depuis septembre et même parfois des années pour préparer des concours d'entrée dans l'enseignement, je pense au CAPES, je pense à l'agrégation, est-ce qu'ils peuvent savoir ce matin s'ils vont passer ce concours et dans quelles conditions, quelle date ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Oui, depuis le début, je les ai évidemment dans mes pensées, parce que nous parlons là de plus de 250.000 personnes, ce sont des jeunes adultes qui préparent un concours avec beaucoup de passion, et un des points très importants, c'est un peu comme pour les bacheliers, c'était de ne pas leur faire perdre leur année. Et je sais à quel point c'est un sujet fondamental pour eux, c'est pourquoi depuis le début, nous avons cherché à garantir que le concours puisse se passer pour qu'ils puissent entrer aussi dans l'Education nationale quand ils réussiront le concours dès la rentrée prochaine ; c'est pourquoi avec Frédérique VIDAL, dès le début, nous avons dit que dans la mesure du possible, nous l'organiserions en juin et juillet, donc aujourd'hui, je peux vous dire de manière affirmative que, oui, ces concours auront lieu, donc nous parlons là de l'agrégation, du CAPES et du concours pour être professeur des écoles. Dans les trois 3 cas, ça aura lieu. Lorsque le début du concours a déjà été passé, avant la période du confinement, souvent, c'est des écrits, eh bien, l'oral peut être passé en juillet, en juin, juillet, lorsqu' il n'y a pas eu le passage d'une première épreuve avant la période de confinement, c'est le cas de la plupart des CAPES, eh bien, ce sera un écrit, et les candidats qui auront réussi rentreront… 
 
ELIZABETH MARTICHOUX 
Un écrit à distance, un écrit à la maison ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Non, un écrit, non, qui sera organisé, non, les écrits seront organisés dans des conditions sanitaires qui conviennent, c'est-à-dire avec la distance, dans des salles qui permettront cela… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
La distanciation. 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Et ce sera à partir de la mi-juin jusqu'à la fin juillet. Les candidats vont recevoir sur leur adresse e-mail tous les détails, et un mail donc personnalisé, du directeur des ressources humaines du ministère, je leur adresserai aussi un message vidéo aujourd'hui pour tout simplement leur donner les détails de ce qui arrive.  Mais ce que j'ai souhaité, c'est qu'ils puissent passer leur concours, et que, ainsi leurs droits soient préservés, et qu'ils aient pu travailler pour ce qui les passionne, c'est-à-dire la rentrée dans l'enseignement 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Donc c'est très important ce que vous nous dites, 250.000 jeunes qui veulent entrer dans l'enseignement, oui, leur concours est préservé, s'ils n'ont pas encore passé les écrits, ils les passeront à partir du mois de juin, notamment pour les CAPES… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Juin, juillet… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Juin, juillet… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Ceux qui avaient un oral, voilà, et ceux qui devaient avoir un oral ne l'auront pas… enfin, ils ont donc un écrit à passer, et ils passeront un oral l'an prochain au moment de leur titularisation, mais ils seront fonctionnaires stagiaires dès le mois de septembre et accompagnés par donc nos corps d'inspection pour leur entrée dans le métier avec une particulière attention. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Voilà des informations très précieuses, une dernière question, je vous demande quelques secondes vraiment, la rentrée du 11 mai, Jean-Michel BLANQUER, elle sera symbolique en fait, non, à partir du 11 mai ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Ça dépend ce que vous mettez derrière le mot symbolique, ce sera en tout cas un signal que nous envoyons effectivement… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ce sera pour garder les enfants ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Non, pas pour les garder, non, ce qui va se passer est fondamental, ce sera différent et ce sera différent, ce n'est pas la même chose pour un élève de CP et pour un élève de terminale, donc ça va se passer différemment pour les uns et pour les autres, eh oui, ce sera très différent des périodes habituelles, mais ce sera beaucoup plus que pour le symbole, ce sera aussi très concret, je parlais tout à l'heure de la dimension psychologique, la dimension de resocialisation, mais aussi la dimension d'accompagnement personnalisé, vous savez cette période de confinement, elle a des aspects négatifs, mais elle a eu aussi des aspects positifs… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
A ce sujet, MACRON, Jean-Michel BLANQUER, pardon, à ce sujet, d'un mot, est-ce qu'il y aura une prime pour les enseignants ? D'un mot, puisque c'est sur la table ? 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Oui, c'est sur la table, nous travaillons, déjà, nous avons commencé à travailler sur les primes pour ceux qui sont en train de faire du soutien scolaire en ce moment même en période de vacances de printemps à distance, nous avons aussi une prime pour ces professeurs dont je parlais tout à l'heure qui accueillent les enfants de personnels soignants, et des primes, il pourrait y avoir des primes pour ceux qui se trouvent dans des situations exceptionnelles du fait de la crise, nous en parlons dans le cadre général de la Fonction publique. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Merci infiniment Jean-Michel BLANQUER… 

JEAN-MICHEL BLANQUER 
Merci à vous. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
On a poussé les murs pour que vous puissiez nous donner toutes ces précisions. Merci à vous. Bonne journée 


source : Service d'information du Gouvernement, le 16 avril 2020