Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité ce matin, Sibeth NDIAYE, porte-parole du gouvernement bonjour !
SIBETH NDIAYE
Bonjour !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Quelques précisions ; nous n'allons pas énoncer toutes les mesures, revenir sur toutes les mesures annoncées hier par le Premier ministre mais quelques précisions, d'abord la règle des 100 kilomètres, on est bien d'accord, ce n'est pas pour ce week-end ?
SIBETH NDIAYE
La règle des 100 kilomètres, ça commencera à partir du 2 juin. Au fond toutes les règles nouvelles qui se mettent en place, c'est à partir du 2 juin à l'exception des parcs et jardins pour lesquels le décret d'ouverture sortira ou dans la journée ou demain matin très tôt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire qu'à partir de demain matin très tôt en zone orange …
SIBETH NDIAYE
On peut se précipiter dans les parcs, tout à fait !
JEAN-JACQUES BOURDIN
…on peut aller dans les parcs et jardins …
SIBETH NDIAYE
Et dans les plages et sur les plages et sur les plans d'eau, les lacs, etc.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et sur toutes les plages de toute la France, sur tous les plans d'eau, sur tous les lacs à partir de demain matin ?
SIBETH NDIAYE
Non, pour les parcs et jardins on commence vraiment demain matin et pour les plages etc., c'est ouverture libre à partir de mardi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ouverture libre à partir de mardi seulement, bien. Phase 2 du déconfinement qui va durer jusqu'au 22 juin, on est bien d'accord ?
SIBETH NDIAYE
Oui tout à fait !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 22 juin, 3 semaines un peu plus de 3 semaines …
SIBETH NDIAYE
On fait des packs trois semaines, c'est-à-dire que quand on a commencé le déconfinement, on a dit "3 semaines", en gros les scientifiques nous disent ça laisse le temps au virus si tant est qu'il devait re-circuler de faire son œuvre et nous d'apprécier si oui ou non on a un redémarrage épidémique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la dernière phase de déconfinement ou pas ?
SIBETH NDIAYE
Je pense qu'on va quand même avoir une phase supplémentaire sur l'été parce que l'été c'est quand même un moment où il y a beaucoup de brassage de populations …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura une phase 3 du déconfinement pendant l'été ?
SIBETH NDIAYE
De mon point de vue, il faut qu'après cette première phase et cette seconde phase qu'on est en train de vivre, la vie sera certainement différente entre ce qu'on va vivre pendant les vacances d'été et ce qu'on vivra au moment de la rentrée. Au moment de la rentrée, on va peut-être avoir un retour à la normalité encore plus fort qu'est-ce qu'on a eu jusqu'à maintenant. Moi, je crois vraiment encore que cet été qu'il nous faudra être très prudent comme nous le sommes aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc phase 3 de déconfinement cet été ?
SIBETH NDIAYE
Donc cet été nous aurons une nouvelle étape dans le déconfinement sans doute avec beaucoup de liberté et sans doute avec l'idée, au fond, et j'espère que ce sera le cas parce que c'est le souhait de tout le monde, c'est que les zones orange aujourd'hui, elles basculent en zone vert le plus vite possible et au fond cet été, il nous faudra garder en mémoire que le virus est toujours là parce que je veux le dire à tous ceux qui nous écoutent en ce moment : quand on est en zone verte, ça ne veut pas dire que le coronavirus a disparu de nos vies ; ça veut dire qu'il circule mais très, très faiblement et qu'on n'est pas un niveau épidémique. Et ça c'est important de le garder en mémoire …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui bien sûr !
SIBETH NDIAYE
…parce que ça veut dire qu'il faut toujours pas se faire des bisous, qu'il faut toujours pas se serrer la main et garder ses distances de protection.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien et ce sera toujours vrai cet été ?
SIBETH NDIAYE
Et ce sera toujours vrai !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qu'il va continuer à circuler !
SIBETH NDIAYE
Et ce sera toujours vrai cet été !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera toujours vrai cet été ; c'est-à-dire, cet été, nous aurons aussi à respecter des mesures de distanciation, on est bien d'accord ?
SIBETH NDIAYE
Nous aurons aussi à respecter des mesures de distanciation parce qu'il faut qu'on soit absolument certain que le virus ne trouve pas matière à repartir dans une seconde vague.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Sibeth NDIAYE, quelques précisions sur nos voyages dans toute l'Europe ; à partir du 15 juin, nous pourrons voyager dans toute l'Europe, espace Schengen ?
SIBETH NDIAYE
C'est le souhait que nous portons pour la France. Nous avons au fond dans l'Union européenne une discussion à avoir pour se coordonner parce qu'on voit bien que si tel pays ferme ses frontières, tel autre organise une quarantaine et un cinquième ouvre les frontières à l'extérieur de l'Union européenne, on voit bien que ça peut être d'un plus grand désordre. Donc on essaye, il y a notamment une réunion des ministres de l'Intérieur européens la semaine prochaine, on se met d'accord dans la perspective du 15 juin pour avoir non seulement une circulation infra Schengen donc à l'intérieur de l'Union européenne qui soit libre sans en quarantaine et cætera et pour faire en sorte que nous établissions collectivement une liste de pays à risque hors Union européenne pour que chacun des pays européens partage au fond la vision de ce qu'est le risque pandémique à l'échelle internationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai bien compris, c'est une liste, l'Union européenne pourrait établir une liste des pays à risque, pays hors Union européenne !
SIBETH NDIAYE
Hors Union européenne bien sûr ! On voit bien par exemple aujourd'hui …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc imposer les mêmes règles …
SIBETH NDIAYE
Et imposer les mêmes règles. C'est le but parce que le problème, c'est que si chacun n'a pas les mêmes règles, une fois qu'un visiteur venu de l'étranger, imaginons que …On sait aujourd'hui que la situation au Brésil est très tendue, très difficile. Si certains pays européens laissent des gens de nationalité brésilienne arriver sans quarantaine, que ces personnes-là ensuite font un tour d'Europe – c'est des choses qui peuvent arriver – et qu'elles arrivent en France, on voit bien que nous, on est dans une difficulté vis-à-vis de ces mesures sanitaires pour ces personnes qui viennent de pays classés à risques. Donc il faut qu'on se mette d'accord sur cette liste et ensuite, on pourra regarder comment est-ce que l'ouverture des frontières se fera à l'extérieur de Schengen.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'ai regardé et écouté attentivement le Premier ministre hier et je n'ai rien entendu concernant les EHPAD, rien. Est-ce que la situation change pour les EHPAD ? Je n'ai rien entendu pour les personnels et pour les familles ! Alors, quelles précisions apportez-vous ce matin ?
SIBETH NDIAYE
Alors, il y a 2 choses, il y a d'abord le court terme. Sur le court terme, on doit garder une très grande prudence vis-à-vis des personnes vulnérables. Le court terme, c'est maintenant, c'est demain, c'est à partir de la semaine prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Court terme, c'est quoi ? C'est jusqu'au 22 juin ?
SIBETH NDIAYE
Le court terme c'est dans la situation actuelle, on sait notamment en Ile-de-France, Mayotte et Guyane qu'il y a encore une circulation qui est relativement active du virus, on doit conserver des précautions et les directeurs d'établissement ont d'ores et déjà très largement assoupli les conditions pour accéder aux EHPAD.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui enfin largement oui enfin avec des horaires de visite, une seule personne, des visites qui durent une demi-heure ; j'en sais quelque chose !
SIBETH NDIAYE
Je comprends bien …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des conditions extrêmement strictes, est-ce que ces conditions-là vont bouger ? Est-ce qu'elles vont changer ? Le Premier ministre n'en a pas parlé hier !
SIBETH NDIAYE
Elles ne changent pas dans l'immédiat ; il faut que nous regardions comment est-ce que nous pouvons le faire évoluer parce qu'évidemment c'est très douloureux quand vous avez une personne qui, de votre famille, est dans un EHPAD, on a envie de le ou la voir, ça fait déjà plusieurs mois, plusieurs semaines que ça n'a pas pu être le cas dans des conditions habituelles mais on sait aujourd'hui que la moitié des hospitalisations, ce sont des personnes qui ont – alors je n'ai plus l'âge exact en tête –, mais ce sont des personnes qui sont très âgées et bien souvent qui viennent d'EHPAD. Donc on voit bien que pour eux, il y a une fragilité particulière, il nous faut les protéger mais on sait aussi que le phénomène de glissement, celui qui fait que quand la personne âgée ne voit plus ses parents, ses petits-enfants, ses enfants c'est aussi parfois aussi grave que le coronavirus lui-même.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je sais Sibeth NDIAYE, c'est pour ça …
SIBETH NDIAYE
C'est un équilibre qu'il faut trouver.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc aujourd'hui, on ne change pas les règles !
SIBETH NDIAYE
A l'instant T où je vous parle, on ne change pas les règles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc en phase 2, on ne changera pas les règles ?
SIBETH NDIAYE
Peut-être que dans le cours de la phase 2, on pourra changer les règles. Ca vraiment je crois que c'est une discussion que les autorités sanitaires doivent avoir aussi avec les directeurs d'EHPAD qui ont cette appréciation de terrain de la situation de leurs résidents.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais à partir de mardi, les règles ne seront pas changées ! On est bien d'accord !
SIBETH NDIAYE
À partir de mardi, il n'y a pas de changement immédiat mais ce que je vous dis, c'est que cette phase 2, on doit aussi la comprendre comme une phase au fond de consolidation. La première phase, c'était l'amorce ; on ne savait pas comment les choses allaient se passer, on était très, très prudent. On voit que ça s'est bien passé, que les Français ont respecté les règles, que le virus circule vraiment beaucoup moins ; dans cette phase 2 qui est une phase de consolidation, il faut qu'on soit capable d'ouvrir. Donc on voit bien qu'il y a une liberté de circulation qui est retrouvée, il faut qu'on voie comme on l'adapte pour la situation des EHPAD et des autres établissements médicaux-sociaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons justement de la liberté de circulation …
SIBETH NDIAYE
Et je voudrais juste rajouter un mot !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui allez-y !
SIBETH NDIAYE
Parce que je crois que sur la situation des EHPAD, il y a ce qu'on doit gérer maintenant et puis, il y a ce qu'on devra gérer demain. Ca fait, allez, 10 ans qu'on se pose la question d'une grande réforme, du grand âge, de la dépendance, de l'autonomie, peu importe comment on l'appelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'elle va être lancée ?
SIBETH NDIAYE
Nous avons pris la décision et nous allons la lancer. On a d'ores et déjà sanctuarisé financièrement une part de financement, c'est 0,15 point de CSG, c'est 2 milliards par an. On sait que potentiellement les, comment dire, les besoins peuvent être supérieurs et donc on doit organiser une réflexion sur la manière dont on finance nouveau risque de la Sécurité sociale. Et on sait que …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera un nouveau risque de la Sécurité sociale ?
SIBETH NDIAYE
Ce sera un nouveau risque de la Sécurité sociale et on sait …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un Plan Dépendance ?
SIBETH NDIAYE
Un Plan Dépendance pour faire en sorte qu'il y ait plus de personnel auprès des résidents ; aujourd'hui, un résident en EHPAD, il a pendant une heure quelqu'un auprès de lui, pendant une heure. On comprend que ce soit parfaitement insuffisant ; donc il faut augmenter le nombre de personnels en EHPAD, il faut avouer que c'est des métiers qui ne sont pas toujours très attractifs pour les jeunes générations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas toujours très bien payés
SIBETH NDIAYE
Voire même plutôt mal !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou même plutôt mal payés !
SIBETH NDIAYE
Et donc il faut qu'on soit capable d'avoir un plan de revalorisation des carrières et de l'évolution parce que vous êtes dans des métiers où vous commencez aide-soignant et vous n'avez pas de perspectives.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce Plan Dépendance, il sera présenté quand ?
SIBETH NDIAYE
Ce Plan Dépendance, je pense qu'à la rentrée avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, on pourra en dévoiler largement les contours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la rentrée à l'automne, il y aura l'annonce d'un grand Plan Dépendance pour les personnes âgées ?
SIBETH NDIAYE
Il y aura l'annonce d'un Plan Dépendance et dès que nous pourrons faire des annonces avant l'été, ça dépend de comment les choses avancent aujourd'hui dans les concertations qu'on aura à mener, on pourra, peut-être, je l'espère, commencer à amorcer les choses dès cet été.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est très important ce que vous dites parce que …
SIBETH NDIAYE
Je crois que c'est très important !
JEAN-JACQUES BOURDIN
…cela fait des années, des années qu'on parle d'un plan dépendance, il va falloir mettre des moyens ! Vous parlez de 2 milliards par an mais il faudrait peut-être beaucoup plus, c'est ce que disent les professionnels de la prise en charge des personnes âgées. Ils parlent de 8 à 10 milliards d'euros nécessaires chaque année, Sibeth NDIAYE !
SIBETH NDIAYE
Alors, moi, vous savez, je ne suis pas une spécialiste de la dépendance !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais moi non plus !
SIBETH NDIAYE
On ne va pas s'échanger …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous écoute !
SIBETH NDIAYE
…mais en tout cas, ce que je sais c'est que nous on a voulu apporter un signal dès maintenant en prônant une mesure qui a été annoncée par le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier VERAN la semaine dernière sur au fond quelque chose qu'on préemptait en termes de financement, c'est pour ça qu'il a annoncé qu'on aurait une fraction de la CSG qui serait consacrée au financement de la dépendance. Il faut aussi qu'on discute du financement parce qu'il n'y a pas d'argent magique dans la vie ; donc il faut qu'on puisse discuter collectivement dans notre société du financement et voir comment on avance pour la suite.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien vous parliez des transports. Quelques précisions sur les transports en commun, on est à siège sur 2 aujourd'hui à la SNCF, un siège sur 2 pour les autocaristes dont on ne parle jamais. Or, ce sont des acteurs majeurs du tourisme notamment, tous les tours en autocar toujours un siège sur 2 ? Ca va rester après le 2 ?
SIBETH NDIAYE
Alors, ça, ça fait partie des choses qu'on doit, y compris, affiner dans le week-end parce que, au fond, on est dans une situation où dès lors que vous avez plus d'enfants qui retournent à l'école, que le télétravail même s'il doit rester aujourd'hui encore la norme pour quelque temps, va sans doute aller diminuant, on a plus de gens qui retournent au travail, donc plus de gens qui ont besoin de se déplacer notamment via les transports en commun, de manière assez logique vous augmentez la fréquentation des transports en commun et on sait aujourd'hui qu'on est un peu aux limites de l'exercice avec les modalités autorisées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on pourrait autoriser …vous pourriez revenir sur cette mesure ?
SIBETH NDIAYE
Donc on a des discussions qui vont avoir lieu avec les autorités organisatrices de transport, c'est-à-dire les régions. On va avoir une réflexion avec les autorités de santé également parce qu'il faut que ce soit eux qui puissent nous donner au fond l'autorisation pour faire les choses et donc à partir de là, j'espère qu'on pourra en parler dès ce week-end mais je sais qu'il y a des réunions notamment à Matignon pour discuter de ce sujet que nous avons bien en tête.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un siège sur 2, ça pourrait disparaître ?
SIBETH NDIAYE
On verra ! Moi, je ne m'avance pas quand je ne sais pas …Moi, quand je ne sais pas avec certitude, je ne le dis pas !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je sais ! Sibeth NDIAYE mais pardon je ne comprends pas dans les avions, dans les avions, on peut prendre l'avion, on n'est pas à un siège sur 2 et c'est le cas dans un autocar. Vous allez m'expliquer la différence ou dans un train ?
SIBETH NDIAYE
La différence, c'est que dans un avion vous avez un renouvellement de l'air toutes les trois minutes !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui …
SIBETH NDIAYE
Ah bah si, bien sûr que si !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est vrai !
SIBETH NDIAYE
Si, si ça change quand même parce que pour la circulation du virus …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les autocars aussi, vous savez qu'ils sont climatisés, les autocars, non, Sibeth NDIAYE ?
SIBETH NDIAYE
Je crois que ce n'est pas tout à fait … je sais qu'ils sont climatisés !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les TGV aussi !
SIBETH NDIAYE
Mais je crois le système de ventilation, il faut être honnête, n'est pas tout à fait le même mais il y aura des discussions et c'est un sujet que nous avons bien en tête parce que ne serait-ce que pour une question mécanique d'augmentation de la fréquentation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les mariages sans problème à partir du 2 ?
SIBETH NDIAYE
Les mariages sont à nouveau autorisés à partir du 2 juin, je veux quand même attirer l'attention collective sur le fait que, au fond, dans cette phase 2, notre problème, notre ennemi en quelque sorte c'est le rassemblement ; c'est moins la mobilité que et c'est ce que nous ont dit les scientifiques, c'est le fait que on est des gens ensemble sans mesure de précaution sanitaire, sans mesures barrières et parfois même sans masque quand on est dans des lieux clos. Et donc ce que nous disons aux Français aujourd'hui, c'est "faites attention pour les rassemblements, prenez vos distances". C'est plus facile quand vous faites un mariage en petit comité que quand vous êtes 300 ou 150. Donc je crois qu'il faut laisser la responsabilité aux Français qui, je crois, ont bien compris le principe. Attention quand il y a des rassemblements surtout quand ils sont en lieu clos !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien parlons des questions économiques et notamment sociales, l'emploi, le chômage partiel. Est-il vrai que le gouvernement envisage de mettre en place une nouvelle forme de chômage partiel avec le paiement pour certains secteurs économiques, avec le paiement, la prise en charge par l'État de 40%, autour de 40% du salaire mais en en contrepartie, une interdiction de licenciement ? C'est vrai ou pas ?
SIBETH NDIAYE
Alors je ne pourrais pas vous confirmer évidemment les chiffres que vous donne. Ce que je peux vous dire, c'est qu'au fond, on considère qu'il y a des secteurs qui vont être très, très, très lourdement impactés. C'est, par exemple, le cas de l'automobile, de l'aéronautique etc. Dans ces secteurs là, on voit bien que l'activité économique ne va pas revenir d'un claquement de doigts. Donc il faut qu'on soit capable d'avoir un accompagnement où on préserve le contrat de travail parce que quand vous préserverez le contrat de travail, c'est des compétences dans l'entreprise que vous préservez et où on permet que le salarié aille se former pour peut être éventuellement, lorsque l'entreprise va mieux, pouvoir apporter de nouvelles compétences dans cette entreprise et donc c'est ça que nous devons discuter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc prise en charge d'une partie du salaire par l'État, on est d'accord.
SIBETH NDIAYE
Par l'activité partielle !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui par le chômage partiel et interdiction de licenciement ?
SIBETH NDIAYE
Et dans le même temps, il faut que le dialogue social au niveau de l'entreprise ou de la branche puisse déterminer les conditions de restructuration d'une entreprise …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc interdiction de licenciement ?
SIBETH NDIAYE
…quand c'est nécessaire. Moi, écoutez, je ne suis pas dans les slogans parce que l'interdiction de licenciement, on sait parfaitement ce à quoi ça a conduit. On a fait tomber des boites parce qu'on était dans un truc dogmatique. Donc il faut donner l'opportunité à une entreprise de se restructurer tout en ne perdant pas les compétences de ses salariés et vous savez quoi ? La semaine prochaine, on va réunir les partenaires sociaux pour avoir une première discussion avec eux sur l'organisation du rebond économique et ça, on pourra en parler !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Sibeth NDIAYE, RENAULT combien de suppressions de postes dans le plan qui sera présenté aujourd'hui ?
SIBETH NDIAYE
Alors je crois que l'entreprise a communiqué elle-même me semble-t-il sur plusieurs milliers de suppressions d'emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes actionnaire, vous devez savoir !
SIBETH NDIAYE
Alors, moi, pas directement !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non pas vous !
SIBETH NDIAYE
L'État est actionnaire et je ne suis pas ministre de Bercy, donc bien et j'ai une vision panoramique de l'action publique, évidemment c'est jamais satisfaisant quand on est amené à faire des suppressions d'emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de suppressions de postes ?
SIBETH NDIAYE
Alors, il me semble avoir entendu mais sous toutes réserves sur votre antenne qu'on était à 4 500 suppressions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
4 600 !
SIBETH NDIAYE
4 600 suppressions de postes pour la France, 15 000 dans le monde si je ne m'abuse. Il faut quand même avoir un chiffre en tête, je pense que c'est important que les auditeurs et les téléspectateurs le comprennent. Aujourd'hui RENAULT fabrique 6 millions de voitures par an. Vous savez combien ils en vendent ? 3 millions !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 3 millions qui restent sur le carreau !
SIBETH NDIAYE
Donc vous avez 3 millions de voitures qui restent sur le carreau. Ça pose question. Peut-être que l'entreprise a une mauvaise stratégie avant ; je n'ai pas la compétence pour le dire. Ce dont je suis certaine, c'est que pour l'avenir, au fond le deal qu'on a avec la filière automobile c'est de dire qu'il faut que elle change profondément, qu'elle s'oriente vers l'électrique, vers l'hybride, qu'elle accompagne la transition écologique et donc l'argent que nous y injectons à travers des fonds d'investissement à travers de l'accompagnement des prêts, etc., évidemment il est conditionné à ce tournant écologique là mais aussi on n'est pas, je vous le disais, dans une position dogmatique, on comprend quand vous fabriquez 6 millions, vous vendez 3 millions que vous avez besoin de restructurer votre appareil industriel. La question c'est qu'il faut que ça se fasse dans le dialogue et la concertation avec les organisations syndicales et la 2e chose, c'est qu'il faut voir comment est-ce que socialement les travailleurs sont accompagnés bien sûr !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès que possible et accepter …Bien à propos du chômage, dernière chose, le RSA pour les 18 / 25 ans non parce que beaucoup de jeunes vont venir sur le marché de l'emploi en septembre ; oui ou non ? Non, vous dites "non" pour l'instant !
SIBETH NDIAYE
On a vu dans les derniers chiffres. On dit "non" pour l'instant, on a vu que dans les derniers chiffres du chômage que c'était les jeunes qui en pâtissaient le plus. Alors c'est des chiffres un peu particuliers, vous savez parce que en fait c'est beaucoup de gens qui parce qu'il y a moins d'offres d'emploi qui n'ont pas pu sortir de Pôle emploi donc mais ça montre quand même un indicateur de ce que sera potentiellement la puissance de la crise économique et sociale qu'on va connaître. Chaque année, vous avez une génération qui arrive sur le marché du travail, il faudra qu'on soit capable de les accompagner en formation. Il faudra qu'on soit capable de les accompagner en apprentissage pour favoriser leur embauche ensuite et je crois que pour Muriel PENICAUD comme pour Gabriel ATTAL, respectivement ministre du Travail et secrétaire d'État à la Jeunesse, c'est une des priorités de ce sur quoi ils travaillent pour la relance et le rebond.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien les municipales, les municipales à Lyon dites moi ! Voilà que Gérard COLLOMB et voilà que tous les candidats de la République en Marche se retrouvent alliés au candidat du président de la région, alors monsieur WAUQUIEZ …
SIBETH NDIAYE
Permettez-moi d'apporter une nuance. Je ne suis pas sûre que pas toute la République en Marche …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas toute la République en Marche mais enfin, …
SIBETH NDIAYE
Pas toute la République en Marche au niveau local !
JEAN-JACQUES BOURDIN
… Gérard COLLOMB au niveau de la métropole et le candidat à Lyon de Gérard COLLOMB qui s'appelle Yann CUCHERAT. Oui alors est-ce que c'est un affront fait à Emmanuel MACRON franchement ?
SIBETH NDIAYE
Je ne sais pas si on doit être dans une personnalisation à outrance. Ce qu'est-ce que je peux vous dire moi, je ne sais pas si c'est un affront personnel fait à Emmanuel MACRON. Ce que je peux vous dire moi, c'est que j'éprouve énormément de déception, énormément de déception à l'égard de Gérard COLLOMB parce que ça a été un des tout premiers compagnons de l'aventure En Marche !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bah oui, je me souviens, c'est ici même qu'il avait annoncé son ralliement à Emmanuel MACRON !
SIBETH NDIAYE
Ca a été un de ceux qui a été les artisans de la conquête dans la campagne présidentielle et voir aujourd'hui qu'au fond sur l'autel peut-être d'une forme de d'égoïsme, de refus du rassemblement de notre propre famille politique avec KEPENEKIAN et KIMELFELD qui étaient au front des adversaires dissidents que aujourd'hui, il fasse le choix d'une droite avec laquelle je ne partage aucune valeur, celle de Laurent WAUQUIEZ ça me déçoit très profondément.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, oui quel échec pour La République en marche et les municipales dans les 3 grandes villes que vous deviez conquérir, c'est un échec total !
SIBETH NDIAYE
Je crois que nous, on s'est toujours bien gardé de faire des pronostics donc moi, les élections tant qu'elles ne sont pas gagnées, elles ne sont pas gagnées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous avez raison ! La preuve !
SIBETH NDIAYE
Il faut toujours avoir beaucoup, beaucoup, d'humilité il y a des endroits on a remporté de belles victoires où on n'était pas forcément attendu et donc aujourd'hui il y a plus de maires En Marche qu'il n'y en avait avant ces élections municipales et en soi, c'est déjà une source de fierté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et j'ai une dernière question que j'ai posée hier Amélie de MONTCHALIN est-ce que pour parler au peuple Emmanuel MACRON est obligé d'appeler Jean-Marie BIGARD, Cyril HANOUNA ou d'autres, franchement ?
SIBETH NDIAYE
Moi, je crois que le président de la République est président de tous les Français et moi je me pince pas le nez en disant : il y a des gens avec qui je peux parler et des gens avec qui je ne peux pas parler. Emmanuel MACRON il a fait le choix dans l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de faire le débat avec Marine LE PEN, ce que n'avait pas fait Jacques CHIRAC quelques années auparavant. Je crois que quand on se pince le nez en fait on méprise les gens qui se reconnaissent dans un certain nombre de personnalités qu'elles soient politiques ou du spectacle et donc il ne s'agit pas de dire "je ne vous parle pas". Est-ce qu'on partage les idées de Jean-Marie BIGARD ? Mais évidemment que non ! Celles d'Éric ZEMMOUR ? Mais évidemment que non mais est-ce que ça vous empêche de parler avec eux ? Je ne crois pas, c'est ça la démocratie !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, merci Sibeth NDIAYE d'être venue nous voir !
SIBETH NDIAYE
Merci à vous !
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 juin 2020